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Full text of "Archives de neurologie"

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ARCHIVES 


DB 


NEUROLOGIE 


ARCBIVES 


DB 


NEUROLOGIE 

REVUE  MENSUELLE 

HKS  MALADIES  NFJtVEUSKS  ET  MENTALES 
Fonder  par  J.-M.    ClIAUCOT 


PUBI.IRR    SOUS    I.A    DiriKCTION    PR    MM. 


A.  JOFFROT 

Professeur   de   clinique 

des 

maladies  mentales 

à  la  Faculté  de  nrédectne 

de  Paris. 


V.  MA6NAN 

Hemlire  de  l'Académie 
de  médecine 

Médecin  de  TAsile  clinique 
(Sle-Annc). 


F.  RAYMOND 

Professeur  de  clinique 

des  mniadies 

du  système  nerveux 

à  U  Faculté  de  médecine 

de  Taris. 


MU.  BABJNSKI,  BALLET,  BLANC.UARD  (II.).  HUN,  F.  BOISSIER,  milAND  (M.), 

BRISSAIID  {?..),  BIIOIIAUDBL  (P.),  CATSAHAS,  r.HABBRRT,  CHARRON.  CHRISTIAN, 

CULLBRRR.  URItOVE  (H.).  URNY,  l)i:  VA  Y.  DUC  A  M  P.  DIJVAL  (Mathus). 

FÉRÉ  (Cu.),  FENAYROU,  FBRRIRR,  KRANCOTTK,  GILLES  DR  LA  TOURETTR. 

GARNIER   (S.),  GOURA ULT.  GRASSET,  KKRAVAL  (P.,. 

KLIPPEL,  LEGRAIN,  LANIMHiZY,  LWOFF.  UABILLIv,  MARANDON  UK  MONTYEL, 

MAIIIK,   MIERZRJEWSKY,  MIISGRA  VE-CI.AY,  NOIR.  PARIS,  PlRRRKT, 

riPERKOFF,  PITRES.  REGIS,  REGNARI)  (P.),  RÉGNIER  CP.).  RICIIKR  (P.).  RELLAY  (P.). 

HOUniNOVITCll,  ROTIl  (W.),  ROUX  (J.),  SÈGLAS.   SEGUIN    (li.C), 

SÉRIRl'X,  SINBaLD  (1.).  SOLLIKR,  SOtlODES.  SOIIRY  fJ.),  TKINTHRIER  (B.), 

TUULl6(U.),  LRRIOLA,  VILLAHD,  VOISIN  (J.),    YVON  (P.). 

Rédacteur  en  chef:  BOUiiNKVILl.E 

Secrétaire  de  la  rédaction  :  J.-li.   CIIAItCOT 

Deuinateur  :  LEUBA 


Deuxième  série,  tome  VI.  —  1898. 

Avec  30  Ogures  dans  le  texte  et  1  planche. 


PARIS 

BUREAUX    DU    PHOGtiÈS  MÉDICAL 
14,  rue  des  Cat^ies, 


1898 


■gîONMèû> 

APR  30  1903    "-  ' 

♦  », 


Vol.  VI.  JuiUet  1898.  N»  81 

ARCHIVJirT)E  NEm)L06IE 

APR  30  1908 


SUR  UN  CAS  DE  PARALYSIE  GÉNÉRALE  JUVÉNILE 
AVEC  LÉSIONS  TABÉTIFORMES  DES  CORDONS  POSTÉRIEURS  ; 


A.  JOFFROY,  KT  Et.  RABAUD, 

Professeur  de  clinique  des  maladies  thet  tiu  laboratoire  d'aiiatomie 

mentales.  pathologiqjue  à  la  clinique  des  maladies 

mentales. 


La  question  des  rapports  de  la  paralysie  générale  et  du 
labes  spinal  postérieur  a  soulevé  et  soulèvera  certainement 
encore  de  vives  discussions.  Elle  a  provoqué  un  certain 
nombre  de  travaux  et  des  interprétations  diverses.  Tout 
récemment  encore,  au  Congrès  des  aliénistes  de  Toulouse  ^ 
M.  Arnaud  abordait  incidemment  cette  question  dans  son 
rapport  sur  le  diagnostic  de  la  paralysie  générale,  mais  sans 
en  montrer  les  incertitudes  persistantes. 

Cette  question  date,  non  de  Baillarger,  comme  on  le  répète 
toujours,  mais  de  la  découverte  de  Tataxie  locomotrice  ;  elle 
s'est  modifiée  incessamment  depuis  cette  époque,  parallèle- 
ment aux  acquisitions  nouvelles  relatives  à  Tanatomie  patho- 
logique du  tabès.  Tout  naturellement,  ce  fut  Duchenne  de 
Boulogne  qui,  le  premier  vers  1860,  tenta  d'établir  le  diagnos- 
tie  clinique  différentiel  des  deux  affections  qu'il  dit  avoir  ren- 
contrées réunies.  Il  n'avait  point  osé  cependant  se  prononcer 
catégoriquement  sur  leur  coexistence,  et  s'était  surtout  efforcé 
de  faire  de  l'une  et  de  l'autre  maladies  une  entité  morbide 

*  Congrès  des  aliénistes,  Toulouse,  1897. 

Archives,  2*  série,  t.  VI.  1 


2  CLINIQUE   MENTALE. 

différente.  Baillarger^  un  peu  plus  tard,  aborda  nettement 
et  crut  pouvoir  résoudre  la  question.  Il  avait,  pensait-il,  réuni 
cinq  exemples  d'association  des  deux  maladies,  association 
qui  ne  lui  paraissait  pas  très  rare. 

La  lecture  du  mémoire  de  Baillarger  n*entraine  pas  préci- 
sément à  conclure  qu*il  y  ait  association.  D'après  cet  auteur, 
la  paralysie  générale  parait  faire  partie  des  symptômes  pré- 
curseurs du  tabès;  Tantériorité  des  symptômes  cérébraux  sur 
les  symptômes  spinaux  Tentraîne  à  se  demander  dans  un  cas 
«  si  le  malade  était  véritablement  atteint  d'ataxie  locomo- 
trice ».  C'est  précisément  cette  antériorité  qu'il  fait  ressortir 
de  l'étude  de  ses  cinq  observations.  Il  constate  que  pendant 
un  an  on  n*a  remarqué  autre  chose  chez  l'un  de  ses  malades 
que  la  perte  de  la  mémoire  et  l'embarras  de  la  parole  et 
cependant  il  s'estime  satisfait  en  admettant  que  (c  le  plus 
souvent  les  symptômes  de  paralysie  générale,  quand  ils 
viennent  compliquer  Tataxie  locomotrice,  éclatent  au  début 
de  cette  maladie  et  qu*ils  font  pour  ainsi  dire  partie  de  la 
période  céphalique  ».  Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire 
remarquer  que  ce  n'est  pas  précisément  là  la  marche  obser- 
vée dans  les  cas  plus  récemment  publiés. 

Baillarger  est  beaucoup  plus  circonspect  pour  résoudre  la 
question  de  Tinfluence  que  les  deux  maladies  ont  sur  la 
marche  l'une  de  l'autre,  il  ne  croit  pas  possible  de  c  rien  près- 
sentir  à  cet  égard  ». 

Il  se  contente  de  signaler  des  faits  de  rémission  des  symp- 
tômes tabétiques  en  exprimant  l'idée  que  la  paralysie  géné- 
rale paraît  arrêter  la  marche  de  l'ataxie  locomotrice;  il  cite 
le  cas  d'un  malade  c  qui  a  guéri  d'une  paralysie  générale 
très  grave  et  dont  les  symptômes  avaient  persisté  dix-huit 
mois  ;  ce  malade  offrait,  huit  ans  plus  tard,  un  défaut  de 
coordination  des  membres  inférieurs,  lequel  ressemblait 
beaucoup  à  l'ataxie  locomotrice  ».  Dans  d'autres  cas  les  deux 
maladies  suivraient  leur  marche  parallclement. 

Quoi  qu'il  en  soit,  bien  que  Baillarger,  à  l'exemple  de 
Duchenne  de  Boulogne,  s'attache  à  distinguer  les  symptômes 
mentaux  du  tabès  de  ceux  de  la  paralysie  générale,  il  n'hésite 
pas  à  conclure  à  l'association  des  deux  maladies. 

1  Baillarger.  —  De  la  paralysie  générale  dans  ses  rapports  avec  Vataxie 
locomotrice.  {Ann.médico-psychol,,  t.  VIII,  1862.) 


UN  CAS   DB   PARALYSIB   OBNBRALB  JUVBNILB.  6 

11  n'est  pas  un  mot  de  son  mémoire  pouvant  faire  supposer 
qu'il  ait  pensé  à  des  lésions  spinales  propres  à  la  paralysie 
générale,  différentes  de  celles  du  tabès,  mais  qui,  symptoma- 
tiquement,  se  traduiraient  par  un  ensemble  de  signes  simu- 
lant plus  ou  moins  le  tabès. 

Plus  tard,  toutefois^  Baillarger  a  montré  plus  de  réserve. 
Dans  une  seconde  publication  faite  en  1885',  il  estime  qu'il 
faut  parfois  se  méfier  du  diagnostic  de  paralysie  générale 
chez  les  médullaires  délirants,  car,  dans  ces  cas,  le  diagnostic 
clinique  n*est  pas  toujours  vérifié  à  Tautopsie.  Nous  ferons 
remarquer  à  ce  propos,  que  les  cinq  observations  qui  consti- 
tuent le  mémoire  de  1861  sont  des  observations  sans  autopsie 
et  qu'il  serait  difficile,  d'après  la  lecture,  de  porter  un  dia- 
gnostic sans  réserve.  C'est  ainsi  que  chez  la  plupart  de  ces 
malades,  on  relève  des  troubles  oculaires  qui  appartiennent 
plutôt  au  tabès  qu'à  la  paralysie  générale  ;  il  est  vrai  que 
Ton  relève  aussi  des  troubles  intellectuels  susceptibles  d'être 
rapportés  à  la  paralysie  générale.  Mais  cela  est  loin  de  suffire 
pour  conclure  à  l'association  des  deux  affections. 

Sur  cette  difficulté  qu'il  y  a  d'établir  un  diagnostic  exact 
dans  le  cas  où  l'on  se  trouve  en  présence  d'accidents  céré- 
braux etspinaux,  Baillarger  s'exprime  en  ces  termes  :  c  C'est 
surtout,  dit-il,  lorsque  les  symptômes  de  la  paralysie  géné- 
rale e'datent  chez  un  malade  atteint  d'une  affection  locale  du 
cerveau,  ou  d'une  maladie  de  la  moelle,  qu'il  faut  être  plus 
réservé  pour  le  diagnostic.  Je  me  bornerai  à  rappeler  ici, 
pour  ce  qui  a  trait  seulement  aux  maladies  de  la  moelle, 
Tobservation  si  curieuse  publiée  par  Renault  du  Motey,  deux 
observations  de  Westphall  et  deux  autres  de  Plaxton.  Bien 
que  dans  plusieurs  de  ces  cas,  le  délire  des  grandeurs  se  fût 
prolongé  très  longtemps,  l'autopsie  n'a  point  permis  de 
découvrir  les  lésions  ordinaires  de  la  périencéphalile  chro- 
nique >  et,  faisant  allusion  à  l'observation  qu'il  vient  de  rap- 
porter, il  ajoute  :  <  dans  le  cas  que  je  viens  de  citer,  il  n'y 
avait  aucune  adhérence  des  membranes  à  la  couche  corticale 
et  l'explosion  du  délire  datait  de  quarante  jours  ^.  > 

Dans  aucun  de  ces  deux  mémoires,  Baillarger  ne  parle  de 
syphUis  cérébrale,  et  nous  ne  serions  pas  surpris  que  pour 

*  Baillarger.  —  Des  rapports  de  Vataxie  locomotrice  et  de  la  paralysie 
générale,  {Annales  médico-psychologiques,  1885.) 

•  Ibidem,  p,  49». 


4  CLINIQUE   MENTALE. 

quelques-unes  de  ses  observations  ce  soit  ce  diagnostic  qu'il 
aurait  dû  porter.  Quoi  qu*il  en  soit,  la  question  des  rapports 
du  tabès  et  de  la  paralysie  générale  est  loin  d'avoir  été  réso- 
lue par  Baillarger,  comme  on  le  dit  habituellement;  ces  deux 
mémoires  jettent  même  très  peu  de  lumière  sur  cette  étude. 

D'ailleurs,  sans  mettre  en  doute  l'existence  simultanée  du 
tabès  et  de  la  paralysie  générale,  les  résultats  fournis  par  la 
clinique  et  par  Tanatomie  pathologique  sont  le  plus  souvent 
susceptibles  d'une  autre  interprétation  que  celle  de  l'associa- 
tion de  ces  deux  maladies.  Certes,  il  ne  faudrait  pas  nier 
cette  association,  mais  il  est  bonde  savoir  que  l'on  peut  faci- 
lement s'y  tromper  et  qu'il  y  a,  dans  la  plupart  de  ces  cas, 
un  diagnostic  très  difficile  à  établir.  Déjà,  dès  1892,  dans  un 
discussion  à  la  Société  médicale  des  hôpitaux,  Tun  de  nous 
affirmait  que  cette  association  devait  être  extrêmement  rare  ; 
il  revenait  sur  cette  question  en  1894  au  Congrès  de  Clermont- 
Ferrand  '  et  publiait  une  observation  très  démonstrative  à 
ce  point  de  vue  ;  à  l'heure  actuelle,  il  considère  que  dans  le 
plus  grand  nombre  de  ces  cas  où  l'on  croirait  à  première 
vue  à  l'existence  de  cette  association,  il  ne  s'agit  en  réalité 
que  de  symptômes  tabétiformes  entièrement  imputables  aux 
localisations  spinales  de  la  paralysie  générale.  Pour  lui,  les 
phénomènes  tabétiformes  et  les  lésions  spinales  de  la  para- 
lysie générale  doivent  être  séparés  de  ceux  de  l'ataxie  loco- 
motrice malgré  certains  points  de  ressemblance.  La  difl*é- 
rence  est  essentielle  en  ce  sens  que  la  lésion  initiale  du 
tabès  n'a  pas  la  même  localisation  anatomique  que  celle  de 
la  paralysie  générale.  Parfois  cependant,  Texamen  insuffisant 
et  l'absence  d'une  comparaison  minutieuse  des  coupes  aux 
différentes  régions  de  la  moelle  peut  faire  croire  à  un  tabès 
légitime  alors  qu'une  élude  mieux  conduite  démontre  qu'en 
réalité  ce  n'est  pas  de  cela  qu'il  s'agit.  Un  mémoire  récent  de 
Klippel  ^  conclut  dans  le  même  sens. 

Mais  il  faut  bien  dire  que  dans  la  paralysie  générale,  la 
localisation  des  lésions  des  cordons  postérieurs  simule  par- 
fois la  sclérose  atàxique.  La  ressemblance  peut  être  telle  que 
l'erreur  est  facile  si  Ton  ne  prend  pas  soin  d'examiner  de 

*  A.  Jofiroy.  —  De  la  paralysie  générale  à  foi^tne  tahétique.  (Nouvelle 
Iconographie  de  la  Salpélritre,  1895.) 

*  Klippel.  —  Paralysie  générale.  Lésions  et  symplômes  spinavx.  Formes 
pinales.  (Archives  de  Médecine  eocpér . ,  \\*  \,  1894.) 


UN   CAS   DB   PARALYSIE   OBNÉaALE    JUVENILE.  % 

près,  d'analyser  exactement  la  topographie  et  la  succession 
des  lésions,  si  aux  différents  étages  de  la  moelle  on  n'établit 
pas  le  rapport  entre  Tintensité  et  Tétendue  des  lésions  intra- 
médullaires  d'une  part,  Tintensité  et  la  localisation  de  l'atro- 
phie des  racines  postérieures  d'autre  part. 

C'est  un  cas  de  ce  genre  dont  nous  relatons  ci-après  l'obser- 
vation. Elle  retire  un  plus  grand  intérêt  de  ce  fait  qu'il  s'agit 
d'une  paralysie  générale  juvénile.  On  verra,  par  les  détails 
anatomiques  que  les  lésions  de  la  moelle  peuvent  être  prises 
à  première  vue  pour  celles  d'un  tabès  classique.  Mais  la  lec- 
ture de  l'observation,  si  écourtée  que  soit  cette  dernière, 
montre  que  les  symptômes  du  tabès  n'ont  pas  existé  ;  on 
verra  qu'il  y  a  eu  de  la  paraplégie,  mais  pas  d'incoordination 
motrice,  pas  de  douleurs  fulgurantes,  pas  d'abolition  des 
réflexes  rotuliens;  qu'il  y  a  eu,  au  contraire,  dans  les 
derniers  temps  de  la  vie,  un  certain  degré  de  contracture 
des  quatre  membres,  etc.  Bref,  ni  Tensemble  symptomatique, 
ni  l'étude  minutieuse  des  lésions  des  cordons  et  des  racines 
postérieures,  ne  permettent  de  s'arrêter  au  diagnostic  de  tabès 
spinal  postérieur. 

Observation.  —  Asile  clinique  (Sainte-Anne). 
Service  du  professeur  Joffroy. 

Le  nommé  A...,  Alphonse  S  garçon  tripier,  âgé  de  dix-neuf  ans, 
est  entré  à  Tasile  Sainte-Anne,  le  24  octobre  1894. 

Antécédents  héréditaires,  —  La  mère  du  malade,  qui  nous  fournit 
des  renseignements,  nous  parait  particalièremeiit  émotive;  mais 
elle  affirme  n'avoir  jamais  eu  d'attaques  de  nerfs.  Les  grands 
pareuts  maternels  sont  vivants  et  bien  portants. 

Le  père  est  mort,  il  menait  une  existence  assez  irrégulière  ;  il 
était  buveur,  mais  ou  ignore  s'il. était  ou  non  sypliililique.  11  y  a 
lieu  de  .suppo:;er  qu*il  est  mort  de  tuberculose  pulmonaire. 

Antécédents  personnels.  —  Enfant  naturel,  il  a  été  élevé  par  sa 
grand*mère  jusqu'à  Tâge  de  treize  ans.  A  neuf  mois,  il  a  été  très 
malade;  la  mère  ne  peut  spécifier  raffection,  toutefois  elle  affirme 
que  Tenfant  n'a  pas  eu  de  convulsions.  Il  a  été  considéré  comme 
très  intelligent  jusqu'à  Tâge  de  quatorze  ans;  il  était  doué  d'une 
grande  force  physique.  11  n'a  pas  eu  la  syphilis  et  u'a  jamais  fait 
d'excès  alcooliques. 

*  Ce  malade  a  été  le  sujet  d'une  leçon  clinique  :  Sur  un  cas  de  para- 
lysie  générale  juvénile  à  début  spinal,  publiée  dans  la  Revue  de  Psy- 
chiatrie, iu'in  1898. 


6  CLINIQUE   MBNTALB. 

Evolution  de  la  maladie.  —  Le  24  octobre  )894,  on  nous  amène 
ee  jeune  boinme  de  dix-neuf  ans,  très  amaigri,  plongé  dans  un  état 
de  dépression  intellectuelle  voisin  delà  stupeur.  Depuis  deux  mois 
il  ne  faisait  plus  bien  9on  service,  étant  sans  entrain  et  oubliant 
les  ordres  qu'on  lui  donnait.  Hypocondriaque  et  délirant,  il  se 
plaignait  d*avoir  des  bouteilles  et  des  papiers  dans  le  ventre.  Par- 
fois il  avait  des  idées  de  suicide  et  on  le  voyait  alors  faire  des  ten- 
tatives pour  s*arracber  la  peau  du  visage  et  des  mains,  ou  bien  il 
manifestait  des  idées  de  persécution  :  »  On  lui  en  voulait,  on  allait 
faire  tomber  le  plafond  sur  sa  tête.  »  La  nuit,  il  dormait  mal  et 
parlait  tout  baut.  Son  appétit  avait  sensiblement  diminué  et  c'est 
même  avec  de  grandes  difficultés  qu'on  arrivait  à  le  faire  manger. 

Le  jeune  A...  était  en  réalité  malade  depuis  quatre  ans:  la  mère 
raconte  qu'à  Tâge  de  quinze  ans,  A...  avait  voulu  soulever  un  ton- 
neau très  lourd.  Après  cet  effort,  il  aurait  présenté  une  déforma- 
tion de  la  colonne  vertébrale;  lui,  si  robuste  auparavant,  dépérissait 
à  vue  d*œil,  marchait  voûté  et  avec  une  difficulté  très  frrande.  Il 
fut  conduit  à  la  Salpètrière  dans  le  service  de  Charcot  ;  là,  après 
un  examen  prolongé,  on  conclut  à  une  lésion  organique  de  la 
moelle  ;  on  appliqua  des  pointes  de  feu  sur  la  colonne  vertébrale 
et  on  prescrivit  du  seigle  ergoté.  Peu  à  peu  le  malade  s'améliora  et 
la  paraplégie  parut  guérir  presque  complètement. 

Cette  évolution  morbide  assez  inattendue  nous  fit  même  songer 
un  instant,  comme  on  Tavait  fait  à  la  Salpètrière,  k  des  accidents 
bystériques,  d'autant  plus  que  le  malade  présentait  une  anesthésie 
absolue  de  la  face  et  des  membres  supérieurs,  qu'il  refusait  toute 
nourriture  et  que  sa  répugnance  pour  les  aliments  rappelait  l'ano- 
rexie hystérique.  On  pouvait  en  effet  rattacher  logiquement  à  l'hys- 
térie tout  un  ensemble  de  symptômes:  les  lésions  de  la  sensibilité, 
la  sitiophobie  si  accusée,  et  en  outre  l'histoire  du  fardeau  soulevé, 
regardé  comme  la  cause  première  de  tout  le  mal.  Mais  ce  diagnostic 
ne  pouvait  se  soutenir  en  présence  des  autres  signes  présentés  par 
le  malade.  C'est  ainsi  que  les  symptômes  urinaires  étaient  tout 
différents  de  ce  qu'ils  sont  chez  les  hystériques;  et  si  les  urines 
étaient  peu  abondantes,  leur  quantité  s'élevait  encore  à  850  centi- 
mètres cubes,  leur  analyse  décelait  un  chiffre  d'urée  presque  normal 
puisqu'on  trouvait  23  grammes  pour  les  vingt-quatre  heures. 

Mais  bientôt  le  malade  s'alite,  la  faiblesse  et  l'émaciation  font 
des  progrès  extrêmement  rapides,  la  stupeur  et  un  mutisme  pres- 
que complet  persistent,  puis  surviennent  des  symptômes  nouveaux 
qui  remettent  le  diagnostic  en  question.  Le  malade  sans  doute  ne 
parle  presque  plus  ;  mais  les  quelques  paroles  qu'il  prononce 
semblent  être  hésitantes,  scandées,  certaines  syllabes  sont  redou- 
blées; au  moment  de  l'articulation  des  mots,  les  muscles  des  lèvres 
sont  agités  d'un  léger  tremblement.  £n  outre  on  constate,  à  un 
degré  fort  appréciable,  de  l'inégalité  des  pupilles,  la  droite  est  plus 


UN  CAS  DE  PARALYSIE  GENERALE  JUVÉNILE.        7 

dilatée  que  la  gauche,  ui  l'une  ni  fautre  ne  réagissent  plus  à  la 
lumière. 

Du  côté  de  l'appareil  musculaire,  existe  une  légère  contracture 
avec  conservation,  peut-être  lé^'ère  diminution,  des  réflexes  rotu- 
liens. 

£nOn  le  malade  gâte,  grince  des  dents  durant  de  longues  heures. 

Bref  le  dia^'nostic  de  paralysie  générale  juvénile  vient  de 
s'imposer  lorsqu'une  aggravation  très  rapide  de  la  marche  de  la 
maladie  nous  permit  de  trouver  à  Tautopsie  sa  confirmation. 

Autopsie.  —  Les  méninges  sont  hyperhémiées  ;  sur  les  circon- 
volutions frontales  et  pariétales  elles  sont  épaissies  et  présentent 
un  aspect  opalin;  ces  plaques  sont  plus  particulièrement  épaisses 
au  niveau  du  bord  convexe  de  Thémisphère.  D'autres  épaississe- 
ments  opaques  siègent  au  niveau  des  sillons  les  plus  profonds.  — 
Les  troncs  artériels  de  la  base,  non  plus  que  les  artères  sylviennes, 
ne  présentent  pas  de  lésions  apparentes. 

Encéphale 1.200  grammes. 

Hémisphère  droit 512         — 

Hémisphère  gauche 510         — 

Bulbe,  protubérance  et  cervelet  .   .   .        165         — 

1/ensembIe  du  cerveau  est  mou  et  flasque  ;  Tablation  des  mé- 
ninges est  très  difficile  ;  les  adhérences  sont  presque  généralisées. 
Ces  adhérences  sont  surtout  marquées  au  niveau  des  lobes  fron- 
taux ;  ce  sont  des  érosions  profondes  à  bords  irréguliers,  confluant 
parfois  les  unes  avec  les  autres.  Autour  d'elles,  se  montre  souvent 
une  très  intense  hyperhémie  de  la  substance  grise  et  même,  par 
places,  des  suffusions  sanguines.  Le  fond  des  érosions  est  granu- 
leux, irrégulier,  avec  des  petits  points  hémorrhagiques. 

Dans  la  profondeur  du  cerveau,  on  trouve  les  ventricules  dilatés, 
à  parois  molles  et  flasques;  ils  contieiment  une  assez  grande  quan- 
tité de  liquide  clair. 

Le  bulbe  est  très  hyperhémie  ;  autour  de  lui  la  pie-mère  porte  des 
plaques  jaunâtres  semblables  à  celles  dont  l'existence  a  déjà  été 
constatée  à  la  surface  du  cerveau. 

Les  méninges  spinales  sont  saines  ;  la  dure-mère  ne  porte  aucun 
agent  de  compression  ;  la  pie-mére  est  légèrement  hyperhémiée. 
Dans  ]e  segment  dorso-lombaire  de  la  moelle,  on  constate  à  l'œil 
na  une  dégénérescence  grise  occupant  les  parties  médianes  des 
cordons  postérieurs;  les  zones  radiculaires  paraissent  saines.  La 
topographie  de  la  lésion  varie  suivant  les  étages  :  à  la  région  lom- 
baire inférieure  la  dégénérescence  est  plus  étendue  ;  elle  est  au 
contraire  mieux  circonscrite  à  la  région  lombaire  supérieure  ;  elle 
parait  plus  nettement  médiane  dans  la  région  dorsale. 

Les  racines  postérieures  sacro-lombaires  ont  une  teinte  légèrement 


b  CLINIQUE   MENTALE. 

grisâtre  et  paraissent  présenter  un  certain  degré  de  dégénéres- 
cence. Les  autres  racines  ne  semblent  pas  altérées. 

La  eolimne  vertébrale  présente  une  courbure  dorso-iombaire,  mais 
il  n'existe  en  ce  point  aucune  cause  de  compression.  Le  tissu 
osseux  n'est  pas  altéré  ;  le  canal  vertébral  présente  un  aspect 
normal  ;  il  est  lisse,  uniforme,  sans  trace  de  carie  ou  d'autres  lésions, 
pouvant  agir  par  compression  sur  la  moelle. 

Les  muscles  des  membres  supérieurs  et  inférieurs  sont  notable- 
ment amaigris  et  présentent  quelques  stries  jaunâtres. 

Les  poumons  n'offrent  à  Texamen  aucune  altération  notable,  ils 
ne  présentent  nulle  part  de  lésions  tuberculeuses.  —  Le  cœur  est 
petit,  la  cavité  gauche  de  dimensions  très  restreintes,  les  valvules 
sont  saines,  l'aorte  est  étroite  mais  sans  lésions. 

Le  foie  est  petit;  son  tissu  parait  normal  ;  on  constate  quelques 
plaques  fibreuses  sur  la  capsule.  —  Les  reins  sont  petits,  durs,  d'un 
rouge  intense,  sans  lésions  de  néphrite.  —  Vestomac  est  notable- 
ment distendu,  ses  parois  sont  amincies  ;  la  muqueuse  gastrique 
est  colorée  en  jaune  par  la  bile  ;  l'intestin  est  congestionné.  —  La 
rate  est  petite. 

Examen  bistologique  de  la  moelle  épinièrec  et  du  cerveau.  — 
Moelle  lombaire  {fig.  1).  —  Les  faisceaux  blancs,  colorés  par  la 
méthode  de  Weigert-Pal,  sont  entièrement  conservés  dans  toute 
rétendue  des  cordons  antérieurs  et  latéraux.  Les  fibres  y  sont  ser- 
rées, leur  myéline  bien  colorée.  Le  cordon  postérieur,  au  contraire 
est  atteint  dans  son  ensemble  mais  il  y  a  lieu  de  distinguer  diverses 
zones  inégalement  sclérosées. 

Le  maximum  des  lésions  siège  en  deux  points  :  au  niveau  de  la 
zone  de  Lissauer  où  Ton  ne  distingue  que  de  très  rares  fibres 
éparses;  la  dégénérescence  gagne  le  cordon  postérieur  vers  la  zone 
cornu-radiçulaire.  L'ensemble  de  la  fésion  dessine  un  champ  semi- 
lunaire  dont  le  côté  rectiligne  conflue  à  la  périphérie  de  la  moelle  ; 
les  fibres  deviennent  de  plus  en  plus  nombreuses  à  mesure  que  l'on 
se  rapproche  du  septum  médian. 

La  seconde  zone  des  lésions  occupe  une  grande  partie  du  cordon 
postérieur,  suivant  Taire  d'un  triangle  rectangle  qui,  par  le  sommet 
de  son  angle  droit,  confine  à  la  corne  postérieure,  au  niveau  de  la 
substance  de  Rolando.  Parlant  de  ce  sommet,  Tun  des  côtés  se 
dirige  en  avant  et  légèrement  en  dedans,  s' écartant  de  la  corne 
postérieure  pour  aboutir  au  septum  médian,  un  peu  en  arrière  de 
la  commissure  grise.  L'autre  côlé,  perpendiculaire  au  premier  des- 
cend en  arrière  et  en  dedans  pour  atteindre  la  périphérie  de  la 
moelle.  Le  troisième  côté  est  concave,  restant  séparé  vers  son 
milieu  du  septum  par  une  zone  ovale  à  peu  près  saine. 

En  ces  deux  régions,  le  processus  sciéreux  est  très  accentué, 
il    n'y  existe   peu  de  fibres  saines  ;    on  y  voit  les  vestiges  de 


UN   CAS   DB   PARALTSIB  GENERALE  JUVENILE.  Vf 

Gbres  en  voie  de  disparilion.  La  lésion  se  détache  avec  netteté  sur 
le  fond  du  cordon  postérieur. 

Trois  zones  sont  beaucoup  moins  atteintes,  offrant  une  majorité 
de  fibres  intactes,  mais  qui  manquent  de  cohésion,  marque  évi- 
dente d*une  sclérose  commençante.  Ces  zones  correspondent  :  en 
arrière  et  en  dehors  à  la  moitié  interne  du  champ  cornu-radicu- 
laire  et  aux  fibres  endogènes.  Les  fibres  descendantes  occupent  de 


Fiff.  1.  ^  Moelle  lombaire. 


part  et  d'autre  du  seplum  une  aire  semi-lunaire  dessinant  par  leur 
ensemble  Tovale  de  Flechsig  ;  les  fibres  ascendantes  occupent  la 
partie  antérieure  du  cordon  et  affectent  chacune  la  forme  d'un 
trian;:le  confinant  par  Tun  des  côtés  à  la  corne  postérieure,  et 
s*insinuant  entre  celle-ci  et  la  zone  scléreuse  ci-dessus  décrite. 

La  substance  ^'rise  ne  parait  pas  altérée  dans  sa  forme  ;  mais  il 
existe  une  diminution  légère  du  nombre  des  cellules  dans  Tune 
des  cornes  antérieures  ;  de  ces  cellules  elles-mêmes,  quelques-unes 
sont  atrophiées,  quelques  autres  présentent  une  dégénérescence 
granuleuse  marquée.  Le  canal  de  Tépendvrae  est  comblé  par  une 
substance  hjaline  avec  de  nombreux  noyaux. 

Racines,  —  Les  racines  antérieures  sont  normalement  constituées; 


10  CUNJQUB   MBNTALB. 

leâ  fibres  ne  sont  diminuées  ni  en  nombre  ni  en  volume.  Quant 
aux  racines  postérieures,  elles  sont  raanifeslement  atteintes,  mais 
dans  des  proportions  relativement  faibles.  Quelques-unes  de  leurs 
libres  constiluanles  sont  délruiles;  mais  il  en  reste  cependant  une 
;zrande  majorité  dont  la  plupart  sont  saines  et  quelques-unes  en 
^oie  de  dégénérescence. 

Méninges,  Vaisseaux.  —  La  pie-mère  est  notablement  épaissie 


l'aB'SiMft 

si 

^M^I^^Bi''"               "      h^^^^^^^^^^^^^^^L 

^9^H 

RSHk^^^Bk 

y^ 

H^aHHHr 

*  ^^|p^^ 

1 

Fig,  2.  —  Moelle  dorso-lombaire. 
(Elle  a  subi  une  dérormatioD  post-morlem.) 

ainsi  que  la  couche  sous  pie-mérienne  sur  louL  son  pourtour;  la 
paroi  des  vaisseaux  des  méninges  p'-ésenle  un  jilienomène  du 
même  ordre,  les  unes  et  les  autres  sont  infillrécs  de  nombreux 
noyaux. 

Moelle  dorsale  (fiy,  2,  3  et  4).  —  a)  Moelle  dorsale  inférieure  et 
moyenne,  —  Les  lésions  sont  plus  limitées  et  Teusemble  du  cordon 
postérieur  possède  un  plus  ^rand  nombre  de  libres  saines.  La  zone 
de  Lissauer  est  intacte  ou  ù  peu  près.  Pour  c«  qui  est  de  la  dégé- 
nérescence du  coidon  postérieur  proprement  dit,  elle  occupe  de 
part  et  d'autre  du  septum  une  zone  symétrique.  Cette  zone  sclé- 
reuse  a  la  forme  d'un  triangle  allon;.'é  dont  la  base  la  plus  courte 
est  en  baut  où  elle  confine  avec  la  corne  ^'rise  et  va  en  s'effilant 


VN    CKS   DB   PARALYSIR   GÉNÉRALE   JCVBNILB.  11 


Fig,  3.  —  Moelle  dorsale. 


Fif/.  4.  —  Moelle  dorsale. 


12  CLINIQUE   MBNTALB'i 

vers  la  périphérie  de  la  moelle;  mais  elle  n*alteint  pas  celte  der- 
nière. Le  sommet  du  triangle  se  trouve,  en  effet,  situé  au  niveau  du 
quart  inférieur  environ  du  cordon  postérieur.  Dans  cette  région 
dégénérée,  il  existe  encore  quelques  fibres  saines. 

La  forme,  la  disposition  et  la  constitution  de  la  lésion  restent  le» 
mêmes  dans  toute  la  hauteur  de  la  moelle  dorsale  inférieure  et 
moyenne  et  semblent  correspondre  à  la  bandelette  externe  de 
Pierret. 

Substance  grise.  —  A  l'étage  tout  à  fait  inférieur  de  la  moelle 
dorsale,  Tune  des  cornes  antérieures  est  très  nettement  atrophiée  ; 
les  cellules  sont  diminuées  de  nombre  :  de  celles  qui  restent  cer- 
taines ont  Tapparence  saine,  d'autres  semblent  atrophiées.  Plus 
haut  les  fibres  de  Clarke  sont  en  partie  démyéliuisées. 

Le  canal  de  l'épendyme  est  comblé  par  une  masse  hyaline  avec 
nombreux  noyaux. 

Les  7*acines  antérieures  sont  saines;  dans  les  racines  postérieures 
il  manque  quelques  libres,  mais  le  plus  grand  nombre  d'entre  elles 
persistent. 

b)  Moelle  dorsale  supérieure  [fig.  5).  —  A  l'étage  supérieur  de  la 
moelle  dorsale,  lorsque  se  constitue  le  cordon  de  Goll,  la  lésion 
reste  encore  circonscrite  avec  les  mômes  contours;  elle  est  cepen- 
dant plus  allongée  qu'aux  étages  sous-jacents,  elle  est  parallèle 
à  la  corne  postérieure.  Elle  se  rapproche  d'assez  près  de  la  périphérie 
de  la  moelle,  mais  en  reste  séparée  par  la  zone  radiculaire  posté- 
rieure. Cette  bande,  qui  correspond  comme  précédemment  à  la 
bandelette  externe  de  Pierret  occupe  par  conséquent  tout  ou  partie 
du  cordon  de  Burdach.  Elle  possède  très  peu  de  fibres  saines  dissé- 
minées à  de  larges  iniervalles.  La  zone  de  Lissaûer  est  légèrement 
lésée. 

Tout  le  reste  du  cordon  postérieur  est  sain,  dans  tous  les  cas  très 
peu  malade,  car  aux  confins  du  septum  les  fibres  semblent  légère- 
ment espacées,  ce  qui  semblerait  indiquer  un  début  de  sclérose 
interstitielle.  Cependant  l'ensemble  du  cordon  postérieur  est  moins 
coloré  que  les  cordons  anléro-latéraux  ;  un  certain  nombre  de 
fibres  manquent,  sans  nul  doute,  dans  les  unes  et  les  autres  des 
zones  postérieures.  Le  contraste  est  moins  frappant  entre  les  deux 
moitiés  *de  la  moelle  qu'aux  étages  précédents.  Les  cordons  an téro- 
laléraux  sont  sains. 

Cornes  grises,  —  Il  existe  une  asymétrie  marquée  des  corneci 
antérieures  ;  Tune  d'elles  est  très  amincie,  presque  étranglée  à  sa 
base.  Sur  une  coupe,  on  ne  trouve  qu'une  ou  deux  cellules  d'aspect 
granuleux  et  jaunâtre.  La  corne  postérieure  n'a  de  lésions  appré- 
ciables en  aucun  de  ses  points. 

Le  canal  de  l'épendyme  est  comblé  comme  dans  les  coupes  sous- 
j  ace  n  tes. 


UN   CAS   DE  PARALT81B   OBNÉRALB  JUVÉNILE. 


13 


L*épaississemeDt  des  méninges  et  des  parois  vasculaires  est  tou- 
jours très  net. 


Fig,  5.  —  Moelle  dorsale. 

Moelle  cervicale.  —  a)  Etage  inférieur  (fig,  6).  —  L'intégrité  du 
faisceau  de  GoU  est  ici  manifeste.  Ses  deux  portions  se  détachent 
nettement  sur  T^nsemble  du  cordon  postérieur  sous  forme  d'un 
tnaogie  isocèle  ;  sa  base  est  périphérique  et  sa  hauteur,  perpen- 
diculaire à  la  commissure  grise,  occupe  les  deux  tiers  au  moins  de 
l'épaisseur  du  cordon  postérieur. 

Sont  également  sains  les  faisceaux  de  Lissaiier  et  radiculaires 
postérieurs.  La  zone  des  fibres  ascendantes  est  simplement  repré- 
sentée par  un  ruban  très  étroit,  composé  par  quelques  fibres  à 
peine,  immédiatement  situé  au  contact  de  la  commissure  grise.  Il 
existe  encore  une  bande  large,  constituée  par  des  fibres  saines,  qui 
conûne  aux  cornes  postérieures  et  en  suit  très  exactement  la  direc- 
tion pour  aller  se  confondre  avec  la  zone  cornu-radiculaire  posté- 
rieure et  atteindre  la  périphérie  avec  cette  dernière. 

La  lésion  se  présente  sous  forme  d'une  bande  scléreuse  large  et 
très  longue.  ËUe  est  comprise  de  chaque  côté  entre  le  faisceau  de 
GoII  intact  et  le  ruban  sain  dont  il  vient  d'être  question.  Cette 


14  CLINIQUB   MBNTALB. 

bande  malade  natt  en  avant  presque  immédiatement  au-dessous  de 
la  commissure  grise  et  s'attache  au  septuni  ;  de  là  elle  se  dirige  en 
arrière  et  en  dehors  tout  en  s'élar^-issant  un  peu  jusqu'à  la  péri- 
phérie de  la  moelle  ;  elle  occupe  environ  le  tiers  du  demi-cor- 
don. Avant  d'atteindre  la  périphérie,  elle  envoie  une  expansion 
en  forme  d'ergot  dont  l'axe  se  diri^'e  vers  la  zone  de  Lissauer;  cet 
ergot  entame  le  faisceau  cornu-radiculaire  postérieur. 


Fig.  6.  —  Moelle  cervicale  inférieure. 

L'ensemble  des  deux  bandes,  droite  et  gauche,  dessine  un  V  ou- 
vert en  arrière  comprenant  le  faisceau  de  GoU  entre  ses  deux  bran- 
ches. La  lésion  est  assez  uniforme  dans  toute  son  étendue  mais  les 
libres  ont  surtout  disparu  en  dedans  sur  les  confins  du  faisceau  de 
GoU  ;  leur  absence  est  plus  marquée  d'un  côLé  que  de  l'autre. 

Les  cordons  antéro-latéraux  sont  sains. 

Substance  grise.  —  L'asymétrie  des  cornes  antérieures  est  peu 
marquée  ;  le  nombre  el  l'état  des  cellules  parait  normal;  cependant 
sur  certaines  préparations  les  cellules  motrices  sont  peu  nom- 
breuses. Les  cornes  postérieures  sont  également  saines. 

Racines.  —  Les  racines  postérieures  et  les  racines  antérieures  sont 
à  peu  près  saines  ;  quelques  fibres  manquent  aux  uns  et  aux 
autres. 


UN  CAS  DE  PARALYSIE  GENERALE  JUVENILE. 


15 


b)  Etage  sup(''riem'  (fiq,  7).  —  l/ensemble  des  cordons  postérieurs 
est  plus  pâle  que  les  cordons  antéro-lalérnux.  Il  est  cependant 
facile  de  distinguer  des  zones  plus  fournies  de  libres,  et  Ton  doit 
en  particulier  considérer  comme  à  peu  près  sain  tout  ce  qui  cor- 
respond aux  faisceaux  de  Cioll,  aux  /aisceaux  cornu-commissuraux 
et  radiculaires  postérieurs. 

La  bandelette  externe  se  présente  au  contraire  comme  franche- 


F/r/.  7.  —  Moelle  cervicale  supérieure. 


ment  et  considérablement  sclérosée;  c'est  une  tache  ovalaire,  à 
grand  diamètre  antéro-postérieur^  qui  empiète  sur  la  corne  posté- 
rieure au  niveau  de  la  substance  de  Roiando.  Cette  bandelette 
renferme  très  peu  de  fibres,  et  parmi  celles  qui  exi.slent  encore,  il 
s'en  trouve  fort  peu  d'absolument  saines.  Les  cordons  antéro-lalé- 
raux  sont  sains. 

Substance  grise.  —  Les  cornes  antérieures  sont  saines.  Les  cornes 
postérieures  présentent  une  démyélinisation  manifeste  au  niveau 
des  tractus  qui  cloisonnent  la  substance  de  Roiando;  on  constate 
aussi  une  diminution  du  nombre  des  cellules  de  la  colonne  de 
Clarke. 

Racines.  —  Les  racines  antérieures  ont  perdu  quelques  fibres;  les 
racines  postérieures  peuvent  être  considérées  comme  saines. 

L'épaississemeut  des  méninges  et  des  vaisseaux  est  manifeste. 


16  CLINIOUB  MBNTALB. 

ÉcoRcs  CÉRÉBRALE.  —  L'examoD  des  coupes  de  l'écorce  cérébrale 
des  lobes  frontaux  temporaux,  pariétaux  et  occipitaux  montre  les 
lésions  dont  Tensemble  caractérise  la  paralysie  générale. 

Aux  lobes  frontal  et  pariétal  le  réseau  sous-méningé  d*Exner- 
Tuczeck  a  disparu  ou  considérablement  diminué.  Les  circonvolu- 
tions frontales  et  pariétales  ne  possèdent  plus  que  de  rares  Gbres 
tangentielles,  soit  que  Ton  examine  la  convexité  des  circonvolu- 
tions ou  le  fond  des  sillons.  Ce  réseau  est  mieux  conservé,  bien  que 
cependant  en  majeure  partie  détruit,  dans  les  circonvolutions  tem- 
porales et  occipitales.  En  ces  deux  dernières  régions  de  l'encéphale, 
les  réseaux  tangentieis  profonds  peuvent  se  discerner  sans  peine, 
tandis  qu'ils  ont  partiellement  disparu  partout  ailleurs. 

Gomme  corollaire,  les  petites  cellules  de  Cajal  sont  très  dimi- 
nuées en  nombre,  et  Ton  ne  voit  que  des  cellules  pyramidales 
grandes  ou  petites,  isolées  dans  le  sein  d'un  espace  lymphatique 
agrandi,  parfois  granuleuses  et  jaunâtres,  ou  envahies  à  des  degrés 
divers  par  les  cellules  rondes  qui  sont  normalement  accolées  à 
ces  éléments  nobles.  La  névroglie  est  fort  augmentée. 

Les  méninpes  et  les  parois  vasculaires  sont  épaissies  et  infiltrées 
d*assez  nombreux  noyaux. 

Le  bulbe  est  sain. 


Nous  ne  reviendrons  pas  sur  les  détails  cliniques.  La  mala- 
die a  débuté  par  une  paraplégie  :  l'invasion  rapide  et  les 
caractères  de  cette  paraplégie  pouvaient  faire  songer  à  une 
paralysie  hystérique  plutôt  qu'à  une  lésion  organique  de  la 
moelle,  mais  elle  excluait  à  coup  sûr  le  diagnostic  d'ataxie 
locomotrice  progressive.  Du  reste,  à  aucune  autre  période  de 
la  maladie,  les  troubles  paraplégiques  n'ont  permis  de  s'ar- 
rêter à  ce  diagnostic  ;  même,  ils  suffisaient  pour  l'écarter. 

Nous  insistons  sur  ce  point,  parce  que  l'ensemble  des 
lésions  anatomiques,  malgré  tous  les  détails  que  nous  avons 
donnés,  pourrait  encore  être  regardé  comme  appartenant  à 
l'alaxie  locomotrice.  L'absence  complète  des  symptômes  tabé- 
tiques  s'explique  seulement  par  ce  fait  que  les  fibres  ner- 
veuses, dont  la  destruction  caractérise  le  tabès,  se  trouvent 
respectées  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 

Evidemment  si,  ayant  étudié  un  à  un  les  divers  étages  de 
la  moelle,  nous  cherchons  à  coordonner  les  résultats  obtenus 
et  à  discuter  la  valeur  des  lésions,  nous  devons  d'abord  recon- 
naître la  ressemblance  apparente  qui  existe  entre  certaines 
des  lésions  observées  et  celles  du  tabès  au  début.  Prises  sépa- 
rément, sans  qu'il  soit  tenu  compte  de  la  succession  des 


UN  CAS  DB  PÀRALYSIB  OBNBRALB  JUVBNILB.       17 

étages,  les  coupes  de  la  moelle  lombaire,  celles  de  la  moelle 
dorsale  inférieure  et  moyenne,  donnent  franchement  Tillu- 
sien  d'une  sclérose  systématisée  des  cordons  postérieurs. 

Cependant,  par  divers  côtés,  ces  coupes  elles-mêmes  con- 
sidérées isolément,  diffèrent  des  coupes  d'un  tabès  incipiens. 
Mais  c'est  surtout,  ensuivant  exactement  la  série  des  étages,* 
que  Ton  arrive  à  se  convaincre  que  la  moelle  en  question  dif- 
fère essentiellement  d'une  moelle  de  tabès. 

Ainsi,  on  constate  dans  toute  la  hauteur  de  la  moelle 
l'intégrité  presque  complète  des  zones  de  Lissaùer.  L'inté- 
grité est  absolue  le  plus  souvent;  parfois  il  parait  manquer 
quelques  fibres,  mais  il  y  en  a  dans  tous  les  cas  très  peu  d'ab- 
sentes et  cette  lésion,  si  légère  qu'on  serait  en  droit  de  ne  pas 
en  tenir  compte,  peut  et  doit  s'expliquer  par  le  processus 
spécial  que  nous  invoquerons  tout  à  l'heure.  Les  racines  pos- 
térieures semblent  plus  altérées,  mais  souvent  la  lésion  est 
très  peu  prononcée. 

L'intégrité  des  racines  postérieures  et  de  la  zone  de  Lissaùer, 
ou  le  peu  d'intensité  de  leurs  lésions  apparaissent  avec  toute 
leur  importance  si  on  leur  oppose  la  dégénérescence  très 
marquée,  presque  totale  d'un  champ  qui  correspond  à  peu 
près  aux  bandelettes  de  Pierret.  Celles-ci  étant  la  suite  auato- 
inique  des  Obres  radiculaires,  la  lésion  des  unes  et  la  conser- 
vation des  autres  est  de  prime  abord  un  fait  en  opposition 
avec  tout  ce  que  nous  ont  appris  les  études  histologiques  du 
tabès. 

Il  faut  relever  aussi  et  mettre  en  pleine  lumière  ce  fait, 
évident  sur  certaines  coupes  (6  et  7),  moins  évident  sur 
d*autres,  que  la  sclérose  est  diffuse  et  irrégulière.  D'une 
façon  générale,  elle  atteint  non  seulement  la  région  des  fibres 
exogènes,  mais  aussi,  tout  au  moins  en  partie,  celle  des  fibres 
endogènes  ;  la  zone  de  Westphall  est  en  particulier  fort  malade 
sur  la  coupe  6  et  l'intégrité  des  fibres  du  centre  ovale  de 
Flechsig  (quelle  que  soit  la  forme  de  leur  groupement  :  virgule 
de  Schulze,  bandelettes  périphériques,  faisceaux  triangu- 
laires) n'est  pas  absolue.  Cette  diffusion  des  lésions  est  incon- 
testable. C'est  là  un  premier  point  de  grande  importance  qui 
s'accorde  logiquement  avec  celui  de  l'irrégularité,  de  l'incon- 
gruence,  si  Ton  veut,  des  lésions  observées.  Poursuivant  en 
effet  la  sclérose  de  bas  en  haut,  il  serait  à  la  rigueur  pos- 
sible d'identifier  la  systématisation   actuellement  observée 

Archives,  2^  série,  t.  VI.  â 


18  CLINIQUE   MBNTALB. 

avec  celle  du  tabès  dorsalis  pour  ce  qui  est  de  la  dégénéra- 
tion des  bandelettes  externes.  Mais  lorsqu'on  atteint  Télage 
cervico-dorsal  {fig.  6),  on  se  trouve  en  présence  d'une  bande 
scléreuse  dont  la  situation  et  la  forme  ne  sont  point  celles 
du  champ  radiculaire  antérieur.  Cette  bande  est  séparée  delà 
corne  grise  par  une  épaisseur  notable  de  fibres  saines,  qui 
appartiennent,  selon  toute  apparence,  à  la  zone  de  Pierret; 
elle  est  très  allongée  de  haut  en  bas  et  dessine  assez  bien 
la  virgule  de  Schulze.  Evidemment  on  n'est  pas  en  droit  de 
prendre  pour  base  unique  d'un  diagnostic  histologique  la 
structure  et  la  forme  d'un  faisceau  qui,  d'un  individu  à  l'autre, 
peut  présentera  ce  double  point  de  vue  certaines  variations; 
cependant,  nous  n'hésitons  pas  à  considérer  ce  fait  comme 
en  concordance  complète  avec  l'état  diffus  des  lésions  étu- 
diées aux  étages  inférieurs  d'une  part  et  avec  le  peu  de  lésions 
des  racines  postérieures  d'autre  part.  Nous  nous  croyons 
autorisé  à  penser  qu'il  s'agit  ici,  tout  au  moins  en  très 
grande  partie,  d'une  dégénération  des  fibres  endogènes. 

Dans  le  même  sens,  il  faut  invoquer  l'état  du  faisceau  de 
Goll  qui  apparaît  sain^  à  quelques  fibres  près,  dès  son  ori- 
gine et  que  Ton  voit  tel  sur  les  coupes  6  et  7,  Une  telle  figure 
pourrait  être  obtenue  dans  un  cas  de  tabès  à  début  cervical, 
mais  il  n'y  a  pas  lieu  de  discuter  ici  la  comparaison  puisque 
nous  suivons  la  sclérose  depuis  la  moelle  sacrée. 

A  vrai  dire,  on  ne  saurait  insister  sur  la  démyélinisation 
des  fibres  qui  atteignent  la  substance  grise  en  général  et  la 
colonne  de  Clarke  en  particulier.  Un  tel  phénomène  se  pro- 
duit dans  le  tabès  le  plus  vulgaire  et  il  n'aurait  point  d'autre 
intérêt  que  d'établir  un  rapprochement  entre  Tataxie  loco- 
motrice et  la  paralysie  générale,  s'il  ne  venait  en  concor- 
dance avec  les  lésions  qui  frappent  les  éléments  des  cornes. 

En  eifet,  les  cellules  de  la  colonne  de  Clarke  sont  détruites 
dans  une  certaine  mesure,  mais  non  pas  en  masse,  c'est-à- 
dire  durant  toute  la  hauteur  de  la  moelle.  Suivant  les  étages 
examinés,  les  éléments  nobles  des  cornes  postérieures  sont 
ou  ne  sont  pas  atteints.  Les  cornes  antérieures  subissent  à 
leur  tour  une  action  analogue.  Sur  certaines  coupes,  les  deux 
côtés  sont  symétriques  ;  les  cellules  constituantes  ne  parais- 
sent ni  lésées,  ni  diminuées  de  nombre  ;  sur  d'autres  coupes, 
au  contraire,  l'atrophie  de  l'une  des  cornes  est  très  marquée 
et  à  cette  atrophie,  visible  à  l'œil  nu,  correspond  la  dégéné- 


UN  CAS  DB  PARALYSIE  GÉNÉRALE  JUVENILE.        19 

rescence  granuleuse  des  cellules  et  surtout  leur  disparition 
complète.  La  lésion  n'est  d'ailleurs  pas  limitée  au  côté  le  plus 
grossièrement  atteint,  elle  existe  à  droite  aussi  bien  qu'à 
gauche;  c'est  simplement  une  question  de  degré. 

Tels  sont  les  faits  :  dégénérescence  diffuse  des  cordons  pos- 
térieurs atteignant  à  la  fois  les  zones  exogènes  et  endogènes 
avec  intégrité  presque  complète  des  zones  de  Lissaûer  et 
cornu- radiculaire  moyenne,  lésions  peu  accusées  des  racines 
postérieures  et  des  faisceaux  de  Goll  d'une  part;  —  lésions 
des  éléments  cellulaires  d'autre  part.  Il  est  tout  d'abord  très 
important  de  constater  cette  opposition  entre  l'état  presque 
sain  des  racines  (caractère  le  plus  nettement  opposable  au 
tahes  vulgaire),  et  des  deux  premières  zones  radiculaires  dans 
toute  la  hauteur  de  la  moelle,  du  faisceau  de  Goll  en  entier 
et  la  sclérose  des  champs  atteints  qui  occupent,  au  moins 
en  partie,  la  zone  radiculaire  antérieure.  Ce  premier  fait  per- 
met d'afQrmer  qu'il  ne  s'agit  point  ici  d'un  processus  exogène 
et  par  suite  laisse  un  doute  sur  l'identité  des  ûbres  disparues. 
En  effet,  Tabsence  de  quelques  fibres  dans  la  constitution  de 
certaines  racines  ne  suffirait  pas  à  produire  une  lésion  aussi 
étendue.  La  méningite,  évidente  sur  la  plupart  des  coupes 
ne  saurait  davantage  être  invoquée  pour  expliquer  le  pro- 
cessus, car  une  compression  exercée  entre  le  ganglion  spinal 
et  la  moelle,  si  elle  eût  laissé  intactes  les  racines,  aurait  pro- 
voqué en  premier  lieu  la  dégénérescence  des  cordons  de  Goll 
et,  de  proche  en  proche,  celle  des  zones  radiculaires 
moyennes  et  puis  de  la  zone  de  Lissaûer. 

Le  processus  est  donc  nécessairement  endogène,  sinon 
d'une  manière  absolue,  du  moins  dans  son  ensemble.  Nous 
devons  en  trouver  l'origine  dans  la  substance  grise  constituée 
comme  on  sait  par  un  nombre  infini  de  neurones  de  divers 
ordres  dont  les  cylindres  axes  se  localisent  en  des  points 
variés  de  la  moelle  et  qui,  de  plus,  sont  en  relation  intime  de 
contiguïté  médiate  ou  immédiate  avec  toutes  les  fibres  issues 
du  ganglion  spinal  en  bas,  et  de  l'écorce  cérébrale  en  haut. 
Or,  nous  avons  noté  au  cours  de  la  description  précédente,  la 
disparition  manifeste  d'un  très  grand  nombre  d'éléments  cel- 
lulaires tant  dans  les  cornes  antérieures  que  dans  les 
colonnes  de  Clarke  ;  nous  avons  noté  l'état  granuleux  d'un 
certain  nombre  de  ceux  qui  persistaient.  Pour  aller  jusqu'au 
bout,  nous  pourrions  dire  que  la  maladie  d'un  neurone  n'est 


20  CLINIQUE    MBNTALB. 

pas  appréciable  à  son  début,  lorsqu'il  n'existe  encore  que  le 
trouble  organique  initial,  antécédant  à  la  désintégration  pro- 
toplasmique.  Mais  sans  aller  aussi  loin  et  pour  rester  sur  le 
terrain  des  faits  visibles,  il  nous  suffit  amplement  qu'il  y  ait 
des  modifications  évidentes  d'une  partie  des  neurones  intra- 
spinaux,  modifications  qui  portent  non  pas  sur  toute  la  hau- 
teur, mais  sur  des  segments  plus  ou  moins  isolés  de  la 
moelle  ;  il  nous  suffit  de  constater  que  ces  neurones,  disparus 
ou  malades,  n'appartiennent  pas  à  un  groupe  physiologique, 
mais  indistinctement  à  des  groupes  quelconques  de  la  subs- 
tance grise. 

Gela  nous  conduit  à  la  conclusion  déjà  formulée  à  diverses 
reprises  par  Tun  de  nous*  que  la  paralysie  générale  «  ne  s'en 
prend  pas  comme  Talaxie  à  un  système  anatomique  ayant 
une  fonction  physiologique  bien  individualisée,  mais  à  des 
systèmes  anatomiques  ayant  des  fonctions  physiologiques 
multiples  >. 

Quelle  sera  donc  la  nature  des  fibres  cordonnales  dégéné- 
rées? Tout  d'abord  il  est  logique  de  penser  que  ces  fibres 
appartiennent  aux  systèmes  commissuraux  à  court  et  à  long 
trajet.  L'étude  de  nos  coupes  est  d'accord  avec  cette  vue, 
car,  si  nous  avons  pu  reconnaître  comme  sains  le  centre  de 
Flechsig  et  une  partie  de  la  zone  de  Westphall,  aucune  autre 
localisation  n'a  été  possible,  et  la  zone  de  Westphall  elle- 
même  n'a  pas  conservé  son  intégrité  complète.  De  plus,  tout 
au  haut  de  la  moelle,  nous  avons  décrit  une  lésion  dont  l'as- 
pect et  la  situation  étaient  à  peu  de  chose  près  ceux  de  la 
virgule  de  Schulze.  En  outre,  quelques  déficits,  en  certains 
points  des  racines  antérieures  viennent  concorder  avec  la 
dégénérescence  de  certaines  des  cellules  de  la  corne  grise. 
Est-ce  à  dire  que  la  lésion  observée  tienne  uniquement  à  la 
désintégration  de  fibres  endogènes?  Une  telle  affirmation 
reviendrait  à  vouloir  transformer  de  fond  en  comble  les  con- 
naissances acquises  sur  la  localisation  intra-spinale  des  fibres 
radiculaires.  Nous  voulons  dire  seulement  que  le  plus  grand 
nombre  des  fibres  disparues  sont  endogènes,  qu'elles  appar- 
tiennent ou  non  à  des  faisceaux  constitués,  car  il  est  difficile- 
ment soutenables  que  toutes  les  fibres  commissurales  soient 
fasciculées.  Quant  aux  autres  fibres,  elles  sont  radiculaires, 

*  A.  Joffroy.  —  Contribulion  à  Vanatomie  pathologique  de  la  para- 
lysie générale.  (Archives  de  Méd.  expér.,  1«'  nov.  1892,  page  850.) 


UN   CAS   DB   PARALT3IB   GBNBRALB   JUVBNILB.  21 

sans  nul  doute,  mais  c'est  Tinûme  minorité  ;  on  pourrait 
presque  les  compter  en  faisant  le  départ  des  quelques  absen- 
ces constatées  dans  les  racines  postérieures;  les  autres  per- 
sistent en  majeure  partie  et  sont  représentées,  dans  le  champ 
sclérosé,  par  le  nombre  relativement  grand  des  cylindres- 
axes  sains.  Quelques-unes  enGn  ont  sans  nul  doute  subi  un 
mode  de  dégénérescence  spécial  sur  lequel  nous  allons  revenir. 
La  disparition  des  éléments  endogènes  s'explique  sans  dif- 
ficulté par  l'état  des  cellules  des  cornes.  Le  centre  trophique 
se  trouvant  atteint,  les  prolongements  cylindreaxiles  ou  pro- 
toplasmiques  ont  subi  la  dégénérescence  Wallérienne,  et 
comme  le  processus  morbide  frappe  non  pas  un  système  phy- 
siologique, mais  irrégulièrement  un  certain  nombre  d'élé- 
ments de  divers  systèmes,  la  dégénération  est  diffuse,  laissant 
intacte  une  certaine  portion  de  faisceaux.  Il  est  moins  aisé 
au  premier  abord  de  se  rendre  compte  de  la  disparition  d'une 
quantité  plus  ou  moins  grande  des  fibres  exogènes,  quantité 
éyidemment  un  peu  plus  considérable  que  ne  l'indiquent  les 
minimes  lésions  des  racines  sensitives  et  des  deux  premières 
zones  radiculaires.  Sans  doute  on  pourrait  dire  que  le  champ 
des  bandelettes  externes  s'est  trouvé  plus  ou  moins  étoufiFé 
par  la  sclérose  envahissante.  Peut-être  ne  faut-il  pas  a  priori 
rejeter  cette  cause  et  refuser  de  lui  attribuer  une  partie  de 
Tefifet  produit.  Mais  il  est  un  autre  processus  duquel  nous 
sommes  tentés  de  faire  surtout  dériver  l'altération  constatée, 
processus  qui  a  été  proposé  et  mis  clairement  en  relief  par 
KlippeP.  Il  s'agit  des  dégénérescences  combinées  des  neu- 
rones d'une  même  chaîne,  c'est-à-dire  la  dégénérescence  par 
contact  ou  par  transmission  de  neurone  à  neurone,  amenant 
la  destruction  d'un  segment  des  fibres  radiculaires,  du  seg- 
ment seul  en  contact  avec  le  neurone  altéré,  sans  se  pro- 
pager jusqu'à  l'extrémité  du  prolongement  lui-même.  En  un 
mot,  l'altération  de  tous  les  neurones  dont  les  dendrites  se 
mettent  en  rapport  avec  les  ramifications  cylindraxiles  ou 
collatérales  du  téléneurone  peuvent  déterminer  la  dégéné- 
rescence cellulipète  de  ces  ramiûcations.  Dans  ce  cas  il  est  de 
règle  que  la  lésion  respecte  à  peu  près  la  racine  postérieure 
et  la  zone  de  Lissaûer.  Pour  aller  jusqu'au  bout,  il  n'y  a  rien 

*  Rlippel.  —  Les  neurones^  les  lois  fondamentales  de  leurs  dégéné- 
rescences. {Archives  de  Neurologie^  1896,  n»  6.) 


22  CLINIQUE  MBNTALB. 

d'invraisemblable  à  admettre  que  la  lésion  puisse  devenir 
exogène. 

11  nous  paraît  qu'ainsi  comprise  la  question  s'éclaire  com- 
plètement ;  étant  donné  le  fait  indéniable  d'une  lésion  primi- 
tive des  neurones  centraux —  qu'il  s'agisse  de  l'encéphale  ou 
de  la  moelle  —  le  mode  de  dégénérescence  invoqué  pour  les 
fibres  exogènes  est  le  seul  qui  s'accorde  logiquement  avec 
les  faits.  La  lésion  primitive  des  neurones  explique,  en  outre, 
la  diffusion  et  l'irrégularité  des  lésions  observées,  en  faisant 
intervenir  l'altération  des  fibres  endogènes. 

Telles  sont  les  considérations  que  nous  avons  cru  bon  de 
présenter  sur  ce  cas,  qui,  comme  on  le  voit,  peut  être  uti- 
lisé pour  l'étude  des  relations  du  tabès  et  de  la  paralysie 
générale.  Sans  doute,  nous  l'avons  déjà  dit,  le  malade  n'a 
pas  présenté  de  symptômes  capables  de  faire  songer  à  l'ataxie 
locomotrice,  comme  cela  arrive  parfois  au  début  de  la  para- 
lysie générale  des  aliénés;  mais  après  sa  mort,  l'examen  de  la 
moelle  montrait  des  lésions  telles  qu'on  aurait  pu  facilement 
les  croire  caractéristiques  du  tabès  spinal  postérieur  ;  un  exa- 
men méthodique  et  approfondi  pouvait  seul   empêcher  de 
commettre  cette  erreur,  en  montrant  que  la  lésion  frappait 
presque  exclusivement,  non  le  système  des  fibres  exogènes, 
mais  celui  des  fibres  endogènes.  N'est-ce  pas  le  cas  de  répe- 
ter ce  que  l'un  de  nous  disait  en  1894  au  Congrès  des  alié- 
nistes  de  Clermont^Ferrand,  en  parlant  de  l'étude  des  relations 
du  tabès  et  de  la  paralysie  générale  :  On  ne  pourra  arriver  à 
résoudre  celte  question  t  qu^au  moyen  d'observations  nou- 
velles et  de  recherches  anatomiques  minutieusement   con- 
duites ;  car  il  faut  des  documents  nouveaux  pour  répondre 
aux  objections  opposées  à  chacune  des  opinions  en  pré- 
sence. » 


Un  FOU  A  l'hôpital  GocHiN.  —  Un  garçon  de  laboratoire  nommé 
Eugène  Pimoud,  âgé  de  trente  ans,  demeurant  10,  rue  de  la  Comète 
qui  errait  en  proie  à  un  accès  de  folie,  est  entré  hier,  vers  quatre 
heures,  dans  l'hôpital  Cochin,  armé  d*un  rasoir,  et  a  tenté  de  frap- 
per des  infirmiers,  qui  ont  pu  le  désarmer  et  lui  mettre  la  cami- 
sole de  force.  Il  a  été  dirigé  sur  Tinfirmerie  spéciale  du  Dépôt. 
{Le  Radical,  17  juin  1898.) 


PATHOLOGIE  MENTALE. 


NOTES  SUR  LES  IDÉES  DE  NÉGATION; 

Par  M.  TRÉNEL, 
Médecin  adjoint  des  asiles. 


Les  idéesde  ne^a/ton, malgré  la  gravité  de  pronostic  qu'elles 
comportent  en  général,  sont  loin  d'être  toujours  un  symp- 
tôme tardif  et  un  indice  de  chronicité.  Dès  ses  premiers  tra- 
vaux, Cotard  Tavait  indiqué,  par  des  observations  person- 
nelles jointes  à  celles  de  dilTérents  auteurs.  M.  Séglas  a  de 
nouveau  établi  que  ces  idées  peuvent  se  renconti-er  dans  les 
conditions  les  plus  variées  comme  symptôme  précoce,  isolé, 
ou  parfois  plus  ou  moins  passager.  C'est  sous  ces  diffé- 
rentes formes  que  nous  avons  eu  l'occasion  de  les  noter 
dans  les  observations  suivantes  :  dans  l'un  des  cas,  il  s'agit 
d*îdées  de  négation  élémentaires  au  cours  d'une  mélancolie 
simple.  Dans  le  second,  ces  idées  apparaissent  dans  la 
période  mélancolique  d'une  folie  périodique  alternante.  Enfin 
dans  le  troisième  cas  les  idées  de  négation  prédominèrent 
un  certain  temps  dans  le  tableau  morbide  d'un  délire  poly- 
morphe ^ 

Ob^brvation  I.  —  Sommaire  :  Mélancolie ,  tentative  de  suicide  par 
arme  à  feu,  —  Un  an  après  le  début  de  la  mélancolie^  apparition 
d^ idées  de  négation  peu  développées^  épisodiques  portant  unique- 
ment sur  le  monde  extérieur  et  disparaissant  au  bout  de  peu  de 

'  Depuis  Tapparition  du  livre  de  M.  Séglas  sur  le  Délire  des  négations, 
nous  trouvons  les  travîiux  suivants  sur  la  question  :  Francotte.  Obser- 
vaiion  pour  servir  à  Vhisloire  du  délire  des  négations.  (Bull,  de  la 
Soc.  de  tnéd.  mentale  de  Belgique,  1894.)  —  Henry.  Délire  des  néga- 
tions dans  la  paralysie  générale.  (Thèse  Paris  1896.)  —  De  Sanctis. 
Délire  des  négations  et  hallucinations  antagonistes.  {Riforma  medica., 
12  mai  i896.)  —  S.  Spoto.  Le  délire  des  négations  (11  Pisani,  189Ô,  f.  4). 
—  Gfanelli.  Sur  le  délire  systématisé  de  négation  {Revista  di  psicologia, 
I,  f.  6;. 


ii  PATHOLOGIE   MBNTALB 

jours.  Persistance  de  la  mélancolie.  Pas  de  troubles  sensiiifs. 
Amaurose  par  section  du  nn'f  optique,  tremblement  épilepiotde  de 
la  jambe  du  côté  opposé  au  point  de  pénétration  du  projectile.  Fai- 
blesse des  réflexes  rotuliens. 

M"«  A...  est  entrée  à  Tasile  de  Saint- Yen  le  20  janvier  1897. 

Antécédents  :  Son  frère  est  mort  aprè:!  être  resté  douze  ans  para- 
lysé. Elle-même  s'est  toujours  bien  portée,  mais  a  toujours  eu  Je 
caractère  triste.  Depuis  plus  d*un  an  M"^  Â...  a  de  grands  chagrins 
et  de  graves  préoccupations  pécuniaires.  Son  fils  est  un  alcoolique 
invétéré  et  ne  travaille  pas,  il  lui  aurait  à  plusieurs  reprises  dérobé 
des  sommes  relativement  considérables;  il  a  épousé  contre  son  gré 
une  femme  dont  il  s'est  séparé  au  bout  do  quelques  mois.  Pour 
échapper  aux  exigences  et  aux  déprédations  de  son  fils,  la  malade 
a  fait  certains  placements  de  fonds  qu'elle  se  reproche  maintenant, 
disant  qu'elle  s*est  ruinée  et  a  ruiné  son  enfant.  Sous  l'influence 
de  tous  ces  événements  elle  était  devenue  très  triste;  elle  se  sen- 
tait inquiète  et  abattue,  ne  s'occupait  plus  do  son  ménage,  ne  sor- 
tait plus.  Vil  jour  elle  se  dit  tout  à  coup  qu'elle  était  perdue  et 
brusquement  se  tira  un  coup  de  revolver  dans  la  bouche.  Elle  ne 
perdit  pas  connaissance  et  put  descendre  chez  une  voisine  qui  la 
fit  conduire  à  l'Hôtel-Dieu.  Elle  avait  la  face  tuméfiée  et  brûlée; 
la  balle,  ainsi  qu'on  peut  le  constater  aujourd'hui,  avait  pénétre 
dans  le  pli  gingivo-labial  au  devant  de  la  canine  gauche  supé- 
rieure. Les  premiers  accidents  passés^  on  constata  une  amaurose 
absolue. 

Après  un  séjour  de  cinq  semaines  à  l'hôpital  elle  retourne  chez 
elle,  de  plus  en  plus  déprimée.  Elle  y  retrouve  les  mêmes  sujets  de 
chagrin  et  d'inquiétude.  Son  fils  tombe  malade  à  son  tour,  puis  il 
s'enivre,  se  dispute  avec  les  voisins;  finalement  il  aurait  com- 
mis chez  elle  un  vol,  si  bien  qu'elle  se  décide  à  déposer  une 
plainte  contre  lui.  Tous  ces  événements  ont  joué  un  r6le  impor- 
tant dans  la  genèse  des  troubles  mentaux  et  sous  l'influence  de  ces 
chagrins  répétés,  de  ces  préoccupafions  constantes  M"®  A...  semble 
avoir  passé  à  ce  moment  par  une  période  de  perplexité  et  de 
légère  confusion  dans  les  idées  sur  laquelle  elle  ne  donne  que 
des  renseignements  vagues. 

Bientôt  ses  idées  prennent  une  tournure  dubitative  et  néga- 
tive; ces  négations  vagues,  mai  dessinées  semblent  avoir  exclusive- 
ment porté  sur  le  monde  extérieur  et  les  personnes  de  son  entou- 
rage, mais  non  sur  sa  propre  personnalité  :  c  une  de  ses  voisines 
est  malade,  c'est  elle  qui  est  cause  de  sa  maladie.  Elle  demande 
ce  qui  va  en  advenir  puisque  cette  femme  ne  peut  pas  se  soigner? 
Elle  voit  son  voisin  partir  pour  aller  à  son  travail  ;  mais  en  réa- 
lité il  no  doit  pas  aller  &  son  travail,  il  sort  et  rentre  aux  heures 
ordinaires,  mais  il  ne  travaille  certainement  pas  parce  que  tout  est 


NOTBS   SUR   LES   IDÉES   DE   NEGATION.  !25 

arrêté.  II  semble  à  M"*  A...  qu'on  va  surseoir  à  tout.  Klle  est  toujours 
à  se  demander  :  qu'est-ce  qu*oii  va  devenir?  Le  boucher  vient  ré- 
galièremeiiL  faire  sa  tournée,  elle  le  voit  aller  et  venir,  mais  il  ne 
fournit  pas  la  viande  comme  d'habitude;  il  lui  semble  même  que 
ce  fournisseur  ne  vient  plus.  Il  ne  va  plus  j  avoir  non  plus  de 
pain  ;  dans  cette  idée  elle  se  lève  la  nuit  pour  vérifier  si  la  boulan- 
gerie voisine  fonctionne.  Elle  constate  bien  que  le  four  est  allumé, 
mais  on  ne  doit  pas  y  cuire  de  pain;  tous  les  habitants  du  village 
vont  mourir  de  faim,  on  va  manquer  de  tout.  Il  lui  semble  que  les 
bateaux  ne  passent  plus  sur  la  Seine;  elle  est  allée  demander  à  sa 
voisine  comment  cela  pouvait  se  faire.  Sur  la  réponse  affirmative 
de  celle-ci,  elle  se  rend  compte  qu'il  y  a  des  bateaux,  mais  il  n'y 
eo  a  presque  plus.  Elle  ne  saurait  dire  s'ils  marchent;  mais  leurs 
machines  à  vapeur  ne  doivent  plus  fonctionner  car  on  n'entend 
plus  de  bruit.  Au  port  voisin  rien  ne  marche  plus;  dans  la 
fabrique  voisine  tout  est  arrêté,  les  ouvriers  y  sont  présents,  mais 
ils  ne  travaillent  pas  :  «  Tout  est  à  la  dernière  des  positions,  il  me 
semble  qu'il  ne  va  plus  rien  y  avoir  du  tout.  Que  va-t-il  arriver, 
voilà  huit  jours  que  cela  dure  et  personne  n'est  encore  mort  de 
faim,  c'est  incompréhensible.  C'est  la  fin  du  monde,  rien  ne  va 
reparaître.  »  Elle  a  bien  elle-même  ce  qu'il  lui  faut  pour  l'ins- 
tant, mais  tout  va  manquer  dans  l'avenir. 

C'est  dans  cet  état  d'esprit,  à  la  suite  de  ses  plaintes  contradic- 
toires contre  son  fils,  qu'elle  est  amenée  à  l'asile.  Le  long  du 
chemin  elle  voit  des  gens  aller  et  venir,  mais  ils  vont  ainsi  sans 
but,  lui  semble-t-il.  Son  passage  dans  la  ville  très  animée,  la  vue 
des  magasins,  des  bateaux  du  port,  tout  cela  la  fait  cependant 
réfléchir  un  peu;  elle  se  demande  si  ses  idées  ne  sont  pas  des 
rêveries. 

A  son  arrivée  à  l'asile  elle  conserve  encore  fermement  ses  convic- 
tions délirantes  :  «  C'est  comme  la  fin  du  monde;  tout  disparait, 
il  y  a  une  allée  et  venue,  il  n'y  a  plus  personne  dans  la  salle  (au 
pavillon  d'entrée  où  elle  se  trouve  en  réalité  au  milieu  d'une  quin- 
zaine de  malades).  Elle  sent  qu'elle  est  venue  pour  mettre  le 
trouble.  Elle  sert  de  jouet,  tout  le  monde  rit  d'elle  dans  la  salle. 
Elle  ne  sait  que  faire  de  sa  personne,  elle  est  agitée,  elle  dort 
comme  jamais  cela  ne  lui  est  arrivé,  elle  est  comme  assommée. 
Cest  un  anéantissement,  un  engourdissement  de  tous  les  membres, 
elle  est  incapable  de  faire  la  plus  petite  chose.  Elle  a  perdu  son 
enfant.  Tout  est  arrivé  par  sa  faute.  » 

Son  aspect  est  celui  de  la  dépression  mélancolique  la  plus  pro- 
fonde; elle  a  aussi  quelques  vagues  préoccupations  hypochon- 
driaques  en  rapport  avec  de  légers  troubles  gastriques  réels  : 
«  elle  a  de  la  diarrhée,  mais  elle  n'en  a  pas  assez,  car  son  ventre 
est  ballonné;  elle  n'urine  pas  assez;  on  lui  donne  trop  à  manger.  » 

Il  existe  un  peu  d'insomnie. 


^26  PATHOLOGIE   MBNTALB 

Depuis  son  entrée  à  Tasile  elle  est  restée  dans  cet  éUt  de  dépres- 
ion  méiancolique,  se  reprochant  d  avoir  fait  le  malheur  de  son 
enfant  qu*elle  a  perdu,  de  s'être  volontairement  ruinée.  Elle  ne 
cesse  de  pleurer,  de  se  désoler  sans  pouvoir  se  livrer  à  aucu[)  tra- 
vail. Les  idées  de  né^'ation  ont  complètement  disparu  ;  la  malade 
se  rend  bien  compte  de  tout  ce  qui  se  passe  autour  d*elle,  la  mé- 
moire est  bien  conservée  et  n'avait  d'ailleurs  paru  un  peu  troublée 
que  dans  les  premiers  jours.  A  ce  moment,  en  elfel,  il  existait, 
comme  on  Ta  vu,  une  certaine  confusion  dans  les  idées  avec  quel- 
ques illusions  de  la  vue  et  de  Touîe  et  quelques  interprétations 
fausses;  la  malade  croyait  que  tout  le  monde  s'occupait  d'elle, 
qu'on  riait  en  la  regardant,  qu'elle  servait  de  jouet,  qu'on  luidi:rait 
toutes  sortes  de  choses  qu'elle  ne  comprenait  pas.  Elle  ne  se  faisait 
qu'une  idée  inexacte  de  Theure  et  du  jour.  Cet  état  ne  dura  que 
peu  de  jours  et  dans  une  lettre  que  M"^  A...  écrivait  dernièrement 
au  tribunal  qui  allait  juger  son  Ois,  on  ne  constatait  rien  d'autre 
que  des  idées  mélancoliques. 

Au  point  de  vue  physique  son  état  général  est  assez  satisfaisant. 
Mais  on  remarque  un  tremblement  oscillatoire  permanent  du 
membre  supérieur,  prédominant  aux  doigts  et  n'augmentant  pas 
dans  les  mouvements  commandés,  et  un  tremblement  épileptoïde 
permanent  du  membre  inférieur  droit.  Sur  un  ordre  réitéré  la 
malade  peut  arrêter  ces  mouvements,  et  en  particulier  le  tremble- 
ment épileptoïde,  en  appuyant  fortement  le  pied  à  plat  sur  le  sol 
ou  en  plaçant  la  main  sur  son  genou;  si  elle  abandonne  ces  posi- 
sillons,  le  tremblement  se  reproduit  instantanément.  Il  ne  peut 
être  provoqué  par  les  procédés  classiques.  Ce  dernier  symptôme  a 
persisté  jusqu'aujourd'hui  (avril  1897)  sans  aucun  changement, 
le  tremblement  de  la  main  est  moins  accentué.  Il  n'existe  aucun 
trouble  de  la  sensibilité.  Les  réilexes  rotuliens  sont  très  faibles, 
presque  nuls,  des  deux  côtés. 

11  y  a  amaurose  complète  de  l'œil  gauche;  la  pupille  est  dans  un 
état  de  dilatation  moyenne  et  elle  ne  réagit  pas  directement  à  la 
lumière,  mais  elle  est  le  siège  de  réactions  synergiques  quand  on 
examine  l'œil  droit. 

L'éclairage  de  la  pupille  droite  est  suivi  d'une  contraction  un  peu 
lente  et  de  courte  durée  de  la  pupille  gauche,  puis  d*une  légère 
dilatation  qui  n'atteint  pas  le  degré  primitif  de  la  dilatation  qui 
existait  avant  l'expérience;  par  le  retrait  de  l'éclairage  de  la  pupille 
droite,  la  pupille  gauche  revient  à  son  état  de  dilatation  primitif. 

A  la  convergence  il  y  a  une  contraction  à  peine  perceptible  de 
la  pupille  gauche;  la  réaction  est  plus  nette  dans  l'accommoda- 
tion. Il  existe  un  léger  degré  de  ptosis  et  de  parésie  du  droit 
supérieur  et  du  droit  interne.  Enfin  il  parut  y  avoir  une  diminu- 
tion notable  de  la  sensibilité  de  la  conjonctive  de  l'œil  gauche, 
laquelle  subsiste  encore  aujourd'hui  mais  bien  moins  accentuée. 


r^ 


NOTES   SUR   LES  IDEES   DE  NEGATION.  H 

Cet  examen  est  d*ailleurs  difficile  en  raison  de  l'élat  de  dépression 
de  la  malade. 

Avril  1898.  —  Aujourd'hui,  l'étal  de  M"°  A...  est  amélioré,  elle 
a  pleine  conscience  de  ses  anciennes  idées  délirantes,  elle  retrouve 
les  souvenirs  qu'elle  avait  perdu,  de  certains  faits  qui  s'étaient 
passés  pendant  la  période  «l'acuité  de  la  maladie.  Mais  elle  est 
déprimée  encore,  a  des  idées  d*indi^nité,  se  fait  des  reproches 
immérités.—  Le  tremblement,  après  s'être  atténué,  a  complètement 
dispara  depuis  plusieurs  semaines.  On  constate  les  [iiémes  phéno- 
mènes de  synergie  de  l'œil  amaurotique  et  une  légère  anesthésie 
de  la  conjonctive  de  ce  côté. 

C'est  le  tableau  banal  de  la  mélancolie  simple  accompa- 
gnée d'idées  de  culpabilité,  de  déchéance,  de  ruine.  Ce  qui 
donne  un  aspect  un  peu  particulier  à  ce  cas,  c'est  l'état  men- 
tal qu'a  présenté  la  malade  au  moment  de  son  entrée  à  l'asile. 
Les  idées  mélancoliques  passent  un  instant  au  second  plan  ; 
ce  qui  prédomine  la  scène  pendant  quelque  temps,  c'est  la 
tendance  à  la  négation. 

Il  n'y  a  pas  d'idées  de  négation  complètes,  mais  il  est 
bien  évident  qu'il  n'y  a  qu'un  pas  de  cette  perplexité  cons- 
tante à  l'idée  de  négation  vraie.  La  malade  est  encore  acces- 
sible au  raisonnement,  elle  se  demande  si  tout  ne  va  pas 
disparaître;  elle  n'affirme  rien  quoique  toute  prête  à  affirmer 
que  tout  a  disparu,  et  l'on  peut  combattre  encore  cette  idée; 
il  est  bien  vraisemblable  que,  si  la  malade  n'avait  été  placée 
à  ce  moment  à  l'asile,  le  délire  se  serait  peut-être  développé 
avec  plus  d'ampleur.  L'unique  intérêt  de  cette  observation 
serait  donc  de  donner  quelques  indications  élémentaires  sur 
l'idée  de  négation  chez  le  mélancolique:  en  particulier  ne 
pourrait-on  pas  voir  dans  certaines  idées  de  notre  malade 
(que  les  vaisseaux  ne  marchent  plus,  que  les  ouvriers  ne 
travaillent  plus)  le  premier  degré  de  la  perte  de  la  vision  et 
de  l'audition  mentales?  Elle  ne  se  représentait  pas  le  bruit 
des  machines,  les  mouvements  des  travailleurs  et  elle  éprou- 
vait le  besoin  d'aller  vérifier  ce  qu'il  en  était  eu  réalité. 

Observation  IL  —  Sommaire  :  Folie  périodique  à  marche  irrégu- 
lière ayant  débuté  en  1882.  Hérédité  vésanique  (familiale?).  Appa- 
rition d'idées  de  négation  au  cours  du  quatrième  accès  ;  période  de 
stupeur  de  quatre  mois  de  durée  (août  à  décembre  1895)  ;  puis 
anxiété  subite  avec  hallucinations  et  illusions  terrifiantes  de  la  vue 
et  de  rouîe,  idées  de  négations  portant  sur  la  personnalité  de  la 


28  PATHOLOGIE   MBNTALB 

malade  et  sur  le  mond  •  extérieur  ;  quelques  idées  d'énormité.  Ces 
symptômes  ne  durent  que  peu  de  jours.  Après  quelques  alterna- 
tives, période  normale  de  troia  mois  (février-mai  1896).  En  juin, 
pério'le  d'ex'ùtntion  de  trois  semaines.  Depuis,  légère  dépression 
mélancolique  persistante  avec  conrte<  périodes  d\inxiélé  haltucina^ 
toire  (avril  iH91.) 

M'"®  M...,  néo  cil  1812,  entrée  pour  la  première  fois  le  20  août 
1884,  pour  la  senoniie  fois  le  28  novembre  1887. 

Antécédents  héréditaires,  —  Sa  mère  et  sa  sœur  ont  été  aliénées. 

La  fné/*(?  avait  des  idée*;  d'iiulignitè,  croyait  toujours  mal  faire. 

La  sœur  pnrall  avoir  élé  comme  outre  malade,  atteinte  de  folie 
intermittente  :  elle  fut,  en  olFet,  soignée  à  plusieurs  reprises  à  Tasile. 
Elle  y  rentra  pour  la  première  fois  en  1873  à  Tâj^e  de  vingt-quatre 
an»,  pour  un  accès  de  manie  ayant  débuté  brusquement  trente 
jours  après  son  aceouchomont,  et  qui  fut  naturellement  considéré 
comme  une  manie  fuierpérale.  Sortie  guérie  au  bout  de  six  mois» 
elle  rentre  à  Tasilc  i|uelques  mois  plus  lard  dans  un  accès  de  mé- 
lancolie avec  idées  de  .«uicide,  elle  sort  guérie  trois  mois  après; 
Nous  trouvons  au  dossier  une  IcUre  d'elle  datée  de  1880,  adressée 
à  M.  Rousselin,  qui  Pavait  soignée  dans  ses  accès  précédents,  et  où 
elle  émet  de  profondes  idées  de  suicide  et  manifeste  l'idée  de  ren- 
trer à  Tasile.  Laccès  (où  les  accès,  car  la  malade  disait  dans  sa 
lettre  avoir  été  à  trois  reprises  sur  le  point  de  revenir  à  Saint-Yon) 
dut  élre  court  car  il  ny  eut  pas  internement.  En  1888,  elle  est 
ramenée  dans  un  élit  d'anxiété  intense  avec  hallucinations  mul- 
tiples (certificat  de  M.  Giraud).  Cet  accès  ne  dure  que  quelques 
jours,  mais  la  malade,  au  dernier  degré  de  la  phtisie,  meurt  en 
dix-huit  jours. 

Antécédents  persoiuels,  —  Notre  malade  a  toujours  eu  une 
bonne  santé  physique,  elle  a  eu  un  enfant  mort  à  deux  mois.  Elle 
aurait  toujours  été  d'un  caractère  triste  ;  à  l'époque  de  sa  pre- 
mière communion  elle  avait  des  scrupules,  plus  tard  elle  croyait 
ne  pas  bien  faire  ;  elle  se  rendait  compte  des  idées  mélancoliques 
de  sa  mère  et  les  combatlail  tuut  en  présentant  elle-même  un 
état  semblable. 

Premier  accès. —  Les  premiers  accidents  mentaux  ^'raves  ont  éclaté 
d'une  façon  subite.  En  août  1884,  }i°^^  M...  cesse  brusquement  de 
travailler;  elle  présente  une  anxiét/*  énorme,  se  croit  damnée, 
voit  les  maisons  brûler,  tomber  en  ruines,  des  enfants  écrasés  par 
des  voilures  ;  et,  sous  1  inlluence  de  ces  hallucinations,  tente  de  se 
précipiter  par  la  fenêtre.  Elle  e^t  très  agitée,  riudomnie  est  ab- 
solue. A  son  entrée,  elle  est  trèb  déprimée,  puis  elle  passe  par  un 
état  d'agitation  cousidérable  de  quelques  jours  de  durée  pour 
tomber  ensuillB  dans  la  stupeur  (certidcat  de  M.  Cortyl).  En  sep- 


NOTES    SUR   LES   IDEES   DE   NÉGATION.  29 

lembre,  on  note  Tanxiétéavoc  hallucinations:  cet  accès  se  termina 
rapidement,  car  elle  sort  le  3t  octobre  1884. 

Deuxième  accès,  —  Pendant  les  trois  années  qui  ont  suivi  sa 
sortie,  elle  a  été  bien  portante.  Un  second  accès  débute  soudaine- 
ment, et  elle  entre  en  novembre  1887  dans  un  état  d'excitation 
maniaque  qui  dure  deux  à  trois  moiâ;clle  tombe  ensuite  dans  la 
stupeur  avec  gâtisme  :  l'accès  se  termine  par  une  période  d'anxiété 
extrême  où  elle  vo^-ait  des  enfants  écrasés.  En  avril  1888,  elle  est 
cairne  de  nouveau  et  sort  le  23  mai  1889. 

Troisième  accès .  — Elle  est  réintéi.'rée  un  mois  après  dans  un 
état  de  grande  anxiété  avec  refus  de  nourriture,  désespoir.  Elle  a 
des  hallucinations  terrifiantes.  Celte  période  dure  plusieurs  mois. 
Puis,  après  des  alternatives  de  calme  et  d'excitalion,  elle  est  de 
Dcaveau  normale  en  janvier  1890. 

Quatrième  accès,  —  L'accès,  dans  le  cours  duquel  nous  avons 
commencé  à  observer  personnellement  la  malade,  a  débuté  en 
août  1893  ;  à.  la  suite  d'une  ^'rippe,  elle  tomli«  rapidement  dans 
un  état  de  stupeur  très  profonde  avec  gâtisme.  A  la  fin  du  mois  de 
décembre  survient  subitement  la  période  d'anxiété.  Au  moment 
où  nous  la  voyons  pour  Ja  première  fois  (décembre  1895),  elle  est 
dans  un  état  d'angoisse  énorme  avec  hallucinations  multiples,  a[?i- 
tatioQ  permanente,  insomnie  ;  elle  émet  une  foule  d'idées  de  né- 
;'ation,  par  moments  elle  ne  parle  pour  ainsi  dire  que  par  néga- 
tions; ou  remarquera  que  parfois  elle  répèle  successivement  la 
même  phrase  sans  forme  affirmative  puis  sans  forme  négative,  en 
général  à  la  suite  d*une  quei^tion  qu'on  lui  a  posée.  C'est  dans  un 
étal  d'anxiété  indescriptible  qu'elle  émet  avec  loquacité  les  idées 
qui  sont  reproduites  ici  telles  quelles,  si  ce  n'est  qu'on  a  tenté  de 
les  classer  avec  un  peu  d'ordre. 

«  AlleZ'VOus-en,  il  n'y  a  plus  de  cabinet  (la  salle  d'examen  où 
elle  se  trouve  en  ce  moment),  il  n'y  a  plus  de  salle  de  garde,  il  n'y 
en  a  jamais  eu.»  —  Je  lui  dis  d'ouvrir  la  porte.  —  Réponse  :  a  11  n'y 
a  plus  de  porte,  il  y  a  des  portes,  il  n'y  a  plus  de  porte.  Je  veux 
aller  au  cabanon,  il  n'y  a  plus  de  cabanon,  on  fait  des  trous  dans 
la  porte  (en  montrant  le  juda>),  on  les  a  reiirés.  »  —  Question  : 
«  Quel  endroit  est-ce,  ici?  »  —  Réponse  :  «  Ce  n'est  rien.  Je  répète 
la  question  en  insistant).  Autrefois  cela  s'appelait  Sainl-Yon.  » 

t  Je  veux  sauver  tout  le  monde  et  tout  tout  le  monde  est  mort. 
11  n'y  a  plus  personne,  il  n'y  a  plus  rien,  il  n'y  a  plus  personne  dans 
Nlemitéy  11  y  a  du  monde  ;  c'est  du  monde  qui  n'est  plus  du 
monde.  Comment  faire  puisqu'il  n'y  a  rien  du  tout.  Il  n'y  a  plus 
rien,  i7  y  a  seulement  le  néant.  (Je  lui  demande  :  «  Qu'est-ce  que  cela 
vent  dire,  le  néant?  »  —  Réponse  :  «  Je  ne  sais  point.  »  Il  n'y  a  plus 
de  maison,  plus  rien,  on  va  être  enfoui  daiu  Vvterniié  ..  Comment 
faire  puisqu'il  i\*y  a  plus  rion,  puisqu'il  y  a   tout  ?..,  Vous  écrivez 


30  PATHOLOGIE   MBNTALB 

toujours.  Gomment  pouvez-vous  tenir  un  porte-plume?  »  —  On 
lui  dit  alors  d'écrire  aussi  ;  avec  beaucoup  de  peine,  on  parvient 
à  loi  faire  écrire  :  «  Il  n*y  a  plus  rien,  je  n'ai  pas  d'yeux.  » 

Pour  ce  qui  coDceme  sa  propre  personnalité,  elle  s'exprime  de 
la  façon  suivante,  soit  spontanément,  soit  en  réponse  aux  ques- 
tions posées  : 

M  —  Qui  êtes-vous  ?  —  Je  ne  suis  rien.  —   Quel  est  votre  nom? 

—  Je  ne  me  rappelle  même  plus  mon  â?e.  —  Quel  âge  avez-vous  ? 

—  Il  n'y  a  plus  d'état-civil,  je  n'ai  pas  d'âge,  pas  d'dge  de  siècle  en 
siéclCf  je  ne  sais  pas  par  où  je  vais,  je  ne  sais  pas  si  j'existe  ;  oui 
pourtant  j'existais,  je  ne  sais  pas  ce  que  je  suis,  mais  j'existais. 

€  —  Avez-vous  été  mariée  ?  — Je  le  crois,  je  ne  me  rappelle  plus. 

—  Quel  est  le  nom  de  votre  mari  ?  —  Je  ne  me  rappelle  plus  ; 
quand  je  l'ai  pris  il  s'appelait  Léopold,  tous  les  papiers  sont  brûlés. 

«  —  Avez-vous  des  enfants  ?  —  J'en  ai  eu  un,  on  m'a  dit  que 
c'était  un  garçon.  —  Pourquoi  vous  bouchez-vous  les  oreilles  ?  (elle 
vient  d'avoir  une  hallucination).  —  Je  n'ai  pas  d'oreille,  c'est  rien. 
Je  ne  sais  pas  comment  je  suis,  je  n'ai  plus  de  langue.  —  Qu'est-ce 
que  je  touche  (son  bras)?  —  Vous  touchez  rien  (elle  s'arrache  les 
cheveux).  —  Pourquoi  faites-vous  cela  ?  —  Ce  n'est  rien,  c'est  des 
manies;  allez-vous-en.  Oh  !  quelle  horreur,  rester  avec  une  femme 
qui  est  folle,  qui  est  perdue...  Je  ne  vous  regarde  pas,  je  ferme  les 
yeux.  Je  ne  veux  pas  qu'on  me  regarde;  ...  où  allez -vous  me  tri- 
pailler  ?  > 

Elle  a  des  illusions  et  des  hallucinations  terrifiantes  de  la  vue  et 
de  l'ouïe,  elle  voit  tout  en  feu  :  c  Sauvez-vous,  si  je  pouvais  vous 
donner  une  place  pour  vous  sauver!  Vous  brûlez,  vous  rebrûlez, 
allez-vous-en.  Votre  manteau  brûle.  Il  y  a  du  feu  partout,  il  n'y  a 
plus  de  feu.  Pourquoi  écrivez-vous  puisqu'il  n'y  a  plus  rien  ?  Tout 
brûle  ;  non,  on  ne  va  pas  brûler  ;  tout  le  monde  brûle,  il  n'y  a  pas 
de  poêle,  il  y  a  des  poêles...  Vous  ne  voyez  donc  pas  des  écroule- 
ments, il  y  a  du  feu  partout. 

«  Qu'esl-ce  que  c'est  que  tout  ce  monde-là?  (nous  sommes  dans 
la  salle  commune).  Il  me  semble  que  j'entends  dans  mes  oreilles 
tous  les  iloU  de  la  mer,  entendez-vous  les  tlots  de  la  mer,  tout  ça 
va  passer  par  dessus...  On  m'appelle  encore. 

«  Qui  vous  appelle  1  —  Je  ne  sais  pus.  —  Pourquoi  vous  agitez- 
vous  ?  —  On  me  j>ousse,  on  me  dit  de  faire  cela.  —  Qui  cela? 
des  voix  d'hommes? —  De.«  voix  d'hommes,  de  femmes  et  d'en- 
fanls,  de  musique...  Là-dessous  il  y  .1  des  téléphones,  de  la  télé- 
phonerie.  Il  n'y  a  plus  de  téléphones  (elle se  bouche  les  oreilles)...» 
\li\e  entend  des  voix  qui  viennent  de  partout  qui  disent  :  c  Amour, 
amour...  Ils  ne  pensent  qu'à  l'amour.  >  —  Demande  :  «  Gomment 
sont  ces  voix?  —  G'est  l'écho  qui  accourt.  On  tire  des  coups  de 
fusil,  des  petits  coups  de  fuail  comme  le  bruit  d'un  coup  de  sabre 
de  bois  (?).   » 


NOTES    SUR   LBS   IDBSS   DE  NÉGATION.  31 

  UD  moment  donné,  une  autre  malade  passe  auprès  d'elle,  elle 
dit  :  «Qu'est-ce  que  cette  personne?  elle  est  imperceptible  à  la  vue.» 
Pendant  plusieurs  jours  elle  reste  agitée  et  anxieuse;  elle  croit 
qa*on  écrit  sa  condamnation,  qu'on  va  la  faire  mourir,  s'effare  au 
moindre  geste  qu'on  fait,  reste  obstinément  près  de  la  porte  du 
cabinet  de  crainte  de  rester  enfermée.  11  lui  semble  qu'il  va  arriver 
qaelque  chose:  cTout  le  monde  dit  qu'il  va  arriver  des  malheurs.» 
On  dit  que  nous  sommes  en  guerre,  et  il  lui  semble  entendre  le 
tambour  mais  elle  se  rend  compte  que  c'est  une  illusion.  Elle  pa« 
ralt  avoir  un  hypéracousie  très  notable,  le  moindre  bruit  de  porte, 
de  Toii,  d'un  train  qui  passe  au  loin  la  fait  tressaillir,  mais  elle 
reconnaît  la  nature  de  ces  bruits.  Les  illusions  de  la  vue  sont  plus 
persistantes,  elle  voit  de  drAles  de  choses  auteur  d'elle,  elle  croit 
voir  le  feu;  mais  tout  cela  est  éloigné  maintenant.  De  temps  à 
autre  elle  reditsa  phrase  favorite  :  «Il  n'y  a  plus  rien  »,  mais  sans 
grande  persistance.  Parfois,  dans  un  court  paroxysme  d'anxiété 
elle  refuse  de  s'entretenir  avec  nous.  Cependant,  son  état  s'améliore 
rapidement,  elle  se  rend  compte  qu'elle  a  été  malade  et  se  rappelle 
seà  idées  délirantes. 

A  la  On  du  mois  de  janvier,  elle  est  un  peu  agitée,  non  anxieuse; 
au  contraire,  sa  physionomie  est  plutôt  gaie,  elle  fait  parfois  des 
quiproquos,  des  plaisanteries.  Elle  répond  convenablemeut  aux 
questions  posées  sur  son  âge,  sa  famille,  sa  maladie,  etc.. 

On  note  de  nouveau  les  jours  suivants  (février)  une  légère  exa- 
cerbation  ;  elle  refuse  de  répondre  sous  prétexte  qu'elle  n'est  pas 
malade,  qu'on  se  moque  d'elle, qu'elle  n'a  rien  à  dire.  Quoiqu'elle 
prétende  ne  rien  entendre  de  particulier,  on  l'a  vue  rester  immo- 
bile c  comme  en  extase  »,  disent  les  personnes  du  service,  sous 
l'iutl'ience  de  ses  hallucinations,  ou  aller  ç«i  et  là,  où  les  voix  lui 
ordonnent  d'aller. 

Kofin,  au  mois  de  mars,  il  persiste  seulement  un  peu  de  dé- 
pression ;  la  malade  est  calme,  s'occupe  très  activement;  elle  a 
couscience  de  son  état  morbide  et  a  gardé  le  souvenir  très  net  de 
tout  ce  qui  s'est  passé. 

Elle  est  retombée  malade,  dit-elle,  au  mois  d'août  après  une 
attaque  de  grippe  et  est  restée  dans  un  état  d'engourdissement 
jusqu'à  la  fin  de  décembre.  Elle  est  devenue  alors  très  anxieuse 
tout  à  coup.  Elle  se  souvient  de  nos  interrogatoires;  elle  avait  une 
peur  terrible,  voyant  tout  lemonde  armé  de  couteaux  ;  il  lui  semblait 
qu'on  la  regardait  d'un  regard  menaçant,  qu'on  allait  toutenyahir. 
Elle  voyait  des  écroulements;  la  chapelle,  les  bâtiments  se  détrui- 
saient; les  briques. tombaient  en  masse.  Toute  la  famille  du  médecin 
était  écrasée  par  le  chemin  de  fer.  Des  armées  se  battaient.  On 
lui  disait  des  choses  effrayantes,  il  y  avait  des  flammes  partout, 
tout  se  détruisait.  11  n'existait  plus  rien. 
En  juin  1896,  la  malade  devient  loquace,  va,  vient  sans   motif, 


Si  PATHOLOGIE   MENTALE 

promène  de  tous  côlés  une  petite  malade,  une  débile  qu'elle  a 
adoptée  et  dont  on  est  obligé  bientôt  de  lui  défendre  de  s^occuper. 
Enfin,  à  propos  d*une  discussion  des  plus  futiles,  elle  s'agite  beau- 
coup, récrimine,  met  le  désordre  dans  Tinfirmcrie  et  Ton  doit 
la  placer  dans  le  quartier  des  agitées.  Là  elle  se  calme  rapidement 
et  trois  semaines  après  le  début  de  ces  nouveaux  incidents,  elle  est 
redevenue  absolument  normale. 

Dans  les  derniers  mois  de  1896,  tout  en  s'occupant  activement 
elle  se  sent  de  nouveau  un  peu  déprimée,  découragée  et  même 
pendant  quelques  jours  il  lui  passe  des  brouillards  devant  les  yeux; 
elle  dit  elle-même  que  cela  ressemble  à  ce  qu'elle  éprouvait  à  la 
fin  de  la  période  d'anxiété  du  début  de  Tannée: ce  sont  comme 
des  llammes  qu'elle  voit  dans  le  lointain.  Ces  symptômes  sont 
d'ailleurs  très  passagers.  Depuis  ce  moment,  elle  est  tout  à  fait 
calme,  lucide,  active,  mais  toujours  un  peu  déprimée  moralement. 
Elle  croit  toujours  ne  pas  remplir  convenablement  la  tâche  qu'on 
lui  donne,  travailler  beaucoup  moins  bien  que  les  autres,  etc. 
(avril  1897). 

Avril  1898.  —  Depuis  un  an  le  même  état  persiste  et  le  même 
état  persiste  et  les  idées  mélancoliques  sont  très  actives.  Cependant 
la  malade  est  calme  et  travaille  régulièrement. 

Dans  cette  deuxième  observation  comme  daos  la  précé- 
dente les  idées  de  négation  sont  survenues  d'une  façon  épi- 
sodiquc,  c'est  là  d'ailleurs  la  seule  ressemblance  des  deux 
observations.  Dans  la  première,  en  efifet,  nous  avons  affaire 
à  une  psychose  simple  et  curable  où  l'apparition  des  idées  de 
négation  n'implique  pas,  en  raison  même  de  leur  caractère 
transitoire,  un  pronostic  particulièrement  grave,  ou  du  moins 
la  gravité  de  l'affection  est  due  à  d'autres  causes  (âge,  persis- 
tance des  clauses  morales,  etc.).  Enfin  les  négations  sont  tout 
à  fait  élémentaires.  Il  en  est  autrement  ici,  l'aflection  men- 
tale préexistante  est  déjà  ancienne  même  si  l'on  ne  tient 
compte  que  des  accès  proprement  dits  (treize  ans);  il  est 
d'ailleurs  possible  que  l'état  mélancolique  date  de  l'enfance. 
Depuis  Tannée  1884,  les  accès  se  sont  répétés  quatre  fois;  les 
crises  d'anxiété  semblent  avoir  toujours  eu,  comme  c'est  |la 
règle  dans  les  folies  périodiques,  des  caractères  identiques  . 
les  mêmes  hallucinations  terrifiantes  y  sont  notées.  Mais  les 
idées  de  négation  paraissent  être  de  date  récente;  elles  offrent 
un  développement  bi«;n  plus  considérable  que  dans  lobser- 
vation  I  et  sont  accompagnées  d'un  symptôme  important,  les 
idées  d'énormité  et  d'immortalité.  Ces  dernières  n'apparais- 


N0TB3    SUR   LB3   IDÉBS    DB   NEGATION.  33 

sent,  il  est  vrai,  que  d'une  façon  passagère;  toutefois  les 
phrases  qui  ont  été  soulignées  dans  l'observation  n'en  sont 
pas  moins  caractéristiques  ;  il  n'est  nul  besoin  d'y  insister. 

A  côté  de  ce  délire  d'énormité,  on  voit  la  malade  expri- 
mer, dans  une  unique  circonstance  d'ailleurs,  une  idée  in- 
verse, et  considérer  une  malade  qui  l'approche  comme  im- 
perceptible  à  la  vue.  L'idée  de  négation  se  retrouve  dans 
les  caractères  de  certaines  hallucinations;  ce  sont  ces  voix 
qui  ne  sont  qu'un  écho,  ces  petits  coups  de  fusil  sourds. 

Mais  quelle  que  soit  l'intensité  des  idées  de  négations,  elles 
n'en  sont  pas  moins  transitoires;  rétrospectivement  la  malade 
se  rendait  parfaitement  compte  de  leur  nature  morbide.  Il 
faut  noter  encore  que  le  délire  d'énormité  était  non  secondaire 
et  tardif,  mais  contemporain  des  idées  de  négation  mêmes. 
La  psychose  elle-même  parait  s'aggraver,  mais  indépendam- 
ment du  délire  des  négations  et  passer  à  la  mélancolie 
chronique;  ce  n'est  d'ailleurs  là  que  l'évolution  inévitable 
d  une  affection  qui,  au  dire  de  la  malade  elle-même,  préexis- 
tait aux  accès  proprement  dits. 

OMERVAnoN  m.  —  SoMMAiRii:  i  Ménopause  ;  opération  pour  mé- 
trite  ancienne.  Préoccupations  hypockondriaques  ;  illusions  de  la 
me  et  interprétations  délirantes.  Hallucinations  et  illusions  de 
Coûte  et  de  fodorat;  délire  des  négations  hypochondriaque,  le 
délire  porte  sur  la  personnalité  physique  de  la  malade,  sur  celle  de 
ses  parents  et  sur  le  monde  extérieur.  Délire  hallucinatoire  poly- 
morphe avec  état  anxieux  et  idées  de  persécution.  Consécutivement, 
développement  des  idées  de  persécution ,  apparition  d'idées  de  gran- 
deur et  de  possession.  Guérison  (?)  par  dispantion  subite  du  délire. 
Pas  de  troubles  sensitifs  (?)  Hérédité  niée. 

M°»«H...,  née  en  i850,  entrée  pour  la  première  fois  le  25  juillet 
1895,  pour  la  deuxième  fois  le  22  septembre  1896.  M™**  II...  n*au- 
rail  aucun  antécédent  héréditaire  vésanique  ni  neuropalhiqne.  Sa 
mère  est  morte  d'une  affection  cardiaque.  Kile-môme  a  toujours 
été  d*une  bonne  sanlé  jusqu'en  ces  dernières  années,  si  ce  n*est 
qu'elle  est  un  peu  nerveuse,  et  a  parfois  des  crises  de  larmes.  Deux 
grossesses  normales  ;  accouchement  avec  application  de  forceps  ; 
ses  enfants,  âgés  de  quinze  et  vingt  ans,  sont  bien  portants.  En 
mars  1895,  elle  a  subi  un  curetage  pour  une  métrite.  En  juin  1895, 
époque  où  elle  était  déjà  malade  mentalement,  elle  a  été  opérée 
d'un  anthrax.  Actuellement  sa  santé  physique  esl  bonne.  Pas  de 
stigmates  physiques  importants,  sauf  une  notable  asymétrie 
faciale. 

ARCHIVES,  2«  série,  t.  VI.  3 


34  PATHOLOGIE   MBNTALB 

M™*'  H...  n'a  reçu  qu'une  éducation  élémentaire,  mais  est  trè 
intelligente,  conduit  très  bien  sa  maison  et  son  commerce;  elle  est 
d'un  caractère  très  ferme,  très  décidé  et  de  très  bon  conseil.  La 
situation  que  lui  a  faite  son  mariage  ne  Ta  pas  satisfaite;  elle  a  été 
obligée  de  vivre  dans  une  petite  ville  et  de  se  livrer  au  commerce 
pour  lequel  elle  avait  toujours  eu  de  la  répugnance;  elle  ne  se 
liait  avec  personne  et  vivait  très  retirée,  depuis  1890  en  particulier. 
Depuis  deux  ans  elle  a  éprouvé  de  vives  contrariélés  à  propos  d'ar- 
rangements de  famille  et  a  dû  continuer  de  vivre  dans  la  situation 
qu'elle  avait  espéré  un  moment  pouvoir  abandonner;  de  là  .décep- 
tion très  grande.  A  cela  se  sont  ajoutées  des  douleurs,  assez  peu 
intenses  il  est  vrai,  dues  à  son  alfection  utérine  et  les  préoccupa- 
tions de  l'opération. 

Les  symptômes  mentaux  ont  éclaté  deux  mois  après  l'opération, 
qui  avait  bien  réussi  (il  ne  persistait  que  quelques  douleurs  dans 
le  bassin).  Il  y  eut  d'abord  perte  absolue  de  sommeil  et  quelques 
troubles  digestifs.  La  malade  se  plaint  d'avoir  la  bouche  pâteuse. 
Elle  commence  à  remarquer  que  son  médecin  lui  fait  de  grands 
yeux  et  que  son  mari  et  sa  belle-sœur  ont  changé  à  son  égard  (en 
réalité  ils  n'ont  cessé  de  manifester  la  plus  grande  tendresse  pour 
elle)  ;  elle  s'imagine  qu'ils  sont  malades,  car  ils  changent  aussi 
physiquement  ;  leurs  mains  sentent  la  mort,  elle-même  sent  la 
mort,  elle  ne  peut  s'empêcher  de  dire  aux  visiteurs  :  t  Ne  sentez- 
vous  pas  la  mort  ?  » 

Une  nuit  elle  entend  sa  fille  descendre  à  la  cave  (11  n'en  était 
rien  d'ailleurs,  il  y  a  là  une  hallucination  et  non  simplement  une 
illusion) ,  elle  la  croit  tombée  malade  dans  cette  cave,  car  elle  ne 
l'entend  pas  remonter,  elle  se  lève,  appelle  une  voisine  au  secours; 
ses  parents  la  calment  en  lui  affirmant  qu'elle  fait  erreur  et  en  lui 
amenant  sa  fille. 

Le  soir  elle  entend  sa  belle-sœur  se  lever  et  se  jeter  par  la  fenêtre  ; 
elle  a  entendu  le  corps  tomber,  des  gens  se  précipiter,  se  concer- 
ter à  voix  basse.  Elle  ne  peut  descendre  elle-même  de  son  lit  pour 
avertir  son  mari  qui  le  saura  assez  tôt,  car  la  bonne  verra  le 
corps  en  ouvrant  la  porte  le  matin.  Juste  à  ce  moment  elle  entend 
ouvrir  le  magasin  au  rez-de-chaussée,  mais  comme  il  ne  se  produit 
aucun  bruit  anormal,  elle  juge  elle-même  qu'elle  a  eu  une  illu- 
sion. 

  cette  époque  elle  aurait  eu  des  scrupules  de  religion,  des  doutes 
et  quelques  idées  d'indignité,  symptômes  qui  paraissent  avoir  été 
peu  consistanUs,  car  les  renseignements  donnés  sont  vagues,  tan- 
dis que  tous  les  autres  faits  sont  racontés  avec  les  plus  grands  dé- 
laiU.  Ce  qui  prédomine  rapidement,  ce  sont  des  idées  de  négation, 
de  forme  hypochondriaque  surtout,  et  portant  sur  la  personnalité 
de  la  malade  même,  sur  ses  parents  et  en  dernier  lieu  sur  le 
monde  extérieur,  c  Son  médecin  Ta  blessée,  elle  va  avoir  le  téta- 


NOTES    SUR   LES  IDEES   DB   NEGATION.  35 

nos  ;  c^est  une  maladie  où  la  transpiration  ne  se  fait  plus,  les  os  se 
solidifient.  Il  faut  que  le  maire  et  un  médecin  viennent  constater 
que  le  docteur  X...  Ta  blessée  et  que  tout  le  monde  va  avoir  le  té- 
tanos ;  il  n*y  a  plus  de  transpiration  sur  la  figure  de  sa  belle- 
sœur  et  de  son  mari  ;  ils  doivent  être  morts;  il  faut  que  le  maire 
prévienne  leurs  parents  et  les  enterre.  Pourtant  c*est  une  maladie 
dont  on  ne  peut  pas  mourir,  mais  dont  on  ne  peut  pas  vivre  non 
plus.  Elle  ne  peut  pas  manger  ;  quand  elle  mange,  cela  frappe  sur 
sa  nuque,  se  repercute  dans  son  estomac,  comme  si  une  bête  em- 
pêchait les  mets  de  descendre.  » 

M'^'^  H...  ne  se  nourrit  que  de  lait  et  de  bouillon.  Aussi  son  état 
général  périclite  surtout  à  lasuited'un  anthrax  gangreneux  du  men- 
ton, qui  guérit  très  bien  d^ailleurs.  On  Tenvoie  en  plein  bois  dans 
une  maison  forestière  sous  la  garde  de  sa  beile-sœur.  C'est  à  ce  mo- 
ment que  les  idées  de  négation  prennent  tout  leur  développement. 
«  Tout  lui  parait  changer,  les  arbres  ne  remuent  pas,  son  soufilea 
desséché  la  forêt  ;  comme  elle  est  la  cause  de  tout  cela,  le  maire  et 
le  comité  de  la  forêt  la  poursuivent  pour  la  punir  ;  on  va  la  tuer 
par  Télectricité  et  la  chaleur,  la  broyer  sous  des  chariots.  Les 
oiseaux  ne  chantent  pas;  elle  n'entend  que  le  chant  des  coqs  quia 
une  résonnance  extraordinaire,  tous  les  autres  bruits  ont  cessé  ou 
sont  changés  :  elle  entend  le  bruit  d'une  voiture,  mais  il  n  y  a  plus 
d*écho  ;  on  tire  à  la  carabine  dans  le  voisinage  mais  cela  ne  donne 
lieu  non  plus  à  aucun  écho  :  cela  fait  un  bruit  qui  n'est  pas  un 
bruit.  Son  médecin  lui  a  donné  une  potion  pour  l'ossifier.  (Comme 
un  jour  il  lui  répondait  par  plaisanterie  :  c  Non,  c'est  pour  vous  dé- 
sarticuler )s  elle  prend  la  chose  au  mot  et  Taccuse  plus  que  jamais 
de  l'avoir  estropiée.)  Son  ossifiement  se  répand  sur  tout;  les  arbres 
ne  bruissent  plus,  il  n'y  a  pas  de  veut,  ou,  s'il  y  en  a,  il  no  remue 
plus  les  arbres.  Par  conséquent  tout  est  mort.  Elle  même  va  mou- 
rir. On  fait  du  mal  à  son  mari  :  s'il  peut  se  présenter  devant  elle, 
c'est  parce  qu'on  le  raccommode  par  une  science  impossible  et  on 
recommence  dès  qu'il  est  sorti. 

Les  hallucinations  de  l'ouïe  se  développent  et  la  jettent  dans  une 
grande  terreur  ;  des  voitures  viennent  pour  l'écraser,  il  y  a  un  cor- 
tège en  basqui  l'attend.  Elle  entend  le  bruitdes  roues,  des  cymbales; 
il  ifaut  qu'elle  y  aille. 

Des  voix  infernales  extraordinaires  l'appellent;  on  lance  de  la 
mitraille  avec  des  détonations  extraordinaires.  Elle  entend  un 
bruit  de  ferraille  et  un  bruit  de  pompe,  comme  si  on  pompait  de 
Teau.  Elle  ne  peut  plus  dormir  naturellement  ;  s'il  lui  arrive  en- 
core de  dormir,  c'est  que  ses  draps  sont  chloroformés.  Dans  son 
sommeil,  des  bêtes  bourdonnent  autour  d'elle,  et  elle  se  réveille 
avec  un  poids  énorme  sur  la  poitrine  ;  elle  fait  disparaître  cette  sen- 
sation en  déglutissant.  Elle  entend  sa  belle-sœur  respirer  avec 
force,  parce  qu'on  lui  a  fait  aussi  avaler  des  bêtes.  Elle  avoue  que 


36  PATHOLOOIE   MENTALE 

tout  cela  ne  lui  semblait  pas  ordinaire  et  que  les  autres  personnes 
ne  devaient  pas  éprouver  les  mêmes  sensations  quelle  ;  mais  cela 
s'explique  très  bien,  son  mari  et  sa  belle-sœur  étant  malades 
sans  s*en  apercevoir.  Enfin,  elle  a  quelques  illusions  gustatives  ; 
elle  sent  couler  dans  sa  bonche  Tiodoforme  de  son  pansement. 

Au  bout  de  trois  semaines  on  la  ramène  chez  elle  ;  dans  le  trajet 
elle  se  montre  effrayée,  le  train  va  la  tuer,  il  doit  être  plein  de 
poudre  et  lout  doit  sauter  et  tout  le  monde  va  mourir.  Dans  la 
journée  qu'elle  passe  chez  elle  avant  d'entrer  à  Tasile,  elle  sent 
l'odeur  de  chloroforme  partout;  le  docteur  s'en  sert  pour  abuser  de 
sa  fille.  Elle  entend  une  masse  énorme  s*appliquer  au  plafond  : 
c'est  une  machine  électrique  qui  doit  l'empêcher  de  dormir  ou  de- 
viner ses  rêves  dans  son  sommeil,  elle  sent  l'électricilé  dont  on  se 
sert  pour  lui  faire  passer  des  bêles  dans  le  corps;  eu  bas  quelqu'un 
écrit  ou  fait  marcher  une  machine.  La  veilleuse  a  une  lueur  extra- 
ordinaire. —  Elle  entre  à  Tasile  en  juillet  1895,  on  constate  encore 
ses  idées  de  négation,  elle  raconte  qu'elle  a  desséché  la  forêl,  etc., 
elle  est  très  déprimée.  Sa  famille  la  reprend  en  novembre  1895. 

  sa  sortie  elle  est  dans  le  même  état,  se  livre  chez  elle  à  toutes 
sortes  d'actes  insensés  en  rapport  avec  son  délire.  Ses  enfants  ne 
sont  pas  ses  enfants,  mais  des  images  de  ses  enfants,  il  en  est  de 
même  de  son  mari  ;  elle  ne  comprend  pas  que  de  pareilles  choses 
puissent  arriver.  On  torture  ses  véritables  enfants  et  son  mari  ; 
tout  ce  mal  ne  peut  être  commis  par  Dieu  ;  il  n'y  a  donc  pas  de 
Dieu,  il  n'y  a  qu'un  démon  du  mal.  Pour  éclairer  ses  doutes,  elle 
cherche  dans  le  dictionuaire  les  mots  Dieu,  Jéhovah.  11  ne  faut  pas 
que  les  inventions  du  démon  qu'elle  a  devant  les  yeux  se  servent 
de  ce  qui  a  appartenu  aux  siens,  et  dans  cette  idée  elle  déchire 
et  brise  une  foule  d'objets  qui  ont  appartenu  à  ses  enfants  ;  elle  a 
commis  ainsi  de  f:rands  dégâts. 

On  la  ramène  alors  h  l'asile  le  23  septembre  1896.  Dès  son  en- 
trée elle  émet  des  idées  de  grandeur  et  de  persécution  bien  carac- 
térisées, c  Elle  est  la  reine  du  monde,  Jéhovah  ne  lui  a  rien  caché  ; 
il  n'y  a  pas  de  Dieu,  il  n'y  a  qu'un  démon,  qu'un  esprit  du  mal  qui 
a  fait  le  monde;  la  religion  à  laquelle  elle  a  cru  n'existe  pas. 
Parfois  elle  se  demande  si  elle  n'est  pas  elle-même  un  démon. 
On  a  fait  sur  elle  une  histoire  grosse  comme  le  monde  où  il  n'y  a 
pas  un  mot  de  vrai.  Avant  peu  elle  aura  une  réparation  éclatante 
ou  elle  aura  quelque  chose  dans  un  autre  monde.  Elle  a  subi  un 
martyre  spirituel  indicible,  on  lui  a  volé  sa  conscience,  mais  elle 
a  gardé  un  cœur  pur. 

On  a  changé  ses  parents,  son  mari,  ses  enfants; elle  les  connais- 
sait bien,  elle  les  a  étudiés,  compulsés  :  quand  une  femme  a  élevé 
ses  enfants  comme  elle  Ta  fait  et  qu'on  vient  dire  que  ce  ne  sont 
pas  eux,  c'est  une  fantasmagorie.  Elle  croyait  au  martyre,  mais  elle 
ne  croyait  pas  à  un  martyre  semblable.  Mais  elle  espère  aussi  qu'il 


NOTES   8TR   LES   IDÉES   DB   NEGATION.  37 

y  aura  exception  pour  quelques-uns.  Elle  sait  ce  qui  se  passe  main- 
tenant, on  interprète  en  mal  tout  ce  qu^elle  fait  de  bien  pour  faire 
rire  la  galerie  ;  elle-même  rit  quelquefois  malgré  elle  quand  elle 
entend  les  voix  infernales.  Un  monde  pareil  n'a  pu  être  fait  par  un 
Dieu  ;  il  n*y  a  que  des  démons  infernaux  :  ce  sont  eux  qui  ont  fait 
le  monde,  et  c'est  eux  qu'elle  prie.  Elle  n'a  plus  besoin  de  rien  que 
de  la  juste  clémence  de  celui  (?)  qui  la  perd,  elle  et  les  siens,  pour 
servir  des  desseins  incommensurables.  »  Elle  parle  parfois  dans  un 
langage  énigmatique  :  c  Que  de  choses  j'ai  entendues,  que  je  com- 
prends maintenant  !  Viendra-t-il  bientôt  ce  gain  qui  vient  à  celui 
qui  perd...  Quelle  sera  la  journée  ?  Quelle  qu'elle  soit,  je  vous 
Toifre...  »  Elle  croit  que  son  mari  a  livré  ses  enfants  sans  savoir  à 
qui;  c'est  un  drame  épouvantable;  si  son  mari  savait  la  vérité,  il 
serait  terrifié. 

M*^  H...  émet  des  idées  bizarres,  absurdes  :  elle  prétend  n'être 
plus  sur  la  terre,  mais  dans  la  lune,  tout  en  sachant  qu'elle  est  à 
l'asile.  Elle  croit  avoir  des  bêtes  au-dessus  de  la  tête  et  ayant  trouvé 
un  calendrier  où  étaient  dessinés  les  signes  du  zodiaque,  elle  dit 
que  ce  sont  des  animaux  semblables  qui  sont  sur  sa  tête.  Elle  re- 
fuse toute  visite  de  sa  famille,  car  on  ne  lui  montre  que  des  fantas- 
magories. Elle  se  lie  intimement  avec  une  autre  malade  persécutée 
mélancolique,  dont  elle  admet  et  encourage  les  idées  délirantes. 
Malgré  son  délire  très  actif,  elle  est  calme  et  s'occupe  avec  la  plus 
grande  régularité  de  travaux  de  couture.  Cet  état  persiste  jusqu'en 
décembre  1896,  sans  aucun  changement. 

Un  beau  jour,  subitement,  elle  déclare  qu'elle  reconnaît  qu'elle 
a  été  malade,  qu'elle  n'a  eu  que  des  idéesMélirantes  ;  elle  ne  sait 
comment  expliquer  l'idée  absurde  qu'elle  n'était  plus  sur  terre  ; 
elle  réclame  la  visite  de  son  mari,  le  reçoit  avec  la  plus  vive  affec- 
tion, ainsi  que  ses  enfants.  Elle  combat  avec  vivacité  les  idées  dé- 
lirantes de  la  malade  dont  elle  était  devenue  l'intime  confidente. 
EnGn,  réclame  avec  instance  sa  sortie. 

Sa  famille  la  retire  de  l'asile  en  janvier  1897. 

Dans  ce  troisième  cas  les  idées  de  négation  ont  encore  eu 
une  très  grande  intensité  à  un  moment  donné,  elles  ont  été 
très  complexes,  portant  à  la  fois  sur  la  propre  personnalité 
de  la  malade,  sur  celle  de  ses  parents  et  sur  le  monde  exté- 
rieur; nous  devons  noter  l'absence  de  deux  symptômes  fré- 
quents chez  les  négateurs  hypocondriaques,  les  idées  de 
suicide  et  les  troubles  de  la  sensibilité,  mais  il  faut  dire  que, 
si  des  idées  de  suicide  n'ont  pas  été  notées  d'une  façon  caté- 
gorique, il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  les  parents  ne  cessaient 
d^étre  hantés  par  la  crainte  de  ,voir  la  malade  attenter  à  ses 
jours  sous  rinfluence  de  ses  hallucinations  terrifiantes  et  se 


38  PATHOLOGIE   MENTALE 

livraient  à  ce  propos  à  la  plus  vive  surveillance.  Quant  aux 
troubles  de  la  sensibilité  si  je  n'en  ai  constaté  aucun,  il  faut 
remarquer  que  je  n  ai  observé  la  malade  qu'à  une  époque  où 
les  idées  de  négation  avaient  disparu,  et  il  est  permis  de 
supposer  qu*à  Tépoque  où  elle  se  disait  ossifiée  et  morte,  il 
a  pu  exister  des  troubles  de  la  sensibilité.  Enfin  des  idées 
d'immortalité  nettement  formulées  manquent  ;  mais  elles  se 
confondent  évidemment  avec  les  idées  de  damnation,  de 
possession  et  de  grandeur. 

Cette  observation  rentre  dans  la  catégorie  des  faib»  où 
Tapparition  des  idées  de  négation  a  lieu,  dès  les  premiers 
accidents  mentaux  ;  plusieurs  détails  donnent  à  notre  cas  un 
aspectun  peu  spécial.  G'estd'abordlagrandeprécocitédu  délire 
des  négations;  dans  les  cas  à  évolution  la  plus  rapide,  on  ne 
le  voit  guère  apparaître  si  vite.  Ici  les  premiers  troubles 
mentaux  datent  d'avril  1895;  les  prodromes  consistent  en 
préoccupations  hypochondriaques  avec  hallucinations  mul- 
tiples ;  ces  symptômes  font  rapidement  place  aux  idées  de 
négation  les  mieux  caractérisées  qui  àfarrivée  de  M"*  H...  à 
Tasile  en  juillet  1895,  s'étaient  complètement  développées.  Il 
faut  noter  ici  la  place  importante  qu'occupèrent  aussi  les 
hallucinations  de  l'odorat,  de  Tou'e,  de  la  sensibilité  géné- 
rale et  les  illusions  de  la  vue  dès  le  début  de  l'afTeclion.  Le 
délire  a  pris  ainsi  dès  l'origine  un  aspect  polymorphe  qui 
n'a  fait  que  s'accentuer  dans  la  suite  ;  mais  en  même  temps 
il  évoluait  avec  rapidité  d'ailleurs,  et  de  novembre  1895  à  no- 
vembre 1896  un  changement  radical  est  survenu;  les  idées 
de  persécution  d*abord,  puis  les  idées  de  grandeur  et  de  pos- 
session ont  pris  la  place  des  idées  de  négation.  Celles-ci  per- 
sistent cependant  encore  en  partie,  mais  avec  une  nuance  de 
persécution  (si  M"*®  H...  a  perdu  sa  conscience,  c'est  qu'on  la 
lui  a  prise).  Les  idées  de  grandeur  elles-mêmes  n'ont  pas  ici 
la  teinte  mélancolique  de  celles  des  négateurs  ordinaires,  ce 
n'est  pas  à  vrai  dire  la  pseudo-mégalomanie  c  de  ces  délirante 
par  énormité  qui  sont  plus  que  jamais  lamentables,  plus 
gémissQurs  et  désespérés  »,  mais  bien  plutôt  la  mégalomanie 
des  persécutés  :  la  malade,  pour  citer  un  exemple,  c  attendait 
une  réparation  éclatante  »,  ce  qui  n'est  pas  là  une  expres- 
sion de  mélancolique.  Cette  mégalomanie,  à  forme  d'idées 
de  grandeur  des  persécutés  qu'on  rencontre  chez  certains 
hypochondriaques,    a    été   nettement    indiquée    par    Mo- 


RBVUB  DB  PATHOLOGIB  NERVEUSE.  39 

rel*,  et  plus  récemment  par  Séglas  pour  les  hypochondriaques 
négateurs  en  particulier  (Séglas.  Délire  des  négations^  p.  180). 

Il  est  enfin  un  point  à  noter  encore  :  ce  sont  les  quelques 
idées  parfaitement  absurdes  qui  ont  été  émises  à  un  mo- 
ment donné  par  la  malade  ,  comme  de  se  croire  trans- 
portée dans  la  lune,  idées  qui  apparaissent  d'une  façon 
inattendue  pour  ainsi  dire  ;  les  idées  de  ce  genre  ne  sont  pas 
exceptionnelles  et  ont  été  notées  çà  et  là  au  milieu  du  délire 
le  mieux  systématisé  en  apparence  (telle  Tobservation  que 
M.  Séglas  donne  ajuste  titre  comme  rentrant  dans  la  forme 
typique  de  Gotard .  Annales  médico-psychologiques  1893 , 
1  p.  p.  198),  et  en  dehors*  de  la  débilité  mentale  qui  ne  parait 
pas  exister  dans  notre  cas. 

En  dernier  lieu  il  faut  remarquer  le  mode  de  terminaison 
delà  maladie;  le  revirement  subit  des  idées  de  la  malade, 
en  raison  des  réticences  avec  lesquelles  elle  s'expliquait  sur 
son  délire,  antérieur,  paraîtra  un  peu  suspect  ;  malheureuse- 
ment la  rapidité  avec  laquelle  elle  fut  reprise  par  sa  famille 
n*a  pas  permis  de  se  faire  une  opinion  ferme,  et,  quoique  les 
nouvelles  qui  furent  données  quelques  jours  après  sa  sortie 
de  la  représentent  comme  guérie  et  ayant  repris  toutes  ses 
occupations,  il  est  permis  de  conserver  des  doutes  sur  la 
réalité  de  sa  guérison.  Mais  que  le  fait  soit  réel  ou  non,  le 
cas  n'en  reste  pas  moins  difficile  à  classer.  Ce  qu'il  faut  en 
dernière  analyse  faire  ressortir,  c'est  le  début  presque  d'em- 
blée et  la  rapidité  de  révolution  ainsi  que  le  polymorphisme 
des  symptômes. 


revuiï;  de  pathologie  nerveuse. 


I.   Sua   LA   DÉMENCE  PRIMITIVE   DE  LA  POBERTÉ;  par  J.  WlOERŒ. 

Dans  ces  dernières  années,  des  voix  se  sont  élevées  pour  accorder 
qa*il  peut  y  avoir  en  dehors  de  la  sénile  des  psychoses  primaires 

'  Morel.  —  Études  cliniques,  t.  II,  obs.  II. 


40  REVUB  DB  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

pures,  caractérisées  par  une  réduclionet  une  oblitéralion  graduelle 
des  facultés  et  qualités  intellectuclies,  ou  en  d'autres  termes  :  des 
démences  primaires.  C'est  ce  qui  a  lieu  spécialement  pour  Tâge  de 
puberté. 

L'expérience  a  montré  à  Tauteur  qu'il  y  aussi  des  démences  pri- 
maires >e  produisant  à  Tâge  mûr,  mais  il  n'insiste  pas  sur  ce 
point. 

Quanl  à  la  démence  primaire  de  la  puberté,  elle  n'est  pas  rare 
et  se  manifeste  de  diverses  façons. 

Dans  les  cas  les  plus  typiques,  elle  débute  d'une  façon  presque 
insensible  et  une  réduction  psychique  se  manifeste  graduellement. 
Les  prodromes  bénins  n'attirent  pas  l'attention,  et  le  mal  ne  se 
manifeste  que  plus  tard  par  un  affaiblissement  notoire  de  Tintel li- 
cence et  une  modification  dans  le  caractère  et  la  manière  d'être  du 
sujet.  Peu  à  peu  apparaît  sur  toute  la  ligne  un  déchet  marqué  dans 
lexercice  de  toutes  les  fonctions  psychiques,  déchet  qui  peut  s'ar- 
rêter à  n'importe  quel  cran,  et  donner  lieu  par  suite  à  une  série 
iiidéOnie  de  déficiences  psychiques. 

Lorsque  le  processus  dégénératif  s'arrête  assez  tôt  pour  que  le 
patient  puisse  encore  occuper  une  place  indépendante  et  utile  dans 
Je  corps  social,  il  y  a  guérisou  avec  déficience.  Dans  d'autres  cas, 
la  destruction  continue  et  le  patient  devient  une  ruinû  intellec- 
tuelle complète.  Toutefois  la  destruction  est  rarement  poussée  aussi 
loin  que  dans  les  démences  secondaires  et  la  paralysie  géné- 
rale. 

L'auteur  cite  deux  jeunes  étudiants,  dont  l'un  surtout  était  très 
bien  doué.  Sans  motif  plausible,  malgré  leur  assiduité  au  travail 
et  leur  bonne  conduite,  on  les  vit  perdre  à  l'âge  de  seize  ou  dix- 
sept  anstouteaptiludeàpoursuivreleursétudes,auxquellesils  durent 
renoncer  pour  se  livrer  à  des  travaux  manuels,  qui  constituent 
depuis  lors  leurs  moyens  d'existence,  et  par  lesquels  ils  subviennent 
parfaitement  à  leurs  besoins. 

En  môme  temps  il  y  eut  un  changement  complet  de  leur  carac- 
tère et  leur  manière  d'être,  se  manifestant  par  une  humeur  capri- 
cieuse, des  alternatives  d'exaltation  et  d'indifférence,  de  fanatisme 
et  d'abaissement,  par  des  singularités  de  conduite  et  des  opinions 
baroques. 

Ainsi  qu'on  l'observe  dans  des  cas  de  démence  sénile  et  secon- 
daire, la  démence  de  la  puberté  peut  aussi  être  coupée  de  crises 
aiguës,  qui,  si  l'on  n'a  pas  observé  les  premiers  symptômes,  peu- 
vent causer  Tillusion  d'une  psychose  aiguë,  à  caractère  mélanco- 
lique, maniaque,  amentou  paranoîque.  11  convient  de  citer  ici  l'hé- 
béphrénie,  qui  dans  son  essence  est  une  démence  primaire  de  la 
puberté.  Dans  ces  cas,  avec  début  d'apparence  aiguë,  l'affection  est 
inconstante,  semble  peu  sérieuse,  et  ne  former  pour  ainsi  dire 
qu'un  voile  jeté  sur  l'appauvrissement  psychique,  qui  forme  le 


REVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  41 

fond  de  raffeclion.  Dans  Jes  cas  spuraiioïques,  les  impressions  sont 
décousues,  sangrenues  et  sans  liaison  entre  elles. 

Gomme  cause  première,  il  convient  d'attribuer  un  rôle  important 
à  riiérédilé,  la  base  de  la  maladie  étant  une  dégénérescence,  qui  à 
vrai  dire  peut  aussi  s'acquérir. 

Comme  causes  accidentelles  :  les  excès  vénériens,  Fabus  de  l'al- 
cool et  du  tabac,  le  surmenage  mental.  Il  ne  faut  pourtant  pas  leur 
accorder  trop  d'importance,  mais  ne  pas  perdre  de  vue  la  nature 
endogène  de  la  maladie. 

Il  faut  cependant  admettre  que  le  surmenage  qui  a  lieu  dans  les 
écoles  supérieures  et  leur  système  compliqué  et  intensif  d*examens 
peuvent  n*être  pas  sans  danger  pour  des  cerveaux  peu  résistants. 
Par  une  série  d'efforts  continu?,  on  peut  bien  atteindre  pour  un 
certain  temps  un  surcroît  de  force  de  résistance;  mais  celle-ci  cède 
vite  lorsque  la  réaction  vient  à  l'emporter.  Il  ne  faut  pas  croire 
non  plus  qu'on  se  remet  d'un  travail  mental  fatigant  par  des  exer- 
cices corporels  forcés,  gymnastique  ou  autre  sport;  loin  de  là,  les 
deux  abus  s'n joutent  l'un  à  l'autre,  et  il  en  résulte  un  épuisement 
encore  plus  exagéré. 

La  prognose  est  peu  favorable,  en  tant  que  guérison  com- 
plète. 

Il  lie  peut  être  question  que  d'une  guérison  avec  déficiences. 

Enfin  l'auteur  rapporte  deux  histoires  cliniques  empruntées  à 
l'asile  de  Newengaarden  (à  Bergen)  : 

La  première  est  celle  d'une  fiile,  avec  fortes  tares  héréditaires. 

Depuis  l'enfance,  son  développement  avait  suivi  un  cours  abso- 
lament  normal,  et  elle  était  toujours  la  première  de  sa  classe. 
Vers  dix-sept,  dix-huit  ans,  sa  manière  d'être  changea  du  tout  au 
tout;  elle  devint  distraite,  inconstante,  oublieuse,  indifférente  de 
son  apparence  extérieure,  capricieuse  de  caractère,  et  n'éprouva 
plus  d'intérêt  pour  rien.  Plus  tard,  elle  devint  de  plus  en  plus 
idiote,  et  finalement  elle  est  agitée  etvrolente;elle  ne  fait  plus  rien, 
a'a  plus  le  sentiment  même  de  la  décence,  et  elle  est^  somme 
toute,  de  plus  en  plus  hébétée. 

L*autre,  un  garçon,  ayant  également  dos  tares  héréditaires,  se 
mit  peu  à  peu  il  y  a  une  dizaine  d'années  de  cela  ayant  alors  qua- 
torze à  quinze  ans,  et  étant  au  lycée  où  il  s'était  distingué  par  son 
travail  et  ses  succès,  à  devenir  indifférent  à  tout,  quinleux  et 
colère,  et  cessa  de  faire  aucun  progrès.  Plus  tard  il  devint  de  plus 
en  plus  moa,  perdit  la  mémoire  et  toute  affection  pour  sa  famille 
et  ses  amis. 

Plus  lard  encore  il  devint  de  plus  en  plus  hébété,  parfois  agité  et 
▼iolcnl;  il  retomba  comme  eu  enfance,  et  s'est  remis  à  jouer  avec 
des  cailloux  et  des  image:!.  Il  est  maintenant  plongé  dans  une 
démence  apathique,  n'a  plus  le  sens  de  la  propreté,  et  on  doit  lui 
prodiguer  les  mêmes  soins  qu'à  un  petit  enfant. 


42  RKVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

II.  Ophtamoplégie  nucléaire;  par  M.  le  D»"  Marfan.  {Revue  inter- 
nationale de  médecine  et  de  chirurgie  :  10  décembre  1897.) 

Observation  d'un  cas  d'ophlalmoplégic  tiucléaire,  remarquable 
surtout  par  son  étiologie.  Cette  aÔeclion  s*est  manifestée  chez  une 
enfant  de  vingl-huit  mois,  au  cours  d'une  varicelle  ayant  donné 
naissance  à  une  infection  secondaire  de  la  peau  et  à  des  abcès 
de  la  région  parolidienne.  Avant  Touverture  de  ces  abcès,  la  ma- 
lade a  été  prise  de  convulsions  ;  les  abc4s  ouverts^  les  convulsions 
ont  disparu,  mais  les^paupièrees  sont  tombées  et  les  globes  ocu- 
laires ont  cessé  de  remuer.  La  syphilis,  autant  que  les  recherches 
effectuées  permettent  de  raffirmer,  ne  pouvant  être  invoquée,  il  y 
a  lieu  de  considérer  la  varicelle  comme  rinfeclion  provocatrice  de  ce 
cas  d*ophtalmoplégie  nucléaire.  Cette  cause  n'avait  pas  encore 
été  signalée  par  les  auteurs.  M.  Marfan  rappelle  qu'il  a  observé 
un  cas  de  paralysie  iufanlile  développée  au  cours  d'une  varicelle; 
Tobservation  a  été  contestée,  dit-il;  mais  elle  n'en  demeure  pas 
moins  exacte,  et  le  cas  actuel  la  confirme. 

A.  Fenayrou. 

III.  Syndrome  syrlngomyéliqce  avec  uehiatrophie  faciale  et 
TROUBLES  oculo-pupillaires  ;  par  MM.  L.  Queyrat  et  E.  Chrétien. 
(Presse  médicale,  21  décembre  1897.) 

Observation  très  détaillée  d'un  cas  de  syringomyélie  remar- 
quable surtout  :  1^  en  ce  qu'il  n*existaitpas  à  proprement  parier  de 
dissociation  de  la  sensibilité  ;les  troubles  partant  à  la  fois  sur  toutes 
les  formes  do  la  sensibilité,  avec  prédominance  toutefois  sur  la 
sensibilité  thermique  ;  S''  par  Texistence  d'une  hémiatrophie  faciale 
gauche  avec  enfoncement  du  globe  oculaire,  rétrécissement  de  la 
fente  palpébrale, aplatissement  et  moindre  ouverture  de  la  narine; 
l'atrophie  portait  sui*  tous  les  plans,  ju.«ques  et  y  compris  le  sque- 
lette sous-jacent  aux  parties  molles  ;  celles-ci  étaient  accolées  aux 
plans  osseux  et  tendues,  comme  si  elles  avaient  été  trop  courtes 
pour  recouvrir  les  os  delà  face,  du  côté  correspondant;  cela  se 
traduisait  surtout  très  nettement  par  la  disposition  de  la  bouche 
au  niveau  de  laquelle  il  y  avait  un  véritable  héniispasme  :  les  deux 
moitiés  gauches  des  lèvres  étaient  pincées,  étroitement  accoléej 
Tune  à  l'autre,  et,  quand  le  malade  souriait,  elles  étaient  attirées 
en  haut  et  en  dehors,  comme  cela  s*observe,  mais  du  côté  sain, 
chez  les  individus  atteints  d'hémiplégie  faciale. 

La  recherche  du  bacille  de  la  lèpre  a  été  négative  :  le  diagnostic 
de  syringomyélie,  porté  par  les  auteurs ,  a  été  conÛnué  par 
M.  Déjerine. 

S'appuyant  sur  l'observation  qu'ils  rapportent,  MM.  Queyrat  et 
Chrétien  pensent,  avec  M.  Déjerine,  qu'à  l'exemple  de  maintes  autres 


RBVUB  DB  PATHOLOGIE  NBRVEUSE.  43 

affeclioQs  de  la  moelle,  du  tabès,  en  particulier,  la  syringomjélie 
peut  s'accompagner  d'un  processus  d'alropbie  osseuse. 

A.  Fknayrou. 

IV.   Gl\NDE    TBYROlOE   ET   GLANDULKS    PARATHYROÏDKS  ;    par    M.    GlEY. 

(Presse  médicale^  12  janvier  1898.) 

Dans  ce  travail,  l'auteur  passe  en  revue  diverses  hypothèses 
émises  sur  la  signification  physiologique  des  diverses  parties  de 
l'appareil  thyroïdien.  Celle  d'après  laquelle  la  glande  thyroïde 
n'est  rien  et  les  glandules  paralhyroïdes  seules  sont  actives,  est  en 
contradiction  avec  les  faits  expérimentaux  et  doit  ôlre  rejetée.  En 
l'état  actuel  de  la  science,  ou  ne  peut  non  plus  admettre  Thypo- 
tbèse  soutenue  par  Moussu,  qui  attribue  à  la  glande  et  aux  glan-  . 
dules  des  fonctions  distinctes  (la  suppression  de  la  glande  ne  don- 
oanl  lieu  qu'à  des  troubles  trophiques,  et  celle  des  glandules 
amenant  les  accidents  convulsifs}.  L'auteur  manifeste  nettement 
ses  préférences  pour  une  troisième  hypothèse  :  <  Il  se  pourrait, 
écrit-il,  que  les  glandules  ne  fussent  pas  suffisantes  pour  empêcher 
lestroublesnutritifs  àévolution  lente  qui,aboutissent au  myxœdème, 
e(,  d'autre  part,  que  leur  extirpation  complète  mit  soudainement  le 
reste  de  Tappareil,  c'est-à-dire  la  glande,  en  état  de  déchéance 
foDcliounellc.  Il  y  aurait  entre  les  deux  parties  de  cet  appareil, 
association  fonctionnelle,  les  glandules  préparant,  par  exemple,  le 
produit  de  sécrétion  qui  se  déposerait  ensuite  dans  la  glande  pour 
être  utilisé  selon  les  besoins  de  l'organisme.  >  M.  Gley  trouve  la 
confirmation  de  cette  hypothèse  dans  ce  fait  que,  lorsqu'on  enlève 
la  glande  thyroïde,  chez  le  chien  comme  chez  le  lapin,  les  glandules 
s'hypertrophient  et  éprouvent  peut-être  aussi  d'autres  modifica  - 
tiens.  Il  croit  encore  la  trouver  dans  les  résultats  d'expériences 
entreprises  par  lui,  desquelles  il  apparaît  que  la  sécrétion  iodée, 
que  l'on  est  en  droit  de  considérer  comme  caractéristique  de  la 
fonction  thyroïdienne,' dépend  aussi  bien  des  glandules  que  de  la 
glande.  A.  Fenayrou. 

V.  Myxœdème  thyroïdien  et  mVxœdèue  paratbyroïdien;  par 
M.  Brfssaud.  (Presse  médicale^  {«'janvier  1898.) 

Il  existe,  dit  M.  Brissaud,  une  variété  de  myxœdème  qui  se  dis- 
tingue du  myxœdème  commun  par  l'intégrité  absolue  des  fonc- 
tions psychiques.  Cette  variété,  qui  s'observe  non  seulement  chez 
l'adulte,  mais  aussi  chez  l'enfant  et  l'adolescent,  a  encore  pour 
caractéristique  de  ne  s'accompagner  d*aucun  retard,  d'aucune 
anomalie  dans  l'évolution  des  organes  sexuels.  L'auteur  eu  rap- 
porte plusieurs  observations,  et  fait  remarquer  que,  dans  ces  cas, 
il  s'agit,  non  de  myxœdème  fruste,  mais  de  myxœdème  incomplet. 


44  RBVUB  DE   PATUOLOOIB   NERVEUSE. 

Selon  lui,  il  est,  dès  à  présent,  certain  que  le  myxœdème  spon- 
tané, évoluant  sans  aucun  symptôme  de  dépression  psychique,  ne 
relève  pas  de  la  même  altération  thyroïdienne  totale  que  la  ca- 
chexie strumiprive.  Il  considère  comme  incontestable  que  le 
myxœdème  sans  apathie  inlellecluelle  résulte  d'une  lésion  des- 
tructive des  éléments  thyroïdiens,  les  éléments  parathyroïdiens 
étant  respectés;  c'est  là  le  myxœdème  thyroïdien  proprement  dit. 
Quant  au  myxœdème  parathyroîdien,  c*est  celui  qui,  provenant 
d'une  altération  totale  de  Tappareil  glandulaire,  se  traduit,  outre 
rinfillration  caractéristique,  par  Tarrét  de  développement  de  l'idio- 
tie crétinoïJe  ou  par  Tabrutissement  de  la  cachexie  strumiprive. 
En  effet,  rapprochant  les  faits  cliniques  des  faits  expérimentaux, 
M.  Brissaud  est  amené  à  regarder  la  glande  thyroïde  de  l'homme 
comme  une  parathyroïde  perfectionnée  à  épithélium  fragile,  mais 
conservant  encore,  parmi  ses  éléments  nouveaux,  Tancien  épithé- 
lium parathyroîdien  plus  fruste,  plus  résistant  et  plus  durable.  La  lé- 
sion systématique  qui  détruitTépithélium  thyroïdien  et  qui  ne  modiQe 
en  rien  l'activité  psychique  permet  d'entrevoir  la  conséquence  d'une 
lésion  exclusivement  paràthyro'iiieime  ;  si  cette  lésion  n'entraînait 
pas  la  dégénérescence  totale  de  Tépithélium  parathyroîdien^  elle 
ne  donnerait  lieu  peut-être  qu'à  des  troubles  intellectuels. 

A.  Fenayrou. 


VI.    SCLÉRO.'^B    DIFFUSE    PSEUDO-SYSTÉMATIQUE    DE    LA    MOELLE    EPINIERE 

AVEC  POLYNÉVRITE  DANS  UN  CAS  DE  DIABÈTE  SUCRÉ;  par  le  professcur 
E.  BoNARDi.  (Il  Morgagni,  n'^8,  1897.) 

Observation  et  discussion  cliniques  intéressantes  par  le  côté  pa- 
Ihogénie.  Après  avoir  pu  formuler  d'une  taçon  ferme  le  diagnos- 
tic :  sclérose  diflTuse  pseudo-syslématique  de  la  moelle  épinière 
avec  polynévrite  dans  un  cas  de  diabète  sucré,  Broncho-alvéolite 
spécifique  du  sommet  droit,  l'auteur  arrive  à  établir  clairement  : 
1^  que  tous  les  symptômes  cérébro-spinaux  et  périphériques  sont 
postérieurs  aux  manifestations  bien  déclarées  du  diabète  ;  2^  que 
contrairement  à  l'opinion  générale,  les  symptômes  médullaires 
ne  sont  pas  secondaires  et  dépendants  des  symptômes  polynévri- 
tiques,  mais  que  les  lésions  périphériques  sont  dépendantes  des  lé- 
sions spinales;  3^  qu'il  faut  reconnaître  au  diabète  sucré  une 
action  prédisposante  pour  les  lésions  spéciales  des  nerfs  périphé- 
riques; 4^  qu'il  ne  s*a;^nt  pas  d'une  véritable  systématisation  des 
lésions  médullaires,  mais  d'une  pseucZo-systématisation,  avec  parti- 
cipation des  méninges,  d'une  pseudo-sclérose  latérale  amyotro- 
phique  relevant  d'une  artério-sclésose  diffuse.  Ces  conclusions 
diagnostiques  sont  confirmées  par  l'autopsie  et  l'examen  histolo- 
f  ique.  R.  C. 


RBVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  45 

Vif.  Un  cas  de  sclérose  latérale  auyotrophiqoe  a  début  bulbaire 
CHEZ  UNE  fillette  DE  DIX  ANS;  par  le  professeur  E.  Bonardi.  (// 
Morgagni,  n»  10,  1897.) 

Il  s'a^t  d*un  cas  clinique,  dont  l'analyse  très  détaillée  conduit 
i'aateur  au  diagnostic  de  paralysie  labio-glosso-Iaryngée  ou  po- 
Ijeocéphalitc  inférieure.  Mais  aux  symptômes  classiques  de  cette 
affection  se  sont  ajoutés  des  manifestations  relevant  de  la  sclé- 
rose latérale  amyotopbique  (contracture  musculaire  des  membres 
arec  commencement  d'atrophie,  portant  surtout  sur  les  membres 
supérieurs,  exa^'ératioa  des  réflexes  teudineux,  etc.).  Dans  cette 
forme  très  grave  et  rare,  à  évolution  rapide,  il  y  a  donc  lieu  de 
subordonner  la  paralysie  glosso-labio-laryngée  à  la  sclérose  laté- 
rale amyotrophique.  R.. 

VllI.  Un  cas  de  contusion  du  cerveau.  Contribution  a  l'ktude  des 
localisations  cérébrales  ;  par  le  professeur  Luigi  Lamaachia.  (Il 
Mmjagni,  n^  12,  1897.) 

Une  fillette  de  quatorze  ans  fait  une  chute  sur  la  tête.  On  l'ap- 
porte à  rhûpital  dans  un  état  semi-comateux  avec  des  troubles 
moteurs  et  sensilivo-sensoriels  qui  font  croire  à  une  hémorragie 
méoingée  à  gauche.  Trois  jours  plus  tard,  devant  Taggravation  de 
son  état,  on  pratique  la  trépanation  de  la  région  temporo-parié- 
laie  gauche  et  on  découvre  un  vaste  foyer  de  ramollissement,  La 
malade  meurt  dans  le  coma  un  mois  après  Taccident.  En  regard 
des  symptômes  cliniques  minutieusement  observés,  l'auteur  déve- 
loppe les  résultats  de  ses  constatations  anatomo-pathologiques.  Les 
points  principaux  de  ces  recherches  sont  :  À.  Il  n'existait  aucun 
signe  clinique  permettant  d'affirmer  le  diagnostic  de  contusion 
cérébrale,  plutôt  que  celui  d'héinorihagie  méningée,  et  cependant 
l'autopsie  a  montré  une  lésion  profonde  à  contours  bien  déllnis 
intéressant  la  zone  motrice  gauche,  sans  aucune  lésion  des  autres  * 
parties  du  cerveau. —  R.  Il  y  avait  hémiplégie  totale  droite,  mais 
sans  paralysie  du  facial  supérieur jOt  cependant  la  lésion  intéressait 
\à  région  rolandique  tout  entière.  On  peut,  pour  expliquer  ce  fait, 
admettre  Thypothèse  de  l'action  bilatérale  des  centres  corticaux  du 
facial  supérieur,  et  d'autant  plus  qu'il  y  avait  destruction  du  pied 
de  la  frontale  ascendante^  sans  paralysie  linguale,  ni  pharyngée,  ni 
laryngée,  ni  masticatrice,  c'est-à-dire  de  régions  pour  lesquelles  la 
bilaléralité  d'action  des  centres  est  démontrée  (Heymond,  Ârlaud). 
—  C.  On  constatait  Vintégrité  des  fonctions  auditives,  avec  une 
deslruction  complète  de  la  première  circonvolution  tsmpotale,  ce  qui 
justifie  l'opinion  de  Luciani,  que  les  centres  de  ces  fonctions  ont 
une  action  bilatérale  et  uuu  unilatérale  et  croisée  (Ferrier).  — 
D.  La  première  circonvolution  temporale  était  complètement  détruite 


46  RBVUE  DB  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

et  il  n'y  avait  pas  eu  de  surdité  verbale,  et  la  malade  n'était  pas 
gauchére,  puisque  h.  deslruclion  du  centre  de  Broca  avait  bien 
produit  l'aphasie  motrice.  Il  faut  donc  admettre  que  la  localisation 
du  centre  de  laudilion  verbale  dans  la  première  temporale  gauche 
(Wernicke,  d*Heilly,  Chantemesse,  etc.)  supporte  au  moins  des 
exceptions,  ou  croire,  avec  Bianchi,  que  ce  centre  siège  dans  la 
deuxième  temporale  gauche  qui,  dans  ce  cas,  était  intacte.  — 
L'existence  d'une  hémianesthésie  droite  totale  infirme  toutes  les  hy- 
pothèses de  centres  sensitlfs  spéciaux.  Elle  permet  d'admettre  avec 
Golgi,  Tamburini,  Luciani,quece  sont  les  mêmes  centres  qui  prési- 
dent aux  fonctions  sensitives  et  motrices,  que  ces  centres  méritent  le 
nom  de  sensilivo-moteur»,  mais  que  les  limites  des  zones  sensitives 
ne  sont  pas  aussi  nettes  que  celles  des  zones  motrices,  qu'elles  dé^ 
bordtnt  ces  derniers  pour  ainsi  dire. 

A  propos  de  ce  cas  Tauteur  soutient  une  discussion  très  intéres- 
sante au  point  de  vue  des  localisations  cérébrales,  particuliëremen. 
en  ce  qui  concerne  les  différents  centres  (moteur  verbal,  moteur 
graphique, sensoriel-acoustique,  sensoriel-visuel)  du  langage,  entre 
lesquels  il  admet  des  combinaisons  commissurales  multiples 
avec  un  centre  commun  à  localiser  (peut-être  dans  les  lobes  fron- 
taux?) ce  que  Brissaud  a  appelé  le  centre  de  gravité  des  images  ' 
des  choses.  R.  Cuabon. 

IX.  ÂMYOTROPHIE     DU     MESCBRB    SUPERIEUR    DROIT,   CONSECUTIVE    A    LA 

VABioLE  CHEZ  UN  FELLAH;  par  J.-B.  Charcot.  (/Yomv.  Iconoçr.  de  la 
Salpétnère,  n«  1,  1898.) 

Observation  très  intéressante  au  point  de  vue  pathogénique  et 
pen  banale  au  point  de  vue  de  sa  provenance.  Elle  nous  vient  des 
cataractes  du  Nil.  L'auteur  a  rencontré  —  sans  les  chercher  — 
trois  cas  Identiques  d'atrophie  réellement  squelellique  du  membre 
supérieur,  reconniiissant  pour  cause  la  variole.  Il  s'agissait  de  trois 
,  fellahs  d'âges  différents  qui  avaient  été  atteints  de  la  variole  vers 
la  vingtième  année.  L'atrophie  portait  sur  la  totalité  du  membre, 
entraînant  une  impotence  fonctionnelle  presque  complète,  mais 
laissant  intacts  la  sensibilité  et  le  squelette.  Les  cas  semblables, 
—  tant  par  leur  localisation  que  par  leuréliologie  —  seraient  nom- 
breux en  Egypte  où  la  variole  fait,  et  surtout  a  fait,  de  si  terribles 
ravages.  M.  Charcot  incline  à  croire  qu'ils  sont  la  conséquence  de 
1  a  névrite  post-varioiique  décrite  par  Joffroy.  R.  Gharon. 

X.  Contribution  a  l'étude  de  l'épilepsie  syiiptomatique  des  néo- 
PLASiEs  corticalks;  par  Magalhaès  Lemos.  {Nouvelle  Iconogr.  delà 

Salpétrière,  n»  1,  1898.) 

Un  jeune  homme  de  vingt-quatre  ans,  chargé  d'hérédité  vésa- 
nique  et  névropathique,  d'un  développement  physique  et  intellec- 


RKVUB   DE  PATHOLOGIB   N8RVEUSB.  47 

luei  Dormal,  est  atteint  depuis  deui  ans  de  convulsions  épileptiques 
générulisées  d'emblée.  Les  convulsions  sont  précédées  d'un  aura  de  la 
seDsibilité  musculaire  de  la  jambe  gauche  el  suivies  de  délire  hy- 
pochondriaque,  se  reportant  à  celte  même  jambe.  L'autopsie  dé- 
montre Texislence  d'un  tubercule  ankysté  de  la  grosseur  d'un  pois, 
siégeant  dans  le  lobule  pariétal  droit^  tout  près  de  la  pariétale  as- 
cendante, et  entouré  d'une  zone  de  petits  noyaux  d'aspect  intlam- 
niatoire;  aucune  autre  lésion.  L'auteur  en  conclut  :  «  i^  Le  centre  de 
la  seosibililé  musculaire  du  membre  inférieur  semble  être  placé- 
dans  ia  partie  antérieure  du  lobule  pariétal  supérieur;  2^ les  lésions 
corticales  siégeant  dans  la  zone  psycho-motrice  ou  en  dehors  — 
surtout  celles-là  —  peuvent  produire  non  seulement  Fépilepsie 
jacksonnienne,  comme  tout  le  monde  l'admet,  mais  des  accès  ty- 
piques de  grand  mal;  3^ la  différence  entre  l'épilepsie  partielle  et  le 
grand  mal,  bien  qu'importante  au  point  dé  vue  du  traitement^  est 
au  fond  purement  théorique;  4^  les  lésions  très  limitées  du  cortex 
sont  capables  de  faire  éclater  un  délire  et  de  lui  communiquer 
nue  couleur  en  rapport  avec  leur  localisation.  »  R.  G. 

XL  Se.ns    stérbognostique    et  centre   d'association  ;  par    Gasne. 
{Nouv.  Iconogr,  de  la  Salpêtrièrey  n^  1898.) 

Deux  observations  d'hystériques  chez  lesquels  on  constate,  dans 
un  membre  supérieur,  l'abolition  de  la  sensibilité  des  reliefs.  La 
main  ne  reconnait  plus  les  objets  qu'elle  touche.  Les  malades  ne 
peuvent  que  dire  :  c'est  chaud,  c'est  froid.  Il  en  résulte,  pour  l'au- 
teur, qu'il  existe,  isolable,  une  sensibilité  spéciale  qu'on  peut 
appeler  sens  steréognostique  et  qui  consiste  dans  l'appréciation  de 
la  forme  des  objets.  On  est  porté  à  croire  qu'une  fonction,  qui 
peut  si  nettement  s'isoler  cliniquement,  doit  aussi  pouvoir  s'isoler 
anatomiquement.  Mais  quels  sont,  dans  le  cerveau,  les  sièges  res- 
pectifs des  centres  de  projection  servant  à  la  sensation  simple  et 
au  mouvement rétiexe,  involontaire,  et  des  centres  d'association,  ser- 
vant à  la  sensation  complexe  et  à  la  molilité  volontaire?  La  phy- 
siologie ni  la  pathologie  ne  peuvent  le  dire.  Les  observations  pré- 
cédentes prouvent  seulement  <  que  le  sens  steréognostique,  résultat 
complexe  de  l'association  de  sensations  simples,  actuelles  et 
d'images  antérieures  conservées  par  le  souvenir,  peut  disparaître 
sans  que  les  parties  élémentaires,  dont  il  est  formé,  aient  elles- 
mêmes  disparu». 

Xn.  Stndrohe  temporaire  de  Weber  avec  hémiopie  permanente;  par- 
A.  Joffroy.  (Nouv,  Iconogr.  de  la  Salpétrière,  n<*  1,  1898.) 

Au  cours  de  cette  leçon  clinique,  l'auteur  passe  en  revue  les  diifé- 
reoles  formes  d'hémiplégie  qui  peuvent  se  produire  à  la  suite  d'une 


40  REVUE  DE  PATHOLOOIB  NERVEUSE. 

lésion  cérébrale  :  hémiplégie  parement  motrice  ou  compliquée 
de  troubles  sensitifs  et  sensoriels,  hémiplégie  alterne  inrérieure 
(lésion  bulbaire  intéressant  le  faisceau  pyramidal  et  le  noyau  de 
i'hypoglose),  hémiplégie  alterne  faciale  (lésion  bulbo-protubéran- 
tielle),  hémiplégie  alterne  supérieure  désignée  par  Charcot  sous  le 
nom  de  Syndrome  de  Weber  (lésion  pédonculaire).  La  malade  pré- 
sentait, en  plus  de  ce  syndrome,  de  1  hémiopie  et  de  laparaphasie. 
La  coexistence  de  ces  symptômes  permet,  dans  la  recherche  de  la 
patho{ïénie,d'éIiminerrhémorrhagie,  d'autant  plus  que  le  syndrome 
de  Weber  est  en  voie  de  disparition.  Il  y  a  donc  eu  seulement  sus- 
pension  des  fonctions  physiologiques  et  non  destruction  des 
noyaux.  Tous  les  symptômes  observés  peuvent  s'expliquer  c  par  la 
production  d'une  thrombose  de  la  cérébrale  postérieure  au  ni- 
veau même  de  son  union  avec  la  communicante  postérieure,  de 
telle  façon  que  la  circulation  soit  complètement  suspendue  dans 
les  branches  terminales  de  cette  artère  et  très  ralentie  dans  la  pre- 
mière partie  de  la  cérébrale  postérieure  qui  donne  naissance  aux 
dix  collatérales  de  Duret,  parmi  lesquelles  se  trouvent  les  artères 
des  noyaux  du  moteur  oculaire  commun  ».  R.  C. 

Xin.  Goitre  exophtalmique.  Maladie  de  Basedow;  par  M.  le  profes- 
seur PoTAiN.  (Revue  internationale  de  médecine  et  de  chirurgie^ 
10  mars  1897.) 

L'observation  d'une  malade  de  quarante-deux  ans,  chez  qui 
se  sont  manifestés  simultanément,  à  la  suite  de  rhumatismes  et 
d'une  scarlatine,  les  symptômes  d'une  lésion  cardio-aortique 
(hyf>erthropie  du  cœur  et  insuffisance  aortique)  et  les  signes  cli- 
niques ordinaires  du  goitre  exophtalmique,  a  fourni  à  M.  le  profes- 
seur Potain  Toccasion  d'exposer  ses  idées  sur  la  nature  et  la  patho- 
génie de  lamaladie  de  Basedow.  L'auteur  considère  cette  affection 
comme  une  névrose  pure;  il  trouve  la  confirmation  de  cette  opi- 
nion dans  les  antécédents  héréditaires  des  malades,  et  dans  les  faits 
d'invasion  brusque  du  goitre  exophtalmique  à  la  suite  d'une  vive 
commotion  morale.  Suivant  lui ,  la  colère  surtout  jouerait  un 
rôle  important  dans  iagenèsede  ccscas  subits  de  maladie  de  Base- 
dow. L'attitude,  la  physionomie,  la  manière  d'être,  eu  un  mol, 
d'un  homme  en  colère,  ressemblent  d'une  façon  frappante-à  celles 
d'un  basedowien.  Il  semble  donc,  dit  M.  Potain,  que  le  goitre 
exophtalmique  ne  soit  pas  autre  chose  qu'une  colère  devenue  per- 
manente. Le  système  nerveux  a  perdu  son  élasticité,  reffetne  peut 
plus  disparaître  avec  la  cause.Cette  hypothèse  serait  encore  confir- 
mée par  l'expérimentation  sur  les  animaux,  de  laquelle  il  résulte 
que  les  lésions  centrales  dans  la  maladie  de  Basedow  doivent 
porter  sur  ie  centre  bulbaire,  centre  de  Témotivité. 

Cependant  le  goitre  exophtalmique  n'est  pas  forcément  dû  à 


RBVUB  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSE.  49 

une  cause  morale.  La  tuméfaction  thyroïdienne,  conséquence  de 
la  maladie  de  Basedow,  peut  aussi  la  provoquer.  Certains  faits  cli- 
niques et  expérimentaux  tendent  à  faire  considérer  le  goitre 
exophtalmique  comme  une  auto-intoxication  produite  par  l'aug- 
mentation dans  réconomie  de  la  sécrétion  de  la  glande  thyroïde. 
Mais»  soumise  à  Faction  du  système  nerveux,  la  glande  n'est  peut- 
être  que  l'intermédiaire,  et  la  mesure  dans  laquelle  les  simples 
réactions  du  système  nerveux  peuvent  produire  ces  manifestations 
n*est  pas  établie. 

Le  goitre  semble,  dans  certains  cas,  sous  la  dépendance  immé- 
diate des  lésions  oculaires;  il  en  était  ainsi,  par  exemple,  dans 
le  cas  de  la  tumeur  orbitaire  signalée  par  Berger,  et  qui,  opé- 
rée, fil  disparaître  le  goitre;  mais  les  faits  peuvent  recevoir  une 
autre  interprétation  :  un  réûexe  parti  de  Toeil  pouvait  avoir  provo- 
qué rapparition  des  autres  symptômes. 

La  maladie  ne  doit  pas  être  attribuée  aux  accidents  cardiaques, 
qui  en  marquent  le  plus  souvent  le  début;  ceux-ci,  en  effet, 
peuvent  apparaître  tardivement.  Cependant,  il  n'est  pas  défendu 
de  penser  qu'un  réflexe  parti  du  cœur  ou  de  Taorte  peut  détermi- 
ner le  syndrome  clinique  du  goitre  exophtalmique. 

A.  Fenayrou. 

XIV.   HéllORRHAGIES  DANS  LA  NEURASTHÉNIE;   par  ÂUNET. 

(Bavue  de  mécfecme,  septembre  1897.) 

Les  troubles  vasomoteurs  ont  déjà  été  décrits  dans  la  neurasthé- 
nie, mais  Tatlention  avait  jusqu'ici  été  peu  appelée  sur  les  hémor- 
rbagies  survenant  au  cours  de  cette  maladie.  Les  observations  ap- 
portées par  l'auteur  se  rapportent  à  des  hémoptysies,  des  hémate- 
mèses,  quelquefois  des  métrorrhagies  survenues  au  cours  d'une 
neurasthénie  et  ayant  guéri  sans  avoir  donné  lieu  à  aucun  signe  de 
lésion  apparente. 

Cette  absence  complète  de  signes  physiques  permet  d'éliminer 
toute  cause  organique.  Dans  le  cas  d'hématemèse  le  sang  est  tou- 
jours rouge,  très  dilué  et  mêlé  a  des  aliments.  Par  quel  méca- 
nisme se  forment  les  hémorragies;  il  est  incontestable  qu'il  se  pro- 
duit des  troubles  vaso-moteurs,  mais  y  a-t-il  rupture  vasculaire 
par  contraction  spa<modiquedes  capillaires  ou  passage  du  sang  par 
paralysie;  la  question  n'est  pas  résolue,  il  y  a  peut-être  lieu  de. 
faire  aussi  intervenir  Télélement  glandulaire,  par  rupture  vasculaire 
dans  le  réseau  capillaire  situé  au-dessous  de  i'épithélium  de  la 
fllande. 

Ces  hémorrhagies  surviennent  souvent  sous  forme  d'accès  :  il  y 
a  un  aura  ;  à  la  suite  d'une  fatigue,  d'une  émotion,  ou  sans  autre 
cause,  le  malade  éprouve  pendant  un  certain  temps  un  malaise 
iu définissable,  une  inquiétude  vague,  puis  Théniorrhagie  survient  ; 

Archives,  2*  série,  t.  VL  4 


50  REVUE  DE  PATHOLOOIB  NERVEUSE. 

le  plus  souvent  il  n'y  a  aucune  douleur  locale  ;  rhérnorrha^zie  en 
général  est  peu  abondante  et  unique  et  suivie  d'une  sensation  de 
bien-être.  Le  traitement  relève  du  traitement  général  de  la  névrose 
et  sera  surtout  tonique.  M.  Hamel. 

XV.  Contribution  a  l'étude  des  tumeurs  du  corps  calleux; 
par  Devic  et  Paviot.  (Revue  de-médecine,  décembre  1897.) 

Observation  d'un  malad^'^l^^fluiM^^^^u  corps  calleux  avec 
envahissement  de  la  faûé>ipCTnede  rhémTS|H(*rK^roit;  le  malade 
avait  depuis  trois  àus  ffgirïses  épilepLiforme^^iyrt  avec  phéno- 
mènes convulsifs  pré(]ominanUu^^ch&  aL|^ 

Les  auteurs,  rappel! nUes'càs'aqîi^bîftTfc  de  timeur  du  corps 
calleux,  se  demandent)^)'  a  quelques  signes  clllûques  permettant 
de  diagnostiquer  la  locaV^aJ/lou  de  la  tum£«<f  ;  l^uvabissement  des 
parties  voisines  rend  la  pluft^a,^  &a/^5gp>^^fagnostic  impossible. 
Toutefois  il  y  a  lieu  d'appeler  i  atlenlion  sur  l'apparition  précoce 
des  troubles  mentaux  (état  démentiel  progressif)  et  les  phénomènes 
de  parésies  et  de  contractures  prédominant  d'un  côté,  mais  inté- 
ressant souvent  l'autre  à  un  degré  moindre.  AI.  Hauel. 

XVL  Pathologie  des  rapports  sexuels;  par  Férê. 
(Hevue  de  méd.,  sept.  1897.) 

Les  excitations  du  sens  génital  qui  sont  même  chez  les  sujets 
normaux  quelquefois  suivies  de  troubles  passagers,  peuvent  pro- 
duire chez  les  prédisposés,  chez  les  malades  atteints  de  névroses, 
hystériques,  épileptiques^  neurasthéniques,  des  troubles  sensoriels 
ou  moleurs  sensations  douloureuses  après  le  coït,  anesthésie 
cutanée,  amblyopie  passagère,  parésie  accompagnant  l'acte  sexuel. 
L'auteur  apporte  deux  observations,  l'une  d*un  épileptique  chez  qui 
les  attaques  étaient  suivies  de  paralysie  transitoire  et  qui  éprouvait 
des  troubles  analogues  à  la  suite  d'un  rapprochement  sexuel  ; 
l'autre  observation  est  d'un  neurasthénique  qui  éprouvait  dans  les 
mêmes  conditions  une  paraplégie  durant  plusieurs  heures:  ;  ces 
troubles  disparurent  à  la  suite  d'une  cure  hvdrothérapique. 

M.  Hamel. 

XVIL  Insoffisanck  hépatique  et  névrite  périphérique;  par  Goujet. 
(Revue  de  iwt-decme,  juillet  1897.) 

Observation  d'une  malade  morte  de  cirrhose  hypertrophique 
graisseuse  et  ayant  présente  à  la  fin  de  sa  maladie  une  névrite  des 
membres  inférieurs  et  supérieurs,  avec  paralysie  des  extenseui^  de 
la  main  et  des  muscles  de  la  face  antéro-externe  de  la  jambe.  L'hy- 
pothèse d'une  névrite  alcoolique  doit  être  écartée,  la  malade  buvant 
peu,  et  les  polynévrites  alcooliques  intéressant  rarement  les  quatre 


REVUS  DB  PATHOLOGIE  MBRVBUSB.  81 

membres.  Il  ne  reste  que  Fhypothôse  d'une  névrite  par  insuffîsance 
hépatique.  Des  cas  de  ce  genre  ont  déjà  été  si^'nalés  par  Teissier, 
Bronuer.  Ces  névrites  doivent  vraisemblablement  ôlre  attribuées 
a  des  troubles  d'auto-intoxication.  M.  Uambl. 

XVill.  Polynévrite  paludéenne;  par  J.  Regnault. 
(Revue  de  médecine,  septembre  1897.) 

La  polynévrite  paludéenne  '  avait  jusqu*ici  été  peu  observée. 
Quelques  cas  avaient  élé  signalés  par  Landouzy,  Granet,  Singer, 
M"*  Déjerine,  etc.,  Ja  plupart  étaient  confdiidus  avec  le  béribéri. 

Les  nombreux  cas  observés  dans  ces  dernières  années  particu- 
lièrement chez  des  sujets,  retour  des  colonies  ont  permis  de  donner 
une  description  générale  de  cette  affection.  Elle  survient  presque 
toujours  à  la  suite  d'impaludisme  prolongé  ou  d*dccès  pernicieux 
graves.  Les  débuts  peuvent  passer  inaperçus  surtout  lorsque  le 
malade  est  eu  traitement  pour  une  fièvre  grave.  Elle  débute  par  un 
engourdissement  de  la  faiblesse  puis  une  paralysie  plus  ou  moins 
complète  des  membres  inférieurs,  la  pointe  du  pied,  traîne  à  terre, 
le  malade  steppe,  La  paralysie  s'étend  principalement  dans  la  zone 
du  sciatique  poplilé  interne.  Plus  rarement  Taffeclion  atteint 
les  membres  inférieurs,  dans  ce  cas,  il  y  a  paralysie  des  exten- 
seurs. 

Les  troubles  sensitifs  sont  des  douleurs  lancinantes,  fourmille- 
ments, variations  de  froid  et  de  chaud,  douleurs  musculaires;  il  y 
a  quelquefois  de  l'œdème  périmalléolaire,  chute  de  poils,  phlyctèue 
atrophie  des  muscles  paralysés. 

Ces  différents  signes,  d*ailleurs  spéciaux  aux  polynévrites,  ne  se 
confondront  pas  avec  des  troubles  d'origine  central;  quant  an  dia- 
gnostic de  paludisme  il  se  fera  par  la  recherche  des  antécédents  et 
par  exclusion  des  autres  causes. 

Laffection  suit  une  marche  progressive  ascendante  pouvant 
durer  plusieurs  mois,  puis  s'établit  une  période  d'élat  qui  n'a 
aucune  tendance  à  rétrocéder  naturellement.  Le  pronostic  est 
variable  ;  la  guérison  est  possible  si  Ton  dirige  un  traitement  appro- 
prié dès  le  début  de  l'affection.  La  quinine  a  peu  d'action,  on  est 
obligé  d'avoir  recours  à  des  traitements  multiples, galvanisation, 
faradisation,  arsenicaux,  etc.  M.  Hamel. 

XIX.  Sur  un  cas  dacrohégalie ;  par  le  D*"  Guizeppe  Finzi.  {BulL 
délie  Scienzemedichet  n^  4,  1897.) 

Ânaninestiques,  histoire  clinique,  autopsie  et  examen  hislolo- 
^nque  de  la  moelle  épinière  d'un  acromégalique,  reconnu  tel 
après  une  discussion  diagnostique  très  complète.  Il  s'agit  d'un 
homme,  sans  antécédents  pathologiques,  robuste  jusqu'à  l'âge 


M  RBVUB   DB   PATHOLOGIB   KBRVBUSB. 

de  vingt-huit  ans;  à  cette  époque,  chute  et  traumatisme  grave  de 
la  région  lombaire;  doux  ans  plus  tard,  apparition  des  premiers 
troubles  de  la  maladie,  qui  se  déroulent  pendant  trente  ans  et  se 
terminent  par  une  mort  subite  à  l'âge  de  soixante  ans.  Résumé 
symplomatologique  :  hypertrophie  de  la  face,  des  oreilles,  de  la 
langue,  des  mains  et  des  pieds,  céphalée,  amblyopie,  hypertrophie 
cardiaque  et  arlério-sclérose,  hypertrophie  de  la  moelle  et  défor- 
mation des  os,  céphose  lombo-dorsale.  Résumé  de  Texamen  histo- 
logique  :  destruction  de  la  glande  piluitaire,  lepto-meniiigo- 
myélite  chronique,  avec  sclérose  diffuse  annulaire  et  dégénératiou 
partielle  des  cordons  pyramidaux  et  postérieurs,  hypertrophie  du 
tissu  embryonnaire  autour  du  canal  central.  A  propos  de  ce  cas 
et  de  ceux  publiés  par  Chantemesse,  Recklengau$en,  etc.,  discus- 
sion des  théories  pathogéniques  de  Marie,  de  Tamburini.  Conclu- 
sion :  11  n  y  a  pas  seulement  coïncidence,  mais  bien  rapport  de 
cause  à  etfet  entre  les  lésions  osseuses  et  celles  de  la  moelle  épi- 
nière.  II  n'y  a  pas,  par  contre,  de  rapport  constant  entre  la  lésion 
de  l'hypophyse  et  Tacromégalie.  Par  suite,  il  n'y  a  pas  lieu  de 
faire  deux  entités  morbides  (école  française)  de  l'acromégalie  et 
de  la  syringomyélie  avec  altérations  acromégaliques.  Mais  on  esl 
autorisé  à  supposer  que  les  divers  degrés  d'extension  de  l'hyper- 
plasie  des  os  et  des  tissus  dans  les  diverses  formes  des  alléralions 
acromégaliques  sont  Teffet  des  diverses  modalités  et  des  divers 
degrés  des  lésions  des  centres  trophiques,  que  l'observation 
clinique  permet  de  placer  dans  la  substance  grise  entourant  Je 
canal  central,  et  que,  par  suite,  les  lésions  de  la  substance  grise 
peuvent  aussi  bien  produire  Tacromégalie  que  les  lésions  plus 
fréquentes  de  la  glande  pituitaire.  Celte  hypothèse  semble  con- 
firmée par  les  considérations  d'ordre  anatomique  et  embryolo- 
gique, aussi  bien  que  d'ordre  physio-palhologique.  R.  C. 

XX.  Tic  du  colporikur.  {Spasme  polygonal  post-professionnel)  :  par 
le  D»"  GnASàKT.  {Nouv,  Iconogr.  de  la  Salpétrière,  n°3, 1897.) 

Leçon  clinique  sur  le  cas  suivant  :  un  homme  qui  a  exercé 
longtemps  la  profession  de  colporteur,  transportant  chaque  jour 
sur  son  épaule  gauche  un  fardeau  de  50  kilogr.,  abandonne  cet 
état  et  presque  aussitôt  il  présente  un  spasme  par  lequel  il  ne  peut 
s'empêcher  de  reproduire  son  ancienne  attitude  professionnelle 
(élévation  de  l'épaule  gauche  et  inclinaison  de  la  tête  du  môme 
côté).  Discussion  diagnostique  et  physio-patholo^ique  très  serrée, 
tendant  à  démontrer  que  ce  spasme  n'est  pas  une  manifestation 
choréique,  ni  myoclonique,  mais  un  tic.  Et  quel  tic?  iNon  un  tio 
bulbo-médullaire,  ni  un  tic  mental  (ou  psychique  proprement 
dit),  mais  un  tic  polygonal,  c'est-à-dire  un  tic  «  qui  a  les  carac- 
tères du  psychisme,  mais  du  psychisme  inférieur,  automatique  •. 


RBVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  53 

A  propos  du  IraitemeDt,  Tauteur  signale  rinefûcacité  des  médica- 
tions et  des  procédés  chirurgicaux.  Le  seul  traitement  efficace, 
c'est  la  reéducation  :  il  faut  réapprendre  au  psychisme  supérieur 
à  diriger  son  psychisme  inférieur,  son  polygone.  Comme  adju- 
fauts  :  toniques^  massage,  électro  et  hydrothérapie.  R.  C. 

XXI.  L'attaqce  d*opbtaluoplkgie  migraineuse;  par  M.  L.  o'Astros 
(de  Marseille).  (Pi-esse  médicale,  20  janvier  1898.) 

I/obàervation  rapportée  dans  ce  travail  diffère,  par  les  caractères 
soivanls,  de  Taccès  de  migraine  ophtalmoplégique,  et,  tel  que  Tout 
décrit  les  auteur^:,  notamment  en  France,  Gharcot  :  persistance  des 
phénomènes  douloureux  pendant  les  premiers  jours  de  la  période 
paralytique;  douleur  occupant  le  front  et  l'occiput,  sans  être  plus 
marqué  d'un  côté  que  de  Tantre;  apparition,  à  la  [fin  de  la  crise, 
d*ane  polyurie  assez  accentuée  avec  abaissement  de  la  densité  uri- 
naire,  du  chiffre  de  Turée  et  des  phosphates,  sans  glycosurie,  mais 
avec  traces  d'albuminurie;  production  de  cet  accès  unique,  à  l'âge 
de  soixante-neuf  ans,  à  la  suite  de  surmenage  physique  et  d'émo- 
tions morales,  chez  une  personne  n'ayant  jamais  eu  de  migraines 
d'aucune  sorte.  A  raison  de  ces  particularités,  Tauteur  se  demande 
si  le  cas  qu'il  a  observé  est  un  accès  de  migraine  ophtalmoplé- 
;;ique  authentique.  En  effet,  à  côté  de  la  migraine  ophtalmoplé- 
gique et  s'en  distinguant  parfois  très  difficilement,  il  existe  de 
fausses  migraines  (Ballet),  des  migraines  symptomatiques,  qui 
peuvent  être  récidivantes  et  qui  relèvent  de  lésions  organiques 
diverses. 

La  palhogénie  de  l'attaque  d'ophtalmoplégie  est,  d'après  M.  d*As- 
tros,  vraisemblablement  analogue  dans  la  migraine  et  dans  les 
affections  organiques  susceptibles  de  la  produire  ;  selon  lui,  c'est 
du  côté  des  artères  de  Toculo-moteur  (artères  terminales,  éma- 
nant de  la  cérébrale  postérieure)  qu'il  faut  chercher  le  point  de 
départ  des  attaques  ophtalmoplégiques  ;  celles-ci  seraient  dues  à 
l'ischémie  simultanée  de  tous  les  noyaux  d'origine  de  l'oculo- 
moteur.  Dans  certains  cas  de  paralysies  périodiques  transformées 
en  paralysies  permanentes,  les  phénomènes  observés  pourraient 
être  attribués  à  des  troubles  de  nutrition  définitifs  produits  par  la 
répétition  d'ischémies  fonctionnelles  dans  la  région  des  noyaux, 
on  à  des  lésions  endartéritiques  des  artères  oculo-motriccs.  Cer- 
tains faits  suivis  d'autopsie,  dans  lesquels  on  a  trouvé  des  lésions 
assez  circonscrites,  au  voisinage  de  l'émergence  de  l'oculo-motenr 
commun,  et  que  l'on  a  considérés  comme  dus  à  une  altération  du 
tronc  nerveux,  pourraient,  à  raison  des  rapports  de  voisinage  très 
étroit  du  nerf  et  des  vaisseaux,  être  attribués  plutôt  aux  troubles 
de  l'appareil  circulatoire  de  l'oculo-moteur,  qu'aux  lésions  ner- 
veuses elles-mêmes.    Ces  vues  pathogéniques   ont   be.soin  d'être 


54  RBVUB  DE  PATHOLOGIE  NBRVEUSB. 

yériOées;  mais  la  théorie  qui  reconnaît  aux  migraines  et  aux 
attaques  ophtalmoplégiques  une  origine  vasculaire  parait  à 
l'auteur  plus  satisfaisante  que  celles  qui  leur  assignent  une  ori- 
gine purement  nucléaire  ou  purement  périphérique;  elle  n*est 
d'ailleurs  pas  en  contradiction  avec  ces  dernières;  elle  les  com- 
prendy  au  contraire,  toutes  deux  dans  le  même  déterminisme, 
puisque  le  même  système  artériel  fournit  à  la  nutrilion  des  noyaux 
et  des  fibres  du  nerf  de  la  troisième  paire.  A.  Fenayrocj. 

XXH.  MÂNiNGisuE  ET  CATALEPSIE  ;  par  MM.  E.  DUPRB  ot  Rabé. 
{Presse  méàicale,  22  janvier  1898.) 

Observations  de  deux  malades  qui  ont  présenté  une  association 
de  méningisme  et  de  catalepsie.  Chez  Tun  d'eux,  atteint  de  né- 
phrite interstitielle  atrophique  ancienne,  ces  syndromes,  se  sont 
produits  au  cours  d'une  broncho-pneumonie  et  d'un  anthrax,  et  la 
mort  a  été  due  à  un  double  processus  d'infection  et  d'intoxication; 
chez  l'autre,  un  vieillard  athéromaleux,  méningisme  et  catalepsie 
se  sont  manifestés  à  la  suite  d'une  kélotomie  :  dans  ce  cas,  la  mort 
parait  avoir  été  déterminée  par  la  toxi-infection  colibacillaire 
d'origine  intestinale  consécutive  à  l'étranglement  herniaire  ;  à 
l'autopsie  du  sujet,  on  a  constaté  des  altérations  diffuses  de  séni- 
lité des  reins,  ainsi  que  des  lésions  de  néphrite  subaigue  récente. 
Chez  ces  deux  malades,  la  combinaison  clinique  des  deux  syn- 
dromes, méningisme  et  catalepsie,  peut  être  considérée  comme  le 
produit  naturel  de  deux  facteurs  :  une  toxi-infection  grave  (poi- 
sons de  l'urémie  et  toxi-infeclions  terminales),  et  une  p.édisposi- 
tion  psychopathique  déjà  prouvée  par  des  accidents  antérieurs. 
Quant  à  la  forme  cataleptique  des  accidents  cérébraux,  on  peuf. 
sans  invoquer  Thypothèse  de  la  prédominance  des  poisons  stupé- 
fiants daus  l'intoxication  urémique,  l'expliquer  par  l'exagération, 
sous  une  forme  particulière,  à  l'occasion  de  l'urémie,  des  tendances 
à  la  dépression  et  à  la  stupeur,  antérieurement  manifestées  par  les 
malades.  Dans  les  encéphalopathies  toxiques,  la  forme  des  accidents 
est  déterminée,  en  etfet,  au  moins  auiant  par  les  dispositions  psy- 
chopathiquej  du  sujet  que  par  les  propriétés  pathogènes  du  poison. 

La  coïncidence  des  deux  syndromes  n'a  rien  qui  puisse  sur> 
prendre.  D'une  part,  la  disposition  cataleptique  a  été  signalée  au 
cours  de  certaines  méningites  ;  d'autre  part,  dans  Tétiologie  des 
deux  syndromes  en  question,  figurent  des  facteurs  communs,  toxi- 
infections,  intoxications,  hystérie.  Tous  deux  paraissent  dus  à  une 
atteinte  diffuse  et  superficielle  du  manteau  hémisphérique.  Le 
méningisme  serait  produit  par  de  fines  lésions  cellulaires,  presque 
toujours  d'origine  toxique,  de  la  calotte  grise  et,  aussi,  sans  doute,- 
accessoirement  par  des  troubles  circulatoires  dans  le  réseau  des 
artères  piales  courtes.  Quant  à  la  catalepsie,  elle  est  aussi  mani> 


RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NERVEUSE.  55 

festement  d'origine  corticale;  selon  les  auteurs,  elle  résulterait  de 
rinlerruption  du  courant  des  réflexes  intercorticaux  par  suite  de 
rinhibition  des  centres  associatifs  corticaux  ;  mais  MM.  Diiprc  et 
Rabé  reconnaissent  que  cette  hypothèse  a  besoin  d'être  vérifiée. 

A.  Fenayrou. 

XXIII.  Observation  d'encéphalite  aiguë  primitive  hëmorrhagiqub  ; 
.par  Brie.  {Neurolog,  Centralb.,  XVI,  1897.) 

II  s'agit  d'une  démente  de  trente-six  ans,  affectée  d'hallucina- 
tions de  Touîe  et  de  la  vue  à  caractère  pénible,  désorientée,  obtuse, 
mais  silencieuse  et  tranquille.  Un  beau  jour  elle  mange  mal,  se 
plaint  de  douleurs  physique?,  pâlit,  s'affaisse.  T.  s.,38«,2;m..,37®,b. 
Le  lendemain  et  le  surlendemain  quelque  amélioration;  puis, 
vomissements,  constipation,  langue  saburrale,  céphalalgies,  dé- 
chéance intellectuelle,  gâtisme,  la  température  est  normale,  rien 
d'anormal  à  Texameu.  Bientôt,  soudain,  raideur  de  la  nuque,  la 
têle  étant  fortement  inclinée  en  arrière,  hypermydriase  gauche, 
cyanose,  et  légère  parésie  des  membres  à  gauche;  le  huitième  jour  : 
T,  s.,  38*»,2;le  neuvième  jour  :  T.  m  ,38^,4;  P., 96.;  profond  assou- 
pissement :  T.  s.,  40<*,o.  P.,  160.  Finalement,  dyspnée,  disparition 
des  réflexes  cornéens.  Mort  le  soir  du  dixième  jour.  Autopsie  : 
Forte  congestion  des  deux  hémisphères.  On  constate,  eu  outre, 
dans  l'hémisphère  droit,  dont  on  pratique  la  coupe  antéroposté- 
rieure,  une  hémorrhagie  du  volume  d'un  haricot  qui  siège  dans 
la  substance  blanche  au-dessous  de  Técorce  du  pli  courbe;  tout 
autour  ramoUissement  rougeâtre,  gros  comme  une  noix.  La  même 
coupe  de  Thémisphère  gauche  révèle  contre  les  ganglions  centraux. 
une  zone  triangulaire  longue  de  2  centimètres,  ayant  la  forme  d'une 
grappe  de  raisin  et  constituée  par  des  mouchetures  (hémorrhagies) 
occupant  le  territoire  du  pli  courbe.  Hémorrhagies  encore  dans  les 
couches  optiques,  en  foyers  lenticulaires,  mouchetés,  punctiformes, 
entre  lesquels  la  substance  nerveuse  est  livide  gris-ardoisé;  de 
même,  dans  les  autres  parties  du  centre  ovale  des  deux  côtés.  Le 
microscope  montre  que  les  vaisseaux  sont  gorgés  de  sang;  les  leu- 
cocytes se  pressent  contre  leurs  parois;  les  gaines  lymphatiques, 
fortement  dilatées,  sont  pleines  d*hématies  et  de  corpuscules  îym- 
phoïdes;  par  places,  la  gaine  lymphatique  déchirée  a  laissé  passer 
du  sang  extravasé  dans  le  tissu.  Hémorrhagies  minuscule:^,  surtout 
nettes  au  niveau  de  ramifications  vascutaires;  en  quelques  endroits 
on  voit  autour  des  vaisseaux  de  Tinfiltration  nucléaire;  en  d'autres, 
hémorrhagies  plus  volumineuses  et  plus  nombreuses,  destruction 
du  tissu  nerveux,  atrophie  des  fibres  nerveuses  à  myéline.  L'écorce, 
généralement  épargnée,  ne  présente  que  çà  et  là  quelques  petites 
hémorrhagies  autour  des  vaisseaux  et  de  rinflitration  nucléaire. 
Etiologie  inconnue.  P.  Keraval. 


56  RBVUB   DB  THBRAPBUTIQUB. 

XXIV.  Observation  deparamyoclonus  multiple  a  la  suite  d*un  accident; 
par  ScHûTTE.  (Neurolog.  Cenlralbl.  XVI.  1897.) 

Individu  de  cinquanle-deux  ans  ayant  été  précipité  du  premier 
étage  dans iacave par  Técroulement d'une  voûte.  Ebranlement  céré- 
bral; rapports  et  examens  médicaux  multiples  concluant  à  la  rente 
réglementaire  pour  cause  d'accident.  Cinq  ans  plus  tard,contractions 
de  divers  muscles  et  convulsions  iibrillaires ,  symptômes  hysté- 
roides  ;  clou  hystérique,  émoussement  de  la  sensibilité  &  la  douleur, 
du  sens  thermique,  excitabilité  vaso-motrice  de  la  peau.  Puis 
arrive  le  paramyoclonus  multiple,  avec  tous  les  signes  de  Frie- 
dréich  :  convulsions  cloniques  d'une  catégorie  de  muscles  des  deux 
côtés,  mais  non  isochrones,  présentant  sur  certains  d'entre  eux  un 
caractère  plutôt  fibrillaires,  bien  que  produisant  la  plupart  du 
temps  la  contracture  totale  de  Torgane  musculeux.  Tout  se  réduit 
cependant  dans  les  bras  à  quelques  tremblements;  la  contraction 
des  muscles  de  la  jambe  provoque  un  léger  saut.  Les  mouvements 
voulus  d'un  extrémité  se  réfléchissent  sur  Tautre  sous  la  forme  de 
vives  convulsions  musculaires.  P.  Keraval. 


REVUE  DR  THÉRAPEUTIQUK 


I.  Sur  la  valeur  thérapeutique  des  courants  de  dautb  fré- 
quence ;  par  M.  Bergonié  (de  Bordeaux).  {Jown,  de  Neurologie  et 
dCHypnologie,  1897,  n»  21.) 

11  ressort  de  ce  travail  que  si  les  courants  de  haute  fréquence 
ont  une  réelle  valeur  thérapeutique,  notamment  dans  les  maladies 
de  la  peau  et  les  maladies  par  ralentissement  de  la  nutrition,  de 
nouvelles  observations  devront  être  produites  pour  en  fixer  défini- 
tivement les  applications.  G.  D. 

H.   La  maladie  de  Thomskn  kt  son  traitement;  par  Betcherew 
(Térap,  Woch^Vi,,  n«»  21-22,  1897,  Wien.) 

La  myolonie,  ou  maladie  de  Thomsen,  a  toujours  été  considérée 
comme  échappant  à  tout  traitement.  Le  professeur  Betcherew 
publie  un  cas,  le  premier  de   ce  penre,  d'amélioration  rapide  et 


RBVUB   DB   THBRAPBUTIQUB.  57 

notable,  par  le  massage.  Il  s'agit  d'un  médecin  de  quaraule-six 
aas,  avec  aolécédents  névropatbiques,  mais  non  similaires,  atteint 
demyotooie  ayant  débuté  dans  l'enfance.  11  se  souvient  d'avoir 
éproaré,  étant  au  collège,  une  certaine  gôneau  début  de  tout  mou- 
vement, pour  sortir  des  bancs,  pour  se  rendre  au  tableau  noir  ou 
pour  prendre  part  aux  je^x.  Ses  premiers  pas  étaient  courts  et 
pénibles;  ce  n'est  qu'au  bout  d*un  moment  qu'il  pouvait  se  mouvoir 
plus  librement.  Il  éprouvait  également  de  la  gêne  de  la  parole  qui 
devenait  peu  à  peu  plus  aisée.  Plusieurs  tracés  montrent  la  façon 
dont  les  muscles  et  les  nerfs  réagissent  à  rexcilation  électrique.  On 
trouve  la  <  réaction  myotonique  >.  Après  trois  semaines  de  traite- 
ment, cette  affection,  datant  de  l'enfance,  s'est  considérablement 
améliorée,  au  grand  étonuement  du  sujet  lui-méaic,  convaincu 
de  Tincurabilité  de  la  myotonie,  que  certains  auteurs  considèrent 
même  comme  une  anomalie  congénitale.  Les  résultats  si  remar- 
quables du  massage  s'expliquent  du  reste  facilement,  puisqu'il 
s'agit  d'une  affection  musculaire,  et  que  la  gêne  n'existe  qu'uu 
début  des  mouvements  qui,  en  se  répétant,  deviennent  de  plus  en 
plus  faciles.  Dardbl. 

lil.   Extirpation  double  du  sympathique  cervical  pour  un  cas  de 

FORME   FRUSTK    DB  MALADIE    DE  BaSEDOW;  par  MM.   GeRKEZ  Ct  H).    Ju- 

VABA.  (Presse  médicale^  25  décembre  1897.) 

Observation  d'une  Jeune  fille  de  vingt  et  un  ans,  atteinte  d'une 
forme  fruste  de  maladie  de  Basedow,  caractérisée  par  un  goitre  très 
gros  et  des  troubles  nerveux  très  accentués  (tremblement  des  mains, 
vertiges,  sueurs,  battements  de  cœur,  douleurs  dans  les  globes 
oculaires  avec  affaiblissement  de  la  vue)  ;  Texophlalmie  et  la  ta- 
chycardie faisaient  défaut.  MM.  Cerkez  et  Juvara  ont  pratiqué  sur 
celte  malade  la  résection  bilatérale  du  sympathique  cervical; 
ils  ont  enlevé  les  sympathiques  sur  toute  leur  longueur,  sauf  les 
ganglions  inférieurs.  Une  amélioration  notable  s'est  produite  aus- 
sitôt après  Tupéralion,  et,  au  bout  de  quatre  semaines,  la  malade 
a  pu  quitter  Phôpital  ;  elle  était  ators  complètement  débarrassée  de 
tout  trouble  nerveux  ;  le  goitre,  encore  sensible  à  la  pression, 
avait  diminué  de  plus  d'un  tiers.  Les  auteurs  ne  se  prononcent  pas 
sur  la  valeur  relative  des  diverses  opérations  (résection  partielle  ou 
totale,  section  simple)  sur  le  sympathique  cervical,  proposées  contre 
le  goitre  exophtalmique 

<  L'étude  des  opérations  déjà  publiées  ne  saurait,  disent-ils, 
les  convaincre  en  faveur  de  l'une  ou  de  l'autre,  les  résultats  obte- 
nus étant  pareils  avec  la  section  simple  ou  avec  la  résection  de  3, 
4, 6,  10  centimètres  du  sympathique,  et  la  récidive  b'observant 
aussi  bien  avec  la  simple  section  (Jaboulay)  qu'avec  la  résection 
tolale(Soulié).  »  A.  Fenayrou. 


58  REVUB   DE   THBRAPBUTIQUB. 

IV.  Traitement  de  l'ataxie  des  tabétiques  par  la  méthode  de  rkédut 
CATION  {Méthode  de  Pi^enkel)  ;  par  M.  M.  Faure,  interne  des  hôpi- 
taux. [Presse  médicale,  8  décembre  1897.) 

L'auteur  expose  en  détail  la  technique  du  traitement  de  Pataxie 
des  tabétiques  par  la  méthode  de  Frenkel.  Ce  mode  de  traitement 
est  dirigé  exclusivement  contre  le  symptôme  ataxie  et  n'agit  que 
sur  lui  ;  il  comporte  une  série  de  pratiques  destinées  à  refaire 
Téducation  du  tabétique,  à  lui  rendre  la  coordination  des  mouve- 
ments et  à  Taider  à  compenser  les  troubles  ataxiques  par  un  sys* 
lôme  nouveau  de  coordination.  La  méthode  de  rééducation,  encore 
appelée  thérapeutique  compensatrice,  a  donné  de  bons  résultats  à 
MM.  Frenkel,  Leyden,  Hirschberg,  Targowla  à  M.  le  professeur 
Raymond,  etc.  Sur45cas  connus,  dans  lesquels  elle  a  été  employée, 
on  n'a  eu  que  5  insuccès.  Elle  est  particulièrement  efficace  et  cons- 
titue la  méthode  de  choix  dans  les  cas  où  l'ataxie  s'est  constituée 
rapidement,  et  où  elle  a  atteint  presque  d'emblée  une  grande 
intensité;  dans  ceux  où  Tataxie  e^t  très  accentuée  alors  que  les 
autres  symptômes  de  tabès  sont  à  peu  près  nuls  et  que  Tétat  gé- 
néral du  malade  s'est  maintenu  excellent  ;  il  faut  cependant  que, 
depuis  un  certain  temps,  la  progression  de  Tat^ixie  soit  tout  à  fait 
suspendue  et  que  celle-ci  ne  marque  aucune  tendance  à  Taggrava- 
tion.  Les  résultats  seront  d'autant  plus  rapides  et  utiles  que  le 
sujet  sera  plus  intelligent,  plus  jeune  et  plus  appliqué.  Le  traite- 
ment hygiénique  et  diététique  doit  être  employé  en  même  temps 
que  la  méthode  de  rééducation.  Cette  méthode  est  contre- indi> 
quée  lorsque  l'ataxie  est  en  voie  d'évolution  croissante  et  rapide; 
lorsque  Fétat  général,  les  symptômes  viscéraux,  les  troubles  tro- 
phiques  offrent  une  gravité  exceptionnelle  ;  lorsque  le  tabès  s'ac- 
compagne d'amaurose,  de  troubles  intcUecluels,  de  paralysies 
réelles  ou  d'hyperesthésie  profonde  ;  enOn,  daus  les  cas  de  tabès 
avec  artropalhies  et  fractures. 

Au  début  du  traitement,  on  observe  souvent  une  amélioration 
rapide,  qui  parait  due  à  l'effet  moral  produit  sur  le  malade  par  la 
mise  en  œuvre  d'une  thérapeutique  qui  lui  rend  la  conQance  ((ui 
lui  manquait  et  lui  donne  ainsi  plus  d'assurance  dans  ses  mouve- 
ments.  Ensuite  commence  la  période  vraiment  utile  de  la  méthode 
de  rééducation  où  les  progrès  obtenus  sont  manifestement  dus  à 
l'action  propre  des  procédés  thérapeutiques  employés.  Les  résul- 
tats sont  tantôt  définitifs,  tantôt  au  contraire  transitoires;  dans  ce 
dernier  cas,  il  faut  recommencer  périodiquement  le  traitement.  Le 
maximum  d'amélioration  est  obtenu  en  moyenne  après  deux  mois. 

A.  Fenayrou. 


REVUE   DE   THERAPEUTIQUE.  dVf 

V.  Contribution  au  traitemknt  de  l'épilepsie  ;  par  P.  Flechsig. 
(Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Le  traitement  par  Topium  associé  au  bromure  convient  aux  cas 
qui  n*ODt  pas  été  sérieusement  influencés  par  Je  bromure  seul 
(Salzburg);  Topium  doit  être  administré  à  doses  prudemment  pro- 
gressives. Cinquante  malades  ont  été  traités  jnsqu*ici;  six  succès 
éclatants  viennent  encore  d'être  obtenus;  les  attaques  ont  disparu 
jusqu'à  présent  depuis  depuis  deux  ans  et  demi.  Il  s'agissait  d'épi- 
lepsie  ancienne  (datant  môme  de  vingt  ans)  où  toutes  les  autres 
méthodes  de  traitement,  y  compris  surtout  le  bromure,  étaient  de- 
meurées sans  résultat,  avec  toute  espèce  d'anomalies  psychiques 
(affaiblissement  intellectuel  simple  ou  nervosité,  excitabilité,  sen- 
timents d'angoisse,  hallucinations  ou  non),  avec  constitution  tor- 
pide  f:énéralement  anémique.  Il  ne  faut  pas  commencer  par 
l'opium  associé  au  bromure,  excepté  peut-Atre  dans  les  cas  où  il 
y  a  eu  terreurs,  émotions  morales,  chagrins  épileptogènes.  Tou- 
jours il  faut  débuter  par  le  bromure  seul;  on  n'ajoute  Topium 
que  lorsque  le  bromure  est  demeuré  inactif  malgré  l'intoxication 
bromique.  L'intluence  de  l'opium  n'est  démontrée  que  lorsque  les 
mêmes  doses  de  bromures  qui,  avant  l'emploi  de  l'opium,  étaient 
demeurées  impuissantes,  arrivent  à  suspendre  les  attaques  du  fait 
de  l'introduction  de  l'opium.  Il  faut  encore  prescrire  le  repos  au 
lit,  les  irrigations  intestinales,  un  régime  spécial.  Puisqu'il  s'agit 
d'aliénés,  il  est  évident  que  l'opium  supprime  l'excitabilité  men- 
tale et  l'angoisse.  Il  est  indispensable  qu'on  soit  aidé  d'infirmiers 
bien  dressés.  P.  Kerayal. 

VI.  Contribution  au  traitement  des  hémiplégiques;  par  S.Erbkn. 
{Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Développer  par  des  exercices  appropriés  les  muscles  chargés  de 
ilérhir  la  cuisse  sur  le  bassin  et  d'étendre  la  jambe  suivant  l'articu- 
lation du  genou,  telle  est  la  formule.  On  stimulera  le  triceps  fénio- 
riel,  les  adducteurs  et  le  psoas-iliaque  par  la  chaleur,  le  massage, 
l'électricité;  on  fera  fléchir  la  cuisse  sur  le  bassin,  plusieurs  fois 
par  heure,  soit  dans  la  station  debout,  soit  dans  la  station  horizon- 
tale; ou,  le  malade  étant  couché,  on  lui  élèvera  la  cuisse  soi-même 
en  la  laissant  ensuite  retomber  rapidement.  Puis,  maintenant  la 
cuisse  élevée,  on  priera  le  patient,  assis  ou  couché,  de  fléchir  et 
d'étendre  la  jambe  alternativement  ;  on  l'exercera  dans  la  sta- 
tion debout,  appuyé  sur  la  jambe  malade,  à  fléchir  Tarticula- 
lioD  du  genou,  ou,  la  même  jambe  malade  demeurant  soit  bien 
tendue,  soit  légèrement  fléchie,  à  soulever  du  sol  la  jambe  saine. 
On  aura  soin  de  procéder  doucement,  progressivement,  en  inter- 
calant au  besoin  une  ou  deux  semaines  de  repos  entre  les  exer- 


60  REVUE    DB   THÉRAPEUTIQUE. 

cices.  Ceux  des  hémiplégiques  qui  ont  complèlemcnt  cessé  de 
s'appuyer  sur  leur  membre  alFeclé  essaieront  peu  à  peu  de  récupérer 
la  fixité  de  ce  dernier;  tout  d'abord  s'il  est  nécessaire,  assis  sur  une 
chaise,  la  jambe  pendante,  ils  tenteront  de  la  mouvoir  volontaire- 
ment jusqu'à  ce  qu'ils  arrivent  à  la  flexion  et  à  l'extension  parfaite. 
On  n'entreprendra  d'ailleurs  cette  gymnastique  que  lorsqu'on  ne 
constatera  plus  de  symptômes  d'excitation  cérébrale.  Les  vertiges 
dont  se  plaignent  les  hémiplégiques  au  cours  de  ces  séances  seront 
justiciables  de  compresses  chaudes  sur  la  tôle.  P.  Kebaval. 

VU.  Observation  d'un  najn  myxœdéiiatedx  traité  par  les  prépara- 
tions thyroïdiennes;  par  ^c  D"*  P.  Jaunin,  (fier,  méd,  de  la 
Suisse  romande,  1896,  n^  !.) 

Observation  d'un  enfant  dont  la  taille,  à  T&ge  de  seize  ans  et 
demi,  n'était  que  de  \^,iZ  et  dont  l'aspect  rappelait  celui  de  la 
cachexie  strumiprive.  A  la  palpation,  on  ne  sentait  pas  trace  de 
glande  thyroïde.  C'est  vers  l'âge  de  quatre  ans  que  le  développe- 
ment physique  et  intellectuel  de  cet  enfant,  jusque-là  normal, 
commença,  à  décliner. 

A  la  suite  du  traitement  thyroïdien  continué  pendant  deux  ans 
la  taille  de  cet  enfant  atteignit  l'^jS^.  En  même  temps,  le  corps 
prit  une  tournure  élancée,  les  traits  s'aflinèrent,  le  visage  devint 
expressif,  le  teint  rose,  la  peau  lisse  et  moite,  les  mouvements 
vifs,  le  pouls  plus  vigoureux,  etc.,  etc.  G.  D. 

VIII.  Traiteuent  de  la  paralysie  générale  des  aliénas  ;  par  Godding 

(British  médical  Journal^  novembre  1897.) 

Rien  de  nouveau,  qu'une  statistique  des  résultats  donnés  sur  des 
paralytiques  traités  à  l'hôpital  de  Washington  par  les  courants 
d'eau  froide  dans  le  bonnet  de  caoutchouc  à  tube  spirale. 

A.  Marie. 

IX.  Le  traitement  de  l'ataxib  par  l'élongation  vraie  de  la  moelle 
éi'inière;  par  Gilles  de  la  Tourette  et  A.  Chipault.  {Nouv.  Ico^ 
noyr,  de  la  Salpêlrièrey  n^  3, 18S7.) 

Recherches  analomiques  sur  le  rachis  et  la  moelle,  desquelles  il 
résulte  que  :  <  Tandis  que  la  suspension  du  r«achis  ne  produit 
qu'une  élongalion  insignifiante  de  la  moelle,  sa  flexion  sur  un 
sujet  assis,  les  jambes  étendues,  produit  une  élongatiou  de  cet 
organe  de  près  de  un  centimètre,  portant  presque  toute  son  action 
sur  ses  parties  postérieures,  au  niveau  des  premières  paires  lom- 
baires. » 

Description  d'un  appareil   imaginé  par  les  auteurs  et  composé 


RBVUE   DB   THBRAPBUTIQUB  61 

essentiel lement  d*une  lable  et  d'un  système  de  oourroies  el  de 
poulies  destinées  :  i^  à  assurer  rimmobilisation  des  membres  infé- 
rieurs allongés  et  du  siège;  2<>  à  produire,  par  une  traction  exercée 
sur  la  partie  supérieure  du  tronc,  la  flexion  progressive  des  rachis. 

Exposé  des  résultats  thérapeutiques  obtenus  par  cette  méthode 
sur  47  ataxiques  :  22  ont  été  améliorés  suivant  la  presque  totalité 
des  symptômes  de  leur  maladie;  15  ont  été  améliorés  d'une  façon 
partielle;  10  seulement  n'ont  pas  été  améliorés.  Le  nombre  des 
séances  de  flexion  a  varié,  pour  chaque  malade,  de  quinze  à  cin- 
quante, à  raison  de  une  séance  tous  les  deux  jours. 

Conclusion  :  <  Forts  d'une  expérience  de  plus  de  quatre  ans, 
nous  considérons  la  flexion  rachidienne,  seul  moyen  d'obtenir 
l'éloDgation  vraie  de  la  moelle,  comme  exemple  des  dan^'ers  de  la 
suspension  et  comme  permettant  d'obtenir  chez  les  ataxiques  un 
bénéGce  thérapeutique,  que  Ton  peut  estimer  au  double  de  celui, 
déjà  satisfant,  que  procurait  cette  importanle  technique.  » 

R.    ClIARON. 

X.  Sur  la  thérapie  hypnotico-scggestive  ;  par  Paul  Ranschburg. 
[Zeilschrift  fur  hypnotismus,  t.  IV,  fasc.  5.) 

L*auteur  croit  que  Thypnotisme  est  un  agent  thérapeutique 
précieux  dans  toutes  les  névroses  ;  il  ne  serait  jamais  nuisible 
quand  il  est  bien  appliqué.  Lwoff. 

11.  Lb  rôle  de  l'élément  suggestif  et  des  erreurs  de  la  mémoire 
DANS  LE  procès  DE  Berchtold;  par  ScHRENR-NoTRiPG.  {ZeUschrift 
fur  hypnotismuSj  t.  V,  fasc.  2, 3,  4,  5,  6.) 

Le  nommé  Berchtold,  accusé  d'avoir  assassiné  trois  femmes  (vol, 
mobile  du  crime),  a  été  condamné  à  la  peine  de  mort.  L'auteur 
étudie  le  procès  qui  a  vivement  émotionné  l'opinion  publique  et  la 
presse  à  Munich  où  le  crime  a  été  commis.  On  n'avait  pas  de 
preuves  matérielles  de  la  culpabilité  de  Berchtold;  quant  aux  dé- 
positions des  témoins,  elles  étaient  très  discutables.  M.  Schrenk- 
Nolzing  a  fait  une  étude  détaillée  et  très  approfondie  de  ce  procès 
qui  intéressera  certainement  tous  les  médecins  légistes  et  les  ma- 
gistrats. Lwoff. 

Xll.  Résultats  ou  traitement  hypnotico-suggestif  dans  la  clientèle 
DE  ville;  par  Delius.  {Zeilschrift  fur  hypnotismus,  t.V,  fasc.  2,  3, 4.) 

L'auteur  a  traité  par  l'hypnotisme  et  la  suggestion  la  constipa- 
lion,  la  diarrhée,  les  troubles  de  la  menstruation,  les  douleurs 
rhumatismales,  la  migraine,  etc.,  et  aurait  obtenu  de  très  bons 
résultats.  Lwoff. 


6â  RBVUB  DE   THBRAPBUTIQUB. 

XIII.  Polyclinique  hypnotique  du  professeur  For el,  a  Zurich;  par 
le  D'*  Bâuer.  (Zeitschrift  fur  hypnotismus^LV,  fasc.  i.) 

Relation  de  quelques  cas  traités  par  Thypnotisme  dans  le  cou- 
rant de  Télé  1896.  On  aurait  obtenu  de  bons  résultats  chez  des 
chloroliques,  des  migraineux,  des  hystériques,  dans  la  constipa- 
tion, troubles  de  la  menstruation,  dans  le  somnambulisme  spon- 
tané, etc.  Aucun  résultat  chez  les  aliénés.  Lwoff. 

XIV.  Nervosisiie  et  son  traitement  psychique;  par  Wegner. 
(Zeitschrift  fur  hypnotismus y  L  V,  fasc.  5.) 

XV.  Etudes  et  observations  sur  la  suggestion  ;  par  W.  Brugeliian  ; 

[Zeitschrift  fur  hypnotismus,  t.  V,  fasc.  5.) 

XVI.  Emploi  de  la  douche  froide  dans  les  convulsions  alcooliques; 
par  Alex.  Robertson.  (Edinburg  MedicalJoumal,  ÎMiWel  1897.) 

Dans  une  étude  sur  les  applications  de  Teau  froide  dans  la  pra- 
tique médicale,  l'auteur  rapporte  plu:fieurs  cas  cliniques  (aphasie 
hystérique,  coxalgie  hystérique,  rhumatisme  articulaire  avec  hy- 
perthermie),  qui  ont  été  guéris  sous  Tiniluence  de  l'hydrothérapie 
au  moyeu  de  douches  ou  de  la  balnéation.  Le  cas  suivant,  en  rai- 
son de  sa  gravité  et  de  rmÛueuce  manifeste  de  l'eau  froide,  mé* 
rite  d'être  rapporté. 

11  s'agit  d'un  homme  de  quarante-cinq  ans,  alcoolique  invétéré, 
pris  de  convulsions  dans  les  rues  de  Glasgow  après  des  excès  de 
boissons  et  amené  à  Thôpital.  Les  convulsions  sont  intenses,  et 
plus  marquées  dans  les  membres  du  cûté  droit.  Le  sujet  est  sans 
connaissance  et  cyanose.  L*auleurent  l'idée  de  recourir  à  la  douche 
froide  sur  la  tète.  A  cet  effet,  un  récipient  est  placé,au-dessus  de  la 
tête  et  celle-ci,  fixée  au  côté  du  lit,  reçoit  l'eau  qui  s'en  écoule.  Au 
bout  de  dix  minutes,  les  mouvements  couvnlsifs  de  la  face  avaient 
disparu  et  le  visage  était  moins  cyanose.  Mais  les  convulsions  per- 
sistaient aussi  fortes  dans  les  membres  du  côté  droit.  Au  bout  de 
trois  quarts  d'heure  elles  avaient  diminué.  La  douche  fut  alors 
suspendue. 

Deux  heures  après,  le  malade  vomissait  une  grande  quantité  de 
liquide  noirâtre.  Il  reposait  alors  dans  son  lit,  respirant  facile- 
ment. On  constata  alors  une  paralysie  absolue,  sensitive  et  motrice 
du  bras  droit,  et  une  anesthésie  incomplète  de  la  jambe  droite. 
Le  lendemain  ces  troubles  disparaissaient,  mais  le  malade  pré- 
sente de  l'aphasie.  Le  surlendemain,  cette  aphasie  disparait  à  son 
tour  et  le  malade,  absolument  (guéri,  se  trouve  dans  son  état 
normal. 


RBVUB    DB   THBRAPBUTIQUE.  63 

Il  s'en  faut  que  TalTt»  du  whisky  donne  lieu  à  des  accès  con- 
vulsifs  comme  en  produit  si  fréquemment  Tabsinlhe.  Mais  il  nVst 
pas  très  rare  d'observer  des  buveurs  pris  de  convulsions  uou- 
épileptiformes,  qui  guérissent  pour  reparaître  à  Toccasion  de 
veaux  excès.  La  répétition  de  ces  attaques  peut  amener  le  sujet 
à  l'épilepsie  définitive,  bien  que  le  fait  soit  rare.  Il  est  rare,  en  tout 
cas,  de  voir  des  accès  convulsifs  aussi  intenses  et  aussi  prolongés 
que  dans  le  cas  rapporté  par  l'auteur. 

L'état  du  sujet  était  tel  que  la  mort  semblait  imminente.  Il  était 
difGcile  d'établir  un  traitement  rapidement  actif.  Le  chloroforme 
et  le  chlora!,  utiles  en  certains  cas,  étaient  ici  contre-indiqués;  ils 
o'auraieut  fait  qu*acceutuer  la  dépression  du  système  nerveux.  Le 
seul  traitement  qui  put  être  efficace  eût  été  la  saignée.  Mais  la 
saignée  du  bras  était  impossible  à  cause  des  convulsions.  Comment 
a  agi  Teau  froide  ?  Probablement  en  stimulant  le  système  nerveux 
par  excitation  réÛexe  périphérique. 

Cet  heureux  résultat  obtenu  par  la  douche  froide  prolongée  per- 
met de  se  demander  s'il  ne  serait  pas  utile  d'y  recourir  dans  les 
accès  convulsifs  d'autre  origine,  tels  que  Tépilepsie,  Téclampsie, 
l'urémie.  Ce  cas  démontre  encore  qu'un  poison  circulant  dans  le 
sang  peut  non  seulement  porter  ses  eQ'ets  sur  un  système  de  Tor- 
;!aoisme  à  l'exclusion  des  autres,  mais  encore  affecter  davantage 
«ne  portion  de  ce  système.  La  prédominance  des  convulsions  d'un 
côté  du  corps  indique,  en  effet,  qu'un  hémisphère  a  été  touché  plus 
qne  l'autre.  P.  Rellay. 

XVII.  Le  TRAITEMENT  MEDICAL   DU  TORTICOLIS   MENTAL;   par  Ë.    FeINDEL. 

{Nouv,  Iconogr.  de  la  Salpétrière,  n^  6,  1897.) 

Le  tic  rotatoire  de  latôte  appeléparBrissaudtc  torticolis  mental  » 
est  le  résultat  d'un  spasme  toniclonique  des  muscles  rotateursde  la 
tète,  manifestation  monosymptomatique  éclose  dans  un  terrain  pré* 
paré,sousrintluence  d'une  cause  déprimante  quelconque  et  ài'occa- 
sioD  de  contractions  musculaires  répétées  Le  tic  est-il  <  un  acte  auto- 
matique coordonné  et  par  conséquent  d'origine  coricale»  (Brissaud), 
ou  bien  est-il  d'origine  «  poylgonale,  sous-corticale  (Grasset)?  Pro- 
cède-t-ii  dupsychisme  supérieur,  on  du  psychisme  inférieur?  Sans 
prétendre  trancher  la  question,  l'auteur  fait  remarquer  que  <  tous  les 
àcies  mUomatiques^  c'est-à-dire  inconscients,  ont  été,  à  un  moment 
donné,  voulus,  calculés,  psychomatiqiies,  c'est-à-dire  conscients  ». 
Quoiqu'il  en  soit, devant  la  gravité  reconnue  du  pronostic  du  torti- 
colis mental,  l'auteur  a  été  amené  à  appliquer  sur  quatre  malades, 
d'après  les  indications  de  Brissaud,  un  traitement  méthodique  qui 
est  une  véritable  rééducation  et  qui  consiste  en  exercices  très 
simples  et  gradués  dHmmobilité  et  de  mouvements  :  efforts  d'immo- 
bilisation de  la  tête,  du  tronc  et  des  membres,  fixation  du  regard, 


64  REVUE   DE   THERAPEUTIQUE 

ilexion  el  extension  alternaliveset  progressives.  Tous  ces  exercices 
sont,  bien  entendu,  subordonnés  à  une  bonne  volonté  et  k  une 
docilité  constantes  de  la  pari  du  patient.  Ils  doivent  être  exécutés 
par  séances  de  nombre  et  de  durée  croissantes,  ayant  lieu  chaque 
jour  aux  mêmes  heures;  chaque  séance  durant  de  deux  à  dix 
minutes  au  maximum  et  devant  toujours  être  suspendue  au 
moindre  signe  de  fatiîjue.  Résultat  du  traitement:  deux  succès 
chez  deux  malades  dociles,  deux  insuccès  chez  les  deux  autres  ma- 
lades indisciplinés.  R.  C. 

XVIII  Maladie  db  Basedow  datant  de  huit  mois,  traitée  par  la  thy- 
noïDECTOMiK  partielle;  mort;  autopsie  avec  examen  histologioue 

DES  ORGANKR;  discussion   SDR  LA  VALEUR  DES  LÉrIONS  THYROÏDIENNES; 

par  Je  D''  Soupault. 

L'observation  rapportée  en  détail  par  l'auteur  a  déjà  fait  l'objet 
d'une  note  du  professeur  Debove,  à  la  Société  médicale  des  hôpi- 
taux, et  d'un  travail  de  M.  Lejars,  à  la  Société  de  chirurpe,  ces 
auteurs  s'étant  surtout  attachés  dans  leurs  communications,  à  mon- 
trer les  dangers  de  la  thyroïdectomie  dans  le  goitre  exophtalmique. 

Il  s'agit  d'une  jeune  fille  de  dix-huit  ans,  atteinte  depuis  huit 
mois  du  syndrome  de  Basedow,  absolument  pur  de  toute  compli- 
cation, et  de  toute  association  morbide.  L'intensité  des  symp- 
tômes, surtout  de  la  tachycardie,  Téchec  de  toutes  les  médications 
successivement  essayées,  la  situation  sociale  de  la  malade  dtéer- 
minent  le  chirugien  à  intervenir.  On  pratique  une  thyroïdectomie 
partielle;  la  malade  meurt  le  soir  même  avec  des  accidents  d'as- 
phyxie ai^'uê. 

Arautop>ie,  on  constate  que  la  mort  ne  peut  être  attribuée  à  une 
faute  opératoire  :  elle  semble  due  à  une  congestion  aiguë  du  pou- 
mon peut-être  aggravée  et  favorisée  par  des  lésions  cardiaques. 

D'autre  part,  le  système  nerveux  est  absolument  indemne.  Le 
thymus,  très  notablement  hypertrophié  est  le  siège  en  plusieurs 
points  d'une  prolifération  épithéliale  dont  il  est  difûcile  de  dire 
Torigine  et  la  signification.  Le  corps  thyroïde  offre  des  lésions 
accentuées;  il  existe  une  hyperplasie  considérable  du  parenchyme 
glandulaire;  dans  toute  la  glande  les  vésicules  sont  au^'mentées  de 
nombre  et  Tépithélium  qui  les  tapisse,  au  lieu  d'être  pavimenteux, 
est  formé  de  cellules  cylindriques  assez  hautes,  disposées  sur  une 
ou  plusieurs  couches.  Dans  la  lumière  de  ces  vésicules,  la  subs- 
tance colloïde  est  moins  abondante  qu'à  Tétai  normal. 

Le  tissu  interbtiliel,  à  peine  existant  en  certains  points,  est  assez 
développé  en  d'autres.  L'apparence  microscopique  du  tissu  thyroï- 
dien rappelle  à  s'y  méprendre  celle  d'un  adénome.  11  semble 
qu'on  puisse  concevoir  l'évolution  anatomique  du  goitre  basedowien 
delà  façon  suivante  :  au  début,  sous  une  influence  inconnue,  peut- 


RBVUB   DB   THERAPEUTIQUE  65 

être  en  raison  d'une  circulation  plus  active,  l'élément  glandulaire 
acquiert  un  développement  exceplionnel. 

Secondairement,  sous  l'influence  de  ce  travail  irritatif,  le  tissu 
interstitiel  réagit,  se  développe,  devient  exubérant  et  étouffe  Télé- 
ment  glandulaire  qui  persiste  par  places  sous  forme  de  kystes  ou 
de  nids  cellulaires. 

Quelle  est  la  signification  de  l'iiyperplasie  épithéliale  ?  On  est 
tenté  de  la  considérer  comme  devant  entraîner  fatalement  une 
augmentation  de  la  sécrétion.  Or,  les  investigations  anatomiques 
et  physiologiques  ne  confirment  en  rien  cette  théorie  de  Ihyper- 
thyroîdation  à  l'aide  de  laquelle  on  voulait  expliquer  le  syndrome 
de  Basedow  et  les  lésions  thyroïdiennes  paraissent  en  réalité  être  la 
conséquence  et  non  la  cause  de  la  maladie  de  Basedow.  (Revue 
neurologique,  novembre  1897.)  E.  B. 

XIX.  Discussion  sur  le  crêtinisme  sporadiqoe,  sa  fréquencb  bn 
Angleterre  et  son  traiteubnt.  (British  Médical  Society,  Britisch 
médical  Journal,  12  septembre  1896.) 

Près  de  cent  photographies  et  un  groupe  nombreux  de  malades 
ont  été  présentés;  dix  figurent  au  journal,  montrant  les  crétins 
avant  et  après  le  traitement  Ihjroïdien. 

Le  D*"  Parker  a  présenté  60  cas.  M.  Telfort-Smith  étudie  plus 
spécialement  Tidiotie  mongolique  et  l'action  d'extrait  thyroïdien  sur 
la  température.  John  Thomson  montre  Taction  thérapeutique 
variable  selon  que  Ton  a  affaire  à  des  crétins  enfants,  adolescents 
ou  âgés.  Chez  les  seconds  le  développement  complémentaire  con- 
sécutif ne  s'obtient  plus  que  pour  le  tronc  et  les  membres  supé- 
rieurs, encore  le  bassin  ne  se  modifie-t-il  guère.  Au  point  de  vue 
mental  on  note  toujours  au  moins  un  bien-être,  une  satisfaction 
plus  expansive  des  malades,  qui  cessent  d'être  moroses,  concentrés 
et  tristes.  V,  Horsley  présente  une  photographie  de  crétinisme 
intra-utérin.  —  La  suite  de  la  discussion  a  trait  à  Tétiologie  et  à  la 
géographie  médicale  de  l'affection.  A.  M. 


Co.WaÈS  DES  MÉDECINS  ALIENISTES  ET  NEUROLOGISTBS.  —  NoUS  rappe- 
lons à  nos  lecteurs  que  la  neuvième  session  de  ce  congrès  se  réu- 
nira, le  1*'  août,  à  Angers.  Secrétaire-général  :  D*"  Pbtrucci, 
médecin,  directeur  de  l'asile  Sainte-Geneviève,  par  Angers. 


Archives,  2*  série,  t.  Vi. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


SOCIÉTÉ  MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE. 


Séance  du  ^  juin  1898.  —  Présidence  de  M.  Meu&iot. 

Présentation  trinstruments.  —  M.  Toulouse  présenle  un  pupillo- 
môtre  se  composant  d'un  monocle  en  verre  divisé  en  quadrilatères 
d'un  demi-milIimètre  et  permettant,  quand  il  est  à  une  distance 
convenable  de  la  pupille,  d'en  mesurer  la  dimension. 

Le  Sbcrétaiee  général  donne  lecture  d'une  réponse  de  MM.  Mai- 
ret  et  Vires  à  la  communication  de  M.  Ballet  sur  la  paralysie 
générale.  MM.  Mairet  et  Vires  déclarent  que,  dans  leur  livre  sur 
Tétiologie  de  la  paralysie  générale,  ils  se  sont  laissé  simplement 
diriger  par  les  faits,  sans  avoir  jamais  eu  aucune  idée  préconçue 
au  sujet  de  sa  nature.  Ils  ne  comprennent  pas  la  critique  que 
M.  Ballet  fait  des  statistiques  hospitalières.  Us  les  ont  établies 
consciencieusement  et  se  défendent  d'avoir  commis  aucune  erreur 
de  diagnostic  dans  les  observations  qu'ils  ont  publiées. 

M.  Ballet.  —  MM.  Mairet  et  Vires  émettent  sur  la  valeur  des 
statistiques  hospitalières  une  opinion  contraire  à  la  mienne  ;  je 
n'en  persiste  pas  moins  à  déclarer  que  rien  n'est  plus  trompeur 
que  ces  sortes  de  statistiques.  Qui  nous  départagera  ?  Ils  afGrmeat 
aussi  ne  pas  avoir  commis  d'erreurs  de  diagnostic.  Pour  nous  faire 
partager  leur  conviction,  il  eût  mieux  valu,  au  lieu  de  procéder 
par  affirmation,  nous  démontrer  que  leurs  quatre  premières 
observations  de  paralysie  générale  arthritique,  s'appliquent 
bien  réellement  à  des  paralytiques  généraux.  Il  n'est  pas  un 
seul  membre  de  notre  société  qui  puisse  considérer  ces  malades 
comme  tels.  MM.  Mairet  et  Vires  prétendent  aussi  qu'ils  ont  pro- 
cédé à  leur  enquête  sans  aucune  idée  préconçue,  j'en  suis  fort 
aise  pour  eux  ;  mais  je  crois  alors  à  une  fausse  interprétation 
des  cas  qu'ils  ont  observés. 

M.  Arnaud  expose,  à  propos  de  la  communication  de  M.  Ballet, 
qu'en  conséquence  de  l'incerlitude  des  résultats  de  Tanatomie 
pathologique  (opposition  des  théories  interstitielle  et  parenchyma- 


SOCIÉTÉS    SAVANTRS.  67 

teuse)y  la  clinique  peut  fournir  des  probabilités  en  faveur  de  Tune 
ou  Taotre.  Il  pense  que  le  début  habituel  de  la  maladie  par  des 
troubles  psychiques,  est  de  nature  à  faire  admettre  Tantériorlté 
des  lésious  nerveuses. 

En  ce  qui  concerne  les  rapports  de  la  syphilis  et  de  la  paralysie 
générale,  il  dit  qu'à  Vanves  M.  Falret  et  lui  retrouvent  presque 
toujours  la  syphilis  dans  les  antécédents  des  paralytiques  hommes. 
Chez  les  femmes,  ils  n'ont  pas  vu  depuis  plus  de  dix  ans  un  seul 
cas  de  paralysie  générale  ;  une  fois  seulement  ils  Tont  soupçonnée, 
et  précisément  cette  femme  était  une  femme  galante  et  très  pro- 
bablement syphilitique.  Si  ces  faits,  pas  plus  que  les  statistiques 
antérieures,  ne  démontrent  mathématiquement  que  la  syphilis  est 
la  cause  de  la  paralysie  générale,  au  moins  donnent-ils  à  cette 
hypothèse  une  base  solide  qui  fait  défaut  à  toutes  les  autres. 

La  cause  principale  des  diverg;ences  qui  rèçuent  au  sujet  de  la 
paralysie  générale  lui  parait  résider  dans  l'extension  abusive  de  t:e 
terme  d'ailleurs  très  défectueux.  On  oublie  souvent  que  le  diagnos- 
tic exige  la  réunion  des  symptômes  somatiques  et  mentaux,  et  de 
plus  que  ces  symptômes  ne  sont  pas  quelconques,  qu'ils  sont  clini-* 
qaement  spécialisés,  soit  par  leur  physionomie  même,  soit  par  leur 
groapement,  soit  enfin  par  leur  évolution.  Il  estime  que  l'élément 
essentiel  du  diagnostic,  dans  les  cas  difficiles,  repose  sur  la  déter- 
mination rigoureuse  de  l'état  de  démence;  cette  démence  si  pro- 
fonde dès  le  début,  si  généralisée,  présente  des  caractères  particu- 
liers qui  la  distinguent  de  tous  les  autres  états  démentiels  ;  elle 
constitue  un  véritable  stigmate  paralytique.  C'est  pour  n'avoir  pas 
tenu  compte  de  l'ensemble  des  symptômes  nécessaires  que  l'on  a 
décrit  à  tort  des  paralysies  générales  sans  aliénutiony  sans  démence, 
des  paralysies  secomlaire,  athéromateuse  ou  arthritique^  sans  lésions 
inatomiques,  etc.  Et  ce  sont  ces  faits,  indûment  rapportés  à  la 
paralysie  générale,  qui  ont  créé  la  confusion  actuelle.  Le  seul 
moyen  d*y  mettre  fin  est  de  ne  décrire  sous  ce  nom  que  des  cas 
semblables,  en  rapport  avec  des  lésions  anatomiqujps  déterminées, 
et  de  réserver  tous  les  cas  douteux  jusqu'à  ce  que  la  vérification 
anatomique  ait  indiqué  la  place  qu'ils  doivent  légitimement  occu- 
per. 

M.  TouLOUSB  demande  si  M.  Arnaud  met  la  paralysie  générale 
sans  délire  au  même  plan  que  les  paralysies  générales  arthritiques. 
I^  premières  sont  beaucoup  plus  fréquentes  qu'on  ne  croit  ;  quant 
aux  secondes,  elles  sont  plus  qu'hvpothétiques. 

M.  Abnaud  admet  l'existence  de  ps^ralysie  sans  délire,  mais  no  la 
croit  pas  très  fréquente. 

M.  Charpentier.  —  L'inconscience  du  malade  à  propos  de  Tem- 
barra.s  de  sa  parole,  embarras  dont  il  ne  s'aperçoit  pas,  est  un  bon- 
signe  de  paralysie  générale  sur  lequel  les  auteurs  ont  peu  insisté. 


68  60CIBTBS  8AVANTBS. 

M.  Christian  peose  que  ce  qui  est  surtout  caractéristique,  c'est 
la  forme  du  délire.  Quelle  que  soit  la  condition  sociale  du  para- 
lytique, son  délire  est  le  même  et  ne  peut  être  confondu  avec 
celui  d*aucun  autre  vésanique. 

M.  Vallon  est  étonné  d'entendre  dire  par  M.  Arnaud  que  la 
paralysie  générale  sans  délire  est  rare.  Sans  pouvoir  apporter  de 
chiffres  précis,  il  estime  que  le  tiers  des  paralytiques  généraux  de 
son  service  ne  délire  pas. 

M.  Arnaud  a  observé  comme  M.  Charpentier  que  les  paralytiques, 
même  médecins,  n'avaient  aucune  conscience  de  leur  bredouille- 
ment.  Il  croit,  comme  M.  Christian,  que  le  délire  paralytique  est 
toujours  identique  à  lui-même  ;  mais  il  se  sépare  de  M.  Vallon  en 
ce  qui  concerne  la  fréquence  delà  méningo-encéphalite  sans  délire. 

M.  Briand.  —  On  pourrait  mettre  facilement  d'accord  MM.  Val- 
lon et  Arnaud  :  leur  divergence  provient  de  ce  qu'ils  prennent 
leurs  observations  dans  des  milieux  différents.  Dans  les  familles 
riches  on  garde  le  paralytique  qui  ne  délire  pas,  parce  que  rien  ne 
s'oppose  à  ce  qu'il  soit  surveillé  et  soigné  à  domicile.  Il  n'est,  par 
conséquent,  placé  que  rarement  dans  les  maisons  de  santé  privées 
où  M.  Arnaud  ne  l'a  que  peu  rencontré.  Dans  la  classe  nécessiteuse 
au  contraire,  qu'il  délire  ou  ne  délire  pas,  on  est  obligé  de  s'en 
débarrasser,  parce  qu'il  constitue  une  bouche  inutile  et  qu'en  outre 
la  famille  n'a  pas  les  moyens  de  le  faire  surveiller.  IL  entre  donc 
à  l'asile  public  où  il  n*est  pas  douteux  que  la  paralysie  générale 
sans  délire  est  très  commune.  J'ajouterai  que  la  forme  et  la  marche 
de  la  démence  de  la  paralysie-  générale  ont  une  importance  au 
moins  égale  à  celle  des  signes  physiques. 

M.  Toulouse.  —  Eu  dehors  des  signes  démentiels,  il  n*y  a,  dans 
les  cas  douteux,  qu'à  attendre  l'apparition  de  l'inégalité  pupillaire 
et  de  l'hésitation  dans  la  parole. 

M.  Arnaud.  —  Leur  constatation  ne  suffît  pas,  il  faut  encore  que 
la  démence  se  soit  affîrmée,  pour  qu'on  soit  autorisé  à  porter  le 
diagnostic  de  paralysie  générale,  Marcel  Briand. 


SOCIÉTÉ  DE  NEUROPATHOLOfiIE  ET  DE  PSYCHIATRIE 
DE  MOSCOU 

Séance  du  20  février  1898. 

L.  MiNOR.  —  Sur  un  trouble  moteur  qui  accompagne  la  douleur 
lombaire  {traumatisme,  lombago,  carie,  etc.),  et  la  névralgie  scia- 
tique. 

L'auteur  attire  l'attention  sur  la  valeur  des  troubles  moteurs 


SOGIBTES  SAVANTB8.  89 

(dyskynésies)  qui  accompagnent  diverses  douleurs  et  névralgies  et 
qui  coûslituent  des  symptômes  objectifs  très  précieux  pour  le  dia* 
gDOstic. 

Une  attention  particulière  doit  être  accordée  aux  djskynésies 
pathognomoniques  de  telle  ou  telle  algie. 

M.  Minor,  se  basant  sur  ses  nombreuses  recherches,  montre  que 
pour  la  douleur  lombaire  de  n^importe  quelle  origine,  pourvu 
qu'elle  5oit  bilatérale,  ce  qui  est  caractéristique,  c'est  la  façon  dont 
le  malade  se  lève  du  parquet,  analogue  à  celle  delà  pseudo-hyper- 
trophie musculaire  progressive.  En  effet,  le  malade  atteint  de  lom^ 
bago  et  assis  par  terre,  procède  pour  se  lever  en  renversant  le 
corps  en  avant  et  en  se  mettant  à  quatre  pattes,  puis  redresse  gra- 
duellement le  tronc  en  appuyant  les  mains  sur  les  jambes. 

Dans  la  névralgie  sciatiquey  la  façon  dont  le  malade  se  lève  n*est 
pas  moins  caractéristique  :  il  appuie  solidement  les  deux  mains  par 
terre^  déplace  le  bassin  et  les  jambes  pliées  dans  les  genoux  eu 
arrière,  entre  les  deux  bras  écartés,  et  se  redresse  ensuite,  en  déta- 
chant une  main  qu'il  fait  balancer  dans  Tair,  tandis  que  Tautre 
s*appuie  d'abord  sur  le  parquet,  ensuite  sur  le  genou.  Celte  der- 
nière façon  de  se  lever  s'observe  accidentellement  dans  d'autres 
cas  de  doulenrs  unilatérales  de  Textrémité  inférieure,  de  même 
que  parfois  dans  les  algies  lombaires  unilatérales.  M.  Minor  ter- 
mine en  faisant  ressortir  la  valeur  de  ces  signes  dyskynésiques  dans 
le  diagnostic  des  simulations. 

A  la  discussion  prennent  part  MM.  Roth,  Rossoliuo,  Kori^iloff  et 

KOIKWNI&OW. 

W.  MouRATow.  —  Etudes  expérimentales  sur  V action  simultanée 
des  toxines  diphtéritique  et  streptococcique  sur  le  système  nerveux. 

Il  existe  une  opinion  d'après  laquelle  l'infection  streptococcique 
dans  la  diphtérie  joue  presque  le  même  rôle  que  celle  causée  par 
le  bacille  de  Lôffler.  Il  est  donc  nécessaire  d'étudier  l'action  isolée 
et  combinée  de  chacune  de  ces  deux  infections  sur  le  système  ner- 
veux. 

I.  —  Sous  l'inûuence  de  la  toxine  diphtéritique,  injectée  aux 
cobayes,  on  constate  tout  d'abord  des  lésions  graves  dans  les  cel- 
lules motrices  des  cornes  antérieures  de  la  moelle  :  les  cellules  se 
tuméfient  ;  les  granulations  chromatophiles  s'émiettent  et  se  rédui- 
sent en  poussière  ;  de  nombreuses  vacuoles  se  forment  à  la  péri- 
phérie et  dans  les  prolon^'emenls  de  la  cellule,  et  ces  vacuoles  pro- 
duisent une  destruction  profonde  de  la  substance  achromatique. 
Le  noyau  prend  la  faculté  de  se  colorer  au  bleu  de  méthylène,  et 
à  la  longue,  toute  la  cellule  s'ati*ophie.  Les  altérations  des  nerfs 
périphériques  n'apparaissent  qu'au  bout  de  quatre  à  six  semaines 
après  l'injection,  et  entraînent  des  paralysies  motrices.  Il  est  à  sup- 


7d  SOCIÉTÉS    SAVANTES. 

poser  que  les  névrites  sont  secondaires  et  relôvent  da  trouble  de  la 
nutrition  des  cellules  motrices. 

H.  —  Sous  riniluence  des  injections  répétées  des  cultures  strep- 
tococciquesy  on  constate  des  altérations  disséminées  de  la  substance 
blanche  du  système  nerveux  central,  et  des  lésions  systématiques 
des  racines  postérieures  et  des  cordons  postérieurs  de  la  moelle.  Les 
altérations  des  cellules  des  ganglions  intervertébraux  sont  insigni- 
fiantes, ce  qui  permet  de  présumer  Taclion  directe  du  streptocoque 
<ur  la  fibre  nerveuse.  Les  lésions  des  cellules  des  cornes  antérieures 
ne  sont  pas  caractéristiques  :  on  remarque  parfois  une  tuméfac- 
tion et  une  irrégularité  dans  la  disposition  des  corpuscules  de  Nissl, 
parfois  un  certain  degré  de  chromatolyse.  Les  nerfs  périphériques 
ne  révëlf  nt  pas  de  lésions  bien  nettes.  Les  altérations  de  la  subs- 
tance blanche  de  la  moelle  ont  été  constatées  presque  exclusive- 
ment par  la  méthode  de  «  formol-méthylène  >  ;  celle  de  Marchi  n'a 
pas  donné  de  résultats  précis. 

III.  —  Les  effets  pathologiques  produits  par  Taction  simultanée 
des  toxines  diphtéritique  et  streptococcique,  sont  constitués  par  Tad- 
dition  des  actions  de  chacun  de  ces  agents  à  part.  En  terminant, 
M.  Mouratow  émet  Topinion  que  1  étude  de  Tétat  de  la  substance 
chromatophile  de  la  cellule  n*a  pas  autant  d'importance,  par  elle- 
même,  que  par  rapport  à  l'état  général  de  la  cellule,  et  surtout  en 
tant  qu'une  indication  de  Tétat  de  sa  nutrition. 

A  la  discussion  qui  a  suivi  cette  communication,  M.  Mouratow 
ajoute  que  len  altérations  qu'il  a  trouvées  dans  les  cellules  de  la 
moelle  dans  les  cas  des  paralysies  diphté  ri  tiques  doivent  être  consi- 
dérées comme  secondaires,  en  rapport  notamment  avec  les  altéra- 
tions des  nerfs  périphériques. 

X.-K.  BouscB.  —  Méthode  de  coloration  de  dégénérations  du  système 
nerveux  par  l'acide  osmique, 

La  méthode  de  Marchi  présente  plusieurs  défauts  techniques, 
parmi  lesquels  le  plus  important  est  la  faible  pénétration  de  Tacide 
osmique  dans  la  substance  nerveuse.  L'acide  osmique  est  une  com- 
position très  peu  stable.  Au  contact  avec  une  parcelle  de  cerveau, 
ii  se  décompose  rapidement,  en  déposant  de  Tosmium  métallique 
de  pï-éférence  à  la  périphérie  de  la  préparation.  Par  contre,  si  Ton 
mélange  la  solution  d'acide  osmique  avec  de  Tiodate  de  soude 
(NaJO,),  celui-ci  empêche  Tacide  osmique  de  se  décomposer  trop 
vite,  cô  qui  lui  permet  de  pénétrer  plus  facilement  dans  la  profoiw 
deui'  de  la  préparation.  La  méthode  de  coloration  consiste  donc 
dans-cecî  5 

La 'préparation,  durcie  dans  la  formaline,  de  1  à  1  1/2  centi- 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  74 

mètre  d'épaisseur,  est  immergée  dans  une  solution  composée 
de: 

Acide  osmique 1  gramme. 

lodate  de  soude 3      ~ 

Eau  distillée 300      — 

et  reste  dans  ce  liquide  pendant  cinq  à  sept  jours.  De  là  elle  est 
transportée,  sans  être  lavée  à  Teau,  dans  Talcool,  de  concentration 
de  plus  en  plus  forte,  et  enfin  enfermée  dans  la  celloldine.  Les 
coapes  prennent  la  même  coloration  que  par  le  procédé  deMarchi, 
aTec  cette  différence  seulement  que  la  substance  normale  est  plus 
claire,  plus  transparente,  ce  qui  fait  ressortir  davantage  les  régions 
dégénérées,  qu'on  peut  déjà  distinguer  à  l'œil  nu. 

La  communication  de  Bousch  était  accompagnée  de  démonstra- 
tions de  préparations  microscopiques. 

MM.  HiNQH,  Pribytroff,  Korniloff,  RossoLiMo  et  Kojewnikow 
preuDent  part  à  la  discussion. 

Secrétaire  des  séances  :  P.  Rossoliuo,  A.  Bernstein. 


Séance  du  20  mars  1898. 

M.  A.  LuNTz.  —  Un  cas  de  syringomyélie  avec  phénomènes  aeromé- 
galiques,  —  Il  s'agit  d'une  malade  âgée  de  trente  ans,  sans  anté- 
cédents névropathiques  héréditaires.  Formée  à  l'âge  de  vingt  ans. 
il  y  a  trois  ans,  douleurs  à  Textrémité  supérieure  droite,  avec 
œdème  progressif,  diminution  et  disparition  de  la  sensibilité  dou- 
loareuse  et  thermique,  d'où  brûlures  fréquentes.  Inflammations 
fréquentes  et  indolores  du  tissu  cellulaire  et  des  tendons  de  la 
paame  droite.  Depuis  un  an,  douleur  et  insensibilité  de  l'extrémité 
sapérieure  gauche,  de  la  poitrine  et  de  la  partie  supérieure  du  dos. 

Etat  présent.  —  Forte  constitution,  embonpoint  général.  Aug- 
mentation du  volume  de  toute  l'extrémité  supérieure  droite,  mais 
principalement  de  la  partie  inférieure  de  l'avant-bras,  du  poignet 
et  des  doigts.  Hypertrophie  des  tissus  mous  aussi  bien  que  du 
tissu  osseux,  ce  qui  ressort  nettement  sur  les  épreuves  radiogra- 
phiqaes.  Troubles  partiels  de  la  sensibilité  :  analgésie  et  thermo- 
aoestbésie  avec  conservation  complète  du  tact,  de  la  sensibilité  à 
la  pression  et  du  sens  musculaire,  à  la  partie  postérieure  de  la 
tête,  an  cou,  aux  membres  supérieurs,  à  la  poitrine  et  au  dos,  jus- 
qu'au niveau  de  la  neuvième  vertèbre  dorsale.  Au-dessous  de  cette 
limite,  la  sensibilité  est  complètement  intacte.  La  force  dynamo- 
métrique  des  mains  est  aff^aiblie  :  15  à  droite,  24  à  gauche.  Pas 
d'ataxie  ni  de  phénomène  de  Romberg.  La  peau  de  l'extrémité 
supérieure  droite  présente  une  quantité  de  cicatrices,  vestiges  d'an- 


72  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

ciennes  brûlures.  L'annulaire  droit  se  trouve  en  état  de  contrac- 
ture (flexion  forcée)  par  suite  d'une  ancienne  tendovaginite.  La 
surface  palmaire  du  pouce  droit  présente  une  cicatrice  profonde, 
vestif!e  d*une  ancienne  inflammation  des  tissus  profonds.  Toute  la 
région  anesthésiée  est  le  siège  d'une  éruption  eczémateuse  ;  par 
place,  on  voit  de  nombreuses  bulles  remplies  de  sérosité  ou  de 
pus.  Troubles  vasomoteurs  sous  forme  d'apparition  de  taches  bleu- 
foncées,  et  de  sensation  de  froid  aux  membres.  Les  réflexes  cuta- 
nés sont  légèrement  atlaiblis  aux  membres  supérieurs,  principale- 
ment du  côté  droit.  Aux  membres  inférieurs,  on  constate  au 
contraire  une  légère  exagération  du  réflexe  rotulieu  du  côté  droit. 
Légère  diminution  de  l'excitabilité  électrique  neuro-musculaire  du 
membre  supérieur  droit.  Les  sphinctes  sont  intacts.  Etat  quelque 
peu  atrophique  des  organes  pelviens  internes  (utérus  et  ovaires). 
Les  autres  organes  internes  ne  présentent  rien  d'anormal. 

Il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'agit  dans  ce  cas  d'une  syrlngomyélie 
de  la  partie  cervicale  et  dorsale  supérieure  delà  moell§  (aneslhésie 
partielle  et  troubles  trophiques).  Ce  qui  est  intéressant  dans  cette 
observation,  c'est  d'abord  l'absence  d'amyotrophies  du  côté  du 
bras  gauche  et  du  thorax,  ce  qui  est  un  phénomène  assez  rare 
dans  la  syringomyélie  ^voir  les  cas  analogues  de  Rossolirao  et  de 
Korb,  où  à  l'autopsie  les  cornes  antérieures  ont  été  trouvées  nor- 
males). Une  autre  parlicularité,  plus  intéressante  encore  de  ce  cas, 
c'est  l'hypertrophie  totale  de  toute  l'extrémité  supérieure  droite. 
Des  cas  semblables  ont  été  décrits  par  Marie  et  Âlaixuer  sous  le 
nom  de  chéiromégalie,  et  par  Schlesinger,  sous  le  nom  de  syrin- 
gomélie  avec  macrosomie, 

La  question  de  pathogénie  de  ce  phénomène,  à  savoir  s'il  s'agit 
d'un  phénomène  trophique  ou  vaso-moteur  reste  encore  ouverte. 

Discussion.  —  Le  professeur  Kojewnikow  n'admet  pas  qu'il 
s'agisse  chez  la  malade  présentée  d'un  phénomène  de  nature 
acromégalique.  L'hypertrophie  de  l'extrémité  supérieure  droite 
peut  être  expliquée  par  Taliection  des  articulations  avec  œdème  et 
hypertrophie  concomitante  des  tissus  mous.  D'autres  remarques 
sont  faites  par  M.\f .  Préobrajenski  et  Hossolimo. 

Le  D'"  SciiÔN  présente  un  malade  âgé  de  vingt-un  ans  avec  des 
phénomènes  très  accentués  dïnAinii/wm*;.  Une  communication  plus 
détaillée  sera  faite  à  ce  sujet  dans  une  des  prochaines  réunions  de 
la  Société. 

D*"  W.-A.  Samgcine.  —  Un  cas  de  lèpre  anesthésique  avec  autopsie. 

Le  malade  était  un  habitant  du  gouvernement  de  Moscou  où  la 
lèpre  s'observe  très  rarement. 

La  durée  de  l'affection  était  de  dix  ans.  Vers  la  fin  de  sa  vie, 
l'anesthétiie  s'était  propagée  à  toute  la  surface  du  corps  à  l'excep- 


SOCIETES   SAVANTES.  73 

tion  d'une  petite  région  quadrangalaire  comprise  entre  les  deux 
omoplates.  Dissociation  de  la  sensibilité,  avec,  pourtant,  affaiblis- 
sement du  tact.  Paralysies  dans  les  domaines  des  nerfs  cubital, 
médian,  péroné  et  facial.  Panaris  analgésiques.  Pas  de  déforma- 
tions. Tache  caractéristique  cutanée. 

Emmen  micrpscopique.  —  Dans  la  peau  on  trouve  des  infiltra- 
tions en  Ilots,  autour  des  vaisseaux,  avec  des  bacilles  dans  les  infil- 
trations récentes.  Les  nerfs  présentent  des  infiltrations  spécifiques  ; 
le  nerf  cubital  en  est  rempli  sur  tout  son  trajet,  jusqu'au  plexus 
aiillaire,  de  même  le  nerf  péroné.  Par  suite  des  névrites  intersti- 
tielles très  prononcées,  les  fibres  à  myéline  ont  complètement  dis- 
paru dans  ces  nerfs.  Les  bacilles  se  trouvent  dans  les  infiltrations 
en  quantité  peu  nombreuse,  pas  partout.  Dans  les  racines  posté- 
rieures on  trouve  une  dégénération  secondaire  ascendante.  Dans 
les  cordons  de  Goll,  la  dégénération  est  surtout  prononcée  au 
niveau  de  la  partie  cervicale  de  la  moelle.  Les  cellules  des  gan- 
glions et  des  cornes  présentent  une  pigmentation  plus  prononcée 
qua  rétat  normal,  pas  de  bacilles.  Pas  d'altérations  lépreuses 
dans  les  autres  organes  internes. 

L'auteur  pense  que  son  observation  confirme  l'opinion  d'après 
laquelle  les  névrites  lépreuses  se  développent  à  la  suite  de  la  péné- 
tration immédiate  des  bacilles  de  la  peau  dans  les  nerfs  périphéri- 
ques; des  altérations  des  racines  et  de  la  moelle  ne  sont  que 
d'ordre  secondaire.  Ce  qui  reste  inexplicable,  c'est  le  fait  que  dans 
la  lèpre  anesthésique,  de  petites  quantités  de  bacilles  sont  sus- 
ceptibles de  provoquer  des  névrites  très  étendues,  tandis  que 
celles-ci  font  défaut  dans  la  forme  tubéreuse  de  lèpre,  où  la  quan- 
tité de  bacilles  est  souvent  beaucoup  plus  considérable. 

Di$cussion.  —  M.  Rossolimo,  en  se  basant  sur  le  fait  que  la  quan- 
tité de  bacilles  dans  la  lèpre  anesthésique  est  peu  considérable,  et 
sur  quelques  autres  données  de  la  littérature,  admet  TinQuence 
chronique  sur  les  nerfs  non  seulement  des  bacilles  eux-mômes, 
mais  aussi  des  toxines  élaborées  par  ces  bacilles.  D'autres  remar- 
ques sont  faites  par  MM.  Muratow  et  Wbrz[LOfp. 

Secrétaires  des  séances  :  S.  Orlovsky  et  G.  Hossolimo. 


Adolescent  assassin.  —  «  On  nous  télégraphie  d'Albi  qu'un 
apprenti  tapissier  de  Lavaur,  Elie  Rieuvergnet,  âgé  de  seize  ans,  a 
assassiné  la  femme  de  son  patron,  M"»®  Colin,  âgée  de  trente-neuf 
ans.  Cette  dame  se  trouvait  dans  sa  propriété  ;  le  jeune  bandit  la 
suivit,  se  précipita  sur  elle  pendant  qu'elle  lui  tournait  le  dos,  lui 
asséna  un  coup  sur  la  tète  et  Tétrangla.  Rieuvergnet  a  fait  des 
aveux  complets.  Il  a  été  écroué  à  la  maison  de  Lavaur.  {Le  Temps^ 
18  juin.) 


BIBLIOGRAPHIE. 


I.  La  Paralysie  générale  [Etiologie,  Pathogénie,  Traitement);  par 
MM.  le  professeur  Mairet  (de  Montpellier),  correspondant  de 
TÂcadémie  de  Médecine,  et  le  D^  Vires,  chef  de  clinique. 

Le  livre  que  MM.  Mairet  et  Vires  viennent  de  consacrer  à  l'étude 
de  la  paralysie  générale  constitue  une  œuvre  scientifique  d*une 
haute  importance,  car  il  est  l'expression  d'un  très  frrand  nombre 
de  faits  cliniques  soigneusement  analysés  et  groupés;  c'est  dire 
qu'il  est  éminemment  personnel,  et  l'intérêt  qui  s'attache  à  toute 
idée  personnelle  s'accroît  ici  de  l'autorité  de  ses  auteurs. 

Le  terme  de  paralysie  générale  s'applique  à  une  conception  cli- 
nique et  anatomique.  C'est  le  c6té  clinique  qui  a  permis  à 
MM.  Mairet  et  Vires  de  faire  de  la  paralysie  générale  une  étude 
étiologique  et  pathogénique. 

Dans  la  première  partie  de  leur  livre,  MM.  Mairet  et  Vires  ana- 
lysent pour  chaque  observation  le  facteur  considéré  comme 
étiologique,  se  demandent  si  son  rôle  étiologique  est  réel  et 
quelle  est  son  importance  ;  passant  ensuite  de  cette  cause  au 
mécanisme  par  lequel  elles  fait  la  maladie,  ils  pénétrent  pour 
chaque  cas  sa  palhogéuie;  passant  enfin  à  Texpression  symptoma- 
tique,  ils  cherchent  si  Taction  de  la  cause  ne  donne  pas  à 
chaque  cas  clinique  un  cachet  spécial. 

De  cette  délicate  analyse  devait  sortir  forcément  une  vue  synthé- 
tique :  c'est  la  deuxième  partie. 

Enfin,  essayer  de  pénétrer  la  pathogénie  de  la  paralysie  géné- 
rale appelait  un  complément,  presque  un  corollaire  thérapeu- 
tique :  c'est  la  troisième  partie  du  travail. 

L  La  précision  de  l'étiologie  semblait  devoir  se  heurter  à  un 
ensemble  de  causes  difficiles  à  séparer  comme  effets;  cependant 
dans  quelques  observations  il  n'y  a  qu'un  seul  facteur  étiologique; 
dans  la  plupart,  où  les  antécédents  pathologiques  sont  multiples, 
la  présence  de  l'un  des  facteurs  étiologiques  rencontrés  dans 
d'autres  observations  à  l'état  isolé,  permet  de  présager  l'impor- 
tance du  rôle  de  ce  facteur. 

Dans  plusieurs  observations,  l'hérédité  arthritique  a  produit  la 
paralysie  générale,  et  cela,  par  l'intermédiaire  de  la  sénilité  anti- 


BIBLIOGRAPHIB.  75 

cipée,  comme  l'indique  Tétat  du  système  circulatoire,  et  comme 
rindiqnela  symptomatologie  qui  a  toujours  été  celle  de  la  paralysie 
^nérale  sénile.  Quant  aux  autres  circonslances  relevées  dans  le 
passé  de  ces  malades,  telles  que  les  émotions  morales,  le  trauma- 
tisme, les  infections,  la  cérébralité,  elles  ne  constituent  pas  des 
causes  de  fonds  de  la  maladie,  mais  elles  localisent,  du  côté  du  cer- 
Teaa,  le  processus  morbide  réalisé  par  la  diathèse.  La  caractéristi- 
que clinique  de  cette  paralysie  générale  diathésique,  c'est  la  rareté 
et  la  fugacité  du  délire  des  grandeurs,  c'est  la  précocité  et  Tinten- 
site  de  la  démence,  faisant  en  quelque  sorte  de  celte  paralysie 
générale  diathésique  une  véritable  démence  paralytique;  c'est 
enfin  Texistence  de  troubles  de  la  nutrition,  faisant  ici  une 
rapide  dénutrition,  ailleurs  une  sénilité  progressive.  L'interpréta- 
lion  pathogénique  de  ces  faits  réside  dans  faction  de  la  diathèse 
prodaisant  un  état  déf!énératif,  régressif  de  l'ensemble  de  Téco- 
Domie,  une  sénilité  anticipée. 

Sous  le  nom  d'hérédité  cérébrale,  MM.  Mairet  et  Vires  compren- 
nent les  différentes  lésions  organiques  du  cerveau  rencontrées  chez 
les  ascendants,  telles  que  la  paralysie  générale,  les  ramollisse- 
ments cérébraux  suivis  de  démence,  les  attaques  d'apoplexie.  Cette 
hérédité  ainsi  comprise  peut-elle  être  une  cause  de  paralysie  géné- 
rale? Lhérédi  té  similaire  parait  susceptible  de  produire  chez  le  des- 
cendant une  prédisposition  aboutissante  la  paralysie  générale, mais 
les  auteurs  ne  possèdent  qu'une  seule  observation  de  paralysie 
générale  héréditairement  transmise;  les  observations  sont  plus 
nombreuses  d'hérédité  cérébrale  par  ramollissement  créant  chez 
les  descendants  une  prédisposition  à  l'égard  de  la  paralysie  géné- 
rale; enfin,  des  observations  plus  nombreuses  encore  montrent  que 
la  cérébralité,  née  d'une  hérédité  par  attaques,  peut  être  une  cause 
de  paralysie  générale.  L'étude  clinique  établit  que  les  paralysies 
générales,  par  ramollissement  chez  les  ascendants,  ont  les  allures 
de  la  paralysie  générale  sénile  et  que  les  paralysies  générales  nées 
de  l'hérédité  par  attaques  ont  les  allures  de  la  paralysie  générale 
ordinaire  avec  prédominance  nette  de  la  déchéance  de  la  cellule 
cérébrale.  L'interprétation  pathogénique  de  ces  faits  doit  être  cher- 
chée dans  rintlammation  des  vaisseaux  et  la  moindre  résistance 
de  la  cellule  cérébrale. 

L'hérédité  alcoolique  est  aussi  une  cause  pathogène  puissante  de 
paralysie  générale,  et  la  paralysie  générale  est  alors  précoce,'puis- 
qu'elle  peut  apparaître  dès  l'époque  de  la  puberté;  sous  cette 
même  influence,  si  la  paralysie  générale  survient  plus  tard,  elle  est 
due  à  une  sénilité  anticipée. 

11  était  plus  intéressant  encore  de  fixer  la  part  qui  revient  à  l'al- 
coolisme du  sujet  dans  le  développement  de  la  paralysie  générale. 
Les  recherches  expérimentales  de  Mairet  et  Gombemale  avaient 
antérieurement  établi  que  l'alcoolisme  chronique  peut  produire  la 


76 


BIBLIOORAPHIB. 


paralysie  générale;  la  clinique  a  confirmé  les  résultats  de  Texpéri- 
menlation.  L'alcoolisme  chrooique  produit  la  paralysie  générale 
vraie,  mais  il  ne  la  produit  pas  d'emblée;  il  y  a  une  longue  période 
préparatoire.  De  plus,  cette  paralysie  générale  est  à  marche  lente, 
comporte  des  rémissions,  des  intermissions,  peut-être  même  des 
guénsons.  Le  lien  qui  unit  la  paralysie  générale  à  Talcoolisme 
chronique  se  trouve  dans  uu  double  processus  de  dêgénération  et 
d'inflammation. 

Les  conditions  éliologiques  précédemment  examinées  en  regard 
de  leur  produit  supposé,  la  paralysie  générale,  ont  été  admises  au 
rang  de  causes  pathogènes.  Les  apparences  sont  que  la  syphilis 
pourrait  être  envisagée  de  même.  En  réalité,  il  n'en  est  rien;  il 
s'agit  dans  ces  cas  d'une  paralysie  cérébrale  à  forme  de  paralysie 
générale,  ou  mieux  d'une  paralysie  généralisée  syphilitique. 

L'hérédité  tuberculeuse,  lorsqu'elle  existe  isolément,  ne  doit  pas 
non  plus  être  considérée  comme  un  facteur  de  paralysie  géné- 
rale. 

L'influence  de  l'hérédité  mentale  et  nerveuse,  sur  laquelle  les 
avis  sont  difl'érents,  devait  à  son  tour  être  appréciée.  Pour 
MM.  Mairet  et  Vires,  cette  hérédité  mentale  comprend  c  les  cas 
dans  lesquels  on  rencontre  chez  les  ascendants  des  malades,  soit 
une  aliénation  mentale,  soit  ces  tares  graves  morales,  comme  des 
sentiments  de  jalousie  poussés  à  l'excès,  qu'on  confond  générale- 
ment, au  point  de  vue  héréditaire,  avec  Taliénation  mentale,  soit 
une  des  grandes  névroses,  épilepsie,  hystérie  ».  L'opinion  de 
MM.  Mairet  et  Vires  est  que  cette  hérédité  apporte  sa  note  dans  le 
concert  symptomalique,  mais  qu'elle  ne  joue  aucun  rôle  étiolo- 
gique  et  pathogénique  dans  la  réalisation  de  la  paralysie  géné- 
rale. 

Quant  aux  infections  aiguës,  incapables  de  créer  de  toutes  pièces 
la  paralysie  générale,  elles  créent  une  prédisposition  ou  consti- 
tuent une  provocation.  La  symptomatologie  dans  l'un  ou  dans 
l'autre  cas  se  marque  de  phénomènes  de  dépression,  et  la  clinique 
et  l'anatomie  pathologique  décèlent  rarlèrio-sclérose. 

Le  traumatisme  et  les  excès  divers  ne  conduisent  à  la  paralysie 
générale  que  sur  un  terrain  préparé.  Quant  à  l'ataxie  Iccomotrice, 
elle  ne  saurait  être  mise  en  cause. 

Toutes  les  statistiques  établissent  que  la  paralysie  générale  est 
plus  fréquente  chez  l'homme  que  chez  la  femme.  Mais  si  l'on  prend 
la  peine  d'examiner  ces  statistiques  et  de  faire  le  départ  de  ce  qui 
revient  à  l'alcoolisme,  que  l'on  sait  atteindre  presque  exclusive- 
ment les  hommes,  on  trouve  que  la  paralysie  générale  se  ren- 
contre aussi  fréquemment  chez  la  femme  que  chez  l'homme,  et 
M3d.  Mairet  et  Vires  peuvent  voir  très  justement  dans  cette  propor- 
tion une  confirmation  de  leur  manière  de  voir  sur  l'influence  des 
causes  pathogènes. 


BIBLIOGRAPHIE.  77 

II.  De  cette  longue  étude  analytique,  la  synthèse  devait  se  faire 
d'elle-même,  et  montrer,  en  un  saisissant  résumé,  que  l'arthri- 
tisme,  la  cérébralité,  Talcpolisme,  les  excès  divers,  les  causes 
morales,  le  traumatisme,  les  infections  ont  à  Tégard  de  la  para- 
lysie générale  un  rôle  éliologique  manifeste,  qu*il  y  a  doute  pour 
l'hérédilé  alcoolique  et  pour  l'hérédité  tuberculeuse  et  qu'enfin  la 
syphilis  et  l'hérédité  mentale  et  nerveuse  ont  un  rôle  absolument 
nul. 

Abordant  la  genèse  de  la  paralysie  g;énérale,  les  auteurs  la  résu- 
ment de  la  façon  suivante  :  c  !<>  Les  causes  pathogènes  hérédi- 
taires créent  chez  le  descendant  une  prédisposilion  qui^  dans  cer- 
tains cas,  représente  un  véritable  senium  p-œcox,  qui  toujours 
indique  une  moindre  résistance  organique,  d*où  le  nom  de  méio- 
nexie  que  nous  avons  proposé  pour  le  désigner  d'une  manière 
générale  sans  rien  préjuger  de  son  fond;  2^  la  méionexie  repré- 
sente ou  bien  une  tare  directe  du  système  nerveux,  comme  dans 
l'hérédité  cérébrale,  ou  bien  est  l'expression  d'un  état  général, 
d'une  sénilité  en  voie  d'évolution  produite  soit  par  Tarthritisme, 
soit  par  une  tare  héréditaire  modifiant  la  résistance  vitale  de  l'en- 
semble de  l'organisme;  3*^  la  niéionexio  aL'Outit  à  la  paralysie 
;2énérale  ou  par  le  processus  de  la  sénilité,  ou  par  un  processus 
d'inflammation  et  de  dégénération  banales.  Mais,  dans  l'un  et 
l'autre  cas,  ces  processus  réalisent  les  mêmes  lésions  d'inflamma- 
tion diffuse  et  de  dégénération  cellulaire,  et,  par  suite,  le  tableau 
clinique  de  la  maladie  reste  le  même  dans  son  fond.»  S'il  s'agit  des 
causes  acquises,  malgré  la  non-identité  du  processus,  on  retrouve 
Vunité  clinique  de  la  paralysie  générale» 

Derrière  cette  unité  clinique,  que  trouve-t-on  comme  travail 
anatomique  ?  Ou  trouve  que  <  la  dégénération  est  à  la  base  du 
IraTail  anatomique  de  la  paralysie  générale.  L'inflammation  qui 
caractérise  ce  travail  n'est  donc  pas  une  inflammation  franche, 
c'est  une  dégénéralion  inflammatoire,  ou,  si  l'on  veut,  une  inflam- 
mation dégénérative  qui,  dès  le  début,  porte  sur  les  éléments 
nobles  et  sur  les  autres  parties  du  cerveau  ». 

Malgré  l'unité  clinique,  la  paralysie  générale  n'est  pas  une  dans 
sa  nature,  et  MM.  Mairet  et  Vires  admettent  quatre  groupes  patho- 
géniques  de  paralysies  générales.  Le  premier  groupe  est  constitué 
parla  paralysie  générale,  maladie  locale,  les  trois  autres  groupes 
sont  des  maladies  localisées  et  comprennent  la  paralysie  générale 
sénile,  la  paralysie  générale  pai  arthritisme,  et  la  paralysie  géné- 
rale alcoolique. 

nL  Cette  longue  étude  comportait  un  corollaire  thérapeutique. 
Le  traitement  anatomique  devait  s'adresser  à  l'inflammation  par 
les  méthodes  révulsives,  dérivatives  et  résolutives,  aux  troubles  cir- 
culatoires par  les  médicaments  cardio-vasculaires,  à  la  dégénéra- 


78  VARIA. 

lion  par  les  toniques  et  les  stimulants  du  système  nerveux.  Le  trai- 
tement palhogénique  devait  différer  suivant  qu'il  s'agissait  de 
paralysie  générale  sénile,  de  paralysie  générale  arthritique,  de 
paralysie  générale  alcoolique.  Enfîn,  le  traitement  symptomatique 
devait  être  mis  en  œuvre  suivant  rapparition  ou  la  prédominance 
de  certains  symptômes,  tels  que  l'agitation,  les  attaques  apoplecti- 
formes  et  épileptiformes,  les  auto-intoxications  digestives,  hépati- 
ques et  urinaires,  les  troubles  cardio-pulmonaires. 

Cette  analyse  bibliographique  ne  saurait  tenir  lieu  de  la  lecture 
du  livre  de  MM.  Mairet  et  Vires,  car  elle  ne  donne,  somme  toute, 
que  des  résultats;  or,  les  résultats  ne  valent  que  par  la  méthode, 
et  pour  comprendre  et  juger  la  méthode  rigoureusement  scienti- 
fique suivie  par  ces  auteurs,  il  faut,  avec  eux,  analyser  et  synthé* 
thiser  les  éléments  cliniques  qui  ont  formé  leur  couviction. 

DUCAIIF. 


VARIA» 


Les  ALiÂNis  en  liberté. 

Une  femme  entrait,  hier,  au  commissariat  de  police,  en  criant 
aux  agents  qui  se  trouvaient  dans  le  poste  :  c  Débarras.««ez-m'en, 
débarrassez-m'en!  > 

C'était  une  malheureuse  ménagère,  nommée  Marie  Pilot,  âgée 
de  trente-huit-ans,  demeurant  rue  du  Vivier,  que  la  peur  des  rats 
avait  rendu  folle.  Elle  s'imaginait  être  assaillie  par  une  bande  de 
rongeurs  qui,  disait-elle,  étaient  en  train  de  la  dévorer.  Et  la 
malheureuse  secouait  ses  vêtements,  grimpait  sur  les  tables,  pous- 
sant des  cris  affreux.  Elle  arracha  son  sabre  à  un  gardien  pour 
faire  la  chasse  à  ses  ennemis.  On  eût  beaucoup  de  peine  à  la  maî- 
triser et  à  la  conduire  à  l'infirmerie  du  dépôL  {Petit  Parisien^ 
49  juin  1898.) 

—  Dangereux  aliéné.  —  On  nous  télégraphie  d'Alençon  :  Un 
cultivateur  de  Tinchebray,  nommé  Gigan,  ftgé  de  56  ans,  devait, 
pour  changer  ses  bestiaux  de  pâturage,  passer  par  une  barrière  qui 
donne  sur  la  propriété  d'un  de  ses  voisins,  nommé  Félix  Thomas, 
avec  lequel  il  vit  en  mauvais  termes.  Au  cours  d'un  de  ces  passages, 
ce  dernier,  qui  était  caché  à  une  dizaine  de  mètres,  tira  à  Gigan 
un  premier  coup  de  feu  qui  l'atteignit  au  côté  droit  et  un  second 
qui  le  frappa  presque  aussitôt  au  visage.  Puis  le  meurtrier  prit  la 


VARIA.  79 

faite.  L'état  de  Gigan  est  assez  grave,  mais  non  désespéré.  Quant 
à  Thomas,  il  compte  plusieurs  aliénés  dans  sa  famille  et  on  le  con- 
sidère dans  le  pays  comme  ne  jouissant  pas  de  toutes  ses  facultés. 
Il  a  été  arrêté  avec  mille  précautions  dans  un  herbage,  au  moment 
où,  son  fusil  chargé  à  balle,  il  s'apprêtait  à  tirer  sur  les  gendarmes 
qui  le  poursuivaient.  11  a  été  écroué  à  la  prison  de  Domfront  d'où 
il  sera  enfermé  dans  une  maison  de  santé.  (Temps,  23  juin  1898.) 

—  La  folie  d'un  poète.  —  Un  homme  de  lettres,  M.  Emile  Bois- 
sant,  âgé  de  quarante-sept  ans,  demeurant  104,  rue  de  TOuest, 
doQDant  depuis  longtemps  déjà  des  signes  d'aliénation  mentale, 
était  pris,  hier  dans  la  soirée,  d'un  accès  de  folie  et  menaçait  son 
concierge  de  l'assommer  s'il  ne  lui  rendait  sa  muse.  Celui-ci  lui 
expliqua  que  sa  muse  était  en  promenade,  mais  que  sa  femme 
allait  aller  la  chercher.  La  concierge  alla  aussitôt  prévenir  M.  Gri- 
mai, commissaire  de  police,  qui  dut  faire  enfoncer  la  porte  du  lo- 
gement de  rinforUiné  poète.  Celui-ci  a  été  dirigé  sur  rinfirmerie 
spéciale  du  Dépôt.  {Le  Soleil  du  26  juin.) 

—  Un  fou  dangereux,  —  Vers  trois  heures,  la  nuit  dernière, 
M.  Delatour,  chef  de  bureau  dans  une  grande  administration  de 
TEtat,  demeurant  rue  Saint-Romain,  était  réveillé  en  sursaut  par 
an  bruit  de  vitres  brisées.  Il  s'habilla  en  toute  bftte  et  visita  l'ap- 
partement. En  arrivant  dans  la  cuisine,  il  aperçut,  blotti  près  de  la 
fenêtre,  un  individu  qui,  à  brûle-pourpoint,  lui  dit  : 

—  Je  viens  chercher  ma  nièce,  car  j'ai  fait  un  héritage  colossal, 
et  elle  ne  peut  rester  plus  longtemps  à  votre  service. 

A  grsnd'peine  M.  Delatour  put  maîtriser  le  singulier  visiteur,  un 
nommé  Emile  Fourcoux,  âgé  de  quarante-cinq  ans,  demeurant  rue 
Letort.  Le  malheureux  ayant  perdu  sa  femme  il  y  a  quelques  mois, 
ayait  été  frappé  d'aliénation  mentale.  Il  s'était  introduit  dans  la 
maison  habitée  par  M.  Delatour,  avait  gravi  les  quatre  étages  et, 
passant  par  la  fenêtre  de  l'escalier,  il  avait  pu,  en  suivant  une 
étroite  corniche,  gagner  la  fenêtre  de  la  cuisine. 

Le  fou  a  été  envoyé  à  l'infirmerie  spéciale  du  Dépôt.  {Petit  Pari- 
sien,  24  juin  1898  )  —  D'où  la  nécessité  de  l'hospitalisation  dès  le 
débat  de  la  folie. 


FAITS  DIVERS. 


ASILES  PUBLICS  d'aliénés.  —  Nomtnations  et  promotions,  —  Par 
divers  arrêtés  ministériels  et  préfectoraux  des  mois  de  mai  et 
juin  1898  :  M.  le  D'  Vbrnbt,  médecin  en  chef  de  l'asile  de  Mare- 


AVIS   A   NOS  ABONNES  80 

ville  (Meurthe-et-Moselle),  a  élé  élevé  à  la  2®  classe;  —  M.  le  D'  Le- 
6RAIN)  médecin  en  chef  de  l'asile  de  Ville-Evrard  (Seine),  a  été 
élevé  à  la  V^  classe;  —  M.  le  D'  Papillon  a  élé  nommé  à  litre 
provisoire  et  pour  une  période  de  trois  mois,  médecin  adjoint  de 
Monldevergues  (Vaucluse);  —  M.  le  D*"  Gilbert-Pbtit,  directeur- 
médecin  de  Tasile  d'Alençon,  a  élé  nommé  médecin  en  chef  de 
Tasile  du  Mans,  eu  remplacement  de  M.  le  D**  Journiac;  — 
M.  le  D^  JouENiAC,  médecin  en  chef  de  Tasile  du  Mans,  a  été  nommé 
directeur-médecin  de  l'asile  d'Alençon,  en  remplacement  de  M.  le 
D*"  Gilbert-Petit;  —  M.  le  D*"  Boiteux,  médecin  en  chef  de  l'asile 
de  Clermont,  est  élevé  à  la  2^  classe;  —  M.  le  D^  Maunier,  médecin 
en  chef  de  lasile  de  Marseille  (Bouches-du-Rhône),  a  été  élevé  à  la 
classe  exceptionnelle;  — M.  le  D*"  Leykt,  médecin  adjoint  à  l'asile 
de  Fains,  a  été  élevé  à  la  1"»  classe;  —  M.  le  D*"  Maupaté,  médecin 
adjoint  à  Tasile  d'Armentières,  a  été  élevé  à  la  classe  exception- 
nelle. 


AVIS  A  NOS  ABONNÉS.  —  L'échéance  du  l*»-  JUILLET 
étant  Vune  des  plus  importantes  de  Vannée^  nous  prions 
instamment  nos  souscripteurs  dont  l'abonnement  cesse  à 
cette  date^  de  nous  envoyer  le  plus  tôt  possible  le  montant 
de  leur  renouvellement.  Ils  pourront  nous  adresser  ce 
montant  par  V intermédiaire  du  bureau  de  poste  de  leur 
localité^  qui  leur  remettra  un  reçu  de  la  somme  versée. 
Nous  prenons  à  notre  charge  les  frais  de  S  p.  100  prélevés 
par  la  poste,  et  nos  abonnés  n'ont  rien  à  payer  en  sus  du 
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Nous  leur  rappelons  que^  à  moins  d'avis  contraire,  la 
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mentée des  ft*ais  de  recouvrement,  à  partir  du 
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Afin  d'éviter  toute  erreur,  nous  prions  également  nos 
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des  Archives  de  Neurologie  et  du  Progrès  Médical 
est  réduit  à  30  francs  pour  la  France  et  l'Étranger. 

Le  rédacteur-gérant  :  Bournbvillk. 


ETreux,  Ch.   HiaiasiY,  imp.  —  798. 


Vol.  VI  Août  1898.  NO  32 


ARCHIVES  DE  NEUROLOGIE 


ANATOMIE  PATHOLOGIQUE. 


SLR  LES  LÉSIONS  SPINALES  DE  LA  PARALYSIE  GÉNÉRALE  ; 

Parle  D' D.  ANGLADE, 

Médecin  adjoint  de  l'asile  de  Toolouse. 

(Travail   du   laboratoire    de    Vasile,) 


h  —  Dans  un  mémoire*  lu  au  Congrès  des  médecins  alié- 
nistes  et  neurologistes,  en  août  1897,  sur  les  lésions  médul- 
laires des  aliénés  en  général,  nous  avons  réservé,  comme 
méritant  une  étude  à  part,  celles  observées  chez  les  paraly- 
tiques généraux.  Il  n'est  pas  besoin  de  beaucoup  insister  sur 
Tintérèt  qui  s'attache  à  la  constatation  des  lésions  spinales  de 
la  paralysie  générale.  La  clinique  nous  laisse  entrevoir  que 
cette  affection  doit  se  caractériser  anatomiquement  par  des 
altérations  du  système  nerveux  tout  entier.  Nous  ignorons 
quelle  partie  de  ce  système  est  intéressée  la  première. 

En  étudiant  la  moelle,  placée  entre  le  système  nerveux 
central  et  le  système  nerveux  périphérique,  avec  mission  de 
réunir,  de  conduire  et  de  relayer  les  impressions  venues  du 
centre  ou  de  la  périphérie,  nous  avons  des  chances  de  ren- 
contrer quelque  altération  des  neurones  sensitifs  ou  moteurs, 
dans  leur  trajet  médullaire. 

Et  de  fait,  la  moelle  des  paralytiques  généraux  est  altérée 
à  un  degré  et  avec  une  fréquence  remarquables;  nous  pour- 
rions même  dire  que  cette  altération  est  constante  en  ne 

*  Congrès  des  médecins  aliénistes  et  neurologistesy  8*  session,  août  1897. 
Comptes  rendus.  Masson,  Paris,  1898. 

Archives.  2*  série,  t.  VI.  6 


82  ANATOMIB   PATUOLOGIQUB. 

tenant  compte  que  de  nos  observations.  En  tout  cas,  par  son 
importance,  elle  s^impose  à  notre  attention. 

Quels  sont  les  caractères  de  ces  modifications  patholo- 
giques subies  par  les  neurones  dans  leur  portion  médullaire? 
11  nous  suffira  pour  l'instant  de  chercher  une  réponse  à  cotte 
question.  Nous  pourrons  nous  demander,  après,  si  ces  modi- 
fications commencent  et  finissent  dans  la  moelle,  ou  bien,  ce 
qui  est  plus  admissible,  si  elles  ont  leur  retentissement  sur  le 
système  nerveux  central  et  le  système  nerveux  périphérique. 

Nous  avons  dit  que  nos  observations  nous  autoriseraient  à 
affirmer  la  constance  des  lésions  médullaires  dans  la  para- 
lysie générale.  Mais  nous  nous  empressons  d'ajouter  qu'elles 
sont  trop  peu  nombreuses  pour  prétendre  à  infirmer  les 
résultats  fournis  par  des  statistiques  plus  importantes,  comme 
celles  de  Tuczek  et  de  Furstner,  qui  ne  les  ont  rencontrées 
que  dans  75  p.  100  des  cas  observés. 

Nos  constatations  ont  été  faites  sur  les  moelles  de  iO  para- 
lytiques décédés  à  l'asile  de  Toulouse ,  dans  une  période 
de  près  de  deux  ans.  Elles  n'ont  été  l'objet  d*aucune  classifi- 
cation, ni  d'aucune  sélection,  mais  recueillies  au  hasard  des 
nécropsies.  Pour  prendre  rang  dans  notre  série,  il  leur  suffi- 
sait de  provenir  de  sujets  notoirement  paralytiques  géné- 
raux et  dont  le  diagnostic  de  paralysie  générale  avait  été 
contrôlé  et  vérifié  par  les  signes  anatomiques  qui  la  carac- 
térisent. On  nous  accordera  que  le  rapprochement  de  ces 
^0  cas  acquiert  une  importance  spéciale  de  par  ce  fait  qu'ils 
représentent  tous  les  paralytiques  observés,  tout  au  moins 
nécropsies ,  en  deux  ans,  dans  un  grand  asile  comme  le 
nôtre. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ce  sont  ces  vingt  observations  consignées 
avec  le  détail  des  examens  microscopiques,  dans  la  thèse  de 
notre  interne,  M.  SoucaiP,  qui  serviront  de  base  à  ce  travail. 

Et  d'abord,  disons  un  mot  des  méthodes  d'investigation 
auxquelles  nous  avons  eu  recours. 

La  technique  microscopique  appliquée  à  l'étude  du  sys- 
tème nerveux,  s'est  enrichie,  dans  ces  dernières  années,  d'un 
grand  nombre  de  procédés  nouveaux,  parmi  lesquels  il  con- 
vient de  faire  un  choix. 

A  chacun  des  éléments  qui  constituent  le  système  nerveux, 

*  Contrihulion  à  V étude  des  lésions  spinales  de  la  paralysie  générale , 
(Thèse  de  Toulouse,  mars  1898.) 


LÉSIONS  SPINALES   DE   LA.   PARALYSIE   GENERALE.  83 

nous  appliquons  une  méthode  de  coloration  spéciale.  De  la 
cellule,  nous  demandons  au  procédé  de  Golgi  de  nous  mon- 
trer les  prolongements;  auNissl,  le  corps  cellulaire  lui-môme. 
Si  cette  dernière  méthode,  avec  les  modifications  qui  y  sont 
apportées  tous  les  jours,  donne  des  résultats  merveilleux  dans 
Tétude  de  la  cellule  radiculaire,  la  méthode  de  Golgi  est  très 
infidèle.  L'imprégnation  de  cette  cellule  radiculaire  est  bien 
plus  capricieuse  encore  que  celle  des  cellules  pyramidales  de 
1  écorce  cérébrale.  En  revanche,  cette  même  méthode  nous  a 
fourni  des  indications  précieuses  sur  la  névroglie.  EnOn,  le 
procédé  de  Weigert-Pal,  avec  quelques  variations  peu  impor- 
tantes, nous  semble  rester  la  méthode  de  choix  pour  déceler 
la  dégénération  des  fibres  nerveuses  à  myéline.  Tels  sont  les 
moyens,  arrivons  aux  résultats. 

II.  —  II  n'est  pas  un  des  éléments  constitutifs  de  l'axe 
médullaire  qui  ne  soit  susceptible  de  s'altérer  dans  la  para- 
lysie générale.  Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  l'altéra- 
tion porte  à  la  fois  sur  la  substance  blanche,  sur  la  substance 
grise,  sur  le  tissu  de  soutènement,  sur  les  enveloppes  et  les 
vaisseaux. 

Passons  successivement  en  revue  chacun  de  ces  éléments 
en  notant  la  topographie  et  la  nature  de  leur  altération. 

a)  La  substance  blanche,  —  Nous  l'avons  vue  altérée  dans 
tous  les  cas,  et  son  altération,  visible  à  l'œil  nu,  après  quel- 
ques jours  de  fixation,  mérite  de  prendre  rang  parmi  les 
signes  macroscopiques  les  plus  importants  de  la  paralysie 
générale.  Elle  est  peut-être  quelquefois  la  seule  lésion  ap- 
préciable du  système  nerveux.  Pour  notre  part,  nous  avons 
la  ferme  conviction  que  dans  quelques  cas  de  nécropsie  avec 
lésion  cérébrale  négative  ou  douteuse,  la  lésion  médullaire, 
évidente  et  caractéristique,  pouvait  nous  permettre  d'affirmer 
que  nous  avions  affaire  à  un  paralytique  général,  avec  d'au- 
tant plus  de  raison  que  nous  étions  en  parfait  accord  avec  la 
clinique.  Nous  ne  l'avons  pas  fait  et  nous  avons  écarté  de 
notre  série  les  cas  de  ce  genre,  ne  pouvant  affirmer  que  les 
sujets  étaient  des  paralytiques  parce  qu'ils  présentaient  des 
lésions  de  la  moelle,  avant  d'avoir  démontré  que  ces  lésions 
existent  bien  dans  la  paralysie  générale.  11  nous  importait 
seulement  de  signaler  ces  faits;  ils  s'ajoutent  à  bien  d'autres 
pour  témoigner  de  l'importance  de  la  lésion. 


84  ANATOMIB   PATHOLOGIQUE. 

La  topographie  de  la  lésion  elle-même  varie.  Elle  se  can- 
tonne le  plus  souvent  dans  la  moitié  postérieure  de  la  moelle, 
en  arrière  d'une  ligne  transversale  passant  par  le  canal  de 
répendyme.  Nous  disons  le  plus  souvent;  car,  quelquefois, 
elle  empiète  sur  les  cordons  antéro-latéraux  où  elle  n'acquiert 
jamais,  il  faut  le  dire,  une  grande  intensité. 

Dans  le  segment  postérieur  de  la  moelle,  elle  intéresse  le 
cordon  latéral  et  le  cordon  postérieur  à  des  degre's  divers, 
selon  la  forme  et  la  durée  de  la  maladie.  L'un  et  l'autre  de 
ces  cordons  sont  atteints  simultanément;  quelquefois  ils  sont 
lésés  au  même  degré,  souvent  il  existe  entre  la  lésion  de  l'un 
et  de  l'autre  une  disproportion  très  grande.  Le  cordon  latéral 
présentera,  par  exemple,  des  lésions  peu  accusées,  tandis 
que  le  cordon  postérieur  est  parvenu  au  dernier  terme  de  la 
dégénération.  11  semble  d'ailleurs  que  seul,  le  cordon  posté- 
rieur soit  capable  de  dégénérer  aussi  complètement. 

La  topographie  varie  non  seulement  avec  les  sujets,  mais 
avec  les  régions  d'un  même  organe.  Elle  atteint  son  maximum 
dans  la  région  dorsale  supérieure  oucervicale  inférieure  ;  le 
fait  a  son  importance.  Nous  le  rappellerons  ailleurs.  C'est 
surtout  la  topographie  des  lésions  du  cordon  postérieur  qui 
varie  dans  les  différents  étages  de  la  moelle.  Dans  le  renfle- 
ment lombaire,  elles  sont  diffuses  et  ne  respectent  que  la 
portion  de  substance  blanche  voisine  de  la  commissure  grise 
et  quelques  fibres  dans  l'angle  postérieur  et  interne  du  triangle 
que  figure  le  cordon  postérieur. 

Plus  haut,  dans  la  région  dorsale,  d'autres  fibres  échappent 
à  l'altération.  Celles  qui  longent  immédiatement  la  corne 
postérieure  jusqu'à  la  substance  gélatineuse  qui  la  coiffe,  en 
arrière  du  renflement  qui  correspond  à  la  colonne  de  Clarke. 
Enfin,  une  bandelette  de  fibres,  relativement  saines,  se  des- 
sine à  la  partie  interne  du  faisceau  de  Burdaeh,  au  centre 
même  du  cordon  postérieur.  Cette  bandelette  ne  dépasse  pas, 
en  avant,  le  niveau  de  la  colonne  de  Clarke,  et  s'arrête,  en 
arrière,  à  une  petite  distance  de  la  circonférence. 

En  sorte  que,  dans  le  cordon  postérieur,  à  la  région  dor- 
sale, nous  rencontrons  successivement,  en  allant  de  la  corne 
postérieure  au  sillon  médian  postérieur,  une  bandelette  de 
fibres  saines  adossée  le  long  du  tiers  moyen  de  la  corne  pos- 
térieure, une  zone  de  fibres  dégénérées,  la  plus  importante 
presque  toujours,  s'étendant  de  la  périphérie  jusqu'au  niveau 


LKSIONS   SPINALES   DB   LA   PARALYSIE   OBNERALB.  85 

de  la  colonne  de  Glarke,  où  elle  contourne  rextrémité  anté- 
rieure d*une  deuxième  bandelette  de  fibres  saines  située  au 
centre  même  du  cordon  postérieur.  Elle  se  réunit  ainsi  à  une 
nouvelle  zone  de  dégénération  moins  accusée  généralement, 
celle  qui  longe  le  sillon  médian  postérieur.  Quelques  fibres 
du  centre  ovale  de  Fleschsig  et  du  triangle  de  Gombault  et 
Philippe  sont  demeurées  saines. 

Dans  la  région  cervicale,  on  retrouve  bien  quelquefois  la 
suite  anatomique  de  ces  lésions.  La  dégénération  du  faisceau 
pyramidal  est  plus  marquée  et  les  lésions  du  cordon  posté- 
rieur se  localisent  exactement  dans  le  faisceau  de  Goll.  Ces 
cas  sont  les  plus  rares.  Plus  généralement  on  voit  les  lésions 
perdre  de  leur  netteté,  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  la  région 
dorsale.  Et  cela  est  vrai,  non  seulement  pour  le  cordon  pos- 
térieur, mais  encore  et  surtout  pour  le  cordon  latéral.  Rare- 
ment nous  avons  pu  suivre  jusqu'au  bulbe  l'altération  du 
faisceau  pyramidal  et  du  faisceau  cérébelleux  direct. 

La  dégénération  atteint  quelquefois  le  cordon  antérieur. 
Elle  y  intéresse  exclusivement  les  fibres  périphériques  et  se 
continue  jusqu'au  fond  du  sillon  médian  antérieur.  A  ce 
niveau,  elle  touche,  par  conséquent,  le  faisceau  de  Turck, 
mats  il  est  très  rare  qu'elle  délimite  exactement  sa  topo- 
graphie. 

Dans  les  zones  où  la  dégénérescence  est  peu  marquée,  on 
t)bserve  seulement  un  défaut  de  coloration  des  fibres  à  myé- 
line. Celle-ci  semble  avoir  perdu  son  affinité  pour  le  bichro-- 
mate,  par  suite  de  la  modification  chimique  qu'elle  a  subie. 
Au  centre  du  tube  nerveux,  le  cylindre-axe  est  marqué  par 
un  point  coloré.  Lorsqu'elle  est  plus  avancée,  on  voit,  au  niveau 
de  la  lésion,  des  boules  de  myéline  éparses  çà  et  là,  hors  des 
tubes  qui  en  sont  presque  tous  dépourvus.  Le  cylindre-axe 
persiste. 

A  un  degré  plus  accusé  encore,  la  lésion  dégénérative  a 
abouti  à  une  sclérose  intense.  Nous  l'avons  vue  remplacer 
presque  toutes  les  fibres  nerveuses  du  cordon  postérieur  dans 
deux  cas.  Les  cylindres -axes  eux-mêmes  avaient  disparu, 
sauf  dans  les  territoires  des  fibres  endogènes.  En  sorte  que  la 
lésion  représentait  exactement  ce  qui  s'observe  dans  la  moelle 
des  tabétiques.  Plus  loin,  nous  dirons  un  mot  des  rapports 
de  ce  tissu  de  sclérose  avec  les  organes  de  soutien,  la  névro- 
glie  et  les  vaisseaux. 


86  ANATOMIB   PATHOLOGIQUE. 

h)  La  substance  grise,  —  Nous  l'avons  toujours  vue  altérée, 
à  des  degrés  divers,  dans  toutes  ses  parties  :  corne  antérieure, 
corne  postérieure,  commissure  et  dans  ses  deux  principaux 
éléments  :  cellules  et  Gbres. 

Ce  qui  frappe  dans  les  coupes  examinées  à  l'œil  nu,  c'est  la 
déformation  à  peu  près  constante  de  cette  substance  grise. 
Les  cornes  sont  atrophiées  et  leurs  contours  sont  irréguliers; 
la  commissure,  au  contraire,  est  augmentée  de  volume.  Il  en 
résulte  que,  dans  la  région  dorsale  et  cervicale  inférieure,  la 
substance  grise,  située  en  avant  des  cornes  postérieures,  forme 
un  bloc,  dans  lequel  on  distingue  à  peine  la  saillie  des  cornes 
antérieures. 

La  lésion  microscopique  se  caractérise  d*abord  par  la  des- 
truction d'un  grand  nombre  de  fibres  à  myéline  et  la  présence 
partout  de  nombreuses  cellules  rondes,  particulièrement 
autour  du  canal  de  Tépendyme,  dans  la  substance  gélatineuse 
de  Rolando  et  la  colonne  de  Clarke.  Elle  se  caractérise 
ensuite  et  surtout  par  des  altérations  cellulaires.  Les  obser- 
vateurs n'ont  pas  beaucoup  insisté  sur  ces  altérations  cellu- 
laires. Klippel  le  fait  remarquer  avec  juste  raison  dans  son 
travail  de  1894». 

Au  moment  même  où  nous  rédigeons  ce  mémoire,  nous 
lisons  dans  la  Revue  neurologique  du  15  janvier  1898,  un 
travail  de  Berger  qui  a  soumis  au  Nissl  10  moelles  de  para- 
lytiques généraux*.  C'est  bien  au  Nissl  qu'il  fallait  demander 
de  nous  faire  voir  les  altérations  des  cellules  médullaires  des 
paralytiques.  Ce  procédé,  avec  les  modifications  d'Unna, 
nous  a  montré  des  détails  précieux  à  noter.  Deux  ordres 
d'altération  s'observent  dans  les  cellules  radiculaires  anté- 
rieures :  Tatrophie  ou  la  chromatolyse.  11  est  vraisemblable 
que  la  première  n'est  que  la  suite  naturelle  de  la  seconde, 
qui  ne  fait  que  la  précéder.  Nous  ne  saurions  affirmer  que 
les  choses  se  passent  toujours  ainsi. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'atrophie  est  plus  fréquente  que  la  chro- 
matolyse. Elle  s'observe  dans  tous  les  cas  de  paralysie  géné- 
rale à  longue  durée,  celle  qui  s'accompagne  toujours  d'im- 
potence des  membres.  La  cellule  atrophiée  n'a  plus  qu'un 
prolongement  ou  deux.  Son  corps  a  pris  la  forme  d'un  tube 
nerveux  dans  l'intérieur  duquel  il  n'y  a  plus  place  que  pour 

•  Archives  de  médecine  expérimentale,  1894. 

erger.  —  Analyse  in  Revue  neurologique,  janv.  1898. 


LÉSIONS   SPINALES   DE  LA   PARALYSIE   OBNERALB.  87 

le  noyau  déformé,  autour  duquel  les  granulations  chromato- 
philes  ont  toujours  disparu.  La  cellule  atrophiée  revêt  d'au- 
tres aspects;  elle  a  la  forme  arrondie,  sans  prolongements, 
sans  noyau  et  comme  sans  membrane  d'enveloppe.  Elle  ne 
représente  plus  alors  qu'une  masse  chromatique  homogène 
et  dégénérée.  L*atrophie  est  souvent  plus  marquée  d'un  côté 
de  la  moelle.  On  voit  des  cornes  antérieures,  dans  lesquelles 
il  n'existe  plus  qu'une  ou  deux  cellules.  Elle  est  plus  avancée 
dans  la  région  lombaire  que  dans  la  région  cervicale. 

Atrophie  et  chromatolyse  coexistent  souvent.  Celle-ci  s'ob- 
serve dans  les  moelles  de  paralytiques  dont  l'évolution  a  été 
rapide  sans  troubles  moteurs  graves.  Vraisemblablement, 
quand  le  système  musculaire  a  longtemps  souffert,  la  des- 
truction de  la  cellule  radiculaire  est  un  fait  accompli.  Pre- 
nons un  paralytique  en  cours  d'évolution;  celui,  par  exemple, 
dont  il  s'agit  dans  une  des  observations  de  la  thèse  de  Sou- 
cail.  La  paralysie  générale  se  présentait  avec  des  symptômes 
si  peu  accusés,  qu'elle  est  restée  méconnue,  malgré  son  pas- 
sage dans  plusieurs  services.  L'exubérance  du  malade,  sans 
amnésie,  sans  embarras  de  la  parole  et  sans  tremblement 
musculaire,  nous  l'avait  fait  considérer,  de  prime  abord, 
comme  un  maniaque  à  son  arrivée  à  l'asile  de  Toulouse, 
transféré  de  Limoux  où  le  même  diagnostic  avait  été  porté. 
Sans  doute,  un  examen  plus  approfondi  nous  eût  mis  siy*  la 
véritable  voie,  mais  notre  erreur  témoigne  tout  au  moins  du 
peu  d'intensité  des  symptômes  paralytiques.  Le  malade  fut 
emporté  par  une  congestion  cérébrale,  et  l'autopsie  nous 
montra  toutes  les  lésions  delà  paralysie  générale.  Les  lésions 
médullaires,  observées  après  la  fixation,  n'étaient  pas  moins 
caractéristiques,  et  la  coloration  par  le  bleu  polychrome 
d'Unna,  nous  fit  voir,  dans  les  cellules  radiculaires  de  la 
moelle  cervicale  et  surtout  de  la  moelle  lombaire,  deux  modes 
de  chromatolyse. 

Car  la  désorganisation  du  corps  d'une  cellule  radiculaire 
ne  semble  pas  se  produire  toujours  de  la  même  façon. 

Si  les  granulations  chromatophiles  subissent  toujours  le 
même  sort,  si  elles  sont  dissoutes  et  remplacées  par  une  pous- 
sière de  coloration  plus  indécise,  si  elles  sont  réduites,  pres- 
que toujours,  à  une  seule  rangée,  deux  au  maximum,  appli- 
quées contre  la  membrane  d'enveloppe,  le  noyau,  lui,  ne 
disparaît  pas  toujours.  Quelquefois,  il  reste  au  centre  de  la 


88  ANATOMIB   PATHOLOOIQUB. 

cellule;  son  nucléole  disparaît  et  la  substance  homogène, 
résultant  de  la  dissolution  des  granulations  chromatophiles, 
comble  l'espace  clair  dont  on  distingue  à  peine  les  contours. 
Souvent,  au  contraire,  le  noyau,  au  lieu  de  se  modifier  sur 
place,  émigré  vers  la  périphérie  comme  pour  se  soustraire  à 
l'action  destructive  de  la  chromatolyse  centrale.  Il  se  met  en 
contact  avec  la  membrane  d'enveloppe  contre  laquelle  il 
semble  subir  des  compressions  qui  le  déforment,  sans  que 
dans  la  plupart  des  cas  il  parvienne  à  sortir  de  la  cellule.  Ce 
qui  nous  expliquerait  pourquoi  on  le  rencontre  encore  dans 
bon  nombre  de  cellules  atrophiées. 

Les  cellules  radiculaires  ne  sont  point  seules  frappées  de 
chromatolyse  et  d'atrophie.  Celles  de  la  colonne  de  Clarke 
sont  constamment  atteintes.  Les  granulations  sont  rares 
même  au  pourtour  du  corps  cellulaire,  et  le  noyau,  quand  il  ' 
persiste,  est  presque  toujours  appliqué  et  déformé  contre  la 
périphérie.  Nous  dirons  ailleurs  dans  quelles  conditions  et 
dans  quelle  mesure  on  peut  attacher  de  l'importance  à  l'al- 
tération de  la  cellule  de  la  colonne  de  Clarke.  Klippel  a  noté 
la  facilité  avec  laquelle  elle  se  modifie,  et  nous  avons  nous- 
méme  rencontré  cette  modification  dans  un  grand  nombre 
de  moelles  provenant  de  sujets  ayant  succombé  aux  affec- 
tions les  plus  diverses.  Il  est  plus  difCcile  d'apprécier  une 
lésion  des  cellules  du  faisceau  intermedio-lateralis,  des  cel- 
lules de  cordon,  des  cellules  de  la  corne  postérieure.  Disons 
seulement  que  par  comparaison  avec  des  moelles  saines, 
elles  paraissent  raréfiées  et  atrophiées. 

Pour  en  flnir  avec  la  substance  grise,  notons  une  sclérose 
active  autour  de  la  corne  postérieure,  au  point  où  les  fibres 
radiculaires  courtes  pénètrent  dans  la  substance  gélatineuse 
de  Rolando. 

c)  Enveloppes  tissu  de  soutien.  Vaisseaux.  —  La  dure- 
mère  est  habituellement  normale.  La  pie-mère  est  souvent  le 
siège  d'une  infiltration  de  cellules  rondes,  sorte  de  lepto- 
méningite  qui  environne  complètement  l'organe  dans  quel- 
ques cas,  et  dans  d'autres,  au  contraire,  se  limite  au  segment 
postérieur.  L'adhérence  de  la  pie-mère  à  la  substance  blanche 
est  très  intime.  Il  se  passe  là  quelque  chose  d'analogue  à  ce 
que  l'on  observe  dans  le  cerveau  où  la  pie-mère  adhère  à 
Técorce  grise.  Le  revêtement  externe  de  la  moelle  est  donc 
intéressé.  Il  en  est  de  même  du  revêtement  interne,  c'est- 


LESIONS    SPINALES   DE   Lk   PARALYSIE   GENERALE.  89 

à-dire  de  Tépithélium  qui  tapisse  le  canal  de  Tépendyine. 

Les  cellules  de  cet  épithélium  sont  toujours  détruites,  rem- 
placées par  une  prolifération  intense  de  cellules  rondes  qui 
obstruent  le  calibre  du  canal  et  infiltrent  la  substance  grise 
à  une  assez  grande  distance  de  ses  parois.  Ici  encore,  nous 
retrouvons  les  traces  de  ce  processus  qui  aboutit,  dans  Ten- 
céphale,  à  la  production  des  granulations  qui  tapissent  les 
ventricules,  le  quatrième  en  particulier. 

En  sorte  que  Tinflammation  domine  là  où  la  névroglie  est 
plus  abondante.  Elle  ne  s*y  cantonne  pas  et  nous  la  voyons 
pénétrer  dans  l'intérieur  de  la  substance  blanche  en  suivant 
les  travées  que  Ton  considérait  à  tort,  autrefois,  comme  des 
émanations  conjonctives  de  la  pie-mère  et  qui  ne  sont  en 
réalité  que  des  travées  névrogliques.^Ces  travées  sont  quelque- 
fois très  nombreuses,  extrêmement  divisées  dans  l'intérieur 
des  faisceaux  blancs  qu'elles  semblent  enserrer.  Elles  sont 
plus  épaisses  à  la  périphérie  qu'au  centre,  au  point  où  elles 
se  mettent  en  contact  avec  la  pie-mère,  et  semblent  rayonner 
autour  des  vaisseaux. 

Les  vaisseaux  sont  toujours  altérés.  Généralement,  ils  sont 
plus  atteints  à  la  région  postérieure.  Il  n'est  pas  rare,  cepen-  ' 
dant,  de  voir  des  vaisseaux  spinaux  antérieurs  très  malades. 
Les  artères  sont  le  siège  tantôt  d'une  endartérite,  tantôt 
d'une  périartérite,  le  plus  souvent  de  l'une  et  de  l'autre  à 
la  fois.  L'épaississement  de  toutes  les  tuniques  est  d'ailleurs 
notable. 

L'altération  des  veines  est,  sinon  plus  constante,  au  moins 
plus  remarquable.  Autour  de  leurs  parois  se  voit  une  infil- 
tration de  cellules  rondes  parfois  si  considérable  que  l'on  se 
croit  en  présence  d'un  processus  gommeux,  franchement  spé- 
cifique. Est-ce  bien  de  cela  qu'il  s'agit  ici  ?  Nous  nous  pose- 
rons celte  question  tout  à  l'heure. 

Les  lésions  vasculaires  ne  s'observent  pas  seulement  à  la 
périphérie  et  dans  la  substance  blanche  du  segment  posté- 
rieur. Elles  sont  très  accusées  dans  les  vaisseaux  des  cornes 
antérieures,  de  la  colonne  de  Clarke,  et  surtout  dans  ceux 
qui  avoisinent  le  canal  de  l'épendyme. 

IIL  — Il  résulte  bien  des  constatations  microscopiques  que 
tous  éléments  constitutifs  de  Taxe  médullaire  sont  suscep- 
tibles de  s'altérer  dans  la  paralysie  générale.  Essayons  d'in- 


90  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

terpréter  ces  altérations,  de  faire  de  la  physiologie  patholo- 
gique, à  la  lumière  des  connaissances  récemment  acquises 
sur  Tanatomie  de  la  moelle. 

Cette  anatomie  nous  enseigne  que  les  fibres  blanches  se 
divisent  en  deux  grandes  catégories  :  celles  qui  sont  propres 
à  la  moelle  et  qui  servent  à  réunir  entre  eux  ses  diflerenls 
étages  ;  celles,  au  contraire,  qui  ne  font  que  passer  dans  la 
moelle,  venant  du  cerveau  ou  des  racines  postérieures.  Disons 
tout  de  suite  que  la  paralysie  générale  épargne  les  premières 
d'une  façon  à  peu  près  absolue.  Dans  le  cordon  antéro-Ia- 
téral,  les  fibres  de  cordon  qui  entourent  la  corne  antérieure, 
sont  presque  toujours  saines,  et,  dans  le  cordon  postérieur, 
les  fibres  cornu-commissurales,  les  fibres  de  cordon,  le  centre 
ovale  de  Flechsig  et  le  triangle  de  Gombault  et  Philippe,  la 
virgule  de  Schullze  même,  qui  semblent  représenter  la  tota- 
lité de  ses  fibres  endogènes,  sont,  presque  dans  tous  les  cas, 
respectées.  Les  fibres  exogènes,  au  contraire,  c'est-à-dire  le 
faisceau  pyramidal,  surtout  et  presque  exclusivement  dans 
ses  fibres  croisées,  le  faisceau  cérébelleux  direct,  parfois 
même  celui  de  Gowers,  enfin  et  surtout  les  fibres  radiculaires 
postérieures,  sont  presque  toujours  atteintes. 

Prenons  d'abord  le  faisceau  pyramidal.  Sa  lésion,  à  peu 
près  constante,  devait  évidemment  nous  faire  penser  à  une 
dégénération  descendante,  avant  pourpoint  de  départ  la  cel- 
lule pyramidale  de  l'écorce  cérébrale.  Avec  d'autant  plus  de 
raison  que  Taltération  de  cet  élément  du  neurone  moteur, 
dont  la  fibre  pyramidale  n'est  qu'une  émanation  cylindraxile, 
est  considérée  comme  la  règle  dans  la  paralysie  générale.  Il 
était  donc  logique  d'admettre,  à  priori,  la  dégénération  sys- 
tématisée du  neurone  moteur,  en  général,  et  de  sa  portion 
médullaire,  en  particulier.  Cette  manière  de  voir  a  été  d'ail- 
leurs accueillie  par  les  auteurs,  par  Klippel  en  particulier. 
Les  faits  ne  nous  ont  pas  paru  la  justifier  pleinement. 

S'il  est  vrai  que  l'on  peut,  dans  quelques  cas  rares,  suivre 
la  lésion  du  faisceau  pyramidal  à  travers  le  bulbe  et  la  protu- 
bérance, le  pédoncule  cérébral  et  la  capsule  interne  même, 
d'après  Klippel,  ou  est  bien  forcé  de  reconnaître  que,  dans  la 
grande  majorité  des  cas,  cette  lésion  a  son  maximum  dans 
la  région  dorsale,  qu'elle  s'atténue  en  bas  et  surtout  en  haut 
de  l'axe  médullaire.  En  sorte  qu'une  dégénération,  que  logi- 
quement on  pouvait  s'attendre  à  trouver  plus  intense  daos  la 


LÉSIONS   SPINALES   DE   LA    PARALYSIE    GENERALE.  91 

région  cervicale,  y  apparaît  très  peu  distincte  si  elle  n'a  pas 
disparu  complètement. 

En  tenant  compte  des  caractères  de  la  lésion  elle-même, 
on  ne  s'explique  pas  très  bien,  dans  Thypothèse  d'une  dégé- 
nération descendante,  la  conservation  du  cylindre-axe,  long- 
temps après  la  disparition  de  la  myéline,  et  les  raisons  de  ce 
fait,  données  par  Klippel,  ne  nous  satisfont  pas  complètement. 
Gomment  s'expliquer  aussi  que  jamais  ou  presque  jamais  le 
faisceau  de  Turck  ne  soit  franchement  atteint  par  la  dégéné- 
rescence? 

S'agit-il  d'une  dégénération  des  fibres  ascendantes  pyrami- 
dales, puisqu'il  en  existe?  d'une  dégénération  des  fibres  hété- 
rogènes qui  contribuent  à  la  formation  de  ce  faisceau,  d'un 
retentissement,  sur  une  partie  du  neurone  médullaire,  de  la 
lésion,  bien  constatée,  d'un  élément  important  de  ce  neurone, 
la  cellule  radiculaire  antérieure?  Bien  moins  encore  que  la 
première,  ces  hypothèses  ne  sont  pas  d'accord  avec  les  faits 
anatomiques. 

Plus  séduisante,  au  premier  abord,  parait  celle  qui  fait 
jouer  à  la  névroglie  un  rôle  considérable.  Sa  prolifération 
certaine  d'ailleurs,  peut  être  sous  l'influence  et  postérieure- 
ment à  l'altération  des  vaisseaux,  avec  lesquels  le  Golgi  nous 
la  montre  afTectant  des  rapports  si  intimes,  sa  prolifération, 
disons-nous,  sous  forme  de  travées,  pénétrant  dans  les  fais- 
ceaux blancs,  serait  capable  de  produire  une  sclérose  intra- 
fasciculaire  et,  conséquemment,  une  destruction  des  fibres 
nerveuses.  On  ne  saisit  pas  très  bien  pour  quelle  raison  la 
sclérose  névroglique  se  limiterait  aux  faisceaux  latéraux  et 
postérieurs,  encore  moins  pourquoi  elle  respecterait,  dans 
ces  faisceaux  postérieurs,  précisément,  les  fibres  endogènes 
éparses  un  peu  partout.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  manière  de 
voir  a  pour  elle  des  faits  qui  ne  nous  permettent  pas  de  la 
condamner  sans  appel. 

Nous  ne  savons  donc  pas  exactement  ce  que  signifie  la 
dégénération  pyramidale,  et  la  question  est  plus  complexe 
qu'on  ne  le  penserait  après  une  observation  superficielle. 
Tout  à  l'heure,  nous  émettrons  nous  aussi  une  hypothèse 
sans  prétendre  à  résoudre  définitivement  le  problème. 

La  dégénération  du  faisceau  cérébelleux  direct  se  com- 
prend mieux  puisqu'elle  est  en  rapport  avec  celle  d'un  sys- 
tème de  fibres  et  de  cellules  qu'elle  continue,  en  remontant, 


9i  ANATOMIB   PATHOLOOIQUK. 

jusqu'au  bulbe.  Nous  y  reviendrons,  en  parlant  des  fibres 
qui  proviennent  des  racines  postérieures. 

Les  territoires  du  cordon  postérieur  qui  correspondent  au 
trajet  de  ces  fibres  radiculaires  postérieures  sont  presque 
toujours  et  seuls  atteints,  avons- nous  dit.  L'anatomie  les 
divise  en  fibres  courtes,  moyennes  et  longues.  Les  fibres 
courtes  pénètrent  immédiatement  dans  la  corne  postérieure. 
A  ce  niveau  de  la  substance  grise,  nous  avons  noté  une  sclé- 
rose plus  active.  Les  fibres  moyennes  vont,  après  un  trajet  à 
la  partie  externe  du  faisceau  de  Burdach,  aboutir  aux  cel- 
lules de  la  colonne  de  Glarke.  C'est  leur  altération  qui  trace, 
dans  la  plupart  de  nos  moelles  de  paralytiques,  cette  zone  de 
dégénération  souvent  la  plus  accusée  à  la  région  dorsale.  La 
preuve  qu'il  s'agit  bien  de  la  lésion  de  ces  fibres  radiculaires 
moyennes,  c'est  qu'elle  ne  se  retrouve  plus  au-dessus  et  au- 
dessous  de  la  région  dorsale,  c'est-à-dire  partout  où  dispa- 
raissent les  cellules  de  la  colonne  de  Clarke,  c'est  que  cette 
lésion  est  d'autant  plus  intense  que  la  destruction  des  cellules 
de  Glarke  est  plus  avancée,  que  la  lésion  du  faisceau  cérébel- 
leux direct,  suite  anatomique  de  ce  système  sensitif,  est  éga- 
lement plus  accusée. 

Les  fibres  radiculaires  longues,  après  un  trajet  très  court 
dans  le  faisceau  de  Burdach,  où  elles  semblent  abandonner 
leur  branche  descendante,  se  rendent  dans  le  faisceau  de  Goll. 
Kl  les  sont  moins  atteintes  que  les  fibres  moyennes,  mais  elles 
le  sont  toujours  et  à  un  degré  d'autant  plus  accusé  que  l'évo- 
lution de  la  maladie  a  été  plus  longue.  Hâtons-nous  d'ajouter 
que  les  racines  postérieures,  dont  la  section  se  voit  dans  les 
coupes,  nous  ont  paru  d'autant  plus  altérées  que  le  cordon 
postérieur  était  lui-môme  plus  dégénéré. 

Les  lésions  de  la  substance  grise  sont  encore  bien  moins 
faciles  à  interpréter,  parce  qu'elles  sont  aussi  les  plus  mal 
connues.  Les  cellules  de  Clarke  sont  toujours  altérées,  quand 
elles  ne  sont  pas  complètement  détruites  ;  elles  sont  un  organe 
de  relai  entre  les  fibres  radiculaires  moyennes  et  le  faisceau 
cérébelleux  direct  qui  se  voient  également  atteints.  On  n'a 
point  de  peine  à  admettre  semblable  systématisation  dans  la 
lésion  d'une  des  voies  sensitives  les  plus  importantes,  sachant 
combien  les  troubles  de  la  sensibilité  sont  graves  dans  la 
paralysie  générale. 

L'atrophie  de  la  cellule  radiculaire  antérieure  résulterait 


LÉSIONS    SPINALBS   DB   LA    PARALYSIE   GENERALE.  93 

de  la  dégénération  du  faisceau  pyramidal,  mais  la  chroma- 
tolyse  très  active  de  ces  mêmes  cellules,  alors  même  que  les 
voies  pyramidales  ne  sont  que  peu  ou  pas  atteintes,  ne  peut 
être  due  à  la  même  cause.  Nous  connaissons  mal  Tanatomie 
normale  et  pathologique  des  cellules  de  la  corne  postérieure, 
des  cellules  de  cordon.  Il  n'est  point  facile  d'apercevoir  une 
lésion  de  ces  éléments  pas  plus  que  des  voies  qui  les  relient 
aux  cellules  motrices  antérieures.  Et  cependant,  de  cette  seule 
façon,  on  pourra  se  prononcer  sur  les  conditions  de  retentis- 
sement des  lésions  d'un  organe  sur  un  organe  voisin,  qu'il 
importe  surtout  d'établir. 

De  tous  côtés,  de  la  périphérie  vers  le  centre  et  du  centre 
vers  la  périphérie,  la  moelle  des  paralytiques  semble  envi- 
ronnée par  du  tissu  de  sclérose  et  comme  comprimée  entre 
deux  cercles  concentriques,  le  canal  de  Tépendyme  en  dedans 
et  la  pie-mère  en  dehors.  Nous  avons  noté,  en  effet,  une  pro- 
lifération intense  de  cellules  rondes  à  la  périphérie  et  autour 
du  canal  de  l'épendyme.  C'est  bien  là,  comme  l'ont  démontré 
Weigert  et  Ramon  y  Cajal,  qu'abonde  la  névroglie,  et  il  est 
légitime  d'admettre  que  c'est  elle  qui  a  proliféré. 

L'étude  de  cette  névroglie  s'entoure  de  difficultés  techniques 
qui  sont  la  cause  qu'elle  a  été  négligée.  Nous  nous  employons, 
en  ce  moment,  à  l'observer  par  la  méthode  de  Weigert.  L'im- 
prégnation par  le  procédé  de  Golgi  nous  a  déjà  fait  constater 
qu  elle  a  proliféré  dans  la  paralysie  générale.  Est-ce  unique- 
ment pour  remplir  les  espaces  laissés  vides  par  la  destruction 
des  éléments  nerveux,  comme  le  pense  Weigert?  Et  pourquoi 
celle  prolifération  névroglique,  si  la  névroglie  n'a  pour  but, 
comme  le  soutient  Cajal^  que  de  réaliser  l'isolement  des  cou- 
rants nerveux?  On  le  voit,  cette  question  du  rôle  patholo- 
gique de  la  prolifération  névroglique  n'est  pas  près  d'être 
résolue,  puisque  nous  en  sommes  encore  à  nous  demander 
quel  peut  être  le  but  physiologique  de  la  névroglie. 

Les  lésions  vasculaires  sont  constantes,  nous  l'avons  vu. 
Leurs  caractères,  tels  que  nous  les  avons  décrits,  rappellent 
ceux  de  l'artérite  et  de  la  phlébite  syphilitique.  Nous  y  insis- 
terons un  peu  plus  loin. 

IV.  —  Si,  maintenant,  jetant  un  coup  d'oeil  en  arrière,  nous 
envisageons  toutes  ces  lésions  médullaires  dans  leur  ensemble, 
nous  avons  à  nous  demander  si  elles  portent  un  cachet  spé- 


94  ANATOMIB   PATHOLOGIQUE. 

cial,  si  la  pathologie  générale  nous  montre  ailleurs  des  pro- 
cessus analogues. 

Les  lésions  de  la  substance  blanche  se  retrouvent  dans  les 
scléroses  combinées,  dans  la  maladie  de  Friedreicb,  dans  le 
tabès,  sans  compter  certaines  vésanies,  que  nous  montrerons 
capables,  à  elles  seules,  de  les  réaliser. 

La  chromatolyse  des  cellules  radiculaires  s'observe  dans 
les  névrites  expérimentales  et  dans  les  polynévrites.  Elle  a 
été  déterminée,  expérimentalement,  par  quelques  toxines 
microbiennes  :  toxine  tétanique,  toxine  pycoyanique,  etc.  *. 
Mais  Tanalogie  est  surtout  frappante  lorsqu'on  place,  à  côté 
d'une  moelle  de  paralytique,  celle  d'un  sujet  intoxiqué  par 
un  poison  minéral  ou  une  toxine.  Prenons,  par  exemple,  la 
moelle  d'un  pellagreux. 

Le  maïs  gâté,  par  les  alcaoïdes  qu'il  contient,  d'après  Lom- 
broso,  possède  des  propriétés  convulsivantes  qui  sont  capables 
de  déterminer  des  phénomènes  tétaniques  au  cours  de  la 
pellagre.  On  s'est  beaucoup  occupé,  dans  ces  dernières 
années,  en  Italie,  des  lésions  médullaires  qui  s'observent 
dans  cette  maladie.  Belmondo  S  qui  en  a  étudié  âO  cas,  au 
point  de  vue  clinique  et  anatomique,  a  trouvé  dans  la  moelle 
épinière  :  «  une  dégénération  systématisée,  combinée  et  pri- 
mitive des  cordons  latéraux  et  postérieurs.  La  lésion  du  fais- 
ceau pyramidal  a  son  maximum  dans  la  région  dorsale,  celle 
du  cordon  postérieur,  à  la  région  cervicale.  Dans  la  subs- 
tance grise,  il  a  noté  des  lésions  des  cellules  nerveuses  carac- 
térisées par  l'atrophie  pigmentaire.  Enfin,  plus  rarement,  il 
a  eu  l'occasion  d'observer  de  la  lepto-méningite  chronique.  • 

La  comparaison  est  frappante  et  les  figures  qui  accompa- 
gnent la  description  semblent  dessinées  sur  quelques-unes 
de  nos  préparations. 

Et  dans  l'intoxication  expérimentale  par  le  phosphore, 
Guerrieri  note  «  une  dégénérescence  des  faisceaux  pyramidaux, 
s'étendant  jusqu'à  la  région  cervicale,  une  dégénérescence 
des  cordons  de  Goll  et  de  Burdach,  laquelle  diminue  à  mesure 
qu'on  se  rapproche  de  la  région  cervicale  où  elle  est  can- 
tonnée dans  le  territoire  du  cordon  de  Goll  ».  De  même,  dans 
l'intoxication  expérimentale  par  l'antipyrine,  administrée  au 
chien,  à  dose  toxique,  par  Masetti,  dans  l'intoxication  par  la 

*  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  1896-97. 

*  Semaine  médicale^  21  nov.  1896.  Lettres  d'Italie,  par  Marinesco. 


LÉSIONS   SPINALBS   DB  LA    PARALYSIE   OÉNBRALE.  95 

toxine  diphtérique  réalisée  par  Donaggio.  Les  mêmes  lésions 
ont  été  constatées  par  Wassale,  Donaggio  et  Générali,  sur 
des  animaux  auxquels  ils  avaient  enlevé  les  glandes  parathy- 
roïdiennes.  Et  l'analogie  se  retrouve  non  seulement  dans  la 
topographie  de  la  lésion,  mais  encore  dans  les  détails  de  son 
processus. 

Dans  la  pellagre,  comme  dans  la  paralysie  générale,  observe 
Wassale,  il  s'agit  d'une  dégénération  primitive  :  «  La  myéline 
subit  un  commencement  de  transformation  chimique;  ce  qui 
fait  qu'elle  a  une  afBnité  moindre  pour  le  bichromate  de 
potasse,  et  la  coloration  est  moins  facile  à  obtenir  qu'à  l'état 
normal*.  »  Qu'il  s'agisse  ou  non  d'une  dégénération  primi- 
tive, un  fait,  pour  nous,  se  dégage  de  cette  incursion  dans  la 
pathologie  générale  :  des  lésions  médullaires,  comme  celles 
de  la  paralysie  générale,  peuvent  être  produites  par  des  poi- 
sons minéraux,  organiques,  ou  par  des  toxines.  Le  paraly- 
tique général  est-il  un  intoxiqué?  Nous  n'avons  pas  l'intention 
d'ouvrir  ici  un  débat  sur  l'étiologie  de  la  paralysie  générale. 
Nos  observations  sont  trop  mal  documentées  à  cet  égard, 
parce  que  bon  nombre  des  malades  qui  en  font  l'objet  nous 
sont  arrivés  du  département  de  la  Seine,  sans  renseignements 
et  sans  autre  note  médicale  qu'un  certiOcat  très  laconique. 

Contentons-nous  seulement  d'indiquer  que  dans  notre  thèse 
inaugurale  nous  avons  établi,  avec  des  preuves  à  l'appui,  que 
les  paralytiques  sont  des  syphitiques  dans  la  proportion  de 
98  p.  100  des  cas.  La  fréquence  de  la  syphilis  dans  les  anté- 
cédents de  la  paralysie  générale  a  été  d'ailleurs,  affirmée  en 
France  par  notre  excellent  maître  et  ami  le  D'  Régis,  et  par 
le  professeur  Fournier.  Quelle  cause  eut  jamais  de  meilleurs 
avocal^?  Donc,  la  clinique  nous  oblige  à  tenir  compte  de  la 
syphilis  dans  la  paralysie  générale,  et  Tanatomie  patholo- 
gique nous  amène  à  penser  que  ses  lésions  doivent  être  le 
résultat  d'une  intoxication. 

L^anatomie  pathologique  va  même  un  peu  plus  loin  et  nous 
signale  quelques  détails  de  lésions  que  certains  auteurs,  à 
tort  ou  à  raison,  considèrent  comme  la  signature  de  la 
syphilis.  Nous  faisons  allusion  ici  aux  lésions  vasculaires  dont 
la  fréquence  et  l'intensité  nous  ont  frappé. 

A  l'article  :  Syphilis  médullaire  du  Traité  de  médecine, 

*  Semaine  médicale ^  loc.  cit. 


96  ANATOMIE   PATHOLOGIQUE. 

M.  H.  Lamy*  écrit  :  c  L'importance  des  lésions  vasculaires 
n*a  pas  échappé  aux  auteurs  dont  Tattention  a  été  attirée  sur 
ce  point  (Leyden,  Rumpf,  Siemerling,  Lancereaux,  etc.),  et 
Ton  s'accorde  aujourd'hui  à  leur  faire  jouer  un  rôle  de  pre- 
mier ordre  dans  la  syphilis  de  la  moelle.  Les  modiûcations 
du  côté  des  veines  spinales  sont  précoces  et  généralement 
prononcées.  Greif,  le  premier,  a  signalé  les  lésions  veineuses 
dans  la  syphilis  des  centres  nerveux;  elles  ont  été  retrouvées, 
depuis,  un  grand  nombre  de  fois.  En  ce  qui  concerne  la 
moelle  épinière,  la  phlébite  syphilitique  s'est  montrée  très 
prononcée  dans  les  examens  anatomiques  de  Rums,  Schmaas, 
Goldflam,  Lamy,  Sottas,  etc. 

Tout  récemment,  un  auteur  allemand,  parlant  d'un  cas  de 
paralysie  générale  juvénile,  affirme  qu'elle  est  due  à  la 
syphilis,  parce  que  l'anatomie  pathologique  lui  a  montré  de 
l'artérite  et  de  la  phlébite*.  Certes,  la  spécificité  d'une  altéra- 
tion vasculaire  n'est  point  toujours  facile  à  établir,  et  nous 
nous  garderons  d'affirmer  que  les  lésions  étaient  toutes  de 
nature  syphilitique,  parce  que  le  microscope  nous  a  montré, 
dans  les  vaisseaux  médullaires,  de  l'artérite  et  de  la  phlébite 
suspectes.  Mais  comment  ne  pas  reconnaître  que  la  clinique 
et  l'anatomie  pathologique  se  prêtent  ici  un  mutuel  appui  et 
se  contrôlent  l'une  par  l'autre  I  Quelque  incomplets  que  soient 
les  résultats  fournis  par  chacune  d'elles,  ils  méritent  d'être 
pris  en  sérieuse  considération.  La  syphilis  agirait-elle  direc- 
tement et  primitivement  sur  la  moelle,  ainsi  que  procèdent 
certaines  intoxications,  au  dire  des  auteurs  italiens?  Ou  bien 
s'attaquerait-elle  tout  d'abord  aux  nerfs  périphériques?  Nous 
sommes  convaincus,  pour  notre  part,  que  les  névrites  péri- 
phériques sont  appelées  à  jouer  un  rôle  considérable  dans 
l'histoire  de  la  paralysie  générale.  Les  faits  arrivent  chaque 
jour  plus  nombreux  et  mieux  observés.  Nous  lisons,  dans  les 
Archives  de  la  Neurologie  de  janvier  1898,  un  travail  inté- 
ressant de  M.  Cololian  sur  les  troubles  trophiques  de  la  para- 
lysie générale,  qui  sont  autant  de  signes  de  névrites.  Presque 
toutes  les  lésions  médullaires  de  la  paralysie  générale  peu- 
vent s'expliquer  déjà  par  le  peu  que  nous  savons  des  névrites 
périphériques. 

La  chroraatolyse  des  cellules  médullaires  a  été  observée, 

*  Traité  de  médecine  ChaiTCOi  et  Brissaud,  p.  633. 

•  Semaine  médicale,  i^nw.  1898. 


LESIONS   SPINALES   DE   LA   PARALYSIE   GÉNÉRALE.  97 

notamment,  par  Ballet,  dans  la  névrite  expérimentale*.  Les 
lésions  des  cordons  postérieurs  sont  notées  dans  un  grand 
nombre  d'observations  de  névrites  périphériques.  Pal  a 
observé  en  outre,  chez  un  saturnin,  des  altérations  «  du 
faisceau  cérébelleux  direct  et  du  système  pyramidal*  ». 

Nous  ne  saurions  insister  plus  longuement  sur  ces  faits, 
si  intéressants  pourtant,  sans  sortir  du  cadre  de  ce  travail. 
Disons  seulement  que  Klippel  a  bien  vu  les  altérations  des 
nerfs.  Nous  les  avons  nous- même  rencontrées.  Et  non  pas 
seulement  dans  les  nerfs  des  paralytiques  généraux,  mais 
encore  dans  ceux  d'aliénés  ordinaires,  qui  n'avaient  de  com- 
mun avec  des  paralytiques  généraux  que  de  présenter  dans 
leurs  cordons  postérieurs  des  lésions  analogues. 

V.  —  Des  lésions  spinales  comme  celles  dç  la  paralysie  géné- 
rale ne  se  rencontrent  pas  seulement  dans  les  intoxications 
et  quelques  maladies  connues  de  la  moelle.  Nous  les  avons 
retrouvées,  plus  ou  moins  complètes,  chez  des  vésaniques 
ordinaires. 

Nous  avons  eu  et  nous  avons  encore  sous  les  yeux  un 
nombre  imposant  de  moelles  d'aliénés.  Certains  d'entre  eux, 
qui  étaient  en  même  temps  des  tuberculeux,  présentaient  des 
lésions  des  cordons  postérieurs.  Nous  l'avons  dit  au  Congrès 
de  Toulouse  et  nous  n'étions  pas  éloigné  de  penser  alors  que 
la  tuberculose  avait  joué  un  rôle  important  dans  leur  pro- 
duction, à  titre  de  diathèse  infectieuse.  Ces  lésions,  nous  les 
avons  observées  depuis  chez  des  sujets  aliénés,  mais  non 
tuberculeux.  Elles  sont  le  plus  souvent  limitées  au  cordon 
postérieur,  mais  on  les  voit  quelquefois  s'étendre  dans  le 
territoire  du  faisceau  latéral ,  leur .  topographie  rappelant 
alors  celle  des  lésions  de  la  paralysie  générale.  Dans  quel- 
ques-uns de  ces  cas,  l'altération  du  système  nerveux  périphé- 
rique était  parvenue  à  un  degré  extrême. 

Pouvons-nous  invoquer  encore  dans  ces  cas  l'intervention 
d'agents  toxiques?  La  question  des  auto-intoxications  dans 
les  maladies  mentales  n'est  point  assez  avancée  pour  nous 
permettre  de  nous  prononcera  cet  égard.  D'ailleurs,  nous  ne 
voulons,  pour  l'instant,  que  signaler  ces  faits  curieux  à  plus 

*  Ballet.  —  Leçons  de  clinique  médicale^  1897.  Doin,  éditeur. 
'  Pal,  cité  par  Babinski,  in  Traité  de  médecine  Charcot  et  Brissaud. 
Art.  Névrites. 

Archives,  2*  série,  t.  VL  7 


98  ANATOMIB  PATHOLOOIQUE 

d'un  titre.  Ils  seront  Tobjet  d'une  étude  spéciale.  Est-ce  à 
dire  que  les  lésions  médullaires  de  la  paralysie  générale 
soient  banales,  communes  à  un  grand  nombre  de  maladies 
bien  diiTérentes,  et  que  la  clinique  ne  saurait  tirer  aucun  profit 
de  leur  connaissance?  Nullement.  Si  elles  ne  sont  pas  carac- 
téristiques de  la  maladie,  pas  plus  que  les  autres  lésions 
anatomiques  prises  isolément,  elles  méritent  une  bonne 
place  à  côté  des  meilleurs  signes  anatomo-pathologiques  de 
la  paralysie  générale. 

Et,  s'il  en  est  ainsi,  nous  aurons  à  en  tenir  compte  dans 
l'examen  clinique  de  nos  malades.  En  effet,  puisqu'ils  pré- 
sentent toujours  des  lésions  des  cordons  postérieur  et  latéral, 
que  Tun  est  le  conducteur  de  la  sensibilité,  l'autre,  celui  de 
la  motilité.  Tune  et  l'autre  pourront  être  troublées.  La  lésion 
du  cordon  postérieur  est  parfois  assez  intense  pour  ressem- 
bler à  celle  du  tabès.  On  devrait  voir  alors  les  signes  du 
tabès  s'ajouter  à  ceux  de  la  paralysie  générale.  Quand  elle 
n*est  pas  arrivée  à  ce  degré,  quelques  signes  seulement  pour- 
ront se  manifester. 

Nous  avons  noté  fréquemment,  dans  nos  observations,  des 
troubles  de  la  réflectivité  ;  mais  ces  troubles  ne  sont  pas  tou- 
jours de  môme  ordre  dans  chaque  cas,  et,  dans  le  môme  cas, 
à  différentes  périodes  de  l'évolution  de  la  maladie.  Le  réflexe 
rotulien  est  tantôt  exagéré,  tantôt  aboli,  sans  doute  selon 
la  prédominance  de  la  lésion  du  cordon  latéral  ou  du  cordon 
postérieur.  En  étudiant  les  lésions  de  la  moelle,  nous  sommes 
conduits  à  penser  qu'elles  s'accompagnent  de  lésions  périphé- 
riques si  elles  n'en  sont  pas  la  conséquence.  Il  est  intéressant 
de  rechercher  les  symptômes  des  névrites  périphériques.  Mais 
il  n'est  pas  toujours  aisé  de  rechercher  les  troubles  de  la  sen- 
sibilité chez  un  paralytique  général.  A  une  période  avancée 
de  la  maladie,  cette  recherche  est,  pour  ainsi  dire,  impos- 
sible. Nous  nous  trouvons  en  face  d'un  dément  qui  ne  sait 
pas  nous  rendre  compte  de  ses  impressions  et  des  troubles 
de  sa  sensibilité.  C'est  à  peine  si  sa  force  musculaire  peut  être 
grossièrement  appréciée. 

C'est  dans  la  période  prodromique  de  la  paralysie  générale 
que  les  symptômes  spinaux  et  névritiques  seront  intéressants 
à  observer.  C'est  à  cette  phase  de  la  maladie  qu'ils  pourront 
l'être  le  plus  efficacement.  Il  parait  certain  que  les  paralyti- 
ques, peu  de  temps  après  le  début  de  leur  maladie,  présentent 


LÉSIONS   SPINALES   DE   LA   PARALYSIE   OBNERALB.  99 

des  troubles  moteurs  et  sensitifs  contemporains,  tout  au  moins, 
(les  premiers  troubles  psychiques,  s'ils  ne  les  précèdent  pas. 

CoNCLiTsioNS.  —  ï.  —  Tous  les  paralytiques  généraux  nécrop- 
siés  dans  une  période  de  près  de  deux  ans,  à  Tasile  de  Tou- 
louse, ont  été  reconnus  porteurs  de  lésions  médullaires.  Les 
lésions  spinales  de  la  paralysie  générale  peuvent  intéresser 
tous  les  éléments  constitutifs  de  Taxe  médullaire.  Dans  la 
substance  blanche,  les  fibres  endogènes,  c'est-à-dire  celles 
qui,  dans  le  cordon  antéro-latéral,  entourent  la  corne  anté- 
rieure et,  du  cordon  postérieur,  les  fibres  cornu-commissu- 
rales,  les  fibres  de  cordon,  le  triangle  de  Gombault  et  Phi- 
lippe, le  centre  ovale  de  Flechsig,  la  virgule  de  Schultze,  sont 
presque  toujours  respectsé. 

Les  fibres  exogènes,  au  contraire,  dégénèrent.  Par  ordre 
de  fréquence  et  d'intensité ,  la  dégénérescence  frappe  les 
fibres  radiculaires  moyennes,  les  fibres  longues,  les  fibres 
courtes  dans  le  cordon  postérieur;  le  faisceau  pyramidal 
croisé,  le  faisceau  cérébelleux  direct,  rarement  le  faisceau 
pyramidal  direct,  plus  rarement  encore  le  faisceau  de  Gowers 
du  cordon  antéro-latéral. 

La  substance  grise  est  modifiée  dans  sa  forme  générale  et 
profondément  altérée  dans  ses  détails.  Les  fibres  à  myéline 
sont  plus  rares.  Les  cellules  radiculaires  antérieures  sont 
frappées  d'atrophie  ou  seulement  de  chromatolyse.  Les  cel- 
lules de  Clarke  subissent  le  même  sort.  Il  en  est  apparem- 
ment de  même  des  cellules  de  cordon,  des  cellules  de  la 
corne  postérieure.  La  dure-mère  est  habituellement  nor- 
male, la  pie-mère  souvent  atteinte  de  lepto-méningite  em- 
bryonnaire. La  névroglie  a  proliféré.  Dans  les  artères,  on 
note  de  Tendopériartérite  ;  dans  les  veines,  de  la  phlébite 
embryonnaire. 

II.  —  Il  n'est  pas  toujours  facile  de  donner  à  ces  faits  une 
interprétation  rationnelle.  La  dégénération  du  faisceau  pyra- 
midal croisé  ne  peut  être  considérée,  dans  tous  les  cas, 
comme  une  dégénération  descendante  ayant  pour  point  de 
départ  la  lésion  de  la  cellule  pyramidale  de  l'écorce.  Les 
lésions  du  cordon  postérieur  s'expliqueraient  par  une  dégé 
nération  ascendante  des  fibres  radiculaires.  Les  cellules  de 
Clarke  sont  atteintes  au  même  titre  et  au  même  degré  que  les 
autres  portions  du  système  sensitif  dont  elles  font  partie.  La 


400  RECUEIL  DE   FAITS. 

chromatolyse  des  cellules  radiculaires  aurait  sa  raison  d'être 
s'il  existait  une  névrite  périphérique  que  la  clinique  dénonce 
et  que  Tanatomie  pathologique  soupçonne. 

III.  —  Les  lésions,  prises  dans  leur  ensemble,  ressemblent, 
comme  topographie  et  comme  processus,  à  celles  que  pro- 
duisent les  intoxications  par  les  poisons  minéraux,  par  les 
poisons  organiques  ou  par  les  toxines.  Or,  de  par  la  clinique, 
le  paralytique  semble  bien  être  intoxiqué,  puisqu'il  est,  dans 
la  grande  majorité  des  cas,  un  syphilitique.  En  outre,  les 
lésions  vasculaires  observées  sont  bien  de  celles  que  la  syphilis 
a  coutume  de  produire, 

IV.  —  Envisagées  à  un  autre  point  de  vue,  les  lésions 
médullaires  observées  dans  la  paralysie  générale  ne  sont  pas 
absolument  caractéristiques  de  la  maladie;  elles  méritent 
cependant  de  prendre  rang  à  côté  des  meilleurs  signes  ana- 
tomopalhologiques  de  la  maladie.  De  leur  connaissance,  la 
clinique  peut  tirer  quelque  profit.  Puisque  la  lésion  des  con- 
ducteurs de  la  motilité  et  de  la  sensibilité  est  aussi  profonde 
et  aussi  constante,  elle  doit  se  manifester,  de  bonne  heure, 
par  des  symptômes  qu'il  sera  intéressant  de  bien  observer. 
Ils  aideront  à  faire  un  diagnostic  précoce  de  la  maladie.  Et 
qui  sait  si,  de  ce  diagnostic  précoce,  ne  pourrait  pas  résulter 
un  traitement  efficace? 


RECUEIL  DE  FAITS, 


GUÉRISO.N   D'UN    DÉLIRE   CHRONIQUE    SYSTÉMATISÉ, 

NON  LIÉ  A  DE  LA  DÉGÉNÉRESCENCE; 

Par  le  D'  Alexandre  PARIS 
Médecin  en  chef  de  l'asile  d'aliénés  de  Mare  ville-Nancy. 

Voici  d'abord  le  fait  sur  lequel  repose  cette  note  : 

Sommaire.  —  Délire  systématisé  de  persécution  et  de  grandeur.  Pas 
de  signes  antérieurs  de  dégénérescence.  Fièvre  typhoïde  suivie  de 
guérison  de  la  maladie  mentale.  Enseignements  résultant  de  ce  fait. 

C...  K...,  âgée  de  quarante-quatre   ans,  dont  les  antécédents 


GUÊRISON   d'un   DELIRE   CHRONIQUE   SYSTEMATISE.  lOi 

héréditaires  seraient  bons,  d*après  ses  enfants,  et  qui  ne  présentait 
aucun  signe  de  déséquilibration  mentale  avant  le  début  de  la  ma- 
ladie qui  ramène  à  Maréville,  en  février  1894,  est  atteinte  depuis 
quelques  années  de  délire  systématisé,  parfois  atténué  ou  dissi- 
mulé au  point  de  faire  croire  à  une  convalescence,  parfois  accom- 
pagné d^excitation  qui  éclatait  dans  son  ménage  sous  Tinfluence  de 
discussions,  de  simples  contradictions  opposées  à  ses  idées  déli- 
rantes. Pendant  un  de  ces  moments  de  surexcitation,  elle  se  pré- 
cipita même  d'un  premier  étage  dans  la  rue  et  se  fractura  une 
jambe.  Elle  voulait  fuir,  nous  a-t-elle  dit  plus  tard,  son  mari,  qui 
se  disposait  à  lui  faire  un  mauvais  parti;  en  réalité,  elle  espérait 
ne  pas  se  blesser  et  faire  croire  que  son  mari  lavait  jetée  par  la 
fenêtre.  Cette  première  accusation  n'est  rien  à  côté  de  toutes  celles 
extrêmement  graves  qu'elle  a  souvent  portées  et  qui  auraient  eu 
pour  son  mari  les  conséquences  les  plus  douloureuses  si  sa  con- 
duite leur  avait  donné  seulement  un  semblant  de  bien  fondé. 

D'abord  dominée  par  des  idées  de  persécution  de  la  part  de  son 
mari  et  de  diverses  personnes  qui  la  jalousaient,  qui  le  détour- 
naient d'elle,  qui  favorisaient  son  inconduite  (idées  de  jalousie,  etc.), 
elle  ne  tarda  pas  à  arriver  aux  idées  de  vengeance.  Elle  échafauda 
contre  H.  K...  tout  un  système  d'accusations  assez  habilement 
combinées  de  façon  à  le  représenter  comme  espion  au  service  de 
la  triple  alliance. 

Séquestrée,  elle  accusa  naturellement  médecins,  anciens  amis, 
etc.,  de  favoriser  les  projets  de  son  mari,  de  divulguer^  toutes  les 
confidences  qu'elle  leur  avait  faites  et  de  la  maintenir  internée 
pour  éviter  des  révélations  ;  elle  prit  en  aversion  toutes  les  per- 
sonnes qu'elle  connaissait,  même  les  amies  de  ses  filles  qu'elle 
accusait  aussi  de  pactiser  avec  ses  pires  ennemis. 

Elle  arriva  insensiblement  à  se  figurer  qu'elle  était  aussi  victime 
de  très  hauts  personnages,  de  la  cour  d'Italie  notamment,  qui 
redoutaient  de  la  voir  revendiquer  ses  droits,  car  des  révé- 
lations (hallucinations),  sur  lesquelles  elle  ne  pouvait  donner 
aucun  renseignement,  lui  avaient  appris  qu'elle  était  la  fille 
d'un  roi,  etc. 

C'est  avec  ce  délire  absolument  fixe  de  persécution  et  de  gran- 
deur et  de  l'excitation  cérébrale,  qu'elle  était  transférée  dans  notre 
service  en  février  1894.  Bientôt  les  idées  ambitieuses  et  l'exagéra- 
lion  du  sentiment  de  la  personnalité  prédominaient  nettement  ;  la 
malade  se  croyait  douée  d'une  très  grande  intelligence,  de  talents 
très  développés,  etc.;  c'est  ainsi  qu'elle  se  donnait  comme  dotée 
d'une  voix  dont  elle  tirait  merveilleusement  parti,  qu'elle  cherchait 
parfois,  en  chantant  à  tue-tête  et  avec  une  prétention  inouïe,  à 
attirer  sur  elle  l'attention  de  son  entourage  et  à  le  gagner  à  sa 

'  Uallucinations. 


102  RBCUBIL  DE   FAITS. 

cause  *;  c'est  ainsi  é^'alenient  qu'elle  faisait  étalage  de  l'amitié 
du  général  X...,  dont  elle  menaçait  de  solliciter  rinter?entiou,etc. 

Cet  état  persista  pendant  plusieurs  mois  sans  se  modifier  ;  les 
nombreuses  lettres  qu'elle  nous  remit  pour  diverses  personnes  ne 
comprenaient  qu'expressions  de  haine,  reproches,  récriminations, 
menaces  et,  de  temps  en  temps,  des  allusions  relatives  à  sa  haute 
origine,  aux  machinations  que  les  jaloux  dirigeaient  contre  elle, 
contre  sa  fille  aînée,  etc. 

11  semblait,  en  juin  1894,  que  les  sentiments  affectifs  repa- 
raissaient, nous  l'avions  du  moins  noté,  mais  nous  avons  appris 
ensuite  qu  elle  dissimulait,  qu'elle  ne  manifestait  le  désir  de  voir 
son  mari  ou  ses  enfants  que  pour  les  accabler  de  reproches. 

Une  de  nos  notes  d'octobre  1894  est  ainsi  conçue  :  Persistance 
des  mêmes  idées,  très  autoritaire,  ne  supporte  pas  la  moindre 
contrariété,  grossière  dès  qu'elle  rencontre  le  moindre  obstacle  à 
la  réalisation  de  ses  désirs. 

En  novembre  1894,  notre  collègue  du  service  des  hommes,  appelé 
pendant  un  intérim  à  examiner  l'état  mental  de  cette  malade, 
commençait  ainsi  son  certifîcat  :  <  ...  est  atteinte  de  délire  systé- 
matisé chronique  caractérisé  par  des  idées  de  persécution  et  des 
idées  de  grandeur,  se  dit  victime  de  son  mari,  prétend  être  la  fille 
de  Victor-lî)m manuel...  > 

Le  28  décembre,  M^'-'K...  était  alitée  par  suite  de  fièvre  typhoïde. 

15  janvier  1895  :  la  fièvre  continue  évolue  sans  complications  ; 
les  idées  délirantes  persistent,  moins  accusées  toutefois,  exprimées 
avec  moins  de  spontanéité. 

La  convalescence  arrive  fin  Janvier  laissant  les  anciennes  idées 
délirantes  simplement  atténuées,  la  malade  ne  les  exprimant  plus 
avec  autant  de  conviction  et  de  ténacité. 

Au  commencement  de  février  se  produit  une  rechute,  la  fièvre 
reparait  intense,  avec  céphalée,  etc.,  mais  les  idées  délirantes  dis- 
paraissent totalement;  M***^  K...  en  rit,  les  déclare  spontanément 
fausses. 

J'étais  tellement  persuadé  que  M'"^  K...  était  incurable,  que  ce 
changement  si  radical  ne  se  maintiendrait  pas,  qu'il  ne  serait  que 
passager,  comme  il  arrive  souvent  en  pareille  occurrence,  que  je 
crus  prudent  de  prolonger  la  séquestration;  je  ne  me  décidai  à 
signer  l'exeat  qu'en  avril  1895. 

J'ai  eu  récemment  (avril  1898)  des  nouvelles  de  M'"''  K.:.  ;  elle  se 
maintient  très  bien.  Je  pense  que  cette  période  de  trois  ans  qui 
s'est  écoulée  depuis  la  sortie,  me  permet  de  publier  ce  fait  sans 
crainte  de  critiques  relativement  k  la  réalité  de  la  guérison. 

Voilà  donc  un  cas  de  délire  systématisé,  dont  le  début  re- 

*  Délire  professionnel  chez  cette  malade  autrefois  bonne  musicienne. 


CAS   DB  FIÈVRES   TYPHOÏDES   CHEZ   DES  ALIENES.  103 

montait  à  plusieurs  années,  que,  en  Tétai  actuel  de  nos 
connaissances  psychiatriques,  j'aurais  déclaré  incurable,  à 
Texemple  de  tous  mes  collègues,  si  la  question  de  curabilité 
m'avait  été  posée;  une  fièvre  typhoïde  aurait  nettement  fait 
éclater  mon  erreur. 

L'histoire  de  cette  guérison  nous  montre  que  nous  ne 
sommes  pas  encore  assez  instruits  pour  affirmer  l'incurabilité 
d'une  vésanie  qui  ne  s'accompagne  pas  de  déchéance  intel- 
lectuelle annonçant  la  démence.  J*en  conclus  que  le  délire 
systématisé  chronique,  non  associé  à  de  la  dégénérescence 
mentale,  n'est  actuellement  incurable  que  parce  que  nous 
en  ignorons  les  causes  et  la  nature  intimes  et,  par  suite,  la 
thérapeutique. 


A  PROPOS  DE  CINQUANTE  CAS  DE  FIÈVRE  TYPHOÏDE 
CHEZ   DES   ALIÉNÉS; 


Par  M.  Roger  HYVERT, 
Interne  des   asiles   de  la    Seine. 


Ayant  eu  l'occasion  assez  rare  d'observer  plusieurs  cas  de 
Gëvre  typhoïde  chez  des  aliénés,  il  nous  a  paru  intéressant 
de  réunir  quelques  faits  publiés  récemment  sur  ce  sujet  et  de 
rechercher  si  la  dothiénenterie  a  eu,  dans  ces  observations, 
une  influence  salutaire  sur  les  troubles  psychiques. 

En  France  nous  ne  connaissons  que  des  cas  isolés  ;  il  n'en 
va  pas  de  même  à  l'étranger  où  cette  question  est  étudiée 
avec  soin.  En  Angleterre,  notamment,  J.  Kean  (in  ihe  Jour- 
nal of  mental  science)  a  observé  38  cas  de  fièvre  typhoïde. 
Il  oppose  ce  chifi're  à  six  cas  seulement  de  scarlatine  et 
arrive  à  cette  conclusion,  que  l'amélioration  de  l'état  men- 
tal survient  plus  souvent  à  la  suite  de  la  fièvre  scarlatine 
qu'à  la  suite  de  la  fièvre  typhoïde.  Pour  celle-ci  le  febris 
spasmos  solvit  serait  au  moins  inexact. 

Nous  arrivons  à  une  opinion  peu  différente  si  nous  consul-' 
tons  plusieurs  rapports  annuels  des  asiles  de  province  :  il 
Q*est  pas  fait  mention  de  guérisons  ou  d'améliorations  pro- 
voquées par  la  fièvre  typhoïde. 


104  RECUEIL   DE   FAITS. 

Personnellement,  nous  avons  observé  avec  soin  dix  ma- 
lades atleinls  de  dothiénenterie  grave.  L'état  mental  n'a 
été  modifié  d'une  façon  certaine  que  pour  deux  malades. 
Nous  verrons  que  pour  l'un  d'eux  la  guérison  ne  saurait  être 
scientifiquement  attribuée  à  la  dothiénenterie.  L'autre  se  rap- 
proche beaucoup  d'une  observation  longuement  publiée  dans 
les  Archives  de  Neurologie  {n^  5,  année  1896)  par  M.  Char- 
ron. En  résumé,  le  malade  de  M.  Charron  était  atteint  de 
manie  aiguë  très  violente.  Une  fièvre  typhoïde  à  forme  ady- 
namique  grave  se  déclare.  Pendant  la  période  d'état,  dispa- 
rition brusque  et  complète  des  symptômes  maniaques  durant 
un  mois.  L'état  maniaque  antérieur  revient  bientôt  suivi  d'une 
amélioration  progressive.  Dans  notre  observation,  c'est  une 
forme  de  manie  qui  a  bénéficié  également  du  fait  de  la  dothié- 
nenterie d'une  véritable  suppression  des  manifestations  vésa- 
niques. 

M"*^  Dr...,  vingtans.  Entrée  le  26  juin  i896.  Manie  aiguë,  suite  de 
couches  ;  loquacité  exagérée,  insomnie,  idées  rapides,  souvent 
incohérentes;  difficulté  de  fixer  l'attention  de  la  malade  :  éclats 
de  rire  et  vociférations;  délire  obscène  et  penchants  erotiques. 

Elle  crie  souvent,  se  déshabille.  On  est  obligé  de  la  nourrir  à  la 
sonde;  la  sensibilité  est  normale.  Au  mois  de  juillet  l'agitation  est 
toujours  violente.  Sommeil  la  nuit.  Gàtii>me. 

Le  20  août  nous  la  faisons  entrer  à  rinfirmerie,  parce  qu'elle  a 
de  la  fièvre  I/excitation  est  un  peu  moins  forte.  Le  lendemain  et 
les  jours  suivants,  la  température  monte,  se  maintient  très  élevée  ; 
taches  rosées,  langue  rôtie,  presque  tous  les  signes  d*une  fièvre 
typhoïde  à  la  période  d*état.  La  malade  est  devenue  plus  calme, 
mais  elle  répond  encore  mal  aux  questions  qu'on  lui  pose,  fait  des 
grimaces,  ne  veut  pas  que  son  mari  s'appelle  M.  Br...,  mais  bien 
M.  V...  Puis  tout  à  coup  cette  agitation  très  légère  disparaît. 

M™^  Br...  dit  elle-même  qu'elle  va  très  bien.  Et  de  fait  Tamélio- 
ration  de  son  état  mental  persiste  ;  le  18  septembre,  la  fièvre  est 
tombée  définitivement.  La  malade  ne  tarde  pas  à  se  lever  quelques 
heures  par  jour  :  elle  fait  de  la  tapisserie  et  des  Ûeurs  artificielles. 
Au  mois  d'octobre  elle  quitte  l'asile. 

Voilà  deux  cas  de  manie  qui  paraissent  avoir  été  nettement 
améliorés  par  la  maladie  intercurrente.  Plusieurs  aliénistes 
ont  observé  à  la  fois  et  la  fréquence  des  maladies  incidentes 
dans  la  manie  et  l'amélioration  consécutive  de  cette  vésanie, 
amélioration  et  de  courte  durée  presque  toujours. 

Mais  la  curabilité  de  la  manie  ôte  à  ces  observations  beau- 


CAS  DE  FIÈVRES   TYPHOÏDES   CHEZ   DBS   Â.L1BNBS.  105 

coup  de  leur  valeur  d'autant  plus  que  ces  modifications  favo- 
rables sont  loin  de  se  produire  pour  tous  les  cas.  D'autre  part, 
que  le  pronostic  de  la  manie  vienne  à  se  trouver  assombri 
par  de  nombreux  antécédents  héréditaires,  la  guérison  du 
fait  de  la  fièvre  typhoïde  deviendra  hypothétique.  M"*  B... 
entrée  huit  jours  avant  M"*®  Br...,  a  des  antécédents  hérédi- 
taires très  chargés.  Le  père  et  la  mère  présentent  de  nom- 
breux stigmates  de  dégénérescence  et  leurs  sentiments  affec- 
tifs sont  tels  qu'ils  souhaitent  la  mort  de  leur  fille  et  redou- 
tent sa  guérison.  Le  certificat  du  premier  jour  est  ainsi  conçu  : 
«  maniaque;  refus  de  manger;  erreur  de  personnalité;  pleure 
quand  une  gardienne  qu'elle  croit  sa  parente  s'éloigne;  doit 
avoir  des  hallucinations  de  la  vue  (fixité  du  regard),  perte  de 
mémoire,  anesthésie  cutanée.  >Âu  commencement  de  juillet, 
elle  se  montre  d'une  gaîté  exagérée.  Le  16  juillet  elle  est 
transférée  à  l'infirmerie  avec  le  diagnostic  de  fièvre  typhoïde. 
La  malade  continue  à  rire  à  propos  de  tout.  La  maladie  inci- 
dente guérit,  M"*  B...  se  lève  au  mois  d'août  sans  que  son 
état  mental  ait  jamais  changé. 

Ainsi  donc,  dans  l'observation  de  M,  Charron,  ladothiénen- 
terie  parait  avoir  provoqué  une  dérivation  passagère  ;  cette 
dérivation  a  été  plus  durable  dans  notre  observation  de 
M"*  Br...  (bien  que  nous  ayons  perdu  la  malade  de  vue  depuis), 
cnBn,  dans  le  cas  de  M"*B...,  il^n'y  a  pas  eu  de  dérivation  du 
tout.  Nous  ne  résumerons  qu'une  autre  observation  person- 
nelle dans  laquelle  il  est  difficile  d'attribuer  à  la  dothiénen- 
terie  une  curieuse  guérison. 

M"«  G...,  vingt  ans.  Diagnostic.  Imbécillité.  Parle  et  comprend 
peu,  absence  d'initiative.  Sentiments  affectifs  peu  prononcés. 
Délire  mystique  avec  hallucinations  de  la  vue  et  de  l'ouïe,  infanti- 
lisme, oreilles  séniles  et  pointues  à  Textrémité  supérieure.  Héré- 
dité chargée. 

Six  semaines  après  son  entrée  elle  fait  une  fièvre  typhoïde.  Elle 
reste  apathique  et  indifférente.  Cinq  jours  plus  tard,  elle  a  deux 
gros  frissons  :  le  premier  a  duré  vingt  minutes,  le  second  environ 
one  heure.  Elle  contracte  une  broncho-pneumonie  très  forte. 
Tétanie.  Les  accidents  typhiques  et  broncho-pulmonaires  dispa- 
raissent; un  mois  et  demi  après  l'invasion  de  la  fièvre^  la  malade 
«  relativement  »  guérie  obtient  sa  sortie. 

Ce  dernier  cas  nous  donne  une  idée  des  difficultés  de  cette 
étude. 


106    REVUE  d'electrophysiolooib  et  d*élbctrothbrapie. 

Est-ce  la  dothiénenterie  qui  a  pu  améliorer  une  aliénée 
fortement  dégénérée  et  héréditaire  ?  est-ce  la  broncho-pneu- 
monie, ou  encore  Passociation  de  Tune  et  de  l'autre?  Cas 
exceptionnel,  il  est  vrai,  que  celui  de  M"*  G...  Voilà  donc 
cinquante  cas  de  fièvre  typhoïde  ;  simple  coïncidence  peut- 
être  la  manie,  dans  deux  cas,  a  bénéficié,  en  apparence,  d'une 
influence  salutaire  du  fait  de  cette  fièvre  éruptive. 

Les  autres  formes  de  folie,  en  général,  n*ont  pas  été  modi- 
fiées. Ces  études  dont  Tutilité  est  incontestable,  paraissent 
donc  devoir  être  moins  fécondes  pour  la  dothiénenterie  que 
pour  d'autres  manifestations  inflammatoires  d'origine  micro- 
bienne telles  que  la  pneumonie,  la  grippe,  Térysipèle,  le 
phlegmon,  etc.  C'est  de  ce  côté  plutôt  qu'il  y  a  au  moins  des 
recherches  de  mise  au  point  à  entreprendre.  Il  serait  d'ail- 
leurs important  de  connaître  le  lieu  de  causalité  grâce  auquel 
la  maladie  somatique  modifie  la  maladie  mentale.  Enfin  il  ne 
faudrait  pas  se  borner,  ainsi  que  le  dit  un  Anglais,  John 
Bullen,  qui  a  étudié  ces  questions  comme  Kean,  à  constater 
les  expériences  de  la  nature  ;  il  faudrait  tenter  de  les  inter- 
préter, arrivera  savoir  si  Ton  ne  pourrait  pas  obtenir  volon- 
tairement des  résultats  analogues  ou  même  meilleurs. 


REVUE  D'ELECTROPHYSIOLOGIE 
ET   D'ÉLECTROTHÉRAPIE 


I.  —  Electrophysiologie. 

Dans  Tannée  qui  vient  de  s'écouler,  quelques  travaux  très  impor- 
tants méritent  d'être  cités.  En  premier  lieu  celui  de  MM.Ch.  Richet 
et  A.  Broca  sur  V action  de  V électricité  sur  le  muscle  privé  (f  oxygène  K 
Leurs  expériences  ont  porté  sur  le  jambier  antérieur  et  la  langue 
du  chien  et  ont  démontré  que  si  on  laisse  l'animal  au  repos  com- 
plet pendant  l'asphyxie,  la  fibre  musculaire  n'est  pas  profondément 
atteinte.  Aussitôt  que  l'ox^'gène  est  revenu,  si  on  excite  le  muscle, 
on  voit  que  la  contraction  reprend  une  valeur  assez  voisiue  de  sa 

•  Arch,  d'électr,-7)iéd.  janv.  1897. 


REVUE  D*BLBCTROPHYSIOLOGIE   ET   d'ÊLBCTROTHBRAPIK.      107 

ralear  initiale,  quoique  toujours  un  peu  plus  faible.  Mais  si  on  pro- 
duit Texcitatioa  électrique  pendant  l'asphyxie,  pendant  les  trois 
premières  minutes  Texcitation  augmente  un  peu  ;  puis,  au  moment 
où  les  mouvements  respiratoires  commencent  à  se  ralentir,  la  con- 
traction devient  moins  forte  et  disparaît  complètement  au  bout  de 
la  septième  ou  huitième  minute.  L*affaiblissement  est  d'autant  plus 
grand  que  le  travail  effectué  par  le  muscle  est  lui-même  plus 
grand  et  il  est  beaucoup  moins  prononcé  pour  la  langue  que  pour 
le  janobier. 

Les  effets  consécutifs  varient  suivant  les  conditions  de  Texpé- 
rience:  si  on  u  poussé  l'épuisement  à  Textrême,  Je  muscle  est  défi- 
oitirement  mort  et  plusieurs  heures  après  le  retour  de  l'oxygène,  il 
continue  à  ne  pas  répondre  à  l'excitation.  Lorsqu'on  a  poussé  la 
fatigue  à  un  état  voisin  de  l'épuisement,  le  muscle  continue  à  mou- 
rir, même  si  on  lui  rend  l'oxygène. 

L'excitation  électrique  à  cette  période  accélère  la  mort  du 
muscle.  Lorsque  le  travail  anaérobie  a  été  moindre,  il  suffit  de 
rendre  Toxygène  au  muscle  pour  que  son  excitabilité  reparaisse 
assez  rapidement;  la  période  de  restauration  est  même  activée 
par  on  travail  régulier  à  Taide  de  la  faradisation. 

Dans  toutes  ces  expériences,  la  langue  résiste  plus  que  le  jam- 
bier  à  cause  de  sa  vascularisatlou  considérable  et  de  la  possibilité 
qu'ont  ses  muscles  de  fixer  l'oxygène  à  travers  la  muqueuse. 

Au  point  de  vue  pratique,  ces  recherches  ont  un  intérêt,  car 
elles  montrent  que  la  faradisation  est  contre-indiquée  dans  les  cas 
où  comme  dans  la  paralysie  pseudohypertrophique  et  certains 
antres  il  y  a  vaso-constriction  spasmodique  parce  qu'elle  conduit 
à  des  lésions  irréparables. 

A  M.  Allard  nous  devons  une  étude  du  tétanos  électrique  chez 
l'homme,  qui  aboutit  aussi  à  un  enseignement  pratique.  En  effet, 
les  limites  entre  lesquelles  varient  le  nombre  d'excitations  tétani- 
santes pour  un  même  muscle  sont  assez  restreintes,  ce  qui  permet 
d'établir  une  moyenne  pour  un  muscle  donné  ;  d'autre  part,  les 
nombres  d'excitations  nécessaires  pour  produire  le  tétanos  diffèrent 
dans  des  proportions  notables  d'un  muscle  à  l'autre.  On  peut  donc, 
par  la  comparaison  du  nombre  d'excitations  tétanisantes  du  muscle 
sain  et  de  son  similaire  malade,  se  faire  une  idée  assez  exacte  de 
la  durée  de  la  contraction  du  muscle  atteint  et  voir  si  cette  durée 
diffère  de  la  normale  par  excès  ou  par  défaut.  La  comparaison  des 
nombres  obtenus  à  diiierentes  époques  peut  renseigner  aussi  sur  la 
marche  du  mal.  Au  point  de  vue  thérapeutique,  la  connaissance  du 
nthme  des  excitations  nécessaires  pour  faire  entrer  un  muscle 
malade  en  tétanos  parfait  est  utile,  parce  qu'il  convient  de  graduer 
le  nombre  des  excitations  suivant  ce  même  rythme,  si  on  veut  évi- 
ter la  fatigue  du  muscle. 

Les  recherches  de  Richard  Fischel  sur  les  modifications  toniques 


108    RBVUB  d'klbctrophysiologie  et  d'êlbctrothbrapib. 

et  autres  dea  quatre  segments  du  cœur  des  mammifères  soumis  à  Vex- 
citation  électrique  ^ ^  nous  raontrenl  que  chaque  segment  du  cœur 
est  doué  d'une  activité  indépendante  manifestée  par  raliorythmie 
et  l'arythmie  de  chacun  d'eux  dont  les  contractions  ne  correspon- 
dent pas.  11  en  conclut  que  Thypothèse  de  Krowecker  et  Scheiiey 
sur  Tezistence  d'un  centre  coordinateur  unique  des  mouvements 
du  cœur  n'est  pas  exacte.  Les  courants  induits  moyens  accélèrent 
les  contractions  rythmiques  du  cœur,  l'augmentation  d'intensité 
détermine  l'arythmie. 

Les  excitations  électriques  empêchent  Tarrêt  des  contractions  du 
cœur  empoisonné  par  le  chloroforme,  ce  qui  justifie  l'emploi  de 
Télectricité  dans  les  syncopes  chloroformiques. 

Avec  Danilewsky  et  Bordier,  nous  entrons  de  nouveau  dans  l'étude 
des  réactions  du  système  nerveux.  Le  premier  nous  montre  inaction 
du  champ  électrique  oscillant  sur  un  nerf  placé  dans  ce  champ. 

i<>Dans  une  première  expérience  le  champ  électrique  oscillant 
produit  la  charge  électrique  de  la  préparation  neuro-musculaire 
isolée.  Si  on  établit  la  communication  avec  le  sol  ou  si  on  approche 
la  main  de  la  préparation,  des  contractions  peuvent  se  manifester. 
—  2<»  Avec  une  tension  plus  grande  du  champ  oscillant,  il  y  a  des 
contractions  spontanées.  On  en  observe  aussi,  si  au  lieu  d'augmen- 
ter le  courant  on  approche  la  préparation  d'un  des  pôles  de  la  spi- 
rale secondaire,  l'autre  étant  en  communication  avec  le  sol. 

Si  on  réunit  le  bout  central  du  nerf  au  muscle  au  moyen  d'un 
conducteur  collatéral  formant  circuit  fermé,  l'excitation  induite 
s'affaiblit  et  le  muscle  ne  se  contracte  pas.  Les  excitations  induites 
se  produisent  également  quand  la  préparation  neuro-musculaire 
se  trouve  parfaitement  isolée  dans  un  vase  de  fer  bouché,  ou  quand 
elle  est  plongée  tout  entière  dans  de  Thuile  de  vaseline.  Elles 
subissent  un  affaiblissement  considérable  ou  cessent  complètement 
lorsqu'on  interpose  un  conducteur  relié  au  sol  entre  la  préparation 
et  le  pôle  de  l'électrode  libre.  Le  long  d'un  fil  induit  la  contraction 
se  produit  quand  ou  promène  la  préparation  à  20  ou  25  centi- 
mètres du  fil. 

^  L'auteur  a  pu  aussi  constater  des  phénomènes  d'interférence  de 
l'action  des.deux  pôles.  Lorsqu'on  place  la  préparation  entre  les  deux 
électrodes  terminant  le  fil  induit,  il  y  a  contraction  si  la  position  est 
dissymétrique,  repos  si  elle  est  symétrique.  L'excitation  induite  du 
nerf  peut  aussi  se  produire  si  le  circuit  de  la  bobine  secondaire 
d'induction  se  trouve  fermé.  On  obtient  l'excitation  induite  du  nerf 
même  à  travers  le  corps  de  plusieurs  personnes  placées  sur  des 
tabourets  isolants.  11  est  très  facile  aussi  avec  une  spirale  acces- 
soire introduite  dans  le  circuit  secondaire  interrompu  ou  non,  de 
provoquer  l'excitation   des  nerfs   sensilifs  de  la  main.    En  mel- 

*  Arch.far  exper,  Path,  and  Phann.,  t.  XXX VIII. 


RfiVUK  d'électrophtsiologie  kt  d'électrothbrapie.     109 

tant  un  animal  entier  dans  cette,  spirale,  on  renaarque  qu*il 
reçoit  une  grande  charge  électrique  dont  la  décharge  peut  servir  à 
l'exciter. 

Le  second  nous  montre  que  la  sensibilité  estd*autant  plus  irritée 
par  les  courants  faradiques  que  la  bobine  secondaire  a  un  01  plus 
Gn.  Il  faut  donc  quand  on  veut  électriser  les  muscles  employer  des 
bobines  à  gros  01. 

M.  Dubois  '  (de  Berne),  étudiant  Taction  physiologique  du  courant 
galvanique  dans  sa  période  d'état  variable  de  fermeture,  a  démon- 
tré :  \^  que  l'effet  physiologique  dépend  beaucoup  plus  du  voltage 
qae  de  l'intensité  du  courant  ;  2^  que  la  résistance  propre  du  corps 
dont  dépend  nécessairement  Tintensité,  n'a  presque  pas  d'influence 
sur  l'action  physiologique  d'une  fermeture  de  courant  ;  3<^  que  des 
résistances  rhéostatiques  intercalées  dans  le  circuit  principal  abo- 
lissent l'effet  physiologique  d'une  fermeture  de  courant,  alors 
même  que  ces  résistances  sont  par  leur  valeur  en  ohms  absolu- 
ment négligeables  vis-à-vis  de  la  résistance  du  corps.  11  conclut  de 
ces  recherches  que  l'effet  physiologique  doit  se  mesurer  au  volt- 
mètre et  non  au  galvanomètre. 

M.  Bordier  a  communiqué  au  congrès  de  Moscou  ses  recherches 
expérimentales  sur  l'action  des  états  variables  du  courant  galva- 
nique sur  les  nerfs  sensitifs.  Ces  recherches,  destinées  à  compléter 
et  à  préciser  celles  de  Erb  ont  été,  faites  en  prenant  comme  point 
de  comparaison  V apparition  de  la  sensation  électrique  minima.  Il  a 
aassi  démontré  que  la  sensation  de  fermeture  précède  toujours 
celle  d'ouverture  au  pôle  +  et  que  les  sensations  produites  par  les 
étals  variables  de  fermeture  et  de  rupture  du  courant  se  suivent 
dans  l'ordre  suivant  NF,  PF,  PO,  NO,  ce  qui  les  rend  très  ana- 
logues aux  secousses  motrices.  Ces  expériences  semblent  bien 
démontrer,  en  outre,  que  les  nerfs  sensitifs  sont  excités  par  l'action 
propre,  directe  du  courant  palvaniqiie,  car  si  l'action  électroly- 
tique  seule  produisait  l'excitation  sensitive,  il  serait  difOcile  d'ex- 
pliquer la  loi  des  secousses  qui  ressort  des  expériences  sus-énon- 
cées. 

II.   —  Elkctrodiagnostic. 

L'électrodia^nostic  tient  encore  une  place  importante  dans  l'es- 
prit des  électrothérapeutes;  aussi  aurons-nous  un  certain  nombre 
de  travaux  intéressants  à  résumer. 

En  premier  lieu,  celui  de  Roumaillac,  préparateur  à  la  faculté 
de  médecine  de  Bordeaux,  sur  V électrodiagnostic  et  son  utilité  ^. 

Dans  la  chirurgie  du  pied  bot,  l'examen  électrique  des  muscles 
permet  de  reconnaître  les  muscles  sains  et  ceux  qui  sont  malades, 

'  Acad.desSc.y  12juil.  1897. 
«  Arch.  d'éleclr.-méd,,  fév.  1897. 


no      REVUE  D*BLBCTROPHYSI0LOOIB  ET  d'ÉLECTROTHBRAPIE. 

de  faire  entrevoir  par  une  contraction  forte  quelle  sera  Tattitude 
du  pied  après  la  niyotomie,  enfin  TéLat  de  Tinnervation.  Si  Je 
muscle  n'obéit  plus  à  Texcitation  indirecte,  malgré  l'opération,  il 
dépérira.  L'exploration  électrique  permet  également  de  distin- 
guer chez  un  malade  soumis  à  des  intoxications  multiples  (aIçocH 
lisme  et  saturnisme)  de  distinguer  quelle  est  la  cause  de  la  paraly- 
sie ;  enfin  il  permet  de  prescrire  un  traitement  électrique  utile  et 
raisonné  pour  le  choix  du  pôle  actif  suivant  les  réactions  neqro- 
musculaires.  Les  règles  tracées  par  Fauteur  :  repos  absolu  de  la 
région  à  analyser,  emploi  de  l'intensité  minima,  sont  aussi  très 
judicieuses. 

En  second  lieu,  une  très  bonne  étude  de  M.  Carlo  Luraschi,  de 
Milan,  sur  les  méthodes  à  employer.  Première  méthode  :  force 
électromotrice  variable,  collecteur  toujours  à  zéro,  électrode  diffé- 
rente fixe  :  la  contraction  normale  minima,  apparaît  avec  un  cou- 
rant de  2  à  2,5  Ma.  Pour  obtenir  la  contraction  avec  le  pôle  positif 
il  faut  une  intensité  de  0,5  à  2  Ma  plus  grande  qu'avec  le  pôle  néga- 
tif. Dans  la  seconde  méthode,  lorsqu'on  a  trouvé  la  contraction 
minima  de  fermeture  avec  l'électrode  différente  négative,  on 
cherche  la  contraction  minima  avec  l'électrode  différente  positive 
en  renversant  directement  le  courant  sans  porter  le  collecteur  au 
zéro.  Dans  ce  cas  il  y  a  une  cause  d'erreur  due  à  la  polarisation 
des  électrodes  et  des  tissus  qu'on  peut  éviter  en  reculant  la  manette 
du  collecteur  d'un  ou  deux  numéros  ou  en  faisant  usage  du  com- 
mutateur. Une  fois  la  contraction  minima  trouvée  on  recherche  la 
contraction  tétanique  soit  par  l'excitation  directe  du  muscle,  soit 
par  celle  du  nerf,  en  faisant  agir  le  pôle  négatif.  On  obtient  alors 
les  contractions  à  l'ouverture  et  à  la  fermeture  de  Tanode  et  à 
l'ouverture  de  la  cathode. 

Dans  la  troisième  méthode  on  utilise  une  intensité  connue  et  on 
ferme  et  ouvre  successivement  le  courant,  l'électrode  active  étant 
tenue  à  la  main.  On  renverse  le  courant  avec  le  commutateur  pour 
étudier  l'action  différente  des  pôles.  Cette  méthode  est  surtout  utile 
chez  les  personnes  sensibles. 

Dans  la  quatrième  méthode  on  intercale  dans  le  circuit  un  rhéos- 
tat qui  permet  plus  d'exactitude  dans  l'examen.  Au  premier  con- 
grès international  de  neurologie,  psychiatrie,  électricité  médicale 
et  hypnologie  de  Bruxelles,  M.  le  professeur  Doumer  (de  Lille)  a 
présenté  un  très  intéressant  rapport  sur  la  valeur  séméiologique 
des  réactions  anormales  des  nerfs  et  des  muscles.  11  se  pose  d'abord 
les  deux  questions  suivantes  :  le  muôcle  répond-il  directement  aux 
excitations  électriques?  Lorsqu'il  est  excité  par  l'intermédiaire  du 
nerf  correspondant,  par  quel  mécanisme  se  fait  cette  excitation  ? 

11  lui  semble  logique  d'admettre  que  l'excitation  du  muscle,  lors- 
qu'elle se  fait  par  l'intermédiaire  de  son  point  d'élection,  n'est  pas 
une  excitation  directe  du  tissu  musculaire,  mais  bien  pour  une 


RBVtJB  d'kLBCTROPHYSIOLOGIB   ET   d'ÉLECTROTHBRAPIB.       111 

très  grande  part  une  excitation  indirecte  qui  emprunte  l'influence 
des  filets  terminaux  qui  aboutissent  à  ce  muscle. 

Se  basant  ensuite  sur  les  expériences  de  M.  Charpentier  (de 
Nancy)  qui  a  démontré  que  la  contractioD  musculaire  provoquée 
par  Texcitation  d*un  nerf  n*est  pas  due  à  la  transmission  directe  à 
l'organe  réagissant  de  l'excitation  électrique  elle-même,  mais  de 
celte  excitation  transformée  en  onde  nerveuse,  il  conclut  que  si 
DOûs  constatons  à  la  suite  de  l'excitation  d'un  nerf  moteur  une 
réaction  musculaire  anormale,  celle-ci  ne  peut  s'expliquer  que  par 
trois  hypothèses  :  altération  de  la  substance  nerveuse  qui  trans- 
forme anormalement  l'excitation  électrique,  altération  du  cordon 
nerreux  en  aval  du  point  excité;  altération  du  muscle.  On  peut 
donc  poser  comme  règle  que  les  réactions  anormales  sont  toujours 
liées  à  une  altération  des  organes  explorés. 

Les  diverses  réactions  décrites  depuis  trente  ans  (réactions  de 
dégénérescence,  myotonique,  de  compression,  de  diatbèse  de  con- 
tractore,  d'épuisement,  etc.)  sont  des  syndromes  électriques  consti- 
toès  par  des  réactions  élémentaires  ou  des  successions  de  réac- 
tions élémentaires  qui  sont  le  plus  souvent  absolument  indépen- 
dantes et  possèdent  sans  doute  chacune  leur  signification  propre. 

Dans  l'étude  des  réactions  anormales  élémentaires  il  distingue 
deux  catégories  :  la  première  comprend  les  modifications  quanti- 
tatives des  excitabilités  voltaïque  et  faradique^  la  seconde  les  ano- 
malies de  la  secousse  musculaire  consécutive. 

L'hypoexcitabilité  faradique  (réaction  de  Duchenne)  se  produit 
soit  dans  les  altérations  du  cordon  nerveux  moteur,  le  muscle  res- 
tant sain  ;  soit  dans  les  altérations  du  muscle,  le  nerf  restant  sain; 
soit  lorsqu'il  j  a  altération  simultanée  du  nerf  et  du  muscle.  Cette 
réaction  nous  enseigne  que  l'organe  moteur  est  altéré  dans  ses  pro- 
priétés fondamentales  en  aval  du  point  exploré  ou  en  ce  point  lui- 
même;  elle  reste  muette  sur  les  lési'ons  situées  eu  amont  et  ne 
noos  rensei^'ne  en  rien  sur  la  nature  de  l'altération. 

L'hypoexcitabilité  voltaïque  sans  aucune  modification  qualitative 
est  due  aussi  bien  à  une  altération  du  nerf  exploré,  qu'à  celle  du 
muscle  ou  des  deux  organes.  KUe  correspond  a  une  altération  sié- 
geant soit  au  point  exploré,  soit  en  aval  de  celui-ci.  Aucune  alté- 
ration des  centres  nerveux  ou  du  cordon  nerveux  en  amont  de  ce 
point  ne  peut  la  produire. 

L'hyperexcitabilité  faradique  et  voltaïque  sans  modifications  qua- 
litatives se  rencontre  dans  les  mômes  cas  et  suivant  toute  proba- 
bilité est  caractéristique  des  mômes  conditions  pathologiques;  mais 
celles-ci  sont  encore  très  imparfaitement  connues.  Les  modifîca- 
lions  qualitatives  des  excitations  voltaïques  engendrent  des  réac- 
tions anormales  nombreuses.  La  réaction  d'Erb  est  symptomatique 
d'une  altération  du  cordon  nerveux  au  point  môme  de  l'explora- 
lioQ.  Cette  altération  atteint  très  probablement  le  neurone  corres- 


112      RBVUB   D*BLBCTROPHTSIOLOQIB   BT   d'bLBCTROTHBRAPIB. 

pondant.  Elle  esl  absolument  indépendante  de  Tétat  de  santé  ou 
de  maladie  de  toutes  les  parties  de  Tappareil  nervo-musculaire, 
situées  en  dehors  de  ce  point,  soit  en  amont,  soit  en  aval. 

La  réaction  de  Rich  (R.  de  compression)  semble  répondre  à  une 
altération  de  l'irri^^alion  sanguine  du  nerf.  Rien  cependant  dans 
les  cas  pathologiques  ne  permet  encore  de  rapporter  à  cette  cause 
Texistence  de  cette  réaction. 

Pour  l'étude  des  modifications  de  la  courbe  de  la  secousse  mus- 
culaire, il  faut,  comme  l'a  fait  M.  Mendelshon,  inscrire  cette 
secousse.  Il.y  a  quatre  types  bien  distincts  :  1^  courbe  spasmodique 
(temps  perdu  diminué,  ascension  de  la  courbe  plus  brusque,  des- 
cente plus  longue,  amplitude  diminuée.);  2^  courbe  paralytique 
(allongement  de  la  période  latente,  diminution  de  la  hauteur  de  la 
courbe);  3«  courbe  atrophique  (augmentation  du  temps  perdu, 
augmentation  de  la  durée  «le  la  secousse,  ascension  lente,  descente 
lente,  amplitude  diminuée);  4**  courbe  dégénérativequi  a  les  mêmes 
caractères  que  la  précédente  avec  cette  différence  que  la  ligne  des- 
cendante présente  des  ondulations. 

111.  —  Electrothérapik. 

La  neurasthénie  a  fourni  encore  un  champ  de  recherches  très 
étendu  aux  électrothérapeutes  que  nous  avons  en  grande  partie 
résumées  dans  un  rapport  à  la  Société  française  d'électrothérapie 
et  un  autre  au  1®*'  congrès  international  de  neurologie,  psychia- 
trie, électricité  médicale  et  hypnologie  de  Bruxelles.  En  dehors  de 
la  faradisation  généralisée  et  de  la  voIta!«ation  centrale  préconi- 
sées par  Beard  et  Rokewell,  M.  R.  Vigouroux  a  depuis  longtemps 
mis  en  lumière  les  avantages  de  la  franklinisation.  Depuis  Betton, 
Massey  a  proposé  la  voltaïsation  du  sympathique  à  l'aide  de  très 
larges  électrodes  appliquées  Tune  sur  le  dos,  l'autre  sur  le  ventre 
et  dans  lesquelles  il  fait  passer  un  courant  de  50  à  150  Ma.  Pour  les 
applications  périphériques,  il  se  sert  également  du  courant  vol- 
taïque,  électrode  indifférente  placée  dans  le  dos,  électrode  active 
de  3  centimètres  de  diamètre  sur  les  points  moteurs  des  muscles 
avec  une  intensité  de  15  à  35  miili-ampères. 

MM.  les  docteurs  Apostoli  et  Planet  (Soc.  franc,  d'électrothé- 
rapie,  1897-98)  ont,  dans  plusieurs  notes,  fait  connaître  les  bons 
résultats  qu'ils  obtenaient  au  moyen  de  Tauto-conduction  produite 
par  les  courants  de  haute  fréquence  provenant  de  Tappareil  ima- 
giné par  M.  le  professeur  d'Ârsonval  sur  les  neurasthéniques  arthri- 
tiques. Chez  les  neurasthéniques  qui  présentent  en  même  temps 
des  stigmates  ou  des  signes  d'hystérie,  ils  donnent  la  préférence  à 
la  franklinisation. 

Le  D'  G.  Rauzier  {Montpellier  médical^  n»  27,  1897)  propose 
dans  le  traitement  des  poliomyélites  d'associer  la  galvanisation  de 


RBTUB  d'blbctrophtsiolooib  bt  d*blbctrothérapib.    113 

!a  moelle  arec  la  faradisation  des  muscles;  on  peut  aussi  ajouter  à 
ce  Irailement,  comme  Ta  proposé  Je  D^  Huet,  la  galvanisation 
simultanée  du  grand  sympathique.  L'électrisation  statique,  qui  a 
aussi  été  essayée,  ne  semble  pas  donner  d'aussi  bons  résultats  que 
les  moyens  précédents.  Le  traitement  électrique  doit  être  appliqué 
longtemps,  des  mois  et  des  années  môme  quelquefois  ;  on  aura 
soin  de  l'interrompre  pendant  quelques  jours  tous  les  mois.  On  ne 
doit  y  renoncer  que  lorsqu'il  n'est  survenu  aucun  progrès  pendant 
on  espace  de  temps  assez  long. 

M.  le  professeur  Doamer  (de  Lille)  a  montré  par  plusieurs  obser- 
TalioDS  présentées  à  la  Société  française  d'électrothérapie,  que  le 
succès  du  traitement  électrique  dans  la  poliomyélite  antérieure  de 
l'enfant  dépend  du  moment  où  commence  le  Iraitement.  Plus  il 
esthàlif,  plus  les  chances  de  succès  sont  grandes.  On  doit  donc  le 
commencer  dès  que  la  période  fébrile  a  pris  fin. 

Nous  avons  communiqué  au  Congrès  international  de  médecine 
de  Moscou  les  résultats  que  nous  avions  obtenus  au  laboratoire 
d'électrothérapie  de  la  Charité,  en  traitant  les  paralysies  saturnines 
par  les  courants  alternatifs  à  basse  fréquence  provenant  directe- 
ment du  secteur  de  la  rive  gauche  {Arch.  d'élecir.  méd.  15  sep- 
tembre 1897).  Des  neuf  observations  présentées,  nous  avons  pu 
conclure  :  1^  que  le  courant  alternatif  provenant  d'une  station 
centrale  est  bien  supporté  par  le  malade  à  la  condition  que  l'opéra- 
tear  dispose  de  bons  rhéostats. 

t*  Que  l'effet  des  courants  alternatifs  sur  les  nerfs  sensitifs  est 
beaucoup  moins  prononcé  que  celui  des  courants  faradiques  avec 
lesquels  on  ne  pourrait  employer  un  courant  primaire  de  10  à 
12  volts.  L'effet  mécanique  est  plus  énergique  et  moins  brutal  que 
celui  des  courants  faradiques. 

ÂQ  contact  de  ces  courants  la.  peau  rougit  comme  lorsqu'on  la 
soamet  à  l'action  du  pinceau  faradique. 

L action  des  courants  alternatifs  ressemble,  sans  y  être  tout  à 
fait  identique,  à  celle  de  la  gaivano-faradisation  de  Watteville. 

Pour  terminer,  nous  citerons  un  remarquable  travail  de  M.  le 
professeur  Bergonié  {Arch,  d'éleclr,  méd,  ocl.,  1897)  sur  le  traite^ 
ment  électrique  palliatif  de  la  névralgie  du  trijumeau  par  le  courant 
Toltaîque.  Le  principe  de  ce  traitement  est  que  l'intensité  soit  très 
élevée,  de  35  à  50  W  pour  une  électrode  de  35  centimètres  carrés. 
Le  pôle  positif  doit  être  appliqué  loco  dolenti.  Pour  cela  il  faut  une 
électrode  spéciale  qui  s'applique  bien  sur  les  sinuosités  de  la  face. 
Cette  électrode  est  constituée  par  une  plaque  d'étain  laminé  de 
1  à  2  millimètres  d'épaisseur,  bien  isolée  sur  ses  bords  au  moyen 
d'ooc  bande  de  caoutchouc  et  garnie  d'une  couche  de  1  cent.  1/2 
d'épaisseur  de  gaze  hydrophile.  L'électrode  est  maintenue  en 
place  à  l'aide  de  bandes  de  caoutchouc  convenablement  placées. 
Dans  ces  conditions,  le  traitement  galvanique  de  la  névralgie  du 

Archives,  2*  série,  t.  VL  8 


114  RBVUB  DE  PÂTHOLOOIB  NBRVBUSB. 

trîjameau  par  les  hautes  intensités  et  les  longues  durées  (20  à 
25  minutes)  d'application  peut  être  considéré  comme  Tun  des 
plus  efficaces.  Appliqué  suivant  une  technique  correcte,  ce  traite- 
ment est  exempt  de  tout  inconvénient,  à  plus  forte  raison  de  tout 
danger.  Son  action  doit  être  probablement  classée  parmi  les  effets 
électrolytiques  du  courant,  effets  atteignant  aussi  bien  les  termi- 
naisons périphériques  que  le  tronc  et  les  racines  du  nerf  affecté. 

L.-H.  Régnier. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 


XXV.  ACCÈS  CONVULSIPS  ÉPILBPTIQUES  ET  EXAGÉRATION  [OE  LA  PUTRÉ- 
FACTION intestinale;  par  d*ANGERio.  {Biv,  cUnica  e  therap.,  d9  3, 
1897.) 

Histoirecliniqued*unjeune  homme  de  vingt-quatre  ans,qui,  par  ses 
antécédents  héréditaires  et  personnels,  peut  être  considéré  comme 
un  dégénéré,  un  épileptique  prédisposé  au  mal  par  V hérédité;  mais 
qui  pendant  son  enfance  et  son  adolescence  n'a  présenté  que  de 
très  rare^  vertiges,  avec  tendance  à  la  chute,  et  chez  qui  les  accès 
convulsifs  se  sont  manifestés  pour  la  première  fois  à  Tâge  de  vingt- 
trois  ans,  à  la  suite  d'excès  d'alimentation  compliqués  d'embarras 
gastrique  avec  constipation.  Ge5  accès  furent  très  violents,  aug- 
mentèrent de  fréquence  peu  à  peu  jusqu'à  ne  plus  pouvoir  être 
comptés.  Sous  l'influence  d'évacuants  énergiques  (débâcle  de  fèces, 
abondantes  et  fétides),  d'antiseptiques  intestinaux,  de  calmants  et 
de  diète  lactée,  disparition  complète  des  accès  convulsifs  qui 
n'ont  pas  reparu  depuis  six  mois.  L'auteur  rappelle  les  travaux  de 
Bouchard  et  ceux  de  Feré,  Voisin,  Petit,  Massalongo,  Lépine,  etc., 
tendant  à  établir  les  rapports  entre  i'épilepsie  et  les  auto-intoxi- 
cations. Son  cas,  en  montrant  d'une  façon  certaine  l'enchaîne- 
ment causal  entre  l'embarras  grstrique,  la  constipation,  la  putré- 
faction intestinale,  l'auto-intoxication  et  l'accès  convulsif,  démontre 
que,  s'il  y  a  une  épilepsie  gastrique,  il  y  a  aussi  une  épilepsie  intesti- 
nale, dues  Tune  et  l'autre  à  Tintoxication  résultant  de  la  putréfaction 
d'aliments  mal  digérés.  Il  ne  pense  pas,  comme  Voisin,  que  les 
poisons  de  l'économie  produisent  l'excitation  des  centres  convul- 
sifs chez  les  prédisposés,  en  contractant  les  vaisseaux  cérébraux 
par  l'intermédiaire  des  centres  vaso-moteurs  du  bulbe.  Il  croit 
plutôt  que  les  produits  toxiques  agissent  directement  sur  les  élé- 
ments nerveux  de  Técorce,  produisant  un  paroxysme  épileptique, 
en  rapport  avec  les  régions  intéressées.  R.  Charon. 


RBVUB  DB  PATHOLOGIB  NBRVBUSB.  IIS 

XXVI.  Tic  dr  l'horloger;  par  T.  Cohn.  (îfeuroîog.  Centralbl.  XVL 

1897.) 

Homme  de  qaarante-huit  ans,  exerçant  depuis  trente-quatre 
ans  son  métier,  et,  depuis  vingt  ans,  sans  trêve,  seul,  de  8  heures 
dn  matin  à  8  ou  9  heures  du  soir.  Pendant  la  plus  grande  partie  de 
ec  temps,  rœil  gauche  est  armé  d'une  loupe  enclavée  dans  Tar- 
cade  sourcilière,  comme  un  monocle.  11  y  a  deux  ans,  à  la  suite 
d*DD  travail  prolongé,  il  ressentit  autour  de  cet  œil  une  vibration 
scintillante,  espèce  de  convulsion  qui  se  répandit  à  toute  la  moitié 
gauche  de  la  face;  s*accenluant  graduellement,  sous  la  forme  de 
contraction  tonique,  puis  décroissant  de  même,  mais  forçant  le 
patient  à  se  lisser  en  quelque  sorte  la  peau  du  visage  avec  la  main. 
D'abord,  cette  crampe  n'apparaissait  que  dans  la  journée;  puis 
elle  commença  avec  le  matin,  subsistant,  se  montrant  même  en 
dehors  du  travail.  Actuellement  elle  persiste  du  matin  au  soir, 
avec  de  faibles  interruptions  d'un  quart  d'heure  ou  d'une  demi- 
heure;  elle  est  également  provoquée  de  temps  à  autre  par  les  mou- 
vements musculaires  en  rapport  avec  la  parole,  la  mastication,  le 
bâillement,  Tacte  de  se  moucher.  Ni  douleurs,  ni  paresthésies,  ni 
affection  mentale.  Ce  tic  occupe  tout  le  facial,  mais  surtout  la 
branche  moyenne,  et  en  particulier  Torbiculaire  de  Tœil;  variable 
dans  son  intensité  et  son  rhythme,  il  est  presque  continu,  car  on 
constate  dans  le  constricteur  de  Toelly  en  permanence,  une  ondula- 
tion légère  de  quelques  trousseaux  musculaires  ;  les  convulsions 
affectent  parfois  la  forme  tonique,  surtout  à  l'occasion  des  mouve- 
ments des  muscles  de  la  face.  Traitement  :  le  patient  s*est  fait  cons- 
truire une  lunette  munie,  pour  l'œil  gauche,  d^un  verre  noir;  pour 
Tœil  droit,  de  la  loupe  professionnelle.  P.  Keraval. 

XXVII.  Dbcx  observations  de  poliobncéphaute  hemorrhagique  supé- 
mcRB  aigub  (de  Wernigke)  ;  par  W.  Mourawieff.  {Neurolog.  Cen- 
tralbL,  XVI,  1897.) 

Observation  I.  —  Femme  de  quarante-six  ans.  Céphalalgies 
opiniâtres.  Attaques  d'épilepsie  corticale.  Hémiparésie  gauche. 
Âmblyopie  aboutissant  très  rapidement  à  Tamaurose.  Névrite  op- 
tique sans  papille  étranglée.  Blépharoptose  droite.  Immobilité  pres- 
que complète  du  globe  de  Tœii  droit.  Dilatation  des  pupilles  ;  la 
pupille  droite  ne  réagit  pas  à  la  lumière;  celle  de  gauche  réagit 
lentement.  Douleurs  dans  le  dos  et  le  tronc.  Absence  de  réflexes 
palellaires.  Autopsie.  Un  sarcome  (à  cellules  rondes)  occupe  la 
partie  moyenne  de  la  frontale  ascendante  droite.  Inflammation 
hémorragique  dans  le  territoire  de  la  protubérance,  des  pédoncules 
cérébraux  et  des  gros  ganglions,  avec  localisation  principale  autour 
da  caual  central.  Dégénérescence  des  racines  postérieures  et  des 


116  RBVUB  DB  PATU0L061B  NBRVEUSB. 

cordons  postérieurs  de  la  moelle  :  l»  La  dégénérescence  des  racines 
posiérieures  sur  toute  la  hauteur  de  la  moelle,  n'affectant  point,  aux 
divers  étages,  tout  à  fait  le  même  contingent  de  fibres,  explique 
les  douleurs  de  la  nuque  et  du  dos,  s'irradiant  à  la  région  du  foie, 
l'absence  des  réflexes  cutanés  et  tendineux.  £lle  dérive,  suivant 
toutes  probabilités,  de  Tiiifluenza  et  a  dû  provoquer  rinûammalion 
mixte  parenchymato-interstitielle  constatée  dans  les  cordons  pos- 
térieurs, surtout  dans  les  faisceaux  cunéiformes  dn  Goll,  au  niveau 
des  régions  thoraciques  et  cervicales;  épaississement  des  travées 
conjonctives  avec  diminution  de  la  quantité  des  éléments  nerveux. 

—  2^  La  tumeur  des  ascendantes  droites  explique  les  céphalalgies 
compliquées  de  temps  à  autre  de  vomissements,  d'obnubilation  de 
la  connaissance,  d'accidents  parétiques  du  facial,  du  bras  et  de  la 
jambe  gauche,  les  attaques épileptiformes  (épilepsiejacksonienne). 
Il  y  a  longtemps  que  la  malade  avait  cette  tumeur,  si  Ton  en  juge 
d'après  son  volume  el  Taplatissement  des  circonvolutions.  Mais  les 
accidents  symptomatiques  de  Taugmeutation  de  la  pression  intra- 
crânienne  n'apparurent  qu'à  la  suite  de  l'inHuenza;  jusque-là  le 
cerveau  s'était  adapté  à  Taccroissenient  de  la  tumeur  et  à  la  modi- 
fication de  la  pression  correspondante;  l'infection  a  détruit  l'équi- 
libre relatif,  tant  par  les  troubles  de  la  circulation  que  par  fin- 
toxication  immédiate  qu'elle  a  produits.  Si  la  craniotonoscopie 
n'a  fourni  qu*un  résultat  négatif,  c'est  que  les  os  n'étaient  point 
atteints.  —  2"  Dans  le  pont  de  Varole  et  dans  les  pédoncules  céré- 
braux on  constate  :  une  hyperémie  extrême  ;  une  colossale  dilata- 
tion des  capillaires  farcis  d'hémalies;  une  accumulation  de  cel- 
lules rondes  autour  des  vaisseaux  et  dans  le  tissu  ambiant  ;  une 
encéphalite  aiguë  avec  nombreuses  petites  hémorrhagies.  Cette 
encéphalite  hémorrhagique  est,  au  point  de  vue  morphologique,  la 
forme  de  Wernicke,  ou,  si  Ton  préfère,  la  forme  de  Strûnipell, 
modifiée  àTusage  des  pédoncules  cérébraux  et  de  la  protubérance. 

—  4<^  La  diminution  progressive  de  Vacuité  visuelle  était  due,  et  à 
la  névrite  optique,  et  aux  lésions  des  centres  visuels  sous-corticaux  : 
petites  hémorragies  et  inflammation  des  tubercules  quadriju- 
roeaux,  des  couches  optiques  des  corps  genouillés.  La  névrite  op- 
tique émane  de  l'encéphalite  en  question  d'autant  qu'il  y  a  eu  infec- 
tion. —  S*»  Les  paralysies  du  nerf  oculo-moteur  commun  droit  et  du 
pathétique  du  même  côté  sont  expliquées  par  l'inflammation  hémor- 
ragique des  noyaux  correspondants  des  nerfs.  Peut-être,  vu  l'inté- 
grité du  noyau  de  Voculomoteur  externe  droit  paralysé,  bien  que  ce 
noyau  5oit  extrêmement  congestionné,  |pourrait-on  penser  pour 
expliquer  sa  paralysie,  à  la  lésion  du  faisceau  longitudinal  supé- 
rieur en  rapport  intime,  très  probable,  avec  le  noyau  de  la  sixième 
paire. 

OnsERVATroN  IL   —  Absence  de  mouvements  conjugués  consen* 


JIBVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  117 

snels  des  deux  côtés,  sans  paralysie  des  muscles  des  yeux.  Blépha- 
roplose  bilatérale.  Nystagmus,  inégalité  pupillaire.  Psychose  poly- 
néTritique  ;  névrile  muililoculaire.  Guérison.  P.  Kkraval. 

XXVIII.  Observation  de  paralysie  de  l'oculomoteur  commun  a  réci- 
dives périodiques;  par  ij.  Kuatschkin.  (Neurolog.  CenlraibL, 
XVI,  1797.) 

Type  de  paralysie  de  Toculomoleur  Gpmmun  gauche  d^origine 
maremmatiqne,  purement  périodique  puisque  en  dehors  des  accès 
paralytiques,  Toeil  demeure  normal  (Senator).  Evidemment,  il 
s'agit  d'une  atfection  périphérique  de  l'oculomoteur,  puisque  la 
paralysie  musculaire  s'accompagne  d'un  trouble  de  la  réaction 
pupillaire  à  la  lumière  comme  à  la  convergence  ;  si  Técorce  ou  la 
iubâtaDce  blanche  voisine  était  atteinte,  la  pupille  resterait 
normale.  L'ensemble  de  l'oculomoteur  commun  étant  pris,  il  n*y  a 
pas  d'altération  limitée  du  système  des  fîbres  qui  unit  Textrémité 
centrale  du  nerf  optique  à  Toculomoteur;  si  cette  partie  était  seule 
lésée,  on  n'observorait  que  de  la  mydriase.  Une  lésion  nucléaire 
entraiiie  rarement  une  paralysie  des  muscles  intrinsèques  de 
Tceil;  de  plus,  en  ce  cas,  les  deux  yeux  sont  aiïectés  ainsi  que,  tôt 
ou  tard,  d'autres  nerfs  crâniens.  Il  n'y  a  pas  de  troubles  fonc- 
tionnels des  membres;  donc  il  n'y  a  pas  lésion  de  cette  partie  de 
i'oeulomoieurqui  occupe  la  substance  du  pédoncule  cérébral.  Enfin, 
il  faut  noter  un  trouble  marqué  de  la  sensibilité  afférente  au 
oerf  SQs-orbitaire.  Nous  avons  affaire  &  une  névrite  infectieuse  par 
Tageot  de  la  malaria,  ou  peut<être,  comme  le  veut  Goldûam  par 
uo  véritable  élément  organique.  P.  Kbraval. 

XXIX.  Contribution  a  la  pathologie  des  paralysies  buldospinalbs 
spASHODico-ATROPHiQUEs ;  par  A.  Hoche.  (Neurolog,  CentralbL, 
XVI,  1897.) 

Elude  d'un  cas  de  sclérose  latérale  amyotrophique  combinée  & 
une  paralysie  bulbaire  progressive  ;  analyse  microscopique  par  la 
méthode  de  Marchi  et  par  celle  de  Weigert.  Figures.  En 
d'autres  termes,  il  s'agit  d'une  paralysie  nucléaire  bulbospinale 
spa^modique  qui,  après  un  an  et  demi  de  durée,  entraîna  la  mort 
par  Tatteinte  du  pneumogastrique.  Dégénérescence  de  tout  le  sys- 
tème moteur  et  surtout  des  systèmes  de  fibres  qui  servent  à  unir 
les  divers  plans  des  noyaux  moteurs  (nerfs  crâniens  et  nerfs  spi- 
naax)  du  faisceau  longitudinal  postérieur  et  des  courtes  fibres  des 
cordons  antérieurs  et  latéraux;  altérations  des  fibres  radicu- 
laires  des  nerfs  moteurs  de  l'œil,  du  facial,  de  l'hypoglosse,  de 
Taccessoire,  du  glossopharyngien,  du  nerf  vague  ;  lésions  relative- 
ment faibles  des  cellules  nerveuses. 


418  RBYUE  DB  PATHOLOGJB  NBRVEUSB. 

Si,  dit  l'auteur,  nous  laissons  de  côté  les  lésions  irrégulières  que 
Ton  peut  observer  çà  et  là,  telle  la  dégénérescence  du  ruban  de 
Reil,  du  faisceau  de  Gowers  et  môme  des  cordons  postérieurs 
(Brissaud)  ;  le  bilan  anatomique  des  paralysies  bulbospinales  spas- 
modico-atrophiques  se  présente  comme  suit  :  1^  déchéance  du 
neurone  cortical  moteur;  dégénérescence  du  faisceau  pyramidal 
jusqu'à  sa  terminaison.  —  2»  Déchéance  du  neurone  moteur  péri- 
phérique; c'est-à-dire  du  conducteur  moteur  qui  va  des  noyaux 
des  nerfs  crâniens  et  spinaux  à  l'extrémité  musculaire.  —  3^  Dé- 
chéance des  cellules  commissurales  et  des  fibres  commissurales 
dans  Técorce  du  cerveau,  dans  le  fnisceau  longitudinal  postérieur, 
et  dans  les  cordons  antéro-latéraux  de  la  moelle.     P.  Kebaval. 

XXX.  Contribution  a  la  parestbésie  des  nerfs  cutanés  de  la  cuisse; 
par  Th.  Benoa.  (Neurolog.  CentraWL  XVI.  1897.) 

Homme  de  cinquante-huit  ans,  serrurier.  Depuis  trente  ans,  depuis 
>a  campagne  d'Autriche,  i)  ressent  à  la  cuisse  droite  une  légère 
brûlure  qui  progresse,  surtout  la  nuit  et  le  fait  crier  dans  son  lit  ; 
cette  sensation  a  bien  diminué  au  bout  de  quelques  semaines, 
nais  elle  est  devenue  continue.  Les  commémoratifs  révèlent  des 
convulsions,  des  soucis,  des  excès  alcooliques.  En  1878,  ictus  suivi 
d'hémiplégie  gauche  avec  perte  de  connaissance  passagère;  depuis, 
éfi  temps  à  autre,  légers  vertiges  avec  perte  de  connaissance.  La 
sensation  de  brûlure,  comparée  par  le  malade  à  celle  que  produi- 
rait un  sinapisme,  occupe  la  face  externe  de  la  cuisse  droite,  du 
grand  trochanter  au  condyle  externe,  et  la  face  antérieure  du 
même  membre,  de  quelques  travers  du  doigt  au-dessous  du  liga- 
ment de  Poupart  à  quelques  travers  du  doigt  au-dessus  du  genou  ; 
quand  il  frotte  cette  région  avec  la  main,  il  lui  semble  qu'il  pro- 
mène de  la  viande  crue  sur  la  peau.  Les  paresthésies  sus-iudiquées  ne 
se  montrent  maintenant  qu'à  l'occasion  de  la  marche  et  de  la  sta- 
tion debout,  elles  cessent  dès  qu'il  s'assied  ou  se  couche.  Rien  à  la 
peau  ;  la  pression  n'est  pas  douloureuse,  mais  elle  provoque  la  sen- 
sation de  velu.  Il  existe  un  affaiblissement  de  la  sensibilité  dou- 
loureuse et  des  réflexes  cutanés,  le  sens  thermique  est  conservé. 
Traitement  au  pinceau  faradique  ;  action  favorable  à  la  condition 
qu'on  ne  le  suspende  pas.  C'est  une  névrite.  P.  Keraval. 

XXXI.  Observation  d'athétose  avec  autopsœ  ;  par  M.  Sandir. 
(Neurolog,  Centralbl.  XVI,  1897.) 

Longue  observation  clinique.  Démence  paralytique  compliquée 
à  plusieurs  reprises  d'accidents  paralytiques  à  droite,  avec  phéno- 
mènes spasmodiques  des  plus  considérables  du  côté  droit.  A  la 
suite  de  nouveaux  ictus,  s'installent  des  mouvements  choréiformes 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  119 

des  extrémités  droites,  puis  des  convulsions  spontanées,  isolées 
eofiQ  une  alhétose  nette  de  la  main  droite.  Cette  athétose,  qui  ne 
s*arréte  que  quand  le  sommeil  est  très  profond,  est  si  intense  qu'il 
se  produit  une  inflammation  considérable  des  gaines  tendineuses 
et  que  pour  Talténuer,  car  elle  est  douloureuse,  le  malade  doit 
maiotenir  cette  main  à  Taide  de  Tautre. 

Jusqu'ici,  dans  la  plupart  des  cas  d'athétose  hémilatérale  avec 
autopsie,  on  a  trouvé  une  affection  en  foyer  de  l'hémisphère  céré- 
bral du  côté  opposé,  surtout  dans  le  voisinage  de  la  capsule  in- 
terne. Trois  observations  concernent  une  affection  corticale,  mais 
sans  qu'on  puisse,  comme  le  dit  Eichhorst,  exclure  l'atteinte  de  la 
coDche  optique  ou  du  corps  strié.  Même  remarque  à  l'égard  des 
cas  de  Kussner  et  Ewald  [Arckiv,  f,  Psychiat.^  VIII,  i878),  très 
semblables  à  la  présenta  observation  ;  ces  auteurs  n'ont  rencontré 
que  les  lésions  corticales  de  la  paralysie  générale.  Ici,  en  outre 
de  )a  lésion  corticale,  il  y  a  atrophie  très  marquée  de  lacouche  optique 
correspondante,  M.  Sander  tend  à  penser  que  celte  atrophie  est 
primitive,  car,  même  lorsqu'on  est  en  présence  de  lésions  encé- 
phaliliques corticales  des  plus  graves,  il  est  bien  rare  de  voir  une 
atrophie  aussi  avancée  de  la  couche  optique.  Il  n'est  guère  admis- 
sible de  rattacher  cette  atrophie  à  l'affection  corticale  car,  si  l'un 
des  hémisphères  était  en  effet  bien  plus  atteint  que  Tautre,  le  pro- 
cessus encéphalitique  était  partout  le  même  et  diffus  comme  en  de 
nombreux  autres  faits.  Or,  comment  expliquer  que  dans  ces  faits-là 
il  n'y  ait  pas  eu  d'athétose  ?  La  couche  optique  a  été  génératrice  de 
ralhétose.  Tel  était  d'ailleurs  son  recoquillement  qu'il  peut  expli- 
quer la  lésion  des  voies  motrices  voisines,  la  dégénérescence  des 
pjramides;  celle-ci,  contrairement  à  ce  que  Ton  voit  dans  la  para- 
lysie générale  ordinaire,  était  aussi  intense  au-dessus  de  l'entre- 
croisement, et  dépendait,  par  conséquent,  moins  deTaffection  cor- 
ticale que  de  l'atrophie  de  la  couche  optique. 

Pathogénie.  La  lésion  des  conducteurs  moteurs,  n'interrom- 
pant point  tout  à  fait  le  courant  nerveux,  oppose  quelque  résis- 
tance à  l'influx  nerveux  qui  acquiert  une  tension  donnée.  Les  cel- 
loles  motrices  de  l'écorce,  continuant  à  fonctionner,  dégagent 
conlinueilement  leur  courant  nerveux  qui,  par  les  pyramides,  va 
aux  cellules  des  cornes  antérieures  ;  mais  ce  courant  rencontre 
l'obstacle  en  question  (la  lésion)  et  il  se  fait  au-dessus  de  celui-ci 
une  accumulation  d'énergie  ;  dès  que  celle-ci  a  acquis  une  certaine 
force,  elle  surmonte  les  résistances  qu'elle  rencontre  à  l'endroit 
de  la  lésion  et  se  manifeste  sous  la  forme  d'un  mouvement  très 
intense  dont  le  rythme,  par  intervalles  égaux,  est  dû  à  l'égalité 
des  deux  générateurs  :  force  des  résistances  dans  la  voie  conduc- 
trice, et  intensité  du  courant  nerveux.  L'exagération  de  l'athétose 
se  fera  surtout  sentir  quand  le  courant  nerveux  sera  renforcé  à 
l'occasion  des  mouvements  volontaires  ;  la  diminution  du  courant 


1:20  RBVUB  DB  PATHOLOOIE  NERVBUSB. 

nerTeux  par  le  soinineil  entraîne  la  disparition  de  Tathétose.  Cette 
théorie  explique  pourquoi  il  n  y  a  pas  d'athôlose  dans  toutes  les 
hémiplégies;  il  n'y  en  a  pas  quand  les  conducteurs  des  pyramides 
sont  complètement  et  irréparablement  interrompus,  ni  qaand  le 
territoire  cortical  moteur  est  détruit.  En  effet,  il  faut,  pour  qu'il  y 
ait  athétose,  que  le  courant  puisse  passer  à  un  certain  moment. 

P.  Keraval. 

XXXII.  Un  cas  d'ivresse  pathologique;  par  le  D'  Répond.  {Rev. 

méd.  de  la  Suisse  romande,  1896,  n^  2.) 

G^est  rhisloire  d'un  sujet,  sans  antécédents  héréditaires,  qui, 
trois  heures  après  des  libations  un  peu  exagérées,  fut  pris,  à  la 
suite  d'une  vive  contrariété,  d'un  accès  de  manie  aiguë  au  cours 
duquel  il  tira  plusieurs  coups  de  feu  sur  des  maisons  de  la  localité 
qu'il  habitait.  Arrêté  et  conduit  dans  un  asile,  ce  malade,  après 
quelques  heures  de  sommeil,  ne  présentait  plus  trace  de  délire 
mais  avait  perdu  complètement  le  souvenir  de  ce  qui  s'était  passé 
après  la  sortie  de  l'auberge  jusqu'à  son  arrestation,  G.  D. 

XXXIII.  LB   diagnostic  différentiel   des  crises  HTSTéRIQUES  ET   DBS 

CRISES  ÊPiLEPTiQUGs;  par  le  D''  Bonjour.  {Rev,  méd.  de  la  Suisse 
romande,  1896,  n»  2.) 

De»  prodromes  annoncent  souvent  l'attaque  d'épilepsie;  ils  sont 
moins  fréquents  avant  la  crise  hystérique.  Vaura  manque  rare- 
ment au  début  de  la  crise  épileptique  mais  ne  dure  que  quelques 
secondes;  elle  est  plus  rare  au  début  de  l'attaque  d'hystérie  et 
quand  elle  existe  dure  plus  longtemps. 

Le  cri  initial  que  Tépileptique  et  l'hystérique  poussent  souvent 
au  commencement  de  la  crise  revêt  un  caractère  particulièrement 
horrible  et  perçant  chez  Tépileptique.  L'épileptique  tombe  immé- 
diatement en  perdant  connaissance  et  en  se  blessant  souvent; 
l'hystérique  ne  perd  pas  complètement  connaissance  et  ne  se  fait 
jamais  de  mal. 

Au  début  de  la  crise  épileptique,  les  pupilles  se  dilatent  et  ne 
se  contractent  pas  ensuite  à  la  lumière  :  ce  caractère  manque 
chez  l'hystérique. 

Le  visage  de  l'épileptique  devient  ensuite  hideux,  congestionné, 
avec  écume  buccale;  dans  Thyslérie  on  ne  remarque  que  la  bouf- 
fissure du  visage  et  parfois  aussi  du  plyalisme. 

Les  yetia?  sont  dirigés  en  haut  chez  l'épileptique  et  se  meuvent 
rapidement  dans  leurs  orbites  ;  tout  le  corps  est  secoué  de  con- 
vulsions toniques  avec  cyanose  du  visage  et  symptômes  asphyxi- 
ques.  L'hystérique  présente  seulement  des  convulsions  toniques 
et  ne  fléchit  jamais  les  pouces  sous  les  index. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  l!âl 

Les  conralsions  cloniques  consécutives  sont  saccadées  et  vio- 
lentes dans  la  crise  épileptique,  tandis  que  Thystérique  se  borne 
généralement  à  la  contraction  opisthotonique  ;  les  bras  sont 
lléchis  et  les  jambes  en  extension. 

Le  pouls  est  petit,  filiforme  pendant  la  crise  épileptique,  tandis 
qu'il  varie  beaucoup  pendant  la  crise  hystérique;  cette  différence 
serait  encore  plus  accusée  au  spbygmographe.  La  crise  épileptique 
se  termine  presque  toujours  lentement  et  le  malade  ne  se  rappelle 
rien  au  réveil;  l'attaque  hyslérique  se  termine  brusquement  dans 
la  plopart  des  cas  et  est  suivie  parfois  de  phénomènes  délirants. 

Tels  sont  les  principaux  signes  qui  permettent,  d'après  le 
IK  Bonjour,  de  décider  de  la  nature  d'une  affection  convulsive, 
mais  dans  les  cas  difficiles  il  conseille  de  s'attacher  surtout  aux 
caractères  du  pouls  examiné  au  spbygmographe,  à  l'état  des 
papilles,  au  caractère  du  malade  et  enfin  à  l'hypnotisme.        G.  D. 

XXXIY.  Un  cas  isolé  de  maladie  de  Friedreich  ;  par  le  D^  Berdbz. 
(Rev.  méd.  de  la  Suisse  romande^  1896,  n^  6.) 

Observation  d'un  enfant  de  quatorze  ans  qui  présentait  tous  les 
symptômes  de  la  maladie  de  Friedreicli  (ataxie  des  membres  infé- 
rieurs et  supérieurs,  ataxie  statique,  embarras  de  la  parole,  aboli- 
tion des  réflexes  tendineux,  avec  conservation  de  la  sensibilité, 
etc.),  sauf  l'hérédité.  En  outre^  le  frère  unique  de  ce  malade,  de 
cinq  ans  plus  jeune  que  lui,  jouit  actuellement  d'une  très  belle 
sauté;  il  ne  présente  pas  l'ombre  d'ataxie. 

L'auteur  fait  remarquer  à  ce  propos  que  sur  près  de  deux  cents 
cas  de  maladie  de  Friedrich  qui  ont  été  observés  et  publiés,  il  en 
a  trouvé  environ  un  dixième  de  solitaires.  Le  caractère  familial, 
bien  que  très  important,  ne  serait  donc  pas  nécessaire  pour 
affirmer  l'existence  de  la  maladie.  G.  D. 

XXXV.  PathogInib  et  prophylaxie  de  l'atrophie  musculaire  et  des 

DOULEURS   DBS  HéHIPLÉGIQUBS;  par  GiLLES  DE  LA  TOURETTE.  (NOUV, 

Iconogr.  de  la  Salpétrière,  n^»  4  et  5,  1897.)  . 

Vingt  observations  recueillies  simultanément  dans  le  même 
service  hospitalier,  divisées  en  trois  groupes  :  A,  arthrites  avec 
amyotrophies  limitées  au  membre  supérieur,  10  malades.  — 
£.  Arthrites  et  amyotrophies  des  membres  supérieur  et  infé- 
rieur. Séjour  au  lit,  7  malades.—  C.  Mobilisation  du  membre  para- 
lysé. Absence  d'arthrites  et  d'atrophies  musculaires,  3  malades. 
Les  observations  montrent  que  l'amyotrophie  se  superpose  tou- 
jours à  une  arthrite  avec  ankylose,  que  cette  atrophie  reste  lou- 
'oars  dans  les  limites  de  l'articulation  lésée  (ceinture  scapulaire, 
fesse  et  partie  supérieure  de  la  cuisse  généralement)  et  qu'elle  ne 


122  RRVUE  DB  PATH0L06IB  NBRVEU8B. 

s'étend  aaz  articulations  des  membres  que  secondairement  à  i*ar- 
thrite  de  ces  articulations,  que  ni  cette  amjotrophie  ni  les  dou* 
leurs  qui  raccompagnent  ne  se  produisent  chez  les  individus  qui 
ont  soumis  leurs  articulations  à  une  mobilisation  méthodique.  D'où 
il  ressort  clairement  que  Timmobilisation  seule  est  la  cause  de  l'ar- 
thrite. Conclusion  pratique  :  les  mobilisations  quotidiennes  et  mé- 
thodiques doivent  toujours  éviter  l'apparition  des  arthrites,  de 
Tamyotrophie  et  des  douleurs  dans  les  membres  paralysés  des 
hémiplégiques  et  monoplégiques  par  lésion  cérébrale.         R.  C. 

XXXYI.  Phénomènes  pulmonaires  graves  d'origine  hystérique; 
par  le  D'  E.  Leoni  (Il  Morgagni,  n<>  6,  1897.) 

Un  jeune  homme  de  dix-neuf  ans  se  présente  devant  l'auteur  en 
racontant  qu'il  est  atteint  de  tuberculose;  qu'on  l'a  traité  par  la 
tuberculine  de  Koch,  le  sérum  de  Maragliano,  sans  résultat;  que 
d'ailleurs  il  considère  son  cas  comme  incurable.  L'auteur  remarque 
que  le  sujet  cherche  à  se  rendre  aussi  intéressant  que  possible, 
que  les  yeux  et  les  muscles  de  son  visage  sont  constamment  se- 
coués de  mouvements  spasmodiques.  Il  aurait  présenté  des  hénao- 
ptysies,  une  toux  presque  continue  et  sèche,  de  la  fièvre,  de  la 
dyspnée,  des  sueurs  profuses.  A  l'examen  on  note  :  hyperestésie  de 
l'hémithorax  droit,  matité  du  côté  droit  avec  râles  disséminés. 
T.  37^.2.  Poumon  gauche  normal.  Bromure  de  quinine.  Le  ma- 
lade est  pâle,  amaigri;  il  se  lamente  et  dit  soutfrir  beaucoup  du 
côté  droit.  L'auteur  constate  avec  étonnement  que  les  signes  pul- 
monaires ont  disparu  au  côté  droit  et  se  retrouvent  tous  au  côté 
gauche.  Il  lui  vient  alors  à  Tidée  qu'il  a  affaire  à  un  hystérique.  Il 
a  la  confiance  de  son  malade,  il  exerce  sur  lui  une  forte  suggestion 
à  l'état  de  veille,  il  continue  le  bromure  de  quinine  et  le  valéria- 
nate  de  zinc  et  obtient  une  amélioration  rapide,  qui  se  trouve  en- 
travée par  une  violente  émotion  suivie  d'hémoptysie. 

La  suggestion  est  devenue  inefficace.  Une  vo/sine  conseille  l'élec- 
tricité dont  elle  s'est  bien  trouvée  pour  des  névralgies.  L'auteur 
consent  à  appliquer  des  courants  interrompus  sur  le  thorax  du 
malade  qui  fut  guéri  complètement  après  12  séances.  Après  avoir 
rappelé  les  observations  intéressantes  de  névrose  pulmonaire,  de 
fièvre  hystérique  publiées  par  Debove,  Gamuset,  Voisin,  Mara- 
gliano,  Cbarcot,  etc^.,  l'auteur  conclut  que  :  l<>son  malade  était  un 
névrosique  avec  hérédité  névropatique;  2^  sous  l'influence  d'une 
cause  indéterminée  il  s'est  développé  une  des  formes  d'hystérie 
latente  chez  lui;  3^  les  phénomènes  pulmonaires  étaient  d'origine 
hystérique,  parce  qu'ils  variaient  d'intensité  et  de  siège  et  guérirent 
par  la  suggestion  et  réleclricité;  4<^  la  fièvre  était  simplement 
nerveuse  puisque  l'état  général  et  la  nutrition  n'en  furent  que 
légèrement  troublés.  R.  G. 


REVI7B  DE  PATUOLOOIB   MERVBUSB.  123 

XIXVII.   DSUX  CAS  DE  GIGANTISME   SUIVI   D*ACROUéGALIE  ;   pat*  E.   BrIS- 

SAUD  et  B.  Meige.  {Nouv.  Iconogr,  de  la  Salpétrière,  d9  6, 1897.) 

L'analyse  de  ces  deux  observations,  renforcées  de  celles  qui  ont 
été  déjà  publiées,  conduit  à  reconnaître  que  la  coexistence  fré- 
quente chez  le  môme  individu  des  deux  états  pathologiques,  gigan- 
tisme et  acromégalie,  n*est  pas  un  effet  du  hasard.  Les  géante  et  les 
acromégales  présentent  des  accidents  similaires  :  anesthésie  géné- 
rale, torpeur  intellectuel! e,  céphalée,  trouble  des  fonctions  cuta- 
nées; les  mêmes  anomalies  anatomiques;  hypertrophie  de  la  pitui- 
taire,  agrandissement  de  la  selle  turcique.  De  plus  les  statistiques 
démontrent  que  la  moitié  des  cas  de  gigantisme  fait  retour  à 
l'acromégalie.  Conclusions  :  «  Le  gigantisme  et  racromégalie  ne 
sont  que  deux  manifestations  cliniques  d'un  môme  processus  ana- 
tomique.  Le  gigantisme  peut  rester  pur  et  simple;  il  u*eutralne 
pas  forcément  racromégalie.  L'acromégalie  peut  ôtre  pure  et  simple; 
elie  n*apparatt  pas  seulement  chez  les  géants.  Le  premier  survient 
pendant  la  période  de  croissance  propremeut  dite  ;  la  seconde  au 
temps  où  la  croissance  est  déjà  achevée .  Il  arrive  souvent  que  chez 
le  même  individu  celle-ci  succède  à  celui-là.  >  R.  G. 

XXWIIL  Un  cas  de  sclérose  en  plaques  cérébrospinalb  consé- 
cutive al*  inpluenz  a;  par  le  D''  Broto  Sorgoni.(^u//.  délie  scienze 
mdiehe.  F.  12,  1897.) 

Observation  suivie  d'une  discussion  diagnostique  et  pathogé- 
nique  tendant  à  établir  qu'il  s'agit  bien  d'un  cas  de  sclérose  en 
plaqaes  développé  chez  un  héréditaire  névropathique  etvésanique, 
àlasaite  d'une  attaque  violente  d'iniluenza  et  causée  par  laction 
toxique  et  infectieuse  sur  l'organe  mtnoris  resisltmlix.  R.  G. 

XXXIX.  Discussion  sur  la  pathologie  du  goitre  exophtalmique. 
(BriL  med,  Journ.,  3  oct.  1896.) 

Georges-R.  Murray  passe  rapidement  en  revue  les  diverses  théo- 
ries émises  sur  la  pathogénie  de  la  maladie  de  Graves  :  le  cœur,  le 
oerf  sympathique,  la  moelle,  le  bulbe  ont  été  successivement  mis 
eo  cause,  mais  pour  lui  les  lésions  de  la  glande  thyroïde  sont  pri- 
mitives et  dans  aucun  cas  d'examen  de  cette  glande  après  la  mort 
elle  n'a  été  trouvée  saine.  Après  une  étude  histologique  et  ana- 
tomo-pathologique  de  la  glande  thyroïde  avec  préparations  à  l'ap- 
pui, il  conclut  que  les  symptômes  du  goitre  exophtalmique  sont 
dos  à  la  présence  dans  le  sang  d'un  excès  de  la  sécrétion  thyroï- 
dienne qui  agit  sur  tous  les  tissus  et  en  particulier  sur  le  système 
nerveux  médullaire. 

La  conclusion  pratique  au  point  de  vue  du  traitement  est  qu'on 


124  RBVUK  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB. 

doit  chercher  &  provoquer  dans  la  glande  un  certain  degré  de 
sclérose  fibreuse  par  des  injections  interstitielles  d'iode,  par  Télec- 
iroljse  ou  tout  autre  moyen  du  même  genre,  aGn  de  diminuer  la 
sécrétion  glandulaire  ;  la  résection  d'une  partie  de  la  glande  étant 
un  moyen  dan^'ereux. 

"Walter  Edmunds  ne  considère  pas  la  lésion  de  la  glande  thyroïde 
comme  primitive  dans  la  maladie  de  Graves.  La  théorie  attribuant 
les  symptômes  à  un  excès  de  sécrétion  est  sujette  à  plusieurs  objec- 
tions :  elle  n'explique  pas  la  ressemblance  qui  existe  parfois  entre 
le  myxœdème  et  le  goitre  exophtalmique  (tremblement  et  attaque 
de  dyspnée),  pas  plus  que  Texophtalmie  unilatérale,  etc.  Le  traite- 
ment par  l'ingestion  de  glande  thyroïde  n'a  pas  donné  de  bons 
résultats,  mais  n'a  pas  exagéré  les  symptômes.  Enfin  si  le  corps 
thyroïde  est  hypertrophié,  le  thymus  l'est  aussi.  La  sécrétion  de 
la  glande  thyroïde  est  certainement  anormale,  malheureusement 
son  action  normale  n'est  pas  connue. 

Cette  maladie  doit  avoir  une  origine  partie  nerveuse,  partie 
humorale.  L'exophl^mie  est  due  à  une  altération  du  système  ner- 
veux et  il  est  difficile  de  comprendre  comment  une  altération  de 
la  glande  peut  se  répercuter  sur  le  système  nerveux.  Il  est  po.^sible 
que  la  lésion  primitive  se  li'ouve  dans  un  trouble  du  métabolisme 
du  corps. 

Le  professeur  Hamilton  (d'Aberdeen)  insiste  sur  l'étude  de  la 
substance  colloïde,  sur  sa  reproduction  et  sur  son  analyse.  Le  pro- 
fesseur Adami  insiste  également  sur  cette  étude.  Il  a  été  frappé, 
dans  les  autopsies,  de  la  tendance  à  la  localisation  de  l'hypertro- 
phie de  la  glande  et  des  grandes  variations  du  contenu  des  vési- 
cules. J.  Uill.  Abram  considère  que  la  théorie  thyroïdienne  trouve 
un  point  d'appui  sur  les  résultats  du  traitement  qui  consiste  à 
limiter  l'aire  de  sécrétion  de  la  glande.  Robert  Hutchison  pense 
que  le  goitre  exophtalmique  est  provoqué  par  un  trouble  de  méta- 
bolisme des  tissus,  trouble  dt  à  un  vice  de  fonctionnement  des 
centres  nerveux.  L'hypertrophie  du  corps  thyroïde  n'est  que  secon- 
daire. 

Les  résultats  du  traitement  chirurgical  ne  sont  pas  contraires  à 
cette  manière  de  voir.  Le  D''  Abraham  rappelle  l'opinion  de  Ger- 
hardt,  qu'il  partage,  à  savoir  que  dans  certains  cas  le  corps  thy- 
roïde peut  n'être  pas  touché  alors  que  la  rate  est  hypertrophiée,  et 
qu'il  est  possible  que  des  troubles  vasculaires  soumis  à  une  altéra- 
tion du  système  nerveux,  précèdent  l'hypertrophie  de  la  thyroïde. 
L'auteur  eut  de  bons  résultats  en  faisant  prendre  à  un  malade  de 
l'extrait  de  la  glande  surrénale  dont  l'action  sur  les  vaso-constric- 
teurs est  connue.  En  Allemagne,  de  bons  résultats  sont  obtenus 
par  ringestion  de  thymus. 

A.  ViGOUROUX. 


REVUS   DB   PATHOLOGIE   NERVEUSE.  125 

XL.  Du  PRONOSTIC  DANS  LE  GOITRE  EXOPHTALMIQUE;  par  R.-T.   WiLIAM- 

SON.  {Bril,  med.Journ, y  noY.  1896.) 

L'étade  du  pronoslic  de  la  maladie  de  Grave  est  de  la  plus  haute 
importance,  au  moment  où  se  manifeste  une  tendance  à  la  traiter 
chirargicalement  (tbyroïdectomie,  ligature  des  artères  thyroî- 
dieunes,  etc.). 

La  marche  de  la  maladie  est  mal  connue,  les  malades  restant 
pea  de  temps  à  Thôpilal,  en  sortant  dès  qu  ils  sont  améliorés  et 
ne  continuant  pas  le  traitement.  La  mort  survenant  pendant  la 
période  active  du  traitement  est  rare.  A  Tinfirmerie  royale  de 
Nanchester/depais  1884,  il  n'y  eut  que  3  décès  sur  4.5  malades  trai- 
tés à  l'hôpital  de  Saint-Thomas  à  Londres,  de  1870  à  1894,  4  décès 
sur  50  ont  été  notés.  Mais  c'est  là  une  statistique  insuffisante,  et 
Taateur  a  pu  suivre  trente-deux  malades  après  leur  sortie  de  Thô- 
pital,  il  en  donne  les  observations  résumées  d'où  résulte  le  tableau 
suivant  : 

Terminaison  fatale 6 

Guérison 5 

G uéiison  presque  compièti! 5 

Amélioration  considérable 5 

Amélioration 7 

Etat  stationnaire 6 

Etat  mal  connu 1 

35 

Celte  statistique  montre  bien  la  marche  de  la  maladie  soumise  au 
seul  traitement  médical.  A.  M. 

XLLOb  la  main  c  SUCCULENTE  >;  par  G.  Marinesco.  {Nouv,  Icono- 
graphie,  de  la  Salpêtrière,  n<»«  2  et  3,  1897.) 

Les  troubles  trophiques  et  vaso-moteurs  qui  se  manifestent  du 
côté  du  membre  supérieur  —  et  particulièrement  de  la  main  — 
aa  cours  de  la  syringomyélie,  ont  déjà  été  signalés,  mais  M.  Mari- 
nesco est  le  premier  qui  en  donne  une  description  complète,  per- 
mettant d'en  faire  un  type  net  et  un  élément  important  de  diag- 
nostic. Description  clinique  très  détaillée,  appuyée  sur  quatre 
observations  personnelles  (avec  photographies)  de  syringomyéli- 
tique,  présentant  la  main  succulente  (expression  suggérée  par 
Mane  et  signifiant  :  c  main  tuméfiée,  froide,  faible,  avec  des  doigts 
foselés  sans  crises  de  douleurs  >).  Considérations  diagnostiques  et 
pathogéniques,  conduisant  aux  conclusions  suivantes  qui  sont 
toutes  à  retenir  : 

i^  Il  existe  dans  quelques  cas  de  syringomyélie,  au  début  de 
Taffection,  comme  dans  les  stades  tardifs,  des  troubles  trophiques 
cutanés  et  vaso-moteurs  qui,  associés  à  Tatrophie  Aran-Duchenne, 


12G  RBYUB  DB  PATHOLOOIB  NBRYBUSB. 

ctonnent  à  la  main  un  aspect  et  une  forme  tonte  spéciale  qui  per- 
mettent de  la  désigner  sous  le  nom  de  main  sUcculente; 

2^  Les  troubles  trophiques  cutanés  qui  sont  permanents  consis- 
tent dans  la  tuméfaction  de  la  face  dorsale  de  la  main,  tumé- 
faction ayant  probablement  pour  substratum  anatomique  une 
hjperplasie  des  éléments  du  tissu  conjonctif  sous-cutané; 

3^  La  main  succulente  a  une  valeur  seméiologique  analogue  à 
celle  des  autres  types  (main  type  Morvan,  chiromégalique,  etc.) 
que  Ton  rencontre  dans  la  syringomyélie.  Elle  permet  dans  la 
plupart  des  cas  de  diagnostiquer  la  gliose  péri-épendymaire; 

4^  Dans  la  production  du  type  de  la  main  succulente,  la  lésion 
des  trois  neurones  médullaires  entre  en  jeu.  Le  neurone  moteur 
situé  à  la  partie  antérieure,  le  neurone  vaso-moteur  siégeant  d.ins 
la  partie  moyenne  de  la  substance  grise,  le  neurone  sensitif  indi- 
rect siégeant  surtout  dans  la  corne  postérieure  ; 

5<»  C*est  de  Tintégrité  anatomique  de  ces  trois  neurones  que 
résulte  la  conservation  normale  des  tissus  qui  composent  la  main. 
Leur  association  fonctionnelle  et  anatomique  constitue  un  métamère; 

&*  L*aiIection  des  neurones  moteurs  donne  naissance  à  Tatro- 
phie  musculaire.  Or,  comme  dans  la  syringomyélie  la  lésion 
débute  au  niveau  de  la  huitième  racine  cervicale  et  de  la  première 
dorsale,  et  se  dirige  vers  les  régions  supérieures,  il  s'ensuit  que 
cette  atrophie  présente  une  topographie  commandée  par  la 
marche  de  la  gliose.  Cette  marche  de  la  lésion  nous  permet  de 
résoudre  quelques  problèmes  de  localisation  médullaire  ; 

1^  Le  type  le  plus  fréquent  d'atrophie  musculaire  qu*on  ren- 
contre dans  la  syringomyélie,  tout  au  moins  au  début;  c'est  le 
type  Aran-Duchenne; 

%o  Pour  un  segment  donné  du  membre  supérieur,  les  muscles 
les  plus  petits  sont  représentés  par  les  étages  les  plus  inférieurs  de 
la  région  cervico-dorsale  et  les  muscles  fléchisseurs  sont  sous- 
jacents  aux  muscles  extenseurs; 

9^  Il  en  résulte  que  les  muscles  fléchisseurs  subiront  la  pre- 
mière atteinte  et  même  seront  plus  atrophiés  que  les  extenseurs. 
La  conservation  relative  des  extenseurs  du  poignet  donne  à 
la  main  une  attitude  spéciale,  à  laquelle  Charcot  a  donné  le  nom 
de  main  de  prédicateur.  Cette  griffe  se  rencontre  presque  exclusive- 
ment dans  la  syringomyélie,  qui  offre  les  conditions  les  plus  favo- 
rables à  sa  production  ; 

10°  Les  centres  des  muscles  extensenrs  du  poignet  ont  leur  siège 
principal  dans  le  groupe  an  ter  o-ex  terne  de  la  corne  antérieure  ; 

il»  Il  existe  chez  beaucoup  de  syringomyélitiques  un  rel&che- 
ment  et  une  distension  des  articulation  de  la  main,  constatables 
non  seulement  par  les  attitudes  vicieuses  et  les  mouvements  anor- 
maux qu*on  peut  imprimer  aux  doigts,  mais  aussi  par  la  radio- 
graphie. R.  Cha&on. 


RBVCB  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB.  127 

XLII.  L'apophysalgib  pottiquk;  par  A.  Chipault.  (Nouv.  Iconogr.  de 
la  Salpétriére,  n«  2,  1897.) 

Deux  obserTations  de  mal  de  Polt,  compliqué  <  d'un  symptôme 
peu  connu  et  peu  fréquent  qui  consiste  dans  une  douleur  loca- 
lisée, continue,  exaspérée  par  le  palper,  palper  qui  démontre 
qu'elle  a  son  siège  au  niveau  d^une  ou  plusieurs  des  apophyses 
correspondant  à  la  gibbosité,  et  qu'elle  ne  coïncide  avec  aucune 
modification  de  leur  consistance  ou  de  leur  volume  ».  L'auteur 
désigne  ce  symptôme  du  nom  à'apophysalgie.  Elle  serait  due  à  la 
congestion  osseuse  et  capable  de  compliquer  gravement  le  mal  de 
Pott  en  débilitant  lé  malade  et  en  rendant  très  difficile  Timmobi- 
lisation  dans  le  décubitus  dorsal^  d'où  urgence  de  porter  remède 
à  cette  douleur.  Ce  remède,  Tauteur  Ta  trouvé  dans  des  injec- 
tions, sous  le  périoste  des  apophyses  douloureuses,  d'une  vingtaine 
dégouttes  d'une  solution  d'acide  phénique  à  1/5.  Dans  les  deux 
cas  observés,  la  douleur  fut  supprimée  pendant  quatre  ou  cinq 
joora  à  la  suite  des  premières  injections;  elle  disparut  définitive- 
ment après  la  troisième  ou  quatrième  injection.  R.  G. 

ILIIf.  Un  cas  de  contracture  htstéro-traumatique  des  muscles  du 
TBONc;  par  Paul  Richer  et  A.  Souques.  (Nouv,  Iconogr,  de  la  Salpé- 
trière,  n^  2, 1897.) 

Observation.  —  Jeune  homme,  vingt-huit  ans,  robuste,  sans 
hérédité,  marié,  avec  deux  enfants  bien  portants,  pas  d'antécé- 
dents personnels,  esprit  indiscipliné  et  mobile.  Chute  dans  un 
escalier,  suivie  d'une  courte  période  de  subconscience  ;  plaie  peu 
grave  de  la  région  dorsale  avec  quelques  contusions  aux  membres. 
Après  Taccideut,  le  malade  regagne  seul  sou  domicile  et  marche 
droit.  Peu  à  peu  il  se  plaint  de  violentes  douleurs  au  niveau  des 
cicatrices  dorsales  et  il  se  met  à  courber  le  tronc  en  avant  pour 
atténuer  ces  douleurs.  Huit  mois  après  l'accident,  le  dos  est 
arrondi  en  voûte,  le  redressement  impossible.  La  moindre  pres- 
sion au  niveau  des  cicatrices  provoque  une  crise  nerveuse.  Attitude 
vicieuse  du  tronc  déterminée  par  une  hyperesthésie  dorsale,  ne 
pouvant  s'expliquer  que  par  l'hystérie.  R.  G. 

XLIY.  Dis  parêsies  psbudospasmodiques  avec  tremblement,  consécu- 
nvEs  A  un  traumatisme  ;  par  B.  Onuf.  [Neurolog.  CeniralbL,  KIW , 
1897.) 

Un  homme  de  quarante  ans,  alcoolique  et  grand  ivrogne,  reçoit 
sar  la  tète  un  coup  qui  n'entraîne  pas  de  conséquences  locales  mais 
prodoit  un  fort  ébranlement  cérébral.  Pendant  vingt  minutes,  il 
est  complètement  paralysé,  privé  de  mouvement,  incapable  de 


128  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NBRVEUSB. 

parler.  Puis  la  parole  et  le  mouvement  revienoent,  si  ce  n'est  aux 
bras  qui  restent  paralysés  et  dépourvus  de  sensibilité  ;  il  peut  mou- 
voir librement  les  jambes  au  lit,  mais  ne  peut  marcher.  En  six 
jours,  la  paralysie  des  bras  disparaît  presque  complètement;  le 
patient  marche  sans  appui.  La  force  motrice  n*a  pas  subi  d'atteinte. 
On  constate  chez  lui  les  signes  de  l'alcoolisme  chronique  (injection 
des  petits  vaisseaux  sanguins  de  la  face  dilatés,  tremblement  de  la 
langue  et  des  mains),  et  en  outre,  surtout  aux  membres  inférieurs, 
un  tremblement  comparable  à  celui  que  détermine  le  froid;  la 
parole  est  trémolante,  précipitée,  heurtée  comme  sous  l'inAuence 
du  froid.  Ce  trcmblement-là,  minime  pendant  le  repos,  se  montre 
au  moindre  effort,  à  la  plus  petite  agitation.  Tous  les  muscles  du 
corps  font  saillie,  relief  ;  la  force  musculaire,  indemne,  n'est  pas 
cependant  proportionnée  à  la  charpente  des  muscles.  Il  steppe  en 
marchant,  la  démarche  est  franchement  spasmodique.  Les  réÛexes 
profonds  (osseux,  tendineux,  musculaires),  sont  extrêmement  exa* 
Itérés;  frappe-t-on  un  muscle  quelconque,  il  se  contracte;  frappe- 
t-on  le  tendon  patellaire,  on  produit  une  secousse  dans  toute-  la 
jambe  et  même  dans  la  jambe  opposée.  Réflexes  cutanés  (épigas- 
triques,  abdominaux,  plantaires)  en  partie  absents.  Pas  de  troubles 
objectifs  de  la  sensibilité;  léger  engourdissement  de  la  sensibilité 
des  doigts.  Réaction  lente  des  pupilles;  Todorat  et  Toule  sont  un 
peu  émoussés.  Rien  de  Thystérie.  P.  Keraval. 

XLV.  De  l'uâhicranie  ophthalmiqub (mt^rame  ophthalmique ;  migraine 
oculaire)]  par  Knauir  {CerUralbL  f,  Nervenheilk,  XX,  N.  F.,  viii, 
1897.) 

Observations.  —  Homme  de  soixante  ans,  entaché  de  toutes  les 
formes  de  l'hérédité  névropathique  et  psychopathique  ;  atteint, 
depuis  Tftge  de  20  ans,  de  toutes  les  sortes  de  phobies  et  accidents 
nerveux,  tels  qu'angoisses,  sténocardie  vasomotrice,  polyurie,  accès 
de  rage  avec  instincts  de  destruction,  accidents  neurasthéniques, 
conceptions  hypochondriaques  continues  et  réinventées  par  lui 
comme  à  plaisir.  Enfin,  il  y  a  un  an,  il  a  eu  une  hémiplégie 
droite  cérébrale  à  ictus  prolongé  (il  est  artériosctéreux)  ;  contrac- 
ture. Il  raconte  qu'il  a  été  plusieurs  fois  visité  par  des  phénomènes 
lumineux  devant  Toeil  gauche  relevant  évidemment  du  scotome 
scintillant,  durant  de  quelque  minutes  à  une  heure,  nuit  et  jour, 
surtout  pendant  ces  dernières  années,  pendant  qu*il  lisait  ou 
écrivait  ;  ils  étaient  précédés  d*une  aura  (vomituritions,  malaise, 
sensation  cardiaque  anormale,  palpitations,  dépression)  et  suivis  de 
migraine  à  droite  souvent  extrêmement  violente.  Les  accès  se 
jugeaient  par  une  polyurie  excessive  d'urine  très  diluée,  très  peu 
dense,  sans  sucre  ni  albumine.  Depuis  peu,  surtout  depuis  rictus 
apoplectique,  les  accès  sont  devenus  plus  violents.  Il  est  toujours 


RBVUB  BB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB.  129 

très  neurasthéDique  et  très  hypochoodiraque  ;  il  est  aussi  astig- 
mate sans  zone  d'anesDiésie.  Rien  à  ropthalmoscope.  Intluence 
faTorablesurla  polyurie  de  Tbydrate  d*amylëne  en  potion  :  hydrate 
d*amylène  2  à  3  grammes  ;  parai  déhyde,  4  grammes. 

P.  Kbbaval. 

XL VI.  Db  l'atteinte  précoce  du  systehk  nerveux  par  la  syphilis;  par 
A.-G.  JuscHTscHENKO  (CenlvalbL  f.  Nervenheilk,^  XX.,  viii,  1897.) 

Trois  observations  ;  hémiplégie  consécutive  à  Tinfection  syphili- 
tique, sept  mois,  quatre  mois,  trois  mois  après  celle-ci.  Nosogra- 
phie  d'après  ]*ensemble  des  cas  connus.  Il  s'agit  d'individus  jeunes, 
de  vingt-cinq  à  trente  ans,  n'ayant  eu  que  la  syphilis,  qui  tantôt  se 
sont  soignés,  tantôt  ont  été  négligents  de  leur  traitement;  quelques- 
uns  cependant  ont  été  atteints  malgré  un  traitement  spécifique 
antérieur  énergique.  Accidents  hémiplégiques  précédés  de  quelques 
prodromes,  généralement  de  céphalées,  parfois  d*agitation,  même 
maniaque  ;  hémiplégie  le  plus  ordinairement  non  impétueuse, 
iocomplèle,  ou  inversement.  Tous  les  auteurs  croient  à  des  lésions 
vascttlaires  ;  l'observation  de  Brault  (1878)  est  caractérislique  ;  il  y 
avait  lésions  artérielles  et  hémorrhagie  cérébrale.  Mais  il  peut  y 
avoir  thrombose  avec  les  accidents  correspondant  à  la  localisation. 
Il  faut  administrer  K  et  Hg  en  môme  temps  qu'on  galvanisera  le 
cou  pour  rétablir  la  circulation  du  sang.  Résultats  généralement 
favorables  dans  le  cours  de  quelques  semaines,  comme  le  dit  Four- 
nier.  A  côté  de  cela,  un  cas  de  Gaikiewicz  long  à  se  rétablir,  et  un 
cas  de  Gros  et  Lancereaux,  caractérisé  par  deux  attaques,  succes- 
sives, aggravation  continue,  mort.  P.  Kkraval. 

XLVII.    L'ÉREUTBOPROBIE,   FORME   PARTICULIÈRE   OE    TROUBLE  NEVROPA- 

tbique;  par  W.  db  Bbchterbw.  (Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897). 

11  s'agit  de  deux  hommes  jeunes,  vingt  et  trente-cinq  ans,  qui 
rougissent  en  des  circonstances  inopportunes,  ce  qui  leur  fait 
craindre  d*être  ridicules,  et  cette  appréhension  provoque  justement 
sur-le-champ,  en  déterminant  de  l'angoisse,  leur  rougeur  émotive 
immotivée.  Quand  leur  attention  ne  se  porte  pas  sur  leur  personne, 
ou  quand  ils  oublient  cette  infirmité  vasor;Motrice,  rien  ne  se  pro- 
duit, pas  plus  que  lorsqu'ils  savent  que  leur  rougeur  passera  ina- 
perçue, le  soir  par  exemple. 

L'auteur  fait  remarquer  qu'il  a  démontré  qu'on  détermine  une 
augmentation  de  la  pression  du  sang,  à  la  suite  d'une  période 
latente  pins  ou  moins  longue,  quand  on  excite  le  segment  médian 
de  la  partie  antérieure  du  gyrus  sigmoïde  (en  avant  du  sillon 
crucial),  ou  le  segment  postérieur  de  la  même  circonvolution  (en 
arrière  du  sillon  crucial),  ou  encore  les  segments  des  première  et 

Archives,  2«  série,  t.  VI.  9 


130  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NERVEUSE. 

deuxième  circonvolutions  originelles  en  arrière  de  celle-ci,  ou  bien  la 
surface  externe  de  la  temporale.  On  détermine  une  diminution  de 
la  pression  latérale  suivie  d'hyperpression,  en  excitant  la  partie 
externe  et  moyenne  du  segment  antérieur  de  la  circonvolution  sig- 
raolde,  ou  les  régions  adjacentes  de  la  deuxième  circonvolution 
originelle,  linfln  on  diminue  le  tonus  vasculaire  en  excitant  les 
parties  moyennes  de  l'hémisphère  (région  pariétale).  Par  suite,  le 
stimulus  psychique  agissant  sur  ces  centres  peut,  par  l'un  des 
mécanismes  sus-indiqués,  provoquer  cette  rougeur  émotive  du 
visage,  du  cou,  de  la  poitrine. 

Ce  travail  était  imprimé  en  russe  quand  M.  de  Bechterew  a  eu 
communication  du  travail  de  Pitres  et  Régis. 

Traitementf  suggestion  et  autosuggestion  aidées,  si  Ton  veut,  de 
bromure,  valériane,  codéine.  P.  Keraval. 

XLVIII.  Db  la  coïncidence  db  l*hémianopsib  bitehporae  avec  le 
DIABÈTE  insipide;  par  A.  Spanbock  et  J.  Stbinhaus.  INettrolog. 
CentralbL,  XVI,  1897.) 

Ce  ne  peut  être,  en  effet,  qu'une  coïncidence  fortuite,  car  la  ré- 
gion en  rapport  avec  Thémianopsie  temporale  hétéronyme  (angle 
antérieur  ou  postérieur,  ou  ligne  médiane  du  chiasma),  est  loin  de 
celle  qui  produit  le  diabète  insipide  (plancher  du  quatrième  ven- 
tricule, entre  l'origine  de  l'acoustique  et  du  pneumogastrique,  ou 
certains  endroits  du  bulbe).  Donc,  dans  les  cas  purs  de  diabète  insi- 
pide compliqué  d'hémianopsie  bitemporale,  un  seul  et  même  foyer 
morbide  aurait  peine  à  causer  ces  deux  troubles  ;  ils  sont  par  suite 
indépendants  Tun  de  l'autre.  L'étude  critique  de  onze  observations 
correspondantes  n'en  laisse  qu'une  debout,  les  autres  sont  dou- 
teuses ou  n'appartiennent  pas  à  la  catégorie  dans  laquelle  on  a 
voulu  les  faire  rentrer.  L'un  des  deux  éléments  syndromiques  est 
noté  par  dessous  la  jambe  sans  examen  de  ses  caractères  précis,  où 
il  y  a  d*énormes  lésions  du  cerveau.  Il  ne  reste  que  le  cas  de 
David  (1889).  En  voici  un  autre  concernant  la  syphilis  qui  a  d'ail- 
leurs complètement  guéri.  Il  y  eut,  dans  l'espèce,  atteinte  du 
noyau  du  nerf  vague  (accélération  du  pouls)  expliquant  la  localisa- 
tion du  diabète  insipide  à  l'endroit  piqué  par  Cl.  Bernard,  mais 
c'est  tout;  pas  de  symptômes  en  rapport  avec  de  gros  foyers  céré- 
braux. Comment  un  petit  foyer  nettement  limité  au  plancher  du 
quatrième  ventricule,  admissible  ici,  eût-il  pu  exercer  sur  la  ligne 
médiane  du  chiasma  une  pression  et  causer  ainsi  Thémianopsie  ? 
D'autre  part  un  foyer,  étroitement  limité  au  chiasma,  expliquant 
l'hémianopsie  de  la  malade,  était  d'autant  plus  probable  que 
l'acuité  visuelle  des  deux  yeux  n'était  que  très  peu  affaiblie  ;  done^ 
les  faisceaux  non  croisés  étaient  fort  peu  atteints.  G  était  en  réalité 
une  combinaison  fortuite  de  deux  lésions  par  la  syphilis. 

P.  Kbraval. 


RBVUR   DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSE.  131 

XLVIV.  ObSBRVATION    de   diabète  sucré    grave  avec    REACTION    ÉLEC- 

TiiiQUB  LSNTK  ET  PROLONGÉE;  par  W.  Kkusci, {^eurolog.CenlralbL^ 
XVI,  1897.) 

Examen  électrique  complet  du  corps  caractérisé  par  une  lenteur 
de  contraction  qui  est  Télément  fondamental  de  la  réaction  dégé* 
aéralive.  Il  s^ag^it,  en  somme,  dans  la  plupart  des  muscles  affectés 
de  la  réaction  dégénérative  partielle,  avec  lenteur  indirecte  de  con- 
traction. On  pouvait  espérer  Timputer  à  des  lésions  anatomiques 
des  cellules  motrices  ou  des  nerfs  périphériques,  ou  tout  au  moins 
des  muscles.  Or,  Vautopsie  ne  révéla  rien  de  semblable.  Reste  à 
incriminer  les  échanges  chimiques  du  diabète  sucré.  En  effet,  la 
composition  chimique  de  l'urine,  du  sang,  voire  de  tous  les  organes, 
peat  s*écarler  considérablement  de  la  normale  ;  de  sorte  qu'à 
prion  il  est  admissible  d'y  voir  la  cause  de  la  modalité  patholo- 
gique du  muscle.  L'urine  du  malade  contenait  du  sucre  en  perma- 
oeuce,  au  moins  dans  la  proportion  de  5  à  6  p.  i 00  qui  correspond 
à  aoe  contenance  dans  le  sangde  0,3  àO,5p.  100  au  lieu  delà  quan- 
tité normale  de  0,1  à  0,15  et  à  une  grande  quantité  de  sucre  dans 
les  autres  liquides  et  organes  de  Torganisme.  Pendant  des  années 
donc,  les  muscles  ont  été  alimentés  de  sang  fortement  sucré  ou 
imbibés  d'un  liquide  fortement  sucré.  De  là,  sans  qu'ils  aient  subi 
demodïGcations  anatomiques  appréciables,  une  altération  fonc-* 
tioonelie  se  traduisant  par  des  contractions  lentes,  soit  à  i'ez cita- 
tion directe,  soit  à  l'excitation  des  nerfs.  Peut-être  aussi  serait-on 
.  en  droit  de  faire  ressortir  que  les  cellules  et  les  nerfs  soumis  aux 
mêmes  djstrophies  physico-chimiques,  n'étaient  pas  plus  aptes  que 
les  muscles  qu'ils  unissent  à  leurs  fonctions  normales  ? 

P.  Kbraval. 

XLV.  Observation  insolite  d'héxiatrophib  progressive,  htosclêrose, 

SaiRODERM»  et  ATROPHIE    DES    OS  ET  DES  ARTICULATIONS  ;   par  PeLI- 

WEUs.  (Neurolog,  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Il  s*agit  d*an  diagnostic   difficile,  non  résolu  par  la  Société  de 
psjchiitrie  de  Berlin  consultée. 

Une  fillette  de  six  ans,  jusque-là  bien  portante,  indemne  de 
toute  prédisposition  héréditaire,  sans  cause  extérieure,  indépen- 
damment de  toute  action  toxique,  n'ayant  subi  aucune  maladie 
cérébrospiuale,  présente  du  trouble  de  la  démarche  du  côté  de  la 
jambe  gauche,  à  caractère  spasmodique  ;  on  constate  une  situation 
anormale  du  genou  et  nu  pied  et  on  lui  met  un  léger  appareil  à 
édisses.  Puis  apparaissent  graduellement,  sans  douleur,  sans  phé- 
nomènes inflammatoires,  sans  tuméfaction,  sans  œ  ième,  en  un  an 
et  demi,  des  modifications  des  muscle  et  du  tégument.  Bientôt  la 
main  gauche  est  prise  d'accidents  analogues  à  ceux  de  la  jambe 


132  REVUE  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB. 

gauche.  C'est  une  sclérose  musculaire,  une  rétraction  des  tendons 
et  de  l'aponévrose  palmaire,  sans  altération  de  la  peau,  taudis  que 
la  jambe  gauche  est  affectée  de  sclérose  musculaire  avec  rétraction 
de  quelques  tendons  et  sciérodermie  cutanée.  Celte  sctérodermie 
s'est  effectuée  sans  qu'on  ait  observé  des  accidents  continus  du 
début  de  la  sciérodermie  ordinaire  ;  on  n'en  a  observé  que  Tatro- 
phie  ;  elle  est  demeurée  unilatérale  tout  en  sautant  irrégulière- 
ment sur  divers  territoires  nerveux.  Le  tronc  est  resté  intact.  Cette 
allure  indique  la  probabilité  d*une  lésion  du  système  nerveux 
central. 

L'auteur  fait  remarquer  que  la  sclérose  des  muscles  présente  la 
même  tendance  à  la  rétraction  cicatricielle  et  à  l'atrophie.  Cette 
sclérose  qui  de  la  peau.  s*enfonce  dans  la  profondeur,  gagne  les 
aponévroses,  les  muscles,  les  os,  les  articulations,  est  constante  de 
la  sciérodermie;  la  myosclérose  n*a  cependant  pas  lieu  par  «onli- 
nuité  (Loubarsek  et  Ostertug,  Bail,  Thibierge,  Lagrange).  Ce  qui 
fait  la  particularité  de  la  présente  observation,  c'est  qu'à  une  cer- 
taine époque  il  y  avait  une  grande  différence  entre  le  degré  de 
développement  de  Taffectipn  cutanée  et  celui  de  l'affection  muscu- 
laire. Les  altérations  cutanées  n'existaient  certainement  point  à 
une  époque  où  Ton  constatait  le  genu  valgum  et  le  pied  valgus, 
par  suite  d'altérations  scléreuses  des  muscles,  et,  peut-être,  des 
aponévroses  et  de  l'appareil  ligamenteux  périarticulaire.  Mâme 
réflexion  pour  le  membre  supérieur;  on  ne  trouvait,  au  milieu  de 
l'avant-bras,  qu'une  rétraction  cicatricielle  à  direction  transverse 
de  la  peau,  alors  que,  depuis  plusieurs  mois  déjà,  s'était  dévelop-  . 
pée  de  la  sclérose  avec  contracture  des  fléchisseurs  et  de  Taponé- 
vrose  palmaire  qui  avait  entraîné  une  contracture  très  marquée  de 
deux  doigts.  Enfin,  l'atrophie  dès  os  ici  est  patente  tandis  qu'elle 
est  rare  dans  la  sciérodermie,  où  elle  s'explique  par  obstacle  à  la 
circulation  des  vaisseaux  afférents,  par  la  compression  mécanique 
due  à  la  rétraction  cicatricielle  de  la  peau  et  à  l'inaction  des  par- 
ties malades;  dans  notre  cas,  elle  serait  pour  ainsi  dire  indépen- 
dante de  la  sciérodermie,  et  rappellerait  celle  qui  constamment 
survient  dans  l'atrophie  faciale  progressive,  dans  Thémiatrophie 
faciale.  L'observation  offre,  en  effet,  de  grandes  ressemblances  avec 
cette  dernière  affection,  dans  les  deux  cas,  il  n'y  a  pas  de  phéno- 
mènes inflammatoires  initiaux,  pas  d'œdèmè;  tout  à  coup  se  pro- 
duit l'atrophie  avec  décoloration  de  la  peau,  et  ily  a  atteinte  iden- 
tique des  os,  des  aponévroses,  des  muscles. 

Quelles  sont  les  altérations  anatomiques  sous-jacentes  ?  Pas  plus 
dans  la  sciérodermie  que  dans  l'hémiatrophie  faciale,  il  n'y  a  de 
lésions  anatomiques  toujours  les  mêmes.  Il  est  plus  que  probable 
que  les  diverses  tropho névroses  ont  diverses  causes.  Dans  le  cas  de 
Schulz  caractérisé  par  delà  sciérodermie,  avec  sclérose  et  atrophie 
musculaire,  par  places,  indépendantes  de  la  première,  il  y  avait 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  133 

maladie  d*Addison.  On  trouva  une  dégénérescence  des  racines 
antérieures  de  la  moelle,  des  nerfs  périphériques  (sciatique,  radial, 
côbital gauches,  cervical  et  péronier  droits);  une  lésion  des  fibres 
masculaires  (disparition  des  stries  transversales,  hypergénèse  du 
tbsa  conjonctif ,  interstitiel)  ;  une  dégénérescence  de  la  capsule 
sarrénale  gauche.  Dans  l'hémiatrophie  faciale,  cas  de  Schlesinger, 
on  constata  des  lésions  centrales,  mais  il  s'était  produit  des 
troubles  de  la  déglutition  et,  plus  tard,  des  symptômes  ou  lésions 
de  la  base. 

La  marche  ultérieure  de  notre  observation  dira  si  l'on  est  vérita- 
blement en  présence  d'une  trophonévrose  ;  jusqu'ici  c'en  est  une 
qui  se  rapproche  de  la  sclérodermie  et  d«  Tatrophie  faciale  pro- 
gressive, mais  non  pas  le  développement.  Keraval. 

XLVI.  ÔONTRIBOTION  A  LÀ  CONNAISSANCE  DES  NÉVROPATHIBS   ORGANIQUES 

MASQUÉES  PAR  l'hystérie  1  par  H.  Determann  (Nem'olog.  CentralbL, 
XVI,  1897,) 

II  s'agit  d'une  paralysie  motrice  portant  sur  les  trois  nerfs  du 
bras  droit,*atteignant  surtout  le  radial  (paralysie  totale  du  long 
sapinateur,  parésie  de  l'extenseur  commun  des  doigts,  du  court  et 
du  long  extenseur  du  pouce)  ;  atteinte  également  forte  du  cubital 
(parésie  des  interosseux,  de  l'adducteur  du  pouce,  des  troisième  et 
quatrième  lombricaux)  ;  atteinte  très  faible  du  médian  (parésie 
faible  des  fléchisseurs  de  la  main  ;  parésie  du  court  abducteur  du 
pouce,  do  l'opposant,  des  premier  et  deuxième  lombricaux).  C'est 
le  complexus  symptomatique  de  la  paralysie  par  compression  pen- 
dant le  sommeil  ou  la  narcose  chloroformique,  mais  avec  paralysie 
des  trois  nerfs  tandis  que  d'ordinaire  un  seul  nerf  est  pris  ou  bien 
tout  le  plexus  est  aflecté.  Cela  s'expliquerait,  dans  l'espèce,  par 
les  procédés  opératoires  employés  pour  une  opération  antérieure, 
s*il  n'y  avait  en  môme  temps  une  paralysie  de  la  sensibilité  qui 
n'est  pas  en  rapport  avec  le  trajet  des  nerfs  de  la  peau  et  qui 
occupe  la  main  et  une  partie  de  l'avant-bras  ;  c'est  une  anesthésie 
hystérique.  Dans  ces  conditions  n*aurait-on  pas  affaire  à  une  mome- 
plégie  histérlque?  Or  l'examen  électrique  montre  que  l'excitabilité 
des  nerfs  du  bras  gauche  au  courant  faradique  est  normale  tandis 
que  celle  du  bras  droit  est  diminuée  à  partir  et  au-dessous  de  l'en- 
droit où  ce  membre  a  été  serré.  La  conductibilité  des  nerfs  est 
(aible  au-dessus  de  cet  endroit,  molle  à  l'endroit  même,  assez  bonne 
au-dessous.  Il  s'agit  donc  d'une  lésion  et  non  de  simples  troubles 
fonctionnels.  De  plus,  quelques  jours  après  l'admission,  le  trouble, 
de  la  sensibilité  disparaissait,  au  moyen  du  traitement  faradique, 
en  grande  partie,  et  quittait  la  forme  d'anesthésie  à  forme  de  gant 
constatée  au  début.  L'aneslhésie  hystérique  disparaissait  donc  lais- 
sant à  jour  le  complexus  clinique  d'une  paralysie  par  compression. 

P.  Keraval. 


134  RBVTJB  DE   PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

XLVII.  Communications  neurologiques;  par  J.   Peinberg.  (J^Tet^roto^. 
CentralbL,  XVI,  1897.) 

Ce  litre  est  un  piè^e  pour  les  faiseurs  de  tables  dans  les  journaux, 
car  ce  sont  les  sous-titres  suivants  qui  seuls  ont  de  la  valeur  pour 
le  chercheur. 

I.  Observation  de  paralysie  tie  Erb-Rlumphe^  consécutive  à  Vinftuenza 
{nétirite  radictdaire  du  plexus  brachial^  supérieur  et  inférieur).  —  En 
un  mot,  paralysie  combinée  de  Erb-Klumpke.  Phénomènes  initiaux 
ceux  de  Tiniluenza,  au  cours  d*uue  épidémie.  Huit  jours  plus  tard, 
brusquement,  frisson  violent  accompagné  d'une  épouvantable 
douleur,  partant  de  Tocciput  et  irradiant  dans  les  épaules,  la  par- 
tie du  cou  et  l'extrémité  supérieure  droite;  paresthésie  de  cette 
dernière  qui  devient  immobile.  Peu  après  le  bras  droit  tout  entier 
s'amaigrit.  Donc,  névrite  infectieuse  du  plexus  brachial.  La  para- 
lysie porte  sur  :  les  nerfs  sus-scapulaire,  axillaire,  les  branches  du 
sous-clavier,  des  pectoraux,  du  deltoïde,  le  musculo-cutané,  la 
branche  du  grand  dentelé,  le  radial,  le  médian,  le  cubital.  Lésion 
des  cinquième  et  huitième  racines  cervicale  et  de  la  première  dor- 
sale (par  cette  dernière,  phénomènes  oculopupillaires}.  Parésie  du 
rameau  spinal  de  l'accessoire  destiné  au  sterno-clédo-mastoîdien  et 
ao  trapèze  ;  cette  paroi  étant  en  rapport  avec  le  troisième  seg- 
ment cervical  (Siarr  et  Ëdinger),  tandis  que  celle  du  sus-^capulaire 
se  rattachera  au  quatrième,  la  lésion  inÛammaloire  doit  s*ètre 
étendu  du  plexus  brachial  au  plexus  cervical.  Cependant  d'après 
Navratu,  Grabower,  Darhschewitsch,  Schwaller,  il  se  peut  encore 
que  quelques  fibres  radiculaires  du  rameau  spinal  de  l'accessoire 
soient  atteints  dans  le  cinquième  segment  cervical,  ce  qui  expli- 
querait la  parésie  du  stemo-clédo-mastoîdien  et  du  trapèze.  Notons 
en  revanche  l'intégrité  de  l'élévation  -de  l'angle  de  l'omoplate 
et  du  rhomboïde  malgré  la  paralysie  totale  du  plexus.  11  n'y  a 
pas  non  plus  de  réaction  dégénératrice  des  muscles  atteints;  la 
diminution  de  leur  excitabilité  aux  courants  farad iques  et  galva- 
niques tient  plus  vraisemblablement  à  une  régénération  des  nerfs 
(la  maladie  date  d*un  an  et  demi).  Absence  de  tout  trouble  de  la 
sensibilité,  mais  l'observation  montre  qu'il  a  dû  y  en  avoir,  la 
régénérescence  les  a  fait  disparaître.  L'auteur  établit  le  diagnostic 
avec  la  pachyméningite  cervicale  hypertrophique  —  avec  la  polio- 
myélite antérieure  aiguë  avec  une  monoplégie  brachiale  corticale 
—  avec  la  syringomyélie. 

II.  Observation  d'encéphalite  hémorrhagique  dans  le  cours  de  Vin- 
fluenxa» —  Au  cinquième  jour  d'une  attaque  d'intlueuza,  délire, 
sopor,  convulsions  toniques  répétées  et  prolongées,  raideur  de  la 
nuque.  Bientôt,  Gèvre  peu  marquée,  sueurs  profuses,  diminution 


RBVUB  DE  PATHOLOGIE  NBRVBUSB.  135 

de  tous  les  accidents;  reste  simplement  de  la  parésle  de  Textré- 
niilé  supérieure  droite.  C'est  une  observatiou  à  rapprocher  des  cas 
avec  autopsie  de  Strûmpell,  Lichtenstein,  Kœnigsdorf,  Schmid, 
Ûppenheimi  11  y  a  eu  guérison  comme  il  peut  arriver  de  Tencépha- 
lite  protubérantîelle  et  cérébelleuse.  Diagnostic  d'avec  la  ménin- 
gite cérébrospinale  et  la  leptoméningite.  l.a  parésie  dir  bras  droit 
qai  reste  est  une  monoplégie  brachiale  corticale,  car  les  réilexes 
tendineux  sont  normaux  ainsi  que  la  réaction  électrique  des  nerfs 
et  des  muscles.  Gomme  le  facial  et  l'hypoglosse  sont  indemnes,  la 
lésion  se  borne  à  la  zone  motrice  du  centre  du  bras. 

P.  Keraval. 

XLYIII.  Contribution  a  l'étude  db'lhéhichoréb  posthémiplégiqub  bt 

DU  RAHOLLISSBMENT  DU  PONT  DB  VaROLE  ;  par  Â.  RUBINO.  {La  NuOVd 

Bivista  clinico-thérapeutica,  No  3. 1898.) 

Ud  homme  de  cinquante-sept  ans  présente  une  attaque  d'apo- 
plexie suivie  d'hémiplégie  droite  sans  paralysie  faciale,  ni  aphasie. 
L'hémiplégie  s'amende  peu  à  peu,  en  môme  temps  que  se  mani- 
festent des  mouvements  choréiques  du  môme  côté  intéressant  la 
face.  Un  beau  jour,  les  mouvements  convulsifs  étant  plus  violents 
que  d'habitude,  le  malade  tombe  brusquement  dans  un  état  coma- 
teux et  meurt.  On  croit  qu'il  s'agit  d'une  seconde  hémorrhagie 
cérébrale.  L'autopsie  montre  :  athérome  diffus,  plus  accentué  pour 
les  artères  cérébrales;  petit  foyer  de  ramollissement  dans  la  cap- 
sule interne  à  gauche,  gros  foyer  de  ramollissement  intéressant 
toute  la  largeur  du  pont  de  Varole,  thrombose  d'une  partie  de  labasi- 
laire  et  d'une  de  ses  branches.  L'auteur  combat  l'hypothèse  de  Char- 
col  qui, pour  expliquer  Thémichorée  posthémiplégique,  admet  l'exis- 
tence d'un  faisceau  spinal  hémickoréique ;  il  lui  parait  plus  vraisem- 
blable d'admettre  que  l'hémichorée,.  comme  d'ailleurs  la  chorée 
essentielle  est  due  à  des  troubles  de  centres  encéphaliques  spéciaux 
doDtles  lésions  circonscrites  produisent  la  chorée  localisée  ou  hémi- 
chorée,  et  dont  les  troubles  bio-chimiques  (infections,  dysorasies, 
défauts  d'évolution),  à  défaut  d'altérations  histologiques  reconnues, 
donneront  lieu  à  la  chorée  dite  essentielle.  Ces  centres,  dont  le 
siège  reste  indéterminé,  qui  se  confondent  peut-ôtre  avec  les  centres 
régulateurs  des  mouvements,  se  transformeraient,  sous  Tinfluence 
de  circonstances  morbides  variables,  en  centres  ehoréigènes^  de  la 
même  façon  que  les  centres  psycho-moteurs  se  transforment  en 
centres  épileptogèncs .  R.  Charon. 


REVUE  DR  THÉRAPEUTIQUE. 


XX.  Pathogénie  et  traitement  du  tabrs;  par  le  professeur  db  Renzi. 
{La  Nuova  Rivesta  clinico-iherapeutica,  N*»  1, 1898.) 

Pour  expliquer  les  rapports  intimes  de  la  syphilis  et  du  tabès, 
Tauteur  professe  qu*eu  Tétat  actuel  de  la  science  la  meilleure 
explication  est  la  suivante  :  le  tabès  et  la  paralysie  progressive 
sont  des  affections  éminemment  dêgénératives,  et  la  syphilis  est  un 
puissant  facteur  de  dégénérescence  ;  c'est  elle  qui  met  en  action 
celte  dégénérescence  latente  chez  les  prédisposés.  —  Mais  comment 
cette  action,  en  se  portant  spécialement  sur  les  faisceaux  de  Bur- 
dach  et  de  Goll,  produil-elle  l'incoordination  motrice?  Ma  seule 
théorie  —  parmi  toutes  celles  qui  ont  été  proposées  —  satisfait  l'es- 
prit, en  mettant  d'accord  les  faits  anatomiques  et  cliniques,  et  en 
expliquant  les  résultats  curatifs  de  la  méthode  de  Frenkel  ;  c'est 
celle  qui  fait  de  la  coordination  motrice  la  résultante  de  Faction 
synergique  du  système  nerveux  sensitif  et  qui  admet  que  toute 
altération  de  ce  système  nerveux  entraine  nécessairement  Tin- 
coordination. 

Après  avoir  passé  en  revue  les  différentes  médications  internes 
et  externes  préconisées  contre  le  labes.  Fauteur  s'étend  particuliè- 
rement sur  la  méthode  de  Frenkel,  par  la  rééducation  musculaire. 
L'explication  phvBiologique  de  cette  méthode,  éclairée  par  des 
comparaisons  suggestives,  tirées  de  la  transmission  des  ondes 
électriques,  liquides  et  sonores  par  des  conducteurs  multiples  et 
différents,  constitue  le  point  le  plus  original  de  cette  leçon  :  La 
fonction  crée  l'organe  et  non  l'organe  la  fonction  ;  quand  le  cou- 
rant nerveux  ne  peut  plus  suivre  son  trajet  ordinaire,  il  se  fraie 
une  autre  voie  par  des  nerfs  intercalaires;  l'impression  sensitive  va 
de  la  périphérie  aux  centres  supérieurs  par  l'intermédiaire  des 
fibres  longues  et  des  cordons  de  Goll  :  c'est  la  voie  maîtresse;  mais 
que  cette  voie  soit  supprimée,  d'autres  neurones  intercalaires,  qui 
étaient  atrophiés,  qui  n'existaient  qu'en  puissance^  ouvriront  une 
nouvelle  voie  au  courant  nerveux.  Chacun  de  nous  possède  depuis 
sa  naissance  un  certain  nombre  de  neurones  qui  sont  mis  en  exercice 
pour  les  occupations  et  les  mouvements  habituels  de  l'existence  ; 
mais,  en  plus  de  ces  neurones,  il  en  possède  d'autres,  en  réserve 
pour  ainsi  dire,  qui  ordinairement  sont  inactifs,  mais  qui  peuvent 
ê(re  mis  en  activité  par  un  exercice  extraordinaire.      R.  Gharon. 


RBVUB   DR  THÉRAPEUTIQUE.  137 

XXI.  Action  dks  anbsthésiques,  sédatifs  kt  nabcotiqurs  sur  lr 
KSRP  ISOLÉ;  par  A.  Waller  (Brain,  part.  LXXVI.  4896). 

Ce  mémoire  est  avant  tout  graphique  ;  les  45  planches  qui  le 
composent,  en  sont  la  partie  essentielle.  M.  Watler  sesert  toujours 
do  disposilif  indiqué  dans  ses  mémoires  précédents  (voir  Arch  de 
HatroL  iS97,  t.  I,  p.  397)  pour  obtenir  des  tracés  lumineux  fixés 
par  la  photographie.  Résultats  :  i^  les  anesthésiques  en  petite 
quantité  augmentent  temporairement,  en  grande  quantité  dé- 
priment ou  abolissent  à  temps  ou  définitivement  l'excitabilité  du 
nerf  isolé;  2^  l'acide  carbonique  a^it  comme  un  anestliésique  sur 
le  nerf  isolé,  le  protoxjde  d*azote  n'a  pas  d'action  appréciable  ; 
3°  an  nerf  isolé  est  plus  sûrement  aneslhésié  par  Féther  que  parle 
chloroforme;  4**  il  y  a  antagonisme  apparent  entre  le  chloroforme 
et  l'acide  carbonique;  5*^  les  bromures  dépriment  l'excitabilité, 
eelte  action  dépend  du  sel  total,  mais  plus  encore  de  sou  élément 
basiqae  que  de  sa  valeur  acide.  KBrest  plus  déprimant  que  Na  Br; 
Sr  Cl-  est  excitant;  Sr  Br*  est  déprimant;  6°  il  y  a  antagonisme 
entre  le  chlorure  de  potassium  d'une  part  et  les  sels  de  calcium  et 
strontium  d'autre  part;  7^  parmi  les  alcaloïdes  et  autres  narco- 
tiques certains  sont  déprimants,  d'autres  inertes  à  l'égard  du  nerf 
isolé.  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  morphine,  la  strychnine, 
la  mascarins,  l'atropine,  Taconine  sont  inactives;  tandis  que 
l'extrait  d*opium,  la  cocaïne^  Taconitine,  la  physostigmine,  la 
curarine,  la  gelsémine,  la  veratrine,  le  chloral,  le  butylchloral 
hydraté  sont  déprimants.  F.  Boissier. 

XXII.  Traitement  éLECTRiQas  palliatif  de  la  névralgie  du  trijumeau 
{tk  doulotireux  de  la  face)  ;  par  le  professeur  Bergonié,  de  Bor- 
deaux. (Presse  médicale,  5  janvier  1898.) 

L'auteur  expose  la  technique  et  les  résultats  du  traitement  de  la 
Dévralgie  du  trijumeau  par  les  applications  prolongées  d'un  cou- 
rantgalvanique d'une  haute  intensité.  Cette  méthode  thérapeutique 
comporte  l'emploi  de  courants  continus,  obtenus  soit  avec  des  élé- 
ments de  piles,  soit  avec  des  accumulateurs,  et  d*une  intensité 
variant  entre  35  et  50  milliampères.  Une  électrode  appropriée  est 
placée  loco  dolenti;  elle  doit  s'appliquer  exactement  sur  les  tégu- 
ments des  régions  appartenant  au  territoire  du  trijumeau  ou  à 
celui  de  la  ou  des  branches  atteintes;  M.  Bergonié  recommande, 
dans  ce  but,  de  se  servir  d'une  plaque  d'étain  laminé  de  1  milli- 
mètre el  demi  à  2  millimètres  d'épaisseur,  garnie  d'une  épaisse 
couche  de  gaze  hydrophile  et  isolée  sur  ses  bords  au  moyen  d'une 
bande  en  caoutchouc;  d'après  lui,  il  y  a  avantage  à  relier  cette 
électrode  au  pôle  positif.  L'autre  électrode,  d'une  surface  de  400  à 
^  centimètres  carrés,  est    placée   dans  le  dos,  au   niveau  des 


138  REVUB  DB  THBRAPBUTIQUB. 

premières  vertèbres  dorsales,  descendant  jusqu'aux  premières 
lombaires. 

l/auteur  rapporte  une  série  d'observations  dans  lesquelles  cette 
méthode  a  été  employée  avec  avantaf^e.  La  durée  des  séances  a  varié 
entre  dix  et  quarante  minutes  suivant  les  cas;  la  fréquence  et  le 
nombre  en  ont  été  réglés  d'après  l'intensité  et  la  ténacité  des 
symptômes;  dans  un  cas,  58  applications  ont  été  faites  en  deux 
mois  et  demi.  Appliqué  suivant  une  technique  correcte,  ce  traite- 
ment est  exempt  de  tout  inconvénient,  à  plus  forte  raison,  de  tout 
danger.  Dans  plusieurs  cas,  où  d'autres  médications  avaient  entiè- 
ment  échoué,  le  traitement  galvanique  a  amené  une  atténuation 
notable  ou  même  la  suppression,  parfois  passagère,  d'autres  fois 
durable,  des  symptômes  morbides.  (Une  des  observations  rappor- 
tées dans  ce  travail  concerne  une  malade  qui  n'a  pas  eu  de  crise 
depuis  trois  ans.)  Aussi  l'auteur  estime-t-il  que  ce  mode  de  traite- 
ment de  la  névralgie  du  trijumeau  peut  être  placé  parmi  les  plus 
efflcaces. 

Le  courant  galvanique  agit  probablement  par  des  effets  électro- 
lytiljues  atteignant  à  la  fois  les  terminaisons  périphériques,  les 
branches  et  le  tronc  du  trijumeau,  et  peut  être  même  le  ganglion 
de  Gasser  et  ses  racines.  A.  Fenatbou. 


XXUL  Lk  cubage  intérieur  ou  crâne;  par  Zanke.  (Neurolog, 
CentraibL,  XVI,  1897.) 

On  ne  peut  cuber  le  cr&ne  qu'à  l'aide  de  l'eau'.  Mais,  pour  cela, 
il  faut  le  rendre  imperméable  à  la  cire,  à  la  gutta-percha  ;  autant 
de  procédés  qui  salissent  les  pièces.  Il  convenait  de  prendre  une 
autre  méthode  simple,  ne  nécessitant  pas  de  préparation,  accessible 
k  tous  les  aides  de  laboratoires. 

1^  Cubage  immédiat.  —  On  fait,  comme  d'habitude,  à  l'autopsie, 
une  section  bien  é^ale  de  la  calotte  crânienne  ;  on  obtient  ainsi 
deux  parties,  la  base  et  la  calotte  que  Ton  peut,  sans  inconvénient, 
la  moelle  et  la  dure-mère  n'étant  point  encore  enlevées,  remplir 
d'eau  au  moyen  d'un  verre  gradué.  Puis  vous  cubez  seul  Tespace 
compris  entre  le  trou  occipital  et  le  commencement  de  la  moelle, 
en  le  défalquant  de  l'ensemble  précédemment  obtenu  ;  si  les  exi- 
gences de  la  nécropsie  vous  ont  obligé  d'ouvrir  le  canal  vertébral, 
vous  tamponnez  le  trou  occipital  avec  du  liège  entouré  d'ouate 
humide.  Ce  procédé,  la  dure-mère  étant  conservée,  assure  Tim per- 
méabilité de  la  base  du  crâne,  mais  il  faut  veiller,  en  sectionnant 
la  tente  du  cervelet,  à  ne  pas  inciser  le  sinus  transverse,  sinon  on 
le  tamponnera  à  l'ouate,  car,  autrement,  l'eau  s'écoulerait  par  la 

*  Voy.  Traité  pratique  de  crariiotnélrie,  par  Benedikt;  trad.  Keraval. 
Paris,  in-8%  IS89. 


RBVUB  DB   THBRAPBUTIQUB.  139 

jo^aire  ;  il  faut  aussi  pratiquer  à  ]a  scie  une  section  bien  hori- 
zoDlale.  On  remplit  alors  d'eau  et  Ton  se  convainc  bien  que  le 
nireau  n'en  bouge  plus  ;  on  vide  donc  le  cr&ne,  on  assèche  avec 
réponge  et  l'on  procède  comme  il  a  été  dit  suprà.  —  Il  peut  arri- 
ver que  la  section  à  la  scie  ait  été  un  peu  oblique  ;  ou  forcera,  en 
ce  cas,  les  résultats  en  chiffres  ronds.  —  Les  mômes  précautions 
seront  prises  pour  la  calotte  du  crAne.  Les  deux  cubages  partiels 
seront  additionnés.  Des  centaines  de  cubages  ainsi  eiïectués  et  à 
plusieurs  reprises  du  même  crAne  n'ont  pas  donné  à  Tauteur  plus 
de  10  centimètres  cubes  d'écart.  Quand  on  ne  se  trompe  pas, 
ajoule-t-il,  de  plus  de  i  p.  100  dans  ce  genre  de  recherches,  tout 
est  pour  le  mieux.  Pour  plus  de  sécurité  la  mesuration  deux  ou 
fois  trois  de  suite  à  chaque  moitié  du  crAue  est  nécessaire. 

if>  Cubage  de  ci'dne  préptxré.  —  A.  CrAne  ouvert  par  une  section 
horizontale  à  la  scie.  On  remplacera  la  dure-mère  par  une  vessie 
de  cochon  assouplie  dans  Teau,  aussi  grande  et  aussi  mince  que 
possible,  dont  l'ouverture  soit  assez  large  pour  qu'on  puisse  la 
rabattre  sur  les  bords  du  crAne.  —  a)  Calotte  crAnienne.  —  Il  n'est 
pas  rare  que,  par  elle-même,  elle  soit  imperméable;  point  n'est 
besoin  alors  de  vessie  de  cochon.  Sinon,  la  fixant  sur  un  appui 
convenable,  on  y  introduit  la  vessie  que  l'on  remplit  d'eau  en  veil- 
lant à  ce  que,  au  fur  et  à  mesure,  elle  se  déplisse  et  se  colle  aux 
parois  osseuses.  Puis  on  procède  comme  il  a  été  dit  suprà.  — 
b)  Base  du  crAue. —  Ici,  pour  que  la  vessie  s'applique  bien  exacte- 
ment aux  parois  intérieures,  il  faut  une  certaine  dextérité  dans  les 
doigts,  il  faut  encore  éviter  que  le  tissu  de  la  vessie  n'entre  trop 
dans  les  trous  et  qu'il  couvre  exactement  les  trous  comme  les 
remplit  normalement  la  dure-mère.  On  y  arrive  cependant  et  l'on 
se  convainc  de  la  fidélité  du  procédé  quand  on  compare  les  résul- 
tats ainsi  obtenus  A  ceux  des  cubages  de  crAnes,  dont  on  a  bouché 
les  trous  à  la  gutla-percha. 

JB.  Crânes  non  sectionnés.  On  tient  le  crâne  de-  façon  à  obtenir 
parla  pensée  une  sorte  de  plan  horizontal  passant  par  les  orbites, 
elle  bord  postérieur  du  trou  occipital.  On  bouche  les  cavités  ocu- 
laires à  l'ouate  humide,  les  petits  trous  à  la  cire,  et  l'on  remplit 
d'eau.  On  vide  ensuite  dans  un  vase,  et  l'on  mesure.  On  obtient 
ainsi  une  bonne  moyenne  comparée  à  celle  des  autres  méthodes. 

P.  Kbravâl. 

XXIV.  Comment  se  comportent  lrs  bromures  dans  le  corps  des  épilep 

TIQUES  ET  comment  SE  FONT    LES  ÉCHANGES  NUTRITIFS    DANS  LE  TRAlTbl- 

xciT  BROMO-opiAcâ  dc  Flechsig  ;  par  B.  Landenheimer  (Neurobg. 
CentralbL,  XVI,  1897.) 

Comment  s'élimine  le  bromure  administré  à  hautes  doses  con- 
tinues aux  épileptiques  ?  Ce  problème  est  résolu  sur  de  jeunes 


140  RBYUB   DR  TUBRAPEUTIQUB. 

malades  suffîsaniment  et  uniformément  nourris.  D'énormes  quan- 
tités de  bromure  (on  administre  toujours  de  NaBrj  sont  emmaga- 
sinés dans  réconomie.  Ainsi  un  patient  qui  chaque  jour  en  prenait 
10  gr.  et  qui,  par  suite,  pendant  trois  jours  avait  absorbé  80  gr.  de 
ce  sel,  n'en  avait,  dans  le  même  temps,  éliminé  que  39  ;  son  éco- 
nomie en  avait  donc  retenu  41.  Tel  autre  en  prend  en  trois  jours 
27  gr.  qui  n'en  rend  que  8  gr.  juste.  Un  troisième  absorbe  24  gr. 
en  trois  jours  et  en  ^arde  21  gr.  50.  Naturellement,  avant  les  expé- 
riences, on  avait  toujours  soin  de  supprimer  tout  médicament.  Mais 
il  ne  faut  pas  croire  que  cet  emmagasinage  reste  perpétuel  dans 
les  mêmes  proportions  quand  on  fait  usage  du  médicament  pen- 
dant des  mois  et  des  années;  l'économie  une  fois  saturée,  reste 
chargée  d'une  quantité  donnée  et  élimine  Texcédent  par  Turine, 
soit  à  un  moment  donné,  la  quantité  correspondante  à  Tadminis- 
Iration  journalière.  Par  exemple,  le  troisième  sujet,  après  Je  dix- 
septième  jour  d'administration  bromique  (dose  7  à  8  gr.  par  jour) 
présenta  les  particularités  suivantes  :  du  dix-huit  au  vingtième 
jour  il  prit  encore  7  gr.  par  jour,  ce  qui  fit,  pour  ce  dernier  Japs 
de  temps  21  gr.  en  tout,  et,  dans  le  môme  temps,  il  élimine 
20  gr.  95.  L'économie  se  charge  donc  d'une  certaine  quantité  de 
bromure  ;  quand  cette  charge  a  atteint  un  maximum  donné,  l'or- 
ganisme le  garde,  du  moins  aussi  longtemps  que  l'on  continue  à 
administrer  le  médicament  et  rend  le  surplus.  Quant  à  la  valeur 
du  coefficient  de  la  charge  bromique,  elle  ne  dépend  passeulement 
de  la  quantité  des  doses  ingérées  ;  elle  dépend  encore  d'un  facteur 
individuel,  car  on  est  en  droit  de  penser  qu'un  homme  soumis  à 
une  dose  quotidienne  de  7  gr.  se  charge,  au  bout  d'un  certain 
tempSyd'une  quantité  égale  à  celle  dont  se  charge  un  homme  qui 
prend  chaque  jour  10  gr.  du  médicament. 

Ainsi  s'explique  :  1^  qu'il  faille  un  usage  prolongé  de  6r.  pour 
agir  sur  les  accès  ;  2^  quels  accès,  supprimés  par  l'administration 
d'une  dose  de  Br-  pendant  des  semaines  et  des  mois,  reparaissent 
avec  une  violence  intensive,  dès  qu*on  supprime,  ne  fût-ce  qu'un 
jour,  le  médicament,  l'élimination  continuant,  en  quantités  pres- 
que identiques,  alTaiblit  la  charge  non  renouvelée  de  bromure. 

La  molécule  do  brome  chasse  le  chlore  des  chlorures  de  1  éco- 
nomie. Un  malade  qui  en  sept  jours  sur  70  gr.  de  Na  Br  ingérés^ 
en  avait  retenu  3G  gr.,  excrétait,  dans  le  même  temps,  sur  67  gr. 
de  Na  Cl  introduits  par  les  aliments,  plus  de  93  gr.  de  chlorure 
de  sodium,  par  l'urine.  Il  perdit  donc  plus  de  26  gr.  de  chlorure 
de  sodium.  Mais  il  doit  y  avoir  des  variétés  individuelles  relative- 
ment à  l'expression  de  la  charge  de  Br  et  à  laction  du  Br  ;  et  il  en 
faudrait  pas  en  conclure  que  l'action  antiépileptique  des  bromures 
soit  adaquate  à  leur  action  sur  le  déplacement  du  Cl.  En  tout  cas, 
l'analyse  du  sang  montre  que  la  plus  grande  partie  du  Br  est 
retenue  dans  le  sang  ;  dans  un  cas  où  la  teneur  en  Cl  du  sang  fut 


RBVUB   DB  THJ3RAPBUTIQUB.  141 

délerminée  avant  et  après  l'usage  du  Br  il  v  avait  bien  moins  de 
Cl  après  Tadmintstration  du  Br. 

De  là  à  croire  que  c'est  Tappauvrissement  de  l'organisme  en  Cl 
qui,  sous  rinfluence  de  i'administralion  du  bromure,  est  la  cause 
du  bromisme,  il  uV  avait  qu'un  pas.  En  effet,  dans  un  cas  de  bro- 
misme  au  début,  en  augmentant  Tingestion  du  cblorure  de  sodium 
on  a  considérablement  augmenté  l'élimination  du  Br.  par  l'urine. 
Chez  deux  malades,  pendant  les  premiers  jours  de  l'administration 
bromique,  non  seulement  l'excrétion  des  chlorures  augmenta, 
mais  l'excrétion  phosphorique  diminua,  En  outre,  le  jour  de  l'accès 
avant  l'administration  du  bromure,  ou  dans  les  vingt-quatre  heures 
voisines,  l'élimination  de  chlorures  était  nettement  diminuée,  celle 
de  l'acide  phosphorique  un  peu  augmentée,  sans  modifications 
caractéristiques  de  la  balance  d'oxygène, 

Dans  quelques  cas,  au  moment  de  V accès,  W  y  a  diminution  carac- 
téristique de  faction  des  reins.  Chez  un  malade,  notamment  un  ou 
deux  jours  avant  l'accès,  invariablement,  la  quantité  d'urine  dimi- 
nuait en  même  temps  que  sa  densité  montait,  ce  qui  permettait  de 
prévoir  l'attaque  ;  les  mômes  phénomènes  annonçaient  aussi  les 
troubles  psychiques,  courts  du  reste,  qui  remplaçaient  les  attaques. 
Dans  la  médication  opiobromurée,  chez  plusieurs  sujets  dont  on 
analysa  exactement  les  liquides,  la  période  d'administration  de 
Topiomen  augmente  remarquablement  la  quantité  d'urine  éliminée 
(à égalité  d'ingestion  des  boissons  naturellement),  de  là  une  perte 
de  poids  sans  conséquence  fâcheuse.  Le  malade  cité  plus  haut,  qui, 
avant  le  traitement,  présentait  l'anurie  relative  prœparoxystique, 
ne  la  présenta  plus  quand  on  lui  donna  des  doses  croissantes  d'o- 
pium (quoiqu'il  eût  encore  de  nombreux  accès),  ce  qui  semblerait 
indiquer  que  cette  anurie  est  due  à  une  convulsion  tonique  des 
tuniques  musculaires  des  vaisseaux  des  reins  précédant  l'accès 
d'épilepsie  à  la  manière  d'une  aura.  François  Franck  a  constaté 
la  diminution  de  volume  des  reins  pendant  l'accès.  L'opium,  en 
paralysant  des  éléments  musculaires  en  question,  de  môme  que 
les  muscles  involontaires  de  l'intestin,  agit  comme  diurétique,  alors 
qu'ailleurs  il  paralyse  les  sécrétions.  Chez  le  niùme  malade,  le  bro- 
mure seul  n'avait  pas  supprimé  les  accès  tandis  que  le  traitement 
opiobromuré  les  réduisit  à  uii  seul  accès  en  six  mois.  L'analyse 
des  matières  fécales  a  également  révélé  que,  pendant  le  traite- 
ment à  l'opium,  il  s'élimine,  par  l'intestin,  autant  de  bromure  que 
pendant  le  traitement  au  bromure  seul  ;  l'opium  ne  produit  donc 
pas  la  résorption  des  bromures  à  laquelle  Solzburg  rattache  l'ac- 
tion plus  efficace  du  traitement  opiobromuré.         P.  Këraval. 

XXV.  Phosphates  et  glycérophospbatbs  en  injections  sou>-cuTAifÉBs; 
par  le  D'  CaocQ  fils.  {Jown.  df.  NeuroL  et  d'Hyi)nologie,  1898,  n»  4.) 

Dans  ce  travail,  M.  Crocq  fils  revendique  la  priorité  de  l'emploi 


14i  RBVUB   DE  THBRAPBUnQUS. 

des  injections  de  phosphate  de  soude,  comme  tonique  neiiros* 
thénique;  il  reconnaît  toutefois  que  les  glycérophosphates  intro- 
duits récemment  dans  la  thérapeutique,  sont  pins  assimilables  et 
constituent  un  réel  progrès  sur  la  médication  phosphatée  ordi- 
naire. G.  D- 

XXVI.  Traitement  de  la  sciatiqor  par  la  com pression  du  nerf  a  l*au>k 
d'un  instrument  spécial,  par  P.-F.  ârullani.  (ISf^nirolog.  Cen» 
iralbL,  XVI,  1897.) 

L*auteur  a  inventé  un  appareil  pour  comprimer  le  sciatique  sans 
ouvrir  la  peau,  à  Tendroit  douloureux,  au  niveau  de  Téchancrure 
sciatique,  qui  rappelle  la  ceinture  antihystérique  de  Poirier. 
Séances  de  cinq  minutes,  pas  plus,  quotidiennement  jusqu  au  maxi- 
mum de  tolérance  possible;  la  compression  franche,  intense,  est 
d*un  quart,  au  plus  d'une  demi-minute,  puis  avec  la  pelote  de 
Tappareil  on  pratique  une  sorte  de  massage  compressif  moins  vif. 
Plus  l'opération  est  douloureuse,  plus  tôt  on  obtient  la  guérison. 
Quelquefois,  rarement,  la  compression  détermine  une  légère  lipo- 
thymie, parfois,  quelques  ecchymoses  :  cela  n*a  pas  d*importance. 
Six  séances  suffisent  souvent,  mais  il  n'est  pas  rare  qu'il  en  faille 
une  douzaine.  La  compression  du  point  douloureux  supérieur  peut 
à  elle  seule  amener  la  guérison,  mais  il  est  parfois  nécessaire  d'al- 
ler en  outre  comprimer  d'autres  points  douloureux,  en  ce  cas  on 
s'adressera  au  creux  poplité  à  Tangle  formé  par  récartement 
du  biceps  et  du  semi-tendineux,  un  peu  en  dehors  de  la  ligne  mé- 
diane, on  y  comprime  directement  le  nerf  contre  la  face  posté- 
rieure du  fémur.  Dans  les  cas  où  le  malade  se  plaint  de  douleurs 
tout  le  long  du  membre,  exercez  les  premières  compressions  au 
niveau  de  Téchancrure  sciatique,  et  les  veines  en  creux  poplité. 
L'auteur  a  traité  avec  succès  quarante  malades.  Chez  six  d'entre 
eux,  atteints  de  sciatique  opiniâtre,  la  maladie  avait  résisté  aux 
moyens  réputés  les  plus  actifs;  deux  cependant  guérissent.  Tan  par 
l'élongation  non  sanglante,  l'autre  par  la  faradîsation  forte.  Chez 
deux  des  malades  traités,  il  y  eut  une  simple  amélioration.  La  guéri- 
son  s'est  maintenue  sur  plusieurs  des  trente-deux  qui  ont  guéri  par  la 
compression  mécanique.  La  guérison  n'est  pas  difficile  à  obtenir 
quand  on  a  affaire  à  une  sciatique  chronique,  et  quand  il  existe  des 
points  douloureux  trop  élevés  (lombaire,  sacro-iliaque,  iliaque), 
parce  que  Ton  ne  peut  aller  comprimer  le  nerf  dans  le  bassin. 
S'il  y  a,  en  sus,  tuberculose  ou  syphilis,  il  faut  traiter  la  maladie 
sous-jacente.  Les  maladies  constitutionnelles,  les  névroses  graves 
ou  l'hérédité  nerveuse  assombrissent  le  pronostic.  L'examen  élec- 
trique ne  fournit,  quant  à  la  curabililé  par  la  compression  instrn- 
mentale,  aucune  indication,  car  il  existe  des  cas  dans  lesquels, 
quoique  la  sciatique  soit  chronique,  on  ne  constate  ni  atrophie,  ni 


RBVUB  DE  THBRAPBUTIQUB.  143 

dégénérescence,  ni  névrite,  et  cependant  ils  résistent  à  tout  traite- 
ment ;  par  contre,  certains  cas  témoignant  d'une  névrite  légère  et 
rapide  guérissent  néanmoins  promplement.  P.  Kbraval. 

XXVII.  Thérapeutique  vibratoire  ;  par  F.  Peterson.  {Medical-News^ 
janvier  1898.) 

L*auteur  décrit  avec  figares  les  appareils  de  Leidbeck  et  dit  en 
avoir  obtenu  de  bons  effets  dans  les  névralgies  périphériques,  les 
migraines  et  céphalées  neurasthéniques  et  hystériques,  ainsi  que 
danslaphonie  névropalhique  et  les  bourdonnements  d'oreilles  de 
môme  nature.  A.  Marie. 

ÎXVIII.  Traitement  du  délirium  tbbiiens;  par  Crothers  et  Z.  Gol- 
LiiNs.  {Médical-News,  février- avril  J898.) 

Les  auteurs  s*élèvent  avec  force  contre  le  restreint  des  alcoo- 
liques en  délirium  ;  ils  préconisent  Tusage  modéré  des  hypnotiques 
bromures,  la  suppression  radicale  du  toxique  et  les  évacuants  ordi- 
naires aidés  des  précautions  d'hygiène  propres  à  combattre  la 
dénutrition  aiguë  de  ces  malades.  Â.  Marie. 

XXIX.  Traitement  des  aliénés  a  la  consultation  externe  des 
hôpitaux  {British,  Medic.  Journ.,  avril  1898,  p.  1158). 

Pendant  cinq  ans,  le  D'  Baguer  a  traité  des  cas  d'aliénation  men- 
tale au  début,  à  la  consultation  externe  de  l'hôpital  Saint-Thomas, 
et  le  D'  Grochley  Glapham  a  fait  de  même  à  Thôpital  royal  de 
ShefBeld.  Dausies  deux  cas,  les  résultats  ont  été  satisfaisants,  tant 
poar  le  public  que  pour  le  corps  médical.  D'abord,  en  effet,  les 
malades  pauvres  ont  pu  recevoir  des  soins  au  début  de  leur  affec- 
tion, c'est-à-dire  au  moment  où  les  chances  de  guérison  étaient 
les  plus  grandes;  ensuite,  l'assimilation  des  maladies  mentales  aux 
autres  maladies  et  leur  traitement  dans  le  môme  établissement 
coDtribuent  à  enlever  à  l'aliénation  mentale  son  mauvais  renom, 
dernier  vestige  de  la  croyance  à  la  possession  diabolique. 

Le  médecin,  lui  aussi,  profite  de  cette  étude,  et  pour  les  étudiants 
l'importance  de  cette  clinique  externe  est  des  plus  grandes  :  là,  en 
effet,  il  verra  des  maladies  au  début  souvent  difficiles  k  diagnos- 
tiquer telles  qu'il  les  rencontrera  dans  la  pratique  générale,  tandis 
que  dans  les  asiles  il  ne  voit  que  des  maladies  bien  caractérisées 
arrivées  à  leur  période  d'état.  A  tous  égards,  dans  l'intérêt  des 
malades,  pour  l'édification  du  public,  pour  les  progrès  de  la 
science  et  l'instruction  des  étudiants,  il  faut  espérer  qu'une  cli- 
nique d'aliénation  mentale  sera  annexée  à  chaque  hôpital  général, 
comme  l'est  aujourd'hui  une  clinique  d'optalmologie,  par  exemple. 

A.  ViGOUROUX. 


144  REVUE   DB    THERAPEUTIQUE. 

XXX.  EpILBPSIC  JAKSONIENNR  ET  OPÉRATIONS;   par  A.  MORISON. 

(British.  médical  journal^  octobre  1856.) 

Deux  cas  de  crises  monoplégique  trépanés  avec  succès  chez  des 
hommes  de  dix-neuf  et  trente-deux  ans.  La  localisation  de  la 
lésion  et  de  la  détermination  topographique  cranio-cérébrale  ont 
été  déterminées  par  une  méthode  simple  et  nouvelle. 
Dans  les  mêmes  numéros  d'octobre  1896  est  relaté  un  cas  de  greffe 
réussie  de  la  moelle  épinière  d'un  lapin  pour  reconstituer  le  nerf 
médian  de  l'homme,  par  M.  Robson.  A.  Marie. 

XXXI.    AUHENTATION  ARTIFICIELLE  DES   ALIÉNÉS  ;    par   HaRRIS-LiSTON. 

(British  in  journal,  février  1897.) 

Note  tendant  à  montrer  la  supériorité  de] la  voie  nasale  sur  la 
voie  buccale  dans  Tintroduction  de  la  sonde  oesophagienne. 

A.  Marie. 

XXXn.  Traitement  chirurgical  des  tumrurs  thyroïdes  ;  par 
F.-T.  Paul.  (British  médical  Journal,  juillet  1897.) 

.  C'est  une  sorte  de  statistique  opératoire  de  douze  cas,  avec 
figures,  donnant  le  résultat  des  examens  histologiques  des  tumeurs. 
Celles-ci  consistaient  en  adénomes  rauqueux,  colloïdes,  fibreux  et 
cystiques  ou  caverneux,  et  en  dégénérescences  parenchymateuses 
ou  iutrafoiliculaires,  catarrhe  glandulaire  ou  vascularisatioii  exa- 
gérée du  corps  thyroïde.  Cinq  de  ces  dernières  liaisons  s'accom- 
pagnaient d'exophtalmie.  A.  Marie. 

XXXIII.  Abcès  TEMPORo-spHNéNoîDAL  ouvert  et  drainé  par  le  conduit 
auditif;  par  Ad.  Bronner.  (^rilisÀ  médical  Journal,  août  1897.) 

Observation  d'un  homme  de  vingt-huit  ans.  La  méthode  opéra- 
toire pèche  par  la  difficulté  du  drainage  conséi^utif  et  de  l'asepti- 
srtion  postopératoire,  dit  Fauteur.  Guérison.  A.  Marie. 

XXXIV.  Deux  cas  dk  ueningocèle  opérés  avec  succès  ;  par  Spauton 

(British  médical  Journal,  octobre  1897.) 

Les  enfants  avaient  Tun  troi^  semaines,  Tautre  trois  mois.  La 
tumeur  dans  les  deux  cas  ne  contenait  pas  de  cerveau  et  consistait 
en  un  nœvus  de  la  pie-mère.  A.  Marie. 

XXXV.  Le  TRAITEMENT  DK  L*ATAX1B  LOCOMOTRICE  PAR  L'ÉLONGATION  VRAIS 
DE  LA    MOELLE  ÉPINIÈRE;    par    GiUcS  DE    LA  TOURBTTE  et    G.    GaSNE. 

(Nouv.  Iconogr,  de  la  Salpétricre,  n®  1,  1898.) 

Nouvelle  série  de  21  malades  traités  par  la  méthode  des  auteurs. 


RBVUE   DB   THÉRAPEUTIQUE.  14S 

Amélioration  considérable  de  la  plupart  des  symptômes  (particu- 
iièremenl  des  troubles  douloureux  et  génito-uriuaires  et  de  l'incoor- 
dination) dans  17  cas.  R.  C. 

XXXVI.  Le  traitement  du  goitre  exophtalmique  par  la  section 
DO  SYMPATHIQUE  CERVICAL',  par  M.  Jaboulay.  (Presse  médicaley 
22  février  4898.) 

D'après  son  expérience  personnelle  (11  opérations),  M.  Jaboulay 
reste  convaincu  que  la  paralysie  artificielle  du  sympathique  cer- 
vical, qu'il  a  précouisée,  est  le  traitement  de  choix  du  goitre 
exophtalmique,  surtout  dans  les  formes  sans  goitre,  et  dans  les 
cas  où  l'indication  se  pose  de  recourir  au  traitement  chirurgical, 
même  à  une  distance  éloignée,  les  résultats  soni  satisfaisants.  Il 
croit  aussi  que  si  le  goitre,  lorsqu'il  existe,  avait  de  la  tendance  à 
se  reproduire  après  cette  opération,  il  faudrait  ne  pas  craindre  de 
l'enlever,  parce  que  la  syinpathicotomie  aurait  préparé  le  terrain 
à  la  thyroîdectomie,  qui  serait  moins  grave  et  plus  facile.  La  sym- 
pathicotomie,  ou  Tablation  du  ganglion  cervical  supérieur,  telle 
qu'il  la  pratique,  est  selon  lui  suffisante  pour  amender,  sinon 
guérir,  les  phénomènes  basedowiens. 

La  sympathicotomie  s'accompagnant  de  dégénérescences  au 
ioio,  il  faut  être  très  prudent  dans  les  extirpations  que  Ton  peut 
faire  sur  le  sympathique  cervical.  La  résection  totale  ne  met,  pas 
plus  que  la  section  du  ganglion  cervical  supérieur,  à  Pabri  des 
récidives,  parce  que  celles-ci  tiennent  au  sympathique  annexé  au 
irijumeau  et  au  pneumogastrique.  Les  faits  cliniques  démontrent 
que  c'est  une  erreur  de  croire  que  le  sympathique  cervical,  une 
fois  coupé,  va  se  souder  et  reproduire  la  maladie  de  Basedow.  — 
Les  procédés  de  destruction  du  sympathique  cervical,  section, 
résection,  brisement,  arrachement,  etc.,  étant  équivalents  dans 
leurs  résultats,  il  faut  choisir  le  plus  simple.  Il  y  aurait  même 
avantage  à  éviter,  si  possible,  de  paralyser  le  sympathique  cer- 
vical, et,  dans  ce  but,  M.  Jaboulay  se  propo>e  de  pratiquer  sur  le 
premier  malade  qu'il  aura  à  opérer  pour  goitre  exophtalmique, 
l'éloDgation  de  ce  nerf,  opération  qui  ne  fait  que  modifier  son 
excitabilité  en  respectant  sa  continuité.  A.  Fenayrou. 


Archives,  2*  sôrie,  t.  VI.  10 


NKCROLOr.lE 


M.  le  D*^  Auguste  VOISIN  S 

Médcrin  de  b  Salpèfricre. 


Auguste-Félix  Voisin,  né  à  Vanves  le  23  mai  1829,  est  mort  le 
23  juin.  Son  prand-père,  Félix  Voisin,  avait  été  médecin  de 
Bicôtre,  et  avec  Fairot,  avait  créé  la  Maison  d'aliénés  de  Vanves. 
Fnterne  des  hôpitaux  en  iSoi,  docteur  en  18o8,  chef  de  clinique  de 
Bouillftud  h  la  Faculté  de  Médecine  de  Paris  en  1862,  il  fut  nommé 
médecin  de  Hicôtro  en  1860  et  passa  à  la  Salpêtrière  l'année  sui- 
vante. 

'  Voir  sn  bibliograpliio  dans  le  n"  27,1898,  p.  1Ô  du  Progrès  médical. 


NBCROIOQIB. 


147 


M.  le  D'  L.  GUILLEMIN 


Nous  avons  le  regret  d'annoncer  la  niorl  du  D"*  Léon-Franrois 
GuiLLuix,  médecin  en  chef  de  la  section  des  hommes  à  l'asile 
d'aliénés  de  Monlde?ergues  (Vaacluse),  décédé  le  1*^''  juin  1898, 
il'^ede  quarante-six  ans,  à  la  suite  d'une  longue  et  douloureuse 
maladie.  C'était  un  médecin  distingué  qui,  par  son  caractère,  son 
tiévoaement  pour  les  malades,  ses  travaux  scientifiques,  honorait 
le  service  des  aliénés,  auquel  il  était  attaché  depuis  plus  de  vingt 
^^^\  il  était  entré  comme  interne  dans  les  asiles  en  1878,  et  était 
devenu  successivement  médecin  adjoint  et  médecin  en  chef. 

tes  ilnna/es  perdent  en  Guillemin  un  collaborateur;  parmi  les 
travaux  qu*il  a  publiés,  nous  signalerons  surtout  les  deux  suivants: 
Con(ri6MO'on  à  rétiide  de  VhystMe  alcoolique  y  n**  de  mars  1888  ; 


148  VARIA. 

Contribution  à  l'étude  df  la  rèmi  sinu  lians  la  paralysie  générale, 
no  de  novembre  1891. 

Les  obsèques  de  noire  confrère  ont  en  lieu  à  DÔIe  (Jura);  mais, 
la  Teille  du  départ  du  corps  pour  sa  dernière  demeure,  une  céré- 
monie touchante  eut  lieu  à  Tasile  de  Montdevergues,  à  laquelle 
prirent  part  les  autorités  du  département,  tout  le  personnel  de 
l'asile,  un  grand  concours  d*amis.  Trois  discours  ont  été  prononcés: 
par  le  préfet  de  Vaucluse;  par  le  D*"  Rey,  conseiller  général,  direc- 
teur-médecin de  l'asile  d'aliénés  d'Aix-en-Provence,  et  par  le 
D*"  Pichenot,  médecin  en  chef  de  la  section  des  femmes  de  l'asile 
de  Montdevergues.  (Annales  médico-psychologiques,  juillet  1898.) 


VARIA. 


IX«. Congrès  des  Aliénistes  et  Neurologistes  (Angers,  1898). 

Programme.  —  Le  neuvième  Congrès  des  Aliénistes  et  Neurolo- 
gistes français  se  tiendra  à  Angers,  du  l^^*"  au  6  août  1898.  La 
séance  d^ouverture  aura  lieu  dans  la  salle  des  Pèles  a  l'hôtel  de 
ville.  Les  autres  séances  auront  lieu  à  l'Kcole  de  Médecine  où  le 
secrétariat  se  trouvera  également  pendant  la  durée  du  Congrès. 
Les  ordres  du  jour  sont  ré^'lés  comme  il  suit  : 

Lundi  l®"*  août.  —  Matin,  10  heures  :  Séance  solennelle  d'ouver- 
ture à  la  Mairie.  —  Soir,  2  heures  :  Ecole  de  Médecine.  Constitu- 
tion du  bureau.  Nomination  des  deux  vice-présidents  et  des  secré- 
taires des  séances.  Compte  rendu  financier  de  1897.  Nomination 
d'une  Commission  pour  le  choix  des  questions  à  mettre  à  Tordre 
du  jour  du  Congrès  de  1899.  —  Première  question  :  Zes  troubles 
psychiques  post  opératoires.  Rappprteur,  M.   Rayneau.  Discussion. 

Mardi  2  août.  —  Matin,  9  heures.  Deuxième  question  :  Du  rôle 
des  arténtes  dans  tti  pathologie  du  système  nei'veuXi  Rapporteur, 
M.  Coulon.  Discussion. —  Soir,  2  heures:  Suite  de  la  discussion 
sur  la  deuxième  question.  Communications  diverses.  —  7  heures  : 
Banquet  par  souscription  du  Congrès. 

Mercredi  3  août.  —  Matin,  9  heures.  Troisième  question  :  Les 
délires  transitoires  au  point  de  vue  médico-légal.  Rapporteur,  M.  Val- 
lon. Discussion.  —  3  heures  :  Visite  à  TAsile  départemental  de 
Sainte-Gemmes-sur-Loire.  Dîner  offert  par  l'Administration  de 
l'Asile  à  MM.  les  Congressistes.  Représentation  théâtrale.  Feu  d'ar- 
tifice. 


VARIA.  149 

Jeudi  4  août.  —  Matin,  9  heures  :  Choix  du  siège  du  Congrès 
pour  1899.  Election  du  président  et  du  secrétaire  général.  Choix 
des  questions  à  mettre  à  Tordre  du  jour.  Nomination  des  rappor- 
teurs. Communications  diverses. —  1  heure  :  Visite  de  la  ville  d'An- 
gers el  des  principaux  monuments. 

Vendredi  5  août.  —  Matin,  9  heures  :  Communications  diverses. 

—  1  heure  :  Visite  aux  Ardoisières  de  Trélazé. 

Samedi  6  août.  —  Excursion  à  Saumur  :  Réception  par  la  Muni- 
cipalité, visite  de  la  ville  et  de  TEcole  de  Cavalerie;  visite  de  l'ab- 
baye de  Fontevrault,  aujourd'hui  Maisonfcentraie,  du  château  de 
Montsoreau,  Candes,  embouchure  de  la  Vienne. 

Dimanche  7  août.  —  Excursion  en  bateau  à  vapeur  :  Visite  des 
bords  de  la  Loire  :  châteaux  de  la  Baumette  et  de  Ghâteaubriant, 
La  Pointe,  Behuard,  La  J'ossonnière,  Chalonnes,  Champtocé  (ruines 
du  vieux  château  de  Barbe-Bleue),  Montjeau,  Injirandes,  Saint- 
F.orent-le- Vieil.  —  Déjeuner  à  bord.  —  Clôture  du  Congrès. 

CoMMc^dCATioNs.  —  Discussîon  sur  les  psychoses  post-opératoires  ; 
par  le  D'  Picqué,  de  Paris.  —  Observation  de  paranoïaque  procès- 
Hve,  type  du  délire  raisonnant  de  dépossession  de  Régis  ;  par  le 
IK  Ladame,  de  Genève.  —  Les  délires  transitoires  (discussion)  ;  par 
le  ly  Garnier,  médecin-chef  de  Tlnfirmerie  spéciale  à  la  Préfec- 
ture de  police.  —  Discussion  sur  les  artérites.  Myélite  transvei'se. 
Projections  lumineuses;  par  le  D*"  Brissaud,  de  Paris.  —  Fo7*me 
frmte  de  maladie  de  Parkinson;  par  le  D*"  Lafforgue,  médecin  aide- 
major  à  Touggourt  (Constantine).  —  Le  délire  de  revendication  en 
ikhors  de  la  folie  raisonnante  ;  par  le  D**  CuUerre,  directeur-méde- 
cin de  l'asile  d'aliénés  de  la  Roche-sur- Yon. —  Le  rôle  de  Vappareil 
'ordiO'Vasculaire  dans  la  pathogénic  de  certaines  phobies  neurasthé- 
niques; par  les  D*'®  Hartenberg  et  Valentin,  de  Paris.  —  Épidémie 
'/<?  myélite  infectieuse  observée  à  l'asile  de  Sainte-Gemmes  dans  le 
'oursde  l'année  Î897;  par  le  D*"  Petrucci,  directeur-médecin  chef. 

—  Mé'lecine  mentale  à  la  campagne.  Un  cas  de  respiration  de  Cheyne- 
Stockes  à  cycle  très  régulier  d'une  durée  de  25  jours  et  terminée  par 
l'i  fjnérison.  L'alcoolisme  en  Vendée  ;  par  le  D*"  Terrier.  —  Mémoire 
sur  les  délires  transitoires  au  point  de  vue  médico-légal.  Mémoire  sur 
le$ mutilations  dans  les  compagnies  de  discipline:  par  leD'  Rouby. 

—  Discussion  sur  les  psychoses  post-opératoires;  par  le  D'  Rppis.  — 
Les  centres  viscà'aux  de  Vécor ce  cérébrale.  Un  cas  de  chorée  saltatoire 
hystérique  datant  de  25  ans^  guérie  en  quelques  semaines;  par  le 
D''  Sellier.  —  De  rélimination  du  bleu  de  méthylène  chez  les  épilepti- 
ques:  par  le  D'  Voisin.  —  Application  de  la  suggestion  hypnotique  à 
lèdueation  mentale  des  enfants  vicieiix  ou  dégénérés;  par  le  D'  Bé- 
rillon.  —  De  l'organisation  des  asiles  publics  d'aliénés  de  province  : 
par  le  D'  Brnnel,  directeur  honoraire.  —  De  la  thérapeutique  dans 
ks  aiiles  d'aliénés;  par  le  D'"  Le  Filliàtre.  —  Sur  le  traitement  de 


150  VARIA. 

l'épilep$ie  par  la  sympatlieciomie  ;  par  les  D*^»  Lannois  el  Jaboulay.  — 
Mélanodeitnie  chez  les  épilepiiques  ;  par  le  D^  Lannoîs.  —  Sur  le 
traitement  des  tics.  Sur  quelques  cas  d' œdèmes  neigeux;  par  le 
D*"  Meige.  — Epilepsie  et  traitement  chirurgical. Idiotie  et  alcoolisme; 
par  le  D'*  Bourneville  (Société  de  patronage  de  Paris).  —  Lavage 
de  Cestomac  chez  les  neurasthéniques;  par  le  D*"  Raffegeau. 

I.  —  Les  nieinbres  du  Congrès  sont  instamment  priés  de  faire 
connaître  immédiatement  s'ils  sont  dans  l'Intention  de  prendre 
part  :  1®  au  banquet  par  souscription  du  Congrès  (prix  15  francs) 
(le  registre  d'insci'iption  sera  clos  le  lundi  i^^  août  au  soir)  ;  2<>  à  la 
réception  gracieuse  offerte  par  lasile  de  Sainte-Gemmes  ;  3^  à 
Texcursion  de  Saumur;  4^  à  Texcursion  de  Saint-FIorenl-le- Vieil. 

II.  —  Les  indications  pour  les  demandes  de  billets  de  demi-place 
doivent  nous  être  envoyées  sans  retard,  en  se  conformant  à  ce  qui 
a  été  dit  dans  la  précédente  circulaire.  Dernière  limite  à  laquelle 
ces  indications  pourront  être  reçues  :  12  juillet. 

IIL  —  Nous  rappelons  également  la  nécessiié  d'envoyer,  avant 
le  15  juillet,  les  titres  de  communications  ou  lectures  que  les  con- 
gressistes se  proposent  de  faire. 

IV.  —  Les  rapports  vont  être  distribués  prochainement,  on  fasci- 
cules séparés. 

V.  -  Quelques  congressistes  ne  nous  ont  pas  encore  envoyé 
leur  cotisation.  Nous  les  prions  dç  le  faire.  Nous  avons  Thonneur 
de  prévenir  ceux  pour  qui  nous  aurons  à  faire  faire  le  recouvrement 
par  la  poste,  que  la  quittance  sera  augmentée  de  un  franc  pour 
frais  de  recouvrement. 

VI.  —  Pendant  le  séjour  à  Angers,  les  moyens  de  transport 
les  plus  commodes^  du  centre  de  la  ville  à  l'Ecole  de  médecine, 
sont  les  tramways  de  la  place  du  Ralliement  ot  du  boulevard  de 
Saumur  &  la  gare  Saint-Ser^fc. 

Vil.  —  Pour  la  visite  aux  ardoisières,  des  pourparlers  sont  coiu- 
iiiencéà  avec  la  Compagnie  des  tramways  pour  obtenir  des  voilures 
^péciales  qui  tranî-porteront  les  membres  du  Congrès  d'Angers  û 
T  relancé. 

Vill.  —  Un  service  d^omnibus  va  être  organisé  pour  la  réception 
à  l'asile  de  Sainte-Gemmes-sur-Loire. 

Xlll«  Congrès  international  de  médkcine  (P<iris,  2-9  août  1900  . 

Section  de  psychiatrie.  —  Le  Comité  d'organisation  de  la  section 
de  psychiatrie  du  Congrès  international  de  médecine  qui  se  tiendra 
li  Paris,  du  2  au  0  août  1900,  s'est  constitué.  Il  est  composé  d*.* 
So  membres  choisis  parmi  les  aliénistes,  tant  de  Paris  que  de  la 
province.  Ce  sont  : 


VARIA.  151 

MM.  Gilbert  BalJet,  professeur  a;:régé  de  la  Facullé  de  Paris, 
médecin  de  rbôpital  Saijit-Ântoiae;  Bouchereau,  médecin  de  Thô- 
pilai  Sainte-Anne;  Rourneville,  médecin  de  Ricôlre  ;  A.  Carrier, 
médecin  honoraire  des  hôpitaux  de  Lyon  ;  Ghryslian,  médecin  do 
la  maison  nationale  de  Cbarenton  ;  Cullère,  médecin  directeur  de 
Tasile  de  La  Roche-sur-Yon  (Vendée);  Doutrebeute,  médecin-direc- 
teur de  TasiJe  de  Blois  (Loir-et-Cher)  ;  Jules  Falret,  médecin-hono- 
raire de  ia  Salpétrière  ;  Ch.  Féré,  médecin  de  Bicôtre;  Febvré, 
médecin  àPasile  de  Ville-Evrard;  Paul  Garnier,  médecin  en  chef  à 
riafirmerie  spéciale  du  Dépôt  de  la  Préfecture  de  police;  Giraud, 
médecin-directeur  de  l*asile  de  Saint-Yon  (Seine-Inférieure);  Jof- 
froj,  professeur  à  la  Faculté  de  Paris,  médecin  à  l'asile  Sainte- 
ÀDoe;  Ua&rnan,  membre  de  l'Académie  de  médecine,  médecin  à 
Tasile  Sainte-Anne  ;  Mairet,  professeur  à  la  Faculté  de  Montpellier, 
médecin  en  chef  de  l'asile  de  l'Hérault;  Mcuriot,  président  de  la 
Société  médico-psychologique  ;  Motet,  membre  de  l'Académie  de 
médecine ,  Parant,  médecin  de  la  maison  de  Santé  de  Toulouse  ; 
Pierret,  professeur  à  la  Faculté  de  Lyon,  médecin  de  Tasile  de 
Brou;  Ë.  Begis,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  Bordeaux;  Ritli, 
secrétaire  général  de  la  Société  médico-psychologique,  médecin 
de  la  Maison  nationale  de  Charenton;  Seglas,  médecin  de  Bioétre  ; 
Taguet,  médecin  de  l'asile  de  Vaucluse;  Vallon,  médecin  de  l'asile 
de  Villejuif  ;  Jules  Voisin,  médecin  de  la  Salpétrière. 

Ce  Comité  s*est  réuni,  le  13  mai  1898,  pour  l'élection  du  bureau 
de  la  section  et  le  choix  de  questions  à  proposer  pour  sujets  de 
rapports. 

Le  bureau  a  été  composé  ainsi  qu'il  suit  : 

lVé««den^  ;  M.  Magnan  ;  Vice-présidents  :  MIA,  ioïvvioïc  et  Gilbert 
Ualut;  Secrétaire  général:  M.  Ant.  Ritti.  Puis  9  questions  ont  été 
proposées  parmi  lesquelles  le  Comité  devait  être  appelé,  dans  une 
séance  ultérieure,  à  en  choisir  quatre  ;  une  de  pathologie  mentale, 
ane  d'auatomie  pathologique,  une  autre  de  thérapeutique,  enfin 
uue  dernière  de  médecine  légale.  Cette  séance  eut  lieu  Je  18  juin 
1898.  19  membres  du  Comité  y  assistaient.  Voici  les  questions  qui 
uut  été  adoptées  r 

Pathologie  mentale  :  Psychoses  île  la  puberté  ;  Analomie  patholo- 
gique :  Anatomie  pathologique  de  ndiotie;  Thérapeutique  :  l)e  l\di- 
ttmnt  {repos  au  lit)  dans  le  ttaitement  des  formes  aiguës  de  la  folie 
e(  des  modifications  qu'il  pourrait  entraîner  dans  l'organisation  des 
établissements  consacrés  aux  aliénés;  Médecine  légale  ;  Les  pener- 
mns  sexuelles  obsédantes  et  impulsives  au  point  de  vue  médico-légal. 
Il  a  été  décidé,  en  outre,  que  chacune  de  ces  questions  serait  traitée 
par  trois  rapporteurs,  dont  deux  étrangers  et  un  Français. 


\hi  VARIA. 


Statuts  dk  la  SociérÉ  de  Patronage  des  aliénés 
GirÉRis  DU  Département  de  la  Seine. 

1.  —  But  et  composition  de  la  Société. 

Article  premier.  —  L'association  dile  :  Société  de  patronaye  des 
aliénés  guéris,  fondée  à  Paris  en  i896,  a  pour  but  :  1®  de  venir  en 
aide  aux  malades  indigents,  ou  nécessiteux,  majeurs  ou  mineurs, 
pensionnaires  de  la  Seine^  sortis  des  asiles  publics  ou  des  quartiers 
d'hospice  ;  2f*  de  combattre  les  préjugés  relatifs  è  l*hospitalisation 
des  aliénés,  à  l'incurabilité  et  au  traitement  de  raliénation  men- 
tale. Le  concours,  de  la  Société  s'étend  aux  enfants  des  aliénés  et 
au  besoin  à  leurs  proches.  Elle  a  son  siège  à  Paris. 

Art.  2.  —  La  Société  se  compose  de  membres  perpétuels  (ou 
fondateurs),  de  membres  titulairesy  de  membres  adhérents  et  de 
membres  auxiliaires. 

Le  titre  de  membre  perp^^ue/  ou  fondateur  s'acquiert  par  le  don 
fait  à  la  Société  d'un  capital  de  200  francs  au  minimum.  —  Le  titre 
de  membre  titulaire  est  acquis  à  toute  personne  payant  une  sous- 
cription de  20  francs  au  moins.  —  Le  titre  de  membre  adhérent 
appartient  aux  personnes  qui  paieront  une  cotisation  de 5  francs. 
—  Le  titre  de  membre  auxiliaire  appartient  aux  personnes  qui, 
sans  effectuer  aucun  versement,  sont  chargées  par  le  Conseil  d'ad- 
ministration de  visiter  un  certain  nombre  d'anciens  aliénés,  de 
leur  porter  des  encouragements  et  au  besoin  des  secours.  —  Les 
membres  fondateurs,  titulaires,  adhérents,  auxiliaires,  ont  voix  à 
rassemblée  générale. 

Art.  3.  —  La  qualité  de  membre  de  la  Société  se  perd  :  1"  par 
la  démission;  2^  par  la  radiation  prononcée,  pour  motifs  graves, 
par  le  Conseil  d'administration,  le  membre  intéressé  ayant  été 
préalablement  appelé  à  fournir  ses  explications. 

IL  —  Administration  et  fonctionnement. 

Art.  4.  —  La  direction  de  la  Société  est  confiée  à  un  Conseil 
d'administration  composé  de  membres  de  droit  et  de  membres 
élus.  Les  membres  de  droit  sont  :  i^  le  préfet  de  la  Seine,  le  Pré- 
sident du  Conseil  général  de  la  Seine,  le  Président  du  Conseil 
municipal  de  Paris,  Présidents  d'honneur  de  la  Société  ;  2*»  le 
Directeur  uu  sous-directeur  des  Affaires  départementales  à  la  Pré- 
fecture de  la  Seine;  3°  le  directeur,  le  médecin-directeur  et  les 
médecins  chefs  de  service  de  chacun  des  asiles  ou  quartiers  d'hos- 
pice de  la  Seine. 

Les  membres  élus  sont  au  nombre  de  trente,  savoir  :  six  élus 


VARIA.  153 

par  la  Commission  de  Surveillance  des  asiles  publics  d'aliénés 
delà  Seine;  ^  vingt-quatre  élus  par  l'assemblée  générale  an- 
nuelle. 

Le  renouvellement  du  Conseil  a  lieu  par  tiers  tous  les  ans.  Le 
tirage  au  sort  désigne  les  membres  sortants  pendant  les  deux  pre- 
mières années.  Après  la  troisième  année,  les  membres  élus  sorti- 
ront par  voie  de  roulement.  Les  membres  sortants  sont  rééli- 
gibles. 

Le  Conseil  d'administration  choisit  parmi  ses  membres,  après 
chaque  renouvellement  :  un  président,  deux  vice-présidents,  deux 
secrétairesy  un  trésorier  et  un  comité  de  direction  composé  de  dix 
membres. 

Art.  5.  —  Le  Conseil  d'administration  se  réunit  chaque  fois  qu'il 
est  convoqué  par  son  Président  ou  sur  la  demande  du  quart  de 
»es  membres.  Il  peut,  après  avis  du  Comité  de  direction,  acheter, 
Teodre,  échanger  des  valeurs  mobilières,,  ester  en  justice,  plaider 
et  transiger  sous  les  conditions  prévues  par  la  loi,  donner  tous 
désistements  et  mainlevées,  et  généralement  faire  tous  les  actes  de 
disposition  ou  d'administration  que  besoin  serait. 

Art.  6.  —  Le  Comité  de  direction  se  réunit  tous  les  mois,  et,  en 
outre,  chaque  fois  que  les  besoins  de  la  Société  l'exigent.  Le  Prési- 
deut  du  Conseil  d'administration  (ou,  en  cas  d'empêchement,  un 
des  vice-présidents)  est  président  de  droit  du  Comité  de  direc- 
lioo.  Les  secrétaires  et  le  trésorier  du  Conseil  d'administration  sont 
de  droit  secrétaires  et  trésorier  du  Comité  de  direction. 

Le  Comité  délibère  à  la  majorité  des  voix.  La  voix  du  Président 
est  prépondérante.  Le  Comité  esi  char^^é  de  la  gestion  matérielle  et 
morale  de  la  Société,  de  l'ensemble  et  des  détails  de  son  adminis- 
tration. 11  présente  au  Conseil  d'administration  les  comptes  et  les 
budgets  de  la  Société  et  donne  son  avis  sur  toutes  les  questions 
qui  lui  sont  soumises  par  le  Conseil  d'administration. 

Art.  7. —  L* Assemblée  générale  des  membres  de  la  Société  se  réu- 
nit au  moins  une  fois  chaque  année,  et  chaque  lois  qu'elle  est  con- 
voquée par  le  Conseil  d'administration  ou  sur  la  demande  du  quart 
au  moins  de  ses  membres.  Le  Conseil  d'administration  y  expose  la 
situation  morale  et  financière  de  la  Société  et  rend  compte  des 
résultats  obtenus.  L'assemblée  générale,  en  sa  séance  annuelle, 
approuve  les  comptes  de  l'exercice  clos,  vote  le  budget  de  l'exercice 
suivant,  et  pourvoir  au  renouvellement  des  membres  du  Conseil 
d'administration  décédés  ou  ayant  cessé  de  remplir  leurs  fonc- 
tions. Dans  la  même  séance,  l'assemblée  délibère,  quel  que  soit 
d'ailleurs  le  nombre  des  membres  présents,  sur  toutes  les  qucs- 
lionsquilui  sont  soumises  par  le  Conseil  d'administration  dans 
l'intérêt  de  la  Société.  Le  compte  rendu  de  la  séance  annuelle  est 
adressé  à  MM.  les  membres  de  la  Société,  à  M.  le  Ministre  de  Tlnté- 

rieur,  à  M.  le  Préfet  de  la  Seine,  à  M.  le  Préfet  de  Police,  aux 


134  VARIA. 

Conseillers  généraux  el  aux  membres  de  la  Commission  de  surveil- 
lance. 

Art.  8.  —  Le  Président,  ou  un  membre  du  Conseil  d'adminislra- 
lion  délégué  par  lui,  remplit  les  fonctions  d'ordonnateur  et,  à  ce 
titre,  signe  et  délivre  tous  mandats  pour  racquiltement  des  dé- 
penses. 

Art.  9.  —  Le  Secrétaire  rédige  les  procès-verbaux  du  Comité  de 
direction,  du  Conseil  d'administration  et  de  l'Assemblée  générale, 
et  les  signe  avec  le  Président,  Il  a  la  surveillance  et  la  garde  des 
archives. 

Art.  10.  —  Le  Trésorier  est  chargé  de  la  perception  des  pro- 
duits et  revenus  de  la  Société  et  du  paiement  des  dépenses.  11  pré- 
pare les  budgets  et  comptes,  les  soumet  au  Comité  de  direction  à 
qui  il  communique,  à  chaque  séance,  Tétat  de  la  caisse  et  la  situa- 
tion (Inancière  de  la  Société.  11  rend  compte  de  sa  gestion,  par 
Tentremise  du  Comité  da  direction,  au  Conseil  d'administration  ; 
il  vise  toutes  les  pièces  de  comptabilité;  il  signe,  en  vertu  d'auto- 
risations spéciales  du  Conseil  d'administration,  toutes  les  ventes, 
transport  de  fonds  publics  ou  autres  valeurs  mobilières^  tous 
achats,  ventes  ou  échanges  d'immeubles,  tous  baux  et  marchés  et 
leur  résiliation.  Il  tient  deux  registres,  l'un  pour  Pinscription  des 
recettes  et  dépenses  de  la  Société,  et  Tautre  pour  celles  des  titres  et 
valeurs,  dont  il  a  le  dépôt  et  la  garde.  11  représente  la  Société  en 
justice,  mais  il  ne  peut  agir  en  ce  cas  qu'en  vertu  d'une  délibéra- 
tion spéciale  du  Conseil  d'administration. 

III.  —  Ressources  annuelles  et  fonds  de  réserve. 

Art.  11.  —  Les  ressources  annuelles  do  la  Société  se  composent  : 

1^  Des  cotisations  des  membres  des  différentes  catégories;  2*^  des 
revenus  de  toute  nature  provenant  des  valeurs  lui  appartenant  ; 
3""  des  subventions  allouées  par  l'Etat,  le  département  ou  les  com- 
munes; 4"^  du  produit  des  bals,  concerts,  matinées,  kermesses, 
ventes  de  bienfaisance,  conférences,  etc.  ;  5"  des  dons  manuels  ; 
6"  du  produit  des  troncs  placés  dans  les  asiles  et  quartiers  d'hos- 
pice de  la  Seine. 

Art,  12.  —  Le  fonds  de  réserve  comprend  :  l*'  le  dixième  au 
moins  de  l'excédent  des  ressources  annuelles  ;  ^  les  sommes  ver- 
sées pour  le  rachat  des  cotisations;  3<^  le  produit  des  libéralités 
autorisées  sans  emploi. 

Art.  13.  —  Le  fonds  de  réserve  est  placé  en  rentes  nominatives 
3  p.  100  sur  l'Etat,  ou  en  obligations  nominatives  de  la  ville  de 
Paris  ou  du  département  delà  Seine,  et  en  obligations  de  chemin 
de  fer  dont  le  minimum  d'intérêt  est  garanti  par  l'Etat. 


VARIA.  loo 


IV.  —  Des  secours. 


Art.  14.  —  Des  secours  proportionnés  aux  ressources  de  la 
Société  sont  distribuas  soit  à  domicile,  soit  aux  maisons  d^assis- 
tauce  créées  ou  à  créer,  soit  eu  nature  ou  en  arj^ent,  par  les  soins 
du  Comité  de  direction,  aux  patronnés,  tant  hommes  que  femmes 
et  eDfanls. 

Art.  15.  —  Les  secours  moraux  sont  donnés  aux  patronnés  par 
tous  les  membres  de  la  Société,  lis  s'informent  de  l'état  moral  des 
palrouiiés,  font  connaître  aux  médecins  ou  au  président  du  Comité 
de  direction  les  irréfrularités  de  caractères  et  les  (roubles  de  Tiii- 
(elligeuce  qui  leur  ont  été  signalés,  et  distribuent  les  secours  en 
nature  et  eu  argent,  lorsqu'ils  en  sont  chargés  par  le  Comité. 

Xat,  16.  —  Les  fonctions  de  médecins  de  la  Société  consistent 
en  des  consultations  qu'ils  donneront  ou  des  visites  qu'ils  feront  à 
ceux  des  patronnés  ou  à  leurs  enfants,  appartenant  à  leur  circons- 
cription, qu'ils  ont  visités  eux-mêmes  ou  qui  leur  sont  signalé?. 
Ces  fonctions  ne  peuvent  être  rétribuées  que  par  décisions  spé- 
ciales du  Comité  de  Direction. 

V.  —  Modifications  des  statuts  et  dissolution. 

Art.  17.  —  Nul  changement  ne  pourra  être  apporté  aux  pré- 
sents statuts  qu'après  avoir  été  décidé  par  l'Assemblée  générale  à 
la  majorité  des  deux  tiers  des  membres  présents. 

Art.  18.  —  L'Assemblée  générale  appelée  à  se  prononcer  sur  la 
dissolution  de  Tassociation  et  convoquée  spécialement  à  cet  effet 
doit  comprendre  au  moins  la  moitié  plus  un  de  ses  membres  en 
exercice.  La  dissolution  ne  peut  être  votée  qu'à  la  majorité  des 
deux  tiers  des  membres  présents. 

Art.  19.  —  En  cas  de  dissolution,  l'assemblée  générale  dé;)ignera 
UD  ou  plusieurs  commissaires  chargés  de  la  liquidation  des  valeurs 
de  Tassociation.  Les  capitaux  et  autres  valeurs  lui  appartenant 
seront  mis  à  la  disposition  de  l'Assistance  publique  avec  afl'eclalion 
spéciale  au  bien-être  des  aliénés. 

VI.  —  Uèfjlement  intérieur. 

Art.  20.  —  Un  règlement  intérieur,  adopté  par  l'Assemblée 
géuérale,  arrête  les  conditions  de  détail  propres  à  assurer  l'exécu- 
tion des  présents  statuts. 

II  peut  toujours  être  modifié  dans  la  même  forme. 

Professeur  Delbœuf  de  Liège;  par  Foret.  {Zeilschrifl  fiir  hypnolis- 
mus,  t.  V,  fasc.  i.) 

Nécrologie  du  professeur  Delbœuf  (1831-1896)  et  énumération  de 
^  principaux  travaux  scientifiques.  L. 


156  VARIA. 

LiÉBBAULT  ET  SON  ÉCOLE  ;  pat'  Â.-W.   Renterghem.  (Zeitschrift  fur 
hypnotismuSf  t.  V,  fasc.  1.) 

L'auteur  a  fondé  une  clinique  d^hypnotisme,  à  Amsterdam, 
après  avoir  visité  les  cliniques  similaires  en  France.  Il  nous  apprend 
que  l'école  de  Nancy  a  fait  de  nombreux  adeptes  à  l'étranger  et  il 
cite  à  l'appui  Fore!  (Suisse),  Schrenck-Notzing  (Munich),  Kraffl- 
Kbbing  (Vienne),  Vogt  (Suisse),  Tuckey  (Angleterre,  etc.).  Les  pra* 
tiques  de  l'hypnotisme  seraient  inoffensives  et  donneraient  de  très 
bons  résultats  thérapeutiques.  Lwoff. 

Nécessité  de  l'hosmtali.s\tion  des  épileptiqles. 

Sous  ce  titre  :  Une  épUeptique  brûlée  vive,  le  Petit  Parisien  du 
10  juin  1898  publie  la  dépêche  suivante  de  Bruxelles  à  la  date  du 
3  juin  : 

c  A  Nieumunster,  près  de  Bru^'es,  habitaient  la  veuve  D...  et  ses 
enfants,  une  1111e  âgée  de  dix-huit  ans  et  un  fils  âgé  de  vingt  an<, 
qui  étaient  sujets  à  des  attaques  d'épilepsie.  Hier  soir,  la  mère 
étant  malade  dans  son  lit,  fut  réveillée  par  des  cris  terribles.  Elle 
vit  sa  fille  se  tordre  au  milieu  des  flammes  d'une  lampe  à  pétrole 
brisée.  Malgré  ses  souffrances^  la  mère  sortit  de  son  lit  pour  voler 
au  secours  de  son  enfant,  mais  tout  fut  inutile.  La  jeune  fille  mourut 
après  d'atroces  douleurs.  La  mère  reçut  des  blessures  graves  qui 
mettent  sa  vie  en  danger.  Le  fils  D...,  qui  était  tombé  dans  une 
nouvelle  attaque  de  son  mal  pendant  que  sa  mère  et  sa  sœur 
brûlaient,  n'avait  pu  leur  venir  en  aide.  > 

De  tels  faits,  répéterons-nous,  démontrent  la  nécessité  de 
rhospitalisalion  des  épileptiques. 

L'alcoolisme  et  ses  co.nsé(jl'Ences. 

On  adresse  de  Chartres  au  Petit  Parisien  (19  juin),  le  récit  sui- 
vant: €  A  la  suite  d'une  violente  scène  de  ménage  dans  laquelle  son 
mari,  en  état  d'ivre«se,  l'avait  battue,  la  nommée  Pauline  Bour- 
gine,  femme  de  François  Fillon,  cafetier  à  Villars,  se  réfugia  chez 
ses  parents  avec  ses  deux  jeunes  enfants.  Lorsqu'elle  rentra  le 
matin  au  domicile  conjugal,  la  femme  Fillon  trouva  son  mari 
pendu  dans  la  chambre  à  coucher.  Le  désespéré  était  un  alcoolique 
très  redouté  de  sa  femme  et  de  ses  voisins.  » 

Un  prétendu  crime.  —  Plusieurs  de  nos  confrères  avaient  raconté 
avec  force  détails  ce  qu'ils  appelaient  le  crime  du  boulevard  Dide- 
rot. Les  faits  avaient  été  dénaturés.  Les  voici  rétablis  sous  leur  véri- 
table jour.  M.  Rey,  marchand  de  vin,  avait  bu  avant-hier,  coup  sur 


VARIA.  1S7 

coup,  plusieurs  absinthes.  Ivre,  il  descendil  dans  sa  cave,  et  ren- 
versa une  pile  d'assiettes. 

Sa  femme  accourut  au  bruit.  Elle  vit  son  mari,  qui,  dans  un 
accès  de  délire  alcoolique,  se  portait  dans  la  lôle  de  violents  coups 
de  foret.  M"*  Rey  tenta  de  désarmer  le  malheureux  et  de  le  faire 
remonter  dans  la  boutique.  Mais  le  marchand  de  vin  trébucha  dans 
l'escalier,  et  entraîna  sa  femme  dans  sa  chute. 

Les  cris  que  M™«  Rey  poussa  alors  attirèrent  l'attention  des  voi- 
sins. Quand  ceux-ci  arrivèrent,  ils  trouvèrent  M.  Rey,  la  face  con- 
gestionnée et  râlant.  Ils  le  transportèrent  dans  son  lit.  Mais,  il  ren- 
dait presque  aussitôt  le  dernier  soupir,  succombant  à  une  conges- 
tion cérébrale  causée  par  Tabsinthe,  plutôt  qu'aux  blessures  assez 
iiisiirnidanles  qu'il  s'était  faites.  (Le  Temps,  du  26  mai.) 

--  Un  soldat  de  la  garnison  d'Alexandrie,  nommé  Trovato,  et 
natif  de  Sicile,  rentrait  Tautre  soir  à  la  caserne  dans  un  état 
d'ébriété  tel  que  le  sergent  de  garde  lui  adressa  de  sévères  obser- 
vations. Furieux,  Trôvato  saisit  un  fusil  et  fit  feu  sur  le  sergent. 
Mais  il  avait  mal  visé  et  la  balle  dévia.  Alors  dans  un  véritable 
accès  de  rage  alcoolique,  Trovàto  courut  à  la  chambrée,  s'y  barri- 
cada et  commença  à  tirer  indistinctement  contre  tous  ceux  qui 
s'approchaient. 

Deux  généraux  et  plusieurs  officiers  supérieurs  attirés  par  la 
fosillade  ne  parvinrent  pas  à  intimider  le  forcené  et  essuyèrent  son 
feu.  Craignant  qu'on  enfonçât  la  porte  qu'il  avait  barricadée,  Tro- 
vato quitta  la  chambrée  par  une  autre  issue  et  se  réfugia  sur  le 
toit  d'oii  il  tira  encore  23  coups  de  fusil  sur  tous  les  gradés  ou  sol- 
dais qu'il  voyait  à  portée.  Heureusement  la  boisson  lui  troublait  la 
rue,  et  un  seul  soldat  fut  blessé  à  la  cuisse. 

La  foule  était  énorme  aux  alentours  de  la  caserne.  Mais  la  ter- 
reur de  tous  était  telle  que  Trovato  put  passer  la  nuit  sur  le  toit 
sans  être  inquiété.  Au  matin  il  fut  cerné  par  des  sentinelles  postées 
à  tooles  les  issues  par  où  il  aurait  pu  s'échapper.  On  le  somma  de 
se  rendre.  Dépourvu  de  munitions  et  aussi  dégrisé,  Trovatu  n'op- 
posa plus  de  résistance.  (Le  Temps,  du  !«*•  juin.) 

Les  aliénés  en  liberté. 

JJn  fou  dangereux.  —  Riotte,  un  riche  cultivateur  de  Savigny- 
sor-Orge,  avait  été  frappé  subitement  d'aliénation  mentale  il  y  a 
environ  six  mois.  Il  fut  interné  dans  une  maison  de  santé,  mais, 
son  état  s'étant  amélioré,  il  fut  bientôt  rendu  à  la  liberté.  Aussitôt 
libre,  les  premières  visites  de  Riotte  furent  pour  son  ami  Soissons, 
qui  le  recul  à  bras  ouverts.  Mais,  au  cours  de  ses  visites,  Riotte, 
imparfaitement  guéri,  se  livra  à  de  telles  excentricités,  que 
M.Soisàonsse  promit  de  ne  plus  recevoir  désormais  le  pauvre  dément. 


158  FAITS   DIVERS. 

L*ami,  ainsi  évincé,  en  conçut  une  haine  terrible  contre  M.  Sois- 
sons  qu'il  jura  de  tuer  à  la  première  occasion.  C*est  ainsi  qu'hier, 
trompant  la  surveillance  des  domestiques,  il  pénétrait,  rue  de 
Courcelles,  dans  l'appartement  de  M.  Soissons  qu'il  trouvait  dant 
son  cabinet  de  travail,  assis  devant  son  bureau.  Le  pauvre  fou 
se  précipita  sur  son  ami,  cherchant  à  le  frapper.  M.  Suissons  pus 
heureusement  esquiver  le  premier  coup,  puis  il  prit  la  fuite.  Des 
gardiens  de  la  paix  sont  venus  quelques  instants  après  arrêter 
Riotte,  qui,  conduit  au  commissariat  voisin,  a  déclaré  qn*il  avait 
voulu  tuer  M.  Soissons  parce  qu*il  ne  voulait  plus  être  son  ami. 
[Le  Badkaly  10  juin  1898.) 


FAITS  DIVERS. 


Enfants  voleurs.  —  Lundi  dernier,  M.  Hude,  épicier,  rue  du 
Kremlin,  1,  au  Kremlin-Bicêtre,  ayant  constaté  que,  pendant  son 
absence,  ou  avait  dévalisé  son  tiroir-caisse  et  soustrait  ainsi  une 
somme  d'environ  cent  francs,  porta  plainte  au  commissariat  de 
police.  Une  enquête  fut  ouverte.  Le  lendemain  on  apprit  que  des 
enfants  s'étaient  disputés  en  se  partageant  une  somme  émargent. 
Des  personnes  témoins  de  la  discussion  déclarèrent  avoir  entendu 
que  1  argent  provenait  d'un  porte-monnaie  volé  à  une  jeune  fille, 
route  de  Fontainebleau.  Sur  ces  indices,  les  agents  purent  mettre, 
hier,  en  état  d'arrestation  six  gamins,  qui  constituaient  à  eux 
seuls  une  bande  qui,  depuis  plus  de  deux  mois,  a  commis  une 
quarantaine  de  vols,  entre  autres  un  vol  de  500  francs  rue 
de  Domrémy,  ù  Paris,  et  un  autre  de  200  francs  dans  l'église 
de  la  place  ieanne-d'Arc. 

Ajoutons  que  le  chef  de  la  bande,  le  jeune  Tardi  dit  <  Toto  >, 
est  âgé  de  treize  ans.  C'est  lui  qui  conduisait  la  bande  et  prépa- 
rait les  coups.  Quant  à  <  l'opération  >,  c'est  au  jeune  Leclerc  dit 
c  Furet  >,  âgé  de  neuf  ans,  qu'on  en  laissait  le  soin.  Grâce  à  sa 
très  petite  taille,  le  gamin  pouvait  facilement  se  glisser  dans  le 
comptoir,  pendant  que  le  patron  ou  les  employés  servaient  ses 
compères.  Les  autres  gamins,  les  nommés  Parent,  âgé  de  douze 
ans,  dit  c  Fifi  >  ;  Baffou»  â^'é  de  dix  ans,  dit  «  Grêlé  »  et  Carène, 
âgé  de  onze  ans,  dit  a  le  Noir  >,  ils  faisaient  le  guel.  Tous  étaient 
chauhsés  d'espadrilles  ou  de  chaussures  en  caoutchouc;  ils  pouvaient 
ainsi  se  mouvoir  dans  les  boutiques  sans  être  entendus.  (Le  Sokili 
3  juin.) 


FAITS    DIVERS.  189 

Si'iciDE  d'exfant.  —  Le  Petit  Parisien  du  15  juin  publie  le  fait 
suivant  : 

<  Ou  a  découvert  hier  dans  la  Seine,  à  MesniMe-Roi  (Seine-et- 
Oise),  le  cadavre  d'un  enfant  de  quatorze  ans,  Albert  Sujat,  em- 
ployé de  bureau  à  la  Caisse  d'épargne  de  Saint-Germain,  et  dont 
les  parents  habitent  4,  rue  Molière.  On  fouilla  minutieusement  les 
effets  du  petit  noyé  et  on  découvrit  une  lettre  ainsi  conçue  :  «  Je  me 
c  jette  à  Teau  par  désespoir  d'amour.  >  Ce  suicide  a  provoqué  k 
Saint-Germain  une  profonde  émotion. 

Adolescent  assassin.  (Châlons-sur-Marne,  12  juin.)  —  Un  nommé 
Justin  Gabriel»  âgé  de  seize  ans,  domestique,  voulut  faire  violence 
à  la  veuve  Lettrée,  âgée  de  soixante-trois  ans,  aubergiste  à  Saint- 
Martin-aux-Champs,  qui  coupait  de  l'herbe  dans  un  petit  bois  voi- 
sin. Voyant  que  tous  ses  elTorts  restaient  inutiles,  il  prit  la  faucille 
dp  la  femme  Lettrée  et  lui  en  porta  treize  coups.  Celle-ci  a  suc- 
combé à  ses  blessures.  Le  parquet  de  Ghâlons  s'est  transporté  sur 
les  lieux  et  a  commencé  une  enquête.  (Le  Temps,  20  juin.) 

Folie  meurtrière.  —  On  nous  télégraphie  de  Grenoble  qu'hier 
matin,  samedi,  le  cadavre  d'un  homme  d'une  soixantaine  d'années 
avant  l'épaule  gauche  presque  détachée  du  corps  a  été  découvert 
sur  an  chemin  qui  longe  les  escarpements  de  la  Grande-Sure,  pic 
de  2030  mètres  d'altitude  du  massif  de  la  Grande-Chartreuse,  sur 
le  territoire  de  Saint-Joseph-de-Rivière.  Il  résulte  de  l'enquête  que 
la  victime  est  un  sieur  Etienne  Ravier-Rougère,  cultivateur. 

Le  meurtrier,  arrêté  hier  soir  après  une  poursuite  mouvementée 
par  des  paysans  armés  de  fourches,  se  nomme  Antoine  Roulet,  dit 
Tiro?,  cultivateur  à  Saint-Julien-de-Ralz.  Roulet  est  sujet  à  des  accès 
d'aliénation  mentale.  C'est  pendant  un  moment  de  démence  qu'il 
a  tué  à  coups  de  faux  Ravier-Rougère  qu'il  avait  rencontré  dans  les 
pâturages  de  la  Grande-Sure.  [Le  Temps,  12  juillet.) 

SnoDE  d'un  enfant.  —  Un  jeune  garçon,  âgé  de  quinze  ans, 
nommé  Louis  Uonnale,  demeurant  42,  rue  Lhomond,  a  été  trouvé 
pendu,  hier,  vers  deux  heures  de  l'après-midi,  dans  les  cabinets 
d'aisances,  au  domicile  de  son  patron,  M.  Prochat,  18,  rue  RoUin.  On 
ignore  les  causes  de  cet  acte  de  désespoir.  (Le  Temps,  26  juillet». 

Deux  ALCOOLIQUES.  —  Le  nommé  Botereau,  marié  et  père  de  famille, 
dans  une  crise  nerveuse  déterminée  par  l'ivresse,  a  tenté  de  se  sui- 
cider en  se  coupant  la  gorge  avec  un  rasoir.  Désarmé,  il  a  été 
iMnsporlé  à  Thôpital,  perdant  son  sang  en  abondance.  Dans  le  tra- 
jet, le  malheureux  a  voulu  sauter  hors  de  la  voiture  d'ambulance; 
les  agents  ont  eu  les  plus  grandes  peines  à  le  maintenir.  Ses  bles- 
sures sont  très  graves;  néanmoins  on  ne  déiespère  pas  de  le  sauver. 
Avant  de  tenter  de  se  tuer,  Botereau  avait  menacé  de  mort  sa  femme 
et  sa  fille.  (Le  SoleV,  19  juillet.) 


1H0  BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

—  Un  pauvre  exalln,  Jean  Ootlin,  domicilié  à  Gliciiy,  a  tenté, 
hier,  de  se  suicider  ea  se  coupant  la  gorge  avec  un  rasoir.  Affolé 
par  la  douleur,  le  fou  a  appelé  du  secours  et  a  raconté  qu'on  avait 
voulu  Tassassiner.  Mais  on  n'a  pas  tardé  à  savoir  la  vérité.  Le 
blessé  est  soigné  à  domicile.  {Le  Soleil^  3  Juillet.) 


Alvernb  de  Seqiteira.  —  Os  alienados  nos  Açores.  Ensaios  de  Esta- 
lislica.  —  Volume  in-8»  de  136  pages,  avec  20  tableaux  hors  texte.  — 
Pont«i  Delgada,  1898.  —  Typografia  eizeviriana. 

Bab^s  (V.).  —  Unlersuchungen  ûher  den  Leprabacillos  und  ûber  die 
Histologie  der  Lepra.  —  Volume  in-4»  de  112  pages,  avec  8  planches  et 
41  figui*es.  —  Prix  :  10  francs.  —  Berlin,  1898.  —  Librairie  S.  Karger. 

Ghéron  (j.).  —  Du  traitement  de  la  syphilis  par  les  injections  intra- 
musculaires de  sérum  artificiel  hichloruré.  à  doses  intensives  et  éloignées. 

—  Brochure   in-8«  de  8  pages,    avec  3  figiin^s.  —  Paris,  1898,  Société 
d'éditions  scientifiques. 

Ddhourcau  (E.j.  —  Le  diabète  sucré  et  son  traitement  hydrologique. 
Avec  une  préface  du  D'  Garriga.  —  Volume  in-S*  de  xxiv-224  pages.  — 
Prix  :  5  francs.  —  Paris,  189i.  —  Librairie  0.  Doin. 

Grasset  (J.).  —  Leçons  de  clinique  médicale  faites  à  l'Hôpital  Saint- 
Kloi  de  Montpellier  (novembre  1895  à  mars  1898).  3*  série.  —  Volume 
in-8»  de  vni-826  nages;  20  planches.  —  Prix  :  15  francs.  —  Paris, 
1898.  —  Librairie  Masson  et  Cie. 

Leroy  (A.).  —  Congrès  international  d* Anvers,  3*  section  :  Patronage 
des  mendiants,  des  vagabonds  et  des  aliénés;  4*  question  :  Quel  doit 
être  le  rôle  du  patronage  à  l'égard  des  aliénés  avant,  pendant  et  après 
leur  internement  dans  la  maison  de  santé  ?  —  Brochure  in-8*  de  52  pages. 

—  Bruxelles,  1898.  —  Goemaere. 

Mattos  (J.  de).  —  A  paranoia  (Ensaio  jpathogenico  sobre  os  delirios 
systematisados).  —  Volume  in-12  de  190  pages.  —  Lisboa,  1898.  — 
Livraria  Tavares  Gardoso  et  Irmâo. 

Oppenheim  (H.).  —  Lehrbuch  der  7iervenkrankheiten  fur  Mrzte  und 
Studirende.  —  Volume  in-4"  de  985  pages,  avec  287  figures.  —  Prix  : 
28  fr.  75.  —  Berlin,  1898.  —  Librairie  S.  Karger. 

PiCK(A.).  —  Beitrsege  zUr  Pathologie  und  pathologischen  Anatomie 
des  Centralnei^ensystems.  —  Volume  in-4*»  de  324  pages,  avec  205  figures. 

—  Prix  :  15  francs.  —  Berlin,  1898.  —  Librairie  S.  Karger. 

ViCENTE  Y  EsQUERDO.  —  McmoHa  premiada  por  la  Real  Academia 
de  Medicina  en  el  concurso  de  1896  5o6re  el  tema  •  La  Neuraslenia  -. 

—  Volume  in^"  de  150  pages.  —  Madrid,  1897.  —  Tipografia  Vinda  é 
hijos  de  Manuel  Tello. 

WoLFF  (J.).  —La  théorie  de  la  pathogénie  fonctionnelle  det  déforma- 
tions. Traduit  de  l'allemand  par  Bilhaut  (M.).  —  Brochure  in-S"  de 
73  pages,  avec  13  figures.  —  Prix  :  2  francs.  —  Paris.  1898.  —  Librairie 
A.  Coccoz. 

Le  rédacteur-géranl  :  Bourneville. 


Evreiix.  (Ih.    Hiaianv,  imp.  —  898. 


Vol.  VI.  Septembre  1898.  N^  33 


ARCHIVES  DE  NEUROLOGIE 


CLINIQUE   NERVEUSE. 


SYRLNGOMYÉLIE  ET   SARCOMATOSE  DE  LA  MOELLE; 

COJÏTRIBUIION    A    LA    PATHOGÉNIB    DES    EXCAVATIONS    INTHAMÉDULLAIRES  * 

Par  S.  ORLOWSKI. 
{Clinique  des  maladies  nerveuses  à  hi  faculté  de  Moscou,) 


II  est  indiscutable  que  Tétude  de  toute  forme  nosogra- 
phique  doit  être  basée  principalement  sur  les  cas  typi- 
ques. Cependant  cet  axiome  ne  fait  guère  diminuer  la  va- 
leur scientifique  des  observations  où  plusieurs  processus 
morbides  se  trouvent  combinés.  Le  lien  intime  qui  unit  ces 
processus  d*apparence  indépendants,  leurs  rapports  mutuels, 
enÛQ  les  modiÔcations  qu'ils  subissent  en  se  combinant,  — 
tout  cela  peut  jeter  quelque  lumière  sur  la  pathogénie  de  ces 
atîeetions.  Tels  sont  les  motifs  qui  nous  encouragent  à  pu- 
blier l'observation  suivante,  intéressante  tant  par  sa  com- 
plexité que  par  son  extrême  rareté. 

P...  (Ânue),  quatorze  ans,  entrée  à  la  clinique  des  maladies  ner- 
veuses le  48  janvier  48%. 

Pas  de  tare  héréditaire  névropalhique.  Père  mort  de  phtisie, 
tfière  en  bonne  santé;  la  malade  esl  Tainée  de  trois  enfants;  elle  a 
un  frère  maladif  et  scrofuleux  et  une  sœur  bien  portante. 

Née  à  terme,  très  scrofuleuse  en  bas  â^'e,  P. . .  fut  atteinte  dans 
sa  quatrième  année  de  rougeole  et  de  petite  vérole;  depuis,  jus- 

'  Communication  faite  à  la  Société  (f>  Seuropathofof/ie  et  de  Psi/' 
'Itiiilt'ie  de  Moscou  dans  la  séance  du  28  novembre  181*7. 

ARCHIVES,  2«  série,  t.  VL  H 


162  CLINIQUE  NBRVEU9B. 

qu'à  la  maladie  aclueile,  elle  a  joui  d'une  sanlé  parfaite.  Elle  n'est 
pas  encore  réglée. 

Au  mois  d'octobre  1895  apparaissent  des  douleurs  dans  les  reins, 
douleurs  vagues  et  sourdes,  assez  peu  accentuées  pour  permettre  à 
la  malade  de  continuer  .ses  études  au  lycée.  Au  mois  de  novembre, 
les  jambes  se  mettent  à  faiblir,  et  au  bout  d'une  quinzaine  de 
jours  la  malade  est  incapable  de  marcher.  Un  médecin  appelé 
alors  suppose  une  spondylite  et  administre  des  vésicatoires  le  long 
de  la  colonne  vertébrale.  Pour  la  cure  ultérieure  la  malade, 
envoyée  à  Moscou,  entre,  les  premiers  jours  de  décembre,  à  la  cli- 
nique chirurgicale. 

La  jambe  droite  se  trouve  à  cette  époque  atteinte  d'une  paralysie 
absolue,  à  gauche  persistent  quelques  mouvements  dans  l'articu- 
lation du  genou  et  du  pied  ;  les  réflexes  pateliaires  sont  complète- 
ment abolis,  les  réflexes  du  tendon  d'Achille  sont  conservés;  phé- 
nomène du  pied  à  droite.  Sensibilité  diminuée  au  tronc  et  sur  les 
deux  jambes,  mais  seulement  dans  le  domaine  des  nerfs  cruraux, 
obturateurs  et  cutanés  externes.  Rétention  d*urine.  L'atTection 
fait  des  progrès  rapides  :  vers  le  l*^*"  janvier,  tous  les  mouvements 
spontanés  di.sparaissent. 

Le  18  de  ce  mois»  la  malade  est  transférée  à  la  clinique  des 
maladies  nerveuses. 

Etat  du  18  janvier  1896.  —  Fillette  de  petite  taille,  chétive,  con- 
sidérablement amaigrie.  Rien  de  particulier  dans  le  domaine  des 
nerfs  crâniens  et  dans  la  partie  supérieure  du  corps. 

Paralysie  inférieure  absolue.  Les  jambes  sont  fixées  en  exten- 
sion, les  pieds  en  varo-équinisme;  la  musculature  des  membres 
inférieurs  est  amaigrie  et  flasque,  excepté  les  gastrocnémiens 
quelque  peu  raides. 

Gontractilité  électrique  absolument  abolie  dans  les  extenseurs 
de  la  cuisse,  notablement  diminuée  dans  les  adducteurs  et  dans  la 
région  antéro-externe  de  la  jambe;  traces  de  réaction  de  dégéné- 
rescence. Pas  de  troubles  électriques  dans  le  domaine  du  nerf 
péronier. 

A  Tbeure  actuelle  la  malade  ne  se  plaint  guère  de  douleurs  ou 
de  sensations  subjectives  quelconques. 

Dans  la  moitié  inférieure  du  corps,  à  partir  d'une  ligne  passant 
environ  4  centimètres  au-dessus  de  l'ombilic  et  touchant  la  neu- 
vième vertèbre  dorsale,  anesthésie  très  accentuée.  Elle  occupe  la 
paroi  abdominale  jusqu'aux  plis  inguinaux,  la  région  fessière, 
les  organes  génitaux,  et  continue  sur  les  téguments  des  membres 
inférieurs  envahissant  les  faces  antérieure,  externe  et  interne  des 
deux  cuisses  et  la  face  interue  des  jambes;  le  domaine  du  plexus 
sacré  reste  presque  intact.  Des  divers  modes  de  la  sensibilité,  celle 
à  la  douleur  parait  la  plus  altérée.  Le  territoire  de  i'anesthésie  est 
dominé  par  une  zone  d'hyperesthésie  bien  marquée,  zone  large 


STRIN60MYBLIB   BT   SARCOMATOSB  DB  LA  MOBLLB.         163 

de  3  centimètres.  Les  réflexes  cutanés  sont  normaux,  excepté 
les  abdominaux  qui  font  défaut.  Les  réflexes  rotuliens  sont  abolis* 
ceox  du  tendon  d'Achille  sont  assez  prononcés;  phénomène  du 
pied  à  droite. 

Comme  trouble  vasomoteur,  cyanose  des  membres  inférieurs. 
De  temps  à  autre,  incontinence  d*urine,  plus  souvent  rétention 
absolue.  Urines  troubles,  ammoniacales;  pas  d'albumine.  Consti- 
pation opiniâtre.  Pas  de  troubles  mentaux. 

Ev(duti<m  de  raffection.  —  Malgré  le  traitement  (révulsifs  sur  le 
rachis,  courants  galvaniques,  iodure,  etc.),  la  malade  ne  bénéfl- 
ciail  d'aucune  amélioration;  la  marche  de  Taffeclion  était  toujours 
progressive. 

Au  bout  de  deux  mois,  on  constate  que  l'atrophie  musculaire  et 
les  troubles  électriques  dans  les  membres  inférieurs  ont  notable- 
ment augmenté  d'intensité;  l'anesthésie  a  envahi  la  face  posté- 
rieure des  cuisses.  Au  niveau  du  sacrum  se  sont  produites  des 
escarres  superflcielles,  mais  étendues. 

Un  examen  pratiqué  au  mois  de  mai  fait  constater  Taggrava- 
lion  de  tous  ces  symptômes;  l'anesthésie  est  presque  absolue, 
même  dans  le  domaine  du  plexus  sacré;  tous  les  réflexes  des  mem- 
bres inférieurs  sont  abolis;  amyotrophie  très  prononcée. 

Aa  mois  de  juillet,  on  trouve  au-dessus  de  la  zone  d'hyperes- 
Ibésie  une  diminution  de  la  sensibilité  jusqu'à  la  hauteur  de  la 
quatrième  côte.  Les  mouvements  des  globes  oculaires  sont  accom- 
pagnés d'un  léger  nystagmus.  Bientôt  la  malade  commence  à  res- 
sentir dans  les  membres  supérieurs  des  picotements  et  des  four- 
millements; elle  accuse  aussi  une  faiblesse  des  mains  qui  devien- 
Dent  en  môme  temps  le  siège  d'un  tremblement  à  caractère  inten- 
tionnel; l'écriture  de  la  malade  est  trèsmodiflée. 

Au  mois  de  septembre,  l'anesthésie  atteint  la  hauteur  des  clavi- 
eulcs  et  s'étend  à  la  surface  intérieure  des  deux  bras.  Parésie  pro- 
noncée des  membres  supérieurs,  principalement  dans  les  segments 
périphériques.  Paralysie  des  muscles  de  la  moitié  inférieure  du 
tronc;  la  malade  a  beaucoup  de  peine  à  se  tenir  sur  son  séant. 
Diplopie,  vertiges,  céphalées  intenses;  douleurs  et  raideur  de  la 
nuque;  ces  derniers  symptômes  ne  sont  guère  durables  et  cèdent 
aux  vésicatoires  sur  la  colonne  cervicale. 

La  parésie  des  membres  inférieurs  s*étant  accentuée,  la  malade 
n'est  plus  en  état  d'écrire  et  ne  manie  que  difllcilement  la  cuiller. 
Conlractiltté  faradique  diminuée  dans  les  muscles  des  bras  et 
des  avant-bras  (la  partie  cubitale  est  plus  atteinte).  Auesthésie  des 
membres  supérieurs,  prédominante  aussi  dans  le  domaine  des 
nerfs  cobitauz.  L'anesthésie  du  tronc  ayant  monté  jusqu'au  cou,  il 
ny  aque  la  face  dont  la  sensibilité  reste  intacte.  Rétention  d'urine 
permanente.  Escarres  très  vastes,  ulcère  profond  dans  le  pli 
inguinal  droit. 


164  CLINIQUE  NBRVEUSB. 

L'état  général  de  la  malade  a  beaucoup  empiré  vers  la  moitié  de 
novembre.  Marasme,  pouls  presque  imperceptible;  dyspnée,  la  res- 
piration ne  s*effectuant  qu'au  moyen  du  diaphragme.  Déglutition 
difficile.  Mouvements  du  cou  restreints;  paralysie  presque  absolue 
des  mains.  Bientôt  la  connaissance  s'obnubile,  la  malade  commence 
à  délirer.  Grandes  oscillations  de  la  température (SS-SS^^).  Diarrhées 
profuâes,  urines  purulentes. 

Le  27  novembre,  paralysie  du  voile  du  palais  bilatéral.  Le 
^  décembre,  la  malade,  un  peu  plus  consciente,  se  plaint  de  bour- 
donnements et  d*un  sifflement  strident  dans  Toreilte  droite:  Texa- 
men  découvre  de  ce  côté  une  surdité  absolue. 

Le  8  décembre,  paralysie  du  nerf  facial  droit  à  type  périphé- 
rique (participation  des  branches  supérieures). 

Agonie  qui  dure  encore  dix  jours.  Mort  le  18  décembre  1896. 

Autopsie  (vingt-deux  heures  après  la  mort).  —  Calotte  crânienne 
normale.  Hyperémie  veineuse  des  méninges  cérébrales.  A  la  base 
du  cerveau^  dans  le  lobe  temporal  gauche,  on  voit  une  tache  brune 
rougefttre,  de  forme  ronde,  d'un  centimètre  de  diamètre;  elle  ne 
paraît  envahir  que  la  couche  superficielle  de  Técorce. 

Des  taches  analogues,  mais  de  plus  grandes  dimensions,  se  trou- 
vent à  la  surface  du  cervelet  des  deux  côtés  du  vermis.  La  substance 
du  bulbe  est  excessivement  ramoUie,  presque  diffiuente,  s'écoulant 
des  enveloppes. 

Après  l'ouverture  du  canal  rachidien,  le  cordon  médullaire  paLViM 
remarquablement  déformé;  sur  toute  sa  longueur,  depuis  la  décus- 
sation  des  pyramides  jusqu'à  la  queue  de  cheval,  on  voit  un  tissu 
néoformé,  tantôt  détruisant  la  substance  médullaire,  tantôt  l'enve- 
loppant en  forme  de  manchon.  Dans  la  partie  cervicale  et  dorsale 
supérieure,  le  néoplasme  n'occupe  que  la  pie-mère  et  la  moelle;  le 
tissu  médullaire  est  par  places  mollasse,  les  parties  centrales  imbi- 
bées de  san^;  à  la  coupe  tranversale,  la  substance  grise  ne  se  dis- 
tingue que  difl'usément.  Dans  le  segment  cervical  supérieur  et 
dorsal  moyen  se  trouvent  des  excavations  intraméduUaires  à  parois 
épaisses,  bien  limitées. 

A  partir  de  la  dixième  vertèbre  dorsale,  le  néoplasme  perce  la 
dure-mère  pour  pénétrer  du  côté  droit  à  la  surface  externe  de  la 
colonne  par  les  trous  intervertébraux  et  les  interstices  entre  les 
lames  vertébrales.  Les  coupes  transversales  faites  à  cette  hauteurne 
laissent  guère  distinguer  de  substance  médullaire;  rien  que  le  tissu 
néoformé,  parsemé  de  vastes  foyers  hémorrhagiques.  Le  fond  du 
sac  duremérien  est  très  dilaté  et  rempli  du  néoplasme  qui  étouiïe 
les  racines  de  la  queue  de  cheval. 

Les  poumons,  emphysémateux  dans  les  parties  supérieures,  pré- 
sentent à  leur  base  une  broncho-pneumonie  prononcée;  rien  qui 
accuse  la  tuberculose. 


8TRIN60MTBLIB  ET  SARGOMATOSB  DB  LA  MOBLLB.         16& 

f^cmr  petit;  dégénération  pareochymateuse  du  myocarde. 

Foie  muscade.  Rate  volumioeuse,  congestioanée  ;  à  la  coupe  de 
Torgane^  teinte  marbrée  (rate  septique). 

Reifis  :  pyéionéphrite  purulente,  dégénération  parenchymateuse, 
nombreux  calculs.  Cystite  catarrbale. 

Pas  de  métastase  du  néoplasme  dans  les  glandes  lymphatiques, 
Di  ailleurs. 

Le  système  nerveux  central  (excepté  le  bulbe  qu'on  n'a  pa» 
pu  conserver  vu  sa  consistance  presque  liquide)  fut  durci 
dans  le  liquide  de  MUller,  puis  enrobé  à  la  celloïdine.  Les 
eoupesont  été  colorées  par  différentes  méthodes  :  de  Weigert, 
de  Pal,  de  Rosin,  de  Van  Gieson  ;  au  picrocarmin,  à  Théma- 
toxyline  alunée  avec  éosine,  etc. 

L'aspect  général  des  préparations  microscopiques  est  d'un 
polymorphisme  extrême  même  à  l'œil  nu.  C'est  la  méthode 
de  Yan  Gieson  qui  a  donné  les  plus  belles  images  vu  Télecti- 
Tité  de  la  tinction  :  éléments  du  néoplasme  en  violet  foncé, 
tissu  conjonctif  en  rouge  et  tissu  nerveux  en  jaune.  Nous 
commençons  l'étude  des  coupes  de  la  moelle  par  l'extrémité 
inférieure  de  l'organe. 

Lteône  médullaire  est  refoulé  vers  la  périphérie  et  entouré  d'une 
gaine  conjonctive  très  épaisse  ;  il  suffit  d'un  faible  grossissement 
pour  constater  que  la  substance  médullaire  est  détruite  presque 
eomplètement  :  il  n'en  reste  que  quelques  liols  épars  dans  un 
amas  de  sang  et  d'éléments  néoplasiques.  Tout  le  reste  de  la  coupe 
transversale  (de  fortes  dimensions  à  ce  niveau  :  17  millimètres 
sur  24]  est  occupé  par  un  tissu  néoformé,  riche  en  vaisseaux  et  en 
travées  conjonctives,  adhérant  à  la  dure-mère. 

En  étudiant  la  coupe  à  un  fort  grossissement,  on  constate  qu'on 
a  affaire  à  une  néo-formaliou  cellulaire.  Les  cellules  présentent 
des  formes  et  des  dimensions  diverses,  mais  ce  sont  les  cellules 
polyédriques  et  les  fusiformes  qui  prédominent;  leur  contenu  est 
composé  presque  uniquement  d'un  grand  noyau,  pas  trop  forte- 
ment coloré,  souvent  granuleux;  plusieurs  cellules  en  contiennent 
deux  ou  trois.  Presque  point  de  substance  intercellulaire;  par 
placer,  les  cellules  forment  des  amas,  des  nodules,  entourés  d'un 
tissu  conjonctif. 

Le  caractère  des  cellules  et  leur  distribution  ne  laissent  guère  de 
doute  sur  la  nature  de  la  néoformation  :  c'est  un  sarcome.  Les 
tractas  conjonctifs  dont  le  néoplasme  abonde,  sont  constitués  par 
la  plupart  des  fibres  bien  colorées  et  parsemées  de  noyaux  ;  mais 
on  trouve  aussi  des  fibres  mal  colorées,  presque  transparentes;  par 
places  on  voit  des  blocs  d'une  apparence  presque  amorphe,  sans 


166  CLINIQUE  NBRVBUSB. 

afQnité  pour  les  colorants;  il  parait  que  c'est  de  la  substance 
hyaline. 

Dans  la  portion  lombaire  inférieure  la  dure-mère  est  détruite  du 
côté  droit  :  c*est  ici  que  le  néoplasme  sortait  à  l'extérieur  de  la 
colonne  et  devait  être  coupé  quand  on  enlevait  la  moelle.  Le  carac- 
tère de  la  néoformation  ne  présente  point  de  modifications,  mais 
la  moitié  gauche  de  la  coupe  ne  contient  guère  d'éléments  sarco- 
mateux, on  n'y  voit  que  du  tissu  conjonctif.  Cette  partie  corres- 
pond à  la  moelle  :  les  contours  en  sont  dessinés  distinctement  par 
de  petits  faisceaux  fibreux  formant  une  ligne  ondulée.  Mais  pas  de 
vestiges  de  substance  nerveuse  dans  l'espace  limité  par  cette  ligne; 
rien  qu'un  stroma  flbreux  ayant  subi  par  places  une  dégénératioo 
hyaline;  grande  quantité  de  globules  sanguins  inûltrés  entre  les 
faisceaux  fibreux,  quelques  petits  foyers  hémorrhagiques.  On 
trouve  encore  dans  ce  tissu  de  nombreux  disques,  mal  colorés, 
«ans  structure  précise;  la  plupart  de  ces  disques  possèdent  encore 
une  lumière  très  rétrécie  contenant  des  globules  rouges  et  une 
substance  granuleuse  indistincte  ;  ce  sont  des  vaisseaux  eu  pleine 
dégénération  hyaline. 

A  ce  niveau  nous  voyons  aussi  des  vaisseaux  qui  ont  subi  un 
autre  genre  de  métamorphose  régressive  :  la  pélrifi^cation.  Le  tissu 
parait  parsemé  de  petites  gouttes  ou  de  tractus  d'une  substance 
homogène,  luisante,  fortement  colorée  par  Thématoxyline  :  ce 
sont  des  capillaires  pétrifiés.  Par  places  on  trouve  même  des  vais- 
seaux de  calibre  en  forme  des  anneaux  calcaires.  Mais  outre  les 
vaisseaux .  dégénérés,  ce  stroma  fibreux  contient  encore  de  nom- 
breux capillaires,  à  parois  absolument  saines,  mais  très  dilatés  et 
remplis  de  sang  ;  par  places,  ces  capillaires  forment  un  amas  si 
considérable  et  si  dense  qu  on  a  l'effet  d'un  tissu  caverneux. 

Au  niveau  des  racines  lombaires  supérieures  l'aspect  général  de 
la  coupe  se  modifie.  Nous  y  trouvons  de  larges  travées  fibreuses 
entourant  des  foyers  sarcomateux;  impossible  de  définir  quel 
endroit  de  la  section  correspond  à  la  moelle  :  la  destruction  en  est 
complète;  le  même  sort  est  subi  par  les  racines  extramédullaires. 
Dans  la  partie  centrale,  la  substance  médullaire  manque  sur  une 
grande  étendue  —  conséquence  d'une  hémorrhagie  apparemment 
récente.  Hypérémie  très  accentuée;  outre  les  altérations  vascu- 
laires  décrites  plus  haut,  nous  voyons  à  cette  hauteur  des  artères 
présentant  les  indices  d'un  processus  inflammatoire  des  plus  mar- 
qués :  l'adventice  et  la  tunique  moyenne  sont  très  inûltrécs,  l'en- 
dartère  proliféré  réduit  la  lumière  à  une  fente. 

A. la  hauteur  des  dernières  racines  dorsales  (XhXll)  (/li^.  8], 
toute  la  section  ne  paraît  présenter  qu'une  masse  sarcomateuse 
entourée  de  la  dure-mère  épaissie. 

Cependant  un  examen  plus  minutieux  permet  de  distinguer 
dans  la  partie  centrale  de  la  coupe  les  contours  de  la  moelle;  ils 


8TRIN60MTBL1B  BT  SARCOMATOSB  DB  LA  MOBLLB. 


167 


limilent  un  tissu  où  les  cellules  sarcomateuses  sont  moins  abon- 
dantes et  où  prédominent  les  vaisseaux  dégénérés  et  des  blocs 


il 

ns    a, 

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hyalins.  Au  centre  on  trouve  un  Ilot  de  substance  médullaire  dont 
cependant  la  teinte  (coupes  au  Weigert)  ne  diffère  guère  du  tissu 
voisin.  A  un  grossissement  plus  fort  on  y  voit  des  mailles  d*une 
névroglie  épaisse  contenant  des  blocs  de  myéline,  des  corps  gra- 


168  CLINIQUE  NBRVBUSB. 

nuleux,  des  j^lobules  sanguins  et  un  détritus  ;  par  places  apparaît 
un  réseau  délicat  constitué  par  des  fibrilles  nerveuses  très  fines  res- 
semblant à  celles  de  la  substance  grise;  quelques  blocs  arrondis 
d*une  masse  granuleuse  font  reflet  des  cellules  nerveuses  dégéné- 
rées. 

Un  peu  plus  haut,  au  niveau  de  la  IX**  racine  dorsale,  Taspect  de 
la  coupe  est  le  même,  la  dure-mère  reste  béante  du  côté  droit, 
mais  n*adhère  point  à  la  néoformation.  Cette  dernière  est  concen- 
trée à  Textérieur  de  la  pie-mère,  tandis  que  la  moelle  se  distingue 
bien  sur  le  fond  du  néoplasme  par  sa  teinte  claire  (coupes  au 
Yan-Gieson).  La  destruction  du  lissu  médullaire  est  presque  de  la 
même  intensité  qu'au  segment  précédent;  au  centre  de  la  moelle 
ou  voit  une  tache  foncée  —  c'est  un  amas  d'éléments  sarcomateux 
avec  de  nombreux  tractus  fibreux.  Dans  les  parties  périphériques 
de  la  moelle  Tattention  est  attirée  par  des  territoires  de  forme 
irrégulière,  presque  incolores,  constitués  d'une  substance  colloïde 
amorphe  ou  finement  granulée  ;  elle  parait  avoir  été  liquide  autre- 
fois et  coagulée  par  les  réactifs;  nul  doute  que  ce  ne  soit  un  trans- 
sudat. 

Quelques  racines  nerveuses  apparaissant  à  cette  hauteur  dans  le 
tissu  sarcomateux  et  présentent  des  altérations  très  avancées,  le 
nombre  de  tubes  nerveux  y  est  restreint.  L*aspect  de  la  coupe 
change  subitement  à  la  hauteur  de  la  Vlïl^  racine  dorsale  :  Tan- 
neau  de  la  dure-mère  est  fermé;  autour  de  la  moelle  on  voit  un 
manchon  de  tissu  sarcomateux.  La  plus  grande  épaisseur  de  ce 
manchon  correspond  à  la  partie  postérieure  de  la  moelle;  les 
foyers  des  cellules  sarcomateuses  sont  séparés  par  de  larges 
bandes  conjonctives  contenant  d'énormes  vaisseaux  ài  parois  très 
épaissies  et  infiltrées. 

La  moelle  comprimée  revêt  l'aspect  d'un  polygone.  La  partie 
centrale  est  détruite  par  la  néoformation  qui  paraît  y  avoir  pénétré 
par  la  fissure  antérieure;  les  cellules  sarcomateuses  ne  sont  pas 
trop  encombrées;  beaucoup  de  fibres  conjonctives  présentent  des 
indices  d'une  dégénérescence  hyaline;  tout  ce  tissu  est  excessive- 
ment riche  en  vaisseaux  à  parois  épaissies,  pour  la  plupart  aussi 
hyalines.  Cette  néoformation  centrale  occupe  principalement  la 
moitié  droite  de  la  moelle  qui  ne  contient  presque  point  d'éléments 
nerveux.  Dans  la  moitié  gauche,  les  cordons  latéral  et  antérieur 
ainsi  que  la  corne  antérieure  semblent  relativement  bien  conser- 
vés; cependant,  à  l'aide  d'un  objectif  plus  fort  on  y  peut  constater 
des  lésions  très  considérables  :  hypérémie  extrême,  travées  pie- 
mériennes  très  larges  et  infiltrées  portant  une  quantité  innom- 
brable de  vaisseaux  ;  plusieurs  tubes  nerveux  atrophiés,  par 
places  des  débris  de  cylindres-axes,  des  blocs  de  myéline,  des  corps 
granuleux;  névroglie  très  infiltrée;  presque  point  de  cellules  ner- 
veuses 


STRINGOMTÉLIB  ET  SARCOBfATOSB  DR  LA  MOELLE.         169 

Les  lésions  sont  un  peu  moins  avancées  à  la  hauteur  de  la 
Vil*  racine  dorsale,  La  néoformation  méningée  entoure  la  moelle 
comme  un  anneau^  et  bouffit  Ja  fissure  antérieure  très  élargie. 
Tout  près  de  celle-ci  commence  la  néoformation  centrale,  séparée  ' 
cependant  de  la  périphérique  par  une  bande  du  tissu  nerveux  — 
la  commissure  antérieure;  dans  un  endroit  de  cette  commissure 
on  voit  on  amas  de  grandes  cellules  épithélioïdes  —  c*est  le  canal 
central  oblitéré. 

Dans  la  néoplasie  centrale  Tattention  est  attirée  par  un  contour 
sinueux,  bien  limité;  sa  forme  rappelle  un  peu  Folive  du  cervelet. 
Le  contour  est  constitué  par  de  petits  faisceaux  conjonctifs,  colorés 
uniformément  en  rose;  dans  l'espace  limité  par  ce  contour,  ou 
aperçoit  un  amas  de  cellules  sarcomateuses  et  de  globules  san- 
guins. Les  coupes  au  Weigert  montrent  que  le  néoplasme,  se 
développant  au  centre  de  la  moelle,  a  plutôt  disloqué  que  détruit 
les  éléments  nerveux.  De  deux  côtés  de  la  tumeur  on  voit  la  subs- 
tance ^Tise,  bien  pauvre  en  cellules  nerveuses;  la  substance  blanche 
a'est  que  comprimée,  la  myéline  des  cordons  latéraux  et  antérieurs 
se  colorant  très  bien  ;  on  ne  peut  j  constater  qu'une  dégénéres- 
cence périphérique  d'intensité  moyenne  ;  dans  les  cordons  posté- 
rieurs, dégénération  ascendante  très  marquée. 

A  la  hauteur  de  lu  VI^  racine  dorsale  (fi g.  9)  la  coupe  offre  un 
aspect  tout  particulier  :  dans  la  parlie  centrale  de  la  moelje  se 
trouve  une  grande  cavité  de  forme  irrégulière;  ses  parois  sont 
constituées  par  des  faisceaux  conjonctifs  sinueux  et  ondulés  formant 
comme  des  papilles  remplies  d'éléments  sarcomateux.  Ces  derniers 
sont  aussi  accolés,  mais  en  petite  quantité,  à  la  surface  interne  de 
l'excavation.  Autour  de  la  paroi  on  voit  un  anneau  de  névroglie 
très  dense,  infiltrée  et  riche  en  vaisseaux  ;  cette  couche  contient 
aussi  le  canal  central  tapissé  de  grandes  cellules  épitéhliales  qui 
ne  ressemblent  guère  aux  éléments  de  la  néoformation  sarcoma- 
teuse. Pas  de  dépendance  entre  le  canal  central  et  la  cavité  ci- 
dessus  décrite. 

La  configuration  du  tissu  médullaire  reste  la  môme  qu*au  niveau 
de  la  VIF  racine,  sauf  que  la  moelle  a  subi  un  moindre  degré  de 
compression  par  la  tumeur  méningée.  Les  racines  extramédul- 
laires, relativement  saines,  sont  emprisonnées  dans  le  tissu  néo- 
formé. 

La  cavité  intramédullaire  ne  s'étend  que  jusqu'au  /F«  segment 
dortdy  et  ses  dimensions  diminuent  graduellement.  Une  coupe 
pratiquée  à  ce  niveau  fait  voir  dans  la  moelle  un  amas  d'éléments 
sarcomateux  formant  une  petite  tache  dans  le  cordon  postérieur 
gauche.  A  côté  de  cette  tache  on  aperçoit  une  fente  sinueuse 
reztrémité  supérieure  de  la  cavité  centrale),  très  étroite,  paral- 
lèle à  la  corne  postérieure  ;  elle  est  bordée  d'un  tissu  névrogiique 
très  dense,  riche  en  faisceaux  conjonctifs  et  en  vaisseaux.  A  ce 


170 


CLINIQUE  NERVEUSE. 


niveau  nous  voyons  donc  les  deux  lésions  médullaires  (la  cavité  et 
la  tumeur  centrale)  quoique  juitaposées,  mais  indépendantes. 
Celte  dissociation  devient  encore  plus  manifeste  un  peu  plus 


S  Is 
3  51 


o     ! 


o 


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haut.  Ainsi  à  la  hauteur  de  la  IW  racine  dorsale  l'endroit  corres- 
pondant à  la  fente  est  occupé  par  une  hjperplasie  névroglique  en 
forme  d'un  ruban  sinueux,  parallèle  à  la  corne  postérieure  gauche; 
dans  sa  partie  centrale  le  tissu  est  beaucoup  plus  lâche,  par  places 
même  transparent  :  il  est  évident  que  c'est  ici  que  commence  la 
fente.  Cette  gliose,  riche  en  cellules  névrogliques  (bien  différentes 
des  cellules  sarcomateuses),  est  traversée  par  une  grande  quantité 


STRINOOMYÊLIB  BT  8ARC0MAT0SB  DB  LA  MOBLLB.        171 

de  raisseaux  à  parois  épaissies,  les  uns  offrant  encore  une  petite 
lumière  centrale,  les  autres  complètement  oblitérés,  ne  formant 
qa*un  cordon  fibreux;  par  places  amas  de  pigment  sanguin.  Les 
éléments  sarcomateux  forment  aussi  une  tâche  dans  le  tissu  mé- 
dullaire, mais  dans  la  moitié  opposée  de  lorgane,  dans  la  partie 
centrale  du  faisceau  de  Burdach  droit.  Les  deux  processus  (gliose 
et  sarcomatose)  sont  séparés  par  les  faisceaux  de  GoU  dégénérée 
(dégénératiou  ascendante). 

Le  caual  central,  tout  en  conservant  sa  localisation  normale,  est  à 
ce  niveau  double.  Excepté  les  territoires  indiqués,  la  moelle  parait 
peu  altérée;  on  ne  peut  constater  quune  légère  dé^énération 
périphérique  et  une  hypérémie  générale;  les  cellules  des  cornes 
aDtérieures  sont  presque  saines. 

La  néoformation  méningée  est  aussi  moins  développée  à  ce 
niveau  :  elle  embrasse,  en  forme  de  faux,  seulement  la  moitié  pos- 
térieure du  pourtour  de  la  moelle;  les  racines  nerveuses  englobées 
dans  cette  masse  sont  peu  atrophiées. 

Un  grossissement  plus  fort  permet  toutefois  de  constater  que  les 
éléments  sarcomateux  occupent  un  territoire  beaucoup  plus  vaste 
que  cette  faux  :  ils  tapissent  toutes  les  travées  conjonctives  de  l'es- 
pace sous-duremérien,  atteignant  môme  la  surface  antérieure  de  la 
moelle. 

La  tumeur  méningée  augmente  considérablement  de  dimensions 
au  niveau  du  renflement  cervical  :  la  moelle  apparaît  de  nouveau 
comprimée  et  déformée.  Dans  sa  partie  centrale  Tamas  de  cellules 
sarcomateuses  persiste  en  forme  d'une  tâche  à  bords  diffus;  les 
autres  territoires  de  la  moelle  se  colorent  vivement  à  Thématoxy- 
line  par  le  procédé  de  Weigert,  excepté  les  cordons  de  Goll 
(dé^énération  ascendante). 

A  la  hauteur  de  la  77®  racine  cervicale  {fig.  10)  la  tumeur  méningée 
atteint  son  maximum  :  à  une  coupe  transversale,  ses  dimensions 
sont  plus  grandes  que  celles  de  la  moelle. 

La  néoformation  est  située  presque  exclusivement  dans  la  partie 
postérieure  de  l'espace  subdural  et  ce  n'est  que  du  côté  gauche 
qu'elle  continue  jusqu'au  sillon  antérieur  en  forme  d'un  mince 
filet.  Le  stroma  est  traversé  d*énormes  vaisseaux,  à  parois  infil- 
trées, remplis  de  sang  ;  en  plusieurs  endroits  on  aperçoit  de 
grands  foyers  hémorrhagiques  ou  des  tâches  d'exsudat  dissociant 
les  cellules  sarcomateuses. 

La  moelle  a  subi  une  compression  excessive  dans  la  direction 
aotéro-postérieure  ;  en  «outre  la  tumeur  a  pénétré  dans  sa  sub- 
stance par  la  corne  postérieure  en  forme  d'un  large  coin  détruisant 
le  tissu  nerveux.  La  partie  centrale  de  la  moelle  est  aussi  défor- 
mée :  on  y  voit  deux  territoires  clairs  (t.  d.),  à  limites  tranchées; 
à  l'aide  d'un  grossissement  plus  considérable  le  contenu  de  ces 
territoires  parait  être  composé  de   cellules  lymphoïdes  à  grand 


172 


CLINIQUE   NERVEUSE. 


noyau  mal  coloré,  de  corps  granuleux,  de  detrilus  et  d'une 
grande  quantité  de  blocs  de  myéline;  dans  les  parois  on  voit  du 
tissu  coDJonctif  formant  de  larges  festons  {i,  c,  fig.  10),  et  des 
fibres  névrogliques  tassées  concentriquement. 


Fig.  10.  —  Coupe  de  la  moelle  au  niveau  de  Ja  VI*  racine  cervicale. 

c,  c,  canaui  centraux  ;  —  t,  d,  territoires  de  désintégration  ;   —  /,  c,  bandes  de  It&su 

conjonctif. 


Les  canaux  centraux  sont  à  ce  niveau  très  nombreux  ;  sur 
maintes  coupes  on  en  trouve  6-7  de  différente  forme  et  grandeur^ 
tapissés  d'un  épilhélium  cylindrique  très  bien  conservé;  ils  sont 
situés  dans  un  tissu  névroglique  dense,  riche  en  cellules. 

Un  peu  plus  haut,  les  dimensions  de  la  tumeur  méningée  dimi- 
nuent sensiblement  :  au  niveau  de  la  /V®  racme  cervicale  les  cel- 


STRINGOMYÉLIE  ET   8ARC0MAT0SB   DE   LA   MOELLE.         173 

Iules  sarcomateuses  ne  pénèlrenl  plus  dans  la  subslance  médul- 
laire, mais  forment  un  anneau  à  son  pourtour.  A  cette  hauteur  ce 
sont  les  dimensions  de  la  moelle  même  qui  attirent  une  attention 
particulière  :  16  niillimèlres  dans  la  direction  frontale  et  14  milli- 
mè'.res  dans  la  sagittale  (méninges  non  comprises)  :  pour  un  sujet 
de  quinze  ans  ces  dimensions  paraissent  anormales.  Il  est  bien 
évident  que  ce  phénomène  dépend  d'un  œdème  de  la  moelle  :  les 
intervalles  entre  les  tubes  nerveux  sont  distendus  et  remplis  d'une 
matière  amorphe,  la  substance  grise  parait  gonflée.  Le  tissu  ner- 
veux ne  présente  pas  toutefois  d'altérations  très  avanc^^es,  les  cor- 
dons postérieurs  exceptés  :  outre  la  dégénération  ascendante  très 
marquée,  nous  y  trouvons  nne  destruction  des  tubes  nerveux 
réàultant  d'une  hyperplasie  diffuse  de  la  névroglie.  Cette  lésion  a 
particulièrement  atteint  la  partie  centrale  du  cordon  postérieur 
gauche  :  on  y  voit  une  gliose  bien  développée,  —  tissu  dense, 
riche  en  cellules  névrogliques  et  en  fibrilles  formant  des  touffes 
qai  s'entre-croisent  sous  des  directions  variées;  tout  ce  territoire  est 
parsemé  de  vaisseaux  à  parois  fibreuses. 

Sur  les  différentes  coupes  pratiquées  à  ce  niveau  le  canal  central 
offre  des  modiûcations  très  variées  :  il  est  tantôt  elliptique,  tantôt 
polygonal,  tantôt  en  fente  oblongue,  ramifiée  ou  étoilée  ;  en  étu- 
diant toute  une  série  de  préparations  successives,  on  peut  voir 
comme  les  sinuosités  et  les  ramifications  s'éloignent  du  canal 
priucipal,  s'en  séparent  et  font  sur  les  coupes  suivantes  l'effet  de 
canaux  supplémentaires. 

A  la  hauteur  de  la  JJf«  racine  cervicale  au  pourtour  de  la  moelle 
on  ne  voit  presque  point  d'éléments  sarcomateux^  mais  ils  font  un 
amas  considérable  dans  le  sillon  antérieur  distendu,  et  infiltrent 
abondamment  les  deux  cordons  antérieurs  ;  grâce  à  sa  répartition 
symétrique  la  néoformation  revêt  en  cet  endroit  la  forme  d'un 
papillon.  L'aire  de  la  coupe  ne  paraît  plus  si  augmentée. 

Les  préparations  traitées  par  la  méthode  de  Weigert  prennent 
un  aspect  bizarre,  vu  le  grand  nombre  de  territoires  dégénérés  : 
la  partie  voisine  du  sillon  antérieur  est  détruite  par  la  néoforma- 
tion, les  cordons  de  GoU  et  les  faisceaux  cérébelleux  directs  pré- 
sentent une  dégénération  ascendante  des  plus  marquées,  enfin  les 
parties  centrales  des  cordons  postérieurs  et  latéraux  ne  se  teintent 
pas  saffisammeni,  vu  la  destruction  des  tubes  nerveux  résultant 
d'une  prolifération  diffuse  de  la  névroglie.  Dans  le  cordon  de 
Burdach  du  côté  gauche  on  trouve  une  gliose  portant  le  même 
caractère  que  dans  le  segment  précédent.  Hyperémie  énorme  de 
toute  la  moelle,  vaisseaux  de  dimensions  extraordinaires.  Le 
canal  central,  en  forme  de  longue  fente  ondulée,  est  entouré  d'un 
tissa  scléreux,  riche  en  cellules. 

Au  niveau  de  la  W  racine  ce)*\>icale  la  tumeur  méningée  prédo- 
mine sur  les  parties  latérales  de  la  moelle  sans  pénétrer  dans  sa 


174 


CLINIQUE  NBRVBU8E. 


substance.  Néanmoins  les  altérations  du  tissu  médullaire  atteignent 
une  grande  intensité,  celles  des  cordons  postérieurs  en  particulier. 
L*attentlon  y  est  attirée   par  une  fente  étroite  formée  dans  la 


gliose  du  cordon  de  Burdach  gauche;  cette  fente,  très  sinueuse,  à 
plusieurs  ramifications,  prend  la  direction  de  la  corne  postérieure 
sur  la  moitié  de  son  parcours.  Les  parois  infiltrées  d'éléments 
cellulaires  sont  constituées  par  des  fibrilles  névrogligues  et  du 
tissu  conjonctif;  quantité  considérable  de  vaisseaux,  par  places 
petits  foyers  hémorrhagiques.  Il  y  a  un  contraste  bien  vif  entre 


8TRING0MTBLIB  BT  SARCOMATOSB  DB  LA  MOBLLE.         175 

Jes  parois  de  la  fente  à  slruclore  dense,  et  tout  le  tissu  environ- 
oaot,  lâche,  raréûé  môme  diaphane;  les  tubes  nerveux  y  sont 
rares  tandis  que  la  névroglie  forme  un  réseau  à  mailles  très  vastes, 
taotôl  vides,  tantôt  contenant  un  détritus  ou  une  substance 
amorphe.  Pareil  aspect  présente  la  plus  grande  partie  de  deux 
cordons  postérieurs  (sans  compter  les  cordons  de  Goll  dégénérés). 
Le  canal  central  est  sur  les  coupes  diverses  tantôt  double,  tantôt 
raoïifié:  il  conserve  sa  place  physiologique  bien  éloignée  de  la 
fente  dans  le  cordon  postérieur. 

Les  dimensions  de  cette  fente  augmentant  rapidement,  nous 
voyons  un  demi-centimètre  plus  haut,  ce  qui  correspond  au 
/"  segment  cervical^  une  cavité  qui  modifie  bien  Taspect  de  la 
moelle  {fig*  il);  les  cordons  de  Goll  (dégénérés)  se  trouvent  refoulés 
à  droite,  les  cornes  postérieures  sont  très  écartées. 

La  cavité  a  Tair  d'un  polygone  irrégulier  à  côtés  convexes  ;  la 
structure  de  la  paroi  est  celle  que  nous  avons  décrite  plus  haut, 
saaf  que  la  raréfaction  du  tissu  environnant  atteint  son  plus  haut 
degré.  Il  est  manifeste  que  cette  altération  est  due  &  une  stase 
lymphatique  :  les  éléments  du  tissu  sont  dissociés  par  un  transsu- 
dat  coagulé,  qui  forme  par  places  de  grandes  lâches  claires; 
rhjperémie  de  ce  territoire  est  aussi  très  accentuée.  Le  cordon 
de  Bardach  droit  présente  une  structure  analogue,  sa  substance 
étant  toutefois  moins  raréfiée.  Tout  ce  tissu  est  extrêmement 
friable,  ce  qui  a  donné  lieu  à  toute  une  série  de  trous  et  de 
manques  de  substance  artificiels,  localisés  exclusivement  dans  la 
région  des  cordons  postérieurs. 

La  tumeur  méningée  n'est  guère  prononcée  que  sur  la  périphé- 
rie latérale  de  la  moelle  ;*dans  la  zone  radiculaire  postérieure  du 
cMé  gauche  on  aperçoit  une  infiltration  diffuse  d'éléments  sarco- 
mateux. 

La  plus  grande  partie  du  bulbe  ne  put  être  fixée,  vu  son  ramol- 
lissement extrême  ;  nous  n'avons  réussi  à  conserver  que  deux 
petits  segments. 

L'un  au  niveau  de  la  décussation  des  pyramides;  on  n^y  voit 
guère  d'éléments  sarcomateux,  ni  dans  les  méninges,  ni  dans  le 
tissa  nerveux.  Sur  les  coupes  au  Weigert  la  substance  blanche  a 
mal  pris  rhématoxyline;  le  nombre  des  tubes  nerveux  sains  y  est 
restreint,  beaucoup  de  mailles  de  névroglie  paraissent  vides  ou 
contiennent  des  corps  granuleux;  dégénération  ascendante  bien 
prononcée.  Les  préparations  traitées  par  des  colorants  nucléaires 
font  voir  une  infiltration  inflammatoire  très  marquée  dans  tout  le 
tissa  nerveux. 

L'autre  segment  du  bulbe,  conservé  incomplètement,  correspond 
aa  noyau  du  nerf  hypoglosse.  La  partie  dorsale  de  la  coupe  est 
détraite  par  le  ramollissement;  dans  les  autres  territoires,  hyperé- 
iQie  et  infiltrations  embryonnaires  énormes.  A  la  surface  ventrale 


176  CLINIQUE  NERVBUSB. 

on  voit  la  tiéoformaLion,  riche  en  vaisseaux  et  en  foyers  hémorrha- 
giques;  elle  embrasse  les  pyramides  très  écartées,  sans  toutefois 
pénétrer  dans  leur  substance. 

Absolument  identique  est  le  caractère  des  métastases  sarcoma- 
teux à  la  face  inférieure  du  lobe  temporal  et  dans  Je  cervelet.  Les 
éléments  cellulaires  forment  dans  les  méninges  des  couches  plus 
ou  moins  épaisses,  n*iufiltrant  point  ou  très  peu  le  tissu  nerveux 
sous-jacent. 

Les  nerfs  périphériques  et  les  muscles,  surtout  ceux  des  membres 
inférieurs  présentent  tous  les  indices  d'une  atrophie  à  caractère 
dégénératif  de  la  plus  haute  intensité;  en  outre  les  troncs  nerveux 
des  plexus  lombaire  et  sacré  sont  enveloppés  sur  une  petite  partie 
de  leur  parcours  extravertébral  d'une  gaine  d'éléments  sarcoma- 
teux. 

Au  point  de  vue  anatomo-pathologique  le  processus  qui 
prédomine  dans  notre  observation,  c'est  la  sarcomatose  dif- 
fuse des  méninges  spinales  et  de  la  moelle  dans  toute  la  lon- 
gueur deTorgane. 

Des  lésions  pareilles  sont  si  saillantes  qu'il  parait  bien 
invraisemblable  qu'à  une  autopsie  elles  puissent  passer  ina- 
perçues. Elles  doivent  donc  être  d'une  rareté  extrême,  si 
depuis  la  première  observation  analogue,  publiée  encore  en 
1837,  parOllivier  *,  nous  ne  trouvons  dans  toute  la  littéra- 
ture médicale  jusqu'à  nos  jours,  qu'une  dizaine  de  cas  décrits 
plus  ou  moins  sommairement. 

Impossible  de  tracer  même  à  grands  traits  un  tableau  cli- 
nique de  celle  afTection,  étant  donné  le  nombre  si  restreint 
d'observations  et  la  variété  infinie  de  symptômes.  Car  quelle 
que  soit  l'étendue  des  lésions  anatomiques  qui  occupent 
presque  toujours  toute  la  hauteur  de  la  moelle,  cela  n'oblige 
guère  à  des  symptômes  spinaux  précis  :  ils  peuvent  être  bien 
insignifiants,  voire  même  faire  absolument  défaut.  Tels  sont 
les  cas  de  Schataloff  et  Nikiforoff  *,  de  Weslphal  s,  de  Busch  * 
et  d'Ollivier  ;  dans  les  deux  premiers  le  tableau  clinique  était 

*  OUivier.  Traité  des  maladies  de  la  moelle  épiniere.  Paris,  1837, 
V.  II,  p.  490. 

*  Schataloflf  et  Nlkiforoll.  Vieslnik  Vsychiatryi  (^ russe),  1887. 

*  A.  Weslphal.  leher  multiple  Sarkomalose  fies  Gehiims  und  der 
Rilckemarkshaute  Archiv  Psychiatrie,  Bd.  XXVI,  S.  770. 

*  Ch.  Busch.  Ein  Fait  von  ausyebrei fêter  Sarkomatose  det' weichen 
liipute  des  centralen  Sercensystems.  Deutsche  Zeit.  fUr  Servenheilhunde 
Bd.  IX. 


8TRING0MTBUB  ET   SARCOMATOSB  DB  LA  MOBLLB.         177 

dominé  par  des  accidents  cérébraux,  dans  les  deux  autres 
par  des  accidents  cérébelleux. 

Qaant  aux  symptômes  spinaux,  ils  sont  également  dépour- 
vus d*un  caractère  défini.  Lorsqu'il  s'agit  d'une  afTection  des 
méninges  spinales,  nous  nous  attendons  à  des  phénomènes 
irrilatifs  :  douleurs  rachidiennes  ou  irradiées,  etc.  Néan- 
moins, dans  maintes  observations  les  douleurs  manquaient 
complètement  ou  n'étaient  que  transitoires  et  peu  impor- 
tantes :  cas  de  Schultze  *,  de  Richter^  et  le  nôtre. 

La  paralysie  n'est  pas  plus  constante  ;  cependant  dans  les 
observations  de  Schultze  et  de  Bruns',  ily  avait  une  paraplé- 
gie ioférieure  ;  R.  Schultz  ^  a  vu  chez  son  malade  s'installer 
progressivement  une  paraplégie  supérieure  et  bientôt  après 
une  inférieure;  l'évolution  de  la  maladie  était  analogue  dans 
notre  observation,  seulement  en  sens  inverse  :  la  paralysie 
s'étendait  de  bas  en  haut. 

La  marche  de  l'afTection  est  aussi  variable  suivant  le  cas. 
D'après  l'avis  de  Westphal,  une  marche  rapide  aboutissant  à 
une  mort  précoce  serait  la  règle  ;  dans  son  cas  toute  l'afTec- 
lion  ne  dura  que  cinq  semaines,  dans  le  cas  de  Schulz  vingt- 
trois  jours  seulement,  dans  celui  de  SchatalofT  et  NikiforolT 
vingt  et  un  jours. 

Nous  voyons  cependant  une  marche  bien  différente  dans  le 
cas  d'Ollivier,  où  la  durée  de  l'affection  a  dépassé  six  mois  ; 
dans  ceux  de  Busch,  de  Bruns  et  le  nôtre,  depuis  les  premiers 
symptômes  jusqu'à  la  terminaison  fatale  il  s'est  écoulé  plus 
d'une  année,  et  dans  l'observation  de  Hippel'  même  sept  ans. 

Dans  des  conditions  pareilles  il  est  bien  impossible  d'éta- 
blir quelques  données  générales  qui  puissent  mettre  sur  la 

'  Fr.  Schultze.  Ein  Fall  von  eiffenlhilmlicher  multipler  Geschtvulst- 
hildung  des  centralen  NetTensysfems  und  seinev  Hullen.  Berl.  klin. 
Wochenschrifi,  i880,  n«  37. 

*  Richter.  Ueber  einen  Fall  von  multipler  Sarkom  der  inneren  Me- 
ningen  des  Centralnervensysteins.  Prayer  medic.  Wochenschrift,  1886, 
n»23. 

'  Bruns.  Die  Geschwûlsle  des  Nef*vefisyslems.  Berlin,  1897. 

*R.  Schultz.  Neuropathologische  Meittheilungen .  IV.  Pnmœi^es  Sarcom 
dtr  Piamatei'  des  Rûckenmarks  in  seiner  ganzen  Lsenge,  Arch.  fUr 
Vtychiatrie,  XVI,  S.  592. 

'  E.  Hippel.  Ein  Fall  von  multiplen  Sarkomen  des  gesammten  Ner- 
tensystems  und  seiner  HUllen,  verlaufen  itnter  dem  Bilde  der  midii- 
plenSklerose,  Deutsche  Zeitung  /.   Nervenheilk.  1892,  Bd.  II,  H.  5,  6. 

Archives,  2*  série,  t.  VI.  12 


178  CUNIQUB  NERVEUSE. 

voie  (lu  diagnostic  clinique.  Le  fait  est  que  de  douze  cas  con- 
nus, dans  un  seulement  (celui  de  Bruns)  on  a  pu  supposer  la 
présence  d'une  néoplasie  dans  le  canal  rachidien,  grâce  à  un 
indice  bien  rare  :  métastase  de  la  tumeur  àToreille.  Ce  symp- 
tôme, dont  la  haute  importance  n'est  pas  à  discuter,  se 
trouvait  aussi  dans  le  cas  de  Hippel  :  raffection  nerveuse 
étant  déjà  bien  installée,  on  a  vu  se  développer  aux  doigts  de 
la  malade  des  nodules  dont  la  nature  sarcomateuse  fut  re- 
connue ultérieurement  ;  néanmoins  le  tableau  clinique  simu- 
lait si  complètement  la  sclérose  en  plaques  que  jusqu'à  Tau- 
topsie  nul  doute  n'a  été  émis  sur  la  nature  de  l'aiTection. 

Dans  les  autres  cas  on  croyait  avoir  affaire  à  une  tumeur 
cérébrale  (Westphal),  aune  tumeurdu  cervelet  (Busch),à une 
embolie  de  l'artère  sylvienne  (Schataloff  etNikiforoff),  à  une 
myélite  transverse  (Cramer  *),  à  une  méningo-myélite  aiguë 
(Schulz),  etc. 

Le  diagnostic  était  aussi  hérissé  de  difûcultés  presque  in- 
surmontables dans  notre  observation.  Au  début  de  la  maladie 
on  supposa  une  spondylite,  mais  un  examen  minutieux  fil 
exclure  une  affection  de  la  colonne  vertébrale.  A  l'entrée  de 
la  malade  à  la  clinique,  on  n'a  pu  constater  qu'une  lésion 
médullaire  s'étendant  depuis  la  neuvième  racine  dorsale  jus- 
qu'au niveau  des  racines  du  plexus  sacré  (sensibilité  conser- 
vée dans  la  région  du  nerf  fémoro-cutané  postérieur;  aboli- 
tion du  réflexe  rotulien  mais  persistance  de  celui  du  tendon 
d'Achille  et  même  phénomène  du  pied). 

Quant  à  la  nature  de  la  lésion  elle  restait  indéfinie,  c'est 
un  processus  inflammatoire  (myélite)  que  nous  étions  enclins 
à  supposer. 

Mais  quand  l'affection,  après  avoir  envahi  la  partie  infé- 
rieure de  la  moelle,  s'est  mise  à  monter  le  long  de  l'organe, 
quand  ensuite  on  a  pu  constater  un  nystagmus,  un  tremble- 
ment intentionnel  des  mains,  des  vertiges,  etc.,  l'ensemble 
de  ces  signes  morbides  rappelait  à  un  certain  degré  la  sclé- 
rose cérébro-spinale  disséminée.  Il  a  fallu  cependant  changer 
d'avis  au  bout  de  quelque  temps,  en  présence  des  phéno- 
mènes prouvant  une  destruction  complète  de  la  moelle  dans 
la  région  atteinte  (paraplégie  flasque  avec  abolition  absolue 

*  Cramer.  Uebev  multiple  Angiosat*come  der  Piamater  spinalis  mil 
hyalinev  Degeneralion,  ûissert.  Marburg,  1888. 


STRINOOMTÉLIB  ET  SARCOMATOSB   DE   LA   MOELLE.         179 

de  la  sensibilité,  des  réQexes,  de  la  contraclilité  électrique,, 
avec  atrophie  musculaire,  etc.). 

C'est  alors  seulemeut  que  nous  vint  Tidée  des  tumeurs  mé- 
dullaires multiples  ;  mais  une  participation  prononcée  des 
méniDges  dans  ce  processus  morbide  ne  put  être  admise  vu 
Tabsence  presque  absolue  des  symptômes  irritatifs.  Grande 
donc  fut  notre  surprise,  lorsque  Tautopsie  a  fait  voir  que 
rafTectiun  s'était  développée  justement  dans  les  méninges,  et 
que  ce  n'est  qu'après  avoir  détruit  presque  toutes  les  racines 
neneases,  qu'elle  avait  envahi  la  substance  médullaire. 

Les  conditions  étiologiques  de  cette  afîection  sont  très 
obscures.  Impossible  cependant  de  ne  pas  s'apercevoir  qu'elle 
prédomine  notablement  dans  l'âge  jeune. 

Le  cas  de  Goupland  et  Pasteur*  (i'«  obs.)-  4  ans  1/2 

—  de  SchulUe 7  — 

—  de  Busch 9  — 

—  de  Richter 9  — 

—  d'OHivier il  — 

—  de  Westphal 15  — 

—  le  nôtre 15  — 

—  de  Schulz 16  — 

—  de  Goupland  et  Pasteur  (2«  ob^.)  .  .  22  — 

—  de  Schaialolï 25  - 

—  de  Uippel 33  — 

—  de  Cramer 42  — 

Donc,  sur  12  malades,  l'âge  de  8  ne  dépassait  guère  seize 
ans. 

Cette  circonstance  ainsi  que  le  caractère  embryonnaire  de 
la  néoplasie  permet  de  se  ranger  de  l'opinion  de  Westphal, 
que  la  sarcomatose  du  système  nerveux  central  dépend  des 
anomalies  dans  la  vie  fœtale. 

L'autre  processus  pathologique  trouvé  dans  notre  cas,  la 
syringomyélie,  n'a  point  donné  lieu  à  des  symptômes  précis. 
Même  en  analysant  le  tableau  clinique  a  posteriori,  il  est 
impossible  de  faire  la  part  des  phénomènes  qui  pouvaient 
avoir  pour  cause  directe  la  syringomyélie  ;  elle  était  donc 
tout  à  fait  latente. 

Avant  d'aborder  le  côté  anatomique  de  no-tre  observation, 

*  Goupland  and  Pasteur.  Diffuse  Sarcoma  of  the  spinal  pia  mater, 
Pathol.  Transacl,  1887. 


180  CLINIQUE  NERVEUSE. 

aous  croyons  iadispensable  de  résumer  les  données  d'au- 
topsie et  d'examen  microscopique. 

Le  canal  rachidien  contenait  une  néoformation  sarcoma- 
teuse ayant  pris  naissance  apparemment  dans  la  pie-mère 
spinale  ;  elle  a  détruit  toute  la  partie  inférieure  de  la  moelle 
et  a  percé  la  paroi  vertébrale.  A  partir  de  la  neuvième  racine 
dorsale,  la  néo-formation  a  épousé  deux  directions.  La  masse 
principale  s'est  jetée  dans  Tespace  subduralpour  envelopper 
la  moelle  en  forme  de  manchon  et  pénétrer  par  places  dans 
sa  substance  ;  Tépaisseur  de  ce  manchon  qui  s*étend  jusqu'à 
la  décussation  des  pyramides,  varie  à  différentes  hauteurs; 
son  maximum  correspond  à  la  partie  inférieure  du  renûe- 
ment  cervical.  L'autre  voie  suivie  par  la  néoformation  est  la 
partie  centrale  de  la  moelle  :  elle  y  a  poussé  en  forme  de  co- 
lonne assez  nettement  limitée,  occupant  presque  toute  la  ré- 
gion dorsale  ;  la  colonne  est  creuse  :  on  y  voit  une  cavité  à 
parois  conjonctives. 

La  substance  centrale  delà  moelle  cervicale  (au  niveau  des 
premières  racines)  présente  aussi  une  excavation,  mais  indé- 
pendante de  la  néoplasie  sarcomateuse  ;  cette  cavité  débute 
dans  une  gliose  visible  dans  toute  la  hauteur  de  la  moelle 
cervicale  sous  forme  de  tâche  dans  le  cordon  postérieur.  Les 
deux  cavités  ne  sont  point  revêtues  de  cellules  épitbéliales  et 
n'ont  guère  de  connexion  avec  le  canal  central  ;  ce  dernier 
offre  cependant  des  anomalies  :  on  le  trouve  multiple  dans 
plusieurs  endroits. 

Outre  toutes  ces  lésions,  il  y  a  à  noter  dans  la  moelle  une 
hyperhémie  veineuse  très  accentuée  et  un  œdème  du  tissu 
nerveux  atteignant  son  plus  haut  degré  dans  la  région  cer- 
vicale, justement  au-dessous  de  la  cavité  supérieure. 

Dans  le  bulbe,  ramollissement  extrême.  Dans  la  pie-mère 
de  l'encéphale  et  du  cervelet,  quelques  métastases  du  sar- 
come. 

En  ce  qui  concerne  les  données  anatomo-pathologiques, 
notre  observation  offre  bien  peu  d'analogie  avec  celles  des 
auteurs,  tandis  que  les  difiTérences  sont  très  grandes. 

La  prédominance  de  la  néoformation  à  la  partie  postérieure 
du  cordon  médullaire,  notée  par  la  plupart  des  auteurs  (Olli- 
vier,  Schulz,  Coupland  et  Pasteur,  Westphal,  Busch)  était 
aussi  très  prononcée  dans  notre  cas. 


SYRINGOMYBLIB   BT   SARCOMATOSB   DB   LA   MOELLE.         ISl 

Il  est  à  supposer  que  c'est  la  partie  inférieure  de  la  moelle 
qui  donne  le  plus  souvent  naissance  aux  néoformations  de  ce 
genre  (les  cas  de  Schultze,  de  Coupland  et  Pasteur,  de  Cra- 
mer, de  Westphal,  le  nôtre). 

La  structure  fine  ainsi  que  l'évolution  de  la  tumeur  peuvent 
être  mises  en  lumière  par  Tétude  des  endroits  où  la  néofor- 
roalion  est  1res  peu  développée,  presque  invisible  à  l'œil  nu. 
Telle  est  par  exemple  la  face  antérieure  de  la  moelle  dans  la 
région  dorsale  supérieure.  On  y  voit  les  éléments  sarcoma- 
teux tapisser  toutes  les  fentes  lymphatiques,  entourer  en 
anneau  les  capillaires  et  les  vaisseaux  de  calibre  ;  et  à  l'état 
Dormal,  on  trouve  à  ces  endroits  un  endothélium  (dans  les 
gaines  lymphatiques  des  vaisseaux,  on  les  nomme  périthé- 
lium);  l'état  morbide  consiste  en  une  prolifération  abondante 
de  ces  cellules  endôthéliales.  Nous  avons  donc  le  droit  de 
ranger  cette  néoplasie  dans  ce  groupe  de  tumeurs  sarcoma- 
teuses qui  porte  le  nom  d'endothéliome. 

Sous  ce  rapport  notre  cas  est  analogue  à  celui  de  Nikiforoff 
et  SchataloÊr,  où  le  caractère  de  la  néoformation  était  le 
même,  sauf  que  prédominait  la  prolifération  du  périlhélium 
vasculaire.  Dans  les  autres  observations  la  structure  de  la 
néoplasie  différait  un  peu  :  ainsi,  dans  le  cas  de  Schulz,  il 
s'agissait  d'un  sarcome  alvéolaire,  dans  ceux  de  Cramer  et 
de  Basch,  d'un  angiosarcome. 

Ce  dernier  nom  fait  valoir  une  connexion  entre  la  néo- 
plasie et  les  vaisseaux  ;  elle  était  bien  intime  dans  tous  les 
cas,  ce  qui  n'est  guère  étonnant  vu  la  grande  abondance  de 
vaisseaux  dans  le  tissu  (pie-mère)  où  prend  naissance  la  néo- 
plasie. Dans  notre  observation  la  quantité  de  vaisseaux  dans 
la  tumeur  était  colossale  ;  à  plusieurs  endroits  il  y  avait  un 
tel  amas  de  capillaires  néoformés  qu'on  aurait  cru  voir  un 
tissu  caverneux. 

Mais  en  ce  qui  concerne  les  vaisseaux  notre  observation 
reste  isolée  :  les  auteurs  décrivent  les  parois  vasculaires  tout 
à  fait  normales,  tandis  que  dans  notre  cas  elles  présentent 
des  altérations  de  la  plus  haute  intensité.  Tantôt  ce  sont  des 
altérations  à  caractère  inflammatoire  ;  de  Tinfiltration  et  de 
l'épaississement  des  parois  résulte  un  rétrécissement  de  la 
lumière  allant  jusqu'à  une  oblitération  complète. 

Plus  souvent  cependant  ces  lésions  portent  un  caractère 
régressif.  C'est  la  dégénération  hyaline  qui  prédomine  ;  les 


I8â  CLINIQUE   NBRVBUSB. 

parois  vasculaires  s'épaississent,  deviennent  homogènes  et 
perdent  leur  affinité  pour  les  colorants;  bientôt  la  lumière 
disparaît,  il  ne  reste  qu'un  cordon  plein  qui  s'émiette  ensuite 
en  des  blocs  amorphes.  Nous  trouvons  aussi  des  vaisseaux 
«n  pleine  dégénération  calcaire.  ïl  est  à  noter  que  toutes  ces 
métamorphoses  régressives  ne  se  rencontrent  guère  dans  la 
partie  de  la  néoformalion  qui  entoure  la  moelle  en  manchon 
{c'est-à-dire  dans  la  partie  supérieure  en  commençant  de  la 
huitième  racine  dorsale).  Cela  s'explique  jusqu'à  un  certain 
point  par  l'origine  plus  récente  de  cette  partie.  Les  condi- 
tions étaient  les  mêmes  dans  les  cas  à  marche  rapide,  publiés 
par  les  auteurs  ;  le  sarcome  ne  se  développant  qu'à  une  pé- 
riode rapprochée  de  la  mort  du  sujet,  les  lésions  vasculaires 
manquaient  de  temps  pour  s'établir.  Le  seul  auteur  qui  ait 
trouvé  une  dégénération  hyaline  et  calcaire  dans  les  vais- 
seaux de  la  tumeur,  estllippc),  et  justement  dans  son  obser- 
vation l'aflection  était  essentiellement  chronique  (elle  durait 
sept  ans)  et  la  malade  était  d'un  âge  plus  avancé. 

Impossible  cependant  de  ne  pas  s'apercevoir  que  les  alté- 
rations vasculaires  régressives  eurent  dans  notre  observation 
un  lien  intime  avec  le  tissu  nerveux.  Ainsi  dans  la  partie 
inférieure  de  la  tumeur  les  vaisseaux  et  les  cordons  hyalins 
sont  limités  presque  exclusivement  au  territoire  qui  corres- 
pond à  la  moelle  détruite.  Dans  la  partie  supérieure,  où  la 
néoformation  se  divise  en  périphérique  et  centrale,  c'est  dans 
celle-ci  que  nous  trouvons  les  vaisseaux  hyalins,  tandis  que 
dans  celle-là  les  lésions  vasculaires  n'offrent  qu'un  caractère 
inflammatoire. 

D'ailleurs  le  rapport  de  la  néoformation  avec  le  lissu  ner- 
veux est  dans  notre  observation  d'un  genre  tout  particulier, 
et  ne  ressemble  guère  aux  constatations  des  autres  auteurs. 

Ainsi,  dans  la  plupart  des  cas  on  avait  affaire  à  une  sarco- 
matose  des  méninges  seules  ;  la  néoformation  enveloppait  le 
cordon  médullaire  sans  pénétrer  dans  sa  substance  (casd'Ol- 
livier,  de  Coupland  et  Pasteur,  de  Cramer,  de  Schataloff,  de 
Westphal,  de  Busch).  Dans  quelques-unes  de  ces  observations 
la  néoplasie  n'épargnait  guère  le  tissu  nerveux  (ainsi  elle 
détruisit  une  partie  du  cervelet  dans  les  cas  d'Ollivier  et  de 
Busch,  la  queue  de  cheval  dans  celui  de  Cramer,  enfin  West- 
phal a  signalé  des  métastases  dans  les  nerfs  périphériques), 
ce  n'est  que  la  moelle  qui  reste  intègre.  On  serait  enclin  à 


SYRIN60MYBL1B  ET   SARCOMATOSB  DB   LA   MOELLB.  183 

croire  que  la  névroglie  qui  forme  la  couche  périphérique  du 
cordon  médullaire  soit  une  barrière  insurmontable  pour  les 
éléments  sarcomateux.  Certains  auteurs  (Westphal,  Busch) 
trouvent  même  dans  cette  circonstance  un  signe  particulier 
de  la  sarcomatose  méningée,  tandis  qu'au  contraire  la  néo- 
formation  tuberculeuse  ou  syphilitique  marque  une  tendance 
bien  prononcée  à  envahir  le  tissu  médullaire. 

Cette  opinion  était  cependant  discutée  :  Schultze,  Richter, 
Uippel  ont  démontré  que  la  substance  médullaire  pouvait 
aussi  être  atteinte;  néanmoins,  même  dans  ces  cas  le  tissu 
nerveux  paraissait  très  peu  altéré  en  comparaison  avec  toute 
retendue  de  la  néoformation  méningée. 

Dans  notre  observation  nous  voyons  le  contraire.  La  néo- 
formation  a  non  seulement  détruit  toute  la  partie  inférieure 
de  la  moelle,  mais  elle  a  donné  encore  un  prolongement 
central  implanté  comme  une  tige  dans  la  moelle  dorsale. 
Dans  la  région  cervicale  la  sarcomatose  n'est  pas  plus  limi- 
tée à  l'espace  subdural  :  à  plusieurs  endroits  elle  a  envahi' la 
substance  médullaire  et,  chose  étrange,  souvent  c'est  à  ces 
niveaux  mêmes  que  les  méninges  contiennent  peu  d'éléments 
sarcomateux.  Si  on  admet  que  la  malignité  de  la  sarcoma- 
tose s'exprime  par  sa  tendance  à  envahir  le  tissu  nerveux, 
c'est  certainement  dans  notre  cas  qne  cette  malignité  a 
atteint  son  plus  haut  degré. 

Parmi  les  lésions  du  tissu  nerveux  nous  avons  mentionné 
un  ramollissement  qui  a  détruit  la  partie  supérieure  de  la 
moelle  cervicale  et  le  bulbe.  Les  causes  de  cette  altération 
sont  évidentes  :  non  seulement  les  troubles  circulatoires  qui 
résultaient  des  lésions  vasculaires  devaient  être  bien  graves, 
mais  cette  partie  de  la  moelle  offre  encore  des  indices  d'un 
processus  inflammatoire  (infiltration  embryonnaire)  des  plus 
marqués. 

Bien  plus  intéressantes  au  point  de  vue  scientifique  sont 
les  cavités  dont  la  moelle  est  creusée. 

Celle  de  la  région  dorsale  est  entourée  de  la  néoformation 
sarcomateuse.  Au  premier  abord  l'origine  de  cette  excavation 
paraît  bien  simple  :  c'est  la  désintégration  centrale  du  tissu 
néoformé  ;  nous  aurions  alors^  comme  dans  la  gliomatose 
centrale,  une  syringomyélie  résultant  d'une  sarcomatose. 
Une  pareille  supposition  semble  justifiée  si  on  n'examine 
que  les  coupes  au  niveau  de  l'excavation  toute  développée 


184  CLINIQUE   MBRV£U8£. 

(la  sixième  racine  dorsale),  mais  une  étude  des  segments  ter- 
minaux fait  changer  d'avis.  Déjà  à  la  hauteur  de  la  huitième 
racine  dorsale,  c'est-à-dire  à  l'endroit  où  la  néoformation  se 
répartit  en  périphérique  et  centrale,  on  peut  voir  comme  les 
fibres  conjonctives  se  rangent  en  faisceaux  pour  former  en- 
suite un  contour  rempli  d'éléments  sarcomateux.  Ce  tableaa 
s*étend  à  la  hauteur  de  plusieurs  segments,  sans  qu'on  puisse 
trouver  dans  les  cellules  sarcomateuses  des  traces  d'un  pro- 
cessus  dégénératif;  ensuite  dans  la  partie  centrale  les  cel- 
lules disparaissent  formant  une  fente  dont  les  dimensions 
augmentent  rapidement.  Il  faudrait  donc  supposer  que  la 
formation  de  la  paroi  conjonctive  précédât  celle  de  la  cavité, 
cette  dernière  résultant  de  la  fonte  du  contenu  de  ce  sac. 
Que  la  cavité  ne  dépende  pas  directement  du  sarcome, cela  se 
voit  bien  plus  encore  à  l'étude  de  son  bout  supérieur.  On  y 
voit  en  eÔet  cette  formation  complexe  se  disjoindre  :  dans 
une  moitié  de  la  moelle  apparaît  alors  le  commencement  de 
la.cavité,  bordé  d'une  névroglie  proliférée,  dans  l'autre  une 
tache  formée  des  cellules  sarcomateuses. 

EnQn,si  celte  syringomyélie  était  due  à  la  désintégration  du 
sarcome,  il  faudrait  s'attendre  à  la  voir  dans  la  partie  infé- 
rieure de  la  moelle,  là  où  le  sarcome  est  le  plus  développé.  11 
s'ensuit  donc  que  nous  avons  affaire  à  deux  processus  diffé- 
rents :  la  néoformation  sarcomateuse  a  dû  remplir  une  cavité 
médullaire  préformée. 

Et  une  preuve  palpable  que  la  formation  des  cavités  inlra- 
méduUaires  pût  être  dans  notre  cas  indépendante,  nous  est 
fournie  par  le  fait  de  l'excavation  cervicale  qui  ne  se  trouve 
pas  en  connexion  avec  la  néoformation.  C'est  une  vraie 
syringomyélie  développée  dans  une  gliose. 

Impossible  de  définir  l'endroit  où  a  commencé  cette  gliose: 
il  est  bien  probable  que  ce  soit  la  continuation  de  cette  né- 
vroglie  proliférée  par  laquelle  se  termine  la  cavité  inférieure  ; 
on  ne  peut  cependant  saisir  une  liaison  directe  entre  ces 
deux  glioses,  vu  la  grande  déformation  qu'a  subie  le  renfle- 
ment cervical  comprimé  par  la  tumeur  méningée. 

Il  est  intéressant  de  suivre  l'évolution  de  la  cavité.  Dans  le 
centre  de  la  gliose  cervicale,  nous  voyona  apparaître  un 
ruban  foncé  :  ce  sont  des  fibres  névrogliques  plus  tassées  et 
scléreuses  ;  sur  les  coupes  suivantes  ces  fibres  commencent 
à  s'écarter,  formant  une  fente  ramifiée  dont  les  dimensions 


STRIMOOMYBLUE  BT   8ARC0MAT0SE   DB   LA  MOELLE.         1Gb 

augmentent  peu  à  peu.  Les  parois  de  cette  fente  ne  sont 
coDslitaées  nulle  part  par  quelque  tissu  en  désintégration  ; 
au  contraire,  nous  y  voyons  partout  un  tissu  flbrillaire  dense, 
bien  coloré.  Plus  haut,  où  Taire  de  la  cavité  est  plus  grande, 
cette  bordure  fait  contraste  sur  le  fond  du  tissu  environnant, 
très  raréfié  et  détruit  par  un  œdème. 

Tout  le  territoire  de  la  gliose  abonde  en  vaisseaux  à  lu- 
mière très  rétrécie  ou  même  complètement  oblitérée  ;  par 
places  on  voit  ces  vaisseaux  changés  en  cordons  fibreux,  par- 
ticiper à  la  formation  des  parois  de  la  cavité.  Par  analogie  on 
peulsupppser  la  même  évolution  des  parois  de  la  cavité  intra- 
médullaire  inférieure,  sauf  que  les  fibres  conjonctives  y 
eussent  subi  une  dégénérescence  hyaline. 

Les  deux  cavités  ne  sont  point  revêtues  d'épithélium;  im- 
possible aussi  de  trouver  quelque  connexion  entre  le  canal 
central  et  les  excavations,  le  siège  de  ces  lésions  restant  à 
toutes  les  hauteurs  bien  éloigné  de  la  place  physiologique  du 
canal.  Notre  observation  est  donc  en  désaccord  avec  l'opi- 
nion de  Ilofmann  et  de  Schlesinger  affirmant  que  toute 
gliose  centrale  primaire  résulte  d'une  anomalie  embryolo- 
gique du  canal  central.  Dans  toutes  ses  observations  anato- 
miques  de  gliose,  Schlesinger  a  pu  constater  une  connexion 
entre  la  cavité  et  le  canal  central.  Notre  observation  prouve 
qu  une  pareille  connexion  peut  faire  défaut. 

Néanmoins,  même  dans  notre  cas,  le  canal  central  présen- 
tait des  anomalies  graves  qui,  d'après  Schlesinger  ^  consti- 
tuent la  première  phase  dans  l'évolution  du  processus  mor- 
bide. 

D'après  cet  auteur,  dans  la  moelle  prédestinée  à  une  syrin- 
gomyélie,  le  canal  central  commence  à  s'élargir,  donne  des 
prolongements  ou  des  sinuosités,  enfin  devient  double.  Dans 
notre  cas,  la  dilatation  du  canal  central  n'était  pas  très  pro- 
noncée ;  quant  à  la  formation  des  sinuosités  nous  en  voyons 
un  bel  exemple,  c'est  grâce  à  ce  processus  que  le  canal  cen-  j 

Irai  se  trouve  non  seulement  divisé  en  deux,  mais  à  certaines  j 

hauteurs  nous  voyons  6,  7  canaux  tapissés  d'un  épithélium 
cylindrique  très  bien  conservé. 

Les  rapports  entre  ces  anomalies  et  la  syringomyélie 
restent  obscurs  ;  les  deux  phénomènes  réputés  comme  pre- 

*  Schlesinger  (H.).  Vie  Sytingomyelie.  Eine  Monographie,  Leipzig  und 
Wien,  1895. 


186  CLINIQUB  NBRVBUSE. 

mière  et  dernière  phase  d'un  seul  processus  morbide  appa- 
raissent dans  notre  cas  parallèles  ;  tous  deux  atteignent  une 
intensité  remarquable ,  mais  manquent  d'un  lien  visible. 
Pareille  coïncidence  mérite  bien  d'être  signalée  ;  nous  n'es- 
sayons cependant  point  de  l'expliquer,  c'est  aux  études  à 
venir  d'y  répandre  quelque  lumière. 

Il  nous  reste  encore  à  aborder  une  question  qui  surgit 
toute  seule,  si  on  jette  un  coup  d'oeil  d'ensemble  sur  les  don- 
nées anatomo-pathologiques. 

Nous  avons  trouvé  deux  catégories  de  lésions  médullaires 
apparemment  indépendantes  :  la  sarcomalose  d'une  part,  la 
gliose  avec  la  syringomyélie  de  l'autre.  Peut-on  admettre 
qu'il  n'y  ait  aucun  lien  intime  entre  ces  deux  processus,  en 
général  bien  rares  et  que  leur  coexistence  dans  le  même  orga- 
nisme n'eût  résulté  que  d'un  pur  hasard  ? 

Et  ce  n'est  pas  une  curiosité  absolument  unique  que  la 
combinaison  de  la  syringomyélie  avec  des  tumeurs  médul- 
laires ou  méningées;  Schuitze'  en  a  signalé  deux  cas, 
Wichmann*,  Zerrath'  et  d'autres  en  ont  rapporté  aussi. 

La  question  a  été  mise  en  lumière  par  KronthaP  qui  a 
aussi  publié  une  observation  analogue.  Dans  son  cas  la 
moelle  cervicale  était  comprimée  par  un  sarcome  ayant  pris 
naissance  dans  la  dure-mère  ;  dans  la  partie  centrale  de  la 
moelle  sur  toute  retendue  de  Torgane  l'attention  était  attirée 
par  une  prolifération  abondante  de  la  névroglie,  creusée  par 
plusieurs  cavités  dépourvues  de  revêtement  épithélial  ;  une 
de  ces  cavités  communiquait  avec  le  canal  central  dilaté. 
D'après  l'avis  de  Kronthal,  la  syringomyélie  était  dans  ce 
cas  la  conséquence  du  sarcome  ou  plutôt  de  la  compression 
produite  par  cette  tumeur.  Dans  la  moelle  normale  circule 
un  liquide  (le  liquide  cérébro-spinal);  si  quelques  conditions 
pathologiques  empêchent  le  cours  de  ce  liquide,  il  se  produit 
une  stase  qui  fait  augmenter  la  pression  intra-médullaire. 

*  Scliullze  (F.).  Archiv  fUr  Psychiatrie.  Bd.  XI.  —  Id.  Virchow's  Ar- 
rhiv.  Bd.  LXXXVll,  S.  517,  Beob.  111. 

*  Wichmann  'R.).  Oeschwuhl  und  iîœhlenbildung  im  Riickenmark 
Stuttgart,  1887. 

*  Zerrath.  Eein  Fait  von  Suerai iumor  mil  Spina  bifida,  Hydromytlie 
efc.  Kônigsberç,  i887. 

*  Kronthal  (P.).  Zur  ratholof/ie  der  HœhlenbHdung  im  RUckenmark, 
Seurolofjisches  Cenlralblali,  1889.  N"*  20,  21,22. 


STRINOOMYBLIB   ET   SARCOUATOSB   DR   LA    MOELLR.  187 

L'anomalie  peut  être  supprimée  jusqu'à  certain  point  par 
une  dilatation  compensaloire  du  canal  central;  mais  si  cette 
dilatation  fait  défaut  (le  canal  central  étant  par  exemple 
complètement  oblitéré),  le  tissu  médullaire  subit,  grâce  à 
cette  stase  sanguine  ou  lymphatique,  des  altérations  trophi- 
ques  :  les  éléments  nerveux  s'atrophient,  la  névroglie  proli- 
fère; il  se  produit  des  gliomes  et  ensuite  la  syringomyélie. 

Le  même  effet  que  les  tumeurs  du  canal  rachidien  produi- 
sent les  processus  inflammatoires  aboutissant  à  un  épaissis- 
sèment  considérable  des  méninges  :  Joffroy  *  (syringomyélie 
avec  pachyméningite  cervicale  hypertrophique),  les  cas  de 
Kôller*,  de  Meyer',  de  VulpianS  d'Oppenheim  s,  etc. 

C'est  aussi  à  cette  cause  qu'est  due  la  syringomyélie  dans 
les  cas  de  tumeurs  siégeant  dans  la  fosse  crânienne  posté- 
rieure; Langhans**  a  publié  trois  observations  analogues  : 
c'est  lui  qui  a  émis  le  premier  l'hypothèse  de  la  stase,  comme 
agent  provocateur  des  cavités  intra-méduliaires. 

Quelques  expeViences  furent  tentées  dans  le  but  de  confir- 
mer cette  théorie.  Kronthal  déterminait  une  compression 
chronique  de  la  moelle,  en  introduisant  un  bouchon  dans  le 
canal  rachidien  d'un  chien;  au  bout  d'une  demi-année  il  a  pu 
constater  une  dilatation  prononcée  du  canal  central,  accom- 
pagnée d'une  prolifération  discrète  de  la  névroglie.  Les 
mêmes  résultais  ont  été  obtenus  par  Dexler,  sauf  que  le  siège 
des  lésions  fut  toujours  au-dessus  du  segment  comprimé. 
Cependant  toutes  ces  expériences,  trop  peu  nombreuses  et 
d'une  méthode  défectueuse,  nous  paraissent  peu  concluantes. 
Quant  aux  conditions  pathologiques,  elles  diffèrent  sans 
doute  de  celles  que  produisent  les  procédés  expérimentaux. 
Néanmoins  la  plupart  des  auteurs  dont  les  travaux  ont  beau- 
coup contribué  à  l'étude  de  la  syringomyélie,  sont  d'accord 
pour  admettre  que  cette  lésion  puisse  résulter  d'une  compres- 
sion de  la  moelle.  Ainsi,  d'après  Schlesinger,  la  compression 

'  JofTroy  (A.).  De  la  pachyméningite  cervicale  hypertrophique  (d'origine 
spontanée).  Paris,  1873. 

.' Kœller  (H.).  Meningitis  spinalis,  Leipzig,  i861. 

'Meyer  (L.).  Virchow's  Archiv.  Bd.  XXVII. 

*  Volpian.  Afxhives  de  Physiologie,  1869. 
'Oppenheim  (H.).  Charité-AnnalenyU%b. 

*  Langhans.   Ueber  Ilœhlenbildung    im  Mckenmark  in   Folge   Blut- 
ilauug.  Virchoufs  Archiv,  Bd.  LXXXV. 


188  CLINIQUE   NBRVBU8B. 

chronique  produit  souveat  une  dilatation  du  canal  central 
(hydroinyélie)  et  ensuite  la  syringomyélie,  grâce  à  la  prolifé- 
ration de  Tépithélium.  La  théorie  de  Langhans  et  Kronthal 
est  aussi  approuvée  par  Schuitze  ^  dans  son  rapport  fait  au 
Congrès  international  de  médecine  de  Moscou  (1897). 

En  appliquant  à  notre  observation  tout  ce  que  nous  venons 
de  dire,  nous  y  trouvons  une  analogie  complète.  La  tumeur 
qui  se  développait  dans  la  partie  inférieure  du  canal  rachi- 
dien  devait,  avant  d'avoir  détruit  la  substance  médullaire,  la 
comprimer  au  plus  haut  degré.  11  en  a  résulté  dans  la  moelle 
une  stase  énorme,  bien  manifeste  à  Theure  actuelle;  juste- 
ment au-dessus  de  la  région  détruite  par  la  néoformation  on 
voit  dans  la  substance  médullaire  de  vastes  territoires  d*ex- 
sudat,  toutes  les  veines  sont  bouffies  de  sang;  et  c'est  ici  que 
commence  la  cavité  inférieure  en  forme  de  sac  à  parois  con- 
jonctives. 

Quant  à  la  cavité  supérieure  où  le  tableau  anatomique n'est 
pas  embrouillé  par  la  participation  directe  de  la  néoforma- 
tion sarcomateuse,  ces  rapports  sont  encore  plus  frappants. 
Au  niveau  du  renflement  cervical  la  moelle  est  excessive- 
ment comprimée  par  la  tumeur  méningée  ;  tant  à  ce  niveau 
que  plus  haut,  la  stase  a  atteint  son  maximum;  les  éléments 
nerveux  sont  tantôt  détruits,  tantôt  dissociés  par  un  trans- 
sudat  coagulé,  c'est  ce  qui  fait  augmenter  d'autant  Taire  de 
la  coupe.  La  partie  centrale  de  la  moelle  est  la  plus  atteinte, 
le  tissu  y  est  extrêmement  raréfié,  et  c'est  ici  justement  que 
commence  la  gliose  donnant  lieu  ensuite  à  une  excavation. 
Il  est  bien  possible  que  la  stase  sanguine  et  lymphatique 
excitant  le  tissu  médullaire  ait  été  la  cause  primaire  d'une 
prolifération  de  la  névroglie,  de  la  gliose.  C'est  ainsi  que 
cette  stase,  provoquée  par  le  développement  des  tumeurs 
sarcomateuses,  sert  dans  notre  observation  de  lien  entre 
Heux  processus  morbides  si  différents,  comme  la  sarcoma- 
tose  d'une  part  et  la  gliose  avec  la  syringomyélie  de  l'autre. 

Notre  observation  plaide  donc  en  faveur  de  la  théorie 
(Kronthal  et  Langhans)  de  syringomyélie  résultant  d'une 
stase.  11  est  évident  que  cette  théorie  ne  s'applique  qu'à  ûu 
certain  groupe  de  cas,  quoique  ce  groupe  ne  comprenne  pas 
seulement  les  tumeurs  médullaires  :  on  a  le  droit  d'y  ranger 

*  Schullzc.  Neurologisches  Centralblati,  1897.  N"  17. 


ELIMINATION   DU   BLEU   DE   METHYLENE.  189 

tous  les  cas  de  compression  de  la  moelle  en  général  quelle 
qu'en  soit  Torigine. 

La  manière  d'agir  de  celle  stase  reste  obscure  sous  plu- 
sieurs points  ;  quoi  qu'il  en  soit,  la  participation  du  canal 
cenlral  dans  ce  processus  n*est  pas  obligatoire  comme  l'afQr- 
mentLangiians,  Kronthal  et  Schlesinger. 


CHIMIE   PHYSIOLOGIQUE, 


NOTE  SUR  L'ÉLIMINATION  DU  BLEU  DE  MÉTHYLÈNE 
CHEZ  LES  ÉPILEPTIQUES; 

PAR 

Jules  VOISIN,  »  A.  MÂUTÉ, 

Médecin  de  la  Salpétrière.  Interne  des  hôpitaux 


Nous  avons  poursuivi  depuis  quelque  temps  des  recherciies 
sur  l'élimination  du  bleu  de  méthylène  chez  les  femmes  épi- 
lepliques  de  notre  service  ;  nous  avons  essayé  de  faire  nos 
injections  à  deux  époques  différentes  chez  la  même  malade, 
c'est-à-dire  au  moment  des  attaques  en  série,  et  au  moment 
des  espaces  intercalaires.  Ces  différents  états  sont  quelquefois 
difGciles  à  distinguer.  Il  faut  tenir  compte  exactement  de  l'état 
des  voies  digestives  de  la  malade,  de  la  qualité  toxique  des 
urines,  et  s'entendre  sur  la  valeur  du  moi  série,  différemment 
compris  par  les  auteurs.  Nous  entendons  par  attaques  en 
série,  non  seulement  les  accès  séparés  les  uns  des  autres  par 
un  intervalle  lucide  de  quelques  heures  ou  moins,  et  ayant 
lieu  dans  la  même  journée,  mais  aussi  les  accès  ayant  lieu 
touâ  les  jours,  pendant  plusieurs  jours  de  suite^  Les  malades 
présentant  ce  dernier  état  sont  des  sériels  dont  l'intervalle 
lucide  est  long  :  un  jour,  et  chez  qui  la  période  intercalaire 
peut  être  de  huit  ou  quinze  jours  *. 

*  J.  Voisin.  LÉpilepsie.  F.  Alcan,  1897. 


190  CHIMIB   PHYSIOLOGIQUE. 

Comme,  dans  nos  recherches  antérieures  *,  nous  avons 
employé  le  procédé  de  MM.  Àchard  et  Castaigne  avec  une 
légère  modification  dans  la  quantité  de  bleu  :  injection  pra- 
tiquée aseptiquement  à  la  fesse  avec  un  centimètre  cube  de 
solution  au  1/10  de  bleu  de  méthylène  stérilisée.  La  ma- 
lade ayant  vidé  sa  vessie  spontanément  ou  à  Taide  de  la 
sonde  au  moment  de  Tinjection,  les  urines  ont  été  recueillies 
de  demi-heure  en  demi-heure  pendant  les  premières  heures, 
puis  d^heure  en  heure  pendant  la  première  journée,  et  enfin 
de  deux  en  deux  heures. 

L'examen  des  urines  a  été  fait  à  chaud  et  à  froid,  soit  par 
simple  inspection  avec  ou  sans  le  secours  du  chloroforme, soit 
dans  certains  cas  d'urines  très  pigmentées,  en  précipitant 
les  pigments  par  l'extrait  de  Saturne,  selon  la  méthode  indi- 
quée par  MM.  Chaufi'ard  et  Gavasse.  De  même  que  ces  der- 
niers auteurs,  nous  avons,  à  Taide  des  graphiques,  étudié 
la  courbe  de  l'élimination.  Nos  expériences  ont  porté  sur  une 
vingtaine  de  malades  et  ont  été  faites  chez  la  même  malade 
à  deux  époques  difierentes.  Nous  reproduisons  ici  les  obser- 
vations les  plus  nettes. 

Gomme  dans  nos  précédentes  recherches  chez  les  malades 
présentant  des  attaques  en  série,  nous  avons  constaté  que  le 
maximum  d'élimination  était  retardé,  mais  surtout  que  la 
disparition  du  bleu,  au  lieu  de  se  faire  vers  la  30*  ou  40^^  heure, 
n'avait  lieu  souvent  que  vers  la  100**  ou  même  la  110®,  comme 
chez  Tune  de  nos  malades,  qui  a  présenté  25  attaques  ou 
vertiges  pendant  le  temps  de  l'élimination. 

Dans  certains  cas  cependant,  nous  avons  trouvé  Télimina- 
lion  à  peu  près  normale,  comme  dans  les  faits  rapportés  par 
MM.  Féré  et  Laubry,  à  la  Société  de  biologie  '.  Mais  ces 
résultats  ne  sont  contradictoires  qu'en  apparence,  car  dans 
CCS  cas,  nous  avons  fait,  à  la  vérité,  l'injection  de  bleu  pen- 
dant la  période  des  attaques,  mais  au  moment  où  la  série 
allait  prendre  fin  et  où  la  malade  allait  entrer  dans  une 
période  intercalaire  plus  ou  moins  longue,  ainsi  que  nous 
avons  pu  nous  en  rendre  compte  en  consultant  le  tableau  des 
attaques  dressé  dans  le  service. 

'  J.  Voisin  et  Hauser.  Remarque  sur  Vélimination  du  bleu  de  méthylène 
(Gaz.  heb.,  27  mai  i897). 
J.  Voisin  et  Hauser.  Société  méd.  des  hâp.,  18  juin  1897. 
*  Féré  et  Laubry.  Société  de  Biologie,  23  octobre  1897. 


ÉLIMINATION  DU   BLBU   DE   MÉTHYLÈNE.  191 

Ainsi  chez  Dec...,  dix-sept  ans,  nous  avons  pratiqué  une 
injection  le  27  mai  à  la  suite  d'une  attaque,  et  il  n'existait  plus 
trace  de  bleu  à  la  43°  heure  ;  mais  nous  constatons  d'autre 
part  que  la  malade  qui  a  eu  trois  attaques  le  23,  trois  le  24 
et  une  le  2o,  est  restée  indemne  jusqu'au  27  juin. 

De  même  on  peut  obtenir  un  retard  si  on  fait  l'injection 
au  moment  où  la  période  intercalaire  va  se  terminer,  c'est- 
à-dire  au  moment  où  comme  nous  Tavons  montré,  la  malade 
présente  un  état  saburral ,  indice  d'une  prochaine  série 
d'accès.  Ainsi  chez Vaud...,  après  une  injection  faite  le  20  juin, 
les  urines  contenaient  encore  du  bleu  à  la  OS''  heure  bien  que 
rinjeclion  fût  faite  pendant  une  période  intercalaire.  Mais, 
dans  ce  cas,  nous  avions  noté  chez  la  malade  un  état  saburral 
très  prononcé,  indice  d'une  série  d'attaques  qui  commen- 
cèrent vers  la  80"  heure. 

Du  reste,  au  cours  de  ces  recherches,  nous  devons  dire  que 
chez  nos  épileptiques  l'élimination  n'était  pas  la  même  à 
tous  les  instants,  et  comme  MM.  Chauffard  et  Gavasse,  puis 
Chauffard  et  Castaigne  '  l'ont  constaté  au  cours  de  leurs 
recherches  chez  les  hépatiques,  nous  avons  obtenu  soit  une 
courbe  oscillant  entre  des  maxima  et  des  minima  (type 
continu  polycyclique),  ou  plus  souvent  présentant  des  inter- 
mittences vraies  (type  discontinu  polycyclique)  comme  le 
montrent  les  quelques  observations  suivantes,  ainsi  que  les 
tracés  qui  y  correspondent  : 

N"^  1.  Gh...  (vingt  ans,  moyenne  des  accès  par  mois,  4),  période 
iotercalaire  : 

Maximum  à  la  3^ heure;  absence  de  bleu  à  la  ^^  heure  ;  nouveau 
maximum  à  la  11*'  heure  ;  trace  seulement  à  la  23^  heure;  nou- 
Teau  maximum  à  la  43^  heure. 

N<>2.  Au...  (dix-neuf  ans,  moyenne  des  accès  par  mois,  10), 
période  intercalaire. 

Col.  hieu  à  la  l"'  heure  ;  maximum  à  la  2®  heure  ;  vert  clair 
pendant  les  6,  7,  8,  9^  heure;  nouveau  maximum  à  la  19^  heure; 
trace  seulement  à  la  2i^  heure  ;  vert  foncé  un  peu  plus  faible 
que  le  maximum  à  la  33®  heure. 

Puis  la  courbe  tombe  à  0^  entre  la  53^  et  lu  56°  heure,  puis 
IVliroination  cesse  à  la  72^  heure  après  avoir  présenté  à  la  69^'  une 
coloration  vert  léger. 

*  Chauffard  et  Castaif^ne.  Valeur  séméiologique  de  Vépreuve  par  le  bleu 
de  méthylène  chez  les  hépatiques  (Soc.  méd.des  /i(5pi7a<a-, 22  avril  1898). 


192 


CHIMIE   PHYSIOLOGIQUE. 


S 


et 
JS 


r 


BLIMINATIOM  DU  BLBU  1>B  MÉTHYLÈNE. 


193 


o 


3 


AacfiivKS,  2«  série,  t.  YJ. 


i3 


194  CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE. 

N®  3.  Dec...  (dix-sept  ans,  moyenne  des   accès  par  mois,^"), 
injection  faite  à  la  fin  d'une  attaque  sérielle  le  25  mai. 


es 

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S 


ee 

o. 


L'élimination  tombe  à  0<*  à  la  9*^  et  à  la  31®  heure,  poui*  dispa- 
raître totalement  à  la  43*^  heure. 


RUMINATION   DU   BLBU  DE  MBTBYLÊNB.  195 

y  4.  E5U...  (dix-huit  ans,  moyenne  des  accès  par  mois,  9). 


8 


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3 
M 

•5 


c 


i^'éliminalion  tombe  à  0  pendant  les  5,  6,  7®  heure  pour  repren- 
dre la  teinte  vert  clair  à  la  8<^  heure. 


196 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE. 


3 

5 


c 


> 
i6 


ELIMINATION  DU   BLBU   DB   MBTHYLÊNB.  197 

N^  5.  Va...  (vinçl-cinq  aus,  moyenne  des  accès  par  mois,  18  ; 
suite  d'une  attaque  isolée). 


9 

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ci 

c 

T3 


L'élimination  tombe  à  0  entre  la  23  et  la  29®  heure  pour  repa- 


CHIMIX  PHY8IOLOG1QUB. 


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KUHINATION   DU   BLKU   SB  HBTHTLEMB. 


199 


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0) 


o 


200  CHIMIE  PHTSIOLOQIQUB. 

raltre  franchement  verte  à  la  43*  et  tomber  progressivement  à  0. 

N^  6.  Re...  (trente-deux  ans,  moyenne  des  accès  par  mois,  7)  le 
lendemain  d^une  attaque. 

L*éliminationtombeà  0  à  la  32®  heure  pour  redevenir  bleu  foncé 
à  la  42®  heure. 

Les  urines  n*ont  pas  été  prises  entre  la  32®  et  la  42®  heure. 

N^  7.  Bar...  (quarante-trois  ans, moyenne  des  accès  par  mois. 8;, 
attaques  en  série. 

Pas  trace  de  bleu  &  la  29®  heure,  tandis  qu*à  la  91®  heure,  le 
bleu  est  encore  très  apparent. 

N<>  8.  Go...  (30  ans,  moyenne  des  attaques  par  mois,  3),  attaques 
en  série. 

Col.  vert  foncé  à  la  3®  et  4®  heure  ,  nulle  à  la  8®  et  9®  heure  ; 
maxima  à  la  22®  heure  ;  nulle  à  la  30®  heure;  nouv.  maxima  à  la 
47®  heufe;  nulle  entre  la  53®  et  la  59®  heure  ;  vert  intense  se  rap- 
prochant du  maxima  à  la  69®  heure. 

En  présence  de  ces  constatations,  il  est  évidemment  difficile 
de  poser  des  conclusions  nettes  ;  cependant,  pour  ce  qui  est 
des  intermittences  dans  l'élimination  du  bleu  chez  nos  épilep- 
tiques,  nous  devons  les  rapprocher  des  constatatioiis  faites 
dans  le  même  sens  par  MM.  Bar,  Menu  et  Mercier,  chez  les 
éclamptiques  ^ 

D*autre  part,  on  sait  que  M.  Gastaigne,  dans  plusieurs  cas 
d'élimination  très  retardée  du  bleu^  ainsi  que  M.  Mavroja- 
nis  '  chez  un  malade  du  service  de  M.  Charrin,  ont  trouvé  ^ 
Télimination  des  toxines,  parallèle  à  celle  du  bleu.  Ces  faits, 
pris  dans  leur  ensemble,  concordent  donc  bien  avec  les  idées 
que  nous  avons  exposées  ailleurs  relativement  au  rôle  de 
l'intoxication  dans  la  pathogénie  des  accès  épileptiques, 
idées  reprises  ces  temps  derniers  par  M.  Maurice  de  Fleury  ^ 
et  plus  récemment  par  M.  Weber  *.  Ils  montrent  une  fois  de 
plus  que  tout  traitement  rationnel  doit  compter  avec  cette 

*  Bar,  Menu  et  Mercier.  Perméabilité  tonale  de  la  femme  enceinte 
{Soc.  obat,  et  tjynécolog.^  9  mars  4898). 

*  Castaigne.  Gaz,  des  hôpitaux,  11  juin  1898. 

*  Charrin  et  Mavrojanis.  Société  de  biologie,  mars  1898. 

*  Ce  travail  a  été  communiqué  au  Congrès  des  aliénisles  et  neuro- 
logistes,  à  Angers  dans  la  séance  du  matin  du  3  août. 

*  .Maurice  de  Pleury.  Bulletin  de  V Académie  de  médecine,  1898. 

*  Weber.  De  Vaulo-intoa-ication  dans  Vépilepsie  (Munchen  médical 
H'oc/i.,  28  juin  1898). 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  201 

formation  de  toxines,  en  cherchant  autant  que  possible  à 
modifier  les  échanges  nutritifs  et  à  favoriser  rêlimination  des 
poisons  *. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


CONGRÈS  DES  MÉDECINS  ALIÉNISTES  ET  NEUROLOGISTES 


Nkdvième  session.  —  (Angers  1898.) 

Séance  du  l®'  août.  —  L\  matinée. 

Le  laudi  1**^  août,  à  Angers,  a  eu  lieu  dans  la  salle  des  Fôtes  de 
la  Mairie,  la  séance  solennelle  d'ouverture  du  Congrès  des  méde- 
cins aliénistes. 

Celte  réunion  était  présidée  par  M.  iozé,  député,  maire  d'An- 
gers, ayant  à  ses  c6iéi  M.  le  D^  Motet,  membre  de  TAcadémie  de 
médecine,  Regnard,  inspecteur  générai  de  l'Assistance  publique, 
délégué  de  M.  le  ministre  de  l'intérieur,  CazanaveLte,  procureur 
général  et  le  D''  Petrucci,  directeur  de  Tasile  de  Saiute-Gemmes. 

l)aus  la  salle  on  remarquait  M.  Delpech,  préfet  du  Maine-et- 
Loire,  Gordien,  vice-président  du  conseil  de  préfecture,  Beaussire, 
conseiller  de  préfecture,  Robert,  inspecteur  d*académie,  Dainville, 
directeur  honoraire  de  l*Ëcole  des  beaux-arts,  Métérié,  inspecteur 
départemental  des  enfants  assistés,  Pichard,  juge  au  tribunal, 
Cbicotteau,  secrétaire  général  de  la  mairie,  Gilbert,  inspecteur  de 
l'abattoir,  Armand  Porrot,  président  de  la  Société  des  lettres, 
sciences  et  arts  d'Angers,  la  plupart  des  membres  du  corps  médi- 
cal d'Angers  et  un  grand  nombre  de  dames.  En  ouvrant  la  séance, 
M.  Jozé  a  souhaité  en  ces  termes  la  bienvenue  aux  congressistes. 

<c  Monsieur  le  Président,  Messieurs, 

<  Nous  avons  l'honneur  de  vous  souhaiter  la  bienvenue  parmi 
nous  et  de  vous  remercier  d'avoir  bien  voulu  faire  choix  de  la  ville 
d'Angers  pour  siège  de  votre  neuvième  Congrès. 

*  Jules  Voisin.  Epilepsie,  Chapitre  :  Traitement, et  Archives  de  Seuro- 
logie^  1896  :  De  Vintoxicalion  dans  Vépilepsie^  par  J.  Voisin  et  R.  Petit. 


80CIBTB8   SAVANTES. 

c  Vous  êtes  ici,  Monsieur  le  Président,  au  milieu  de  vos  conci- 
toyens, de  vos  amis,  tous  heureux  de  vous  recevoir  et  de  vcos 
témoif:ner  leur  sympathie  et  leur  admiration  pour  les  éminents 
services  que  vous  avez  rendus  et  que  vous  êtes  appelé  k  rendre 
chaque  jour  &  Phumanité  dans  la  spécialité  que  vous  avez  choisie. 

c  Parmi  les  maux  qui  affligent  Tespèce  humaine,  l^un  des  plus 
terribles  est,  sans  contredit,  celui  qui  éteint  la  raison.  II  frappe  en 
aveugle,  et  souvent  les  plus  intelligents  d'entre  nous.  Aussi, 
Messieurs,  devons-nous  de  la  reconnaissance  à  ceux  qui  se  vouent 
au  traitement  de  ces  intéressants  malades. 

c  Nous  sommes  persuadés  que  les  travaux  auquels  vous  allez 
vous  livrer,  marqueront  une  étape  nouvelle  dans  la  science  médi- 
cale et,  d'avance,  nous  escomptons  le  grand  bien  qui  eu  ressortira 
pour  rhumanilé.  Nous  faisons  des  vœux,  Messieurs,  pour  que  vous 
emportiez  bon  souvenir  de  votre  séjour  dans  notre  cité.  » 

Succédant  à  M.  Joxé,  M.  le  D'  Motel,  membre  de  l'Académie  de 
médecine,  a  prononcé  le  discours  suivant  : 

<  Mesdames,  Monsieur  le  Maire,  Messieurs, 

«  J'ai  l'honneur  de  vous  remercier  des  paroles  si  cordiales  de 
bienvenue  que  vous  nous  adressez,  et  de  saluer,  au  nom  de  mes 
collègues  la  ville  d'Angers  qui  nous  reçoit  aujourd'hui  avec  tant 
d'éclat. 

c  Mes  chers  collègues, 

<  Celte  assemblée  d'élite  n*a  pas  seulement  des  sympathies  :  des 
représentants  du  département  et  de  la  ville  dont  vous  allez  être  les 
hôtes  pendant  quelques  jours,  sont  venus  vous  témoigner  tout  Tin- 
térét  que  vos  travaux  inspirent,  toute  l'estime  qu'on  a  pour  des 
hommes  de  science  venus  ici  de  tous  les  points  de  la  France,  pour 
étudier  ensemble  de  graves  problèmes,  mettre  en  commun  les 
fruits  de  leurs  observations,  essayer  d'adoucir  la  plus  grande  des 
infortunes,  soulager  entin  les  malheureux  qui  souffrent  de  la  perte 
«  du  grand  bien  de  l'intellect.  » 

«  Mes  chers  collègues,  l'hospitalité  lapins  cordiale,  la  plus  géné- 
reuse vous  est  offerte  avec  cette  bonne  grâce  particulière  à  la  cité 
angevine.  Elle  est  depuis  des  siècles,  par  une  tradition  ininter- 
rompue, passée  dans  les  coutumes,  ici  Taccueil  est  toujours  bien- 
veillant, les  cœurs  s'ouvrent  aisément;  la  vie  est  douce  et  bonne 
sous  un  climat  heureux,  sur  une  terre  où  les  fleurs  naissent  sous 
les  pas  ;  ne  craignez  pas  de  curiosités  indiscrètes  ou  jalouses,  on 
n'ignore  pas  qui  vous  êtes,  et  Ton  vous  sait  gré  d'être  venu  avec 
confiance  vous  occuper  de  choses  très  sérieuses  dans  une  ville  dont 
les  habitants  valent  aujourd'hui  ce  qu'ils  valaient  pour  Ménage, 
qui  disait  que  «  les  angevins  étaient  les  hommes  les  plus  spirituels 


^SOCIÉTÉS   SAVANTES.  i09 

<  de  son  temps  > .  Vous  laiu  ^a»,  ém  noire,  TappréciatioD  ser.-i 
de  ioas  points  justifiée. 

«  Vous  pouvez  travailler  ici  beaucoup,  tout  le  monde  rapeotem 
Tos  sérieuses  occupations,  vous  pourrez  prendre  aussi  quelques 
heures  de  repos,  et  pour  charmer  vos  loisirs,  vous  trouverez  des 
hommes  pleins  d'empressement  et  de  courtoisie  qui  vous  montre- 
ront les  restes  pieusement  conservés  de  l'antique  cité,  les  transfor- 
mations qui  embellissent  la  ville  nouvelle.  Tout  vous  promet  Tune 
de  ces  semaines  heureuses  dont  on  garde  les  plus  doux  souvenirs. 

«  Dans  vos  congrès  antérieurs,  d'éloquentes  paroles  ont  été  pro- 
Doncées  sur  la  nécessité  de  l'union  de  la  médecine  mentale  et  de 
la  oeuropathologie.  Avec  moins  de  talent  mais  avec  une  conviction 
tout  aussi  profonde,  je  dirai  à  mon  tour  que  ces  deux  branches  des 
sciences  médicales  se  complètent  Tune  et  Tautre,  et  qu'aujourd'hui 
rien  de  solide,  rien  de  sûr,  rien  de  stable  ne  pourrait  plus  ôlre  fait 
si  les  liens  étroits  qui  les  relient  dans  leur  évolution  venaieutà  être 
rompQs.  Le  fonctionnement  du  cerveau  est  loin  d*être  encore  com- 
plèlement  connu,  mais  les  conquêtes  de  la  neurologie  depuis  un 
demi-siècle  ont  été  si  rapides,  les  découvertes  des  micrographes 
ont  été  si  importantes  qu*il  nous  est  bien  permis  d'entrevoir  dans 
un  avenir  prochain,  je  l'espère,  la  solution  du  problème  patiem- 
ment cherché.  La  psychologie  avait  tout  à  gagner  à  s'adapter  ces 
acquisitions  nouvelles  ;  si  quelques  esprits  ont  refusé  de  les 
accepter,  on  a  vu  de  nos  jours  des  hommes  de  grand  savoir  se  dé- 
vouer à  la  vulgarisation  de  données  scientifiques  positives,  et  pro- 
jeter une  vive  lumière  sur  des  questions  obscures.  Les  travaux  de 
Ribot,  de  Richet,  de  Ferrier,  de  ianet,  de  Binet,  etc.,  ont  préparé 
on  énergique  mouvement  de  rénovation  scientifique  dont  les 
sciences  dites  sociales  ont  à  leur  tour  largement  à  profiter. 

«  iN'esl-ce  pas  d'hier  que  date  l'étude  de  l'anthropologie  criminelle  <^ 
Q  on  le  veuille  ou  non.  Messieurs,  le  jour  où  l'on  introduisit  les  pro- 
cédés d'anal/se  scientifique,  les  données  positives  dans  l'étude  du 
crime  et  de  ses  facteurs  biologiques  sociaux,  climatériques,  un  im- 
mense progrès  fut  réalisé.  A  la  notion  brute  d'un  crime  ou  délit, 
Tient  s'ajouter  lairecherche  de  la  valeur  intellectuelle  et  morale  de 
l'agent,  et  une  classification  empruntée  à  la  fois  à  la  nosologie  et  à 
la  philosophie  pénale,  sujet  permettant  de  différencier  des  types 
aussi  nets,  aussi  accusés  que  le  sont  eu  pathologie  les  types  mor- 
bides. Seulement,  la  science  était  toute  nouvelle,  elle  eut  à  ses  dé- 
bats des  entraînements  ;  elle  généralisa  trop  et  une  vivo  réaction 
^  produisit;  le  congrès  de  Paris  en  1889,  rejeta  résolument  et  fit 
bien,  le  type  du  criminel-né  tel  que  l'avait  conçu  Lombroso  ;  mais 
il  est  resté  quelque  chose  qui  relève  de  la  médecine  mentale  et  que 
nous  connaissions  depuis  bien  longtemps,  c'est  la  détermination 
de  la  prédominance  des  dégénérescences  mentales  chez  un  très 
^nd  nombre  de  criminels.  Ne  craignez  pas,  Messieurs,  que  cette 


i04  80CIBTB8  SAVANTES. 

affirmation  soit  suivie  de  ma  part  de  propositions  qai  tendraient  à 
affaiblir  la  répression,  j'ai  trop  longtemps  vécu  au  milieu  des  cri- 
minels, j'ai,  par  une  longue  fréquentation,  trop  bien  appris  à  les 
connaître  pour  n'avoir  pas  la  conviction  profonde  que  la  société  a 
le  droit  de  se  protéger  et  de  se  défendre,  mais  je  peux  dire  ici,  qae 
la  connaissance  plus  complète  de  l'individu,  étudié  dans  ses  anté- 
cédents, dans  son  évolution,  dans  ses  aptitudes,  aussi  bien  que 
dans  faction  exercée  sur  lui  par  le  milieu  social  où  il  a  vécu,  est  de 
nature  à  justifier  des  réformes  que  réclament  dans  nos  institutions 
générales  des  esprits  des  plus  distingués. 

€  Vous  ne  me  trouverez  pas,  Messieurs,  trop  prétentieux  ni  trop 
téméraire,  si  je  dis  devant  vous  qu'une  part  dans  la  vulgarisation 
de  ces  idées  nous  appartient  et  que  c'est  à  la  médecine  légale  des 
aliénés  qu'est  dA  l'immense  effort  qui  a  été  fait  dans  ces  dernières 
années,  sans  bruit,  sans  autre  retentissement  que  celui  de  discus- 
sions entretenues  dans  un  milieu  restreint,  mais  on  chacun  des 
orateurs,  conscient  de  sa  force,  n'ayant  pas  besoin  autour  de  lui 
de  bruit,  de  propagande,  apportait  d*énergiques  convictions.  Les 
luttes  furent  vives,  les  vieux  principes  du  libre  arbitre  et  de  la  res- 
posabilité  eurent  à  subir  de  rudes  assauts;  mais  il  se  trouva  un 
nombre  imposant  de  psychologues,  de  médecins  qui  se  refusèrent 
à  admettre  que  le  libre  arbitre  n'existât  pas,  et  que  la  notion  de  la 
responsabilité  fût  une  notion  toute  métaphysique. 

<  Vous  vous  souvenez,  Messieurs,  des  discussions  soutenues  au 
sein  de  la  Société  médico-psychologique,  et  qui  occupèrent  il  y  a 
plus  de  vingt  ans  de  nombreuses  séances.  Elles  n'aboutirent  pas, 
et  je  n'oserais  pas  dire  que  nous  soyons  aujourd'hui  beaucoup 
mieux  en  mesure  de  leur  donner  uue  solution  pratique. 

c  Cependant,  s'il  est  vrai  que  la  responsabilité  humaine  n*est 
pas  chose  qui  se  mesure  ni  qui  se  pèse,  il  n'y  en  a  pas  moins  une 
notion  supérieure  qui  domine  tout  débat,  qui,  à  mon  avis,  s'impose 
et  dont  la  formule  est  d'une  extrême  simplicité. 

«  Tout  acte  dommageable  à  autrui,  prémédité  et  voulu,  doit  être 
reproché  à  celui  qui  l'a  commis.  C'est  là  le  fondement  de  la  res* 
ponsabilité  morale.  Mais  qu*on  y  prenne  garde,  cette  formule,  si 
elle  n'avait  pas  la  loi  écrite  pour  sanction,  nous  rejetlerrait  en 
pleine  barbarie,  nous  ne  serions  pas  beaucoup  au  dessus  des  peu- 
plades sauvages,  où,  l'individu  disparaissant  derrière  la  collectivité, 
le  crime  d'un  seul  mettait  les  armes  à  la  main  du  clan,  de  la  tribu, 
où  la  lutte  s'établissait  entre  des  guerriers  qui  substituaient  à 
l'idée  du  droit  celle  de  la  vengeance  et  de  la  force. 

€  Les  sociétés  modernes  ne  se  vengent  plus  :  elles  se  défendent 
contre  ceux  qui  compromettent  leurs  intérêts,  leur  sécurité,  leur 
repos.  Plus  justes  et  plus  humaines,  elles  ne  veulent  pas  frapper  au 
hasard,  elles  savent  qu'il  y^  des  êtres  déchus  qu'elles  n'ont  pas  le 
droit  de  punir,  mais  elles  ne  veulent  être  indulgentes  qu'à  bon 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  205 

escient  :  lorsque  ]es  magistrats  qui  ont  reçu  d'elles  la  mission  de 
poursuivre  les  crimes  ou  les  délits  soupçonnent  un  trouble  de  l'es- 
prit chez  le  délinquant,  c  est  au  médecin  qu'ils  s'adressent,  c'est  à 
lui  qu'ils  demandent  de  les  éclairer. 

«  Alors ,  Messieurs,  commence  cette  ^Tande  et  noble  tâche  pour 
laccomplissement  de  laquelle  il  faut  mettre  à  la  recherche  de  La 
vérité,  toute  son  intelligence,  tout  son  savoir.  Tâche  toujours  déli- 
cate, souvent  difficile,  quelquefois  périlleuse,  non  pas  seulement  à 
cause  de  Texamen  qui  nous  est  confié,  mais  aussi  à  cause  des  atta- 
ques qui  ne  nous  sont  pas  ménagées.  Nous  vivons  à  une  époque  de 
libre  examen,  de  libre  discussion  qui  nous  crée  des  embarras  de 
plus  d'un  genre,  nous  sommes  discutés  même  avant  d^avoir  déposé 
nos  rapports.  Chacun  a  son  opinion  et  l'écrit,  quand  nous,  nous 
sommes  tenus  au  plus  absolu  silence,  et  si  Ton  nous  prêle  un  lan- 
gage qui  bien  souvent  n'a  rien  de  scientifique,  nous  ne  pouvons 
pas  rectifier  ces  erreurs  avant  bien  longtemps.  Ce  que  disait  Lo- 
rain  en  4875,  peut  être  redit  aujourd'hui  :  €  Quant  aux  apprécia- 
c  tiens  que  le  public  incompétent  et  les  personnes  qui  se  chargent 
c  de  le  renseigner  par  la  voie  des  journaux,  portent  sur  nos  dépo- 
t  sitions,  je  pense  qu'il  n'y  faut  pas  attacher  une  trop  grande 
<  importance,  dans  l'intérêt  de  notre  repos.  » 

«  Quelles  que  puissent  être  ces  légères  atteintes,  elles  ne  sont 
pas  pour  troubler  le  médecin  qui,  dans  sa  conscience,  avec  une 
indépendance  de  caractère  absolue,  dit  ce  qu'il  a  constaté,  ce  qu'il 
croit  être  la  yérité,  et  qui,  ne  sortant  pas  des  limites  imposées  àsa 
compétence,  n'avance  rien  dont  il  ne  soit  pas  sûr. 

«  La  médecine  légale  des  aliénés  avec  les  intéressants  problèmes 
qu  elle  est  chaque  jour  appelée  à  étudier  et  à  résoudre,  est  l'une 
des  branches  les  plus  importantes  de  la  médecine  légale  prisedans 
son  ensemble.  Elle  est  singulièrement  attachante,  et  si  variée  qu'on 
peut  dire  que  chaque  cas  présente  ses  particularités  qui  doivent 
élre  mises  en  lumière.  Sans  doute,  il  importe  de  déterminer  à 
quel  groupe,  à  quelle  forme  appartient  le  cas  soumis  à  l'examen; 
celte  précision  clinique  est  au  début  de  toute  expertise  médico- 
légale  :  c'est  elle  qui  guidera  dans  les  recherches;  c'est  elle  qui 
éloif'nera  les  chances  d'erreur.  Quand  le  médecin  qui  sait  com- 
ment se  détermine  un  aliéné  appartenante  un  type  nettement  dé» 
liui,  aura  dans  une  observation  sévère,  analysé  les  symptômes 
d'un  trouble  mental,  il  pourra  s'élever  à  la  notion  des  mobiles  qui 
auront  amené  l'aliéné  à  commettre  l'acte  qualifié  crime  ou  délit. 
Dans  les  cas  simples,  les  difficultés  ne  sont  pas  grandes  ;  mais  il 
en  est  de  compliques  où  les  diversions  des  sentiments  et  du  carac- 
tère peuvent  tout  d'abord  paraître  ne  pas  différer  beaucoup  de  ma- 
nifestations qui  ne  sont  pas  pathologiques.  C'est  alors  que  l'étude 
doit  porter  sur  l'ensemble  de  toute  une  existence,  que  les  condi- 
tions défavorables  créées  par  une  hérédité  morbide,  par  une  édu- 


â06  80GIBTK8   8AVANTB8. 

cation  mauvaise,  par  les  habitudes,  devenues  si  communes  aujour- 
d'hui, de  l'abus  d'agents  toxiques,  doivent  être  appréciées,  une  à 
une,  aOn  que  les  défaillances  de  la  volonté,  les  impulsions  qui  les 
suivent,  la  perte  de  la  conscience  de  la  valeur  morale  des  actes, 
puissent  être  rigoureusement  démontrées.  Nous  ne  devons  jamais 
oublier  que  nos  conclusions  doivent  être  assez  claires,  reposer  sur 
des  déductions  positives  assez  évidentes,  pour  que  la  conviction  du 
magistrat  qui  nous  consulte  s'établisse  sans  effort.  La  véritable 
mission  du  médecin-expert  dans  les  questions  relatives  à  Taliéna- 
tion  mentale,  est  surtout  de  rattacher  Tacte  incriminé  à  un  état 
patholo,]^ique  antérieur,  de  montrer  qu'il  est  tout  entier  sous  sa 
dépendance,  qu'il  s'explique  par  l'influence  de  causes  différentes 
de  celles  qui,  chez  les  individus  normaux,  deviennent  des  mobiles 
d'action. 

«  Je  ne  puis,  dans  cette  séance  solennelle,  qu'esquisser  à  larges 
traits  l'importance  du  rôle  du  médecin  légiste  dans  ce  qui  touche 
à  ses  rapports  avec  la  justice.  J'ai  de  ce  rôle  une  opinion  si  haute 
que  je  voudrais  que  le  plus  grand  nombre  possible  de  médecins  fut 
préparé  à  le  remplir.  Nos  études  sont  si  spéciales,  elles  supposent 
une  direction  si  particulière,  la  vie  dans  un  milieu  si  différent  du 
milieu  où  d'ordinaire  se  meut  le  médecin,  que  nécessairement  bien 
peu  sont  à  même  d'acquérir  l'expérience  nécessaire.  Je  voudrais 
que  les  jeunes  gens,  étudiants  en  médecine  des  facultés,  des  écoles 
de  plein  exercice,  qui  déjà  trouvent,  auprès  du  professeur  de  cli- 
nique des  maladies  mentales,  un  enseignement  qui  jadis  nous 
manquait,  fussent  préparés  aux  expertises  médico-légales. 

u  Leurs  maîtres  sont  tout  prêts  à  les  instruire,  à  les  guider,  k 
leur  donner  cet  enseignement  supérieur.  Il  répondrait  aux  pres- 
criptions de  l'art.  14  de  la  loi  de  1892  sur  l'exercice  de  la  méde- 
cine, qui  dit,  paragraphe  3  :  «  Un  règlement  d'administration 
<  publique  déterminera  les  conditions  suivant  lesquelles  pourra 
c  être  conféré  le  titre  d'expert  devant  les  tribunaux.  >  Et  de  fait, 
les  cours  et  tribunaux  établissent  au  commencement  de  chaque 
année  judiciaire  U  liste  des  médecins  experts. 

«  M,  le  professeur  Brouardel,  doyen  de  la  Faculté  de  médecine 
de  Paris,  dans  uu  rapport  présenté  à  la  Société  de  médecine  légale 
le  18  février  1884,  demandait  que  l'instruction  des  élèves  fût  perfec- 
tionnée, et  qu'un  examen  spécial  donnant  seul  l'obtention  d'un 
diplôme  ou  d'un  certificat  témoignant  des  connaissances  du  candi- 
dat en  médecine  légale,  fut  institué. 

«  L'Association  générale  des  médecins  de  France  donnait  son 
adhésion  à  ce  projet  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  lui  exposer 
en  1891.  Les  circonstances  rendent  aujourd'hui  plus  pressante 
encore  la  nécessité  de  cette  réforme  :  après,  celle  de  l'instruction 
criminelle  viendra  nécessairement  celle  de  l'expertise  qui  devra 
être  contradictoire. 


SOCIBTBS    SAVANTES.  1207 

<  Ea  aliénation  mentale,  il  importo  donc  qu'on  se  prépare  sérieu- 
sement, dès  maintenant,  à  répondre  aux  préoccupations,  non  pas 
seulement  de  Topinion  publique,  mais  aussi  des  magistrats,  aux 
ndtres,  car  nous  avons  le  souci  d'assurer  partout,  en  France,  le 
concours  éclairé  du  médecin  à  la  bonne  administration  de  la  jus- 
tice. Il  m'a  semblé,  Messieurs,  que  je  pouvais  profiter  de  votre 
réunion  pour  appeler  l'attention  du  Con^Tès  sur  ces  questions 
d'ordre  supérieur.  Je  ne  doute  pas  qu'elles  reçoivent  de  vous  l'ac- 
cueil qu'elles  méritent.  Je  vois  ici  des  hommes  d'une  haute  auto- 
rité scientifique,  acquise  au  prix  d'un  travail  patiemment,  longue- 
ment soutenu.  Je  sais,  pour  les  avoir  longuement  éprouvées  moi- 
même,  les  difficultés,  les  angoisses  que  soulèvent  et  que  causent  les 
premières  expertises  médico-légales,  et  j'ai  une  profonde  recon- 
naissance pour  ceux  qui  m'ont  aidé,  qui  m'ont  soutenu  à  mes  dé- 
bats. C'est  pour  cela  que  je  souhaiterais  que  chacun  de  vous  fût  à 
même  de  mettre  son  expérience  au  service  de  ceux  qui  se  senti- 
raient attirés  vers  la  médecine  légale  de  l'aliénation  mentale.  Qui 
mieux  que  nous  pourrait  dire  les  sombres  drames  de  la  folie,  les 
raines  qu'elle  prépare,  les  convoitises  qu'elle  fait  naître  ?  Qui  sait 
aassi  bien  que  nous,  dont  les  avis  ne  sont  pas  toujours  écoulés, 
les  tristesses  profondes  de  familles  qui  cachent  aussi  longtemps 
qu'elles  le  peuvent,  les  violences,  les  tyranniques  exigences,  les 
excès  alcooliques  de  l'un  de  leurs  membres  qui  devient  un  jour 
un  meurtrier  ? 

c  Combien  de  fois  n'avez-vous  pas  eu  à  intervenir  pour  sauver 
rhonneur,  la  fortune  d'une  famille,  quelquefois  la  vie  d'un  aliéné 
méconnu  ?  Cette  mission  sociale,  pleine  de  grandeur,  vous  la  rem- 
plissez noblement,  et  je  remplis  à  mon  tour  un  devoir  de  la  haute 
fonction  à  laquelle  vous  m'avez  appelé,  en  disant  que  vous  voulez 
que  partout  on  le  comprenne  comme  vous  le  comprenez  vous- 
même;  que  vous  voulez  que  se  conservent  et  se  répandent  les  tra- 
ditions d'honneur  qui  ont  été  la  loi  de  votre  vie,  que  vous  voulez 
enfin  préparer  l'avenir  en  ouvrant  de  jeunes  intelligences,  en  leur 
donnant  à  pleines  mains  les  fruits  de  votre  expérience.  C'est  ce 
qoe  vous  allez  faire  dans  ce  Congrès  qui  s'ouvre  sous  d'heureux 
auspices,  et  c'est  avec  une  légitime  fierté  que,  librement  choisi  par 
TOUS,  mes  chers  collègues,  je  présiderai  les  séances  remplies  par 
vos  travaux.  U  me  restera  de  l'honneur  que  m'ont  réservé  vos 
affectueuses  sympathies,  un  inoubliable  souvenir.  » 

Prenant  la  parole  à  son  tour,  M.  l'inspecteur  général  Regnard  a 
prononcé  une  allocution  patriotique,  dans  laquelle  il  a  fait  res- 
sortir la  supériorité  de  la  France  au  point  de  vue  intellectuel  et  en 
particulier  au  point  de  vue  des  progrès  accomplis  par  la  science 
neurologique.  —  Après  ces  discours  qui  ont  été  très  applaudis, 
M.  Jozé  a  levé  la  séance . 


:208  80CIÉTB9   SAVANTES. 

Séance  du  soir.  —  PRéslDS^XB  db  M.  Motet. 

Le  Congrès  a  commeDcé  ses  travaux  à  2  heures  dans  le  grand 
amphithéâtre  de  l'École  de  Médecine.  M.  Motet,  président  da 
Congrès,  présidait. 

M.  Motet,  après  avoir  pris  possession  de  la  présidence  a  prononcé 
Fallocution  suivante  : 

<•  Messieurs,  mes  chers  collègues, 

<  En  prenant  possession  de  ce  fauteuil  de  la  présidence,  raoïi 
premier  devoir  est  de  vous  remercier  de  l'honneur  que  vous  avez 
bien  voulu  me  faire.  J'en  ai  un  autre  encore  à  remplir,  c'est  de 
rendre  à  mon  prédécesseur,  M.  Ritti,  Thommage  qui  lui  est  dû. 
Vous  avez  tous  présents  à  la  mémoire  ses  remarquables  éloges  de 
Pinei  et  d*Esquirol,  prononcées  à  la  séance  d'ouverture  du  Congrès 
de  Toulouse.  Sous  sa  présidence,  le  viii«  Congrès  des  Médecins 
aiiénistes  et  neurologistes  de  France,  a  beaucoup  travaillé,  et  les 
deux  volumes  publiés  sous  la  direction  de  votre  dévoué  secrétaire 
général,  M.  Parant,  sont  le  témoignage  et  du  nombre  et  de  l'im- 
portance des  communications  qui  se  sont  succédé. 

€  Nous  sommes  ici.  Messieurs,  dans  une  ville  qui  a  donné  à  la 
médecine  d'illustres  savants.  Autour  de  cet  amphithéâtre  vous 
voyez  leurs  portraits  :  on  conserve  pieusement  leur  souvenir 
dans  cette  Ecole  de  médecine  où  le  directeur  M.  le  professeur 
Legludic  et  ses  collègues  nous  offrent  une  si  cordiale  hospitalité.  En 
votre  nom,  je  leur  adresse  l'expression  de  notre  vive  reconnais- 
sance. 

<  Je  n'abuserai  pas,  Messieurs  de  mon  tire  de  président,  vous 
avez  hâte  de  commencer  vos  travaux,  je  cède  la  parole  au  rappor- 
teur de  la  première  question,  M.  le  D""  Reyneau,  d'Orléans,  dont 
vous  avez  lu  déjà  le  remarquable  mémoire  sur  :  les  Psychoses 
post-opératoires,  » 

Sont  nommés  présidents  d'honneur:  MM.  le  D*^  Magnan,  membre 
de  l'Académie  de  Médecine  ;  le  D"^  Regnard,  inspecteur  général  de 
l'Assistance  publique;  le  D''  Ladame,  privat-doeent  de  TUniversilé 
de  Genève;  le  D""  Pierret,  médecin-chef  de  l'asile  de  Dron;  le 
D'  Legludic,  directeur  de  l'École  de  Médecine  d'Angers  ;  vice-prési- 
dents: MM.  le  D'  Parissot,  professeur  agrégé  à  la  Facultéde  Nancy; 
le  D'  Brunet,  ex-directeur  d'asile  ;  secrétaires  des  séances  :  MM.  les 
D^  Coulon,  médecin-adjoint  à  l'asile  de  Saint-Gemmes;  Arnaud, 
médecin-directeur  de  la  maison  de  santé  de  Vanves,  et  Boissier, 
de  Paris.  M.  le  D*^  Petrucci  remplit  les  fonctions  de  sea-étaire  géni" 
ml  du  Congrès.  —  M.  le  D»"  Reyneau  résume  son  rapport  officiel  sur 
les  troubles  psychiques  post-opératoires,    . 


SOCIÊTBS   SAVANTES.  :209 

Première  questioQ  :  Les  troubles  psychiques  post-opéraUdres. 

M.  Ratweau,  médecio-chef  de  l'asile  d'Orléans.—  Sous  le  litre  de 
troubles  psychiques  post-opératoires,  on  doit  comprendre  tous  les 
troables  intellectuels  qui  peuvent  survenir  à  la  suite  d'une  opéra- 
tion, quelle  que  soit  leur  forme.  Il  y  a  lieu  de  distinguer  ceux  qui 
dépendent  seulement  de  l'intervention  et  ceux  qui  ont  été  fausse- 
ment considérés  comme  en  étant  la  conséquence. 

Certains  auteurs  tendent  avec  plus  ou  moins  de  parti  pris  à 
aggraver  la  responsabilité  de  l'acte  opératoire  dans  la  production 
des  divers  délires.  D'autres  admettent  une  relation  étroite  entre 
les  psychoses  et  les  interventions  chirurgicales  portant  sur  certains 
organes  et  eu  particulier  sur  les  organes  génitaux.  D'autres  attri- 
buent à  la  prédisposition  héréditaire  ou  acquise  l'éclosion  des 
troables  psychiques  post-opératoires,  regardant  comme  absolu- 
ment négligeables  des  facteurs  qui  jouent  pourtant  un  grand  rôle 
dans  la  genèse  de  ces  accidents. 

Il  convient  d'admettre  qu'il  peut  exister  diverses  causes  suscep- 
tibles de  provoquer  des  troubles  psychiques  après  une  opération  et 
qu'il  faut  les  étudier  avec  soin  de  manière  à  dégager  la  part  qu'il 
convient  de  leur  attribuer  et  celle  qui  incombe  plus  particulière- 
ment à  l'intervention. 

Voici  comment  nous  croyons  devoir  diviser  le  sujet:  après  avoir 
passé  en  revue,  dans  l'historique,  les  travaux  parus  jusqu'à  ce  jour, 
nous  verrons  les  différentes  formes  que  revêtent  les  troubles  psy- 
chiques post-opératoires.  Nous  rechercherons  ensuite  s'ils  peuvent 
apparaître  chez  n'importe  qupi  sujet  ou  bien,  au  contraire,  s'il  est 
nécessaire  pour  qu'ils  se  produisent,  qu'il  y  ait  prédisposition  héré- 
ditaire ou  acquise,  cachexie,  intoxication  ou  quelque  autre  cause 
plaçant  l'individu  en  état  de  réceptivité .  Après  avoir  suivi  leur 
évolution,  nous  ferons  ressortir  les  dififérents  facteurs  qui  peuvent 
intervenir  dans  leur  production,  en  examinant  l'importance  qui 
s'attache  à  chacun  d'eux.  Nous  tirerons  enQn  les  conclusions  qui 
semblent  se  dégager  de  l'étude  de  la  question. 

Historique.  —  Bien  qu'Ambroise  Paré  et  Schrœtter  (1804) eussent 
déjà  signalé  que  des  troubles  mentaux  pouvaient  survenir  après 
les  opérations,  c'est  Dupuytren  (1819)  qui,  le  premier,  attira  véri- 
tablement l'attention  sur  la  question  eu  décrivant  ce  qu'il  appelait 
le  délire  nerveux  traumatique. 

il  en  faisait  une  entité  morbide  distincte,  une  névrose  se  mani- 
festant surtout  chez  des  gens  nerveux  et  s'appliquait  à  la  différen- 
cier du  délirium  tremens.  En  1850,  à  la  Société  de  médecine  de 
Paris,  Grisolle,  Robert  et  Requin  déclarèrent  que  la  distinction 
était  impossible,  tandis  que  Delasiauve,  Galmeil,  Belhomme  et 
Gazeux  se  rangeaient  à  l'opinion  de  Dupuytren. 

Abchives,  2*  série,  t.  VI.  14 


210  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

En  i865,  CoUrty  publie  la  première  observation  de  folie  consé- 
cutive à  une  opération  gynécologique. 

Puis,  Talcoolisme  prenant  une  part  de  plus  en  plus  grave  dans 
la  pathologie,  on  s*habitue  à  ne  voir  que  des  délires  alcooliques 
dans  les  délires  des  opérés.  C*est  du  moins  l'opinion  de  Billrolh 
(1868),  mais  il  déclare  aussi  que  Ton  peut  voir  survenir  des  troubles 
psychiques  constituant  une  véritable  aliénation  chez  des  individus 
bien  portants. 

Davidson  (1875),  A.  Voisin  (1879),  Bowne  (1881),  Schnabel  (1883) 
et  bien  d*autres  signalent  des  cas  de  folie  consécutifs  à  une  ampu- 
tation de  cuisse,  à  des  opérations  sur  l'utérus  on  ses  annexes,  à  des 
extractions  de  dent  on  àTablation  de  cataracte. 

Festal,  dans  une  thèse  inspirée  par  Broca  (1877),  Bail  et  Ritti 
(1882)  dans  le  dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales 
et  enfin  Verneuil  (1883),  dans  ses  Mémoires  de  chirurgie,  portent  le 
dernier  coup  au  délire  nerveux  en  déclarant  qu'il  se  confond  avec  le 
délirium  tremens. 

Dès  lors  la  question  provoque  surtout  à  Tétranger  une  quantité 
considérable  de  mémoires  et  soulève  dans  les  sociétés  savantes 
d'importantes  discussions. 

Au  mois  de  mars  1885,  Barwel  communique  à  la  Pathological 
Society  of  London  un  cas  de  folie  consécutive  à  rovarioiomie  et 
plusieurs  de  ses  confrères,  parmi  lesquels  Torton,  Edith,  Bristove  et 
Lawson  Tait,  relatent  des  faits  analogues. 

Brun  (1886),  Savages  (1887),  publient  des  cas  de  délires  post- 
opératoires, qu'ils  attribuent  à  Tiodoforme  ou  aux  aneslhésiques. 

En  1888,  Werth,  de  Kiel,  lit  au  Congrès  de  Halle  un  travail  sur 
Torigine  des  psychoses  consécutives  aux  opérations  gynécologiques; 
il  incrimine  le  traumatisme  opératoire  lui-même.  Dans  le  même 
Congrès,  de  nombreux  faits  viennent  s'ajouter  à  la  statistique  de 
Werlh. 

En  Amérique,  pendant  l'année  1889,  Tilliebrown  mentionne 
trois  cas  de  troubles  mentaux  à  la  suite  des  opérations  gynécolo- 
giques et  Gaillard  Thomas  rapporte  à  TAcadémie  de  médecine  de 
New-York  trente-huit  cas  nouveaux.  Des  mémoires  sur  la  question 
sont  aussi  publiés  par  Glsevecke  en  Allemagne,  et  Dent  en  Amé- 
rique. C'est  alors  que  nous  voyous  apparaître  successivement  les 
deux  remarquables  cliniques  du  professeur  Mairet,  de  Montpellier, 
et  la  thèse  de  son  élève,  le  D'  Denis.  Les  deux  auteurs  affirment 
qu'entre  l'opération  et  la  folie,  il  y  a  réellement  un  lieu  étiolo- 
gique,  que  c'est  surtout  chez  les  prédisposés  que  les  opérations 
donnent  naissance  à  la  folie  et  que  ce  sont  les  opérations  gynéco- 
logiques qui  y  prédisposent  le  plus. 

A  noter  également  des  observations  de  Polaillon  de  Bafaélo 
Gucci.  Des  troubles  psychiques  post- opératoires  sont  signalés 
après  l'opération    de  la  cataracte  par  Parinaud   et  Valude   en 


SPCIÊTBS  SAVANTES.  211 

France,  Frankl.  Hochwart  en  Allemagne,  et  Galderon  en  Por- 
tugal. M.  le  professeur  Le  Denta  (1891),  dans  deux  importantes 
leçons  à  Tbôpital  Necker,  établit  une  différence  clinique  très  précise 
entre  le  delirium  tremens  et  le  délire  post-opératoire.  Il  inspire  la 
thèse  de  Yène  où  se  trouvent  consignés  68  cas,  dont  38  sur  Tap- 
pareil  génital  de  la  femme. 

Dans  an  rapport  au  Congrès  de  Bruxelles  (1892)  sur  les  compli- 
cations de  rhystérectomie,  M,  le  D'  Segond  déclare  que  snr  92  opé- 
rés,  il  n'a  vu  que  trois  fois  snrvenir  des  troubles  psychiques. 

M.  Debove  communique,  la  même  année,  à  la  Société  des  hôpi- 
taux Tobservation  d*une  femme  sans  antécédents  morbides  qui  à 
la  suite  d'une  ovariotomie,  devint  franchement  hystérique. 

En  1893,  à  la  Société  de  chirurgie,  plusieurs  chirurgiens  des 
hôpitaux  rapportent  descasd^aliénation  consécutifs  à  des  interven- 
tions sur  Tutérus  et  ses  annexes. 

11  y  a  lieu  de  citer  encore  le  mémoire  de  Ferrarini  en  Italie,  les 
travaux  de  Rohé  de  Baltimore,  de  Baldy,  de  Gray,  de  Ëder  en 
Amérique,  dans  lesquels  les  auteurs  rapportent  avec  force  détails, 
des  opérations  gynécologiques  ayant  été. suivies  bientôt  de  troubles 
psychiques  plus  ou  moins  graves. 

11  faut  accorder  une  mention  toute  spéciale  à  l'étude  si  intéres- 
sante que  M.  le  D**  Régis  (1893)  a  faite  sur  un  cas  de  folie  consécu- 
tive à  une  ovaro-salpingectomie  et  sur  son  traitement  systéma* 
tique  par.  les.  injections  sous-cutanées  de  suc  ovarien.  M.  Régis 
admet  que  dans  beaucoup  de  cas  les  folies  post-opératoires  relèvent 
d'une  anto-intoxication.  C'est  aussi  l'avis  de  Buttler-Smythe  qui., 
rapporte  un  cas  de  manie  survenue  à  la  suite  d'une  rupture  du 
rectum  et  l'attribue  à  TautO-intoxication  réalisé  par  l'absorption 
de  matières  fécales  et  de  gaz. 

Pieracccini  en  Italie,  iacobs  de  Bruxelles,  Martin  de  Bordeaux, 
publient  des  observations  de  délires  consécutifs  à  des  opérations 
^oécologiques  ou  à  des  opérations  de  cataracte.  A  noter  tout  par- 
Uealièremenl  l'excellenle  thèse  du  0''  Musin  de  Lille  (1895),  dans 
laquelle  l'auteur  conclut  qu*en  ce  qui  concerne  les  opérations 
gynécologiques,  le  traumatisme  n'agit  que  comme  cause  détermi- 
naote,  la  cause  réelle  étant  la  prédisposition  héréditaire  ou 
personnelle. 

Du  reste,  les  travaux  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux, 
Tattention  générale  étant  attirée  de  ce  côté. 

A  signaler  surtout  les  articles  de  Krômer,  Rodolphe  Lœvy,  en 
Allemagne,  Macpherson  Lawric,  John  Wilson,  en  Angleterre,  les 

thèses  de  Seeli^mann,  de  Prand,  de  MarUor,en  France,  Tarticle  de 

Luzzali  sur  une  observation  de  délire  transitoire  à  la  suite  d'une 

opération  ando-vasale  et  bien  d'autres  encore,  pendant  ces  trois 

dernières  années, 
Mous  arrivons  enlin  A  la  clinique  du  professeur  JofTroy  en  mars 


âlS  80CIBTB8  SAVANTBS. 

1898.  En  présentant  trois  malades  entrés  dans  son  service  à  la 
suite  d'opérations  chirurgicales,  Texcellent  maître  fait  nettement 
ressortir  que  la  cause  de  la  folie  post-opératoire  réside  en  dehors 
de  l'intervention  et  qu*elle  apparaît  presque  toujours  chez  des  pré- 
disposés, des  hystériques,  des  dégénérés  ou  des  intoxiqués. 

C'est  aussi  la  conclusion  à  laquelle  arrive  M.  le  D**  Ernelle  dans 
sa  thèse  toute  récente.  Son  travail  fort  bien  documenté  est  d'une 
lecture  particulièrement  intéressante.  Tout  dernièrement  enfin, 
une  discussion  qui  fera  époque,  s'est  ouverte  à  la  Société  de  chi- 
rurgie. Elle  est  due  à  l'initiative  de  If.  le  D^Picqué  qui  s'est  adjoint 
en  la  circonstance  à  M.  te  D*"  Briand.  Nos  deux  confrères  démon> 
trent  que  si  on  ne  peut  contester  d'une  façon  absolue  l'existence 
du  délire  post-opératoire,  on  peut  affirmer  qu'il  est  exceptionnel, 
qu'en  dehors  des  délires  toxiques  (iodoforme,  septicémie,  etc.),  les 
troubles  psychiques  s'observent  principalement  chez  les  vieillards, 
les  hystériques,  les  héréditaires  ou  les  prédisposés  et  que  les  inter- 
ventions gynécologiques  n'ont  pas  d'inÛuence  spéciale  sur  les 
productions  de  la  psychose. 

EnQn,  et  c'est  en  cela  que  leur  travail  se  montre  plus  particulière- 
ment intéressant,  ils  attirent  l'attention  sur  des  aliénés  présentant 
des  obsessions  variables  qui  les  poussent  à  demander  à  la  chirurgie 
des  opérations  qu'ils  croient  utiles  et  qu'ils  recherchent  par  simple 
fantaisie.  C'est  surtout  dans  cette  catégorie  de  malades  qu'il  faut 
chercher  les  prétendus  cas  de  folie  post-opératoire.  Si,  trompé 
par  leurs  écrits  et  les  symptômes  qu'ils  accusent,  le  chirurgien  cède 
à  leurs  désirs,  l'opération  devient  un  aliment  nouveau  à  leur 
leur  délire;  ils  y  concentrent  toutes  leurs  pensées;  la  moindre 
sensibilité  de  cicatrice  devient  pour  eux  l'occasion  de  délires  graves 
qui  les  amènent  à  l'asile. 

Presque  tous  les  membres  de  la  Société  ont  pris  part  à  la  discus- 
sion et  leurs  observations  viennent  appuyer  les  conclusions  de 
MM.  Picqué  et  Briand. 

Symptomatologie.  —  Si  l'on  parcourt  les  observations  destinées  à 
mettre  en  relief  les  troubles  psychiques  post-opératoires,  on  est 
frappé  tout  d'abord  par  un  fait,  c'est  que  les  manifestations  men- 
tales morbides  consécutives  aux  interventions  chirurgicales  ne 
présentent  pas  toujours  et  partout  le  même  aspect.  11  est  impos- 
sible de  dégager  un  type  à  part  nettement  reconnaissable  dont  les 
caractères  seraient  toujours  identiques  avec  une  évolution  cons- 
tante, que  l'on  pourrait  étiqueter  folie  post-opératoire. 

On  trouve  signalés  presque  tous  les  états  pathologiques  du  cer- 
veau, manie  avec  tous  ses  degrés,  mélancolie  sous  toutes  ses 
formes,  depuis  la  simple  dépression  jusqu'à  la  mélancolie  anxtease 
avec  refus  d'aliments  et  suicide,  confusion  mentale,  délire  halluci- 
natoire, délire  aigu,  délire  de  persécution,  démence,  paralysie 
générale,  puis  neurasthénie,  états  neurasthéniformes,  hypocondrie, 


80CIBTBS  SAVANTES.  ^13 

sans  oublier  Thystérie,  Tépilepsie,  voire  même  la  morphinomanie. 

Voici  quelques  exemples 'destinés  à  faire  ressortir  ces  diverses 
modalité»  :  les  deux  premiers  sont  empruntés  à  la  thèse  de  Seelig- 
mann.  Une  femme  de  trente-cinq  ans,  sans  antécédents  hérédi- 
taires, mais  hystérique^  subit  une  amputation  du  col  avec  colpopé- 
rioéorraphie  ;  quatre  jours  après,  accès  de  mante  aiguë  et  mort  au 
boot  de  douze  jours  sans  que  l'agitation  ait  cessé  et  sans  qu'il  y 
ait  eu  un  accident  local  capable  d'expliquer  la  mort.  Une  deuxième 
malade  du  même  âge,  sans  antécédents  héréditaires  ou  personnels, 
subit  la  même  opération.  Deux  mois  après,  accès  de  mélancolie 
profonde  et  suicide.  Dent  rapporte  l'observation  d'une  femme  de 
quarante-huit  ans  qui, après  une  ovariotomie  pour  kyste  de  l'ovaire, 
tandis: que  les  suites  opératoires  sont  excellentes,  est  prise  le 
sixième  jour  de  délire  aigu  auquel  elle  succombe  le  onzième.  Une 
femme  de  soixante-deux  ans,  que  nous  suivons  en  ce  moment,  a 
subi  Tamputatioij  du  sein  droit  pour  cancer.  Ses  antécédents  héré- 
ditaires présentent  de  nombreuses  tares.  C'est  elle-même  une 
émotive.  Six  semaines  après  l'opération,  alors  que  la  plaie  est 
complètement  cicatrisée,  elle  devient  inquiète,  s'imagine  qu'elle  est 
perdue  et  manifeste  des  idées  de  suicide.  De  plus  elle  a  de  véri- 
tables crises  (ïonomatomanie.  Elle  éprouve  une  impulsion  irrésis- 
tible à  répéter  certains  mois  ou  certaines  phrases  pendant  des  heures 
entières.  Cet  état  la  désespère,  mats  si  elle  cherche  à  se  retenir  elle 
éprouve  une  angoisse  indescriptible;  elle  ne  retrouve  le  calme  que 
lorsqu'elle  a  répété  plusieurs  fuis  le  mot  ou  la  date  qui  lui  sont 
venus  à  Tesprit. 

Un  autre  malade,  cité  par  Vène  dans  sa  thèse,  est  atteint  de 
paralysie  générale  après  une  cure  radicale  de  hernie.  Il  avait  eu 
auparavant  deux  accès  de  manie.  Une  malade  de  Prengrueber,  à 
la  suite  d'une  ovariotomie,  est  prise  de  grandes  attaques  d'hystérie. 
Dans  la  remarquable  communication  de  M.  le  D**  Régis  à  la  Société 
de  médecine  de  Bordeaux,  il  s'agit  d'un  cas  de  confusion  mentale 
avec  dépression  mélancolique,  hallucinations  psycho-motrices  ver- 
bales et  hallucinations  psycho-motrices  sensorielles,  consécutif  à 
une  ovario-salpingectomie.  La  malade,  âgée  de  trente-cinq  ans, 
avait  des  vésaniques  dans  sa  famille.  Les  troubles  psychiques  com- 
mencèrent huit  jours  après  l'opération.  M.  Régis  pense,  tout  en 
reconnaissant  la  large  part  qui  revient  à  l'hérédité  comme  cause 
prédisposante,  que  le  motif  déterminant  de  la  maladie  est  Topé- 
ration  chirurgicale  agissant  par  l'action  complexe  du  traumatisme 
psycho-moraly  de  l'agent  anesthésique  et  principalement  par  les 
modifications  biologiques  apportées  dans  l'économie  par  la  sup- 
pression d'organes  aussi  importants  que  les  ovaires,  ainsi  que  cela 
a  lieu  à  la  suite  de  Tabiation  du  corps  thyroïde. 

Après  avoir  éprouvé  une  amélioration  très  sensible  sous  Tin- 
fluence  des  injections  sous-cuLanées  de  suc  ovarien,  la  malade  à  la 


ii4  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

suite  de  chagrins  de  famille  perdit  une  bonne  partie  du  terrain 
^'agné  et  finit  par  se  suicider. 

M.  Le  Dentu,  en  s^appuyant  sur  68  cas,  admet  deux  formes  bien 
différentes  de  délires  Iraumatiques  :  i^  la  forme  agitée;  2«  la  forme 
•calme,  dépressive,  iypémaniaque.  Dans  l'un  et  Tautre  cas  on  peut 
constater  des  particularités  sur  lesquelles,  dit-ii,  les  auteurs  n*oat 
f'uère  insisté,  l'aphasie,  l'amnésie  verbale,  les  évacuations  invo- 
lontaires, les  escarres  au  sacrum  et  aux  fesses,  indices  certains  de 
rébraniement  du  système  nerveux  et  du  trouble  profond  de  la 
nutrition;  mais  Téminent  chirurgien  est  obligé  de  reconnaître  la 
difliculté  de  dégager  uu  type  bien  défini  que  Ton  puisse  étiqueter 
délire  post-opératoire,  délire  traumatique  pur.  C'est  du  reste  l'opi- 
nion de  la  majorité  des  auteurs.  Tout  ce  que  Ton  peut  dire,  c*est 
que  dans  certains  cas  que  Ton  ne  peut  guère  prévoir,  chez  certains 
prédisposés  qu'on  ne  peut  désigner  à  l'avance,  l'opération  déter* 
mine  l'éclosion  d'une  bouffée  délirante^  le  réveil  d*un  délire  éteint 
ou  l'exaspération  d'une  psychose  actuelle. 

Etiologie.  Teirain  de  production  des  troubles  psychiques  post-opé- 
ratoires. —  Il  ne  suffit  pas  qu'un  délire  survienne  à  la  suite  d'une 
opération  pour  rendre  cette  dernière  seule  responsable.  Aussi, 
comme  le  fait  observer  le  D**  Picqué,  une  observation  de  folie  post- 
opératoire dans  laquelle  on  n*a  pas  noté  avec  soin  les  antécédents 
personnels  ou  héréditaires  du  malade  ne  saurait  servir  de  base  à 
4ine  discussion  scientifique.  Si  nous  passons  en  revue  les  observa- 
tions résumées  ci-dessus,  nous  voyons  que  la  première  a  trait  à 
4ine  malade  ayant  eu  avant  l'opération  plusieurs  attaques  d'hys- 
térie, que  celle  qui  nous  est  personnelle  concerne  une  dégénérée 
'héréditaire,  ayant  manifesté  après  l'opération  un  délire  bien  spécial 
caractérisé  par  la  recherche  obsédante  du  mot. 

Dans  le  cas  emprunté  à  la  thèse  de  Vène  et  dans  celui  de  Preu- 
çrueber,  il  s'agit,  d'une  part,  d'un  malade  affaibli  par  FAge  et 
ayant  subi  auparavant  deux  interventions  pour  manie  atguê,  et 
de  l'autre  d'une  femme  hystérique.  Enfin,  la  malade  citée  dans 
l'observation  de  M.  Régis  comptait  des  aliénés  dans  ses  antécé- 
dents. On  est  donc  autorisé  à  considérer  tous  ces  malades  comme 
des  prédisposés.  Du  reste,  le  fait  de  la  prédisposition  héréditaire 
•ou  acquise  a  été  admis  par  la  plupart  des  auteurs.  Ceux  qui  lui 
•refusent  toute  influence,  comme  Rohé  (de  Baltimore),  forment 
l'exception.  Broca,  Verneui],Biliroth  pensent  que  ce  sont  les  alcoo- 
liques qui  sont  surtout  exposés  aux  troubles  psychiques  post-opéra- 
toires. Or,  par  le  fait  de  leur  intoxication,  les  alcooliques  sont  des 
.prédisposés  au  premier  chef. 

Nous  avons  relu  un  nombre  relativement  considérable  d'obser- 
vations empruntées  aux  différents  travaux  publiés  en  France  et  à 
•l'étranger.  La  plupart  démontrent  d'une  façon  évidente  l'influence 
de  la  prédisposition  ou  prouvent   que  certaines  opérées  étaient 


80CIBTBS  SAVANTES.  SIS 

folles  avant  rintervention .  L'opération  est  donc,  suivant  une 
expression  heureuse,  le  facteur  qui  fait  rouler  une  boule  qui  restait 
eo  équilibre  instable  sur  un  terrain  bien  en  pente  et  à  laquelle  le 
moindre  choc  devait  faire  quitter  sa  place.  Cependant  on  est  obligé 
de  reconnaître  qu'il  n'est  pas  toujours  possible  de  retrouver  cette 
prédisposition  héréditaire  ou  acquise.  Aussi  dans  la  deuxième 
observalion  que  nous  avons  tirée  de  la  thèse  de  Seeligmaun  et 
dans  la«)aelle  la  malade  s'est  suicidée  dans  un  accès  de  mélancolie 
consécutif  à  une  colpopérinéorraphie,  il  est  dit  que  ses  antécédents 
héréditaires,  fouillés  minutieusement,  ne  présentaient  rien  d'anor- 
mal. En  ce  qui  la  concernait,  elle  n'avait  jamais  présenté  de  symp- 
tômes nerveux  ou  mentaux,  elle  n'avait  aucune  frayeur  de  Topé- 
ration  et  semblait  auparavant  très  calme  el  parfaitement  lucide. 

Dent,  Rohé,  Sears,  Baldy,  Marlier,  MM.  Picqué,  Broca  et  Barette 
ont  relevé  également  plusieurs  observations  de  ce  genre.  Mais  tous 
les  aliénistes  savent  combien  il  est  difficile  de  se  procurer  parfois 
des  renseignements  sur  le  passé  des  malades  ou  de  leur  famille» et 
que  bien  souvent,  par  négligence  ou  par  fausse  honte,  on  nous 
cache  des  faits  de  la  plus  haute  importance.  Aussi  ne  faudrait-il 
pas  se  hâter  de  conclure  que  le  traumatisme  opératoire  suffît  à  lui 
seul  pour  engendrer  le  délire.  Ce  serait  plutôt  le  cas  de  dire  que 
là  encore  1  exception  confirme  la  règle. 

Evolution,  Fréquence,  Epoque  d'apparition.  Durée,  Terminaison, 
—  Si  l'on  considère  la  quantité  énorme  d'opérations  effectuées 
dans  ces  dernières  années,  ou  voit  que  relativement  à  ce  chiffre 
colossal,  le  nombre  des  délires  consécutifs  est  plutôt  restreint.  11 
ressort  des  différentes  statistiques  publiées,  qu'on  ne  rencontre 
guère  que  deux  cas  de  folie  post-opératoire  sur  cent  interventions. 
Tantôt  on  voit  la  psychose  s'établir  pendant  la  convalescenee  et 
même  pendant  les  premiers  jours  qui  suivent  l'opération  chirur- 
gicale. Tantôt,  an  contraire,  ce  n'est  qu'à  des  époques  plus  éloignées 
de  Topération,  après  guérison  complète  des  malades  au  point  de 
Tue  chirurgical,  que  l'aliénation  se  constitue  définitivement.  Enfin, 
en  raison  de  la  grande  variété  des  troubles  psychiques  post-opéra- 
toires, on  ne  saurait  leur  fixer  une  marche  ni  un  pronostic  définis. 
A  ce  point  de  vue,  chaque  cas  doit  être  considéré  en  particulier. 

Essai  de  pathogénie,  —  Il  nous  reste  à  rechercher  quels  sont  en 
dehors  de  la  prédisposition  héréditaire  ou  acquise  les  autres  fac- 
teui-s  susceptibles  de  provoquer  les  troubles  psychiques  post-opéra- 
toires, rimportance  qui  revient  à  chacun  d'eux  et  si  à  eux  seuls  ils 
suffisent  parfois  à  faire  éclore  la  psychose. 

Les  causes  qui  ont  été  invoquées  pour  expliquer  le  délire  post- 
opératoire sont  en  très  grand  nombre  :  l'impression  morale,  une 
action  nerveuse  réflexe,  un  état  de  shock  ;  l'opération  en  elle-même, 
la  nature  de  l'intervention  ;  Tanesthésie  au  chloroforme,  à  Téther, 
à  la  cocaïne;  les  antiseptiques  et  en  particulier  Tiodoforme; 


â16  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

Tanémie  cérébrale  ou  la  cachexie  du  sujet;  Talcoolisme ;  l'iafcctiou 
qui  peut  précéder  ou  suivre  l'opération  ;  rauto-intoxicalion  résui* 
tant  de  la  formation  exagérée  ou  de  Tinsuffisance  d'élimination 
des  poisons  normaux. 

La  préoccupation  joue  certainement  un  rôle  important.  Cette 
préoccupation  devient  rapidement  chez  certains  malades  une  véri- 
table idée  flxe  qui  absorbe  toute  Tattention, captive  toute  la  pensée, 
M.  le  professeur  Joffroy,  Hosse  dans  son  livre  sur  la  Peur,  Dent, 
Krafft-Ebing  et  bien  d'autres  auteurs  admettent  Tinflueiice  prépon- 
dérante du  choc  moral  qui  précède  ou  accompagne  Topération. 
Mais  cette  émotivité  poussée  à  Textréme  n'est-elle  pas  le  signe  d'une 
dégénérescence  manifeste?  Faut-il  être  étonné  si  le  malade  vient 
à  délirer  après  l'intervention  lorsqu'à  cette  [préoccupation  anté- 
rieure vient  s'ajouter  celle  des  suites  de  Tinterveiition  ?  On  a 
pensé  aussi  que  les  troubles  psychiques  post-opératoires  étaient 
dus  à  une  action  nerveuse  réflexe,  à  un  état  de  skock. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  Vène,  Le  Dentu  ont  cité  des  exemples 
intéressants.  Denis  suppose  qu'étant  donnée  la  richesse  des  éléments 
nerveux  des  organes  abdominaux  une  intervention  pratiquée  dans 
cette  sphère  pourra,  par  la  voie  du  grand  sympathique,  retentir 
jusqu'à  Taxe  cérébro-spinal.  Mais  ainsi  que  le  proclament  M.  le 
P^  Mairet  et  les  D^  Musinet  et  Seeligntann,  le  traumatisme  n'est  que 
le  coup  final  qui  fait  tomber  dans  la  folie  un  cerveau  déjà  vacillant. 
Si  cette  action  réflexe  avait  l'importance  que  veulent  lui  attribuer 
quelques  auteurs,  toute  intervention  portant  directement  sur  un 
nerf  devrait  produire  la  folie. 

L'opération  eu  elle-même  n'a  pas  une  grande  influence,  puis- 
que, grâce  à  l'anesthésie,  la  douleur  est  absente,  que  le  malade  n'a 
pas  conscience  de  l'intervention  chirurgicale  au  moment  où  elle  a 
lieu  et  qu'ensuite  il  éprouve  généralement  un  sentiment  de  satis- 
faction. La  nature  de  l'intervention,  son  siège,  les  organes  sur 
lesguels  elle  porte,  ont  aussi  une  importance  très  secondaire. 
Nombre  d'auteurs  ont  attiré  l'attention  sur  l'influeuce  que  peut 
avoir  l'opération  de  la  cataracte  ;  d'autres  ont  fait  remarquer  que 
les  opérations  sur  les  organes  génitaux  de  l'homme  donnaient  lieu, 
assez  fréquemment  aussi,  à  des  troubles  psychiques.  Mais  ce  seraient 
les  opérations  gynécologiques  qui  tiendraient  le  premier  rang. 
Un  nombre  considérable  d'observations  ont  été  publiées  dans  ce 
sens  tant  en  France  qu'à  l'étranger.  Mais  les  statistiques  produites 
sont  souvent  contradictoires. 

Finalement,  l'accord  est  loin  d'être  fait  sur  ce  point,  et  comme  le 
fait  remarquer  M.  Picqué,  puisque  ce  sont  souvent  les  opérations 
gynécologiques  les  plus  bénignes,  prolapsus,  déchirures  du  périnée, 
qui  sont  suivies  de  troubles  psychiques,  il  est  bien  évident  que  la 
nature  de  l'opération  n'a  que  très  peu  d'importance  dans  l'immense 
majorité  des  cas. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  217 

On  a  incrimiDé  Taction  des  aneslhésiques  de  quelque  nature  qu'ils 
soient.  Savages,  Seeligmann,  Guinou,  Reclus,  out  cité  des  obser- 
Talions  dans  lesquelles  les  aneslbésiques  paraissent  avoir  contribué 
à  produire  des  délires  post-opératoires,  mais  on  est  obligé  de 
reconnaître  qu*ils  n'interviennent  que  bien  faiblemenl,  sauf  peut- 
être  dans  une  certaine  mesure  c.bez  les  intoxiqués,  les  alcooliques, 
chez  lesquels  le  moindre  appoint  peut  déterminer  Téclosion  du 
délire. 

Les  antiseptiques  et  principalement  riodoforme  peuvent  aussi 
produire  des  troubles  mentaux,  Kœnig,  Krœmer,  M.  le  ?■*  Berger 
et  M.  le  D'  Brun  dans  sa  tbèse  d'agrégation,  ont  publié  des  obser- 
rations  démoustratives.  Des  «opérés  sont  pansés  à  l'iodoforme,  le 
délire  apparaît  c  on  abandonne  le  médicament,  tout  rentre  dans 
Tordre.  On  revient  à  Tiodoforme  et  les  troubles  psycbiques  se 
montrent  à  nouveau.  En  même  temps,  on  constate  chez  quelques- 
uns  de  riode  dans  Turine. 

Mais  à  côté  de  ces  cas  particuliers,  il  est  bien  certain  que  l'on  a 
rois  sur  le  compte  du  médicament  des  méfaits  dont  il  ne  saurait 
être  rendu  responsable.  Souvent  il  s'agit  d'individus  plus  ou  moins 
entachés  d'alcoolisme,  chez  lesquels  le  pansement  n'avait  joué 
aucun  rôle  dans  Téclosion  du  délire.  La  preuve,  c'est  que  quelques- 
uns  d'entre  eux  ont  continué  à  délirer  lorsqu'on  a  cessé  le  médi- 
cament et  que,  chez  d'autres,  le  délire  a  disparu,  bien  qu'on  ait 
continué  le  pansement  iodoformé.  Même  quand  il  s'agit  d'un  cas 
Téritable  d'intoxication  iodoformique,  la  notion  de  l'état  cérébral 
antérieur  doit  intervenir  pour  expliquer  l'apparition  des  acci- 
dents. 

Vanémie  cérébrale ,  la  cachexie  du  sujet  ne  jouent  qu'un  rôle 
très  effacé  dans  réclusion  du  délire.  Ne  voit-on  pas  quantité  de 
gens  arrivés  au  dernier  degré  de  l'épuisement  conserver  l'intégrité 
defintellect?  Il  n'en  est  pas  de  même  de  Valcoolisme.  Tous  les 
chirurgiens  et  aliénistes  s'attendent  à  voir  survenir  de  l'excitation 
lorsqu'ils  ont  à  intervenir  chez  de»  buveurs.  La  majeure  partie  des 
troubles  psychiques  post- opératoires  relevés  chez  les  hommes  se 
sont  déclarés  chez  des  alcooliques.  Toutes  les  maladies  d'ordre 
toxique  affectent  le  système  nerveux,  créent  au  cerveau  des 
malades  atteints  une  prédisposition  à  délire,  que  la  moindre 
occasion  peut  faire  naître. 

Cest  ainsi  que  certains  délires  post-opératoires  doivent  être  con- 
sidérés comme  d'origine  urémique.  M.  Le  Deiitu  a  publié  un  cas 
de  ce  genre.  Quant  au  rôle  de  VinfectioUf  il  est  des  plus  manifestes, 
encore  faut-il  que  ce  soit  chez  des  prédisposés,  sinon  tout  individu 
qui  a  de  la  suppuration  devrait  délirer.  La  septicémie  est  devenue 
une  rareté,  il  devrait  donc  en  résulter  que  les  cas  de  folie  consécu- 
tifs aux  intoxications  chirurgicales  devraient  être  exceptionnels  si 
l'infection  était  seule  coupable.  Or,  il  est  facile  de  voir  que  la  folie 


ils  80C1BTBS   SAVANTBS. 

post-Opératoire  n'a  pas  suivi  une  marche  proportionnelle  à  la  dimi- 
nution de  la  suppuration.  Enfin  il  nous  reste  à  examiner  le  rôle 
que  peut  jouer  Tauto-intoxications.  M.  Ré^is  pense  qu'il  doit  être 
considéré  comme  prépondérant  et  que  le  délire  post-opératoire 
serait  le  plus  souvent  provoqué  par  un  empoisonnement  de  l'orga- 
nisme et,  par  suite,  du  cerveau,  soit  par  des  microbe*  ou  leurs 
produits  de  sécrétion,  soit  par  des  substances  toxiques  résultant  de 
la  formation  exagérée  ou  de  TinsufOsance  d'élimination  des  poisons 
normaux. 

C'est  par  Tauto-intoxication  qu'on  s'explique  l'état  démentiel  qai 
survient  à  la  suite  de  la  Ihyroîdectomie  et  les  nombreux  cas  de 
guérison  de  ces  accidents  par  le  rétablissement  artificiel  de  la 
fonction  thyroïdienne  constituent  une  preuve  irrécusable  à  l'appui 
de  cette  opinion.  Mais,  dans  ce  cas,  il  y  a  corrélation  constante 
entre  l'extirpation  de  la  glande  et  les  troubles  consécutifs  toujours 
les  mêmes.  Mais  doit-on  interpréter  de  la  môme  façon  les  troubles 
psychiques  qui  succèdent  à  l'ablation  d'autres  organes  importants, 
les  ovaires  par  exemple,  et  faut-il  rapporter  à  l'auto-intoxication 
les  délires  consécutifs  à  l'extirpation  des  annexes  ? 

Curatulo  a  bien  démontré  que  les  ovaires,  outre  leur  rôle  phy- 
siologique, fournissaient  une  sécrétion  interne  spéciale,  capable  de 
favoriser  l'oxydation  des  hydrates  de  carbone  et  de  graisse,  et  c'est 
pour  cela  que  M.  Régis,  R.  Nond,  Jayle,  ont  songé  à  attribuer  à  la 
suppression  de  cette  fonction  les  troubles  momentanés  après  Tova- 
riotomie  et  qu'ils  ont  essayé  de  les  faire  disparaître  en  adminis- 
trant du  suc  ovarien.  Malgré  des  succès  évidents,  les  résultats  de 
ce  traitement  ont  été  souvent  «-incomplets  ou  nuls.  De  plus,  les 
troubles  mentaux  consécutifs  à  Tovariotomie  sont  rares  et  ne  sur- 
viennent guère  que  chez  des  prédisposées.  On  ne  peut  donc  pas 
véritablement  rapporter  uniquement  à  l'auto-intoxication  les  trou- 
bles mentaux  consécutifs  à  la  castration  ;  il  faudrait  pour  cela  qu'ils 
fussent  toujours  les  mêmes  et  qu'ils  cédassent  rapidement  à  l'opo- 
thérapie.  Là  encore  c'est  la  prédisposition  héréditaire  ou  person- 
nelle qui  joue  le  principal  rôle. 

Conclusions.  —  i®  Il  n'existe  point  de  type  spécial  de  psychose 
■que  l'on  pourrait  étiqueter  folie  post-opératoire. 

2^  Si  Ton  en  excepte  certaines  opérations  sur  le  crâne  et  la  thy- 
ro'idectomie,  dans  lesquelles  l'intervention  seule  peut  engendrer  les 
troubles  mentaux,  le  rôle  principal  dans  leur  genèse  revient  à  la 
prédisposition  héréditaire  ou  acquise. 

3<^  Diverses  autres  causes  peuvent  agir  efficacement  dans  la  pro- 
duction de  ces  accidents.  Les  unes  ont  une  importance  des  plus 
considérables  et  des  plus  manifestes,  ce  sont  :  i^  les  intoxications 
d'origine  interne  ou  externe,  alcoolisme,  infection,  ou  auto-intoxi- 
cation ;  2^  le  choc  moral  ou  la  préoccupation  qui  accompagne 


80CIBTB8  SAVANTES.  219 

lopération.  Les  autres  ont  une  action  très  secondaire,  ce  sont  les 
anesthésiques,  les  antiseptiques,  l'état  d'anémie  ou  de  cachexie  du 
sujet,  la  nature  de  Tintérvention,  son  siëge^  les  organes  sur  lesquels 
elle  porle. 

40  Les  opérations  ^'vnécologiques  n'exposent  pas  plus  que  les 
anlres  aux  troubles  psychiques  post-opératoires. 

5<^  Les  troubles  sont  peu  fréquents  ;  leur  évolution  et  leur  pronos- 
tic dépendent  des  causes  qui  les  ont  fait  naître  et  des  formes  qu'ils 
revêtent. 

M.  RÉGIS  (de  Bordeaux)  ouvre  la  discussion  du  rapport  de 
M.  Rayneau. 

«r  Contrairement  à  Topinion  du  rapporteur  et  à  celle  émise  par 
M.  Picqué  à  la  Société  de  Chirurgie,  il  admet  le  délire  post-opéra- 
toire. Si  on  l'a  mal  vu  jusqu'à  présent,  c'est  que  c'est  un  délire 
hospitalier  et  non  un  délire  d'asile.  Ce  délire,  d'abord  nocturne 
exclasivement,  devient  diurne  lorsqu'il  est  intense.  Il  repose  sur  un 
fond  de  confusion  mentale  à  laquelle  viennent  s'ajouter  de  l'exci- 
tation et  de  la  dépression;  mais  toujours  et  c'est  là,  sa  caractéris- 
tique, ce  délire  est  un  rêve  vécu,  un  état  second,  un  état  somnam- 
iiolique.  Quand  il  disparaît,  il  y  a  perte  de  souvenir,  mais  avec 
possibilité  de  retour  par  suggestion. 

cEn  somme, c'est  un  délire  onirique;  son  mode  d'apparition  est 
variable,  tantôt  il  continue  en  quelque  sorte  le  rêve  chloroformique, 
tantôt  il  apparaît  du  deuxième  au  dixième  jour,  tantôt  enfin,  plu- 
sieurs semaines  après  l'opération.  Quand  il  est  précoce,  c'est  la 
septicémie,  Tauto-inloxication,  l'empoisonnement  médicamenteux 
qui  le  produisent  ;  tardif,  il  est  dû  à  l'asthénie  physique  et  psychique, 
^nséquence  de  la  perte  d'un  organe  à  sécrétion  interne,  les 
ovaires  par  exemple.  La  prophylaxie  des  troubles  psychiques  post- 
opératoires consistera  donc  à  éviter  les  accidents  chloroformiques, 
les  suppurations,  etc.  ;  en  outre,  il  faut  être  très  prudent  dans  les 
actes  opératoires  chez  les  vieillards,  les  artério-scléreux,  chez  ceux 
dontle^  émoncloires  naturels  sont  en  mauvais  état.  M.  Hégis  cons- 
tate les  bons  résultats  que  donne  dans  ces  cas  l'analyse  chimique  et 
biologique:  elle  met  en  effet  sur  la  voie  des  intoxications  et  infec- 

<iOQS.  9 

M.  PiCQUB  s'élève  avec  énergie  contre  la  théorie  de  M.  Régis.  II 
n'admet  comme  troubles  psychiques  post- opératoires  que  les 
troubles  dus  à  l'acte  opératoire  seul.  Les  troubles  toxiques, 
infectieux  ou  autres,  ne  rentrent  pas  dans  la  question.  L'opé- 
rallon  en  elle-même  peut- elle  produire  des  troubles  psychi- 
ques ?  Tel  est  le  problème.  Il  cite  comme  type  de  psychose  post- 
opératoire des  mélancolies  c  légitimes»,  survenues  chez  les  hommes 
Ayant  subi  la  taille  hypogastrique  avec  méat  permanent.  Cette 
mélancolie  disparaît  quand  le  méat  est  fermé.  La  suppression 


230  80CIBTBS  SAVANTES. 

des  ovaires  ne  joue  qu'un  rôle  très  secondaire  et,  en  effet,  ce  sont 
les  opérations  sur  Je  va;;in,  le  col,  le  périnée,  qui,  chez  les  prédis- 
posées, provoquent  les  troubles  psychiques. 

M.  le  D' MoNTPROFiT  partage  Topinion  de  M.  Picqué.  Sur  près  de 
3.000  opérés,  il  n'aurait  observé  que  5  cas  bien  nets  de  délires 
posUopératoires. 

M.  Granjux.  —  Tous  les  faits  relevés  par  M.  Rayneau  dans  son 
rapport  si  documenté  et  si  complet  sont  tous  relatifs  à  la  pratique 
des  cbirurgienà  civils,  et  il  n'est  point  question  d'observattoos 
recueillies  par  des  chirurgiens  militaires.  Ce  n*est  pas  là  nn  oubli, 
mais,  je  crois,  la  constatation  de  Tabsence  de  psychoses  post- 
opératoires chez  les  militaires,  du  moins  en  temps  de  paix;  je  iie 
connais  pas,  en  effet,  de  faits  semblables  dans  la  littérature  médico- 
militaire,  et  n'en  ai  pas  vu  d'exemples  dans  les  trente  ans  que  j'ai 
eu  l'honneur  de  passer  dans  l'armée. 

L'explication  de  cette  constatation  est,  il  me  semble,  la  sélection  k 
laquelle  sont  soumis  les  militaires,  et  qui  élimine  en  partie  les 
prédisposés.  C'est  donc  un  argument  en  faveur  de  l'opinion  qui 
donne  la  part  prépondérante  au  terrain  dans  la  genèse  des  psy- 
choses post 'Opératoires. 

Il  nous  semble,  en  outre,  que  le  rôle  du  choc  inhérent  au 
trauma  doit  aussi  être  rejeté  au  deuxième  plan,  et  celte  opinion  est 
basée  en  frrande  partie  sur  ce  que  nous  avons  vu  dans  notre  ambu- 
lance de  Frœscbwiller.  Dans  une  é^'lise  en  flammes  il  restait,  à  la 
fin  de  la  bataille,  931  blessés  atteints  aux  membres  inférieurs  et  au 
tronc.  Ces  malheureux ,  sortis  de  ce  dan^'er  par  les  Prussiens, 
n'avaient,  pour  s'abriter,  que  des  hangars,  des  écuries  ou  des 
étables;  ils  sont  restés  pendant  plusieurs  jours,  n'ayant  comme 
nourriture  que  du  bouillon  de  cheval,  non  salé,  et  seraient  morts 
de  faim  sans  l'assistance  si  dévouée  de  la  population  alsacienne. 
Eh  bien,  parmi  ces  blessés  graves  qui  sont  restés  agglomérés  dans 
de  pareilles  conditions  pendant  près  de  huit  jours,  il  n'y  a  pas  eu 
un  seul  cas  de  psychose. 

Je  dois  ajouter  que  je  n'ai  pas  vu  non  plus  de  psychose  chez  les 
blessés  à  Sedan  ou  à  l'armée  de  la  Loire,  malgré  les  conditions  de 
détresse  physique  ou  morale  qu'ils  avaient  à  subir.  Je  conclus  donc, 
comme  M.  Rayneau,  que  la  question  primordiale  est  celle  du 
terrain. 

M.  Garnier  se  demande  si  le  délire  décrit  par  M.  Régis  n'est  pas 
seulement  le  délire  toxique  déjà  connu  ;  il  cite  l'observation  d'une 
fille  d'alcoolique  qui  subit  trois  opérations  gynécologiques;  après 
chacune  d'elles  elle  délira,  peu  d'abord,  davantage  la  deuxième 
fois  et  plus  encore  la  troisième. 

M.  JoFFROY  fait  entrer  dans  le  délire  post-opératoire  les  troubles 
psychiques  provoqués  par  l'opération  tout  entière  (chloroforme, 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  221 

infection,  etc.).  H  rapproche  le  délire  post-opéraloire  de  Thysléio- 
traornalisme.  11  insiste  sur  le  grand  rôle  joué  par  la  ruminatioa 
intellectuelle.  Alors  que  dans  Thystéro- traumatisme  la  rumination 
intellectuelle,  Tauto-suggestion  n'agit  qu'après  le  trauma,  dans 
la  production  du  délire  post- opératoire,  elle  a  agi  avant  Topé- 
ration  et  après.  Il  en  est  de  môme  pour  les  psychoses  de  la 
poerpéralité  :  le  rôle  de  la  rumination  |intellectuelle,  de  la  pré- 
occupation se  montre  avant,  pendant  et  après  Taccouchement. 
Le  rôle  de  la  suggestion  est  si  vrai  que  chez  les  enfants  que 
Ton  trompe  sciemment,  qui  ne  se  rendent  pas  compte  de  la  gravité 
de  l'opération  qu'ils  ont  à  supporter  ou  qu'ils  supportent,  il  n'y  a 
jamais  de  délire  post-opératoire.  En  dehors  du  rôle  joué  par  Topé- 
ration  elle-môme,  dans  la  genèse  des  troubles  psychiques,  il  faut 
tenir  compte  de  la  qualité  de  l'organe  enlevé.  Or  si  Tablation  du 
corps  thyroïde  produit  les  troubles  que  Ton  sait,  Tablation  des 
ovaires  ne  produit  aucune  modification  ni  du  côté  de  l'intelligence, 
m  du  côté  du  caractère,  hln  manière  de  conclusion,  il  faut  éviter 
autant  que  possible  de  frapper  Timagination  des  malades  pour 
éviter  cette  rumination  intellectuelle. 

M.  Laoame  (de  Genève),  revenant  sur  Tanalogie  des  troubles 
psychiques  post- opératoires  avec  les  paralysies  hystéro>trauma- 
liques,  fait  une  large  part  à  la  suggestion.  Il  a  vu  deux  malades 
après  une  piqûre  d'aiguille  à  la  main  conserver  pendant  des 
années  une  paralysie  du  bras  correspondant.  Une  autre  malade 
ayant  eu  une  fracture  du  crâne  pendant  Tenfance,  complètement 
guérie  d'ailleurs,  revit  cinquante  ans  après  le  chirurgien  qui  Tavait 
soignée.  Celui-ci  palpa  longuement  le  crâne  de  la  malade  en  s'éton- 
nant  qu*elle  n'eût  conservé  ni  céphalée  ni  accident.  Frappée  de  cet 
examen  et  de  ces  remarques,  la  malade,  dès  lors,  eut  des  maux  de 
tète  persistants. 

  la  fin  de  la  séance  M.  le  président  a  donné  lecture  d'un  télé- 
gramme de  sympathie  des  médecins  aiiénistes  et  neurologistes  de 
Moscou. 

Le  Congrès  a  répondu  par  le  télégramme  suivant  : 

Professeur  Clinique  psychiatrique  Université  impériale, 

Moscou. 

<  Médecins  aiiénistes  et  neurologistes  français,  réunis  en  Congrès 
à  Angers,  reçoivent  la  cordiale  dépèche  de  leurs  sympathiques  col- 
lè^oes  de  Moscou.  Ils  remercient  de  ce  gracieux  souvenir  et  en- 
voient chaleureux  sentiments  confraternité. 

«  Président  :  Motet.  » 
La  séance  a  été  levée  à  5  heures  et  demie. 


m  SOOIBTBS   SAVANTES. 


Séance  du  2  août  (matin).  —  Psésidence  de  M.  Wotbt. 

Observation  de  paranoïaque  processive,  —  Type  du  délire  raisonnant 
de  dépossession  de  Régis;  par  le  D'  La  dame. 

Au  Congrès  de  Bordeaux,  M.  le  D'  Paillias  communiquait  les 
observations  de  trois  malades  atteints  de  troubles  mentaux,  liés, 
disait-il,  à  une  déviation  de  Tinstinct  de  propriété.  L'année  sui- 
vante, en  1896,  M.  Réjiris  publiait  dans  les  Annales  médico-psycholO'' 
giques,  un  rapport  médico-légal,  fait  en  commun  avec  MM.  Pitres 
et  Lande,  sur  un  nouveau  cas  du  même  genre,  qu'il  classa  sous  le 
nom,  fort  bien  approprié,  de  c  délire  raisonnant  de  dépossession  >. 
Un  travail  d'ensemble  a  été  publié  sur  cette  question,  Tannée  der- 
nière, par  M.  Cbuison,  élève  de  M.  Régis,  qui  en  a  fait  le  sujet  de 
sa  thèse  de  doctorat,  présentée  et  soutenue  publiquement  à  la 
Faculté  de  Bordeaux,  le  16  juillet  1897.  On  trouve  dans  cette  thèse 
le  résumé  de  six  observations  de  cette  forme  spéciale  du  délire 
processif.  L'auteur  en  a  observé  récemment  uu  septième  cas,  qui 
otfre  certaines  particularités  intéressantes  et  qui  a  donné  lieu  à 
une  expertise  psychiatrique  médico-légale  dont  M.  L...  commu- 
nique les  résultats  au  Congrès.  Il  s'agit  d'une  femme  de  soixante  ans, 
qui  s'était  consacrée  pendant  bien  des  années  à  soigner  son  vieux 
père,  qui  Tavait  rappelée  de  Tétran^er  où  elle  était  institutrice. 

Pour  la  récompenser  des  soins  dévoués  qu'elle  lui  avait  don- 
nés, il  lui  légua  par  testament  une  petite  propriété  qu'ils  habi- 
taient au  moment  de  sa  mort.  Les  autres  enfants,  se  disent  lésés 
par  ce  legs,  attaquèrent  le  testament  qui  fut  cassé,  en  efifet,  par  le 
tribunal,  le  legs  dépassant  les  limites  fixées  par  le  Gode.  Dès  lors, 
c'est  une  lutte  acharnée  pendant  des  années  devant  les  tribunaux. 
La  petite  maison  est  adjugée  à  la  sœur  de  la  malade  qui,  se  disant 
propriétaire  envers  et  contre  tout,  ne  reconnaît  aucun  des  arrêts  de 
la  Cour  et  interjette  appel  contre  toutes  les  décisions  judiciaires. 
On  est  obli^'é  de  la  faire  sortir  de  sa  maison  parles  frendarmes,  et 
dès  lors,  le  délire  de  dépossession  s'accentue  à  tel  point  que  le  con- 
seil de  surveillance  des  aliénés  la  fait  interdire.  Elle  en  appelle, 
tous  ceux  qui  la  connaissent  attestent  qu'elle  est  parfaitement 
saine  d'esprit  et  deux  médecins  conÛrment  le  fait  par  leurs  certi- 
ficals.  C'est  ce  qui  a  provoqué  l'expertise  qui  fait  le  sujet  du  rap- 
port médico-légal  communiqué  au  Congrès. 

L'auteur  donne  une  observation  détaillée  du  cas  et  met  eu  relief 
les  particularités  qu'il  présente.  Il  termine  son  rapport,  longue- 
ment motivé,  par  les  conclusions  suivantes  :  c  !<>  M""  F...  est 
atteinte  depuis  plusieurs  années  d'une  forme  spéciale  d'aliénation 
mentale  qui  s'appelle  en  psychiatrie  c  le  délire  raisonnant  de  dé- 


80CIBTBS  SAVAliTBS.  223 

<f  possession  ».  Cette  psychose  est  une  variété  clinique  de  la  c  naanie 
<  processive  »  ou  paranoia  qnœrulens^  qui  appartient  à  la  grande 
classe  des  délires  de  persécution;  2**  toutes  réserves  faites  quant 
aux  mesures  ultérieures  qui  pourraient  ôtre  nécessitées  dans  l*inté- 
rêt  de  cette  malade,  et  pour  la  sécurité  d'autres  personnes ,  nous 
concluons  qu'il  n*y  a  pas  lieu  actuellement  de  provoquer  son  inter- 
diction; 3^  la  nomination  d*un  conseil  judiciaire  nous  parait  une 
mesure  nécessaire  pour  sauvegarder  ses  intérêts  et  mettre  un  terme 
à  ses  débats  devant  les  tribunaux,  aussi  préjudiciables  à  sa  bourse 
qu'à  sa  santé.  » 

Dégénéré  inverti  sexuel  mort  paralytique  général. 

M.  JoFFROY  présente  au  [Congrès  une  observation  démontrant 
une  fois  de  plus  les  rapports  de  la  paralysie  générale  et  de  la 
défiéuérescence  mentale.  Il  s'agit  d'un  malade  traité  pendant  plus 
d'un  an  dans  le  service  de  M.  Magnan  et  dont  Tobservation  a  été 
publiée  par  ce  dernier  comme  une  observation  typique  d'inversion 
sexuelle. 

Le  sujet  est  enfant  naturel.  Dès  l'enfance,  son  caractère  timide, 
son  goût  pour  les  poupées,  les  jeux  de  petites  filles  en  général, 
font  tenu  à  l'écart  des  petits  garçons  de  son  âge.  A  quinze  ans  il  a 
pour  la  première  fois  des  relations  avec  un  homme,  c  11  trouve 
cela  tout  naturel  ».  A  seize  ans  il  vient  à  Paris,  gagne  sa  vie 
comme  typographe.  Depuis  cette  époque  il  n'a  cessé  d'avoir  des 
relations  sexuelles  avec  des  hommes.  11  a  plusieurs  amants  attitrés. 
Son  grand  plaisir  est  de  s'habiller  en  femme  :  il  possède  tout  un 
assortiment  de  toilettes  féminines.  En  1894,  les  facultés  du  malade 
commencent  à  baisser.  Il  a  des  absences  de  mémoire.  Un  peu  plus 
tird  H.  Magnan  note  quelques  signes  de  démence,  Je  l'inégalité 
pupillaire  et  quelques  troubles  légers  de  la  parole.  Passé  dans  le 
service  du  P*"  JoiTroy,  le  malade  présente  un  délire  particulière- 
ment intéressant.  Sou  délire  est  tout  à  fait  féminin,  il  parle  de 
son  mariage  avec  X...,  de  sa  toilette  de  mariée.  Il  raconte  qu'il  a 
accouché  par  derrière,  etc.  Il  meurt  en  mars  1898  après  avoir 
présenté  toutes  les  phases  de  la  paralysie  générale.  Â  l'autopsie, 
lésions  classiques  de  cette  maladie. 

^.  Joffroy  se  demande  quelle  est  ici  la  cause  de  la  paralysie 
générale.  Après  avoir  éliminé  la  syphilis,  l'alcool,  les  excès  véné- 
riens, il  s'arrête  à  la  dégénérescence  mentale  présentée  par  le  sujet 
à  un  si  haut  degré.  On  a  objecté  à  cette  étiologie  la  rareté  de  la 
paralysie  générale  parmi  les  aliénés  internés  depuis  longtemps. 
Ce  n'est  pas  un  argument,  car  on  peut  être  dégénéré  sans  délirer 
et  par  conséquent  sans  être  interné  c'est  môme  là  le  sort  de  la 
majorité  des  dégénérés.  Si  les  stigmates  psychiques  de  dégénéres- 
cence et  en  particulier  les  anomalies  de  la  vie  sexuelle  sont  rare- 


iiit  SOCIETES   SAVANTES. 

ment  notés  chez  les  sujets  atteints  plus  tard  de  paralysie  générale 
cela  tient  en  partie  à  ce  qu'ils  ont  Ténergie  et  riiabilelé  de  les 
dissimuler  et  ne  permettent  ainsi  de  les  observer  que  lorsqu'ils  sont 
nettement  devenus  paralytiques  généraux.  Les  actes  sexuels  coulre 
nature,  les  attentats  à  la  pudeur  sont  alors  considérés,  à  tort, 
comme  relevant  directement  de  la  maladie  nouvelle,  alors  qu  ils 
lui  préexistaient.  En  terminant  M.  Jotfroy  mentionne  des  lésions 
intéressantes  présentées  par  la  moelle  de  ce  malade.  Â  côté  d'une 
lésion  insigniÔante  des  faisceaux  blancs  et  une  légère  prolifération 
névroglique,  on  trouve  des  lésions  très  accentuées  des  cellules,  ce 
qui  est  un  argument  en  faveur  de  Topinion  qu'il  soutient,  que  dans 
la  paralysie  générale,  la  lésion  cellulaire  est  primitive  et  indépen- 
dante de  la  prolifération  névroglique. 

M.  Magnan,  tout  en  reconnaissant  qu'il  existe  d'autres  cas  de  ce 
genre,  croit  cependant  que  la  dégénérescence  n*a  qu'une  influence 
secondaire  dans  l'étiologie  de  la  paralysie  générale. 

M.  RÉGIS  rappelle  les  cas  publiés  par  M.  Christian,  et  en  outre  les 
observations  de  paralysie  générale  relevées  chez  les  imbéciles. 
Peut-être  faut-il  incriminer  là  souvent,  la  syphilis  héréditaire  ; 
la  paralysie  générale  juvénile  prouve  que  la  syphilis  héréditaire  ne 
doit  pas  être  négligée,  loin  de  là. 

M.  JoFPROY  croit  qu'il  est  imprudent  de  refuser  à  la  dégénéres- 
cence sa  grande  part  d'influence  dans  Téclosion  de  la  paralysie 
générale.  Il  n'a  apporté  qu'un  fait,  parce  que  celui-ci  est  typique, 
mais  il  pourrait  lui  adjoindre  un  grand  nombre  d'observations 
presque  analogues. 

M.  Charpentier  fait  observer  combien  la  paralysie  générale  est 
fréquente  chez  les  dégénérés  et  combien  elle  est  rare  chez  les 
imbéciles.  Ceux-ci  n'ont  évidemment  pas  une  activité  cérébrale 
sufflsante  pour  mériter  la  paralysie  générale. 

M.  Arnaud  rappelle  qu'on  a  signalé  un  certain  nombre  de  fois, 
pas  plus  de  dix,  il  est  vrai,  la  paralysie  générale  chez  les  imbéciles. 
Pour  son  compte  personnel  il  en  a  recueilli  deux. 

Tumeur  du  corps  calleux. 

MM.  Séglas  et  P.  Londe  (de  Paris)  rapportent  l'observation  sui- 
vante :  M"«  B...,  âgée  de  vingt-un  ans,  présente  à  partir  d'octobre 
1892  un  état  de  confusion  mentale  auquel  se  joint  un  mois  après, 
la  faiblesse  des  membres  du  côté  gauche,  puis  du  côté  droit.  Elle  a 
des  hallucinations  de  la  vue  et  de  l'ouïe  et  du  délire  d  auto-accusa- 
tion. A  son  entrée  à  la  Salpôtrière,  en  juin,  elle  est  dans  un  éUt 
typhoïde  avec  carphologie,  raideur  des  membres,  exagéralion  des 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  22S 

réflexes.  Après  une  rémission  de  deux  mois,  elle  tombe  brusque- 
ment dans  un  état  méningitique  qui  l'emporte  en  trois  semaine^. 
Oatre  nue  tuberculose  plus  ou  moins  généralisée,  on  trouve  à 
r autopsie  un  néoplasme  occupant  le  corps  calleux  et  le  centre 
OTale  des  deux  hémisphères,  et  qui  tranche  par  sa  coloration  gri- 
sâtre et  sa  consistance  ferme  sur  la  substance  blanche. 

La  lésion  s'étend  depuis  le  lobe  frontal  jusqu'au  lobe  occipital. 
L'examen  histologique  a  montré  qu  il  s^agit  d'un  tissu  formé  de 
celloles  araignées  de  la  névroglie  et  de  fibrilles  fines. 

Les  auteurs  insistent  sur  les  troubles  mentaux  et  sur  la  topogra- 
phie de  la  lésion. 

Le  délire  d'auto- accusation  systématique, 

M.  SicLAS  (de  Paris).  —  Il  existe  des  cas  de  folie  systématique 
dans  lesquels  le  délire  est  uniquement  constitué  par  des  idées 
d'auto-accusation.  Il  s'agit  alors  d'individus  héréditaires  plus  ou 
moins  déséquilibrés,  présentant  certains  traits  de  caractère  habi- 
laels  aux  délirants  systématiques  ordinaires  (susceptibilité,  égoîsme, 
orgueil)  et  d'autres  (timidité,  scrupules,  méfiance  de  soi-môme) 
dont  ledélire  d'auto- accusation  ne  représente  que  l'exagération. Ce 
délire,  qui  se  manifeste  tantôt  d'emblée  ou  s'installe  d'une  façon 
insidieuse,  est  toujours  primitif  et  reste  prédominant.  L'humilité 
n'en  est  souvent  qu'une  étiquette  trompeuse,  voilant  un  sentiment 
de  vauité  blessée  et  dissimulant  un  égoîsme  profond. 

11  n'a  pas  le  caractère  de  fixité  monotone  du  délire  mélanco- 
lique, mais  se  présente  sous  la  forme  d'un  système  constitué  par 
une  série  d'interprétations  délirantes,  portant  sur  le  présent  et 
même  sur  la  vie  passée  du  sujet.  Il  peut  s'accompagner  parfois 
d'hallucinations  secondaires,  surtout  de  l'ouïe,  et  d'idées  de  sui- 
cide. De  plus,  il  n'existe  pas  de  symptômes  psychiques  ou  soma- 
tiques  d'un  état  mélancolique  fondamental.  L'exercice  des  facultés 
ioleliectuelles  reste  normal  en  dehors  du  délire  ;  il  n'y  a  pas  de 
douleur  morale  permanente,  mais  seulement  par  intervalles  de 
Tanxiété  ou  de  la  dépression  réactionnelle.  La  santé  physique 
reste  bonne,  les  fonctions  organiques  intactes. 

Tantôt  l'évolution  est  chronique,  le  délire  systématisé  persiste 
sous  une  forme  stéréotypée  ;  quelquefois  il  survient  des  idées  de 
persécution,  de  grandeur;  d'autres  fois  le  sujet  arrive  à  la  néga- 
tion systématisée.  Tantôt  révolution  est  celle  d'un  délire  d'emblée 
plus  ou  moins  prolongé,  mais  curable. 

KnfiD,  le  délire  d'auto-accusation  peut  se  présenter  sous  la  forme 
de  simples  bouffées  délirantes,  à  type  de  délire  systématisé  aigu 
hallucinatoire.  Dans  ces  cas  aigus,  les  récidives  sont  fréquentes, 
souvent  sous  la  même  forme. 

AacmvKs,  2*  série,  t.  VL  15 


SOCIBTBS  8AVANTB8. 

Par  leurs  caractères  symptomatiques  et  évoloUfs,  ces  faits  de 
délire  d^auto-accusation  se  différencient  ainsi  très  nettement  de  la 
mélancolie  pour  se  rapprocher,  au  coatrairc,  des  autres  formes 
connues  du  délire  systématisé  prnriHf. 

Mélanodermie  chez  les  épileptiques. 

M.  Lannois  a  observé  cinq  épileptiques  à  mélanodermie.  M.  Zeré 
avait  déjà  signalé  ces  cas.  Chez  ces  malades,  la  mélanodermie 
consiste  en  points  arrondis  lenticulaires,  coalescenls.  La  pigmen- 
tation anormale  occupe  lé  tronc,  depuis  la  racine  du  cou  jusqu^à 
la  naissance  des  cuisses.  C'est  analogue  à  ce  qu'on  observe  parfois 
dans  quelques  névroses,  le  goitre  exophtalmique,  etc.  C'est  un 
trouble  tropHique,  attribuable  au  sympathique.  L*auteur  rapporte 
ensuite  trois  cas  d'épileptiques  améliorés  par  la  sympathectomie,  et 
treize  cas  d*intervention  du  même  genre  à  conséquences  variées 
(améliorations,  statistiques  et  aggravations).  Ces  cas  ont  été  opé- 
rés par  M.  Jaboulay.  On  peut  conclure  que,  si  la  sympathectomie 
peut  rendre  des  services,  il  faut  reconnaître  qu'elle  n'a  pas  tenu  les 
promesses  qu'en  faisaient  espérer  ses  promoteurs. 

Myélite  transverse  et  paraplégie  fiaccide. 

M.  Brissaud  (de  Paris).  —  On  admet  depuis  les  travaux  de 
Charcot  que  la  dégénérescence  secondaire  des  faisceaux  pyrami- 
daux, qu'elle  soit  d'origine  cérébrale  ou  spinale,  est  toujours  suivie 
d'une  paralysie  spasmodique  avec  exagération  des  réllexes.  Cette 
doctrine  a  été  combattue  dans  ces  dernières  années  par  Ch.  Bas- 
tian.  Van  Gehuchteu  et  quelques  autres  ueurologistes,  qui  ont 
relaté  des  cas  de  paraplégie  flaccide  avec  abolition  des  réllexes, 
dans  lesquels  il  existait  une  dégénérescence  secondaire  des  fais- 
ceaux pyramidaux.  Ces  auteurs  ont  donné  de  ces  faits  des  interpré- 
tations différentes  mais  tendant  toutes  à  infirmer  la  théorie  de 
Charcot,  d'après  laquelle  il  y  aurait  une  corrélation  constante 
entre  la  dégénérescence  des  cordons  latéraux  de  la  moelle  et  la 
paralysie  avec  contracture  permanente. 

Le  cas  que  je  viens  d'observer  et  que  je  vais  résumer  brièvement 
montre  que  Ton  ne  doit  accepter  qu'avec  beaucoup  de  réserves  les 
observations  publiées  par  divers  auteurs,  entre  autres  par  MM.  Bas* 
tian.  Van  Gehuchten,  Marinesco.  Il  s'agit  d'un  homme  de  quaraol^ 
et  un  ans,  qui  contracta  la  syphilis  il  y  a  six  années  et  fut  soigné 
pendant  cinq  mois  à  Thôpital  du  Midi.  Quatre  ans  environ  après 
son  chancre,  il  commença  à  éprouver  des  douleurs  lombaires  et  de 
la  difûculté  pour  marcher.  Ces  accidents  s'aggravant,  cet  homme 
se  décida,  au  mois  d'octobre  dernier,  à  entrer  dans  mon  service. 


S0CIKTK8  SAVANTES.  227 

Qoarante-huil  heures  après  son  admission,  on  constatait  chez  lui 
tous  les  signes  ^l'une  paraplégie  spasmodique  avec  exagération  des 
réflexes  rotulîens,  secousses  musculaires,  trépidation  épileptoïde, 
paraJysie  des  sphincters,  etc.,  etc.  Cet  état  persista  durant  trois  à 
quatre  mois,  puis  on  s'aperçut  un  jour  que  de  spasmodique  la 
paraplégie  était  devenue  flasque,  qu'au  lieu  d'être  exagérés,  les 
réflexes  rotuliens  étaient  abolis,  qu'il  n*y  avait  plus  de  clonus  du 
pied,  etc.  Quelle  pouvait  être  la  cause  d'une  transformation  aussi 
complète  du  tableau  clinique  ?  G*est  seulement  Tautopsie  qui  nous 
en  donna  la  clef.  Le  malade  étant  mort  au  bout  de  quelque  temps 
dans  le  marasme,  on  trouva  au  niveau  de  la  troisième  racine  dor- 
sale une  méningomyélite  marginale  typique,  très  vraisemblable- 
ment d'origine  infectieuse,  occupant  une  hauteur  de  4  centimètres. 
Cette  sclérose  équivalait  à  une  véritable  section  de  la  moelle,  au-des- 
sus, la  dégénérescence  des  cordons  de  Goll,  des  faisceaux  cérébel- 
leaz  et  des  faisceaux  de  Gowers  se  prolongeait  jusqu*au  bulbe;  au- 
dessous,  la  dégénérescence  des  faisceaux  pyramidaux  se  poursuivait. 
Si  nous  nous  en  étions  tenu  à  ces  constatations,  il  nous  faudrait 
reconnaître  aujourd'hui  que  ce  cas  est  contraire  à  la  théorie  de 
Charcot  et  qu'il  vient  à  l'appui  des  idées  de  Bastian  et  de  Van 
Gehuchten,  mais  nous  avons  poussé  nos  investigations  plus  loin,  et 
ayant  examiné  avec  le  plus  grand  soin  les  cornes  antérieures  de 
la  moelle,  les  nerfs  périphériques  et  les  muscles,  nous  avons  pu 
déceler  des  altérations  de  tous  ces  éléments,  et  notamment  une 
rentable  destruction  de  tous  les  nerfs  périphériques,  qui  étaient 
le  siège  d'une  névrite  parenchymateuse  typique.  Les  cellules  et  les 
racines  n'étaient  pas  à  beaucoup  près  aussi  altérées  que  les  nerfs 
périphériques.  On  comprend  ainsi  aisément  pourquoi  de  spamodi- 
qoe  la  paraplégie  de  cet  individu  était  devenue  flasque.  Ce  fait 
prouve  que  pour  pouvoir  déclarer  en  défaut  la  théorie  de  Charcot 
sor  les  relations  des  paralysies  spasmodiques  avec  les  dégénéres- 
cences secondaires,  il  faut  avoir  pratiqué  un  examen  complet  de 
tous  les  éléments  qui  servent  à  la  conduction  de  l'influx  nerveux 
des  centres  à  la  périphérie. 

M.  PiERBET  (de  Lyon).  —  J'ai  examiné  les  préparations  micros* 
copiques  de  la  moelle  et  des  nerfs  du  sujet  dont  M.  Brissaud  vient 
de  communiquer  Tobservalion,  et  je'ne  puis  que  me  joindre  à  lui 
pour  afQrmer  que  le  défaut  de  contracture  secondaire  ne  peut  être 
attribué  qu*à  la  névrite  périphérique. 

M.  Brissaud  est  donc  tout  À  fait  dans  le  vrai  quand  il  s'élève 
contre  les  conclusions  un  peu  hâtives  des  auteurs  qui,  ayant  cons- 
taté des  paralysies  flaccides  à  la  suite  de  compression  ou  de  lésions 
de  la  moelle  épinière  susceptibles  de  donner  naissance  à  une 
dégénérescence  secondaire,  se  sont  empressés  de  contester  le  bien 
fondé  de  la  théorie  de  Charcot. 


228  800IBTB8  BAVANTES. 

11  existe,  du  reste,  une  forme  de  sclérose  primitive  symétrique 
des  tractus  pyramidaax  dansleur  ensemble.  Cette  forme  de  sclérose 
cérébro*spiiiaiê  est  svHout  connue  des  aliénistes  :  c'est  la  paralysie 
générale  sans  délire.  Au  point  de  vue  anatomique,  elle  réalise 
mervêîileiiienient  le  type  si  longtemps  cherché  de  la  sclérose  pri- 
nnHive  des  cordons  latéraux  sans  atrophie  musculaire.  Jo  Tai  décrite 
dès  IdBS  sotts  le  nom  de  tabès  moteur.  Les  troubles  iotellecluels 
sont  peu  accentués,  les  malades  se  montrant  plutôt  vaguement 
déments,  inconscients  de  leur  situation,  mais  sans  délire  bien 
net.  En  revanche,  les  troubles  moteurs  sont  très  accentués.  Cest 
une  parésie  spasmodique  généralisée,  avec  exagération  des  réflexes 
et  trépidation  épileptoïde.  La  lésion,  comme  je  Tai  dit,  est  carac- 
térisée par  une  sclérose  systématique  de  tout  le  tractus  moteur,  les 
cellules  de  la  zone  rolandique  y  comprises.  Or,  c*est  ici  qu'apparaît 
nettement  la  parenté  entre  cette  forme  de  paralysie  générale  et  la 
sclérose  latérale  amyotrophique.  Pendant  longtemps,  cette  dernière 
affection  avait  été  considérée  comme  à  peu  près  purement  spinale. 
Un  jour,  une  observation  du  professeur  Kojevnikov  vint  montrer  qoe, 
chez  les  malades  de  cet  ordre,  les  flbres  pyramidales  de  la  couroDne 
rayonnante  sont  atteintes  de  sclérose,  etpeu  de  temps  après,  MM.Ghar- 
cot  et  Marie  reconnurent  Texistence  de  lésions  indubitables  des 
cellules  motrices  de  Técorce.  Dès  lors,  la  sclérose  latérale  amyo- 
trophique devenait  une  maladie  systématique  cérébro-spinale,  et 
Ton  ne  tarda  pas  à  remarquer  que  les  sujets  qui  en  sont  atteints 
se  trouvent,  au  point  de  vue  psychique,  dans  un  état  de  déchéance 
notable.  Les  observations  de  tabès  moteur  sont  aujourd'hui  nom- 
breuses. Il  ne  manquait  que  de  voir  un  cas  de  tabès  moteur  se 
compliquer  d'atrophie  joiusculaire.  Cette  lacune  a  été  comblée 
récemment,  et  on  a  vu  une  véritable  atrophie  détruire  peu  à  peu 
les  cellules  des  cornes  antérieures  et  réaliser  une  sclérose  latérale 
amyotrophique  chez  un  paralytique  général.  Tout  naturellement 
les  spasmes  cessèrent  par  la  raison  que  des  neurones  affaiblis, 
commandant  à  des  muscles  à  peu  près  impotents,  ne  peuvent  pas 
faire  naître  de  contractures  appréciables  et  durables.  A  ce  propos, 
je  veux,  en  terminant,  rappeler  qu'étudiant  la  pathogénie  des  état^ 
convulsifs  en  général  et  ayant  en  vue  ce  fait  remarquable  que  les 
membres  inférieurs  tendent  à  entrer  en  convulsions  lorsque  les 
neurones  qui  commandent  à  leurs  mouvements  sont  séparés  des 
centres  cérébraux,  je  rejetais  Texplication  de  Qaude  Bernard, 
qui  admet  une  sorte  d*inhibilion  exercée  par  les  centres  supérieurs 
sur  la  moelle  épinière  :  soustrait  à  cette  action  frénatrice,  le  tron- 
çon de  moelle  sectionnée  deviendrait  le  siège  de  manifestations 
dynamiques  excessives.  Il  me  parait  plus  simple  de  supposer  que 
dans  tout  le  système  nerveux  existe  une  tendance  constante  à  la 
réalisation  d'un  équilibre  du  dynamisme  latent  :  isolé,  le  segment 
médullaire  est  amené  rapidement  à  un  état  de  potentialité  exagé- 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  22& 

rée,  d'où  les  décharges  à  caractère  spasmodique.  Mais  des  cellules 
saines  sont  indispeusables  pour  assurer  le  phénomène  :  si  les  neu- 
rones sont  malades,  si  les  tubes  nerveux  centrifuges  sont  altérés  ou 
si  les  muscles  ne  sont  plus  normaux,  la  convulsion  fait  défaut,  en 
verta  d'un  mécanisme  sur  lequel  il  est  inutile  d*insister  ici. 

Séance  du  2  août  (soir).  —  Présidence  db  .M.  Motet,. 

Deuxième  question  :  Les  délires  transitoires  au  point  de  vue 
médico-légal. 

M.  Vallon  étudie  tous  les  troubles  mentaux  transitoires,  tous  les 
états  passagers  d'aliénation  mentale,  qui  sont  de  nature  à  donner 
lieu  à  une  expertise  médico-légale. 

Il  les  classe  ainsi  :  !<>  vésanies  transitoires  ;  2°  troubles  mentaux 
transitoires  de  la  sphère  émotive  :  émotions  pathologiques;  3<>  irn* 
pulsions  irrésistibles  conscientes  de  courte  durée;  4»  troubles  men- 
taux de  la  puerpéralité  et  de  la  menstruation;  5*^  troubles  mentaux 
liés  à  une  intoxication  :  alcoolisme,  etc.  ;  6^  troubles  mentaux  liés 
à  une  névrose  :  épilepsie,  hystérie,  neurasthénie,  migraine  oph- 
thalmique,  etc.;  1^  troubles  mentaux  liés  à  une  affection  des 
centres  nerveux  (traumatisme,  lésion  en  foyer,  etc.,  ou  des  nerfs); 
S^  troubles  mentaux  dans  les  maladies  autres  que  celles  du  sys- 
tème nerveux  ;  9^  troubles  mentaux  liés  à  des  troubles  du  sommeil  : 
état  intermédiaire  à  la  veille  et  au  sommeil,  somnambulisme, 
réres  prolongés;  10^  de  l'égarement  momentané. 

Dans  dix  paragraphes  correspondant  à  ces  dix  divisions,  M.  Vallon 
passe  en  revue  les  différentes  opinions  émises  par  les  auteurs. 
Cela  fait,  après  avoir  bien  délimité  la  questipn,  il  trace  la  conduite 
de  Texpert  dans  les  cas  de  troubles  mentaux  transitoires  et  arrive 
enfin  à  exposer  la  façon  dont  il  faut  concevoir  la  question.  C'est  là 
la  partie  essentielle  du  rapport,  nous  la  reproduisons  textuelle- 
ment :  c  Tout  d'abord,  dit  M.  Vallon,  il  convient  de  serrer  la  ques- 
tion d'un  peu  plus  près.  Marcé,  comme  on  l'a  vu,  englobe  sous  le 
titre  de  folie  transitoire,  les  accès  de  folie  qui  offrent  des  intervalles 
IveideSf  des  intermittences  régulières  ou  irrégulières.  Je  ne  suivrai 
pas  son  exemple  et  j'élimine  d'emblée  tous  les  cas  dans  lesquels 
l'individu  soumis  à  Texpertise  médicale  a  été  atteint  antérieure- 
ment d'un  ou  de  plusieurs  accès  d'aliénation  mentale.  Ces  faits 
sont  d'un  autre  ordre  ;  ils  appartiennent  à  la  catégorie  des  folies 
vUtrmittentes,  périodiques,  des  délires  par  accès;  leur  étude  nous 
entraînerait  beaucoup  trop  loin  ;  il  faudrait  aborder  la  question 
des  intervalles  lucides,  question  complexe  qui  ne  rentre  pas  dans 
noire  cadre  et  qui  mériterait  de  faire  l'objet  d'un  rapport  spécial. 
J avais  déjà  éliminé  les  troubles  mentaux  à  début  brusque,  mais  à 
é?olatioB  durable.  La  question  se  trouve  donc  parfaitement  limitée 


230  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

à  l^accès  transiloire  d'aliénation  mentale.  L'hallucination  mentale, 
d'une  façon  générale,  peut  donner  lien  à  expertise  au  double  point 
de  vue  du  droit  criminel  et  du  droit  civile  mais  les  troubles  meotaui 
transitoires,  eux,  ne  sont  guère  de  nature  à  devenir  le  point  de 
départ  d'une  action  civile  telle,  par  exemple,  que  la  contestation 
d'un  testament,  ces  troubles  mentaux,  en  effet,  semblent  acquérir 
eu  intensité  ce  qui  leur  manque  en  durée,  en  sorte  qu'ils  se  tra- 
duisent presque  uniformément  par  des  actes  violents  (homicide, 
coups  et  blessures,  etc.). 

Voilà  donc  le  médecin  expert  en  présence  d'un  individu  inculpé 
de  violences  envers  les  personnes.  Si  par  un  exceptionnel  et  heu- 
reux hasard  la  crise  d'aliénation  mentale,  qui  va  n'être  que  passa- 
gère, n'a  pas  encore  pris  fin,  le  problème  à  résoudre  est  relative- 
ment simple  :  il  consiste  à  reconnaître  si  les  troubles  mentaux 
sont  réels  ou  simulés,  c'est-à-dire,  dans  le  cas  particulier,  s'ils  pré- 
sentent bien  les  caractères  d'une  des  formes  transitoires  de  l'alié- 
nation mentale  ou  s'ils  n'en  ont,  au  contraire,  que  Tapparence, 
que  le  masque.  Dans  l'immense  majorité  des  cas,  au  moment  de 
l'examen,  le  trouble  mental  qui  a  donné  lieu  à  l'acte  incriminé  a 
disparu  et  sa  constatation  directe,  par  conséquent,  n'est  plus  possi- 
ble. L'expert  alors  n'est  plus  un  témoin  ;  il  peut  encore  cependant 
par  un  examen  et  un  interrogatoire  minutieux,  par  une  enquête 
rétrospective  bien  conduite,  arriver  à  se  faire  une  conviction  et 
éclairer  la  justice  qui  a  fait  appel  à  ses  lumières.  Les  règles  de 
l'expertise  n'ont,  en  somme,  ici  rien  d'absolument  spécial,  elles  se 
réduisent,  comme  toujours  en  matière  d'aliénation  mentale,  à 
envisager  parallèlement  :  i*  L'acte  incriminé  examiné  dans  les 
circonstances  qui  l'ont  précédé,  accompagné  et  suivi  ;  2^  l'inculpé 
étudié  dans  son  état  présent,  dans  ses  antécédents  personnels, 
dans  ses  antécédents  de  famille.  Je  vais  passer  brièvement  en 
revue  ces  divers  points  : 

1^  Etude  de  l'acte  incriminé,  —  Souvent  c'est  l'absurdité  même 
de  l'acte  incriminé  qui  motive  l'expertise;  Tinculpé,  par  exemple,  a 
frappé  sans  raison,  sans  mobile,  etc.  Parfois  l'acte  présente  des 
caractères  tellement  spéciaux  qu'il  suffit  pour  mettre  sur  la  voie 
du  diagnostic  :  telle  l'impulsion  épileptique  qui  porte,  pour  ainsi 
dire,  la  signature  de  son  auteur.  Les  circonstances  qui  ont  suivi 
l*acte  ont  quelquefois  une  grande  signiGcation  :  nul  souci  de  fuir 
de  la  part  de  Tinculpé,  état  d'hébétude,  sommeil,  torpeur,  etc. 
Enfin,  les  circonstances  qui  ont  précédé  l'acte  revêtent  ici  une 
particulière  importance.  Il  faut  rechercher  si  l'inculpé  n'a  pas  été 
atteint  dans  son  cerveau  par  une  de  ces  influences  puissantes 
(poisons,  alcools,  émotions,  fièvres,  insolation,  froid)  qui,  nous 
l'avons  vu,  constituent  autant  de  conditions  étiologiques  favorables 
à  l'explosion  de  la  folie  transitoire.  Pour  s^édifîer  sur  les  carac- 
tères et  circonstances  de  l'acte,  l'expert  aura  recours  aux  pièces  de 


80CIBTB8  8ATANTB8.  231 

nnfènMtîon,  à  rinterrogatoire  des  témoins,  à  celui  de  la  yictime, 
si  elle  est  en  état  de  s'expliquer,  en  un  mot,  il  s'entourera  de  tous 
les  rmsei^ements  capables  d'éclairer  son  jugement. 

2»  Rramen  de  rinctUpé.  —  Il  peut  révéler,  à  défaut  de  troubles 
mentaux  caractérisés,  quelques  vestiges,  par  exemple,  une  légère 
obDubilation  intellectuelle.  On  peut  constater  de  la  débilité  men- 
tale, des  stigmates  physiques  de  dégénérescence,  des  stigmates 
permanents  d'hystérie,  des  cicatrices  de  la  tête  et  de  la  langue, 
résultant  de  blessures  ou  de  morsures  au  cours  d'un  accès  comitial, 
da  tremblement  des  mains  et  de  la  langue,  de  nature  à  faire 
penser  à  une  intoxication  alcoolique,  une  maladie  des  centres 
nerreux  ou  des  nerfs,  d'autres  maladies,  telles  que  la  syphilis,  etc.  ; 
en  un  mot,  reconnaître  que  Tinculpé  constituait  un  terrain  favo- 
rable pour  réclosion  d'un  accès  de  folie.  £n  étudiant  minutieu- 
sement l'existence  entière  de  Tinculpé  depuis  sa  naissance,  au 
moyen  des  renseignements  fournis,  et  par  lui-même  et  par  sa 
famille,  on  arrivera  souvent  à  se  convaincre  qu'on  se  trouve  en 
présence  d'un  individu  atteint  d'épilepsie  (épilepsie  méconnue  ou 
épilepsie  larvée),  d'un  neurasthénique,  d*un  de  ces  dégénérés  dont 
rinsaffisance  cérébrale  éclate  plus  dans  la  conduite  que  dans  les 
opérations  intellectuelles,  d'un  de  ces  déséquilibrés  qui,  avant  de 
faire  un  court  voyage  sur  le  territoire  de  la  folie,  en  ont  longtemps 
côtoyé  les  frontières.  Enfin,  l'examen  des  parents,  les  renseigne- 
ments recueillis  sur  eux,  apprendront  souvent  que  l'inculpé  se 
trouvait  héréditairement  prédisposé  à  Taliénation  mentale. 

J'aborde  maintenant  un  dernier  point  qui  me  paraît  être  le  véri- 
table nœud  de  la  question  ;  existe-t-il  des  cas  dans  lesquels  ni 
l'examen  ni  les  commémoratifs  ne  révèlent  rien  d'anormal  chez 
l'incalpé  ou  dans  sa  famille  ?  La  presque  unanimité  des  auteurs 
français  répond  non,  et  Régis  résumant  pour  ainsi  dire  leur  opinion, 
sexprime  ainsi  :  t  L'expert  doit  se  souvenir  expressément  que  les 
faits  de  folle  soudaine  et  transitoire  s'observent  rarement,  pour  ne 
pas  dire  jamais,  mais  que  ces  faits  sont  en  général  l'indice  ou  le 
résultat  d'une  prédisposition  héréditaire  ignorée,  de  vertiges 
m&^onnus,  etc.  »  Pour  ma  part,  dans  une  pratique  médico-légale 
qui  date  déjà  de  dix  ans,  parmi  une  quantité  respectable  de  faits 
soumis  à  mon  tjxamen,  je  n'en  ai  rencontré  en  dehors  de  l'épilepsie 
qu'un  très  petit  nombre  méritant  d'être  qualifiés  d'états  d'aliéna- 
tion mentale  transitoire.  Tous,  sans  exception,  relevaient  manifes^ 
iment  soit  d'un  état  de  dégénérescence  mentale,  soit  surtout  de  l'in- 
toxication alcoolique.  En  Allemagne  on  se  fait  généralement,  de  la 
folie  transitoire  et  des  conditions  dans  lesquelles  elle  apparaît,  une 
idée  différente  de  celle  qui  a  cours  en  France.  Krafft-Ebing,  à  côté 
de  la  folie  transitoire  causée  par  une  névrose  ou  une  maladie  céré- 
brale, décrit  une  manie  ou  un  délire  transitoire  c  qui  survient 
chez  des  individus  sains  avant  et  après  l'accès,  qxii  se  reproduit  rare- 


i8i  SOCIÉTÉS    SAVANTES. 

ment  ».  Scbwarzer  et  Kraeplin  n'admettent  pas  l^a  prédisposition 
héréditaire;  pour  eux  le  délire  transitoire  survient  brusquement 
«hez  les  individus  jouissant  jusqu'alors  (fune  santé  parfaite,  Mendel 
parait  professer  la  même  opinion.  On  admet  donc  en  Aliemagae 
qa*une  forme  au  moins  d'aliénatien  mentale  transitoire  peut  sur- 
venir en  dehors  de  toute  prédisposition  héréditaire  et  chez  des 
individus  parfaitement  normaux.  On  conçoit  Timportance  de 
pareilles  données  au  point  de  vue  médico-légal.  Je  ne  voudrais  pas 
heurter  de  front  une  opinion  émise  par  des  hommes  aussi  considé- 
rables que  ceux  dont  je  viens  de  citer  les  noms;  il  est  cependant 
des  objections,  que  je  ne  puis  m'empécher  de  mettre  en  avant. 
Pour  les  auteurs  allemands,  la  folie  transitoire  est  liée  à  des  états 
congestifs  du  cerveau.  Kraflft-Ebing,  nous  Tavons  vu,  insiste  beau- 
coup sur  ce  fait  :  c  L'ensemble  des  phénomènes  peut,  dit-il,  ana- 
tomiquemeut,  se  ramener  à  un  processus  hypérémiant  intense. 
mais  transitoire  dans  Técorce  cérébrale  >.  Or,  quels  sont  les  indi- 
vidus chez  lesquels  on  observe  le  plus  communément  des  états 
congestifs  transitoires  du  cerveau  ?  C'est  précisément  les  aliénés  dits 
héréditaires  :  raisonnants  de  toutes  sortes,  périodiques,  intermit- 
tents. Il  est  bien  étrange  que  la  folie  transitoire,  qui  reconnaît 
pour  base  anatomique  un  état  congestif  du  cerveau,  se  développe 
précisément  chez  des  individus  indemnes  d'antécédents  hérédi- 
taires. D'un  autre  côté^  rien  ne  ressemble  à  un  accès  de  folie  tran- 
sitoire comme  un  accès  de  folie  périodique.  La  folie  périodique 
reconnaissant  plus  que  toute  autre  l'hérédité  comme  cause,  la  folie 
transitoire  devrait  également  s'observer  chez  les  héréditaires.  Ce 
second  argument  n'est  pas  sans  réplique  néanmoins;  on  peut  me 
répondre,  en  effet,  que  si  Taccès  transitoire  et  l'accès  périodique 
se  ressemblent,  ils  sont  cependant  d'une  nature  très  différente, 
puisque  le  premier,  à  rencontre  du  second,  disparaît  pour  ne  plus 
revenir. 

Au  paragraphe  mante,  nous  avons  vu  que  certains  auteurs  consi- 
dèrent la  manie  transitoire  comme  une  manie  ordinaire  à  évolu- 
tion exceptionnellement  rapide;  d'autres,  au  contraire,  comme 
Krafft-Ebing,  en  font  un  type  morbide  spécial.  11  faut  avouer  que, 
quand  on  lit  la  description  du  professeur  de  Vienne,  on  songe 
malgré  soi  à  Tépilepsie.  Comme  il  ressemble  à  un  comitial,  ce 
malade  qui,  à  la  fin  d'une  crise  qui  a  duré  au  maximum  quelques 
heures,  «  tombe  dans  un  profond  sommeil,  dont  il  se  réveille  par- 
faitement lucide  quelques  heures  plus  tard,  n'ayant  gardé  aucun 
souvenir  de  ce  qui  s'est  passé  »  ! 

Aussi,  malgré  la  grande  et  légitime  autorité  de  Krallt-Ebing  et 
d'autres  savants  allemands  :  Schwarzen,  Krœplin,  Mendel,  si 
j'admets  sans  réserve  l'aliénation  mentale  transitoire,  symptoma- 
tique  de  divers  états  morbides,  je  ne  puis  me  défendre  d'un  doute 
à  l'égard  de  la  folie  transitoire  idiopathique.  Ce  doute,  je  le  traduis 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  233 

par  les  questious  suivantes  qui  me  serviront  de  conclusions  : 
i^  Existe-t-il  une  folie  transitoire  se  développant  chez  des  indi- 
vidus parfaitement  sains,  en  detiors  de  toute  prédisposition  héré- 
ditaire, en  Tabsence  de  tout  état  pathologique  antérieur,  tels  que 
i*épi)epsie,  Tintoxication  alcoolique,  etc.  ?  2^  Si  oui,  quels  sont  les 
caractères  de  celte  folie  transitoire  ?  3«  Quelles  sont  ses  conditions 
patbogéniqaes  ou  tout  au.moins  ses  causes  déterminantes  ? 

A  la  suite  du  rapport  de  M.  Vallon,  M.  Motet,  appelé  en  téinoi- 
guage  par  le  rapporteur,  déclare  n'avoir  jamais  vu  dans  sa  longue 
carrière  de  cas  de  folie  transitoire  qu'il  n*ait  pu  rattacher  à  un  état 
pathologique  antérieur.  Souvent  il  a  fallu  un  examen  minutieux 
du  passé  du  malade  pour  le  déceler.  Il  cite  un  cas  de  kleptomanie 
qu'il  a  pu  rattacher  à  un  accès* de  fièvre  intermittente.  Une  autre 
fois,  un  délit  passionnel  pour  lequel  il  avait  été  requis  en  vue  de 
Texamen  médico-légal,  fut  considéré  comme  accompli  en  état  de 
demi-responsabilité,  Témotion  passionnelle  ayant  pu  troubler  tran- 
liloirement  la  raison, 

M.  Ballet  partage  Tavis  du  rapporteur,  il  cite  l'observation  inté- 
ressante d'un  jeune  homme  qui  au  réveil  tua  sa  maltresse.  11  avait 
plein  souvenir  de  Tacte  accompli  et  n'avait  pas  subi  d'impulsion 
irrésistible  dégénérative  (lutte,  angoisse,  etc.). 

Les  renseignements  donnés  par  la  famille  firent  découvrir  que 
ce  jeune  homme  avait  déjà  deux  fois  tenté  de  se  suicider  dans  des 
eooditions  qui  permettent  de  le  considérer  comme  un  prédisposé. 

M.  Vallon  cite  un  cas  analogue  de  tentative  homicide  chez  une 
femme  adonnée  à  l'ivrognerie. 

M.  Kbraval  donne  Tobservation  d'un  déséquilibré  qui  commit  un 
acte  délictueux,  poussé  à  la  vengeance  par  sa  fille  morte  de  misère 
entre  ses  bras,  en  lui  désignant  sa  victime  ultérieure  comme  cause 
de  tous  leurs  malheurs. 

M.  Lalanne  apporte  deux  observations  de  délire  transitoire,  dont 
QB  concernait  un  vieillard  cougestif  et  hémophylique,  l'autre  un 
épileplique. 

M.  Charpentier  fait  ensuite  remarquer  que  si,  jusqu'à  présent, ou 
a  toujours  trouvé  la  raison  pathogénique  de  ces  délires  transitoires, 
il.  pourrait  cependant  se  rencontrer  un  cas  où  la  cause  soit 
iocounue,  étant  donnés  les  anamnesliques  négatifs  et  nos  connais- 
sauces  actuelles.  Dans  ce  cas,  dit-il,  l'embarras  du  médecin  expert 
serait  extrême. 

M.  Charpentier,  sur  la  demande  de  ses  collègues,  ajoute  d'ailleurs 
qu'il  ne  peut  citer  aucun  cas  de  ce  genre. 
Il  résume  son  opinion  dans  les  propositions  suivantes  : 
1^  Â  côté  des  délires  transitoires  admis  par  M.  Vallon,  il  y  a  lieu 


234  SOCIÉTÉS  SAVANTBS. 

d'admettre  Texistence  des  délires  transitoires  sans  cause  connae, 
ce  qui  ne  veut  pas  dire  que  ces  délires  sont  saos  cause  ; 

i?  Toute  émotion,  toute  passion  peut  produire  un  délire  transi- 
toire même  en  dehors  de  la  dégénérescence  mentale  ou  héréditaire, 
de  Tépilepsie,  des  intoxications  et  de  tout  traumatisme  ou  maladie 
appréciable  ; 

3^  Les  délires  transitoires,  quels  qu'ils  soient,  n*ont  pas  de  carac- 
tères spécifiques  en  dehors  de  ceux  empruntés  à  leur  étiologie, 
quand  il  y  en  a  une,  et  en  dehors  du  fait  d'être  transitoires  ainsi 
que  rindique  leur  nom  ; 

4^  Si  un  individu  a  commis  un  délit  sous  Tinfluence  d*un  délire 
transitoire,  quelle  que  soit  la  cause  de  ce  délire  et  alors  même 
qu*il  n'y  a  pas  de  cause  pour  expliquer  ce  délire,  il  échappe  à 
Inapplication  de  la  loi  qui  nous  régit  actuellement  en  matière  de 
responsabilité  criminelle;  il  est  irresponsable. 

M.  Rbgnard  combat  d'une  façon  générale  l'indulgence  que  les 
médecins  ont  pour  les  aliénés  criminels  qu'ils  élèvent  à  la  dignité 
de  malades.  H  proclame  le  droit  qu'a  la  Société  de  se  défendre  de 
ces  criminels  aliénés,  comme  des  autres  criminels  ^ 

M.  Vallon.  —  Cette  discussion  a  montré  combien  sont  rares  les 
délires  transitoires  puisque  M.  Motel,  M.  Ballet,  pas  plus  que  moi, 
n'en  ont  vu  d'exemples. 

M.  Motet.  —  Je  crois  que  la  conclusion  qui  se  dégage  des  com- 
munications précédentes,  c'est  que  le  délire  transitoire  existe,  mais 
qu*il  est  toujours  lié  à  un  état  pathologique  antérieur.  (Cette  con- 
clusion, mise  aux  voix,  est  votée  d'acclamation.) 


LE    BANQUET 

Le  soir,  à  7  heures,  les  congressistes  se  sont  réunis  pour  le  ban- 
quet offert  dans  la  salle  des  fêtes  du  Grand*Hôtel.  Ce  banquet, 
auquel  prenaient  part  quatre-vingts  convives  environ,  était  présidé 
par  M.  le  D'  Motet,  président  du  Congrès. 

Au  dessert,  M.  le  docteur  PETRUcci.a  pris  le  premier  la  parole  et 
a  prononcé  le  discours  suivant  : 

«  Lorsque  vous  m'avez  chargé  d'organiser  le  9«  congrès  de  méde- 

*  Nous  n'avons  pas  assisté  à  la  séance  où  notre  ami  A.  Regnard  a  for- 
mulé cette  opinion.  L'indulgence  des  médecins  est  toute  naturelle.  Par 
leur  connaissance  de  Tinfluence  exercée  sur  Thomme  par  Thé  redite,  le 
milieu  social,  les  maladies,  etc.,  ils  sont  naturellement  enclins  à  plaider 
les  circonstances  atténuantes.  Quant  aux  aliénés  dits  criminels  qui  ont 
commis  un  délit  ou  un  crime  sous  Faction  du  délire,  ce  sont  indiscuta- 
blement des  malades  et  ils  doivent  être  traités  en  malades. 


S0CIBTB8  6AVAKTE8.  23S 

cine  mentale  et  de  ueurologie  à  Angers,  j'ai  été  très  flatté  de  cet 
honneur,  plus  encore  pour  notre  belle  cité  et  le  département  que 
pour  moi-même. 

«  le  ne  tardai  pas  à  m'apercevoir  que  Tépîne  était  sous  la  rose. 
Qai  ne  le  sait  ?  Surtout  en  Anjou,  au  pays  des  fleurs. 

c  Je  tenais  à  faire  une  œuvre  digne  des  précédents  congrès, 
digne  de  notre  région,  digne  de  vous,  mes  excellents  confrères.  En 
apparence,  la  tâche  était  des  plus  faciles.  La  ville  d'Angers  est  riche 
en  ressources;  elle  est  une  des  plus  belles  de  TOuest,  ses  rues  sont 
larges,  spacieuses,  ses  maisons  élégantes,  propres,  noyées  dans  ja 
verdure  par  une  couronne  de  boulevards. 

cEUe  est  très  hospitalière,  gracieuse,  aimable,  avide  de  fêtes  et 
de  plaisirs,  mais  il  faut  bien  le  dire,  quelquefois  réservée  pour  les 
étrangers.  C'est  une  grande  dame  qui  ne  se  donne  pas  à  tout  le 
monde,  il  faut  savoir  conquérir  ses  faveurs.  Là  était  la  difficulté, 
la  seule  à  vaincre,  les  autres  tombaient  avec  elle. 

«  11  me  fallait  donc  trouver  parmi  nous,  comme  président  de  ce 
congrès,  non  un  conquérant  irrésistible,  et  vous  Têtes  tous,  mais 
un  compatriote  connaissant  déjà  les  mœurs  et  le  caractère  du  pays» 
attaché  au  sol  natal,  ayant  déjà  des  intelligences  dans  la  place, 
sympathique  à  tous  et  dont  le  nom  seul,  comme  un  talisman,  fît 
ouvrir  toutes  les  portes. 

«  C'est  pour  cette  raison  si  puissante  que  je  vous  ai  demandé  le 
docteur  Motet.  Je  ne  veux  point  ici  vous  énumérer  ses  brillantes 
qualités,  je  craindrais  de  blesser  sa  modestie;  qu'il  me  suffise  de 
vous  dire  que  c'est  un  charmeur  quil  a  fallu  arracher  à  tous.  Oui, 
mes  chers  confrères,  il  m'a  fallu  l'arracher  à  vous-mêmes. 

«  Pour  arriver  à  cette  fln,  il  m'a  fallu  employer  une  méthode 
spéciale  à  la  thérapeutique  nerveuse,  la  fascination  et  la  suggestion. 
Lors  des  fêtes  inoubliables  du  centenaire  delà  Société  de  Médecine, 
notre  président  d'honneur  avait  laissé  dans  le  cœur  de  tous  une 
impression  des  plus  profondes,  par  le  charme  de  sa  parole,  mais 
après  avoir  fasciné  les  autres,  j'appris  qu'il  s'était  oublié  lui-même, 
le  cœur  très  ému,  devant  une  vieille  fenêtre  à  balcon  de  la  rue 
Saint-Aubin.  11  avait  reconnu  la  fenêtre  de  sa  chambre  d'étudiant 
où  il  avait  passé  les  premières  heures  de  sa  jeunesse,  bercé  dans 
une  vie  heureuse,  partagée  entre  l'espérance  et  le  travail. 

«  Avec  un  tel  sujet,  et  sur  un  terrain  si  bien  préparé,  je  vois 
ma  cause  gagnée  et  le  congrès  assuré.  Je  n'avais  plus  qu'à  prati- 
quer la  suggestion,  à  parler  pour  être  obéi  partout  et  immédia- 
tement. 

<  A  Toulouse,  j'affirme  que  M.  Motet  acceptera  la  présidence  de 
ce  congrès,  j'en  fais  une  condition  sine  quâ  non  de  réussite.  C'était 
delà  suggestion  par  voie  impérative,  même  par  l'électricité  ;  voyez 
si  je  suis  dans  le  mouvement. 


236  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

c  J'adressai  au  D*  Motel»  alors  au  congrès  de  médecine  légale  de 
Bruxelles,  un  télégramme  l'informant  qu'il  venait  d'être  acclamé 
président  de  celui  d'Angers.  Je  savais  qu'une  puissance  impérieuse 
nie  l'amènerait,  peut-être  le  désir  irrésistible  d'une  nouvelle  stalion 
à  la  fenêtre  de  la  rue  Saint-Aubin. 

.  a  Tout  se  passa  ensuite  comme  je  l'avais  prévu  :  le  conseil  général 
votait  une  subvention  au  congrès,  puis  le  conseil  municipal 
d'Angers;  je  n'avais  qu'à  dire  partout  :  Sésame  ouvre-toi,  et  c'était 
fait. 

c  Maintenant,  mon  cher  président,  que  j'ai  divulgué  vos  fai- 
blesses, que  j*en  ai  profité,  que  j'ai  trahi  les  plus  intimes  pensées 
de  votre  cœur,  il  me  reste  à  vous  prier  de  me  pardonner.  Je  sais 
sûr  d'avance  de  votre  indulgence  et  même  de  votre  bienveillance, 
car  vous  êtes  angevin  et  vous  ne  sauriez  manquer  à  la  loi  d'ata- 
visme. 

«  Puis  il  m'a  semblé  que  ce  cas  remarquable  de  puissance  de 
suggestion  impérative  était  digne  d'être  sablé  comme  il  conTeoait 
au  Champagne  d'un  banquet  de  psychiatrie. 
'  c  Maintenant  je  salue  le  maître  éminent  qui  vient  présider  vos 
travaux,  l'académicien  dont  la  science  fait  autorité,  cette  légion  de 
savants  qu'il  mène  derrière  lui,  comme  les  satellites  d'un  astre 
lumineux,  et  dont  les  glorieux  travaux  vont  enrichir  la  pathologie 
nerveuse,  actuellement  si  en  progrès. 

«  Je  salue  M.  Joffroy,  professeur  de  médecine  mentale  de  la 
Faculté  de  Paris,  MM.  Magnan  de  Sainte-Anne,  Brissaud,  les  suc- 
cesseurs du  vénéré  (Iharcot;MM.  le  D^'Regnard,  inspecteur  général 
des  services  administratifs,  représentant  ici  M.  le  ministre  de 
l'intérieur,  Ladame,  de  Genève,  Carrier,  de  Lyon,  tous  maîtres  en 
pathologie  nerveuse.  Enfin,  Messieurs,  je  voudrais  vous  nommer 
tous,  mais  dans  mon  impuissance  je  vous  prie  d'agréer  l'expression 
la  plus  émue  de  mes  salutations  de  bienvenue  avec  mes  plus  vifs 
remerciements. 

c  Je  ne  manquerai  pas  d'y  associer  très  particulièrement  M.  Joxé, 
maire  d'Angers,  député  de  Maine-et-Loire,  qui  a  mis  .si  gracieuse- 
ment la  salle  des  fêtes  de  la  mairie  à  notre  disposition,  pour  nous 
y  offrir  l'hospitalité  à  notre  séance  d'ouverture,  M.  le  préfet,  M.  le 
D^  Legludic,  le  distingué  directeur  de  l'École  de  médecine  d'Angers, 
qui  nous  a  réservé  un  amphithéâtre  pour  nos  séances  scientifiques; 
enfin  les  membres  ici  présents  des  différentes  administrations  et 
corps  constitués  du  département. 

c  Je  ne  puis  terminer  ce  toast,  hélas  déjà  trop  long,  en  oubliant 
les  dames  dont  la  grâce  est  un  des  attraits  les  plus  captivants  da 
congrès.  Je  remercie  plus  particulièrement  les  dames  de  nos  con- 
gressistes. Piquées  par  la  curiosité  bien  naturelle  de  voir  nos  mer- 
veilles de  l'Anjou,  elles  n'ont  pas  craint  de  s'exposer  aux  fatigues 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  337 

d*un  voyage  pour  donner,  par  leur  présence  à  nos  fêtes,  un  éclat 
encore  beaucoup  plus  vif. 

c  Je  les  prie  d'agréer  ici  tous  nos  remerciements,  nos  plus 
aimables  compliments  et  nos  respectueux  hommages.  Messieurs, 
Mesdames,  à  notre  très  honoré  et  cher  président  du  Congrès,  à 
tous  et  à  toutes.  » 

Succédant  à  M.  le  docteur  Petrucci,  M.  le  docteur  Motbt,  membre 
de  l'Académie  de  médecine,  dit  une  allocution  qui,  par  la  grâce  et 
le  charme  des  souvenirs,  est  un  véritable  bijou  d'une  merveilleuse 
délicatesse.  Nous  nous  en  voudrions  de  ne  pas  permettre  À  nos 
lecteurs  d  apprécier  ce  petit  chef-d'œuvre  de  sensibilité  délicieuse 
et  vraie.  Voici  l'allocution  de  M.  le  D**  Motet. 

il  Messieurs, 

u  Vos  chaleureux  applaudissements  viennent  de  prouver  à  notre 
excellent  et  dévoué  secrétaire  général  qu^il  avait  été  votre  fidèle 
interprèle,  et  que  vous  vous  associez  de  tout  cœur  au  salut  qu*il 
adresse  à  nos  hôtes.  Si  je  disais  de  lui  tout  ce  que  je  pense,  la 
modestie  de  M.  Petrucci  pourrait  en  souifrir  un  peu.  Je  me  résu- 
merai en  quelques  mots  :  nous  le  remercions  très  sincèrement  des 
soins  qu'il  a  donnés  à  l'organisation  de  notre  Congrès.  Son  succès 
sera  sa  meilleure  récompense. 

<  Je  remercie  aussi  les  représentants  de  la  Presse  médicale  et  de 
la  Presse  angevine  qui  ont  bien  voulu  venir  s'assegir  au  milieu  de 
nous. 

«  Mesdames, 

«  Un  vieux  proverbe  qu'on  croit  oriental,  mais  que  je  suppose- 
rais plus  volontiers  éclos  en  Anjou,  dit  que  c  les  femmes  ont  été 
créées  pour  parer  de  ileuis  les  chemins  de  la  vie  ».  En  venant 
prendre  place  à  notre  banquet  vous  donnez  raison  au  proverbe,  et 
nous  vous  remercions  de  nous  avoir  apporté  ici  la  grâce,  le  charme 
le  clair  rayonnement  qui  donnent  leur  éclat  à  cette  fête. 

<  Maintenant,  Messieurs,  permettez-moi  de  donner  à  mon  toast 
uu  caractère  un  peu  personnel.  J'ai  mon  excuse. 

<  Quand  vous  m'avez  fait  Thonneur,  mes  chers  collègues,  de  me 
choisir  pour  votre  président,  je  fus  profondément  touché^  je  fus 
ravi.  Revenir  à  Angers,  dans  cette  ville  à  laquelle  me  rattachent 
tant  et  de  si  chers  souvenirs,  c'était  pour  moi  retrouver  ma  jeu- 
nesse en  tieurs  et  donner  à  ma  vie  la  plus  haute  récompense. 
Cest  ici  que  j'ai  commencé  à  épeler  la  langue  médicale,  et  j'ai 
conservé  la  reconnaissance  la  plus  vive  pour  i'Ëcole  de  médecine 
d'Angers,  pour  la  mémoire  de  mes  premiers  maîtres^  comme  j'ai 
gardé  pour  mes  camarades  d'antan  la  plus  sincère  affection.  Quoi 
de  meilleur  que  ce  retour  vers  le  passé  ! 


238  80CKTB8  SAVANTES. 

«  Lorsque  nous  vieillissons,  tout  lointain  souvenir 
Nous  est  fidèle  encore  en  dépit  des  années, 
Les  fleurs  de  notre  avril  en  vain  se  sont  fanées, 
Leurs  images  en  nous  ne  se  peuvent  tenir. 


Comme  un  prompt  échanson  qui  sans  reprendre  haleine 
Passe  devant  la  coupe  et  la  tient  toujours  pleine. 
Le  temps  passe  et  remplit  notre  coupe  à  plein  bord. 
Le  souvenir  nouveau  c*est  la  dernière  goutte 
Qui  sous  le  moindie  heurt  s'en  détache  d'abord, 
Tandis  que  la  première  au  fond  demeure  toute  \  • 

c  C'est  celte  première  goulte  précieusement  conservée  au  fond 
de  mon  verre  que  je  veux  boire  ce  soir  avec  vous.  C'est  avec  elle 
que  je  vous  salue,  vous,  Messieurs  les  représentants  de  l'hospitalière 
et  généreuse  cilé  ;  vous,  mes  chers  collègues,  qui,  dans  la  matu- 
rité de  votre  talent,  êtes  la  gloire  de  la  médecine  mentale  et  de  la 
neuropathologie,  vous  jeunes  gens  qui  apprenez  de  nous  ce  que 
valent  les  sentiments  de  réciproque  estime,  de  cordiale  union  qui 
nous  animent.  Le  présent  et  Tavenir  se  donnent  ici  la  main. 
Ensemble,  buvons  à  1  Aima  parens,  la  Société  médico-psychologique, 
à  la  ville  d'Angers,  à  nos  hôtes,  aux  professeurs  de  l'Ecole  de  mé- 
decine. Je  mets  dans  ce  toast  toute  la  chaleur  des  sentiments  dont 
mon  cœur  est  plein.  Au  nom  des  membres  du  IX*  Congrès  des 
médecins  aliénisles  et  neurolo^Mstes,  je  vous  remercie,  messieurs, 
de  Taccueil  que  nous  recevons  de  vous.  » 

D'autres  toasts  ont  ensuite  été  portés  par  MM.  les  docteurs 
Regnard,  Motais,  d'Angers,  et  Ladame,  de  Genève.  Voici  le  toast 
de  notre  ami  le  U^  Ladame,  un  véritable  ami  de  notre  pays  : 

«  Monsieur  le  Président, 

«  Mesdames,  Messieurs  et  chers  Collègues, 

c<  Depuis  les  ^Tands  jours  d'Auvergne  que  nous  avons  vécu  en  1894 
à  Clermoud-Perraud,  je  n*avais  pas  eu  le  privilège  d'assister  à  vos 
réunions.  Chaque  année,  dès  lors,  j'ai  suivi  de  loin,  avec  une  me 
sympathie,  et  le  regret  de  ne  pouvoir  y  participer,  le  Congrès  des 
médecins  aliénistes  et  neurologistes  français,  dans  ses  brillantes 
étapes  de  Bordeaux,  de  Nancy  et  de  Toulouse. 

c  Aujourd'hui  je  suis  heureux  de  me  retrouver  au  milieu  de  ?ous 
et  de  vous  apporter,  au  nom  de  la  Suisse,  ma  patrie  bien  aimée, 
l'expression  la  plus  cordiale  de  mes  seutiments  de  solide  et  vieille 
amitié. 

«  Je  te  salue,  6  France  que  nous  aimons  !  grande,  noble  et 
généreuse  France  !  L'humanité   le  sera  toujours   reconnaissante 

*  Sully-Prudhomme. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  339 

poar  163  principes  de  justice  et  de  liberté  qae  tu  as  proclamés 
en  1789. 

c  La  Tilie  d'Angers  représentait  alors  cet  esprit,  enthousiaste  et 
pondéré,  qui  est  bien  au  fond  le  véritable  esprit  français,  quoiqu'il 
u*y  paraisse  pas  toujours,  les  hommes,  hélast  étant  trop  enclins  à 
verser  dans  les  extrêmes,  l'enthousiasme  aveugle,  la  pondération 
sourde  et  bornée. 

<  A  Tépoque  de  la  première  République,  la  ville  d'Angers,  nous 
dit  l'histoire,  accepta  avec  empressement,  mais  avec  modération, 
les  idées  nouvelles.  D'un  côté  elle  réprimait  énergiquement, 
comme  nous  venons  de  le  faire  à  Genève,  les  désordres  commis 
par  les  ouvriers  des  ardoisières,  les  perreyeurs,  et  d'autre  part 
cinq  cents  braves  citoyens,  tous  pères  de  famille,  sacriûaient  cou- 
rageusement leur  vie,  au  pont  Barré,  pour  arrêter  les  progrès  de 
l'insurreclion  vendéenne. 

«  Honneur  à  la  mémoire  de  ces  vaillants  !  Gloire  à  la  cité  qui  a 
donné  de  si  nobles  exemples  !  Un  peuple,  dans  le  passé  duquel  on 
trouve  de  semblables  dévouements  peut  envisager  l'avenir  avec 
confiance.  C'est  à  cet  avenir.  Messieurs,  que  je  lève  mon  verre  : 
A  l'avenir  de  la  France  I  Vive  la  France  1  > 

Les  discours  achevés,  les  convives  se  sont  rendus  au  salon  où  a 
en  lieu  un  charmant  concert  dans  lequel  se  sont  fait  applaudir 
W^  Bauer,  une  artiste  d*un  rare  talenl,  et  M.  Petrucci  Qls,  un 
violoncelliste  d'un  jeu  plein  de  sentiment.  Les  deux  artistes  ont  été 
fort  habilement  accompagnés  par  M"°  Lemaire. 

Séance  du  3  aoûi  (matin).  —  Présidence  de  M.  Motet. 

Au  début  de  la  séance,  M.  le  D*"  BaissAUD  a  montré  par  les  pro- 
jections, des  photographies  relatives  à  des  malades  atteints  de 
paralysie  pseudo-bulbaires,  de  torticolis  mental,  d'acromégalie,  de 
myzœdème  avec  ou  sans  troubles  psychiques,  de  nanisme.  Ces 
deux  dernières  séries  rappellent  les  photographies  présentées  par 
M.  Bourneville  au  Congrès  de  Bordeaux  (1895)  et  au  Congrès  de 
Nancy  (1896).  A  ce  dernier  Congrès  il  a  insisté  sur  l'action  delà 
glande  thyroïde  sur  la  croissance. 

Troisième  question  :  Bu  rôle  des  artérites  dans  la  pathologie 
du  système  neigeux, 

M.  CoDLON,  rapporteur,  —  Nous  allons  donner  d'abord  une  vue 
d'ensemble  de  ce  rapport  que  M.  Coulon  a  bien  voulu  faire,  quoique 
prévenu  tardivement,  à  la  place  du  rapport  désigné  à  Toulouse. 

Parmi  les  maladies  infectieuses  qui  déterminent  des  lésions  arté- 
rielles, certaines  se  localisent  primitivement  sur  la  tunique  externe 


240  SOCIÉTÉS  SAVANTES. 

(syphilis,  tuberculose,  etc.)>  Cette  localisation  est  due  tout  simpte- 
ment  à  la  présence  dans  cette  tunique  du  tissu  conjonctif  ou  lym- 
phatique pour  lequel  elles  ont  une  prédilection  particulière  comme 
les  gommes  ott  les  tubercules  priraitivement  localisés  à  la  périar- 
tère  ne  diffèrent  en  rien  des  gommes  ou  des  tubercules  qui  se  déTe- 
loppent  dans  le  sein  môme  du  tissu  conjonctif.  Dans  le  système 
nerveux  la  présence  du  tissu  conjonctif  uniquement  autour  de 
rélément  yasculaire  assigne  d*emblée  à  la  gomme  ou  au  tubercule 
une  localisation  dans  Tadventice. 

Etendues  en  nappes  quoique  non  localisées,  ces  lésions  consti- 
tuent des  périartérites  dont  le  début  est  toujours  le  tissu  conjonctif. 
Dans  ces  cas,  Tendartère  n'est  atteinte  que  secondairement.  Ce  ne 
sont  pas  là  de  véritables  artérites  au  sens  histologique  du  mot,  car 
le  véritable  tissu  artériel  n'est  représenté  que  par  Tendothéliam 
vasculaire  et  la  mince  couche  sous-endothéliale.  D'ailleurs  ces 
maladies  infectieuses  sont  aussi  capables  de  se  localiser  primitive- 
ment sur  Teudartère,  de  sorte  que  Ton  peut  décrire  à  Tartérite 
vraie  un  processus  toujours  le  même  à  localisation  primitive  sar 
i*endarlère  et  dans  lequel  la  périaitère  n*est  atteinte  que  secondai- 
rement. 

Les  substances  toxiques  portent  leur  action  sur  tout  le  système 
artériel.  Les  faits  dans  lesquels  elles  seraient  seules  responsables 
de  véritables  lésions  artérielles,  ne  sont  pas  probants.  Elles  nais- 
sent le  plus  souvent  qu'en  amoindrissant  la  résistance  des  artères 
vis-à-vis  des  causes  ultérieures  dont  le  processus  est  plus  nettement 
localisé.  Cependant  on  peut  admettre  que  si  les  substances  toxiques 
ne  produisent  pas  en  général  de  réaction  inflammatoire  bien 
manifeste,  il  est  tout  au  moins  possible  qu'elles  puissent  créer  des 
dégénérescences  cellulaires  dans  les  tuniques  artérielles.  On  peut 
en  dire  autant  des  maladies  infectieuses  qui  agissent  à  distance  par 
leur  toxine  sur  le  système  nerveux. 

Dans  les  maladies  propres  au  système  nerveux,  dans  lesquelles 
les  lésions  sont  plus  ou  moins  locales  ou  systématisées,  elles  évo- 
luentpresque  toujours  avec  des  caractères  purement  inflammatoires. 
Dans  les  affections  inflammatoires  aiguës  :  encéphale-myélites, 
polio-encéphalites  diverses,  etc.,  l'agent  infectieux  n'a  le  plus  sou- 
vent pas  de  localisation  précise.  Au  point  infecté,  la  toxine  porte 
son  action  simultanément  sur  les  diverses  cellules  qui  réagissent 
chacune  par  les  processus  que  nous  avons  indiqués.  Dans  le  foyer 
inflammatoire,  tout  participe  à  l'inflammation.  Prenons,  par 
exemple,  un  foyer  de  myélite  infectieuse  :  les  leucocytes,  lesendo- 
Ihéliums  vasculaires  et  périvasculaires,  les  cellules  conjonctives  du 
tissu  conjonctif  et  des  tuniques  des  petits  vaisseaux,  les  cellules 
nerveuses  et  leurs  prolongements  cylindraxiles  oudeiilriliques.  Les 
altérations  pourront  être  primitivement  aussi  accentuées  sur  les 
capillaires  que  sur  le   tissu   nerveux,  mais   les  artériolcs  d'un 


S0CIRTJSS  SAVANTES.  241 

certain  calibre  restent  souvent  longtemps  étrangères  au  pro» 
cessus. 

Lorsque  ces  affections  offrent  un  caractère  subaigu,  c*est-à-dire 
dans  lequel  Faction  est  iaplupart  du  temps  plus  durable,  les  réac- 
tions étant  moins  énergiques,  les  éléments  pourront  être  plus  long- 
temps maintenus  à  leur  premier  stade  de  réaction  sans  aboutir  au» 
stade  de  nécrose.  La  conséquence  sera rélaboration  bien  plus  appa- 
rente du  tissu  de  sclérose. 

Mais  là  encore  nous  ne  retrouvons  pas  à  côté  des  lésions  des- 
capiilaires  et  des  artérioles  de^  lésions  d'artérite  au  niveau  des 
artères  d'un  certain  volume  dans  les  aff'ections  inflammatoires 
chroniques,  la  complexité  des  phénomènes  devient  plus  grande  dut 
fait  de  l'irrégularité  de  répartition  des  lésions  et  des  réactions  diffé- 
rentes que  peuvent  présenter  les  divers  systèmes  de  cellules  vis-à-vis- 
de  la  cause  pathogène  ;  la  durée  même  de  la  maladie  aceentue  ces 
différences,  si  bien  que  les  processus  dégénératifs  peuvent  êtte  très 
accentués  sur  tel  ou  tel  système,  alors  qu'ils  sonl  à  'peu  près  nuls 
sur  tel  autre.  C'est  cet  aspect  différent  des  lésions  qui  a  été  cause  d& 
la  division  tout  arbitraire  des  affections  inflammatoires  ou  intersti- 
tielles et  parenchymateuses,  alors  que  dans  la  plupart  des  cas 
tontes  sont  mixtes  d'emblée.  Mais  la  vulnérabilité  plus  grande  de 
tel  ou  tel  système  chez  les  différents  sujets,  vulnérabilité  due  aux 
propriétés  électives  de  la  cause  pathogène  et  aussi  à  la  valeur 
héréditaire  individuelle  des  différents  systèmes  de  cellules,  fera  que 
les  lésions  conjonctives  ou  les  lésions  parenchymateuses  peuvent 
prédominer  les  unes  par  rapport  aux  autres. 

Dans  la  tuberculose  des  centres  nerveux,  le  tubercule,  quel  que 
soit  le  point  où  il  se  localise,  ne  reste  pas  longtemps  confmé  à  ce 
point.  À  mesure  qu'il  se  développe,  les  cellules  nerveuses  voisines 
subissent  directement  l'action  de  la  toxine.  Nous  pouvons  en  dire 
autant  des  lésions  syphilitiques  circonscrites. 

Lorsque  ces  lésions  affectent  dans  le  cerveau  ou  dans  la  moelle 
la  forme  diffuse  (méningo-encéphalites,  méningo-myélites  tuber- 
culeuses ou  syphilitiques)  on  ne  voit  pas  davantage  l'élément  vas- 
cuiaire  être  lésé,  à  l'exclusion  de  l'élément  nerveux  ou  réciproque- 
ment. Les  toxines  peuvent  agir  sur  ces  deux  systèmes,  avec  prédo- 
minance sur  l'un  ou  sur  l'autre,  suivant  la  réceptivité  individuelle. 

Dans  les  affections  chroniques  dites  systématiques,  on  ne  voit  pas 
davantage  que  le  rôle  des  vaisseaux  soit  primordial.  Dans  les  dégé- 
nérescences primitives  du  téléneuroue  moteur  (certaines  formes  de 
l'atrophie  musculaire  progressive),  de  l'archineurone  moteur  (tabès 
dorsaux  spasmodiques),  des  deux  neurones  moteurs  simultanément 
(sclérose  latérale  amyotrophique),  on  ne  voit  pas  que  les  lésions 
vasculaires  soient  primitives.  Les  lésions  vasculaires  que  Ton  ren- 
contre ne  diffèrent  pas  des  lésions  inflammatoires  vulgaires  et 
natteignent,  au  début  tout  aumoins,  que  les  plus  petits  vaisseaux. 

Archives,  2®  série,  t.  VI.  16 


24&  80CIBTB8  SAVANTES. 

De  ce  que  la  lésion  vasculaire  est  la  plus  facile  &  constater,  on  n'est 
pas  autorisé  à  admettre  qu*elle  est  antérieure  à  la  lésion  nenreuse. 
Il  semble  probable,  si  l'on  admet  les  théories  de  la  toxi-infeclioD, 
qu'elles  relèvent  toutes  de  la  même  cause. 

Nous  en  dirons  autant  des  affections  qui  ont  pour  substralum  la 
dégénérescence  primitive  des  téléneurones  sensibles  (tabès  val- 
gaire),  des  lésions  simultanées  du  téléneurone  et  de  l'arcbi-nea- 
rone  sensibles  (maladie  de  Friedreich,  tabès  endogène).  Les  dégé- 
nérescences primitives  des  neurones  psychiques  qui  donnent  lieaaa 
tableau  symptomatique  de  la  démence  sont  encore  très  peu  con- 
nues, ainsi  que  les  altérations  artérielles  qui  les  accompagnent. 

Cependant^  les  lésions  nerveuses  ne  paraissent  pas,  dans  certains 
cas  au  moins,  devoir  être  mises  sur  le  compte  des  lésions  vasculo- 
conjonctives. 

Dans  la  paralysie  générale  qui  parait  être  également  une  affec- 
tion primitivement  parenckymateuse,  il  n'est  pas  impossible  qoe 
les  parois  des  capillaires  ou  des  espaces  lymphatiques  subissent  dès 
l'origine  l'action  nocive  de  la  cause  pathogène  toxique  ou  vraisem- 
blablement infectieuse,  dont  la  nature  reste  encore  &  déterminer. 
Cette  hypothèse  serait  un  trait  d'union  possible  entre  deux  théories 
opposées  ;  mais  ce  qui  nous  semble  actuellement  inadmissible, 
c'est  que  dans  les  formes  pures  de  paralysie  générale  il  paisse 
exister  des  lésions  vasculaires,  même  peu  avancées,  sans  altéralion 
des  cellules  nerveuses. 

La  sclérose  en  plaques  parait  bien  plutôt  liée  à  un  processas 
infectieux  qu'à  un  processus  vasculaire. 

La  poreiicéphalie,  la  syringomyélie,  qui  relèvent,  dans  la  plu- 
part des  cas,  d'un  processus  gliomateux,  ne  paraissent  pas  sous  la 
dépendance  de  l'arlérite. 

Quant  aux  autres  atfections'du  système  nerveux  et  aux  névroses, 
nous  connaissons  très  peu  de  chose  sur  les  rapports  réciproques  des 
deux  ordres  de  lésions. 

Si  le  rôle  de  Tartérite  parait  bien  restreint  dans  la  pathogénie  des 
affections  du  système  nerveux,  il  est,  en  revanche,  considérable 
dans  toute  une  série  d'accidents  qui  doivent  être  considérés  comme 
la  conséquence  de  l'artérite  elle-même  :  l'ectasie  auévrismale,  la 
rupture  artérielle  et  Toblitération  thrombosique. 

Lorsqu'une  cause  quelconque  vient  à  rétrécir  le  calibre  des 
artères  ou  de  leurs  branches,  l'organe  pourra  avoir  encore  au 
repos  une  plus-value  de  matières  nutritives  ;  mais  s'il  est  obligé 
d'exagérer  un  fonctionnement,  on  verra  apparaître  des  phéno- 
mènes de  claudication  intermittente  bien  étudiée  par  Gharcot;  l'or- 
gane est  en  état  de  méiopragie  d'origine  artérielle. 

Si  le  calibre  du  vaisseau  arrive  jusqu'à  l'oblitération,  comme  les 
artères  des  centres  nerveux  peuvent  être  considérées,  pour  la  plu- 
part, comme  terminales,  l'ischémie  sera  complète,  et  à  la  méio- 


QOCIBTBS  SAVANTES.  243 

pragie  succédera  Tapragie.  Le  dernier  stade  de  ce  défaut  de  nutri- 
tion sera  la  mort  du  territoire  irrigué  par  le  vaisseau,  la  uécro- 
biose  des  éléments.  Ces  faits  de  simple  physiologie  pathologique 
dominent  l'histoire  d*une  grande  classe  d'accideptsdus  à  Tartérite. 
Ils  éclairent,  en  outre,  la  pathogénie  du  ramollissement. 

Lorsque  Tartérite  se  traduit  par  Tectasie  anévrismale,  ce  sont 
les  accidents  consécutifs,  soit  à  la  présence  de  la  tumeur  anévris- 
male, soit  à  la  rupture  de  cette  tumeur  que  Ton  observe.  La  plupart 
des  hémorragies  qui  se  font  dans  les  centres  nerveux  relèvent  de 
cette  cause.  Enfin  une  embolie  venue  d'un  point  éloigné  du  sys- 
tème artériel  peut  déterminer  au  niveau  des  centres  nerveux  des 
phénomènes  de  thrombose  suivie  d'oblitération  et  des  accidents 
consécutifs.  C'est  presque  uniquement,  semble-t-il,  à  ces  accidents 
et  à  leurs  conséquences^  qu'il  faut  réduire,  avec  les  anatomo-patho- 
logistes  les  plus  compétents,  le  rôle  des  artérites  dans  la  patho- 
logie, et  en  particulier  dans  la  pathologie  du  système  nerveux. 
En  dehors  de  ces  accidents,  des  lésions  artérielles,  même  très 
avancées,  peuvent  ne  se  traduire  par  aucun  symptôme. 

Hémiplégie  progressive  par  artérite  et  ramollissement  blanc. 

MM.  Brissaud  et  de  Massary.  —  Le  syndrome  hémiplégie  pro- 
gressive parait  indissolublement  lié  au  ramollissement  cérébral  à 
début  lent,  à  étapes  successives  qui  s'observe  chez  le  vieillard.  Telle 
n'est  cependant  pas  la  règle  absolue,  et  par  opposition  à  cette  hé- 
miplégie progressive  à  attaques  successives  relevant  de  foyers  de 
ramollissement  multiples  par  artérite  des  petits  vaisseaux,  nous 
signalerons  une  hémiplégie  qui  est  le  fait,  non  de  foyers  multiples, 
mais  d'un  foyer  unique. 

Nous  venons  d'observer  un  cas  typique  de  cette  variété  :  un 
homme  de  quarante-sept  ans  vit  son  hémiplégie  s'installer  sans 
secousse,  sans  fracas,  sans  ictus^  lentement,  sourdement.  Cette 
hémiplégie  fut  complète  en  un  mois,  puis  les  phénomènes  s'aggra- 
vèrent/ le  malade  mourut  dans  le  coma. 

A  l'autopsie  nous  trouvâmes  une  lésion  énorme  de  ramollisse- 
ment blanc,  occupant  les  deux  tiers  inférieurs  des  circonvolutions 
rolandiques  de  l'hémisphère  gauche.  Le  caractère  particulier  de  ce 
ramollissement  était  sa  consistance  identique  à  celle  de  l'œdème. 

La  cause  de  ce  ramollissement  devait  ôtre  recherchée  naturelle- 
ment dans  l'état  du  système  artériel  ;  or,  fait  particulier,  les  bran- 
ches de  lasylvieune,  lasylvienne  elle-même  étaient  saines,  l'extré- 
mité supérieure  de  la  carotide  était,  par  contre,  le  siège  d'un  foyer 
d'eudartérite  annulaire  ayant  diminué  considérablementlalumière 
du  vaisseau. 

Voici  donc  deux  lésions  éloignées,  œdème  des  rolandiques,  arté- 
rite de  la  carotide.  Au  premier  abord  ce  fait  d'une  artérite  provo- 


244  SOCIBTRS  8AVANTB8. 

quanl  rœdème  peut  paraître  paradoxal.  Ne  voyons-nous  pas  cepeu- 
dant  ce  fait  se  produire  fréquemment  et  pour  ainsi  dire  sous  nos 
yeux  dans  l*artérite  des  gros  vaisseaux,  et  particulièremeot  dans 
Tartérite  fémorale.  Est-ce  qu'un  des  symptômes  de  la  forme  sub- 
aiguë de  cette  arlérite  ne  consiste  pas  précisément  en  un 
œdème  spécial,  reconnaissant  pour  cause  la  suppression  de  la  ten- 
sion artérielle  et  de  la  vis  a  ter(:o  ?  Eh  bien,  cet  œdème  est  précisé- 
ment le  même  que  celui  qui,  dans  notre  cas,  a  dissocié,  puis  lésé 
des  éléments  nerveux  déplus  en  plus  nombreux,  et  créé  par  consé- 
quent cette  hémiplégie  progressive  sur  laquelle  nous  avons  insisté. 

Le  malade  que  nous  avons  observé  présentait  un  cas  type,  un 
cas  d'étude,  de  la  variété  que  nous  tenons  à  dégager.  Mais  il  est  de 
toute  évidence  qu'un  malade  atteint  de  ramollissements  lacunaires 
multiples  peut  avoir  sur  une  des  grosse  artères  de  la  base  du  cer- 
veau un  nodule  d*endartérite  et  présenter  ainsi  à  un  moment 
donné  une  hémiplégie  progressive  semblable  à  celle  que  nous 
avons  décrite,  mais  dont  la  pureté  clinique  se  perdra  dans  les  ma- 
nifestations morbides  antérieures. 

Chez  beaucoup  de  sujets  atteints  de  ramollissement  chronique 
et  de  débilité  sénile  on  constate  souvent,  à  un  moment  donné  une 
hémiplégie  progressive  typique  dont  l'autopsie  ne  fournit  pas  la 
justification.  Dans  ces  cas  on  trouve  souvent  des  foyers  multiples 
dans  les  hémisphères,  mais  aucun  de  ces  foyers  n'explique  Théoii- 
plégie,  et  il  est  notoire  même  que  souvent  le  maximun  des  lésions 
n'est  pas  du  côté  opposé  à  l'hémiplégie.  11  faut  donc  bien  admettre 
une  action  particulière  d'insuffisance  fonctionnelle  permanente  et 
s'accusant  chaque  jour  davantage  ;  celle  qui  résulte  d'un  œdème 
dû  à  une  oblitération  artérielle  partielle  et  lointaine.  Si  dans  des 
cas  du  même  genre,  il  n'y  a  pas,  comme  dans  notre  observation 
anatomique,  un  œdème  blanc  faypertrophique  aussi  caractérisé, 
cela  tient  à  ce  que  dans  notre  observation  les  faits  étaient  de  date 
récente. 

De  l'état  du  facial  supérieur  et  du  moteur  oculaire  commun 
dans  l'hémiplégie  cérébrale. 

M.  MiBALLiÉ  (Je  Nantes).  —  Dans  deux  communications  récentes 
à  la  Société  de  Biologie,  l'auteur  a  soutenu  que  chez  les  hémiplé- 
giques, toutes  les  fois  que  le  facial  inférieur  était  paralysé,  le  facial 
supérieur  Tétait  aussi,  mais  à  un  moindre  degcé.  Cette  paralysie 
se  traduit  par  l'abaissement  de  la  queue  du  sourcil  et  la  dimiuu- 
tion  du  champ  d'excursion  du  sourcil  paralysé  qui  se  meut  par 
saccades.  Le  rétrécissenienl  de  la  fente  palpébrale  que  l'on  observe 
dans  certains  cas  tient  à  une  diminution  de  la  tonicité  du  moteur 
oculaire  commun.  Quatre  nouvelles  observations  d'hémiplégie 
présentent  la  participation  du  facial  supérieur  à  la  paralysie;  trois 


SOCIETES   SATANTBS,  245 

fois  la  fente  palpébrale  s'est  montrée  rétrécie,  indiee  de  la  lésion 
du  moteur  oculaire  commun. 

ligature  de  l'artère  humérale  au  pli  du  coude.  Troubles  paralytiques 
consécutifs, 

M.  Mallt  (de  Paris)  communique  Dntéressante  observation  d'un 
ouvrier  de  vingt-six  ans,  qui  eut  Tartère  humérale  sectionnée,  au 
niveau  du  pli  du  coude  gauche,  d*un  coup  de  couteau.  La  ligature 
du  vaisseau  fut  faite  le  même  jour;  il  en  résulta  une  paralysie 
de  tout  Tavant-bras,  intéressant  par  conséquent  des  muscles  iner- 
Tés  par  le  médian,  le  radial  et  le  cubital.  L'exploration  électrique 
dt  constater  de  grosses  altérations  de  Texcitabilité,  n'offrant  pas 
les  caractères  classiques  de  la  réaction  de  dégénérescence  (secous- 
ses tétaniques  avec  prédominence  de  l'anode  pour  le  courant  gal- 
yanique,  et  conservation  de  l'excitabilité  faradique). 

L'auteur  considère  que  ces  troubles  paralytiques  ne  peuvent 
s'expliquer  ni  par  un  traumatisme  nerveux  (section  ou  compression 
du  médian)^  ni  par  le  mécanisme  des  paralysies  réflexes,  ni  enfin 
par  une  forme  d'hysléro- traumatisme.  Il  lui  semble  plus  logique 
d'admettre  que  le  trouble  circulatoire  résultant  de  l'oblitération 
artérielle  a  pu  provoquer  une  altération  passagère  des  troncs  ner- 
veux. Ce  mécanisme  a,  du  reste,  été  invoqué  déjà  par  MM.  Jeoffroy 
et  Âchard,  pour  interpréter  dans  un  cas  de  névrite  périphérique 
les  lésions  d'autopsie  ;  enfin,  MM.  Ballet  et  Duthil  ont  récemment 
pu  provoquer  des  paralysies  en  anémiant  la  moelle  par  la  com- 
pression de  l'aorte  ;  ils  déterminaient  de  la  sorte  des  lésions  plus 
ou  moins  accentuées  dans  les  cellules  des  cornes  antérieures  de  la 
moelle.  Le  malade  a  guéri  dans  l'espace  de  deux  mois. 

Œdème  monoplégique. 

M.  Mbigb  expose  ensuite  Tobservation  d'un  cas  d'œdème  monoplé- 
gique avec  hérédité  collatérale  et  antécédente  analogue,  des  plus 
curieux.  L  anatomie  pathologique  reste  à  déterminer  et  l'auteur  se 
demande,  avec  M.  Brissaud,  si  le  substratum  de  ce  syndrome  ne 
résiderait  pas  dans  Tartério-sclérose  de  centres  trophiques  céré- 
braux correspondants. 

Epidémie  de  myélite  et  de  polynévrites  infectieuses. 

M.  Pkteucci  expose  ensuite  son  rapport  sur  une  épidémie  de 
myélite  et  de  polynévrites  infectieuses  observée  à  l'asile  d'Angers  et 
due  soit  à  la  mauvaise  qualité  de  Teau,  soit  au  régime  alimentaire. 
La  première  cause  paraîtrait  la  plus  probable. 

M.  BouRMBViLLE.  —  Le  Congrès  devant  aller  cette  après-midi 


246  flOCIBTBS  8AVANTBS. 

TÎsiter  Tasile  de  Salnle-Gemmes,  et  M.  Petrucci  se  proposant  de 
nous  faire  voir  quelques-uns  des  malades,  objet  de  son  travail,  je 
demande  que  la  discussion  soit  ajournée  à  la  prochaine  séance.  — 
M.  G.  Ballet  appuie  cette  proposition  qui  est  adoptée. 

[Il  s'agit  là  d*une  épidémie  très  intéressante  qui  a  été  Tobjet,  de 
la  part  de  M.  Gbantemesse,  d'un  rapport  au  Comité  consultatif 
d'hjgiône  et  d'une  communication  à  la  Société  de  biologie. 
M.  Petrucci  doit  publier  son  travail  dans  les  Archives  de  médecine 
d'Angers,  nous  espérons  qu'il  insistera  sur  les  causes  de  cette 
épidémie.  —  La  discussion  qui  devait  avoir  lieu,  ne  s'est  pas  pro- 
duite.] 

Élimination  de  hUu  de  méthylène. 

M.  le  D^  J.  Voisin  a  fait  sur  cette  question  une  communication 
que  nous  avons  inséré  plus  haut  in  extenso  (p.  189). 

Etude  clinique  sur  Vobsession, 

MM.  Mabie  et  Vigouroux.  —  Les  formes  chroniques  de  ce  syn- 
drome sont  plus  spé«;ialement  étndiées  dans  ce  travail  :  phobies 
permanentes,  manies  dégénératives  tardives  en  quelques  sorte 
chroniques  dont  la  forme  persistante  et  même  progressive  cons- 
titue presque  une  démence  spéciale. 

Note  sur  la   situation  médicale  et  administrative  de  la  Colonie 
familiale   de  Dun. 

MM.  Marib  et  Vjgouboux.  —  Cet  établissement  a  reçu  jusqu'à  ce 
jour  674  malades.  Le  budget  prévu  pour  1895  comporte  700  ma- 
lades et  un  crédit  total  d'entretien  de  368.000  francs.  Le  dernier 
compte  de  dépense  met  le  prix  de  journée  total  à  1  fr.  40.  Une 
étude  clinique  accompagne  ce  travail  cherchant  à  catégoriser  les 
aliénés  aptes  à  bénéficier  du  placement  familial. 

VISITE   A    l'asile    SAINTE-GEMMES 

Les  membres  du  Congrès  se  sont  rendus  dans  raprès-midi  da 
3  août  à  l'asile  Sainte-Gemrne^,  où  ils  ont  été  reçus  par  M.  le 
0*"  Petrucci,  qui  a  fait  visiter  rétablissement  qu'il  dirige.  Au  cours 
de  cette  visite,  M.  le  D'  Petrucci  a  montré  les  cas  les  plus  intéres- 
sants de  l'épidémie  de  myélite  infectieuse  dont  il  avait  entretenu 
le  Congrès  dans  la  matinée. 

Le  soir,  à  6  heures  et  demie,  les  congressistes  se  sont  réunis  en 
un  banquet  servi  dans  la  grande  salle  de  i'ouvroir  de  l'asile.  Ce 
banquet,  auquel  ont  pris  part  près  de  cent  cinquante  convives,  était 
présidé  par  M.  Delpech,  préfet  de  Maine-et-Loire. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES.  247 

Pendant  le  banquet,  Ta  musique  de  rétablissement  a  fait  enten- 
dre les  meilleurs  morceaux  de  son  répertoire. 

Ao  dessert,  plusieurs  toasts  ont  été  portés  par  MM.  Oelpech, 
préfet  de  Maine-et-Loire,  Regnard,  délégué  de  M.  le  ministre  de 
rintérieur,  le  D'  Petrucci,  le  D'  Motet,  le  D'  Joffroy  et  le  D''  Le- 
gladic.  Ces  toasts  ont  été  très  applaudis.  Voilà  les  principaux  pas- 
sages du  discours  prononcé  par  M.  le  D'  Petrucci.  Après  avoir 
rappelé  la  fondation  de  l'Asile,  M.  le  D'  Petrucci  rend  hommage 
en  ces  termes  à  ses  prédécesseurs  : 

c  A  votre  œuvre  grande  et  généreuse  je  dois  associer  d'autres 
bienfaiteurs.  Je  croirais  manquer  au  devoir  de  la  reconnaissance, 
si  je  n'évoquais  ici  la  mémoire  de  mes  prédécesseurs.  Ils  ne  sont 
pas  nombreux,  trois,  mais  le  bien  fait  par  cette  Irinité  a  été  consi- 
dérable. 

c  Levincent  dont  vous  voyez  ici  le  buste,  a  fondé  l'asile  en  1842,  il 
meurt  à  peine  en  1854,  laissant  une  réputation  légendaire  d*acti- 
Tité,  de  philanthropie  et  de  travail.  Nuit  et  jour  on  le  voyait  par- 
tout; cet  homme  ne  dormait  jamais,  répéte-t-on  encore  à  Tasile. 

c  Bîllod  lui  succède  de  1854  à  1868.  Après  avoir  grandement 
organisé  Tasile,  créé  les  beaux  jardins  que  vous  avez  vus,  il  est 
appelé  à  terminer  sa  carrière  à  l'asile  de  Vaucluse,  près  Paris. 

c  II  est  remplacé  par  un  angevin  d*origine,  le  D*^  Combes,  dont 
la  valeur  n'avait  d'égale  que  la  modestie.  Les  malades  étaient 
entassés  dans  de  vieux  bâtiments,  provenant  eu  grande  partie  des 
servitudes  de  l'ancien  château  et  surtout  des  orangeries.  lis  y 
étaient  très  mal,  l'établissement  était  certainemerrt  au-dessous  de 
sa  grande  réputation. 

c  Combes  est  poursuivi  par  la  pensée  constante  de  la  reconstruc- 
tion d'un  asile,  digne  de  la  situation  topographique  vraiment 
exceptionnelle  de  la  localité.  Il  s'applique  à  créer  un  boni,  permet- 
tant au  Conseil  général  de  pouvoir  commencer  ce  grand  travail.  Il 
est  aidé  dans  sa  tâche  par  l'habile  architecte  M.  Dainvilie,  que  nous 
sommes  heureux  de  voir  à  cette  table,  créateur  et  premier  direc- 
teur de  l'Ecole  des  Beaux-Arts  d'Angers.  Nous  admirons  autant 
son  talent  que  l'aménité  de  son  caractère.  Ces  deux  hommes 
étaient  bien  faits  pour  se  comprendre.  Combes,  comme  Levincent, 
meurt  à  la  peine  en  1879.  Son  fils,  un  des  élèves  les  plus  brillants 
de  l'école  de  médecine  d'Angers,  est  également  une  victime  du 
devoir,  il  a  été  fauché  à  la  fleur  de  l'âge  par  une  diphtérie  con- 
tractée au  lit  d'un  malade  au  moment  de  devenir  interne  des 
h/^pitaux  de  Paris. 

c  Je  suis  heureux  de  compter  parmi  nos  convives  la  G  Me  de  )non 

prédécesseur,  seul  reste  de  cette  noble  famille.  Née  à  l'asile,  elle 

me  permettra  de  lui  dire  que  nous  la  considérons  encore  comme 

Teofant  de  la  maison.  Elle  est  très  heureusement  mariée  à  l'un  de 

I  nos  plus  sympathiques  confrères  d'Angers,  le  D*^  Moreau,  le  cama- 


i48  80GIBTB8  SAVANTES. 

rade  d'éiades  de  son  frère.  Qae  tous  deux  reçoivent  ici  un  nouveau 
témoignage  de  notre  plus  vive  sympathie. 

c  En6n,  Messieurs  je  lève  mon  verre  en  Thonneur  de  M.  le 
Préfet,  de  MM.  les  membres  du  Conseil  général,  de  la  commission 
<3e  surveillance  de  f  Asile  et  de  tous  ces  bienfaiteurs  qui  nous  doo- 
jient  un  si  bel  exemple  de  solidarité  humaine. 

€  Mon  dernier  mot  sera  pour  les  dames,  tous  les  jours  an  pre- 
mier rang  lorsqu'il  s*agit  de  sacrifice,  de  devoir,  de  douleur  et  de 
misères  à  soulager,  t 

M.  Motet,  président  du  Congrès,  s*est  exprimé  en  ces  termes  : 

€  Monsieur  le  Préfet, 

c  Messieurs  les  Membres  du  Conseil  général, 

c  Vous  avez  tenu  à  nous  recevoir  vous-mêmes  dans  cet  asile  dont 
^administration  vous  appartient;  nous  sommes  vos  hôtes,  très 
reconnaissants  à  la  fois  de  votre  bienveillance  et  de  l'intérêt  que 
vQus  prenez  à  nos  travaux.  La  meilleure  manière  de  vous  remer- 
cier. Messieurs,  c'est  de  louer  votre  œuvre  comme  elle  le  mérite, 
et  de  vous  dire  combien  nous  avons  été  frappés  par  Taspecl  de 
votre  asile,  par  l'organisation  de  ses  services. 

<  Vous  disiez.  Monsieur  le  Préfet,  que  vous  craigniez  la  compa- 
raison avec  d'autres  établissements  plus  vastes,  plus  largement 
installés.  Rassurez-vous.  Nous  n'avons  vu  nulle  part  une  transfor- 
mation plus  complète  sous  une  impulsion  plus  généreuse.  Je  me 
souviens  d*avoir  visité  Saint-Germain  il  y  a  près  de  trente  ans.  Aa 
iieu  de  salles  sombres,  de  rez-de-chaussée  un  peu  tristes,  vous  nous 
avez  montré  des  bâtiments  baignés  d'air  et  de  lumière,  où  vos  hôtes 
malheureux  trouvent  des  conditions  de  bien-être  qui  réparent  un 
peu  les  sévérités  du  sort.  Nous  vous  avons  entendu  nous  dire  que 
vous  ne  considériez  pas  votre  tâche  comme  achevée,  que  vous  aviez 
des  projets  que  vous  mettriez  k  exécution  à  leur  heure.  Nous, 
Messieurs,  qui  sommes  vos  collaborateurs,  nous  vous  remercions 
•de  vos  efforts,  et  nous  tenons  à  vous  assurer  que  les  médecins  des 
asiles  d'aliénés  auxquels  est  conGée  la  direction  de  services  impor- 
tants, donnent  à  l'accomplissement  de  leur  tâche,  parfois  très 
lourde,  toute  leur  conscience,  tout  leur  cœur. 

«  N'est-ce  pas  ainsi,  mon  cher  monsieur  Petrucci,  que  vous  avez 
•compris  la  vôtre?  Nous  vous  avons  vu  à  Tœuvre,  dévoué  à  notre 
•congrès  comme  vous  l'êtes  â  vos  malades,  à  l'administration  de 
votre  grand  et  bel  asile,  et  nous  vous  adressons  avec  nos  remercie- 
ments^ nos  sincères  félicitations.  Nous  les  adressons  respectueuse- 
ment aussi  à  celle  qui  vous  aide  et  qui  a  voulu  prendre  sa  part  dans 
Tœuvre  charitable.  Permettez-nous  devons  saluer,  madame  Petrucci, 
•et  de  dire  devant  tous  le  bien  que  vous  faites  ici.  Je  ne  vous  eo 
louerai  pas,  vous  écoutez  la  douce  voix  intérieure  qui  vous  dit: 


SOCIETES  SAVANTES.  ZW 

c  Ayez  pitié  !  •  avec  une  bonté  touchante,  vous  tendez  ]a  main  à 
ces  pauvres  folles  dont  vous  vous  êtes  faite  la  providence.  Soyez 
remerciée  par  nous  et  bénie  par  elles  ! 

c  Messieurs,  je  lève  mon  verre  en  l'honneur  de  M.  le  Préfet,  de 
MM.  les  membres  du  conseil  général  et  de  la  commission  admi- 
nistrative ;  et,  les  remerciant  au  nom  de  mes  collègues,  de  Taccueil 
que  nous  recevons  d'eux,  je  les  prie  de  s'unir  à  nous  pour  procla- 
mer fièrement  notre  devise  ; 

t  Par  la  science,  par  la  charité,  pour  les  malheureux  !  » 

Après  le  banquet  qui  s*est  terminé  à  9  heures,  a  eu  lieu  une 
représentation  théâtrale  à  laquelle  assistaient  les  convives  et  des 
notabilités  et  des  dames  d'Angers  et  des  environs,  ainsi  qu'un  cer- 
tain nombre  de  malades.  La  séance  a  débuté  par  un  chœur  : 
Ce$t  ici  le  pays  des  roses.,,,  très  bien  exécuté  par  les  malades  et 
employés  de  Tasilp,  sous  la  direction  de  M.  Delique.  Une  charmante 
comédie  de  Labiche  et  Dufresnois,  la  Pièce  de  Chambertin^  jouée 
par  des  malades,  a  été  très  applaudie.  La  séance  s'est  terminée  par 
la  Paludière  de  Pomichet,  opéra-comique  en  un  acte,  musique  de 
M.  Petrucci  fils,  accueilli  par  des  applaudissements  enthoiisiastes, 
et  les  auteurs,  MM.  P.  Petrucci  et  0.  Meunier,  ont  dû  se  montrer  sur 
la  scène. 

Une  illumination  du  plus  gracieux  effet,  dans  le  jardin  qui  borde 
la  Loire,  et  un  feu  d'artillce  pendant  lequel  la  fanfare  de  Tasile  a 
exécuté  la  Marseillaise  et  VHymne  russe,  ont  terminé  cette  fête 
charmante. 

Séance  du  jeudi  4  août.  —  PaisiDENCB  de  M.  Brunet. 
Délire  de  revendication. 

M.  CuLLSHHE  a  décrit,  en  1897,  sous  le  nom  de  délire  de  revendi- 
cation,  une  forme  particulière  de  délire  systématisé  des  persécutés 
persécuteurs,  variété  de  la  folie  raisonnante.  En  dehors  de  cette 
forme  type,  il  a  rencontré  quelquefois,  à  rori;^'ine  ou  dans  le 
cours  de  certaines  folies  plus  caractérisées,  des  idées  délirantes  de 
revendication.  Par  exemple  :  i^  Ces  idées  délirantes  peuvent  carac- 
tériser la  période  prodromique  d'une  manie  terminée  par  la 
démence  incurable.  2^  Elles  peuvent  survenir  dans  le  cours  d'une 
aliénation  héréditaire  dont  elles  inaugurent  la  période  démen- 
tielle terminale.  3^  Elles  peuvent  se  présenter  sous  la  forme  du 
délire  systématisé  ambitieux  primitif  et  constituer  une  variété  de 
mégalomanie.  4^  Enfin,  le  délire  de  revendication  peut  être  symp- 
tomatique  de  la  démence  organique  et  se  manifester  à  la  suite 
d'une  attaque  de  ramollissement  cérébral. 

En  résumé,  dans  les  quatre  observations  présentées,  cette  forme 
tardive  du  délire  de  revendication  se  rencontre  chez  des  hérédi- 


2S0  SOCIÉTÉS  SAVANTRS. 

taires  menacés  ou  déjà  atteints  de  lésions  cérébrales  d*origtne 
vasculaire  (alhérome  cérébral,  foyers  de  ramollissemenl).  Elle  est 
la  conséquence  de  Taffaiblissement  des  facultés  intellectuelles  et 
d'une  perversion,  d'ailleurs  habituelle  chez  les  déments  organi- 
ques, de  la  sensibilité  affective. 

Basophobie  chez  un  hémiplégique;  hémineurasthénie  post- 
hémiplégique, 

M.  MiRALLiK.  —  Un  homme  atteint  d'une  hémiplégie  ancienne 
voit,  à  la  suite  de  son  traitement  électrique  qui  aggrave  son  état, 
se  développer  une  phobie  de  la  marche.  Tandis  que  chez  lui  il 
marche  assez  facilement,  il  ne  peut  sortir  de  chez  lui  ni  monter 
son  escalier  sans  être  pris  de  crises  d'angoisse,  avec  sueurs,  faciès 
vultueuz,  contracture  extrême  de  la  jambe  paralysée  et  menace  de 
tomber.  Un  traitement  psychique  améliore  ces  phénomènes.  Celte 
observation  est  absolument  identique  à  celle  déjà  publiée  par  le 
professeur  Grasset. 

Des  centres  corticaux  des  viscères. 

M.  Paul  SoLLiBR. —  Nouveaux  cas  à  Tappui  des  recherches  précé- 
dentes de  l'auteur,  exposées  dans  son  ouvrage  sur  la  Genèse  et  la 
nature  de  l'hystérie,  sur  la  possibilité  de  déterminer  expérimenta- 
lement et  cliniquement  chez  les  hystériques  à  manifestations 
symptomatiques  la  localisation  de  certains  centres  corticaux  des 
viscères.  Cette  méthode,  dite  des  points  douloureux,  est  basée  sur 
ce  fait  que,  à  toute  anesthésic  ou  hyperestbésie  assez  marquée  d'un 
organe  ou  d'un  membre  correspond  une  anesthésie  avec  point 
douloureux  dans  une  région  du  crftne,  correspondant  elle-même  à 
une  anesthésie  limitée  du  cerveau.  L'expérience  ayant  démontré 
que,  lorsque  ce  sont  des  régions  périphériques,  dont  les  centres 
sont  aujourd'hui  anatomiquement  déterminés,  qui  sont  atteintes, 
ces  points  douloureux  crâniens  correspondent  à  la  région  céré- 
brale contenant  leur  centre  fonctionnel,  il  est  logique  d'admettre 
qu'il  en  est  de  même  lorsqu'il  s'agit  de  troubles  affectant  des  vis- 
cères dont  les  centres  corticaux  sont  encore  inconnus. 

L'auteur  signale  six  nouveaux  cas,  dont  trois  se  rapportent  au 
centre  de  Testomac,  et  trois  à  celui  du  cœur,  et  étudié  dans  des 
conditions  d'isolement  des  phénomènes  et  de  spontanéité  d'appa- 
rition telles,  qu'elles  constituent  de  véritables  expériences  naturelles. 
Ces  nouveaux  faits  confirment  le  siège  précédemment  établi  par 
l'auteur,  à  savoir,  pour  l'estomac,  un  point  bilatéral  placé  sur  la 
circonvolution  pariétale  supérieure,  sur  le  prolongement  de  la 
branche  postérieure  de  la  scissure  du  Sylvius,  et  pour  le  cœur,  sur 
la  ligne  médiane  même,  en  un  point  situé  au-dessus  du  processus. 


80CIBTB8  SAVANTSS.  !251 

Il  serait  à  désirer  que  l*aoatomie  pathologique  s^inspirât  de  cies 
données  physiologiques,  expérimentales  et  cliniques,  pour  la  déter- 
mination définitive  des  centres. 

Cas  de  respiration  de  Cheyrie-Stockes. 

M.  Terrien  rapporte  un  cas  de  respiration  de  Cheyne-Stockes,  inté- 
ressant à  plusieurs  points  de  vue,  d'abord  par  la  durée  du  phéno- 
mène (trois  mois),  ensuite  parla  régularité  des  pauses  et  la  longueur 
des  pauses  (35  secondes),  la  phase  dyspnéique  variant  de  quarante 
à  quarante-cinq  secondes,  et  par  l'existence  de  ce  phénomène  chez 
on  parkinsonien  de  soizante-diz-sept  ans  qui  a  présenté  également 
de  Tangine  de  poitrine.  M.  Terrien  se  demande  si  ce  Cheyne- 
Slockes  respiratoire  doit  être  rattaché  aux  lésions  cardiaques, 
eaase  de  Tangor  pectoris,  ou  à  la  maladie  de  Parkinson,  affection 
pseado-buibaire  d'après  Brissaud. 

V alcoolisme  en  Vendée. 

M.  Terrien,  parlant  de  Valcoolisme  en  Vendée^  prouve,  par  des 
faits,  que  le  Vendéen,  qui  a  cette  réputation  si  justifiée  d'ôtre  un 
bavear,  fait  très  rarement  de  l'alcoolisme  et  tout  à  fait  exception- 
Delleoient  du  délire  alcoolique.  Il  cite  quatre  cas  seulement  en 
dix  ans,  et  pourtant  les  ivrognes  sont  légion;  ces  quatre  délirants 
alcooliques  sont  précisément  des  buveurs  de  mauvais  alcools, 
d'apéritifs,  etc.  Jamais  le  buveur  de  vin  blanc  de  pays,  même  à  des 
doses  quotidiennes  exagérées  (6  à  8  litres),  ne  fait  de  délire  alcoo- 
liqae. 

M.  Cdllerre,  médecin  directeur  de  l'asile  de  la  Roche-sur-Yon , 
Tient  appuyer  l'affirmation  du  D'  Terrien. 

Un  cas  de  chorée  saltatoire  chronique  datant  de  vingt-cinq  ans, 
guéri  en  cinq  mois, 

M.Paul  SoLLiER.  —  )1  s'agit  d^uue  vieille  fille  de  quarante-trois 
ans,  sans  grande  hérédité,  d'un  faible  développement  intellectuel, 
qui  présentait  depuis  l'âge  de  dix-huit  ans  des  troubles  spasmo- 
diqaes  rythmiques  multiples,  continus,  avec  paroxysmes  extrême- 
ment violents,  tantôt  localisés,  tantôt  généralisés  le  plus  souvent  : 
sauts,  contorsions  des  membres,  grimaces  de  la  face,  spasmes 
laryngés,  cris,  aboiements,  secousses  de  tôle,  chorée  saltatoire,  etc., 
qni  avaient  fini  par  confiner  la  malade  dans  un  placard  pour 
limiter  ses  mouvements  et  étouffer  ses  cris.  Cet  état  était  absolu- 
ment continu,  et  dans  les  moments  d'accalmie,  il  subsistait  quand 
mémo  un  état  spasmodique  généralisé  des  muscles.  Maints  traite- 
ments araient  été  essayés  sans  succès.  Par  l'isolement,  l'hydrothé- 


252  S0CIBTB8  SAVANTES. 

rapie  chaude  et  surtout  par  une  gymnastique  spéciale  musculaire, 
les  crises  cessèrent  au  bout  d'un  mois;  puis  la  malade  recouTra 
toute  sa  sensibilité  interne,  retour  qui  s'accompagna,  comme 
Tauteur  Ta  démontré,  de  régression  de  la  personnalité  jusqu'à 
l'âge  du  début  de  la  maladie.  Au  bout  de  cinq  mois,  la  malade  était 
en  état  de  quitter  le  sanatorium,  de  se  livrer  à  toutes  les  occupa- 
tions de  la  vie  journalière,  et  depuis  son  retour  dans  sa  famille  les 
accidents  n'ont  pas  reparu. 

£n  dehors  de  la  longue  durée  de  la  maladie,  cette  observation 
est  intéressante  en  ce  qu'elle  montre  que  la  guérison  est  toujoun 
possible,  et  d*autre  part  quelle  importance  ont  certaines  manœuvres 
gymnastiques  dans  le  traitement  des  névroses. 

Assistance  familiale  directe  des  aliénés, 

M.  Terrien  lit  un  travail  sur  V assistance  familiale  àxreete  des 
aliénés.  Sur  19  aliénés  à  délire  actif,  rencontrés  dans  sa  clientèle 
en  dix  ans,  il  n'a  adressé  que  5  malades  à  l'asile  ;  et  il  en  tire  ces 
conclusions,  que  le  médecin  en  clientèle  pourrait  dans  maintes 
circonstances,  s'il  était  initié  à  la  psychiatrie,  donner  des  soins 
efficaces  à  ces  aliénés  et  leur  éviter  Tinternement;  il  contribuerait 
ainsp,  dans  une  certaine  mesure,  au  désencombrement  des  asiles. 
Mais,  pour  atteindre  ce  résultat,  il  faudrait  apporter  de  sérieases 
modifications  dans  le  programme  des  études  médicales,  les  mala- 
dies mentales  étant  absolument  négligées,  sacrifiées. 

11  serait  donc  nécessaire  qu'il  existât  une  chaire  de  pathologie 
mentale  dans  toutes  nos  écoles  de  province  ;  il  serait  utile  qu'on 
imposât  à  l'étudiant  un  stage,  si  court  qu'il  soit,  dans  un  asile  on 
une  clinique  d'aliénés;  il  faudrait  que  l'on  s'appliquât  à  présenter 
de  temps  en  temps  un  aliéné  à  l'examen  clinique;  il  se  ferait  ainsi 
un  peu  de  décentralisation  de  la  science  psychiatrique  qui  ne  res- 
terait pas  comme  aujourd'hui  le  domaine  exclusif  du  médecin 
d'asile  et  le  praticien,  sans  être  un  spécialiste,  aurait  des  connais- 
sances suffisantes  en  aliénation  pour  pouvoir  prendre  une  sage  et 
juste  détermination  en  présence  d'un  aliéné,  procéder  à  son  inter- 
nement immédiat  ou  le  maintenir  dans  sa  famille  quand  la  valeur 
intellectuelle  de  l'entourage  et  la  nature  de  l'affection  autoriserait 
cette  mesure.  Pour  cela,  afin  de  pouvoir  porter  un  diagnostic, 
indiquer  un  pronostic  et  instituer  un  traitement,  il  faut,  ce  qui 
n'existe  pas,  que  le  médecin  en  clientèle  connaisse  l'aliénation. 
M.  Terrien  est  heureux,  dans  la  circonstance,  de  pouvoir  s'appuyer 
sur  la  grande  autorité  de  M.  Bourneville  qui,  depuis  très  longtemps 
et  avec  une  grande  constance,  ne  cesse  de  demander  qu'on  donne 
plus  d'importance  à  l'étude  des  maladies  mentales. 

Dans  la  même  séance,  M.  Meige  a  fait  une   communication 


SOCIÉTÉS   SAVANTES.  253 

sur  quelques  cas  d'œdèmes  neroeuT.  et  M.  Allard  sur  un  Cas  de 
myopathie  primitive  avec  exarn6hs  électnques. 

Des  résultats  éloignés  du  traitement  chirurgical  de  Vépilepsie. 

M.  BocRNEviLLE,  après  avoir  rappelé  que  dauâ  rinlérfil  de  la 
science,  les  cliirurgieDs  qui  pratiquent  la  trépcmation  dans  Vépilep- 
sie, la  craniectomie  dans  l'idiotie,  ne  devraient  pas  se  contenter  de 
publier  peu  après  Topération,  ce  qu'ils  ont  constaté,  mais  aussi 
faire  conuaitre  les  résultats  éloignés  de  leur  intervention,  rapporte  ' 
six  observations  d'épileptiques,  trépanés  depuis  plusieurs  années 
et  dont  les  accès  ont  suivi  une  marche  progressivement  croissante 
aboatitssant  dans  quelques  cas  à  la  mort. 

Dans  la  seconde  partie,  il  insiste  sur  le  mode  de  réosslfîcation 
àesbréchesosseuses,  sur  les  lésions  d'ostéite  hyper trophian te  qui  rac- 
compagnent. D'où  il  suit  que  le  traitement  chirurgical  ajoute  une 
nouvelle  lésion  à  celles  qui  existaient  auparavant.  Les  crânes  tré- 
panés quïl  montre,  ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.  M.  Bour- 
neville  montre  ensuite  un  crâne  offrant  une  perforation  congénitale 
qui  n'a  pas  empêché  le  sujet  de  devenir  épileptique.  Ce  n'est  pas 
toutefois  qu'il  ne  reconnaisse  l'utilité  de  la  trépanation  dans  des 
cas  bien  définis  et,  à  l'appui,  il  montre  la  calotte  crânienne  d'un 
Tieillard  de  soixante-douze  ans,  offrant  une  cicatrice  osseuse,  avec 
exostoses  à  la  face  interne,  d'où  les  lésions  méningo-encéphaliques, 
cause  de  l'épilepsie.  En  terminant,  il  fait  appel  aux  chirurgiens 
pour  qu'ils  publient  les  résultats  éloignés  observés  chez  leurs 
malades  trépanés  et  craniectomisés  :  c'est  un  devoir  pour  eux. 

Désignation  du  siège  du  X^  Congrès,  choix  des   questions  et   des 
rapporteurs. 

Le  Congrès  s'occupe  ensuite  de  la  désignation  du  siège  et  de  la 
date  du  prochain  Congrès.  Marseille,  au  mois  d'avril  1899,  sera  le 
siège  désigné. 

Les  rapports  choisis,  ainsi  que  les  rapporteurs  adoptés  sont  : 
1"^  Des  délires  systématisés  secondaires  :  M.  Angladg  (de  Toulouse)  ; 
— 2»  Des  psychoses  polynévntiques  :  M,  Dutil  (de  Nice);  —  3<>  Des 
aliénés  méconnus  et  condamnés  :  M.  Taty  (de  Lyon).  —  Le  président 
nommé  à  la  majorité,  par  27  voix,  a  été  M.  le  D^  Doutrebente  (de 
Biois). 

M.  BouRNEviLLB  ne  veut  faire  aucune  objection  aux  questions 
choisies.  Mais  il  estime  qu'il  devrait  toujours  y  avoir  une  question 
médico-administrative. 

M.  Régis  objecte  que  de  deux  en  deux  ans  ou  donne  une  ques- 
tion soit  administrative,  soit  médico-légale. 

M.  BouRNEViLLE  iuslste  pour  que  tous  les  ans  il  y  ait  un  qua- 


254  80CIBTB8  SAVANTES. 

trième  rapport  portant  sar  une  question  administrative  et  comme 
exemple  il  cite  ces  deux  questions  :  1®  Du  régime  alimentaire 
dans  les  asiles;  2®  Personnel  secondaire  des  asiles^  enseignement, 
recrutement^  salaire,  pension  de  repos»  Dans  la  séance  où  serait  dis- 
cuté ce  rapport,  seraient  faites  également  les  communications 
relatives  à , l'administration  et  à  l'organisation  des  asiles.  Il  con- 
viendrait aussi  de  faire  annoncer  cette  séance  dans  les  journaux 
de  la  localité,  de  convoquer  spécialement  à  cette  séance  les  mem- 
bres de  la  commission  de  surveillance  de  Tasile  du  département 
où  a  lieu  Je  Congrès,  les  membres  de  la  commission  d^assistance 
publique,  du  conseil  général,  les  fonctionnaires  ou  employés  de  la 
préfecture  qui  ont  Tassistance  dans  leurs  attributions,  etc.  Les 
représentants  de  la  ville  et  du  département,  les  fonctionnaires  qui 
nous  reçoivent,  maires  et  préfets  se  rendraient  de  la  sorte  un 
compte  plus  exact  de  nos  travaux,  de  Tutilité  de  ce  Congrès,  et  y 
trouveraient  la  justification  des  sacrifices  qu'ils  réclament  de  la 
ville  et  du  département.  Je  ne  désire  pas  de  vote  sur  ma  propo- 
sition, je  me  contente  de  la  signaler  à  Tattention  de  mes  collègues. 

EXCURSION    A    SAUHOR 

Dans  Taprès-midi,  les  congressistes  se  sont  rendus  à  Saumur. 
Ils  ont  été  reçus  à  l'Hôtel  de  Ville  par  le  maire,  notre  distingué 
confrère  le  D^  Pkton  qui  leur  a  offert  le  vin  d*honneur.  De  là,  ils 
sont  allés  à  l'école  de  cavalerie  où  ils  ont  assisté  à  une  répétition 
générale  du  carrousel  qui  devait  avoir  lieu  quelques  jours  plus 
tard.  Beaucoup  ont  regretté  que  l'ordre  du  jour  préalablement 
fixé  n*ait  pas  été  suivi.  On  devait,  en  effet,  aller  visiter  la  m&isou 
centrale  de  Fontevrault  où  les  médecins  aiiénistes  et  neurologisles 
auraient  trouvé  des  éléments  de  comparaison  entre  leurs  malades 
des  asiles  et  les  criminels  —  des  malades  aussi  pour  la  plupart  — 
enfermés  dans  la  prison. 

L*ordre  du  jour  comprenait  ensuite  une  visite  an  cb4teau  de 
Montsoreau  et  enfin  le  carrousel.  Au  lieu  d'une  matinée  antrhopo- 
logique  et  sociale,  artistique  et  militaire,  nous  n'avons  eu  que  cette 
dernière  partie  :  c'est  un  peu  maigre  pour  des  hommes  de  science, 
pour  des  médecins*. 

Séance  du  vendredi  5  août,  —  Présidenck  db  M.  Motkt. 
Troubles  psychiques  post-opératoires. 

M.  Terrien  (de  la  Vendée)  rapporte  trois  cas  de  troubles  psy- 
chiques post-opératoires. 

•  Des  circonstances,  que  nous  ignorons,  ont  empêché  de  réaliser  ce 
programme,  excellent  dans  son  ensemble.  Si  nous  faisons  ces  critiques 
c'est  afin  que,  &  Tavenir,  ou  s'efforce  de  bien  exécuter  le  programme. 


80GIBTB8  SAVANTES.  25S 

Premier  cas.  —  Femme  de  trente-cinq  ans,  frappée,  à  la  suite 
d'une  application  de  forceps,  d'une  paralysie  avec  anesthésie  des 
meoibres  inférieurs  jusqu'au-dessus  des  malléoles.  L'éiectrisation 
est  faite  par  le  médecin  traitant  pendant  un  mois,  sans  succès. 
M.  Terrien,  appelé  en  dernier  lieu,  constate  la  nature  psychique  de 
l'affection;  aussi  fait-il  de  la  suggestion  en  employant  une  pile 
aatre  que  celle  du  confrère  (car  il  ne  pouvait  faire  de  la  psycho- 
térapie  avec  un  appareil  qui,  aux  yeux  de  la  malade,  était  usé, 
n'ayant  rien  produit).  Après  deux  séances,  la  guérison  était  com- 
plète, et  M.  Terrien  proGte  de  ce  cas,  ajouté  à  bien  d'autres  qu'il  a 
signalés  dans  les  Archives  de  Neurologie^  aux  articles  c  Hystérie  en 
Vendée  »  et  c  Hystérie  infantile  en  Vendée  »  pour  afGrmer  que 
c'est  moins  le  courant  électrique  que  la  suggestion  faite  avec  le  cou- 
rant ou  simplement  l'appareil  qui  efface  les  paralysies  hystériques. 

Deuxième  cas.  —  Femme  de  soixante- quatorze  ans  qui,  après 
l'ablation  d'un  cancer  de  l'œil,  présente,  après  la  plaie  cicatrisée, 
une  contracture  spasmodique  permanente  des  mâchoires:  impossi- 
bilité de  parler,  d'articuler  les  mots  ;  la  langue  reste  appliquée, 
immobile,  sur  le  plancher  buccal.  Le  traitement  psychothérapique 
SQpprime  instantanément  l'accident. 

Troisième  cas. —  Homme  de  soixante  ans,  opéré  d*un  carcinome 
du  nez,  est  pris  quinze  jours  après  l'opération  d'étouffements  répé- 
tés>  de  suffocations  ;  des  idées  hypochondriaques  s'installent,  le 
malade  demande  la  mort,  il  faut  le  surveiller.  Par  la  sugfjrestion 
avec  des  pointes  de  feu  appliquées  au  creux  épigastrique,  M.  Terrien 
supprime  aussitôt  les  étouffements.  Dès  lors,  les  idées  hypochon- 
driaques s'eff'aqent,  le  malade  est  guéri.  Ces  trois  malades  n'avaient 
jamais  présenté  d'accidents  hystériques,  mais  avaient  une  hérédité 
névropathique  très  chargée.  G* est  donc  bien  le  traumatisme  opéra- 
toire, le  choc  opératoire  qui  a  été  la  cause  occasionnelle  des  acci- 
dents. De  même  qu'il  n'y  a  plus  une  folie  post-opératoire,  il  n'y  a 
pas  une  hystérie  post-opératoire  ;  les  caractères  sont  les  mômes  et 
le  traitement  est  le  même.  Aux  troubles  psychiques  de  l'hystérie, 
il  faut  une  médication  psychique. 

De  la  basophobie  chez  les  ataxiques, 

M.  Parisot  (Pierre)  (de  Nancy).  —  La  basophobie  est  une  com- 
plication de  l'ataxie  locomotrice  dont  la  connaissance  offre  un  réel 
intérêt  au  point  de  vue  de  la  symptomatologie  et  de  la  thérapeu- 
tique du  tabès.  Si  c'est  sa  névropathie  qui  prédispose  l'ataxique  à 
une  phobie  quelconque,  ce  sont  les  lésions  organiques  du  tabès 
qui  créent  et  spécifient  cette  phobie.  L'ataxique  tire  de  ses  sensa- 
tions anormales  musculaire,  articulaire,  cutanée,  de  ses  sensations 
vertigineuses,  enfin  de  la  vue  même  de  son  incoordination  la  raison 
de  sa  basophobie. 


256  80CIBTB8  SAVANTES. 

La  basophobie  n'est  pas  proportionnelle  au  degré  d'incoordina- 
tion  motrice;  elle  modifie  parfois,  en  provoquant  des  contrttetioas 
musculaires,  la  démarche  classique  de  Talaxique  ;  méconnue,  elle 
fait  croire  à  une  impotence  du  malade  plus  grande  que  ne  le  com< 
portent  réellement  les  lésions  organiques  dont  il  est  atteiut. 

Le  traitement  moral  a  une  influence  heureuse  sur  cette  compli- 
cation d'ordre  psychique,  à  condition  d'être  prolongé  et  consolidé 
par  des  moyens  propres  à  atténuer  les  sensations  anormales  da 
tabétique. 

Paralysie  péripkérique  d'origine  traumatique.  Troubles  réflexes 
concomitants. 

M.  Mally  (de  Paris)  rapporte  Tobservation  d'une  malade  de 
soixante- quatre  ans,  chez  laquelle  une  intervention  chirurgicale  aa 
niveau  du  creux  poplilé,  très  bien  conduite,  amena  la  paralysie 
complète  du  sciatique  poplité  externe  avec  réaction  de  dégénères* 
cence  complète.  Cette  paralysie  évolua  en  l'espace  de  six  mois.  En 
même  temps,  la  malade  présentait  d'une  façon  très  nette  de  la 
trépidation  épileptoïda  des  deux  pied^^avec  exagération  des  réflexes 
rotulieus,  avec  atrophie  du  triceps.  Ces  accidents  spasmodiques 
disparurent  progressivement  en  l'espace  d'un  mois  du  côté  ooo 
traumatisé  et  de  deux  mois  du  côté  malade.  Ces  sortes  de  réactions 
réflexes  post-lraumatiques  ne  sont  pas  exceptionnelles  ;  pour  les 
mettre  eu  évidence  il  faut  les  rechercher  avec  soin,  et  surtout  elles 
ne  sont  très  apparentes  que  chez  les  sujets  prédisposés.  11  est  de 
toute  importance  néanmoins  d'en  tenir  compte  pour  instituer  un 
trailemeut  rationnel.  La  formule  ancienne  de  Duchenne  et  de  Erb 
est  manifestement  insuffisante.  L'électrisation  statique  au  contraire 
présente  tous  les  avantages. 

Un  cas  de  paralysie  faciale  double  d'origine  bulbaire.  Traitement 
électrique  des  paralysies  faciales, 

M.  Mally  rapporte  Tobservation  d'un  malade  de  soixante-sept 
ans  qui,  à  la  suite  d'une  perte  de  connaissance,  présenta  une  para- 
lysie faciale  double.  L*examen  électrique  montra  la  réaction  de 
dégénérescence  complète  à  gauche,  réactions  normales  à  droite. 
Le  facial  droit  récupéra  ses  fonctions  au  bout  de  deux  mois;  le 
facial  gauche  demeura  paralysé  déûnitivement.  Après  avoir  insisté 
sur  l'utilité  de  l'exploration  électrique,  l'auteur  montre  rinutililé 
du  traitement  local  dans  les  cas  qui  présentent  la  réaction  de  dé- 
générescence. Dans  ces  cas»;  le  traitement  local  est  inutile  sinon 
nuisible.  Les  muscles  non  dégénérés  sont  susceptibles  au  contraire 
de  bénéûcier  dans  une  large  mesure  d*un  traitement  électrique 
localisé  et  généralisé.  (Ëlectrisation  statique.) 


SOCIETES   SAVANTES.  287 

Troubles  délirants  post-opératoires. 

MM.  Marib  et  Vigodroux  (de  Dun-sur-Auron)  communiquent  un 
certain  nombre  (Inobservations  cliniques  concernant  des  malades 
ayant  présenté  des  troubles  délirants  après  qu'elles  eurent  subi 
uoe  opération  et  montrent  combien  il  est  difficile  de  limiter  Tac- 
tioD  qn*a  pu  avoir  cette  opération  sur  la  genèse  et  révolution  du 
délire.  Une  de  ces  malades  a  présenté  des  idées  de  persécution, 
arec  ballucinations  de  tous  les  sens  et  tendances  persécutrices, 
quelques  mois  après  avoir  subi  Tbystérectomie  abdominale.  Elle 
accusait  le  chirurgien  qui  Tavait  opérée  d*étre  à  la  tête  de  ses  per- 
sécuteurs. Aujourd'hui  elle  présente  un  délire  très  intense  assez 
bien  systématisé,  avec  tendances  ambitieuses  et  propensions  aux 
réactions  violentes.  On  pourrait  croire  à  l'existence  d'une  relation 
étroite  entre  l'opération  et  le  délire  ;  mais  l'examen  clinique  de  la 
malade,  son  observation  complète  révèlent  d'abord  des  antécé- 
dents héréditaires  chargés  ;  puis  l'existence  de  nombreuses  tares 
dégénératives  et  enfin  plusieurs  bouffées  délirantes  antérieures, 
idées  hypocondriaques,  craintes  d'empoisonnement,  etc.,  etc. 

Depuis  qu'elle  est  internée,  elle  a  compris  parmi  ses  persécu- 
teurs les  médecins  qui  l'ont  soignée,  et  le  chirurgien  opérateur  ne 
joae  plus  qu'un  rôle  secondaire. 

La  seconde  malade  a  subi,  elle  aussi,  une  hystérectomie  abdo- 
minale; quatre  ans  après,  elle  était  internée,  présentant  de  la  con- 
fusion mentale,  de  la  sensiblerie,  etc.  A  l'asile,  elle  eut  des  attaques 
d'hystérie,  et  aujourd'hui  elle  présente  tous  les  stigmates  psy- 
chiques et  mentaux  de  cette  névrose.  Y  a-t-il  une  relation  entre 
Fablation  des  ovaires  et  la  genèse  de  l'hystérie?  L'observation 
nous  montre  combien  il  est  difficile  de  se  prononcer.  Car,  non 
seulement  nous  trouvons  des  antécédents  héréditaires  névropa- 
thiques,  mais  à  Tâge  de  dix-huit  ans,  la  malade  a  eu  une  crise  de 
dépression  nerveuse  de  nature  douteuse,  et  de  plus,  dans  le  laps 
de  temps  qui  sépare  l'opération  de  l'internement,  elle  a  subi  des 
malheurs,  souffert  de  la  misère  et  probablement  fait  quelques 
excès  alcooliques.  La  troisième  observation  concerne  une  mélan- 
colique qui,  dans  un  accès  d'anxiété,  s'est  jetée  par  la  fenêtre, 
s'est  brisé  la  cuisse  et  a  dû  être  amputée.  Cette  opération,  prati- 
quée, il  est  vrai,  alors  qu'elle  avait  à  peine  repris  conscience  d'elle- 
même,  ne  semble  avoir  eu  aucune  influence  sur  l'évolution  de  son 
affection  mentale  ;  et  c'est  surtout  dans  ses  rêves  actuels  de  carac- 
tère triste  que  l'on  peut  retrouver  trace  de  l'émotion  produite  par 
l'opération. 

Le  rôle  des  opérations  chirurgicales  comme  base  d'interpréta- 
tions délirantes  des  malades  est  plus  net.  Telle  cette  malade  mé- 
lancolique opérée  d'une  hernie,  qui  accuse  sa  belle-mère  de  l'avoir 
blessée  d'un  coup  de  hache  ;  tel  ce  dégénéré  hypocondriaque  qui, 

AftCHiVBS,  2*  série,  t.  VI.  17 


â58  SOCIÉTÉS   SAVANTBS. 

après  avoir  été  sondé,  accuse  le  médecin   de  lui  avoir  mis  des 
vipères  dans  le  ventre,  etc. 

Un  C€i8  de  maladie  de  Litile. 

M.  Poix  (du  Mans)  rapporte  Tobservation  d*une  petite  fille  âgée 
de  deux  ans  et  demi,  née  de  parents  ne  présentant  aucune  tare 
névropathique ,  la  mère  eut  une  fîrossesse  normale,  raecoache- 
ment  se  fit  à  terme,  mais  fut  particulièrement  laborieux,  et  l'en- 
fant ne  fut  extrait  qu'à  la  troisième  application  du  forceps.  Il  élail 
en  état  de  mort  apparente  et  les  jours  suivants  eut  des  convul- 
sions. A  l'examen  les  membres  inférieurs  paraissent  normaux  à 
l'état  de  repos,  mais  si  l'enfant  est  mis  debout  ils  deviennent  aussi- 
tôt rigides  et  les  pieds  se  mettent  en  varus  équin  ;  les  réflexes  pa- 
tellaires  sont  très  exagérés;  il  y  a  du  clonus  du  pied  ;  cette  rigidité 
se  produit  sous  rinfiuence  d'une  piqûre,  d*une  émotion  quelconque: 
au  niveau  des  membres  supérieurs  la  rigidité  existe,  mais  est 
beaucoup  moins  accentuée,  surtout  à  gauche  ;  pas  de  troubles  de 
la  sensibilité  ni  des  sphincters;  le  faciès  est  hébété  et  stupiiie;  le 
crftne  est  déformé,  il  présente  un  aplatissement  des  bosses  fron- 
tales et  une  saillie  de  la  région  occipitale.  Cette  observation  montre 
que  la  maladie  de  Little  peut  être  due  seulement  à  un  accouche- 
ment laborieux,  et  tend  à  faire  prévaloir  l'opinion  de  Ross,  Wol- 
ters  et  Oster  qui  admettent  la  prédominance  des  lésions  cérébrales 
sur  les  lésions  médullaires,  les  lésions  du  faisceau  pyramidal  n'in- 
tervenant que  consécutivement  à  celles  de  la  corticalité. 

Etat  des  cellules  nerveuses  chez  un  épileptique  mort  en  état  de  mal. 

MM.  A.  RisPAL  (de  Toulouse)  et  D.  Angladb  (de  Toulouse),  rap- 
portent l'observation  d'un  sujet  mort  en  état  de  mal  épileptique, 
après  avoir  présenté  toutes  les  grandes  manifestations  physiques  et 
psychiques  de  la  névrose.  Son  système  nerveux  a  été  étudié  par  les 
méthodes  de  Nissl  et  de  Golgi.  Dans  les  régions  cervicale  et  lom- 
baire de  la  moelle,  les  cellules  radiculaires  ont  été  reconnues  nor- 
males. De  même  les  cellules  des  noyaux  du  bulbe.  Dans  le  cerve- 
let, les  cellules  dePurkinje  sont  généralement  saines.  C'est  à  peine 
si  quelques-unes  sont  le  siège  d'un  processus  de  chromatoiyse  peu 
accusé  et  encore  moins  caractéristique.  Dans  le  cerveau,  les  lésions 
sont  très  importantes.  Les  cellules  pyramidales  ont  perdu  leur 
forme  et  leur  volume.  On  les  voit  souvent  avec  un  corps  boursou- 
flé, vacuoli&é,  duquel  se  détache  un  prolongement  filiforme  et  tor- 
tueux. Parfois,  au  contraire,  le  volume  du  corps  est  tellement  ré- 
duit et  le  prolongement  protoplasmique  principal  si  augmenté  de 
volume,  qu'il  est  impossible  de  dire  où  finit  Tun  et  où  commence 
l'autre.  La  substance  chromatique  et  la  trame  chromatique  sont 


SOCIBTKS  SAVANTBS.  259 

délroites  en  partie.  Mais  la  lésion  principale  que  les  préparations 
foot  ressortir  avec  évidence,  c'est  lïnvasion  des  cellules  par  des 
corpuscules  apparemment  névrogliques  ;  c'est  surtout  le  développe- 
ment de  ceux-ci  aux  dépens  de  la  cellule  qu'ils  envahissent  :  sorte 
de  phagocytose  d'origine  névroglique  dont  quelques-unes  des 
phases  s'observent  bien  sur  coupe. 

Oq  ne  peut  pas  dire  si  celte  phagocytose  précède  ou  suit  la  mort 
delà  cellule.  En  outre,  celte  phagocytose  n'est  pas  spéciale  au  cer- 
veau des  épileptiques.  Elle  a  été  observée  à  un  degré  beaucoup 
moindre,  il  est  vrai,  chez  les  déments  complets  dont  le  système 
nerveux  était  le  siège  d'altérations  profondes. 

Organisation  des  asiles  publics  d'aliénés;  par  le  D' Daniel  Brunbt. 

MM.Marandon  de  Montyel,  Sérieux,  Toulouse,  Le  Filliâtre  conti- 
oaent  leurs  attaques  contre  Torganisation  actuelle  des  asiles, 
demandant  la  séparation  des  fonctions  de  directeur  et  de  médecin 
en  chef,  Tautonomie  des  médecins  adjoints,  Taugmentation  du 
nombre  des  médecins  en  chef,  des  modiGcations  dans  la  construc- 
tion des  bâtiments  et  des  murs  de  clôture,  la  mise  en  vigueur  de 
l'opendoor.  Ces  questions  ont  déjà  longuement  été  examinées  aux 
congrès  de  Nancy  et  de  Toulouse  et  à  la  Société  médico-psycholo- 
gique; mais  comme  on  désire  qu'elles  soient  de  nouveau  soumises 
au  Congrès  d'Angers,  je  m'empresse  de  déférer  à  ce  désir.  Pour 
mon  compte  personnel,  je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  ce  que  la 
discussion  soit  aussi  longue,  aussi  étendue  qu'on  le  voudra,  à  la 
condition  toutefois  qu'elle  ne  dégénère  plus  en  accusations  aussi 
injarieuses  qu'imméritées  contre  les  directeurs-médecins,  qu'elle 
revote  toujours  des  formes  parlementaires,  un  caractère  courtois 
comme  cela  doit  exister  entre  collègues. 

La  réunion  ou  la  séparation  des  fonctions  de  directeur  et  de  mé- 
decin en  chef  est  une  question  d'opportunité;  en  principe  la  réu- 
nion vaut  mieux,  mais  elle  n'est  pas  toujours  possible  :  elle  vaut 
mieux  parce  que,  quelle  que  soit  la  délimitation  qu'on  établisse  ' 
entre  ces  deux  sortes  de  fonctions,  elle  assurera  toujours  une  plus 
grande  unité,  une  meilleure  harmonie  de  tous  les  services,  que  seule 
elle  permet  d'instituer  largement  le  travail  des  aliénés,  qui  est  un 
des  plus  puissants  moyens  de  guérison  de  la  folie  quand  elle  est 
curable,  et  de  son  amélioration  quand  elle  ne  présente  aucune 
chance  de  guérison;  qu'elle  facilite  la  réalisation  de  toutes  les 
conditions  hygiéniques  nécessaires  au  bien-être  des  malades,  de 
toutes  les  améliorations  dont  sont  susceptibles  les  asiles,  qu'enfin 
elle  est  beaucoup  plus  économique,  condition  qu'on  me  parait  trop 
dédaigner. 

L'organisation  du  travail  des  aliénés  est  très  difficile,  ne  peut 
être  qu'imparfaite  lorsque  les  fonctions  de  directeur  et  de  médecin 


260  SOCIBTBS   SAVANTES. 

sont  séparées,  parce  que  les  ateliers,  rexploitation  agricole  et  ma- 
raîchère, les  préposés  des  services  généraux  dépendent  du  premier 
fonctionnaire,  tandis  que  les  inGrmiers  et  les  aliénés  sont  placés 
sous  Tautorité  du  second.  Les  dissentiments, les  luttes  continuelles 
entre  les  directeurs  et  les  médecins  sont  inévitables  et  trop  con- 
nus pour  que  j'y  insiste  ;  personne  ne  les  nie  d'ailleurs. 

Pour  les  prévenir  on  demande  l'augmentation  des  attribulious 
des  médecins  et  la  diminution  de  celles  des  directeurs,  de  manière 
que  ceux-ci  perdent  Tautorité  prépondérante  qu'ils  possèdeat 
actuellement.  Cette  augmentation  est  juste  et  possible  dans  une 
certaine  mesure  et  je  ne  vois  aucun  inconvénient  à  ce  qu  on  donne 
par  exemple^  toute  la  police  médicale  aux  médecins  qui  en  ont 
déjà  la  plus  grande  partie,  mais  enlever  aux  directeurs  la  police 
générale  et  nen  faire  que  des  administrateurs  placés  en  sous-ordre 
et  sous  le  contrôle  du  service  médical  me  semble  difficile. 

Les  directeurs  resteront  toujours  responsables  de  la  gestion 
llnaucière  et  économique,  quoi  qu'on  fasse,  et  cette  responsabilité 
ne  peut  exister  sans  une  assez  grande  autorité  qui  suffira  pour  les 
placer  au-dessus  des  médecins,  du  moins  en  province,  où  les  con- 
seils généraux  se  préoccupent  plus  des  intérêts  économiques  des 
départements  que  des  intérêts  moraux  des  aliénés. 

Les  fonctions  de  directeur  et  de  médecin  me  paraissent  devoir 
être  réunies  partout  où  une  seule  personne  peut  s'acquitter  du  ser- 
vice médical.  Cette  réunion  doit  être  maintenue  dans  les  asiles  où 
elle  existe  actuellement  et  pourrait  être  établie  avec  beaucoup 
d'avantages  dans  les  asiles  du  Mans,  de  Cadillac  et  de  Bordeaux. 
On  objecte  à  cette  réunion  que  le  temps  consacré  aux  fonctions 
administratives  ne  laisse  plus  aux  directeurs-médecins  le  temps 
nécessaire  pour  se  permettre  de  s'acquitter  d'une  manière  conve- 
nable du  service  médical,  de  faire  des  travaux  scientifiques  ;  que 
mus  par  des  sentiments  purement  personnels  ils  subordonnent  les 
intérêts  des  aliénés  à  ceux  des  départements,  pour  satisfaire  aux 
désirs  des  autorités  dont  ils  dépendent. 

Ces  accusations  sont  complètement  fausses.  Je  suis  resté  trente- 
quatre  ans  directeur-médecin  des  asiles  départementaux  de  la 
Côte-d'Or,  de  la  Nièvre,  de  la  Charente  et  de  l'Eure,  et  j'afûrrae 
n'avoir  pas  consacré  en  moyenne  plus  d'un  quart  d'heure  par  jour 
à  mes  fcmctions  administratives,  celles-ci  ne  consistant  qu'en  un 
travail  de  direction  et  de  surveillance,  puisque  le  travail  matériel 
peut  être  fait  et  doit  être  fait  par  les  employés  du  secrétariat,  à 
part  quelques  signatures  à  donner. 

La  surveillance  de  l'économat  et  de  la  recette  ne  doit  être  exer- 
cée que  raremeent;  ce  qu'il  importe  à  un  directeur,  c'est  de  bien 
connaître  la  comptabilité  qui  concerne  cette  double  gestion ,  de 
pouvoir  en  vérifier  tous  les  détails  quand  il  le  juge  nécessaire,  afin 
que  le  receveur  et  l'économe  sachent  bien  qu'ils  peuvent  être  ins- 


SOCIETES   SAVANTES.  361 

pectés  à  chaque  instant  par  lui.  Il  surveille  d'ailleurs  presque  tout 
le  temps,  d'une  manière  presque  inconsciente,  le  service  de  i'éco- 
nomat,  en  s*occupant  du  service  médical,  et  la  recette  est  sous  la 
responsabilité  du  trésorier-payeur  général  qui  en  vérifie  souvent 
les  écritures  et  la  comptabilité.  Que  des  malversations  se  produi- 
sent trop  souvent  de  la  part  du  receveur  et  de  l'économe,  cela  est 
iacontestable  et  tient  à  ce  que  Tadministration  supérieure  ne 
montre  pas  assez  de  sévérité  envers  les  coupables  quand  on  les  dé- 
couvre ;  mais  il  est  rare  que  des  reproches  soient  adressés  à  cet 
égard  aux  directeurs,  qui  n'y  peuvent  rien.  Quant  à  Texploitation 
maraîchère  et  agricole,  qu*on  considère  comme  si  absorbante, 
elle  est  confiée  à  un  jardinier  et  à  un  chef  de  culture  et  les  direc- 
tears  n'ont  à  s'en  occuper  que  pour  indiquer  les  récoltes  qu'ils  dé- 
sirent. Il  me  semble  nécessaire  qu'un  directeur  ait  quelques  no- 
tions de  culture  afin  qu'il  puisse  constater,  quand  il  se  promène 
dans  la  propriété  de  l'établissement,  si  elle  est  en  bon  état  d'entre- 
tien; mais  ces  notions  sont  courtes  et  faciles  à* acquérir. 

L'ennui  réel,  presque  unique  des  fonctions  administratives,  con- 
siste dans  l'exercice  de  la  police  générale  et  de  la  police  médicale 
et  comme  il  est  en  grande  partie  réclamé  avec  beaucoup  d'ins- 
tances par  les  médecins  qui  attaquent  l'organisation  actuelle,  sMl 
Tient  à  leur  être  accordé,  ils  auront  les  préoccupations  de  la  réu- 
nion des  fonctions  sans  en  avoir  les  avantages. 

Un  directeur-médecin  peut  facilement  s'acquitter  convenable- 
ment de  toutes  ses  fonctions  sans  y  consacrer  ordinairement  plus 
de  trois  à  quatre  heures  par  jour.  J'ai  connu  beaucoup  de  direc- 
teurs-médecins et  aucun  d'eux  n'a  jamais  subordonné  les  intérêts 
des  aliénés  à  ceux  des  départements,  comme  on  les  en  accuse  et 
ils  consacrent  tous  leurs  efforts  à  les  défendre  ;  quand  il  s'agit  par 
exemple  de  réduire  le  prix  de  journée  de  ces  malades,  ils  luttent 
toujours  contre  les  préfets  et  les  conseils  généraux  avec  la  certitude 
de  déplaire,  avec  le  risque  de  compromettre  leur  situation.  Les 
économies  qu'ils  réalisent  n'ont  qu'un  but  :  ramélioration  des 
conditions  hygiéniques  des  aliénés  qu'on  leur  refuserait  sans  elles. 
On  objecte  encore  à  la  réunion  des  fonctions  que  quelques  méde- 
cins sont  incapables  de  remplir  des  fonctions  administratives. 
Cela  est  exact,  et  pendant  mon  internat  à  Gharenton,  M.  Calmeil, 
l'aliéniste  le  plus  éminent  de  notre  siècle,  nous  répétait  souvent  et 
avec  raison,  qu'il  aurait  fait  un  très  mauvais  directeur.  Ce  fait 
proave  seulement  qu'avant  de  nommer  directeurs-médecins  les 
personnes  qui  sollicitent  ces  fonctions,  il  est  nécessaire  de  s'assu- 
rer qu'elles  possèdent  les  aptitudes  nécessaires  pour  les  remplir  et 
qae  celles  qui  ne  les  possèdent  pas,  doivent  se  consacrer  unique- 
ment aux  fonctions  de  médecin  en  chef,  qui  aujourd'hui  sont  assez 
nombreuses.  Ce  sont  les  hommes  qui  doivent  s'adapter  aux  fonc- 
tions et  non  les  fonctions  aux  hommes. 


262  80CIBTBS  SAVANTBS. 

La  légère  perte  de  temps  occasionnée  par  les  fonctions  de  direc- 
teur est  bien  compensée  par  l'allégement  apporté  au  senricè 
médical  par  les  employés  de  la  direction.  A  Tasile  d*Erreux  où  le 
recrutement  des  internes  est  presque  impossible  comme  dans  tous 
les  établissements  éloignés  des  facultés  et  des  écoles  de  médecine 
où  sont  aujourd'hui  obligatoires  le  stage  et  les  exercices  pratiques 
des  étudiants  en  médecine,  un  employé  était  chargé  de  tenir  les 
cahiers  de  visite,  m'aidait  à  rédiger  les  observations  médicales,  à 
faire  les  bulletins  médicaux,  les  rapports  semestriels,  les  statis- 
tiques, le  rapport  médical  annuel,  etc.,  travaux  dont  j'eusse  été 
obligé  de  m'acquitter  seul  si  je  n'eusse  été  que  médecin  en  chef .  Si 
en  province  les  directeurs  médecins  ne  font  pas  toujours  beaucoup 
de  travaux  scientifiques,  cela  tient  à  ce  qu'ils  n'ont  pas  les  mêmes 
facilités,  la  même  émulation  pour  les  produire  et  les  publier  qu'à 
Paris,  qu'ils  manquent  de  bibliothèques,  de  laboratoires,  de  jour- 
naux de  sociétés  scientifiques;  mais  ce  n'est  certes  pas  le  temps 
qui  leur  manque. 

La  réunion  des  fonctions  administratives  et  médicales  parait 
aujourd'hui  plus  nécessaire  que  jamais.  On  a  émis  le  vœu  à  la  pré- 
cédente Chambre  des  députés  que  les  directeurs-médecins  fussent 
nommés  par  l'autorité  préfectorale  comme  le  sont  les  médecins  et 
il  est  possible  que  ce  vœu  soit  renouvelé  et  adopté  par  la  chambre 
actuelle.  Les  directeurs  médecins,  par  suite  de  leur  qualité  de 
médecins,  conserveront  peut-être  encore  alors  une  certaine  indé- 
pendance tandis  que  les  directeurs  laïques  ne  seront  plus  que  de 
simples  chefs  de  bureaux  des  préfets  qui  administreront  complète- 
ment les  asiles  et  annihileront  l'influence  médicale,  sans  qu'aucun 
recours  soit  possible. 

Admettre  l'autonomie  des  médecins  adjoints  dans  les  asiles  admi- 
nistrés par  des  directeurs  médecins  c'est  admettre  la  séparation  des 
fonctions,  car  il  n'y  a  entre  un  médecin  en  chef  et  un  médecin 
adjoint  autonome,  chef  de  service,  d'autre  différence  que  le  nom 
et  le  traitement.  Les  médecins  assistants  qui  secondent  à  l'étranger 
les  directeurs  médecins  des  asiles  d'aliénés  ne  sont  pas  autonomes 
comme  on  l'a  prétendu.  J'ai  constaté  en  Suisse  ce  fait  qui  vient  de 
m'ôtre  conGrmé  par  M.  Ladanne. 

Non  seulement  on  réclame  à  cor  et  à  cris  la  séparation  des  fonc- 
tions de  directeur  et  de  médecin  en  chef,  mais  on  demande  en 
même  temps  l'augmentation  du  nombre  des  médecins  qui  ne  de- 
vraient pas  avoir  à  traiter  plus  de  100, '200  ou  300  aliénés. 

Le  nombre  des  médecins  doit  être  moins  subordonné  à  la 
moyenne  quotidienne  des  aliénés  qu'au  total  des  admissions 
annuelles  :  pour  cette  raison  les  asiles  de  la  Seine  où  elles  attei- 
gnent un  chiffre  très  élevé,  souvent  égal  à  celui  de  ia  population 
moyenne,  ne  sauraient  être  comparés  aux  asiles  de  province  où 
elles  sont  beaucoup  plus  faibles.  Aucun  de  ces  derniers  asiles  n  en 


SOCIETES  SAVANTES.  263 

a  autant  que  le  plus  petit  établissement  de  la  Seine,  celui  de  Vau- 
close  où,  sans  compter  la  colonie  agricole  composée  d'individus 
atteints  d'idiotie,  on  traite  1600  aliénés  environ  dont  la  moitié  sont 
admis  dans  Tannée.  On  peut  donc,  sans  être  inconséquent  avec 
soi-même,  approuver  la  séparation  des  fonctions  dans  cet  asile  et 
rejeter  celle  des  établissements  d'Ëvreux,  de  Quatre-Mares,  de 
Baillent,  de  Saint-Yon,  qui  ont  plus  de  lits  mais  dont  aucun  n*a 
300  admissions.  Les  deux  asiles  de  province  où  celles-ci  atteignent 
le  chiffre  le  plus  élevé,  sont  ceux  de  Lyon  où  elles  ont  été  en  1897, 
de  513  et  celui  de  Marseille  où  il  y  en  a  eu  504;  bien  que  très  infé- 
rieures à  celles  de  l'asile  de  Vaucluse  elles  me  semblent  encore  suf- 
fisantes, jointes  à  l'élévation  de  la  population  moyenne,  pour  justi- 
fier la  séparation  des  fonctions  de  directeur  et  de  médecin  et  la 
nomination  de  deux  médecins  en  chef. 

La  réunion  des  fonctions  me  semble  impossible  dans  les  asiles 
de  Montdevergues,  de  Maréville  et  de  Clermont,  en  raison  du 
chiffre  considérable  de  la  population  moyenne  et  du  grand  nombre 
des  pensionnaires  qui  y  sont  traités.  Si  l'augmentation  des  aliénés 
continue  à  progresser  à  Saint-Yon  et  à  Bailleul,  la  séparation  des 
fonctions  deviendra  peut-être  nécessaire  dans  ces  asiles  ;  au  lieu 
d'admettre  cette  séparation  il  me  semblerait  préférable  de  cons- 
truire un  pensionnat  bisexué  pour  le  département  de  la  Seine- 
Inférieure  et  pour  celui  du  Nord,  et' de  consacrer  uniquement  aux 
indigents  les  asiles  actuels  de  ces  départements. 

La  construction  de  ces  pensionnats  n'aurait  que  des  avantages 
même  au  point  de  vue  économique  en  augmentant  le  nombre  des 
pensionnaires  qui  seraient  placés  dans  de  meilleures  conditions  de 
bien-être  et  par  suite  les  bénéflces  de  ces  départements.  La  réunion 
des  indigents  et  des  pensionnaires  dans  un  même  asile  a  beaucoup 
d'inconvénients  sous  tous  les  rapports,  ces  deux  catégories  de  ma- 
lades qu'il  est  ordinairement  impossible  d'isoler  complètement, 
o'ayant  ni  les  mêmes  goûts,  ni  les  mêmes  habitudes,  ni  la  même 
éducation,  étant  soumis  à  un  régime  alimentaire  différent,  ce  qui 
complique  beaucoup  le  service.  On  a  commis  une  faute  en  créant 
dans  les  asiles  publics  d'aliénés  de  Clermont  et  de  Ville-Ëvrard  des 
pensionnats  importants  qui  ne  pourront  jamais  prendre  une  grande 
importance. 

L'asile  d'Evreux,  qui  a  900  lits,  dont  la  population  moyenne 
quotidienne  varie  de  850  à  870  aliénés,  mais  qui  n'en  reçoit  pas 
chaque  année  140,  exige .  moins  de  travail  qu'un  service  de  la 
Seine  de  350  lits,  qui  a  plus  de  300  admissions  annuelles.  Gela  est 
facile  à  prouver  en  comparant  le  mouvement  de  la  population  de 
cet  asile  à  celui  de  ce  service  pendant  une  certaine  période  de 
temps,  de  1888  à  1897  par  exemple.  Au  commencement  de  cette 
période  l'asile  d'Evreux  avait  855  aliénés  ;  pendant  sa  durée  il  en  a 
reçu  4234  ce  qui  porte  le  nombre  des  malades  traités  à  2,089  tandis 


264  SOCIÉTÉS  8AVANTB8. 

que  celai  du  service  de  la  Seine  aura  été  de  3,000  en  portant  le 
nombre  des  admissions  de  chaque  année  seulement  à  300.  Non 
seulement  les  aliénés  traités  auront  été  plus  nombreux  dans  ce 
service,  mais  ils  auront  exigé  beaucoup  plus  de  temps,  beaucoup 
plus  de  soins,  indépendamment  de  leur  nombre  parce  qn*il  y  en 
aura  eu  Sj'TOO  de  reçus  pendant  cette  période  qu*il  aura  fallu 
étudier  longuement,  pour  lesquels  il  aura  été  nécessaire  d'établir 
des  pièces  d'admission,  de  rédiger  de  nouvelles  observations  et 
qae  la  thérapeutique  à  leur  égard  aura  dû  être  plus  active  puisque 
sur  100  guérisons85  à  90  ont  lieu  la  première  année.  Les  anciens 
malades  demandent  beaucoup  moins  de  travail;  leurs  observations 
n'ont  besoin  d'être  complétées  que  par  quelques  notes,  les  modifica- 
tions de  leur  état  mental  sont  moins  nombreuses  et  les  rares  guéri- 
sons  qu*on  observe  chez  eux  s'obtiennent  plus  par  le  calme,  le 
travail,  des  distractions,  quelques  moyens  hydrothérapiques,  des 
congés,  des  sorties  provisoires  que  par  des  médicaments. 

M.  Le  Filifttre,  qui  devait  faire  une  communication  au  congrès, 
et  que  je  regrette  de  ne  pas  voir  ici,  réclame  dans  un  article  publié 
l'année  dernière  par  la  Tribune  médicale  pour  un  asile  de  800  ma- 
lades: 

8  médecins  en  chef  avec  un  traitement  de  8.000  fr.  =  64.000  fr. 

8  médecins  assistants  —  3.000  fir.  =  24.000  -> 

8  internes,  docteurs  en  médecine  ou  n'ayant  plus  que 

leur  thèse  à  passer 2.000  fr.  =  46.000  — 

Total 104.000  fr.' 

Un  asile  ainsi  dirigé  ne  serait  plus,  dit-il,  une  fabrique  d'incu- 
rables, guérirait  au  moins  200  malades,  le  quart  de  ceux  qui  y 
seraient  traités  et,  comme  leur  prix  de  revient  est  de  2  francs  par 
jour,  ces  200  cas  de  guérison  produiraient  une  économie  de 
146.000  francs,  supérieure  par  conséquent  de  42.000  francs  à  ia 
dépense.  Ce  système  qu'il  préconise  également  pour  les  asiles  de 
province  et  pour  ceux  de  la  Seine,  est  beaucoup  plus  erroné  pour 
les  premiers  que  pour  les  seconds,  comme  je  vais  le  démontrer. 

M.  Le  Filliàtre  augmente  les  recettes  de  ses  asiles  et  en  diminue 
les  dépenses  en  sorte  qu'au  lieu  de  se  trouver  en  excédent  son 
budget  présente  un  déficit  important. 

Dans  ses  dépenses  il  ne  compte  pas  les  avantages  en  nature  de 
son  personnel  médical  qui,  avec  la  valeur  locative  du  logement 
dépassant  le  quart  du  traitement  en  argent,  s'élève  au  moins  à 
26.000  francs,  ce  qui  porte  la  dépense  totale  de  104.000  francs 
à  130.000  francs.  Dans  les  asiles  de  province  le  prix  de  revient  de 
la  journée  des  indigents  n'est  pas  de  2  francs,  comme  le  pense 
M.  Le  Fillifttre  et  comme  il  l'est  réellement  dans  ceux  de  la  Seine; 
il  n'atteint  même  pas  1  franc,  d'où  diminution  de  moitié  de  ses 
recettes  qui  de  146.000  francs  tombent  à  73.000  francs.  Ses  dé- 


SOCIBTBS   SAVANTB8.  265 

penses  étaut  de  130.000  francs  dépassent  donc  ses  recettes  de 
57.000  francs  aa  lien  de  leur  ôtre  inférieure  de  42.000  francs, 
comme  il  le  suppose.  En  outre  son  chiffre  de  200  guérisons  n*esl 
appuyé  sur  aucune  preuve,  est  très  exagéré.  A  Tasile  d'Evreux  par 
exemple  où  Ton  ne  reçoit  par  an  que  137  aliénés  sur  lesquels  il  n'y 
a  que  80  cas  de  folie  récente,  qui  ne  sont  pas  même  tous  suscep- 
tibles de  guérison,  comment  pourra-t-il  guérir  200  malades  ?  Et 
pois,  le  diviser  en  huit  divisions  serait  jeter  partout  le  désordre, 
rendre  toute  classiûcation  impossible,  mêler  ensemble  toutes  les 
formes  de  Taliénation  mentale,  et  cette  confusion  loin  d'accroitre 
le  bien-être  des  malades,  d'augmenter  leurs  chances  de  guérison, 
aggraverait  leur  état  mental. 

M.  Marandon  de  Montyel  propose  de  supprimerjdans  la  construc- 
tioD  des  asiles,  les  galeries  couvertes  et  de  remplacer  par  des  grilles 
les  murs  avec  sauts-de-loup  des  préaux.  Je  crois  que  les  galeries 
présentent  beaucoup  d'avantages  pour  le  service  du  personnel 
médical  de  surveillance  aussi  bien  que  pour  les  aliénés  et  qu*on 
peut  remédier  aux  inconvénients  qu'elles  présentent  actuellement 
en  substituant  aux  arcades  en  pierre  trop  massives  des  coionnettes 
en  fer  ou  en  fonte,  et  à  la  toiture  de  zinc,  de  tuile  ou  d'ardoise 
une  couverture  en  verre  qui  n'enlève  aucune  lumière  aux  salles  du 
rez-de-chaussée  contre  lesquelles  elles  sont  adossées.  Pour  empêcher 
\ts  sauts-de-loup  d*être  dangereux  et  malpropres,  il  suffit  d*avoir 
des  préaux  suffisamment  grands,  comme  ceux  de  la  partie  anté- 
rieure de  l'asile  d'Evreux  qui  ont  une  longueur  de  65  mètres,  pour 
permettre  de  leur  donner  une  pente  très  légère  et  d'y  semer  du 
gazon.  Les  grilles  sont  plus  faciles  à  escalader  que  des  murs,  à 
cause  des  barreaux  Iransverses  qui  relient  entre  eux  les  barreaux 
verticaux,  lesquels  barreaux  peuvent  servir  en  outre  de  moyens  de 
pendaison  et  il  est  plus  agréable  de  pouvoir  regarder  la  campagne 
librement  qu'à  travers  une  grille. 

Les  cellules  étroites,  à  plafond  bas,  devraient  être  remplacées 
par  des  chambres  d'isolement  cubant  environ  35  mètres.  Je  crois 
qae  nulle  part,  à  moins  de  cas  exceptionnels,  elles  ne  sont  em- 
ployées comme  habitations  de  jour;  mais,  tous  les  aliénés  qui 
poussent  des  cris,  font  du  bruit  la  nuit,  devraient  y  coucher  et  je 
ne  conçois  pas  qu'on  puisse  placer  des  malades  en  traitement,  qui 
ODt  besoin  de  calme  et  de  repos,  dans,des  dortoirs  où  ne  règne  pas 
ane  tranquillité  complète.  Pour  satisfaire  à  cette  indication  très 
importante,  j'ai  fait  construire  une  centaine  de  chambres  d'isolé* 
ment  à  Tasile  d'Evreux. 

L'opendoor  qu'on  vante  beaucoup  depuis  quelque  temps  est  un 
système  d'organisation  des  asiles  dans  leqael  tout  ce  qui  est  pratique 
est  ancien  et  tout  ce  qui  est  nouveau  n*est  pas  pratique. 

On  dénigre  trop  au  profit  de  l'étranger  la  patrie  de  Pinel  qui  ne 
mérite  pas  les  blâmes  qu'on  lui  adresse.  Que  tout  soit  parfait  dans 


SOCIBTBS  SAVANTBS. 

nos  établissements,  dans  leur  constrantion,  dans  leur  organisation, 
personne  ne  le  pense  ;  quelques-uns  pourraient  être  détruits  sans 
aucun  regret  et  les  meilleurs  nécessitent  des  améliorations,  mais  il 
ne  s*ensuit  pas  qu'il  faille  tout  détruire  pour  améliorer.  On  réclame 
de  la  liberté,  des  asiles  aux  portes  et  aux  croisées  ouvertes,  pour 
les  aliénés  tranquilles  dont  le  nombre,  je  le  reconnais,  dépasse  la 
moitié  de  ceux  qui  sont  traités.  Il  existe  des  serrures  dans  toutes 
les  maisons  privées  et  c'est  pousser  le  paradoxe  un  peu  loin  qae 
d'en  priver  nos  asiles.  Ces  serrures  me  semblent  nécessaires  dans 
les  asiles  bisexués  pour  éviter  des  relations  entre  les  deux  sections, 
pour  alléger  la  surveillance  qui  ne  doit  pas  toujours  être  sur- 
menée. 

Les  grillages  des  croisées  ont  été  condamnés  il  y  a  plus  de 
cinquante  ans  par  Parchappe  qui  a  oublié,'pour  éviter  les  suicides, 
de  placer  les  infirmeries  et  les  quartiers  d'observations  au  rez-de- 
chaussée.  Les  asiles  de  Niort,  de  Limoges  et  de^Breuty,  construits 
d*après  son  programme,  ont  des  croisées  entièrement  libres.  Les 
malades  tranquilles  jouissent  de  la  plus  grande  liberté  dans  les 
asiles  de  province  bien  organisés.  Ils  travaillent  dans  de  vasles 
propriétés  sans  murs  de  clôture  situées  ordinairement  autour  des 
établissements  en  étant  distants  quelquefois  de  plusieurs  kilomètres 
comme  celui  de  la  Charité-sur-Loire  sous  la  direction  de  chefs  de 
culture,  de  chefs  d'ateliers,  n'exerçant  sur  eux  presque  aucune 
surveillance. 

A  Tasile  d'Evreux,  les  dimanches  et  jours  fériés  ils  vont  eo  pro- 
menade toute  la  soirée;  ils  prennent  du  café, fument  des  cigares, 
achètent  des  gâteaux;  ils  sont  conduits  aux  fêtes  et  aux  foires 
locales,  déjeunent  et  dînent  avec  la  fanfare  de  Tasile  plusieurs  fois 
par  an  à  la  campagne;  pendant  la  foire  de  Saint-Taurin  qui  dure 
quinze  jours  on  y  envoie  chaque  jour  un  certain  nombre  d'aliénés 
et  ils  assistent  tous  à  une  représentation  du  cirque  au  nombre  de 
plus  de  400. 

Les  promenades,  les  collations  avec  les  parents,  les  congés,  les 
sorties  provisoires,  les  visites  fréquentes,  je  n'ai  jamais  cessé  de 
les  autoriser  pendant  les  trente-huit  ans  que  je  suis  resté  médecin 
en  chef  préposé  responsable,  ou  directeur  médecin. 

Les  visites  tous  les  jours  et  à  toute  heure  de  la  journée  ne  me 
paraissent  pas  compatibles  avec  l'ordre  qui  doit  régner  dans  un 
grand  établissement.  Pour  les  incurables,  deux  jours  de  visites  par 
semaine,  comme  cela  existe  partout,  me  paraissent  suffisants;  et 
quant  aux  malades  susceptibles  de  guérison,  pour  lesquels  elles 
peuvent  être  plus  fréquentes,  elles  doivent  être  toujours  surveillées 
avec  soin  par  le  service  médical  pour  ne  'pas  aggraver  leur  étal 
mental,  comme  je  l'ai  vu  arriver  quelquefois. 

La  liberté  d'écrire  peut  être  illimitée  pour  les  malades  curables, 
mais  me  semble  devoir  être  restreinte  k  un  ou  deux  jours  par 


S00IBTR8  SAVANTBS.  267 

semaine  pour  les  incurables.  J'ai  renoncé  à  la  douche  de  punition 
il  7  a  trente-deux  ans,  parce  que  j'avais  vu  des  internes  remployer 
avec  trop  de  violence,  et  déterminer  des  accidents  graves  ;  elle  a 
été  supprimée  il  y  a  quelques  années  dans  tous  les  asiles  par  une 
circulaire  ministérielle. 

Je  ne  saurais  admettre  de  grands  asiles  composés  de  villas  dis- 
posées en  forme  de  village,  avec  boulevards,  places  publiques, 
cafés  abstinents,  débits  de  tabac,  tramways,  et  je  préfère  beau- 
coup de  petits  établissements  situés  au  milieu  de  propriétés  d*une 
soixantaine  d'hectares,  avec  de  très  grands  préaux,  ayant  tous  vue 
sur  la  campagne  au  moins  par  un  de  leurs  côtés,  pouvant  contenir 
de  4  à  600  aliénés  suivant  le  nombre  des  admissions  et  adminis- 
trés par  un  directeur  médecin  aidé  de  deux  internes  qui  devraient 
être  docteurs  en  médecine^ou  n'avoir  plus  que  leur  thèse  à  passer. 

Le  non-restreint  doit  être  appliqué  aussi  largement  que  pos- 
sible, mais  il  ne  peut  pas  Têtre  d'une  manière  absolue  et  il  ne  l'est 
nulle  part.  A  l'asile  d'Ëvreux  il  existe,  dans  la  section  dès  hommes, 
deux  jeunes  dégénérés  atteints  de  débilité  mentale,  sans  épilepsie, 
dont  Tun  est  frappé  d'hémiplégie  survenue  peu  de  temps  après  sa 
naissance,  qui  présentent  une  telle  surexcitation  de  l'instinct  des- 
tructeur, qu'ils  ne  peuvent  rester  quelques  heures  les  mains  libres, 
sans  déchirer  leurs  vêtements,  sans  casser  les  carreaux  des  croisées 
et  tous  les  objets  qui  se  trouvent  à  leur  portée.  Celui  qui  est  atteint 
de  rhémiplégie  a  conscience  de  ses  impulsions  irrésistibles,  ne  veut 
pas  qu'on  lui  laisse  les  mains  libres.  L'autre  non  seulement  brise 
et  déchire  tout,  mais  il  frappe  en  môme  temps  d'une  manière 
violente  les  infirmiers  quand  il  a  la  liberté  de  tous  ses  mouve- 
ments. Dans  la  section  des  femmes,  une  débile  et  une  idiote  se 
livrent  toute  la  journée,  sur  elles-mêmes  ou  avec  leurs  com- 
pagnes, à  l'onanisme  :  les  laissera-t-on  démoraliser  ainsi  toute  une 
division  ? 

Il  est  certain,  comme  l'a  dit  M.  Doutrebente,  que  l'envoi  des 
aliénés  des  asiles  de  la  Seine  dans  ceux  de  province  est  un  obstacle 
à  l'emploi  du  non-restreint  dans  ces  derniers.  M.  Marandon  de 
Montyel  lui  a  répondu  que  les  médecins  ne  désignaient  pas  les 
aliénés  destinés  à  être  transférés,  que  ceux-ci  étaient  choisis  uni- 
quement parmi  ceux  qui  recevaient  peu  ou  pas  de  visites  de  leurs 
parents  ou  de  leurs  amis.  Cette  réponse  n'est  pas  fondée;  on  sait 
qu'ordinairement  les  visites  deviennent  de  moins  en  moins  fré- 
quentes, à  mesure  que  l'ancienneté  de  l'aliénation  mentale  aug- 
mente; qu'au  bout  de  quelques  années,  lorsque  la  maladie  ne 
présente  plus  de  chances  de  guérison,  elles  sont  très  rares,  si  même 
elles  ne  cessent  pas  tout  à  fait.  Or,  c'est  parmi  les  incurables  qui 
peuvent  être  choisis  ordinairement,  qu'on  rencontre  les  malades 
les  plus  incoercibles,  les  dégénérés  à  perversion  instinctive,  cer^ 
tains  maniaques  chroniques  qu'aucun  traitement  ne  peut  calmer 


VARIA. 


En  terminant  cette  communication,  je  ne  puis  m*empècher  de 
renouveler  le  vœu  déjà  si  souvent  émis,  que  chaque  département 
ait  un  asile  pour  ses  aliénés  et  que  celui  de  la  Seine  construise  assez 
d'établissements  pour  ne  pas  être  dans  Tobligation  douloureuse 
d'envoyer  la  moitié  des  siens  dans  ceux  de  province.       (A  suivre.) 


VARIA. 


Lb  patronage  familial  dans  les  villages  Zotzmanrkaja,  Kamenka 
KT  Krasnopolie  (gouvemoment  d'Ekateriuosiaw)  ;  par  D.  Sbarskt. 
{Questions  de  neurologie  et  de  psych.  méd,,  t.  II,  1897,  p.  513-S37.) 

L'enquête  faite  par  Fauteur  dans  le  but  de  déterminer  quelle  a 
été  la  situation  des  aliénés  laissés  aux  soins  des  paysans  de  ces 
deux  villages  a  montré  une  fois  de  plus  combien  sont  nombreux 
les  avantages  de  ce  mode  d'assistance  des  aliénés  chroniques.  Le 
nombre  des  malades  patronnés  a  été  de  363  en  trois  ans  ;  là-dessus 
à  la  fin  de  la  troisième  année  255  restaient  aux  villages.  Les  causes 
de  la  réintégration  d'un  certain  nombre  de  malades  à  l'asile  sont 
assez  nombreuses;  la  plus  fréquente  est  )'état  d'excitation  des 
malades;  ensuite  vient  l'impossibilité  pour  les  paysans  peu  aisés 
surtout,  de  garder  les  malades  en  hiver  dans  leurs  pauvres  mai- 
sonnettes (où  il  n'y  a  quelquefois  qu'une  seule  pièce  habitable  el 
où  tout  le  monde  couche  en  hiver)  ;  le  renvoi  pour  cause  de  mau- 
vais traitement  de  la  part  des  hôtes  est  tout  à  fait  exceptionnel  ; 
de  même  que  pour  des  abus  de  boisson  de  la  part  des  malades 
mal  surveillés  où  même  poussés  par  leurs  hôtes  mal  inspirés. 
Malgré  le  régime  presque  exclusivement  végétal  (la  viande  n'est 
servie  que  une  à  deux  fois  dans  les  quinze  jours)  les  trois  quarts  des 
malades  présentent  un  état  de  nutrition  tout  à  fait  bon  ;  dans  le 
quart  qui  reste  il  y  a. beaucoup  de  vieillards. 

Les  affections  dont  les  malades  sont  atteints  sont  :  démence 
secondaire  (près  de  2/5  du  nombre  total),  épilepsie,  idiotie, 
démence  congénitale  et  quelques  autres  variétés  d'aliénation  men- 
tale choisies  parmi  celles  qui  permettent  aux  malades  de  circuler 
assez  librement  parmi  les  sains. 

La  majorité  des  malades  travaillent,  aidant  leurs  hôtes  dans  les 
rudes  travaux  de  campagne  dans  la  mesure  du  possible;  ils  tra- 
vaillent tous  sans  y  être  contraints  et  s*en  trouvent  fort  bien  ;  leur 
vie  les  satisfait  à  tel  point  qu'ils  ne  désirent  nullement  rentrer  à 


VARIA. 

Pasile  (la  majorité  des  malades  patronnés  appartiennent  à  la  classe 
des  agriculteurs).  Les  exemples  d'attachement  des  malades  pour 
leurs  hôtes  et  inversement  ne  sont  pas  rares. 

Les  malades  sont  étroitement  surveillés  par  an  surveillant  qui 
reste  à  demeure  dans  le  village  ;  le  médecin  y  vient  une  fois  par 
semaine  (Pasile  est  à  7  kilomètres  d'un  village  et  à  3  de  Tautre). 

On  surveille  attentivement  la  sphère  sexuelle  chez  les  aliénés; 
en  trois  ans  il  n'y  a  eu  qu'un  cas  de  grossesse  d*une  malade  et  une 
tentative  de  viol  de  la  part  d'un  aliéné. 

En  augmentant  la  surveillance,  l'habitude  de  la  part  des  paysans 
aidant,  on  parviendra  certainement  à  écarter  très  facilement  ces 
quelques  écueils.  Ë.  Margoduès. 

Ce  mode  d'assistance  —  et  non  de  traitement  —  ne  peut  s'appli- 
quer qu'à  une  catégorie  de  malades  choisis  avec  soin.  On  devrait 
recourir  d'abord  au  placement  dans  la  famille  elle-même,  puis 
dans  les  familles  extérieures,  en  choisissant  les  localités  les  plus 
rapprochées  des  asiles.  B. 

Les  aliénés  bn  liberté. 

Un  fou  furieux.  —  Un  journalier,  nommé  Alfred  Gotin,  âgé  de 
cinquante  ans,  demeurant,  62,  rue  de  Paris,  pris  hier  d'un  accès 
de  folie  furieuse,  s'arma  d'une  énorme  barre  de  fer  avec  laquelle 
il  se  mit  à  briser  tout  son  mobilier. 

Quand  son  logement  fut  complètement  démoli, l'aliéné  descendit 
l'escalier  en  couraot  et  pratiqua  la  môme  opération  dans  la  loge 
de  son  concierge.  Celui-ci  s'enfuit  épouvanté  et  courut  prévenir 
des  agents  de  service. 

Mais  dès  que  Gotin  aperçut  les  gardiens  de  la  paix,  il  se  réfugia 
dans  son  logement  où  il  se  barricada  avec  les  débris  de  ses  meubles 
et  reçut  les  agents  à  coups  de  revolver. 

Enfin,  après  une  lutte  acharnée  qui  dura  près  d'une  heure,  on 
parvint  à  s'emparer  du  forcené  qu'il  ne  fallut  pas  moins  de  dix 
hommes  pour  maîtriser  et  ligotter.  M.  Mazurié  a  fait  aussitôt  diriger 
ce  fou  dangereux  sur  l'infirmerie  spéciale  du  Dépôt.  (L'Aurore  du 
4  juillet.) 

Nous  croyons  qu'il  serait  possible  d'éviter  des  scènes  aussi  péni- 
bles et  aussi  dangereuses  en  organisant,  ainsi  que  nousTavons  dit, 
une  escouade  d'infirmiers  et  d'infirmières,  bien  choisis,  instruits, 
habiles  et  spécialement  stylés,  à  l'Asile  clinique  où  l'on  prendrait 
le  personnel  nécessaire  pour  se  rendre  maître  des  malades  de  ce 
genre.  Au  lieu  d'agir  avec  précipitation,  il  serait  préférable  de  tem- 
poriser, tout  en  exerçant  une  surveillance  rigoureuse.  Rappelons 
aussi  la  nécessité  d'avoir  une  voiture  d'ambulance  spéciale.        B. 


FAITS  DIVERS. 


AsiLis  D^ALiiNÉâ.  NominaMons  et  mutations  :  M.  le  D'  Mscifin, 
médecin  en  chef  à  l'asile  d'aliénés  de  Marseille,  est  élevé  à  la  classe 
exceptionnelle  ;  M.  le  D**  Levkt,  médecin  adjoint  à  l'asile  de  Fains, 
est  élevé  à  la  l**'  classe  (14  juin)  ;  M.  le  D' AtAUPAii,  médecin  adjoint 
à  l'asile  d'Armentiéres,  est  élevé  à  la  classe  exceptionnelle 
(27  juin);  M.  Balet,  directeur  de  l'asile  de  Ville-Evrard,  est  élevé  à 
la  classe  exceptionnelle  {i^^  juillet);  M.  Baudard,  directeur  de 
l'asile  de  Vaucluse,  est  élevé  à  la  classe  exceptionnelle  (!•' juillet); 
M.  Raoul,  directeur  de  l'asile  de  Montdevergues,  est  compris  dans 
la  classe  exceptionnelle  (8  juillet)  ;  M.  le  D^  Roux  est  nommé  méde- 
cin adjoint  de  l'asile  de  la  Charité,  place  créée  (8  juillet)  ;  M.  le 
D'  Lkrot,  médecin  adjoint  à  l'asile  d'Évreux,  est  élevé  à  la  i^  classe 
(16  juillet)  ;  M.  le  D^  Pécharman,  médecin  adjoint  à  l'asile  de  Gler- 
mont,  est  élevé  à  la  classe  exceptionnelle  (20  juillet). 

Asile  db  Saint-Robert.  —  Les  fonctions  de  directeur  et  de  méde- 
cin en  chef  ayant  été  disjointes,  M.  Gbx,  chef  de  division  à  la  pré- 
fecture de  l'Isère,  est  nommé  directeur  de  l'asile  puhlic  de  Saint- 
Robert.  M.  le  D'  DuFOOR,  directeur-médecin,  élu  député,  est  admis 
à  faire  valoir  ses  droits  à  la  retraite  par  suppression  d^emploi.  — 
Il  est  très  regrettable  que  celte  place  ait  été  enlevée  aux  médecins. 
Ce  n'est  point  par  des  mesures  de  ce  genre  que  Ton  améliorera  le 
recrutement  du  service  médical  des  asiles. 

Un  assassin  de  quatre- vingt- quatre  ans.  —  Un  drame  vient  de 
se  dérouler  au  village  des  Pradeaux,  près  d'Issoire.  Un  nommé  An- 
toine Vigier,  âgé  de  quatre-vingt-quatre  ans,  a,  dans  un  accès  de 
folie  sénile,  tué  sa  femme,  âgée  de  quatre-vingt-cinq  ans^  et  s'est 
ensuite  fait  justice  en  se  jetant  dans  l'Allier,  où  on  l'a  retrouvé 
mort.  {Le  Soleil  du  30  juillet.) 

Aliéna  criminel.  —  Le  cordonnier  Trood,  qui  avait  commis,  il 
7  a  quelque  temps,  un  attentat  contre  le  comte  d'Arco  Valley, 
attaché  à  l'ambassade  d'Allemagne,  a  été  reconnu,  ce  matin,  par 
la  cour  criminelle  de  Old  Bailey,  comme  atteint  d'aliénation  men- 
tale. (Le  Temps  du  30  juillet.) 

Aliéné  brûlé  dans  son  bain.  —  A  l'asile  d'aliénés  d'Aix,  le  nommé 
Abd  el  Kader  ben  Mohamed,  âgé  de  vingt-quatre  ans,  en  traite- 
ment dans  cet  asile  depuis  quelque  temps,  devait  par  ordonnance 
prendre  un  bain  chaud  vendredi.  Il  fut  donc  mis  dans  une  bai- 
gnoire d'eau  chaude  que,   par  oubli,  le  baigneur   Dubosc  avait 


FAITS   DIVBRS.  l271 

omis  de  réduire  à  34  degrés  en  y  ajoutant  de  l'eau  froide.  C'est 
donc  dans  une  eau  bouillante  que  le  malheureux  fut  plongé. 
Horriblement  brûlé  il  fut  retiré,  mais  il  mourut  dans  la  nuit.  Une 
enquête  a  été  ouverte  par  le  parquet  d'Aix  qui  a  chargé  le  D'  Dar- 
gelos  de  faire  Tautopsie  d'Âbd  el  Kader.  Dubosc  sera  probable- 
ment poursuivi  pour  homicide  par  imprudence.  {Le  Radical  dû 
3  août  1898.) 

Les  drames  de  l'alcool.  —  L...  avait  été  longtemps  un  ouvrier 
mécauicien  modèle,  mais  un  jour  vint  où  il  but,  et  depuis  ce  fut 
an  client  fîdèle  de  ces  «  distilleries  n  qui  pullulent  aux  abords  de 
la  place.  Maubert.  A  ce  régime,  la  folie  vient  vite.  Hier,  un  peu 
avant  midi,  l'ouvrier  quitta  l'atelier  en  proie  à  une  surexcitalioii 
fébrile.  Ses  camarades  prêtèrent  peu  d'attention  à  ce  départ,  car 
ils  étaient  habitués  à  voir  L...  dans  cet  état  anormal.  Chez  lui,  il 
se  mit  à  table.  Il  déraisonnait  déjà.  Mais  à  peine  avait-il  porté  une 
cuillerée  de  soupe  à  la  bouche  qu'il  se  dressa,  terrible.  —  Ah! 
coquine,  elle  est  trop  salée  !  Tu  vas  me  le  payer  ! 

En  moins  de  temps  qu'il  n*en  faut  pour  l'écrire,  il  fît  passer  par 
la  fenêtre  la  soupière  et  la  vaisselle;  il  s'empara  d'un  c  merlin  », 
énorme  marteau  qui  lui  servait  dans  son  travail,  et  se  jeta  sur  sa 
femme.  Celle-ci,  s'attendant  à  cette  attaque,  put  esquiver  le  coup, 
liais,  comme  elle  se  précipitait  vers  la  porte,  elle  heurta  une  chaise 
et  tomba.  Le  malheureux  fou  leva  une  seconde  son  merlin  ;  sa  main 
tremblait,  heureusement.  La  femme  fut  atteinte  à  l'épaule  gauche, 
très  légèrement,  et  elle  s'évanouit.  i 

A  ce  moment,  les  voisins  arrivèrent,  mis  en  éveil  par  le  bruit  et  | 

sartout  par  les  hurlements  de  fauve  que  poussait  L...  Des  agents  j 

vinrent  aussi.  Il  fallut  dix  minutes  pour  s'emparer  du  fou  et  le  | 

li{!otter.  A  la  crise  succéda  un  abattement  absolu.  On  dut  porter  I 

L..,  comme  une  chose  inerte,  au  commissariat  de  police,  d'où  le  | 

magistrat,  M.  Berthelot,  le  fît  diriger  sur  Tinfîrmerie  spéciale  du  | 

Dépôt.  Quant  à  la  blessure  de  la  femme,  ce  n'est  qu'une  contusion  i 

sans  importance.  (Le  Soleil  du  3  juillet.)  j 

La  mort  d'on  roi  alcoolique.  —  On  se  rappelle  la  mort  terrible  | 

de  Pitje  Snot,  le  roi  des  MaroUes,  vitriolé  par  sa  femme  dans  un  1 

accès  de  révolte  de  cette  malheureuse  victime.  La  veuve  a  comparu 
devant  le  tribunal  correctionnel  sous  l'inculpation  d^avoir  donné 
la  mort  à  son-  mari  sans  intention.  Un  rapport  du  docteur  Lebrun 
a  établi  sur  ce  point  que  la  mort  du  héros  marollien  était  due 
uniquement  au  delirium  tremens  et  nullement  au  vitriol  qui  lui 
avait  pourtant  corrodé  le  cou,  la  fîgure  et  la  poitrine.  |^e  défenseur 
de  la  malheureuse  a  fait  au  tribunal  le  tableau  de  son  long  mar- 
tyre qui  a  duré  douze  ans,  sous  l'empire  d'une  brute  ivrogne  qui 
la  battait  avec  une  planche  garnie  de  clous  et  qui  la  torturait  de 
toutes  les  façons.  Elle  en  eut  cinq  enfants  qui  sont  toujours  à  sa 


272  BULLETIN  BIBLIOORAPHIQUB. 

charge.  Si  un  jour  elle  s*est  révoltée,  c*est  à  bout  de  mauvais  trai- 
temeats.  Le  tribunal  a  condamné  la  veuve  Pitje  Snot  à  cinq  mois 
de  prison  conditionneilement.  (Le  Temps.) 

PaicocES  voTAGEuas.  >-  Hier  soir,  à  huit  heures,  descendaient,  à 
la  gare  de  TEst,  du  train  de  Bar-le-Duc,  deux  fillettes,  les  sceurs 
Marie  et  Blanche  Marlier,  â^ées  de  treize  et  cinq  ans.  Marie,  après 
avoir  remis  ses  billets  à  l'employé,  se  dirigea  résolument  vers  la 
cour  de  la  gare,  conduisant  sa  petite  sœur  par  la  main.  Au  moment 
oh  elle  appelait  un  cocher,  survint  le  commissaire  de  la  gare  qoi 
les  emmena  dans  son  bureau.  Une  dépêche  du  parquet  de  Bar-le- 
Duc  l'avait  informé  de  Tarrivée  des  deux  petites  filles  et  lui  enjoi- 
gnait de  les  garder  à  la  disposition  de  leur  père  qui  arriverait  par 
le  train  suivant.  Au  commissaire  qui  l'interrogeait,  la  jeune  Marie 
fit  la  déclaration  suivante  :  c  Je  voulais  voir  du  pays,  mais  ne  vou- 
lant pas  laisser  ma  petite  sœur  toute  seule,  malgré  le  chagrin  que 
cela  pouvait  causer  à  papa,  je  résolus  de  l'emmener  avec  moi.  Papa 
est  riche;  alors  j'ai  pris  200  francs  dans  son  tiroir;  j'ai  payé  nos 
deux  billets  et  il  me  reste  134  francs.  >  Informé  que  son  papa  allait 
arriver,  Marie  a  fondu  en  larmes;  Blanche,  voyant  pleurer  sa  sœur, 
a  fait  comme  elle,  et  le  commissaire  a  eu  beaucoup  de  peine  à  con- 
soler les  deux  enfants.  (Le  So/et7.) 


Asile  public  d'aliénés  de  Maréville  (Rapport  du  médecin  en  chef  de  la 
division  des  hommes,  à  M.  le  Préfet  de  Meurthe-et-Moselle).  —  Brochure 
in-8«  de  i7  pages.  —  Nancy,  1897.  —  Imprimerie  Berger-Levrault  et  Or 

Congrès  international  de  neurologie^  de  psychiatrie^  ffélectricilé  mé- 
dicale et  d'hypnologie.  —-  Première  session  tenue  à  Bruxellns  du  14  au 
21  septembre  1897.  Publié  par  le  D'  Crocq  fils.  —  Fascicule  f  :  Rapports. 
—  \olume  in-4*  de  228  pages.  —  Fascicule  II  :  Communications.  — 
Volume  in-4*  de  226  pages.  —  Fascicule  111  :  Résumés.  —  Volume  in-4« 
de  79  pages.  —  Prix  des  trois  fascicules  :  5  fVancs.  —  Paris,  1898.  — 
Librairie  F.  Alcan. 

GoLDscHBiDKR  (A.).  —  Physiologie  der  Hantsinnesnerven,  —  Volume 
in-8*  de  432  pages,  avec  6  planches  hors  texte.  >-  Leipzig,  1898.  — 
Verlag  von  J.-A.  Barib. 

Grenier  (P.  de).  —  Contribution  à  Vétude  du  cancer  secondaire  du 
cerveau,  —  Brochure  in-8«  de  77  pages.  —  Toulouse,  1898.  —  Imprimerie 
Saint-Gyprien. 

MOBius  (P.-J.).  —  Ueber  dos  Pathologische  bei  Gœth.  —  Volume  in-18 
de  208  pages.  —  Leipzig,  1898.  —  Verlag  von  J.-A.  Barth. 

Poisson  (G.).  —  Du  rôle  de  l'alcool  dans  létiologie  de  la  folie.  - 
Volume  in-8»  de  99  pages.  —  Nancy,  1898.  —  Imprimerie  Gérardin  et 
Nicolie. 

Le  rédacteur- gérant^  Bournevillb. 


Bvreux.  Ch.  HtainiT,  imp.  —  99S. 


Vol.  VI.  Octobre  1898.  N»  34 


ARCHIVES  DE  NEUROLOGIE 


CLINIQUE   NERVEUSE. 


SYRINGOMYÉLIK: 
Par  CiRO  L.  URRIOLÂ  (de  Panama). 

D'après  Zambaco  Pacha,  la  syringomyélie  et  sa  variété  la 
maladie  de  Morvan  ne  constitueraient  pas  une  entité  morbide 
iadépendante  avec  un  subslratum  anatomique  toujours  le 
même,  mais  bien  une  des  si  nombreuses  formes  plus  ou 
moins  de'générées  ou  frustes  de  la  lèpre  grecque  décrite  et 
comprise  par  lui  dans  un  seul  groupe  dénommé  léprose  \ 

Hansen'  n'accepte  pas  cette  théorie  séductrice  de  Tunité 
qui  faciliterait  la  résolution  de  plusieurs  problèmes  pendants 
jusqu'à  ce  jour  en  neuropathologie  ;  et  il  la  combat  en  éta- 
blissant que  les  maladies  infectieuses  ne  dégénèrent  pas  et 
que  l'on  ne  connaît  aucune  maladie  qui,  dans  le  cours  des 
siècles,  ait  perdu  sa  spécificité  et  qui  ne  présente,  même  dans 
ses  formes  les  plus  bénignes,  ses  traits  cliniques  caractéristi- 
ques. Il  croit  donc  qu'il  y  a  exagération  à  classer  comme 
lèpre  des  adections  peu  étudiées  du  système  nerveux  et  uni- 
quement révélées  par  Tatrophie  ou  la  perte  plus  ou  moins 
complète  de  la  sensibilité.  Si  la  dégénération  de  la  lèpre  — 
continue  le  sage  léprologue  —  dépendait  de  l'âge  de  la  ma- 
ladie, il  y  aurait  en  Norvège  la  lèpre  fruste,  car  cette  maladie 
est  aussi  ancienne  ici  qu'autre  part,  parce  qu'elle  descend  de 

*  Etat  de  nos  connaissances  actuelles  sur  la  lèpre  (Semaine  Médicale, 
1893J. 

'  Médical  Annual,  art.  Leprosy.  1897. 

Abchivbs,  2«  série,  t.  VI.  18 


274  CLINIQUB  NBRVBU8B. 

la  même  lèpre  orientale.  S'il  est  vrai  que  la  lèpre  dégénère, 
elle  se  trouverait  aussi  dégénérée  ici  comme  partout  ailleurs, 
et  par  conséquent  nous  devrions  rencontrer  les  mêmes 
formes  dégénérées  que  constate  Zambaco  Pacha  à  Constaati- 
nople.  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi. 

Cette  doctrine  de  Zambaco  sur  Tatlénualion  de  la  lèpre 
est  à  présent  une  doctrine  abandonnée  qui  ne  donne  que  la 
façon  devoir  personnelle  de  son  auteur. 

Partisan  de  la  dualité  telle  que  la  soutient  Hansen,  nous 
allons  présenter  un  cas  typique  de  syringomyélie  qui  esta 
notre  étude  depuis  quelque  temps,  tout  en  insistant  sur  cer- 
tains points  de  diagnostic  diiïérenliel. 

Le  nommé  Manuel  de  la  0...,  âg^é  de  (iix-neuf  ans,  lors  de  sa 
naissance  sVst  présenté  par  la  fesse  et  dans  un  état  de  mort  appa- 
rente. Pas  d'antécédents  névropatliiques  héréditaires  ni  person- 
nels. A  Tâge  de  quatre  ans  il  a  eu  la  variole  bénigne  ;  et  à  six  ans. 
en  luttant  avec  un  autre  enfant  du  même  âge,  il  est  tombé  dans 
UD  puits  d'où  il  n'a  pu  être  retiré  qu'après  un  certain  temps  et 
dans  un  tel  état  d'asphyxie  que  pour  arriver  à  rétablir  sa  respira- 
tion, on  a  dô  avoir  recours  à  tous  les  procédés,  en  usant  finale- 
ment du  moyen  très  populaire  de  le  lancer  dans  l'espace  par  trois 
fois  consécutives.  Une  fois  rétabli  de  cet  accident,  rien  d'anormal 
ne  s*est  produit  dans  son  état  de  santé  jusqu'à  l'âge  de  neuf  ans, 
époque  à  laquelle  il  a  commencé  à  éprouver  dans  tout  le  corps  de 
grandes  fatigues  suivies  de  perspirations  profuses;  et  plus  tard, 
des  mouvements  involontaires  de  flexion  aux  doigts  de  la  main 
gauche  qui  l'empêchaient  de  faire  des  exercices  d'écriture  à  l'école. 
A  l'âge  de  onze  ans  s'est  déclarée  une  telle  parésie  dans  les  mus- 
cles extenseurs  de  la  tête  sur  le  tronc  que  le  patient  portait  sa 
tête  penchée  avec  impossibilité  presque  absolue  de  la  redresser  et 
de  la  maintenir  droite  sur  les  épaules.  Cette  parésie  était  accom- 
pagnée d'une  sensation  de  poids  dans  la  région  cervicale.  A  qua- 
torze ans,  l'atrophie  envahissait  les  muscles  des  membres  supé- 
rieurs et  du  tronc,  produisant  dans  sa  dévastation  les  lésions  qui 
caractérisent  aujourd'hui  cette  maladie. 

Atrophie.  —  Celle-ci  ayant  commencé  par  le  menibre  supérieur 
droit,  tout  le  côté  correspondant  du  corps,  excepté  le  visage,  était 
endormi.  L'atrophie  a  attaqué  en  premier  lieu  les  muscles  de  la 
ceinture  scapulaire  et,  dans  le  court  délai  de  deux  semaines,  elle 
s'étendait  à  ceux  du  bras,  de  Tavant-bras  et  de  la  main.  Trois  mois 
plus  tard,  le  membre  supérieur  opposé  était  atteint  à  son  tour,  et 
quelques  semaines  après  il  pendait  inerte  et  décharné  le  long  du 
tronc.  Cette  atrophie  était  accompagnée   de   fortes   contractions 


ritiNaouYBLtB. 


278 


Im 


t'iij-  20. 


ûbrillaires  dans  les  muscltî  aUecle?,  conlraclions  qui  aujourd'hui 


i76  CLINIQUB  N8RVBUSK. 

encore  sont  visibles  dans  divers  muscles  des  membres  supérteun 
et  plus  particulièrement  dans  les  interosseux.  Les  mains  [fig,  20  et  21) 
ont  pris  la  forme  de  griffes  à  cause  de  la  destruction  de  ces  der- 
niers muscles  et  ont  une  apparence  simienne  par  suite  de  la  dis- 
parition des  éminences  thénar  et  h}  pothénar.  Dans  la  main  droite 
le  pouce  est  en  adduction  et  recourbé  sur  ses  phalanges  et  se 
trouve  opposable  à  Tindex  et  au  médius.  Dans  la  main  gauche  il 
est  tendu  et  n*est  opposable  qu'à  Tindex  seulement.  Le  premier 
espace  interosseux  est  marqué  dans  les  deux  mains  par  une  pro- 
fonde dépression.  Les  muscles  du  tronc»  en  particulier  ceux  da 
côté  gauche,  ont  presque  totalement  disparu.  Le  thorax  présente 
la  forme  plate  des  myopathiques,  non  pas  le  thorax  en  bateau  que 
Marie  et  Astié  considèrent  comme  typique  dans  la  syringoroyélie. 
Dès  le  commencement,  Tatrophie  s'est  prononcée  davantage 
dans  le  membre  supérieur  gauche  que  dans  le  membre  opposé 
ainsi  que  l'indiquent  les  chiffres  suivants  : 

Membre  supérieur  droit. 

Citoonférence  de  Pépaule 25  centimètres 

Circonférence  de  la  partie  moyenne  du  bras.  18       — 
Circonférence    de    la  partie   moyenne    de 

l'avant-bras 15       — 

Membre  supérieur  gauche. 

Circonférence  de  Tépaule 23  centimètres 

Cnconféreuce  de  la  partie  moyenne  du  bras.  16 
Circonférence   de    la   partie   moyenne   de 

Tavant-bras 13        — 

La  réaction  de  dégénérescence  ne  se  constate  que  dans  les 
muscles  de  l'épaule  et  du  bras;  ceux  de  Tavant-bras  et  de  la  main 
sont  insensibles  aux  courants  galvaniques  et  faradiques.  Le  bras 
droit  jouit  de  tous  ses  mouvements,  mais  le  bras  gauche  ne  peul 
atteindre  un  niveau  supérieur  à  la  position  horizontale.  Le  patient 
ne  peut  boutonner  lui-même  ses  vêtements  ni  introduire  avec 
facilité  la  main  gauche  dans  la  poche  correspondante  de  son  pan- 
talon. L'atrophie  a  respecté  les  muscles  du  visaju'e  et  des  membres 
inférieurs. 

CyphO'Scoliose.  —  Huit  mois  après  l'invasion  des  muscles  tbora- 
ciques  par  l'atrophie,  la  colonne  vertébrale  s'est  déviée  tout  d'abord 
au  niveau  de  la  région  cervico-dorsale  dans  le  sens  antéro-posté- 
rieur  et  plus  tard  latéralement,  simulant  un  S  iliaque  ijig  22);  par 
suite  de  cette  double  déviation,  la  tête  apparaît  enfoncée  dans  les 
épaules  et  le  tronc  incliné  vers  la  droite,  réduisant  l'espace  costo- 
iliaque  du  môme  côté  et  faisant  ressortir  les  côtes  du  côté  opposé 
avec  traction  de  la  peau  et  déviation  du  nombril  dans  le  même  sens. 


SYRINGOMTBLIB. 


277 


k 


Fith  :^U 


Biuociaiion  si/nngomyéliqve  de  la  semihililtL  Analgésie.  —  Eicep* 
tiou  faite  de  k  lète  et  du  cou,  la  sensibilité  à  la  douleur  est  aïtérée 
sur  toute  U  surface  cutajjée.  L'aDalgésie  règ^ne  dans  leà  deuï  mem- 


278  CLINIQUB   N8RVBU8B. 

hrea  supérieurs,  sauf  dans  un  espace  limilé  qui  s'étend  dans  la  partie 
antérieure  du  bras  droit,  depuis  Tarticulation  du  coude  jusqu  à 
trois  travers  de  doigt  au-dessous  de  ce  niveau,  et  au  côté  opposé 
dans  une  zone  plus  étroite  située  dans  la  partie  interne  de  la  même 
articulation  :  la  sensibilité  est  normale  dans  ces  derniers  points. 
Dans  le  tronc  lanalgésie  s*étend  dans  le  côté  droit  jusqu'à  Tangle 
inférieur  de  Tomoplate  et  dans  le  côté  pauche  jusqu'à  la  dixième 
côte.  Dans  le  reste  du  corps,  il  y  a  hypoaigésie  plus  prononcée 
dans  le  membre  inférieur  gauche  que  dans  Topposé  et  le  reste  du 
tronc.  Les  figures  23  et  24  représentent  la  distribution  de  l'anal- 
gésie. 

Thermanesthésie,  Chaleur.  -^  La  thermanesthésie  à  la  chaleur 
existe  sur  toute  la  surface  du  corps,  excepté  la  tète  et  le  cou.  De 
l'eau  très  chaude  contenue  dans  un  tlacon  lui  fait  l'effet  de  leau 
tiède;  et  tandis  que  dans  la  main  droite  s'écouie  un  intervalle  de 
deux  secondes  entre  l'application  de  la  chaleur  el  la  perception  de  la 
sensation,  dans  le  dos  du  môme  côté  cet  intervalle  se  prolonge 
pendant  cinq  secondes.  Ce  retard  est  moins  marqué  dans  le  côté 
gauche  et  dans  les  deux  membres  inférieurs.  La  thermanesthésie 
au  froid  est  ressentie  dans  les  mêmes  parties  que  celle  de  la 
chaleur. 

Toucher.  —  La  sensibilité  au  toucher  est  normale  et  le  patient 
éprouve,  lorsque  les  yeux  sont  fermés,  la  sensation  produite  au 
moyen  d'une  plume  passée  sur  toute  la  surface  cutanée. 

Perturbations  vaso-motrices  et  sudorales.  —  Depuis  deux  ans  la 
sécrétion  sudorale  a  lieu  seulement  dans  la  moitié  droite  du  corps, 
tandis  que  la  partie  opposée  reste  froide  et  sèche.  La  sueur  est 
très  abondante  dans  la  région  fessière,  dans  le  dos  et  à  la  cuisse, 
et  à  un  degré  moindre  dans  la  partie  droite  du  visage  et  au  bras 
du  môme  côté. 

Eu  quelque  endroit  qu'on  lui  applique  un  corps  chaud,  il  apparaît 
une  phlyctène  plus  ou  moins  développée  et  proportionnée  à  la 
chaleur  reçue;  le  liquide  contenu  se  trouble  ;  la  suppuration  s'éta- 
blit plus  tard  et  il  reste  dans  quelques  points  des  cicatrices  indélé- 
biles. Le  phénomène  du  dermographisme  existe  aussi.  Si  l'on 
trace  avec  la  pointe  d'un  crayon  le  nom  entier  du  patient,  quel- 
ques instants  après  les  caractères  dessinés  se  détachent  en  relief, 
entourés  d'une  auréole  rouge. 

Désordres  génito-urinaires.  —  Les  rétentions  d'urine  sont  si  fré- 
quentes chez  ce  malade  qu'il  est  forcé  pour  pouvoir  vider  la  vessie, 
de  faire  usage  de  la  sonde  une  ou  deux  fois  par  semaine.  Ces 
rétentions  ont  lieu  seulement  le  matin.  A  chaque  évacuation 
l'urine  est  précédée  de  quelques  gouttes  de  pus  et  le  jet  est  quel- 
quefois interrompu.  Il  a  eu  parfois  des  évacuations  composées 


SVBINOOMYÉLIE. 


m 


% 


J. 


tielu hiverne iki  àe  pu."*.  Il  y  a  contidctions  vésicaîes  et  reetales, 
L'uràire  esl  perméable,  L  urine  est  troublée^  à  piiijie  acide,  cliar- 
pêc  de  pu»  et  de  ph^jsphates.  Au  début  de  ces  Lroubîea  le  malade 


280  CLINIQUB  NBRYBUBB. 

ne  pouvait  uriner  qu'en  prenant  la  même  altitude  que  prennent 
ordinairement  les  femmes  ^ 

Un  traitement  alterné,  composé  de  borate  de  soude,  salol  et 
acides  minéraux,  a  fait  disparaître  le  pus  de  l'urine  en  lui  resti- 
tuant en  partie  sa  limpidité,  quoiqu'elle  laisse  encore  déposer  une 
grande  quantité  de  phosphates.  Les  rétentions  n'ont  pas  été 
influencées  par  ce  traitement. 

Les  fonctions  génitales  restent  intactes. 

Réflexes.  —  Les  pateilaires  sont  exaltés.  Le  crémastérien  et  le 
plantaire  sont  normaux. 
Les  organes  des  sens  ne  présentent  rien  digne  d'être  noté. 

Les  symptômes  présentés  par  ce  malade  sont  si  clairs,  leur 
ensemble  tellement  adapté  à  la  forme  classique,  que  le  dia- 
gnostic de  la  syringomyélie  localisée  dans  le  renflement  cer- 
vico-brachial  de  la  moelle  s'impose  presque  de  lui-même. 
Dès  lors  le  diagnostic  différentiel  ne  sera  discuté  qu'entre 
cette  dernière  maladie,  la  pacliyméningite  cervicale  hyper- 
trophique  et  la  lèpre  anesthésique. 

La  pachyméningite  cervicale  hypertrophique  se  déclare 
toujours  par  une  période  plus  ou  moins  aiguë,  caractérisée  par 
de  fortes  douleurs  dans  la  région  cervicale  pouvant  se  pro- 
pager jusqu'aux  articulations  des  membres  supérieurs,  rigi- 
dité du  cou  et  parfois  des  éruptions  vésiculaires.  Cette  pé- 
riode est  suivie  d'une  autre  durant  laquelle  se  manifestent  la 
parésie  et  Tatrophie  des  muscles  des  membres  supérieurs  en 
respectant  généralement  ceux  qui  sont  innervés  parle  radial, 
ce  qui  donne  lieu  à  cette  attitude  de  la  main  en  extension 
forcée  connue  sous  le  nom  de  main  de  prédicateur. 

Il  ne  s*est  présenté  chez  le  patient  qui  a  été  Tobjet  de  cette 
observation  aucun  des  symptômes  de  la  première  période  de 
la  pachyméningite,  et,  loin  d'avoir  de  la  rigidité  dans  les 
muscles  du  cou,  il  a  eu  une  paralysie  des  extenseurs  avec 
tendance  à  la  flexion  et  impossibilité  de  maintenir  la  tète 
dans  la  position  verticale;  de  plus,  les  troubles  vaso-moteurs 
et  sudoraux  et  l'incurvation  de  la  colonne  vertébrale  suffi- 
raient pour  la  distinguer  de  la  pachyméningite. 

*  A  ce  propos  les  habitudes  varient  selon  les  pays,  parce  que  d'après 
Hérodote  en  Egypte,  c  les  femmes  urinent  debout,  les  hommes  s'accrou- 
plHsent  pour  uriner  ».  {Histoires,  livre  II,  chap.  xxxv,  traduction  de 
P.  Giquet.)  Nous  connaissons  plusieurs  villages  de  Tlsthme  où  la 
majeure  partie  des  femmes  urinent  à  la  façon  égyptienne. 


8TRIN00MYBLIB. 


281 


Brissaud'  a  récemment  décrit  quelques  cas  de  pachyménin- 
gite  cervicale  hypertrophique  avec  dissociation  syringomyé- 


Fis   23. 


Fig.  24. 


li<iue  de  la  sensibilité-  Dans  les  cas  cités  par  cet  auteur,  la 
période  douloureusi^  a  toujours  existé  avec  ses  symptômes 
caracténslîque&  i  en  l  absence  de  douleurs  et  de  la  rigidité  du 
«ou,  ces  cas  entreraient  dans  le  cadre  de  la  syringomyélie, 


Leçons  sur  les  maladies  neiteitses. 


382  CLINIQUB  NBRVBUSE. 

bien  que  la  dissociation  de  la  sensibilité  ne  constitue  pas  un 
symptôme  pathognomonique  de  cette  maladie. 

Quant  à  la  lèpre  anesthésique,  il  y  a  trois  points  sur  les- 
quels nous  allons  insister  pour  établir  ce  diagnostic  différen- 
tiel :  le  manque  d'éruption,  les  localisations  de  Tatrophie 
dans  les  muscles  des  membres  supérieurs  et  du  tronc  et  la 
déformation  de  la  colonne  vertébrale. 

C'est  un  fait  admis  aujourd'hui  par  toutes  les  autorités 
compétentes  en  cette  matière,  que  les  éruptions  cutanées 
existent  toujours  dans  la  lèpre  :  «  Nos  expériences  en  Nor- 
vège, dit  Hansen  dans  l'article  précité,  ne  sont  pas  parvenues 
à  démontrer  l'existence  d'une  lèpre  mutilante  et  indépen- 
dante, uniquement  caractérisée  par  des  affections  nerveuses 
et  leurs  conséquences,  ou  d'une  lèpre  sans  affection  cutanée.  » 
€  Selon  la  grande  expérience  du  D»"  Danielssen  et  la  nôtre, 
on  pourrait  admettre  que  l'éruption  cutanée  ne  manque  ja- 
mais dans  la  vraie  lèpre.  »  (Hansen  et  Looft.)  Dans  le  cas 
que  nous  éludions,  il  n'y  a  eu  jusqu'à  présent  aucune  mani- 
festation cutanée  dans  le  cours  de  la  maladie. 

Etant  donné  ce  manque  d'éruption  et  vu  l'absence  de  stig- 
mates hystériques,  nous  avons  considéré  comme  syringo- 
myélie  un  cas  récent  que  nous  présentons  succinctement. 

Femme  âgée  de  cinquante-huit  ans.  Multipare.  La  maladie  a 
commencé  il  y  a  trente-huit  ans,  deux  mois  après  avoir  eu  son 
premier  enfant,  par  engourdissement  et  insensibilité  dans  le  gros 
doigt  du  pied  droit;  avec  le  temps,  l'insensibilité  s'est  étendue 
aux  autres  doigts  et  au  talon  du  môme  pied.  A  rétablissement  de 
la  ménopause,  à  Tâge  de  cinquante-deux  ans,  toute  la  moitié 
postérieure  de  la  jambe  gauche,  l'extrémité  des  doigts  et  le  talon 
étaient  insensibles  et  engourdis.  Il  y  a  un  an  que  l'engourdisse- 
ment envahit  le  pouce  de  la  main  gauche  et  un  peu  plus  tard  toute 
la  main  en  même  temps  que  les  pieds  devenaient  légèrement 
enflés. 

La  Ibermanesthésie  est  complète  dans  la  jambe  droite  jusqu'au 
tiers  supérieur,  dans  tout  le  pied  gauche  jusqu'à  l'articulation 
tibio-tarsienne,  dans  la  main  gauche  et  dans  le  doigt  médius  de 
la  main  droite;  dans  ces  parties,  un  flacon  d'eau  à  plus  de  80<^ 
appliqué  directement  sur  la  peau  ne  produit  aucun  effet,  mênie 
après  un  long  intervalle.  La  thermanesthésie  est  moins  prononcée 
dans  les  deux  membres  supérieurs,  dans  le  tiers  supérieur  de  la 
jambe  droite,  dans  la  cuisse  du  môme  côté  et  dans  la  jambe 
gauche.  Dans  la  tête,  le  tronc  et  la  cuisse  droite,  la  sensibilité  à  la 


8YRIN00MYBLIB.  283 

chalenr  est  normale.  .Quant  au  froid,  l'insensibilité  ne  comprend 
que  les  pieds  jusqu'à  l'articulation  tibio-tarsienne. 

L'analgésie  est  complète  dans  les  deux  pieds,  sauf  dans  la  moitié 
des  plantes  où  la  sensibilité  à  la  douleur  est  normale,  ainsi  que 
dans  les  deux  tiers  inférieurs  de  la  jambe  gauche.  Il  y  a  hypoal- 
gésie  dans  toute  la  jambe  gauche  et  dans  le  tiers  inférieur  de  la 
caisse,  dans  la  partie  dorsale  des  deux  mains  et  dans  une  zone 
étroite  qui  8*étend  sur  toute  la  face  antérieure  de  la  jambe  droite 
depuis  le  tiers  inférieur  jusqu'à  l'articulation  du  genou. 

La  sensibilité  tactile  est  complète  sur  toute  la  surface  cutanée. 

Les  réflexes  patellaires  sont  normau]^.  Le  plantaire  n'existe  pas. 
Comme  phénomène  trophique  il  ne  s'est  présenté  jusqu'aujour- 
d'hui que  la  perte  de  l'ongle  de  l'index  droit  par  suite  de  l'inilam- 
malion  de  la  matrice.  Un  autre  phénomène  qui  attire  l'attention 
est  celui-ci  :  un  traumatisme  quelconque,  si  insignifiant  qu'il  soit, 
sur  quelque  partie  des  mains  ou  des  hvas,  provoque  une  forte  dou- 
leur  qui  n'a  pas  de  comparaison  avec  le  choc  reçu  K 

Dans  la  forme  aaesthésique  de  la  lèpre  Tatrophie  ne  se 
limite  pas  à  un  groupe  déterminé  de  muscles,  mais  elle  en- 
vahit conjointement  ceux  des  quatre  membres,  ceux  du  tronc 
et  du  visage.  Dans  le  cas  de  Manuel  de  la  0,..,  les  muscles 
atrophiés  correspondent  précisément  à  ceux  dont  l'innerva- 
tion émane  du  renflement  cervico-brachial  de  la  moelle  ;  et 
il  est  impossible  d'admettre  qu'avec  un  état  si  avancé  d'atro- 
phie dans  ces  muscles,  ceux  des  membres  inférieurs  et  du 
visage  auraient  pu  échapper  à  ses  attaques  dans  un  cas  de 
vraie  lèpre  anesthésique.  En  comparant  la  figure  1,  qui  se 
rapporte  à  cette  observation,  avec  la  planche  V  du  livre  de 
Hansen  et  Looft  {Leprosy  :  in  ils  clinical  and  pathological 
aspect),  on  remarquera  que,  à  part  l'identité  qui  existe 
dans  les  difformités  des  mains  et  l'intensité  de  Tatrophie  des 
muscles  supérieurs  et  du  tronc,  il  y  a  aussi  la  difTérence  prin- 
cipale de  ce  que  les  muscles  des  pieds,  ceux  des  mollets  et  du 
vbage,  sont  affectés  chez  le  lépreux.  En  outre,  la  marche  de 
l'atrophie  chez  ce  patient  n'est  pas  comparable  avec  le  cours 
lent  qu'elle  suit  dans  la  lèpre  anesthésique. 

Jusqu'à  présent  on  n'a  signalé  aucun  cas  de  lèpre  anesthé- 
sique 011  les  déviations  de  la  colonne  vertébrale  fassent  partie 

*  Cela  même  a  été  observé  par  Ferrannini  chez  Francesco,  un  des 
membres  de  la  famille  syringomyélique  qui  a  été  l'objet  de  ses  études  : 
•  una  stimulazione  legera  corne  intenslta  è  percepita  corne  una  slimu- 
luione  fortisima  (iperestesin  >  ». 


284  CLINIQUE  NKRVBUSB. 

du  complexe  symptomatique  de  la  maladie  ;  lorsque  ces  dé- 
viations existent  d'une  façon  caractéristique  en  même  temps 
que  l'atrophie  et  les  perturbations  de  la  sensibilité,  on  peut 
presque  assurer  qu'elles  caractérisent  la  syringomyélie. 

En  ce  qui  concerne  Tétiologie,  nous  ne  devons  pas  passer 
sous  silence  Tinfluence  que  l'asphyxie  grave  dont  fut  victime 
ce  malade  dans  sa  première  jeunesse,  a  dû  exercer,  quelques 
années  plus  tard,  sur  le  développement  de  la  syringomyélie. 
Il  est  connu  que  cette  cause,  de  même  que  les  maladies  inrec- 
tieuses,  peut  déterminer  chez  les  enfants  qui  y  sont  prédis- 
posés, des  affections  incurables  du  système  nerveux,  dont  la 
véritable  origine  remonte  peut-être  à  la  vie  intra-utérine.  Et 
comme,  dans  le  cas  que  nous  venons  de  citer,  il  n'existe  pas 
d'antécédents  héréditaires  ni  aucune  des  causes  occasion- 
nelles qu'on  invoque  souvent  dans  Téliologie  de  cette  maladie, 
il  est  naturel  de  supposer  que  l'asphyxie  a  dû  réveiller  un 
processus  latent  qui  existait  chez  cet  enfant  à  sa  naissance. 

L'origine  congénitale  de  la  syringomyélie,  soutenue  par 
Gowers  avec  des  arguments  qu'il  est  inutile  de  reproduire 
ici,  se  comprend  mieux  si  on  se  rappelle  que  cette  maladie 
apparaît  presque  toujours  dans  la  jeunesse,  et  que  les  causes 
qu'on  signale  comme  l'ayant  déterminée,  telles  que  le  trau- 
matisme, le  froid,  rhumidité,  etc.,  sont  des  causes  banales  et 
insignifiantes  par  elles-mêmes  pour  produire  des  désordres 
aussi  profonds  que  ceux  qui  caractérisent  la  syringomyélie, 
si  le  terrain  sur  lequel  ils  agissent  n'était  déjà  préparé  avant 
la  naissance  par  tant  d'intenses  et  irréparables  lésions.  Ni 
d'aucune  autre  manière  on  ne  pourrait  expliquer  ce  type  fa- 
milial et  d*hérédité  homologue  qu'affecte  quelquefois  cette 
maladie  K 

*  Ferranini.  Sucleo  nosologico  délia  siringomielia  definito  da  unasua 
forma  familiare  sinora  non  descrita.  [La  Ri  forma  Medica^  vol.  II, 
n"  61  à  65,  1894.) 


CLINIQUE  MENTALE. 


TUBERCULOSK  ET  ALIÉNATION  MENTALE 

CONTRIBUTION     A    L*ÉTUDE    DE    LEURS    RAPPORTS 

Par  le  D^  Alexandre  PARIS, 
Médecin  en  chef  de  l'asile  de  Maré\  ilie-Nancy . 

Folie  tubei'culeuse.  —  Voilà  une  forme  de  folie  que  Ton 
est  tenté  d'admettre  depuis  quelques  années,  peut-être  bien 
à  tort,  ainsi  que  semblent  l'attester  les  deux  faits  que  nous 
DOQS  proposons  d'analyser  ici.  Ils  montrent  une  fois  de  plus 
rimportance  de  l'observation  clinique,  l'utilité  de  l'étude 
complète  de  toutes  les  circonstances  de  début  de  l'aliénation 
mentale  et  l'intérêt  du  rapprochement  des  circonstances  de 
début  et  des  phénomènes  terminaux,  etc. 

L  —  M...  (Anne-Marie),  née  en  1867,  célibataire,  repasseuse, 
atteinte  de  taberculose  pulmonaire,  est  en  traitement  à  l'hôpital 
géoéral  de  Nancy,  service  de  M.  le  P^  Spilmann.  Son  état  mental 
est  absolument  normal.  Elle  entend  dire  un  jour  qu'elle  est  atteinte 
de  tuberculose,  elle  questionne  diverses  personnes  au  sujet  de  la 
nature  et  du  pronostic  de  cette  maladie  ;  les  renseignements  qu'elle 
obtient  Timpressionnent  vivement,  à  tel  point  que,  immédiate- 
ment, brusquement,  éclatent  de  violents  maux  de  tète  et  de  la  con- 
fosiou  mentale  avec  anxiété.  Les  troubles  intellectuels  s'accentuent 
très  rapidement  et,  quelques  jours  après  ce  début  brusque,  le  pla- 
eemeut  à  l'asile  de  Maréville  devient  nécessaire. 

M...  entre  le  30  juin  1897,  après  un  séjour  de  quarante-huit 
heures  dans  un  autre  service  médical,  et  accompagnée  d'un  certi- 
ficat, en  date  du  29  juin,  ainsi  conçu  :  ...  «  est  atteinte  de  démence 
liée  à  de$  manifestations  tuberculeuses  cérébrales. 

«  Elle  est  très  agitée,  ne  peut  rester  en  place,  ne  cesse  de  parler 
à  voix  basse,  mais  sans  aucun  ordre  dans  les  idées  ;  elle  ne  répond 
qae  rarement  aux  questions  qu'on  lui  adresse,  le  plus  souvent  ses 
réponses  ne  sont  que  des  divagations  sans  rapport  avec  ce  qu'on 
lui  demande  ;  elle  ne  sait  plus  ni  son  nom,  ni  son  âge,  ni  le  lieu 
qu'elle  habite,  ni  le  temps  qu'elle  a  passé  à  l'hôpital,  etc..  Elle 


S86  CLINIQCB  MBNTALB. 

refuse  absolument  de  se  nourrir  et  a  besoin  d'être  alimentée  à  la 
sonde.  > 

M...  nous  arrive  pâle,  amaigrie,  la  constitution  très  débilitée. 
Tuberculose  des  deux  sommets,  constatée,  du  reste,  par  trois  pro- 
fesseurs de  clinique  médicale. 

Au  point  de  vue  psychique,  nous  notons  de  l'amnésie,  un  affai- 
blissement considérable  de  la  volonté,  la  disparition  des  sentiments 
affectifs,  une  lenteur  extrême  et  de  la  confusion  des  conceptions, 
un  défaut  absolu  de  spontanéité;  elle  tente  bien  quelquefois  une 
réponse  à  nos  questions,  mais  elle  s'embrouille  dès  les  premiers 
mots  et  s'arrête.  Pressée  de  questions,  elle  finit  cependant  par  dire: 
«  Il  y  a  des  moments  où  je  suis  bien,  puis  je  ne  sais  plus  où  j'en 
suis;  j'entends  des  voix  dans  ma  tête  qui  disent  toujours  c  les 
«  petits  oiseaux,  les  petits  oiseaux  ».  —  Tremblement  de  la  langue, 
tremblement  probablement  émotif. 

Comme  traitement,  nous  prescrivons  surtout  :  bon  régime  ali- 
mentaire, toniques,  arsenicaux,  vésicatoires  volants  à  la  nuque, 
pointes  de  feu,  etc. 

22  juillet.  Amélioration  de  la  mémoire.  11  faut  arriver  en  sep- 
tembre pour  remarquer  une  amélioration  nette  de  Tétat  physique 
et  une  modification  favorable  parallèle  de  l'état  mental.  M...  arrive 
peu  à  peu  à  se  rendre  compte  de  sa  situation,  la  confusion  des 
idées  est  moindre,  elle  répond  assez  raisonnablement  aux  premières 
questions  qu'on  lui  pose,  mais,  après  quelques  instants  de  conver- 
sation, probablemenL  sous  Tintluence  de  fatigue  cérébrale  qai 
arrive  promptement,  éclate  de  l'excitation  cérébrale  avec  anxiété, 
sensiblerie,  crises  de  larmes,  etc.. 

Pour  octobre,  nous  trouvons  dans  nos  notes  :  Etat  physique  rela- 
tivement satisfaisant.  —  La  malade  a  presque  complètement  cons- 
cience de  sa  situation  au  commencement  d'un  interrogatoire, 
mais,  si  l'interrogatoire  se  prolonge  un  peu,  les  idées  deviennent 
confuses,  elle  s'énerve,  donne  des  signes  d'impatience,  de  découra- 
gement, pleure,  parle  avec  une  assez  grande  volubilité,  ne  coor- 
dinant  plus  ses  pensées.  Elle  est  habituellement  encore  sans  initia- 
tive. 

2ï}  novembre.  Reste  indifférente,  sans  initiative,  lorsqu'on  ne 
s'occupe  pas  d'elle.  L'interroge-t-on,  on  constate  tout  d'abord 
qu'elle  paraît  avoir  conscience  de  son  étal,  mais,  si  l'on  retient 
trop  longtemps  son  attention,  on  détermine  encore  de  la  confusion 
mentale  avec  sensiblerie,  un  peu  d'excitation  cérébrale.  —  Santé 
physique  relativement  satisfaisante. 

Décembre.  L'amélioration  ne  progressant  plus  sensiblement 
depuis  quelque  temps,  nous  décidons  de  soustraire  M...  à  l'influence 
du  milieu  dans  lequel  elle  se  trouve  depuis  son  admission  à  l'asile; 
nous  l'envoyons  au  repassage,  où  elle  travaille  avec  une  religieuse 
et  trois  ouvrières  normales,  qui  s'occupent  d'elle  avec  sollicitude, 


.      TUBERCULOSB   ET  ALIENATION  MENTALE.  287 

qai  complètent  le  traitement  physique  par  un  traitement  moral. 
Bientôt  lamélioration  s'accentue  franchement^  M...  se  rend  compte 
que  la  modincation  heureuse  de  sa  santé  physique  lui  permet  d'es- 
pérer uu  retour  à  ia  santé  complète.  Son  entourage  fait  le  néces- 
saire pour  affermir  cet  espoir. 

Elle  sort  nettement  guérie  le  2  février  1898,  ne  présentant  plus 
le  moindre  trouble  intellectuel,  sa  santé  physique  étant  très  bonne. 
Elle  avait  même  pris  un  embonpoint  absolument  remarquable. 

IL  —  Pendant  les  dernières  semaines  de  séjour  de  M...  à  Tasile, 
j'ai  observé  une  infirmière  tuberculeuse  qui  a  présenté  des  troubles 
intellecluels  analogues,  à  début  brusque,  absolument  dans  les 
mêmes  conditions  :  confusion  mentale  avec  anxiété  et,  de  plus, 
hallucinations  terrifiantes.  Ces  troubles  se  sont  dissipés  sans  amé- 
lioration de  Vélat  physique,  en  trois  ou  quatre  jours  ;  il  a  sufG,  pour 
les  faire  disparaître^  un  peu  de  bromure  et  de  codéine  aidant,  de 
donner  M...  en  exemple  à  cette  infirmière,  de  lui  faire  remarquer 
qu'elle  se  trouvait  absolument  dans  le  même  état  et  que,  par  con- 
séquent, elle  verrait  aussi  sa  santé  physique  s'améliorer  bientôt. 
Dès  que  nous  eûmes  fait  cette  comparaison,  un  peu  de  gaieté 
éclaira  le  visage  de  cette  malheureuse.  Cette  dernière  malade  vit 
encore  et  ses  troubles  intellectuels  n'ont  pas  reparu,  bien  que  la 
santé  physique  laisse  plus  à  désirer  qu'il  y  a  cinq  mois. 

Voilà  deux  cas  de  folie  que  l'on  aurait  été  tenté  de  consi- 
dérer comme  intimement  liés  à  ia  tuberculose  (cela  a,  du  reste, 
été  fait  pour  le  premier,  dans  le  certificat  à  fin  d'admission), 
et  qui  ne  sont  en  réalité  que  le  résultat  d'un  choc  moral, 
d'autant  plus  retentissant  qu'il  se  produit  chez  des  débilitées: 
la  première  de  nos  malades  apprend  qu'elle  est  tuberculeuse, 
entend  dire  qu'elle  est  perdue;  aussitôt  apparaissent  des 
troubles  intellectuels  qui  commencent  à  se  dissiper  dès  qu'elle 
a  la  satisfaction  de  constater  elle-même  une  amélioration  de 
son  état  physique,  c'est-à-dire  dès  qu'elle  retrouve  de  l'es- 
poir. 

Chez  la  seconde,  les  troubles  intellectuels,  développés  dans 
les  mêmes  conditions,  se  dissipent  sous  l'influence  d'un  choc 
moral,  d'une  satisfaction  apportée  par  l'exemple  de  la  pre- 
mière, sans  amélioi^ation  de  l'état  physique,  ce  qui  prouve 
bien  qu'il  ne  peut  réellement  pas  être  question  ici  de  folie 
tuberculeuse,  de  folie  causée  par  une  infection  d'origine 
tuberculeuse. 

Que  le  choc  moral  ait  déterminé  une  auto-intoxication,  que 
semble  accuser  la  confusion  mentale  anxieuse  ou  hallucina- 


288  R8VUB  DB  PATHOLOQIB  NBRVBUSB. 

toire,  cela  pourrait,  à  la  rigueur,  se  soutenir,  étant  donoée 
la  débilité  physique  de  nos  deux  malades  lors  de  réclusion 
des  troubles  intellectuels,  mais  il  n'en  est  pas  moins  évident, 
le  second  cas  n'en  fait-il  pas  nettement  la  preuve,  que  ce  n'est 
pas  une  infection  tuberculeuse  ou  d'origine  tuberculeuse  qui 
a  causé  ces  troubles  intellectuels. 

A  mon  avis,  ces  deux  exemples  doivent  faire  hésiter  à  por- 
ter le  diagnostic  «  folie  tuberculeuse  )>  lorsque  Ton  se  trouve 
en  face  de  troubles  intellectuels  survenant  chez  des  tubercu- 
leux ;  ils  montrent  la  nécessité  d'une  enquête  minutieuse  sur 
les  circonstances  de  début,  si  Ton  ne  veut  pas  s'exposer  à  des 
erreurs  de  pronostic  dont  les  conséquences  pourraient  être 
fâcheuses  à  tous  égards. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 


XLIX.  Mtxœoéme  spontané  de  l  adulte;  par  M.  le  professeur  Deboye. 
(Presse  médicale,  4  mai  1898.) 

Observation  d'une  malade  de  trente-truis  ans,  blanchisseuse, 
admise  dans  le  service  de  M.  le  professeur  Debove  pour  des  acci- 
dents alcooliques,  et  chez  qui  furent  reconnus  accidentellement, 
des  symptômes  de  myxœdème  :  face  bouffie,  en  pleine  lune;  effa- 
cement des  sillons  qui  entourent  le  nez  et  la  bouche;  existence  de 
plis  horizontaux  sur  le  front;  cheveux  clairsemés,  de  consistance 
lanugineuse;  sourcils  peu  fournis;  poils  des  aisselles  et  des  pubis 
remplacés  par  quelques  poils  follets;  peau  sèche;  déformation  et 
altération  des  ongles;  paresse  intellectuelle;  etc.  Le  corps  thyroïde 
n'était  pas  perceptible  à  la  palpalion.  A  l'autopsie  de  cette  malade, 
décédée  par  suite  de  méningite  tuberculeuse,  on  constata  que  la 
glande  thyroïde,  de  couleur  et  de  consistance  normales,  ne  pesait 
que  7^^,50.  L'examen  histolo^ique  de  cet  organe  révéla  un  épais- 
sissement  notable  du  tissu  conjonctif.  Les  artères,  atteintes  d'endar- 
térite  et  de  périartérite,  étaient  comme  sculptées  au  sein  du  tissu 
scléreux.  Le  tissu  conjonctif  formait  des  bandes  épaisses  et  s'insi- 
nuait entre  les  vésicules  thyroïdiennes;  il  était  infîltré  par  places 
de  cellules  embryonnaires.  La  plupart  des  vésicules  avaient  con- 
servé leurs  dimensions  normales,  leur  épithélium  et  leur  substance 


REVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE.  ZOÏ^ 

colloïde  ;  cependant,  on  voyait  dans  quelques-unes  des  traces  de 
desquamation  épithéliale,  des  cristaux  et  des  boules  de  substance 
hyaline;  d'autres  étaient  étouffées  par  le  développement  du  tissu 
scléreux.  En  un  mot,  on  trouvait  les  signes  d*une  tbyroîdite  en 
Toie  d'évolution. 

La  cause  de  laquelle  relève  la  production  de  cette  maladie,  à 
rage  adulte,  cbez  cette  femme,  n'a  pa  être  déterminée.  L'alcoo- 
lisme et  les  peines  morales,  facteurs  étiologiques  habituellement 
invoqués  dans  les  faits  de  ce  genre,  se  sont  trouvés  réunis  dans  le 
cas  spécial  rapporté  par  M.  Debove  ;  mais  cet  auteur  les  considère 
comme  des  causes  banales,  qui,  selon  toute  vraisemblance,  ne 
joaeot  qu'un  rôle  tout  à  fait  secondaire.  A.  Fenayrou. 

L.  Lks  paralysies  du  voile  du  palais  et  le  nerf  facial  ;    par 
M.  Marcel  Lbrmoyez.  (Presse  médicale^  7  mai  1898.) 

D'après  M.  Lermoyez,  le  facial  n'est  pas,  ainsi  qu'on  l'admet  ^ 
généralement,  le  principal  muscle  moteur  du  voile  du  palais.  La 
physiologie  expérimentale  démontre  d'une  façon  irréfutable  que  le 
facial  ne  fournit  aucun  rameau  moteur  au  voile  du  palais,  et  que 
le  pneumogastrique,  (nerf  vago-spinal,  constitué  par  la  réunion  du 
nerf  vague  et  de  la  branche  interne  du  spinal),  innerve  tous  les 
muscles  du  voile,  à  l'exception  du  péristapbylin  externe.  Les  filets 
moteurs,  émanés  du  bulbe,  gagnent  le  voile  du  palais  par  l'inter- 
médiaire du  nerf  pharyngien. 

D'accord  avec  la  physiologie,  la  clinique  montre  qu'il  existe  des 
faits  de  paralysie  du  voile  par  lésions  du  vago-spinal.  L'auteur  en 
rapporte  un,  dans  lequel  il  a  observé  une  paralysie  du  voile  du 
palais  avec  paralysie  récurrentielle  et  paralysie  linguale,  sans 
paralysie  de  la  face,  provoquée,  ainsi  que  l'autopsie  Ta  établi,  par 
un  écrasement  du  va$ro-spinal  par  des  ganglions  cancéreux  avec 
intégrité  absolue  du  facial  et  da  grand  nerf  pétreux  superficiel. 
Les  cliniciens,  il  est  vrai,  disent  avqir  observé  un  grand  nombre  de 
paralysies  faciales  accompagnées  de  paralysies  du  voile  du  palais, 
et  l'on  ne  peut  sans  parti  pris  rejeter  leurs  conclusions,  mais 
M.  Lermoyez  regarde  néanmoins  comme  une  exception  clinique 
cette  association  d'une  paralysie  du  voile  avec  une  paralysie  faciale, 
et  pense  que  les  cas  qui  en  ont  été  rapportés  soulèvent  plusieurs 
objections  qui  permettent  au  moins  de  douter  de  leur  valeur. 

Il  est  logique  d'admettre  que  le  larynx  et  le  pharynx  (l'anche  et 
le  résonateur),  qui,  pendant  l'émission  vocale,  doivent  présenter 
un  synchronisme  et  une  harmonie  de  mouvements  absolus,  qui  ne 
sont,  en  somme,  que  les  deux  parties  d'un  mAme  organe  vocal, 
doivent  obéir  à  un  môme  nerf.  Seule,  Tunité  de  commandement 
peut  assurer  la  précision  des  mouvements  nécessaires  au  chant,  et 
l'on  comprendrait  mal  que  le  larynx  et  le  voile  du  palais,  destinés 

Archives,  2^  série,  t.  VL  19 


390  RRVUB  DK  PATHOLOOIB  NBRVBUSB. 

à  vivre  d'accord,  reçussent  Jeurs  ordres  de  deax  nerfs  aussi  étran- 
gers l'un  à  l'autre  que  le  facial  et  le  vago-spinal.    A.  Fenatboi;. 

LI.  Parasitisme  des  centres  nerveiiz  par  mycose;  par  MM.  i.  Roux 
et  J.  Paviot  (de  Lyon).  (Presse  médicale,  23  février  i898.) 

L'observation  relatée  dans  ce  travail  concerne  une  femme  âgée 
de  41  ans,  alcoolique,  chez  qui  se  sont  manifestés,  en  même  temps 
qu'une  angine  légère,  des  troubles  de  la  sensibilité  et  une  grande 
faiblesse  des  membres  inférieurs.  Ces  symptôme j  se  sont  accentués 
rapidement;  en  quelques  jours,  la  faiblesse  des  membres  inférieurs 
s'est  transformée  en  une  paralysie  complète  ;  les  membres  supérieurs 
ont  été  ensuite  envahis,  à  leur  tour,  par  la  paralysie;  peu  après,  se 
sont  produits  des  troubles  cérébraux  :  délire  tranquille  avec  hallu- 
cinations visuelles  et  auditives,  sensation  d'angoisse  provoquée  par 
la  vue  d'un  grand  espace  vide  au-dessus  de  sa  tête  (sorte  de  phobie 
des  espaces  vides)  ;  enfin,  ont  apparu  des  phénomènes  bulbaires, 
tachycardie  et  dyspnée,  vingt-quatre  heures  avant  la  mort  de  la 
malade.  Jusqu'aux  dernières  heures,  l'état  ^'énéral  est  resté  excel- 
lent, et  les  fonctions  organiques  ont  paru  s'accomplir  régulière- 
ment; à  aucun  moment  on  n'a  constalê  de  fièvre.  La  maladie  a 
évolué  en  vingt  jours  environ. 

A  l'autopsie,  on  a  observé  un  aspect  spécial  des  centres  nerveux 
qui  semblaient  durcis,  congelés;  l.i  surface  de  la  moelle,  irrégu- 
lière, bosselée,  paraissait  étranglée  par  les  tractus  fibreux  de  la 
pie-mère,  comme  si  la  gaine  formée  par  cette  membrane  eût  été 
trop  étroite  pour  contenir  Taxe  nerveux  médullaire;  de  fait,  sur 
les  coupes,  la  substance  médullaire  faisait  immédiatement  hernie 
et  formait  une  sorte  de  bourrelet  saillanL  L'examen  histologique  a 
révélé  dans  la  moelle  et  le  bulbe  la  présence  d'un  parasite  du 
genre  streptothrix,  caractérisé  morphologiquement  par  des  fila- 
ments articulés  et  branchés.  Les  cellules  pyramidales  de  la  moelle 
et  les  grandes  cellules  du  bulbe  étaient  très  altérées  dans  leur 
forme  et  leur  constitution  intime.  Il  n'y  avait  aucune  réaction 
inûammaloire  dans  la  pie-mère  médullaire.  Les  auteurs  n'ont  pas 
trouvé  de  parasites  dans  les  parties  de  l'écoroe  du  cerveau  qu'ils 
ont  examinées;  ils  y  ont  seulement  constaté  des  grains  très  forte- 
ment colorés  en  bleu,  ronds,  un  peu  moins  volumineux  que  les 
grains  névrogliques.  Ces  grains,  dont  l'existence  a  été  aussi  relevée 
dans  le  bulbe,  siégeaient  dans  les  artérioles  et  capillaires  et  en 
oblitéraient  même  un  certain  nombre  ;  leur  nature  exacte  n'a  pu 
être  reconnue;  ils  constituaient  peut-être  le  début  de  la  réaction 
inflammatoire  des  centres  nerveux  vis-à-vis  du  parasite. 

Le  tableau  clinique  de  celte  affection  a  été,  d'une  façon  géné- 
rale, celui  de  la  maladie  de  Landry;  cependant  il  a  présenté  quel- 
ques  particularités,    dont    nous  mentionnerons    les    suivantes  : 


RBVUiE  DB  PATHOLOGUB  NBRVEUSB.  291 

io  Apparilion  de  troubles  cérébraux  très  accentués,  précédant 
même  les  troubles  bulbaires;  ces  troubles  étaient  certainement 
sous  la  dépendance  des  lésions  histologiques  constatées  dans  Ten- 
c^phale;  la  phobie  des  espaces  vides  pourrait  être  considérée 
comme  un  trouble,  sinon  périphérique,  du  moins  bulbaire,  par 
infiltration  parasitaire  des  noyaux  correspondant  au  nerf  vestibu- 
laire;  2<)  Intégrité  de  l'état  ^'énéral  et  des  fonctions  organiques,, 
absence  de  fièvre,  jusqu'aux  dernières  heures;  ces  phénomènes 
éloignaient  l'idée  d'une  infection  ;  mais  il  est  possible  que  les- 
troubles  constatés  aient  été  le  produit  d'une  action  mécanique- 
exercée  par  le  parasite,  et  non  d'une  infection  ou  d'une  intoxica* 
tioo,  au  sens  habituel  de  ces  mots.  La  nature  exacte  du  parasite- 
n'a  pas  été  déterminée:  sa  porte  d'entrée  est  aussi  restée  inconnue; 
peut-être  y  a-t-il  lieu,  à  cet  égard,  d'incriminer  l'angine  du  début. 

A.  Fenayeou. 

LU.  Del'aphasib;  par  C.  Bastian,  B.  Bbahwbll  et  Lister  (Obser- 
vations de  Mantle  et  Allan  dans  [les  mêmes  numéros).  {Bfilish 
Med.  Journal,  février-avril-mai  1897.) 

Les  auteurs  étudient  à  part  les  lésions  des  centres  de  la  parole^ 
droit  et  gauche,  puis  les  troubles  fonctionnels  secondaires  aux 
lésions  des  images  visuelles,  auditives  et  autres.  Ils  examinent 
ensuite  Tétat  mental  particulier  des  aphasiques  et  leur  capacité 
civile  dans  les  différents  cas.  A.  Marie. 

LIIL   Myeutes   localisées;    par    B.    Bramwell.   {British   médical 
Journal,  avril  1898.) 

Deux  observations  :  l'une  d'affection  médullaire  traumalique  au 
niveau  de  la  région  sacrée,  sui^ue  de  paraplégie  incomplète  avec 
troubles  vésicaux  et  génito-urinaires;  l'autre  d'origine  également 
traumatique  et  suivie  de  paralysie  transitoire  des  quatre  membres. 

A.  iM. 

LIV.  Contribution  a  l'étude  de  l'etiologie  du  Lichen  Ruber  ;  par 
A.  Lindbtrem.  (Nouv.  Iconogr.  de  la  Salpétrière,  n»  2. 1898.) 

L'etiologie  du  lichen  ruber  est  peu  connue.  Parmi  les  dermatoio- 
gistes  qui,  depuis  Hebra,  ont  traité  de  cette  affection,  les  uns  ne 
parlent  pas  de  l'etiologie,  les  autres  en  font  soit  une  tropho-névrose, 
soit  une  manifestation  microbienne.  D'une  revue  d'observations 
nombreuses  (les  unes  personnelles,  les  autres  publiées  antérieure- 
ment), Tauteur  conclut  qu'on  ne  peut  pas,  dans  l'affection  en  ques- 
tion, constater  un  processus  inflammatoire  ;  qu'on  rencontre  tou- 
jours chez  les  malades  qui  en  sont  atteints  une  hérédité  névropa- 


RBYUB  DB   PATHOLOOIB  NBRVBUSB. 

thique  ou  de$  troubles  neryeux  personnels;  qu^avec  les  recherches 
expérimentales  de  Gaule  et  malgré  Tabsence  d*autopsies,  il  est 
légitime  d*admettre  que  le  lichen  ruber,  comme  les  autres  affec- 
tions cutanées  qui  se  traduisent  par  des  troubles  de  kératinisation, 
est  provoqué  par  des  désordres  de  la  moelle  épinière  ou  des  gan* 
glions  qui  s'y  rattachent. 

LV.  Dkux  infantiles  :  infantile  myxœdéiiatbox  et  infantile  de 
LoRAiN  ;  par  H.  Meige  et  F.  âllard.  (Nouv.  Iconog.  de  la  Saipé- 
trièt^e,  ii«  2,  1898.) 

La  juxtaposition  de  ces  deux  types  d'infantilisme,  qui  se  distin- 
guent par  un  habitus  et  des  caractères  étiologiques  et  pathogé- 
niques  différents,  présente  ici  un  intérêt  tout  particulier  par  les 
radiographies  qui  accompagnent  les  observations  et  mettent  en 
lumière  les  différences  caractéristiques  des  deux  formes  morbides, 
au  point  de  vue  du  développement  squelettique.  Dans  l'infanti- 
lisme myxœdémateux,  Tossification  est  retardée  ;  dans  l'infanti- 
lisme de  Lorain,  elle  parait  au  contraire  être  prématurée.       R.  C. 

LVI.  PACHYMÉNINGrrE  CERVICALE  HYPER  TRO  PHI  QUE  ET  PSEUDOTABBS  ALCOO 

lique;  par  Â.  Luppi.  {Il  Morgagni,  n^  3,  1898.) 

Observation  clinique  non  suivie  d*autopsie.  11  s'agit  d*un  homme 
de  soixante-deux  ans,  à  antécédents  névropathiques  personnels  et 
héréditaires  compliqués  d'alcoolisme  chronique.  Discussion  du 
diagnostic.  L'auteur  insiste  particulièrement  sur  les  particularités 
qui  ne  rentrent  pas  dans  le  cadre  classique  de  la  pachyméningite 
cervicale  hypertrophique  :  prédominance  des  troubles  parétiques 
du  côté  des  muscles  extenseurs  des  membres  thoraciques,  la  para- 
plégie foudroyante,  coïncidant  avec  une  paralysie  vésicale  subite, 
l'extension  des  troubles  nerveux  à  la  région  dorsale.  Il  y  a  lieu, 
sans  doute,  de  tenir  compte,  pour  l'explication  de  ces  faits,  de  la 
coexistence  d'une  polynévrite;  mais  l'auteur  ne  croit  pouvoir  expli- 
quer la  physionomie  des  accidents  apoplectiformes  que  par  la  com- 
plication, soit  d'une  hémorrhagie  cérébrale  dans  les  tissus  de  néo- 
formation, soit  d'une  hématomyélie.  R.  C. 

LVll. Conservation  des  réflexes  patellaires  dans  le  tares  dorsalis; 
par  Ch.  AcHABD  et  Léopold  LÉvi.  (Nouv.  Iconogr,  de  la  Salpé- 
trière,  n®  2,  1898.) 

L'abolition  des  réflexes  rotuliens  e  t  la  règle  dans  le  tabès  dor- 
salis dont  elle  constitue  même  un  symptême  précoce  ;  mais  la  loi 
de  Westphal  présente  des  exceptions  fréquentes,  comme  en  témoi- 
gnent  les   observations    publiées   depuis    plusieurs  années.  Les 


RBVUB  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB.  293 

auteurs,  poar  leur  part,  ont  rencontré  six  cas  de  labes  avec  conser- 
Tation  des  réflexes.  L*un  de  ees  cas,  avec  autopsie  et  examen  hislo- 
logique  complet,  présente  un  intérêt  tout  particulier:  il  y  avait 
une  sclérose  des  cordons  postérieurs  de  la  moelle,  avec  prédomi- 
Daoce  au  niveau  des  régions  sacrée  et  cervicale;  la  lésion  était 
particulièrement  discrète  au  niveau  de  l'union  de  la  moelle  lom- 
baire avec  la  moelle  dorsale,  c'est-à-dire  au  niveau  de  cette  zone 
dite  par  Westphal  «  zone  d'entrée  des  racines  »,  située  en  avant  de 
la  substance  gélatineuse,  et  dont  la  lésion  détermine  toujoursTabo- 
lition  du  réflexe.  Cette  exception  confîrme  donc  non  seulement  la 
règle,  mais  encore  Topiniou,  établies  par  We.stphall,  relativement 
au  siège  anatomique  de  la  lésion,  qui  se  traduit  par  l'abolition  des 
réflexes  patellaires.  R.  Charon. 

LVIII.  Un  cas  d'amyotrophie  db  la  main  droite  ;  par  van  Gbbuchtui . 
(Journ.  de  Neurologie  et  d'Hypnologie,  1898,  n^  10.) 

La  malade,  qui  fait  le  sujet  de  cette  observation,  présentait  au 
niveau  de  la  main  droite  une  atropbie  complète  de  tous  les  mus- 
cles innervés  par  le  médian  et  une  atrophie  incomplète  des 
muscles  innervés  par  le  cubital.  A  la  suite  de  cette  atrophie,  la 
main  avait  subi  une  déformation  particulière,  sorte  de  combinai- 
son de  la  main  de  singe  avec  la  main  en  griife,  à  laquelle  on 
donne  généralement  le  nom  de  main  de  Duchenne-Aran.  Malgré 
l'absence  de  troubles  de  la  sensibilité,  l'auteur  croit  pouvoir  ratta- 
cher cette  amyotropie  à  une  syringomyélie.  G.  D. 

LIX.  Un  cas  d'anurie  hystérique  avec  élimination  supplémentaire 
d'orbe  par  le  nez,  les  yeux,  les  oreilles,  etc.,  ayant  duré  douze 
jours  ;  par  le  D^  B.  Guisy.  (Journ,  de  Neurologie  et  d'Hypnolooie, 
1898,  n»  6.) 

LX.  Le  pbénomène  des  orteils  ;  par  van  Gehuchtbn.  {Journ.  de  Neuro- 
logie et  d*Hypnologie,  1898,  n*"  8.) 

Dans  un  cas  d'hémiplégie  organique,  l'auteur  a  constaté  l'exis- 
tence du  phénomène  des  orteils,  signalé  récemment  parBabinski. 
Il  a,  en  outre,  observé  la  même  modification  du  réflexe  plantaire 
dans  trois  cas  de  tabès  dorsal  spasmodique.  M.  van  Gebuchteu  croit 
pouvoir  en  conclure  que  le  phénomène  des  orteils  est  lié  intime- 
ment à  la  lésion  des  fibres  des  faisceaux  pyramidaux,  que  cette 
lésion  siège  dans  la  partie  encéphalique  de  ce  faisceau  (hémiplégie, 
monoplégie)  ou  dans  sa  partie  spinale  (paralysie  flasque  ou  para- 
plégie spasmodique). 

G.  D. 


39i  RBVUB  DE  PATHOLOOIB  NBHVBU8B. 

1.X1.  Un  cas  de  maladie  de  Charcot  ;  par  les  D'*  dk  Buck  et  L.  De- 
MOOR.  (Joum.  de  Neurologie  et  d'Hypnologie,  1898,  n^  5.) 

On  sait  que  pour  quelques  auteurs,  la  sclérose  latérale  amyotro- 
'phique,  au  Heu  de  constituer  une  véritable  entité  morbide,  comme 
4'a  soutenu  Charcot,  ne  serait  qu'une  variété  d'atrophie  mascu- 
Jaire  progressive. 

S'appuyant  sur  un  cas  de  sclérose  latérale  amjotrophique  dont 
'ils  donnent  la  relation,  MM.  de  Buck  et  Demoor  démontrent  que 
si,  au  point  de  vue  anatomo-pathologique,  on  est  eu  droit  de  con- 
sidérer la  maladie  de  Duchenne  et  celle  de  Charcot  comme  de 
simples  modalités  cliniques  (Leyden,  Kakler  et  Pick)  dune  même 
affection  portant  sur  les  neurones  des  cornes  antérieures  (neurone 
moteur  périphérique  et  neurone  moteur  intercalaire)  ;  au  point  de 
Tue  clinique,  Pezistence  des  phénomènes  spasmodiques  et  la  rapi- 
dité beaucoup  plus  grande  de  révolution  caractérisent  assez  nette- 
ment la  sclérose  latérale  amyotrophique  pour  lui  faire  une  place 
à  part  en  pathologie  nerveuse,  très  voisine  mais  distincte  toutefois 
de  celle  que  Ton  assigne  à  Tatrophie  musculaire  progressive.  G.  D. 

Ï-XII.  La  suGGESTiBiUTÉ  ET  l'hystêrib;  qu'est-ce  oui  l'htstérib;  par 
A.  FoRBL.  (Zeitschrift  fur  hypnotismus,  t.  V,  fasc.  2,  3,  4.) 

L*hyslérie  n*est  pas  une  entité  morbide  mais  un  complexus 
symptomatique,  un  syndrome  pathologique.  Ce  complexus  est  plus 
souvent  constitutionnel  mais  il  peut  être  aussi  acquis  ;  presque 
toujours  réiément  acquis  vient  se  greffer  sur  l'élément  constitu- 
tionnel. Avant  tout,  ce  complexus  symptomatique  est  caractérisé 
:par  une  suggeslibilité  et  une  aulo-suggcsti^jilité  pathologique  qui 
se  combinent  très  diversement  avec  les  manifestations  des  autres 
«psychopathies  constitutionnelles. 

L'auto-suggeslibiiité  pathologique  prédomine  dans  les  formes 
graves  de  l'hystérie.  Les  phénomènes  hypnotiques  ont  pour  baseia 
suggeslibilité  normale  et  Thypnotisme  n*est  pas  une  manifestation 
de  l'hystérie.  La  suggestibilité  normale  est  à  Thystérie  ce  que  la 
•tristesse  est  à  la  mélancolie.  Lwoff. 

•LXIIL  Adto-obsbrvations  pendant  l*ktat  hypnotic?ue  ;  par  Otto-G. 
Wettkrstrand  (de  Stockholm).  [Zeitschrift  fur  hypnotismus^ 
B.-W.,  fasc.  2el3.) 

Deux  malades  hynoptisés  racontent  leurs  sensations  :  dimino- 
iion  de  la  personnalité;  on  dort,  mais  on  se  sent,  on  se  voit  dor- 
•mir,  on  entend  ce  qui  se  passe  autour,  on  entend  les  paroles  de 
rhypnotiseur  qui  pénètrent  en  vous  et  modifient  votre  état  d'àme. 
•On  se  rend  cependant  parfaitement  compte  qu'on  est  suggestionné. 


RBVUB.  DB  PATH0L06IB  NBRVBU8B.  295 

Oq  conserve  un  empire  assez  grand  sur  soi-même  et  un  des  ma- 
lades a  pu  s'auto-suggestionner  et  se  réyeiller  à  une  heure  flzée 
par  lui  d'avance  ;  il  s*est  rappelé  pendant  son  sommeil  hypnotique 
qu'il  avait  un  rendez-vous  d'affaire  à  celte  heure.  Lwopf. 

LXIV.  S'agit-il  de  somnambulisme  hysiériqub  ou  hypnotique  ;  par 
LosvBNFELD.  [Zeitschrifl  fur  hypnotismus^  t.  YI,  fasc.  2.) 

A  propos  d'une  observation  publiée  par  le  D'  Brugelman,  Tau- 
tear  se  déclare  advei'saire  de  la  théorie  qui  veut  que  Phjpnose  soit 
une  modalité  hystérique  artificieilement  provoquée.  IL  croit  qu'il 
existe  bien  une  région  frontière  où  l'hystérie  empiète  sur  Thypno- 
tisme,  mais  il  croit  aussi  à  Tautonomie  de  ces  deux  états.     Lwoff. 

LXV.  Parésie  transitoire  et  récurrente  dans  le  ramollissement 
CÉRÉBRAL  aigu;  par  0.  Mackbnzie.  {Brit.  med.  Journal^  janvier 
1898.) 

Uauteur  signale  une  observation  de  courtes  et  fréquentes 
attaques  de  parésie  et  montre  Tintérêl  que  présentait  leur  rapport 
étroit  avec  Thémoglobinurie  constatée  du  malade.        Â.  Blanc 

LXYI.  Autohypnotisme,  par  St.  Warren.  {Médical  News,  mai  1898.) 

L'auteur  développe  les  bienfaits  à  tirer  du  traitement  moral,  des 
suggestions  bienfaisantes  et  autosuggestions  contre  les  obsessions 
et  impulsions  nuisibles  d'ordre  hystérique  et  dégénératif. 

11  montre  les  anomalies  de  l'idée  morbide  comme  prenant  fré- 
quemment naissance  dans  des  suggestions  ambiantes,  imitations, 
lectures  et  dépressions  du  caractère  et  de  la  volonté  d'origines 
variées  ;  il  propose  de  les  combattre  par  un  mécanisme  analogue 
en  provoquant  des  auto-suggestions  inverses,  comme  la  mère 
trompe  les  fantaisies  intempestives  de  Fenfant  en  lui  offrant 
quelque  satisfaction  voisine  seulement  de  son  caprice  et  qui  l'en 
distrait.  A.  Marie. 

LXVH.  Myélite   localisée   (paralysie    des   quatre  membres);    par 
B.  Bramvell.  {British  médical  Journal,  mai  189JB.) 

C'est  un  cas  de  lésion  traumatique  de  la  colonne  vertébrale  au 
niveau  de  la  5®  verticale. 

Paralysie  et  anesthésie  transitoires  suivies  d'atrophie  avec 
spasmes  et  rigidités.  La  lésion  semble  avoir  été  superficielle,  affec- 
tant les  racines  d'émergence  au  niveau  des  5"  et  6«' vertèbres 
cervicales.  L'auteur  rapproche  un  cas  analogue  où  des  paralysies 
viscérales  (vésicale  et  intestinale}  disparurent  avec  les  paralysies 
transitoires  des  membres.  Traitement  dans  les  deui  cas  par  l'élec- 
tricité,  les  massages  et  les  injections  strychuiques.  A.  Marie. 


296  RBVUB  DE  PATHOLOQIB  NBRVSUSB. 

LXVIII.  HTSTÉaiE  infantile;  par  J.  Madison  Taylor.  {Médical  News^ 
janvier  1898.) 

L'auteur  se  place  plus  particulièrement  au  point  de  vue  du  trai- 
tement, qu'il  fonde  sur  Thydrothérapie  et  la  suggestion.  Aux  crises 
spasmodiques  il  applique  le  nitrile  d'amyle,  les  inhalations  am- 
moniacales et  les  applications  de  glace  sur  la  tête  et  la  colonne 
▼ertébrale.  A.  Maiib. 

LXIX.  Ëpilbpsib  sênilg;  par  C.  Lewis  Allen.  (Médical  News, 
mars  1898.) 

Quatre  observations  d'épilepsie  tardive  que  Tauteur  rapporte  à 
la  sclérose  artérielle  des  centres  nerveux  et  à  la  dégénérescence 
du  ii>uscle  cardiaque  (cardio-bulbar  sclerosis).  A.  BIarib. 

LXX.  Abcès  cérébral;  par  J.  Rosson.  {Occidental  médical  Journal^ 
février  1898.) 

Observation  d'un  homme  de  trente-neuf  ans  ayant  succombé, 
malgré  l'opération  du  trépan,  à  un  abcès  de  Thémisphère  droit 
d'origine  péricranienne.  L'auteur,  à  ce  propos,  impute  son  insuc- 
cès au  retard  mis  à  opérer,  en  raison  de  l'opposition  de  la  famille 
et  du  délire  du  malade  ;  il  se  demande  si  l'intérêt  du  malade  ne 
devrait  pas  primer  les  autres  considérations.  A.  Habib. 

LXXL  Du  TABES  dorsal;  par  F.  Fisbeh.  {Occid.  medic.  Time, 
mars  1898.) 

A  propos  des  cas  d'ataxie  observés  au  Cooper  collège  de  San 
Francisco,  Tauteur  estime  que  l'influence  étiologique  de  la  syphilis 
a  été  exagérée.  Quand  il  y  a  antécédent  syphilitique,  la  gravité  et 
la  précocité  de  l'atteinte  de  tabès  est  en  raison  inverse  de  la  gra- 
vité des  accidents  spécifiques  initiaux  et  de  l'énergie  du  traitement 
correspondant.  L'atrophie  optique  précoce  correspond  aux  ataiies 
tardives  et  à  marche  lente.  A.  M. 

LXXII.  Étiologie  des  névroses  ;  par  F.  Bateman.  {Med,  kg.  Journal, 
mars  1897.) 

L'auteur  incrimine  particulièrement  le  surmenage  intellectuel 
de  l'enfance,  en  se  basant  surtout  sur  la  progression  du  suicide 
chez  les  enfants.  Il  montre  les  programmes  d'instruction  surchar- 
gés comme  aboutissant  Hnalement  ù  produire  l'idiotie  par  dégéné- 
rescence des  sujets  qui  procréent  plus  tard  des  arriérés  par  suite 
de  la  tare  névropathique  ainsi  acquise.  A.  Marie. 


RBVUB  DB   PATHOLOGIB   NBRVBCJSB.  297 

LXXUf.  Soa  l'épilepsie  d'origine  alcooliqub  ;  par  Heinrich  SiKtM 
(de  New-York).  (Medico  légal  Journaly  juin  1897.) 

L'auteur  montre  d*abord  les  ravages  de  toutes  sortes  produits 
par  ialcoolisme  ;  puis  il  étudie  Jes  diverses  opinions  des  ditTérents 
auteurs  sur  les  rapports  qui  unissent  l'alcoolisme  et  Tépilepsie. 
Pour  lui,  ralcoolisme  provoque  Tépilepsie  d'abord  par  les  lésions 
organiques  qu*elle  fait  naître  dans  le  système  nerveux  central  par 
athérome,  sclérose,  etc.,  mais,  aussi,  avant  môme  que  ces  lésions 
organiques  ne  soient  constituées  par  le  trouble  amené  dans  la 
Dulrition  des  cellules  nerveuses  par  l'intoxication.  De  nombreuses 
observations  accompagnent  le  texte  A.  V. 

LXXIV.  Paralysie  réflexe  du  deltoïde  de  cause  articulaire.  — 
DÉPLACEMENT  SECONDAIRE  PASSIF  ;  par  le  D*"  F.  Malty.  (Gazelle 
hebdomadaire  de  médecine  et  de  chirurgie ^  1^^  mai  1898.) 

A  la  suite  d'une  luxation  de  l'épaule  en  avant,  on  observe  par- 
fois une  paralysie  du  deltoïde  et  de  quelques  muscles  voisins  et  un 
déplacement  secondaire  passif  de  la  tête  de  l'humérus.  Le  segment 
brachial  est  allongé,  la  tôte  de  l'humérus  par  suite  de  la  paralysie 
du  deltoïde  et  de  la  laxité  des  ligaments  abandonne  la  cavité  glé- 
DOïde,  entraîné  qu'il  est  par  l'action  de  la  pesanteur.  Bien  que  ce 
déplacement  permanent  soit  facilement  réductible,  l'impotence 
fouciionnelle  du  membre  est  presque  complète.  C'est  un  syndrome 
bien  dëÛni  constituant  une  infirmité  redoutable. 

L'auteur  étudie  d'abord  quelle  sorte  de  paralysie  frappe  le  del* 
toïde  et  montre  quel  est  le  rôle  de  cette  paralysie  dans  la  genèse 
des  accidents. 

La  paralysie  n'est  due  ni  à  une  myosite,ui  aune  névrose;  elle  est 
00  neuropalhique,  ou  myélopathique.  Elle  n'est  pas  neuropathique  : 
l'exploration  électrique  ne  décelant  jamais  de  réaction  de  dégéné- 
rescence permettrait  seule  de  l'affirmer,  mais  en  outre  elle  n'est 
jamais  accompagnée  d'anesthésie  localisée  ;  l'excitabilité  du  mem- 
bre est  exagérée  et  les  réflexes  du  poignet  et  du  coude  sont  aug- 
mentés, de  sorte  qu'il  n'est  pas  douteux  qu'il  s'agisse  ici  d'une 
affection  myélopathique,  c'est  bien  là  la  paralysie  spasmodique 
amyotrophique  de  Charcot,  l'atrophie  réflexe  de  cause  articulaire. 

L'amyotrophie  articulaire  est  très  bien  étudiée  tant  au  point  de 
vue  nosographique,  qu'au  point  de  vue  pathogénique  :  toute  lésion 
articulaire  retentit  sur  son  centre  médullaire.  Mais  ce  retentisse- 
ment est  variable  :  tantôt  il  n'y  a  qu'une  lésion  dynamique,  épui- 
sement de  la  cellule  ganglionnaire,  donnant  lieu  à  des  parésies  et 
des  amyotrophies  passagères,  tantôt  il  y  a  lésion  organique  des 
cornes  antérieures  de  la  moelle  provoquant  des  paralysies,  des 
amyotrophies  graves  et  une  laxité  articulaire  donnant  naissance 


398  RBVUB  DB   PATUOLOOIB  NBRTBUSB. 

au  déplacement  secondaire  de  la  t6te  humorale.  D'antre  part 
jamais  une  paralysie  du  circonflexe  ou  du  plexus  brachial  ne 
s'accompagne  de  laxité  articulaire. 

L'auteur  s'appuyant  sur  six  observations  personnelles  et  sur  les 
six  cas  rapportés  par  M.  Hennequinest  donc  autorisé  à  formuler  les 
conclusions  suivantes  :  cette  paralysie  est  myélopathique  et  répond 
au  type  de  la  paralysie  spasmodique  articulaire  ;  c'est  cette  origine 
qui  permet  d'expliquer  le  déplacement  et  la  laxité  articulaire;  le 
déplacement  ne  se  produit  pas  lorsque  la  paralysie  reconnaît  une 
autre  cause.  A.  Vigocroux. 

LXXV.  Tic  DOULOUREUX   ET  OPÉRATION;  par  W.  EwART.  (Briiiih 
médical  journal  f  9  novembre  1896.) 

L'auteur  conclut  au  succès  douteux  et  au  rejet  de  l'opératioa 
toutes  les  fois  qu'on  n'a  pas  épuisé  les  moyens  logiques  de  traite- 
ment médical  répondant  par  exemple  à  l'origine  arthritique 
héréditaire  de  l'aifeclion.  A.  Marii. 

LXKVI.   NoTKs  CLINIQUES  SUR  LA  MALADIE  d'Adoison  ;  par  B.  Bp.AM* 
WELL.  (Brilish  médical  journal^  janvier  1897.  j 

Ces  réflexions  à  propos  d'une  observation  inédite  portent  sur 
deux  points  particulièrement  importants  :  Taction  nettement  effi- 
cace du  traitement  par  l'extrait  surrénal,  Tabsence  des  capsules 
constatée.  A.  M. 

LXXVIL  Hérédité  et  névrose;  par  Savoye.  (B.  médical  journal, 
janvier  1897.) 

L'auteur  s'attachant  à  faire  la  part  des  prédispositions  hérédi' 
taires  et  des  facteurs  individuels  dépendant  du  milieu  (chocs 
moraux,  surmenage,  etc.),  estime  qu'il  n'y  a  pas  de  fatalité  dégé- 
nérative,  héréditaire  seule  ou  d'acquisition  ;  la  combinaison  de  ces 
facteurs  lui  semble  indispensable  pour  l'éclosion  fatale  des  acci- 
dents dégénératifs.  A.  Marib. 

LXXVIII.  Deux  cas  de  névralgie  du  trijumeau  et  de  trismus  associés 
A  LA  CHUTE  DES  DENTS  ^  par  S.  SswiLL.  (Britîsh  médical  journal, 
janvier  1897.) 

L'auteur,  s'appuyant  sur  deux  cas,  estime  qu'il  peut  y  avoir 
relation  de  cause  à  effet  entre  la  disparition  des  dents  et  les  com* 
pressions  articulaires  temporo-maxillaires  entraînant  constriclion 
et  irradiation  névralgique  douloureuse.  Ses  malades  guérissent  par 
l'apposition  de  plaques  artificielles  remplaçant  les  dents  et  resti- 
tuant à  l'articulation  maxillaire  des  rapports  normaux.    A.  Maris. 


RBVUR  DB  PATHOLOOIB  NBRVBUSE.  299 

LXXIX.  Hemiatrophib  faciale;  par  E.   Yongs.  {B.  med,  joum., 
mars  1897.) 

Hémiatrophie  chez  une  femme  de  quarante  et  un  ans,  consécnti- 
vement  à  des  névralgies  hémicranio-faciales  depuis  la  31*  année. 

A.  Marib. 

LXXX. Hystbbo-bpilbpsie SIMULANT l'épilbpsib  vraie;  par  H.  Thomson. 
{British  médical  Jownal^  août  1897.) 

C'est  une  observation  type  d*hysteria  major,  conforme  à  la  des- 
cription classique  établie  par  Técole  de  la  Salpdtrière,  avec  les  trois 
phases  cliniques,  tonique,  clonique  et  excitation  émotionnelle 
finale.  A.  Marik. 

LXXXI.   NÉVRITES    PÉRIPHÉRIQUES   D*ORIGINE  PUERPERALE  ;    par  Emest- 

Sept.  Retnolds.  (Brilish  médical  Journal^  octobre  1897.) 

L'auteur  divise  les  névrites  selon  leur  origine  centrale  ou  péri- 
phérique. 11  distingue  parmi  ces  dernières  celles  d'origine  infec- 
tieuse générale,  et  celles  d'origines  traumatique  ou  infectieuse 
locales,  pelviennes.  Il  cite  une  observation  personnelle  de  névrite 
périphérique  de  cette  dernière  catégorie,  ayant  entraîné  une  para- 
plégie, guérie  depuis.  A  propos  de  cas  suivis  de  mort,  il  rappelle 
les  altérations  névritiques  constatées  au  microscope  par  Korsakotf, 
Serbski,  Lindeman,  Mader  et  Solowieff.  A.  Marie. 

LXXXII.  Acromégalie;  par  J.-N.  d'ëstbrre.  {Brilish  médical  Journal, 
décembre  1897.) 

C'est  l'observation  d'un  homme  de  trente  ans  soumis  au  traite* 
ment  par  les  tablettes  d'extrait  pituitaire.  Amélioration. 

A.  Marie. 

LXXXIII.  Myélite  puerpérale;  par  Arthur  Conklin-Brush.  (Médical 
iVfu;s,  mars  1898.) 

L'auteur  signale  l'absence,  aussi  bien  dans  les  traités  de  neuro- 
logie que  dans  les  ouvrages  d'obstétrique,  d'observation  de  paraly- 
sies dues  à  des  modiûcatious  inflammatoires  de  la  moelle,  cas  qui 
bien  que  rares  n'en  constituent  pas  moins  des  complications  puer- 
pérales. 

11  relate  cinq  cas  de  myélite  puerpérale  qu'il  a  pu  observer  pen- 
dant deux  années  dans  les  salles  d'hApital  de  Kings.  Tous  ces  cas 
étaient  de  nature  subaiguô  ou  chronique,  et  des  proportions 
variables  de  la  moelle  étaient  atteintes. 


300  REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

11  expose  que,  des  causes  générales  de  myélite,  une  seule  esl  à 
retenir  dans  la  complication  puerpérale,  la  septicémie. 

A.  Blanc. 

LXXXIV.  Erytrophobib  ;    par    Bechtergw.   {Revue  de  psyekidlrie^ 
neurologie  et  psychologie  expérimentale,  4897,  n<>  1,  p.  23-24.) 

A  propos  de  la  communication  de  MM.  Pitres  et  Régis,  au  Con- 
grès de  iNancy,  M.  Beciiterew  fait  remarquer  que  sous  le  titre: 
«  Propriété  de  rougir  comme  affection  particulière  »,  il  a  décrit  dans 
IdiRevue  de  psycA  tel  (ne,  etc.,  de  1896, n<>  12,  une  affection  absolameot 
analogue  à  celle  qu*ont  décrite  MM.  Pitres  et  Régis.  D'accord  avec 
ces  derniers.  M.  Bechterew  trouve  que  cette  affection  se  rencontre 
tout  particulièrement  chez  les  jeunes  gens  du  sexe  masculin  à  sys- 
tème nerveux  facilement  excitable,  chez  les  neurasthéniques,  mais 
rarement  chez  les  hystériques.  Contrairement  à  l'opinion  des  au- 
teurs français,  Térytrophobie  ne  débuterait  pas  nécessairement 
après  l'achèvement  de  révolution  générale, —dans  un  cas  de  M.  Bech- 
terew, le  début  de  l'affection  remonte  à  Tâge  de  onze  ans.  Les 
malades  restant  seuls  ne  rougissent  pas,  ils  ne  rougissent  pas  non 
plus  dans  Tobscurité  ni  lorsque  l'éclairage  est  faible,  — celasei- 
plique  par  le  fait  que  la  peur  d'être  remarqué  par  quelqu'un  est  la 
cause  provocatrice  de  l'accès  de  rougeur.  La  psychothérapie,  sons 
forme  de  suggestion  ou  d'autosuggestion,  serait  le  seul  traitement 
rationnel. 

LXXXV.  Remarques  sua  certaines  formes  D'iMBÉaLLiTÉ;  par 
J,  Thompson.  (Treatment,  mai  1898.) 

Gh.-John  Thompson,  dans  une  communication  à  la  Société  mé- 
dico-chirurgicale d'Edimbourg,  attire  l'attention  sur  les  particula- 
rités offertes  par  certaines  formes  d'imbécillité  qu'on  observe  chez 
les  enfants. 

Parfois  une  maladie  organique  quelconque  est  capable  par  la  dé- 
bilité générale  qu'elle  entraîne,  d'occasionner  un  retard  dans  le 
développement  intellectuel  de  l'enfant,  l'acquisition  des  idées  se 
trouvant  entravée  par  la  lenteur  des  perceptions.  Si  cet  état  à'ar- 
riération  intellectuelle  s'accentue,  il  y  a  lieu  de  l'attribuer  à  un 
trouble  mental.  La  microcéphalie  se  reconnaît  à  des  signes  assez 
caractéristiques  dans  la  forme  et  les  dimensions  de  la  t6te.  La  fon- 
tanelle antérieure  se  ferme  prématurément,  et  d'après  M.  Thomp- 
son, l'oblitération  de  la  fontanelle  avant  le  septième  mois  serait 
toujours  due  à  la  microcéphalie.  Les  essais  de  crâniectomie,  tentés 
dans  le  but  d'élargir  les  dimensions  du  crâne,  n'ont  pas  donné  des 
résultats  encourageants. 

L'hydrocéphalie  chronique  s'accompagne  souvent  de  déchéance 


RBVUB  d'aNÂTOMIB  ET  DB   PHTSIOLOOIB   PATHOL0OIQUB8.      301 

intellectuelle.  Parfois  au  contraire,  malgré  une  hydrocéphalie  hien 
caractérisée,  Tenfant  conserve  une  intelligence  normale  et  peut 
recevoir  une  instruction  très  riche.  Ces  enfants  sont  d'ordinaire 
d'ime  humeur  douce  et  a^Téable. 

Dans  la  paralysie  infantile  d'origine  cérébrale^  Télat  mental  pré- 
sente des  degrés  divers  eu  rapport  avec  retendue  et  le  siège  des 
lésions  présentées  par  le  cerveau,  en  rapport  aussi  avec  Tépoque 
d'apparition  des  accidents.  Certains  sujets  jouissent  d'une  intelli- 
geuce  susceptible  de  se  développer  par  l'éducation.  La  paraplégie 
spasmodique  est  le  symptôme  dominant  de  cet  étal. 

Une  catégorie  distincte  d'imbéciles  est  formée  par  les  imbéciles 
Mongols,  ainsi  dénommés  en  raison  de  leur  faciès  qui  se  rappro- 
che du  type  mongol.  II  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les  crétins  ; 
leur  intelligence  présente  des  caractères  bien  différents  de  celle  de 
ces  derniers:  parleur  humeur  éveillée,  leur  puissance  d'imitation 
si  marquée,  ils  diffèrent  bien  du  crétin  à  Tesprit  lourd,  aux  per- 
ceptions lentes.  Le  traitement  thyroïdien  a  été  essayé  dans  ces  cas, 
mais  d'après  M.  FJetcher  Beach,  on  n'en  retire  aucun  résultat. 

Le  crétinisme  a  donné  lieu  ces  temps  derniers  à  de  nombreux 
travaux  et  la  valeur  du  traitement  thyroïdien  est  ici  nettement  éta- 
blie. 11  faut  surveiller  les  accès  fébriles  capables  de  se  produire  au 
cours  du  traitement  et  noter  avec  soin  la  température.  Au  moindre 
signe  de  malaise,  il  faut  prendre  la  température,  et  si  elle  est 
aa-dessus  de  la  normale,  il  faut  suspendre  remploi  du  traitement 
thyroïdien.  P.  Rellat. 


REVUE    D'ANATOMIE   ET  DE   PHYSIOLOGIE 
PATHOLOGIQUES. 


1.  LfelONS  DBS  CBLLULE8  NRRVEDSBS  AU  COURS  DE  DIVERSES  INTOXICA- 
TIONS ET  AUTO- intoxications;  par  MM.  Nagbotte  et  Ettlinger. 
(Presse  médicale,  23  mars  1898.) 

Les  intoxications  expérimentales  qui  résultent  de  l'extirpation 
des  capsules  surrénales,  de  l'extirpation  des  reins,  de  l'inoculation 
du  venin  de  la  vipère,  de  Tinocuiation  tétanique,  de  l'ingestion 
d'iodare  de  potassium,  déterminent  dans  les  cellules  nerveuses 
centrales  des  lésions  protoplasmiques  qui  portent  sur  la  substance 
chromatique  et  sur  la  substance  achromatique  ;  leurs  caractères 


302      RBV17B   D*ANATOMIE   ET  DE  PHYSIOLOGIE   PATH0L00IQUB8. 

priucipaux  sont  :  la  chromatolyse,  la  fissuration,  la  yacuolisation. 
En  m6me  temps  que  se  produit  la  désinlégraiion  des  éléments 
chromatophiles,  il  se  forme,  entr'e  les  granulations  colorées,  des 
fissures  claires,  tantôt  de  forme  allongée  et  disposées  d'une  façon 
concentrique  dans  le  corps  cellulaire  et  longitudinale  dans  les 
proloDgements  (extirpation  des  capsules  surrénales,  extirpation 
des  reins,  intoxication  par  venin  de  vipère);  tantôt  losangtques  et 
disposées  sans  ordre  à  l'intérieur  de  la  cellule  (intoxication  par 
riodure  de  potassium  et  la  toxine  tétanique).  Indépendamment  de 
ces  fissures  ou  conjointement  avec  elles,  se  voient  parfois  des 
vacuoles  dans  certaines  cellules.  Les  fissures  et  les  vacuoles,  que  les 
auteurs  qui  ont  précédemment  étudié  ces  questions,  ne  paraissent 
pas  avoir  vues  nettement,  ont  été  bien  observées  par  MM.  Na- 
geotle  et  Ettlinger,  grâce  à  une  modification  de  la  méthode  de 
Mssl  consistant  dans  l'emploi,  comme  liquide  fixateur,  de  formol 
à  10  p.  100,  avant  l'emploi  de  l'alcool  absolu. 

Ces  lésions  existent  dès  le  début  de  Tintoxication  (tétanos). 
Elles  donnent  lieu  à  des  manifestations  cliniques,  lorsque,  par 
suite  de  leur  conUuence  progressive,  elles  ont  atteint  un  nombre 
d'éléments  trop  grand  pour  que  les  suppléances  puissent  sëLablir. 
Alors  survient  TinsufOsance  nerveuse,  processus  comparable  aux 
insuffisances  viscérales  par  destruction  de  l'élément  noble.  Cestà 
tort  qu'on  considérerait  les  lésions  nerveuses  des  intoxications 
comme  des  lésions  banales  et  sans  valeur  pathogénique.  Elles 
interviennent  dans  le  mécanisme  de  la  mort,  ce  qui  explique  lear 
existence  dans  une  foule  de  processus  toxiques  mortels. 

A.  Fknayrou. 

II.  Abcès  cérébraux  en  rapport  avec  des  suppurations  chroniques 
DE  l'oreille  moyenne;  par  Marsh.  {Bristih  médical  Journal,  avril 

1898.) 

Cinq  observations  d'abcès  mastoïdien  opérés  par  la  méthode  de 
Percy-Dean,  deux  morts  et  trois  guérisons.  A.  Marie. 

III.  LÉSIONS   RÉTINIENNES   EN    RAPPORT   AVEC  DES  LÉSIONS   CÉRÉBRALES; 

par  WiLLiAHsoN.  {British  med,  Joumalf  juin  1898.) 

Treize  cas  d'examens  ophtalmoscopiques  chez  des  malades  atteints 
d'hémorrhagies,  embolies  eu  thromboses  cérébrales,  altérations 
co'ïncidant  souvent  avec  des  lésions  analogues  du  fond  de  l'œil, 
sous  la  dépendance  d'une  artério-sclérose  commune.  Quatre  figures 
d'hémorrhagies  rétiniennes  de  l'œil  correspondant  à  la  lésion  céré- 
brale. Nous  avons  nous-même  signalé  des  lésions  oculaires  aoalo- 
gués  en  rapport  avec  les  lésions  cérébrales  de  la  paralysie  générale 
(Thèse  Paris,  1890).  A.  Marie. 


RBVUB  d'aNATOMIB  ET  DE  PHYSIOLOOIB  PATHOLOGIQUBS.  303 
IV.   Lb  DéDOOBLEMENT  DU  TOURBILLON    DES    CHEVEUX  ET    DE  l'iNFUNDI- 

BULUM  SACRo-coccYGiEN  ;  par  Cb.  FÉRÉ.  (Nouv.  Iconogr.  de  la  Sal- 
péirière,  no  3,  1897.) 

Ces  anomalies  —  dont  Fauteur  a  rassemblé  plusieurs  cas  — 
peuTBQt  se  rencontrer  isolément  ou  réunies  chez  le  même  indi- 
Tidu.  Leur  ressemblance  et  leur  siège  aux  deux  extrémités  de  la 
<»outtière  rachidienne  sont  propres  à  établir  Tori^ine  commune 
des  traces  qu'on  y  rencontre  à  l'état  normal.  L'observation  em- 
bryologique permet  à  bon  droit  de  les  rattacher  à  des  accidents 
de  révolution  de  la  gouttière  rachidienne  et  de  les  considérer 
comme  des  stigmates  importants  de  dégénérescence.         R.  C. 

Y.   Note    sur    l'asymétrie     CRANIO-FACIALE     dans     L'HÉlIlPLhGIK    SPAS- 

MODiQUB   INFANTILE  ;  par  Ch.  FÉRÉ.  (Nouv,  Iconogr,    de  la  Sal" 
pétrière,  n<»  4,  1897). 

Recherches  portant  sur  i5  hémiplégies  infantiles,  à  l'aide  des 
mensurations  suivantes  :  i^  diamètre  antéro-postérieur  de  la  tête 
de  la  protubérance  occipitale  externe  aux  deux  bosses  frontales  ; 
^  diamètres  transversal  et  vertical  de  l'orbite  ;  3^  mesure  de  la 
mandibule  de  la  saillie  latérale  du  menton  à  l'angle  de  la  mâ- 
choire... desquelles  il  résulte  que  :  A.  La  saillie  de  la  bosse  fron- 
tale est  atténuée  du  côté  hémiplégique  7  fois  sur  4 5  ;  égale  ou  môme 
supérieure  4  fois  sur  15.  —  B.  Le  diamètre  vertical  de  l'orbite  est 
sapérieurdu  côté  hémiplégique  10  fois  sur  15;  les  orbites  paraissent 
égaux  5  fois  sur  15.  —  C.  La  mandibule  est  moins  longue  du  côté 
hémiplégique  12  fois  sur  15  *.  R.  C. 

VI.  Structure  de  la  couche  superficielle  de  l'écorce  câr£brale; 
par  Bewan  Lewis.  {Edinburgh  Médical  Journal,  juin  1897.) 

Dans  cette  étude,  l'auteur  décrit  avec  détails  la  structure  histolo- 
giqae  de  la  zone  périphérique  corticale,  d'après  les  résultats  four- 
nis par  les  nouveaux  procédés  de  technique  de  Golgi  et  Ramon  y 
Cajal.  On  décrivait  jusqu'ici  cette  couche  corticale  comme  formée 
uniquement  de  faisceaux  de  fibres  nerveuses  à  myéline  disposés 
sur  des  plans  parallèles  à  la  surface.  On  admettait  bien  que  les  pro- 
longements des  cellules  pyramidales  traversaient  cette  couche, 
mais  c'est  seulement  par  les  méthodes  de  coloration  modernes 
qu*oo  a  pu  constater  leurs  connexions. 

*  On  trouvera  des  renseignements  sur  cette  question  dans  les  nom- 
breuses observations  d^hémiplégie  infantile  que  nous  avons  publiées  soit 
dans  V Iconographie  phologr.  de  la  Salpéirière  (avec  P.  Régna rd),  soit 
dans  nos  Comptes  rendus  de  Bicêtre  ^1880-1897).  B. 


304      RBVUB  D*ANATOMIB   BT  DB   PHTSIOLOOIB  PATHOLOGIQUES. 

D'une  façon  générale,  l'épaisseur  de  celle  couche  diminue  sur 
chaque  hémisphère  en  ailanl  de  la  suture  sagittale  vers  la  base; 
elle  décroît  également  d*avant  en  arrière.  C'est  aux  points  où  les 
groupes  cellulaires  sous-jacents  sont  les  plus  abondauts  qu'elle 
présente  son  maximum  d'épaisseur,  fait  qui  indique  une  relalion 
étroite  entre  ]es]cellules  nerveuses  et  les  éléments  de  la  couche  péri- 
phérique. La  couche  en  question  comprend  : 

i^  Des  éléments  névrogliques  et  lympho-conjonctifs. 

Le  chromate  d'argent  permet  de  pénétrer  la  structure  intime  de 
la  trame  conjonctive  du  cerveau  et  y  décèle  chez  la  grenouille  la 
présence  de  deux  variétés  de  cellules,  absolument  indépendantes 
fonctionuellement  du  tissu  nerveux.  Ce  sont:  a)  de  petites  cellules 
de  6  à  9  {ly  avec  gros  noyau,  disséminées  dans  la  substance  céré- 
brale, placées  sur  le  trajet  des  vaisseaux  sanguins  ;  6)  d*autres  cel- 
lules, deux  fois  plus  grandes,  caractérisées  par  un  abondant  prolo* 
plasma,  de  nombreux  prolongements  rayonnes,  très  délicats  et  un 
ou  plusieurs  prolongements  épais  s'atlachant  à  un  vaisseau  voisin. 
L*auteur  pense  que  ces  cellules  tirent  leur  origine  de  Vendothélium 
des  vaisseaux  sanguins  et  qu'elles  passent  par  des  stades  de  transi- 
tion avant  d'arriver  au  type  parfait  de  cellules  en  araignée  de  la 
névroglie.  Les  lésions  pathologiques  du  cerveau  confirment  cette 
manière  de  voir; 

2^  Un  plan  de  fîbres  nerveuses  tangentielles.  Tous  les  auteurs  ont 
décrit  ces  faisceaux  de  fibres  à  myéline  dirigés  parallèlement  à  la 
surface  immédiatement  sous  la  pie-mère; 

3^  Les  prolongements  terminaux  des  cellules  pyramidales. 

Les  uns  viennent  des  cellules  pyramidales  qui  constituent  les 
troisième  etquatrième  couches,  les  autres  des  cellules  de  laseconde 
couche.  A  mesure  qu*ils  s'approchent  de  la  périphérie,  ils  se  divisent 
en  rameaux  plus  fixes  à  la  façon  d'un  pinceau.  Les  divisions  ter- 
minales ou  dendrites  présentent  un  aspect  hérissé  et  tortueux. 

L'auteur,  après  avoir  établi  les  relations  de  ces  dendrites  elles 
connexions  qui  existent  entre  les  éléments  de  la  seconde  couche 
corticale  avec  la  couche  superficielle,  cherche  à  établir  dans  des 
considérations  intéressantes  quel  doit  être  le  r61e  de  ces  divers 
éléments  dans  le  mécanisme  de  l'activité  nerveuse.        P.  Rklut. 

Vil.    Gliomk    du  bulbe;  par  Joseph  Collins.  {Médecine,  Chicago, 
décembre  1897.) 

Les  néoplasmes  du  bulbe  sont  rares  et  d'un  diagnostic  diffi- 
cile. Ce  n'est  pas  qu'ils  ne  manifestent  leur  présence  par  des 
symptômes  bien  accusés,  mais  ces  symptômes  sont  trop  complexes 
pour  permettre  de  formuler  une  description  clinique  applicable 
aux  tumeurs  du  bulbe.  Cette  complexité  symptomatique  tient-elle 
même  à  la  complexité  physiologique  de  cette  portion  des  centres 


RBVUB  D'aNATOMIB  BT   DE   PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUES.      305 

nerveux,  où  se  trouvent  réunis  des  centres  fonctionnels  si  nom- 
breux, d'où  émanent  les  quatre  dernières  paires  crâniennes,  par  où 
passent  les  voies  conductrices,  motrices  et  sensitives  qui  mettent 
en  communication  Tencéphale  avec  la  périphérie.  Etant  donnée 
l'impossibilité  de  tracer  un  tableau  d'ensemble  des  tumeurs  du 
bulbe,  il  convient  d'en  rapporter  avec  détails  tous  les  cas  nette- 
ment observés. 

Le  cas  suivant  est  intéressant  en  raison  du  peu  de  signification 
de  symptômes,  de  l'indécision  du  diagnostic,  qui  n*a  pu  être  fait 
qu'à  l'autopsie  par  la  découverte  d'une  tumeur  (gliosarcome)  nette- 
ment limitée  au  bulbe. 

Il  s'agit  d'un  sujet  vigoureux  sans  antécédents  pathologiques, 
qui  a  commencé  par  présenter  une  sensation  d'engourdissement 
dans  les  doigts  de  la  main  gauche;  cette  sensation  a  gagné  la 
main,  puis  s'est  étendue  jusqu'à  l'épaule.  Môme  chose  s'est  passée 
pour  le  membre  inférieur  du  même  côté.  Plus  tard  survint  une 
sensation  de  tension  dans  le  côté  gauche  du  cou  et  de  la  tôte,  sans 
trouble  céphalique  véritable.  Il  ne  présente  d'ailleurs  pas  de  para- 
lysie, du  côté  des  membres  ni  des  nerfs  crâniens;  pas  de  troubles 
oculaires  ;  pas  de  vomissements.  Les  mouvements  de  la  main  gauche 
et  de  la  jambe  gauche  sont  seulement  marqués  d'ataxie. 

L'exploration  de  la  sensibilité  montre  une  analgésie  très  mar- 
quée sur  tout  le  corps.  Les  sensations  tactiles  et  thermiques  sont 
au  contraire  perçues.  Les  réûexes  sont  conservés  et  exagérés.  L'in- 
telligence est  intacte.  Pas  de  troubles  respiratoires  ni  circulatoires. 
En  l'absence  des  symptômes  cardinaux  d'une  tumeur  cérébrale, 
il  était  difficile  de  faire  un  diagnostic  et  surtout  de  localiser  la 
lésion. 

Cet  état  dura  huit  mois  environ.  Il  présenta  alors  de  la  tachy- 
cardie avec  faiblesse  du  pouls  et  des  accidents  d'oedème  pulmo- 
naire, le  tout  accompagné  d'un  état  fébrile  très  marqué.  Devant 
)a  gravité  de  cet  état,  on  tenta  d'intervenir  et  Tapplication  d'une 
couronne  de  trépan  ne  donna  aucun  résultat.  La  mort  survint  deux 
jours  après  l'opération  par  exagération  des  troubles  cardio-respi- 
ratoires. 

A  Vautopsie  le  cerveau  ne  présente  rien  de  particulier,  mais  le 
volume  du  bulbe  attire  l'attention.  Le  bulbe  est  distendu  par  une 
tumeur  qui  a  envahi  sa  face  dorsale  et  empiété  surtout  à  gauche. 
Cette  tumeur  d'aspect  gélatineux ,  de  couleur  gris  foncé ,  plus 
dense  à  la  périphérie  qu'au  centre,  est  nettement  distincte  du 
tissa  nerveux  qui  l'entoure.  Sur  des  coupes  de  la  moelle,  on  n'ob- 
serve aucune  dégénérescence  secondaire  des  faisceaux  blancs. 
L'examen  de  la  tumeur  montre  qu'elle  est  formée  d'un  tissu  de 
oévroglie  avec  prolifération  vasculaire  abondante.  Au  sein  du 
tissa  gliomateux,  on  retrouve  des  cylindraxes  et  des  cellules  ner- 
veuses intactes. 

Aechivbs,  2"  série,  t.  VI.  20 


306    REVUE  d'anatomib  bt  de  physiologie  patholooiqubs. 

11  semble  donc  que  la  tumeur,  au  fur  et  à  mesure  de  son  dé?e- 
loppement,  ait  pris  la  place  des  éléments  nerveui  du  bulbe.  El 
cette  notion  éclaire  révolution  clinique  présentée  par  le  malade. 
La  tumeur  s'insînuant  lentement  entre  les  cellules  nenreuses  et 
leurs  prolongements  sans  les  détruire,  n*a  nui  que  légèrement  à 
leur  fonctionnement,  jusqu'au  jour  où  les  centres  cardiaque  et  res- 
piratoire ont  été  englobés  et  paralysés.  C'est  un  fait  bien  connu 
que  le  tissu  gliomateux  s*iusinue  entre  les  cellules  et  les  cjlin- 
draxes  au  point  de  les  enserrer  dans  son  réseau  sans  pourtant 
arrêter  leurs  fonctions,  quand  le  processus  suit  une  lente  éTO- 
lution. 

Le  gliome  tire  son  point  de  départ  du  point  où  le  tissu  nérro- 
glique  est  le  plus  abondant,  c'est-à-dire  du  canal  de  répendvroe 
pour  irradier  de  là  vers  la  périphérie.  Les  premiers  troubles  obser- 
vés se  rapportent  à  là  sensibilité, car  les  voies  de  conduction  seu- 
sitive  subissent  les  premières  atteintes  de  la  lésion.  Ce  malade  na 
pas  échappé  à  la  règle.  Mais  le  point  remarquable  de  son  histuire 
est  la  variété  de  dissociation  sensitive  qu'il  a  présentée.  Tandis 
que  les  sensibilités  tactile  et  thermique  dissociées  dans  la  svringo- 
myélie  normale  étaient  conservées  intactes,  la  sensibilité  doulon- 
reuse  était  abolie;  l'analgésie  était  presque  absolue.  On  peut  en 
conclure  que  ces  trois  modes  de  sensibilité  possèdent  dans  le  bulbe 
des  voies  de  conductibilité  différentes,  et  que  la  voie  des  sensations 
douloureuses  s'est  trouvée  seule  abolie  dans  le  cas  particulier. 

Bellay. 

VIII.  Diagnostic  d'unk  tumeur  cérébrale  sans  localisation  possible; 
par  E.  Brissaud  et  E.  de  Massary.  (Nouv.  Iconogr,  de  la  Salpé- 
trière,  n»  2,  1897.) 

Discussion  casuistique  et  diagnostique  fort  intéressante  à  l'occa- 
sion d'un  malade  dont  l'observation  et  l'autopsie  sont  détaillées. 
Garçon  jeune,  robuste,  sans  aucune  tare  héréditaire  ou  personnelle 
Attaques  complètes  épileptiques,  à  forme  dite  essentielle,  surve- 
nues brusquement,  avec  accentuation  des  mouvements  convulsifs 
à  gauche,  attaques  se  manifestant  peu  à  peu  en  séries  subsistantes 
et  accompagnées  d'une  céphalée  générale  persistante.  Mort  au 
cours  d'une  de  ces  séries  d'attaques.  A  l'autopsie  on  découvre  une 
tumeur  sarcomateuse  siégeant  au  niveau  de  la  première  circonvo- 
lution frontale  droite.  Cette  tumeur  aurait  été  facilement  opérable. 
Mais  €  une  tumeur  qui  ne  se  traduit  que  par  uneépilepsie  essen- 
tielle et  une  céphalée  diffuse,  peut-elle  être  diagnostiquée  assez 
sûrement  pour  qu'on  tire  d'une  symptomatologie  si  restreinte  une 
conclusion  thérapeutique  rationnelle  ?  Assurément  non.  »  Comme 
enseignement  pratique  les  auteurs  concluent  :  c  II  nous  semble 
que  la  céphalée,  quoique  diffuse,  mais  continue  et  intense  constitue 


RITOK  d'aNATOBCIE  ET  DE  PHYSIOLOGUS  PATHOLOGIQUES.      307 

à  elle  seule  an  motif  d'intervenir.  Il  suffit  d'une  trépanation  sim- 
plement décomprimante  pour  faire  disparaître  les  douleurs,  comme 
pour  prévenir  un  état  de  mal  d'où  peut  résulter  la  mort.  >      R.  G. 

IX.  Gk  'qc*on  appellk   la  pression  cérébrale,   le  mouvement  du 

LIQUIDE  CÉPHALORACHIDISN  DANS  LE  CRANE,  ET  LA   PRESSION  ENCÉPHA- 
LIQUE ;  par  A.  ÀDAMKiBwicz.  {Neurolog.  CentralbL,   XVI,  1897.) 

La  substance  nerveuse  est  compressible  ;  elle  peut  être  compri- 
mée de  plus  de  un  cinquième  de  son  volume  sans  qu*il  soit  porté 
atteinte  à  ses  fonctions.  Le  corps  qui  diminue  la  capacité  de  l'es- 
pace réservé  au  cerveau  n'a  donc  aucune  tendance  à  déplacer  le 
liquide  cérébro-spinal.  Si,  quel  qu*en  soit  le  motif,  physiologique 
ou  pathologique,  celui-ci  quitte  le  crâne  et  son  réservoir  naturel, 
ce  n'est  pas  pour  pénétrer  dans  la  cavité  de  la  dure-mère;  il  s'écou- 
lera, hors  du  crâne,  par  les  canaux  ouverts  que  présente  ce  der- 
nier. La  tension  du  liquide  céphalorachidien  n'augmente  jamais- 
au-delà  de  ses  limites  physiologiques  ;  si  cela  avait  lieu,  une  mort 
immédiate  s'ensuivrait.  L'injection,  dans  l'intérieur  du  crâne  d*uip 
animal  vivant,  d'un  liquide  semblable  au  liquide  céphalorachidien 
le  tue  aussitôt,  du  moins  dès  que  la  pression  artificielle  produite- 
par  cette  injection  dépasse  tant  soit  peu  la  tension  physiologique, 
en  déterminant  une  surcharge  du  cœur  droit  et  de  l'œdème  céré- 
hral. 

Mais  la  pression  exercée  à  la  surface  de  l'encéphale  vivant,  loin 
de  rétrécir  les  capillaires  cérébraux,  les  dilate  ;  les  phénomènes- 
décompression  ainsi  produits  varient  suivant  les  territoires  psycho- 
physiologiques comprimés  et  sont  de  tout  autre  nature  que  ce 
qu'on  a  décoré  du  nom  de  symptômes  de  la  tension  intracérébrale; 
eeux-ci  en  revanche  peuvent  aussi  apparaître  'sans  qu'il  y  ait  pres- 
sion cérébrale,  et  provenir,  par  exemple,  de  l'excitation  ou  de  la 
paralysie  de  l'encéphale.  L'augmentation  de  la  pression  intra-cra- 
nieone  par  augmentation  de  la  pression  épicérébrale,  celle  que 
détermine  la  pression  d'un  liquide  injecté  dans  le  crâne,  se  traduit 
par  une  plus  forte  réplétion  des  veines  de  l'encéphale  et  |de  leurs 
canaux  de  décharge.  Bientôt  la  pression  augmente  dans  les  veines 
du  cou  ;  il  ne  peut  donc  y  avoir  d'excès  de  tension  du  liquide  intra- 
cranien  ni  de  pression  cérébrale  puisque  les  veines  du  crâne  com- 
pensent elles-mêmes  toute  tendance  du  liquide  cérébro-spinal  à 
i'hyperpression. 

En  réalité,  le  liquide  céphalorachidien  est  un  produit  du  sang 
artériel  et  de  la  pression  de  celui-ci  dans  les  capillaires  qui  occu- 
pent l'espace  céphalorachidien.  Or,  cette  pression-là  ne  se  modifle 
jamais  considérablement  ;  donc  la  source  de  ce  liquide  no  se  mo- 
difie qu'extrêmement  rarement.  Sa  force  donne  au  liquide  une 
pression  qui  fait  équilibre  à  la  pression  atmosphérique  ;  elle  est  à 


308    RBVUB  d'amatomie  bt  db  physiologie  patholooiqubs. 

peu  près  uniforme  et  n'oscille  autour  de  ce  point  d'équilibre  que 
par  suite  des  mouvements  respiratoires.  Elle  ne  suffît  pas,  en  toat 
cas,  pour  chasser  le  liquide  céphalorachidien  de  ses  réservoirs.  Il 
faudrait  pour  cela  qne  la  pression  artério-capillaire  s'élevât  d'elle- 
même,  cequi  n'est  pas.  Gommentdonccircule-t-il?  Si  Ton  empêche 
le  retour  du  sang  veineux,  son  écoulement  du  crâne  :  mieux  que 
cela,  si  on  le  refoule  dans  les  veines,  on  verra  que  Técoulement  du 
liquide  céphalorachidien  est  entravé  ;  en  effet,  nous  avons  déjà 
constaté  plus  haut  qu'un  afflux  exagéré  de  liquide  cérébro-spinal 
artiûciel  dans  la  cavité  crânienne  augmente  la  tension  dans  les 
veines  du  cou,  ce  qui  prouve  que  non  seulement  le  courant  vei- 
neux commande  le  courant  du  liquide  céphalorachidien,  mais 
encore  qu'il  existe  une  communication  parfaite  entre  les  réservoirs 
de  ce  liquide  et  ceux  du  sang  veineux  dans  le  crdne.  Cela  prouve 
encore  que  la  communication  établie  entre  le  liquide  d'injection 
artificielle  qui  représente  le  liquide  céphalorachidien,  et  les  veines, 
se  fait  par  des  tuyaux  à  parois  rigides,  car  l'effet  d'une  pression 
extérieure  sur  les  veines  ordinaires  à  parois  minces  serait  d'abais- 
ser la  tension  dans  les  veines  du  cou.  Conclusion  :  la  libre  com- 
munication entre  les  réservoirs  du  liquide  céphalorachidien  et  ceux  du 
sang  veineux  doit  avoir  lieu  par  J,es  os  du  crdne.  G'-est  ce  que 
démontre  du  reste  Finjection  de  substances  colorantes  dans  la  cavité 
crânienne  ;  elles  pénètrent  les  os  du  crâne. 

Le  réservoir  du  liquide  céphalorachidien  qui  siège  entre  le  cer- 
veau et  le  crâne  est,  au  moyen  des  canalicules  osseux,  en  commu- 
nication avec  les  veines  qui  traversent  iea  os  du  crâne  et  prennent 
leur  origine  dans  les  veines  de  la  pie-mère.  Le  diploë  est  un  vaste 
espace  veineux  intercalé  entre  celles-ci  et  les  autres.  C'est  ce  qui 
fait  que  le  liquide  céphalorachidien  circule  réellement  et  conti- 
nuellement sans  avoir  besoin  de  forces  impulsives  positives;  sous 
l'influence  de  chaque  inspiration,  le  courant  veineux  des  veines 
des  os  aspire  dans  les  canalicules  osseux  du  crâne,  de  même  que 
tout  liquide  s'écoulant  d'un  tuyau  quelconque  exerce  une  aspi- 
ration sur  un  branchement  mis  eu  communication  avec  ce  tuyau. 
Le  courant  veineux  dans  les  os  pompe  donc  lui-même  le  liquide 
céphalorachidien;  ce  mécanisme  joue  tant  que  le  courant  veineui 
circule,  tant  que  la  respiration  marche.  Autant  dire  qu'il  y  a  des 
milliers  de  petites  pompes  qui  s'opposent  à  la  stagnation  du  liquide 
céphalorachidien.  Il  n'y  a  donc  pas  de  pression  cérébrale. 

Mais  il  peut  y  avoir  compression  du  cerveau.  Une  tumeur,  par 
exemple,  de  même  qu'une  tige  de  laminaire,  en  se  gonflant, 
pousse  les  éléments  de  l'encéphale  et  les  disperse,  en  raison  des  lois 
d'accroissement  et  d'expansion  des  cellules  pathologiques.  Or,  cela 
n'a  rien  à  voir  avec  le  liquide  cérébrospinal.  Il  y  a  compression 
de  la  substance  cérébrale  et  non  production  de  pression  jcérébrale. 
S'agit-il  d'une  tumeur  liquide,  au  lieu  d'une  tumeur  solide,  elle 


BEYUB  d'aNATOMIB  ET  DB  PHYSIOLOGIB  PATHOLOOIQUBS.      309 

prodaitf  dans  le  crâne,  un  exsudât  inflammatoire  diffus  qui,  se 
substituant  à  l'espace  destiné  au  liquide  cépbalorachidien,  empêche 
raccumulalion  de  ce  dernier;  comment  y  aurait-il  tension,  pres- 
sion ?  Si  la  tumeur  liquide  s'ouvre,  sa  tension  intérieure  s'équilibre 
avec  celle  du  crâne,  pas  davantage.  Quant  à  Texsudat  inflamma- 
toire libre  dans  la  cavité  du  liquide céphaloracbidien,  nous  verrons 
son  action  plus  tard.  L'action  exercée  par  Toxpansion  de  la  tumeur 
sur  le  cerveau,  comparable  mécaniquement  à  celle  qu'exerce  tout 
foyer  à  croissance  sur  n'importe  quel  autre  endroit  du  corps,  n'en 
diffère  que  par  la  différence  des  fonctions  propres  au  cerveau  et  de 
celles  relatives  aux  autres  organes.  P.  Kbraval. 

X.    HYPERTROPflTfS   CONGENITALE    DES    DOIGTS  ;    par   R.   GeSTAN.    {NOUV, 

Iconogr.  de  la  Salpéiriére,  n®  6,  1897.) 

Observation  d'un  jeune  homme  de  vingt-quatre  ans  :  Hérédité 
névropathique.  Développement  physique  normal,  sauf  hypertro- 
phie considérable  des  médius  et  index  gauches,  intéressant  à  la 
fois  les  tissus  osseux  et  les  parties  molles  (photo  et  radiographies). 
Manifestations  neurasthéniques  avec  caractère  emporté  et  imagi- 
nation extravagante.  On  doit  —  conclut  l'auteur  —  reconnaître 
dans  ce  cas  de  macrodaclylie  <  un  vice  congénital  de  développe- 
ment de  même  origine  que  toutes  les  malformations  des  dégéné- 
rés, un  des  stigmates  physiques  qui  caractérisent  la  famille  névro- 
pathique ».  H.  Chabon. 

IL  La  grosse  localisation  des  cordons  moteurs  de  la  moelle 
DESTINÉS  A  DIVERSES  PARTIES  DU  CORPS  ;  par  J.  Gad  et  E.  Flatau 
(Neurolog,  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Expériences  ayant  pour  but  d'établir  si  l'on  ne  pourrait  obtenir 
des  points  de  repère  pour  une  différenciation  topographique  dans 
la  moelle,  des  Gbres  des  pyramides  destinées  à  diverses  parties 
du  corps.  Huit  expériences  ont  été  pratiquées  sur  des  chiens.  Le 
comment  et  les  effets  de  ces  expériences  sont  spécifiés  à  Taide  de 
figures.  En  voici  le  résumé. 

La  substance  blanche  de  la  moelle  est  excitable  à  Télectricité, 
en  particulier  en  ce  qui  concerne  les  conducteurs  intercentrauz, 
notamment  les  fibres  pyramidales.  La  différenciation  topogra- 
phique par  Tezcitatioa  électrique  est  spécialement  remarquable 
pour  la  coupe  transverse  de  la  moelle,  et  les  faisceaux  pyrami- 
daux. En  diminuant  méthodiquement  la  force  de  l'excitation,  et 
quant  à  l'intensité  du  courant,  et  quant  â  la  durée  de  Texcitalion, 
on  arrive  à  conclure  que  les  fibres  motrices  destinées  aux  parties 
du  corps  voisines  ne  sont  pas  loin  de  la  substance  grise  des  cornes 
antérieures,  tandis  que  les  fibres  des  pyramides  destinées  aux  par- 


.'310      RBVUB  D*ANATOMIB   ET  DE   PHT8I0L0OIB  PATH0L06IQUI8. 

lies  du  corps  éloignées  occupent  le  cordon  latéral  beaucoup  plus 
en  arrière  et  à  la  périphérie.  Ce  dernier  fait  concorderait  avec 
Topinion,  de  plus  en  plus  répandue,  que  les  courtes  fibres  de  la 
moelle  se  dirigent  près  de  la  substance  grise,  tandis  que  les  fibres 
•longues  se  servent  plutôt  des  zones  marginales  périphériques. 

P.  Kerâval. 

:XII.    POLIOMYéUTE   ANTÉRIEURE   CHRONIQUE  AVEC   LÉSION   CONCOMnANTE 
DES  RACINES  POSTERIEURES  ET  DBS  CORDONS  DE  BOEDACB  ;  par  P.  SCHCS- 

TER.  {Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Il  s*agit  d*un  homme  de  quarante-trois  ans.  En  octobre  1893,  il  est 
•enroué;  en  août  1894»  on  constate  une  légère  difHculté  dans  le  rooa- 
yement  d'abduction  des  cordes  vocales,  def  accélération  du  pouls.  En 
novembre  1894,  affaiblissement  du  bras  droit  qui  s'amaigrit;  quel- 
•ques  douleurs  lancinantes.  Tous  ces  accidents  s'aggravent  jusqu'en 
1895.  Déjà,  en  décembre  1894,  il  existe  des  troubles  de  la  déglu- 
tition. En  janvier  1895,  le  malade,  aphone,  éprouve  plusieurs  accès 
de  vertige.  En  février  de  la  même  année,  légère  douleur  de  déchi- 
Tement  dans  le  bras  gauche;  àlaflnde  ce  mois,  affaiblissement  [des 
branches  supérieures  et  inférieures  du  facial  des  deux  côtés,  paré- 
sîe  avec  atrophie  de  la  langue,  troubles  de  la  déglutition,  aphonie 
absolue,  immobilité  cadavérique  des  deux  cordes  vocales,  atrophie 
•en  masse  dégénérative  des  muscles  du  bras  droit,  qui  décroît  cepen- 
dant de  haut  en  bas,  faible  diminution  des  sensations  douloureuses 
dans  le  bras  droit  qui  perçoit  néanmoins  encore  les  impressions  tac- 
tiles. Sensation  subjective  de  faiblesse  dans  la  jambe  droite  dont  la 
force  est  conservée  de  môme  que  celle  de  la  jambe  gauche.  Réflexes 
patellaires  très  vifs;  accélération  du  pouls.  Bronchopneumonie. 
Mort.  On  a  fait  le  diagnostic  de  gliose  du  bulbe  et  de  la  moelle 
cervicale.  Autopsie,  Les  racines  extramédullaires  présentent  deux 
espèces  de  lésions  :  une  lésion  récente  occupant  des  zones  radicu- 
laires  circonscrites  qui  siège  au  beau  milieu  de  lésions  anciennes 
diffuses  des  manchons  de  myéline.  Les  racines  antérieures  extra- 
médullaires, depuis  la  région  sacrée  la  plus  inférieure,  jusqu'à  la 
région  dorsale  la  plus  supérieure,  sont  le  siège  des  deux  types  de 
lésions,  dont  le  premier  apparait  des  plus  nets  au  niveau  du  reu- 
.'llement  lombaire.  Les  racines  postérieures  à  ^ces  mêmes  hauteurs 
sont  aussi  le  siège  des  deux  types  de  lésions,  mais  plus  particuliè- 
rement du  premier,  le  second  type  y  étant  un  peu  moins  accentué 
que  dans  les  racines  antérieures.  De  la  moelle  thoracique  inférieure 
au  bulbe,  les  racines  antérieures  trahissent  surtout  de  vieilles  alté- 
rations principalement  marquées  par  une  extrême  raréfaction  des 
libres,  dans  la  région  la  plus  supérieure  de  la  moelle  thoracique. 
Les  lésions  radiculaires  en  question  sont  également  accentuées  à 
droite  et  à  gauche.  Atrophies  insigniûantes  des  cellules  des  cornes 


RBiruB  d'anatomib  bt  db  phtsiolooib  pathologiques.    311 

antérieares  dans  la  moelle  sacrée  supérieure  et  lombaire  inférieure; 
aspect  extrêmement  suspect  de  ces  atrophies  des  deui  côtés  dans 
tonte  la  moelle  thoracique  inférieure  et  moyenne;  à  coup  sûr,  des 
deux  côtés,  il  y  a  atrophie  des  cellules  dans  la  moelle  thoracique 
supérieure  et  cervicale  inférieure.  Depuis  la  sixième  racine  cervicale 
jusqu'en  haut,  la  corne  antérieure  gauche  est  très  peu  atteinte, 
tandis  que  celle  de  droite  est  très  fortement  prise.  Dégénérescence 
systématique  incertaine  très  faible,  dans  les  deux  cordons  de  Bur- 
dach  à  la  hauteur  intermédiaire  aux  sixième  et  septièmes  racines 
dorsales  ;  elle  n'est  visible  que  parle  procédé  de  Marchi.  Dégénères* 
ceuce  certaine  du  cordon  de  Burdach  (surtout  à  droite),  depuis  la 
deuxième  racine  dorsale  jusqu'au  noyau  de  Burdach.  Lésions 
récentes,  insignifiantes,  des  cordons  antérieurs  et  latéraux  s'accrols- 
sant  de  bas  en  haut.  Atrophie  très  marquée  des  noyaux  des  neu- 
vièmes aux  douzième  paires  crâniennes;  atteinte  des  racines  intra- 
et  extra-médullaires  de  l'hypoglosse  et  des  racines  extra  (peut-être 
aussi  intra)  médullaires  des  neuvième  et  onzième  paires.  Des  deux 
côtés,  faible  lésion  du  genou  du  facial^  de  ses  racines  extra-médul- 
laires; dégénérescence  du  faisceau  descendant  de  la  cinquième 
paire  et  de  ses  racines  intra-médullaires  des  deux  côtés.  Dégéné- 
rescence minime  des  racines  émergentes  de  l'oculomoteur  commun. 
Forle  hypérémie  partielle  de  la  moelle  ;  les  parois  des  vaisseaux 
y  sont  peu  altérées,  mais  le  tissu  interstitiel  est  lésé.  Hémorrhagies 
dans  les  gaines  vasculaires  et  petites  hémorrhagies  surtout  sur  le 
plancher  du  quatrième  ventricule.  Intégrité  des  méninges.  Très 
grande  diminution  des  fibres,  atteintes  aussi  de  prolifération  gra- 
nuleuse, du  radial,  du  cubital,  du  médian,  du  pneumogastrique. 
Dégénérescence  totale  des  deux  récurrents.  Les  fibres  musculaires, 
également  fort  appauvries,  ont  conservé  leur  striation  transver- 
sale; multiplication  des  noyaux;  surcharge  et  dégénérescence 
graisseuses. 

En  somme,  lésions  systématiques  avec  atrophie  primitive  des 
eeltules  nerveuses  dans  les  foyers  gris  moteurs  de  la  moelle  et  du 
bulbe  ;  lésions  des  racines  antérieures  et  postérieures  et  d'une  par- 
tie des  cordons  postérieures  {Figures),  C'est  un  cas  qui  ne  rentre 
dans  aucune  des  catégories  connues,  ni  au  point  de  vue  clinique, 
ni  au  point  de  vue  anatomique.  Ce  n'est  ni  une  atrophie  musculaire 
progressive,  ni  une  poliomyélite  antérieure  chronique  pure,  ni  une 
polynévrite  accompagnée  de  lésion  simultanée  des  cornes  anté- 
rieures, ni  une  affection  systématique  combinée  des  cornes  anté- 
rieures, des  racines  postérieures  et  des  cordons  postérieurs.  11  se 
rapproche  le  plus  de  la  poliomyélite  antérieure  chronique,  mais  il 
ne  faudrait  pas  en  induire  que  cette  maladie-là  est  une  affection 
plus  diffuse  que  systématique.  C'est  un  cas  fruste  dans  lequel 
on  constate  l'association  d'altérations  dans  les  racines,  les  cordons 
et  les  noyaax  sensitifs  à  une  atçophie  chronique  des  cornes  an  té- 


312      RBVUE   D*ANATOMIB  BT   DB  PHTSIOLOOIB  PATHOLOGIQUES. 

Heures.  On  constate  encore  l'absence  de  symptômes  cliniques  en 
rapport  avec  une  série  d'altérations  anatomiques  marquées. 

P.  Keilwal. 

XIII.  Etat  actuel  de  l'klectrodiagnostic;  par  L.  Mann.  {Centralbî.  f. 
Nervenheilk.  XX,  N.  F.  VIII.  1897.) 

A.  Courant  galvanique.  —  Rien  ne  vaut  un  galvanomètre  abiolu, 
avec  une  électrode  noi^male  (dont  les  dimensions  ne  varient  pas). 
Malheureusement  il  existe  une  foule  de  circonstances  qui  faussent 
l'exactitude  réelle  de  la  détermination  quantitative  du  degré  (ainsi 
mesuré]  de  Texcitabilité  neuromusculaire.  Il  existe  certainement  à 
cet  égard  des  variétés  individuelles  qui  dépendent  de  la  conslilu- 
iion,  de  Tétat  de  la  nutrition,  de  FAge,  etc.,  et  que  nous  ne  co[^ 
naissons  que  peu  ou  point,  sans  compter  le  mode  de  réaction 
parement  personnel.  Et  que  de  causes  d'erreur  tenant,  quoi  quon 
fasse, à  nos  procédés  d'examen  :  tels;  le  déplacement  inévitable  de 
l'électrode  ou  du  point  le  plus  excitable  du  tégument  où  celle-ci 
est  placée  ;  les  modifications  de  l'excitabilité  par  le  courant  lui* 
même  et  les  transformations  de  la  résistance  à  la  conductibililé 
sous  rinfluence  du  courant  entre  le  moment  où  Ton  observe  la 
contraction  minima  et  celui  où  on  lit  le  déplacement  de  l'aiguille 
sur  le  galvanomètre.  Si  l'aiguille  du  galvanomètre  reprend  rapide- 
ment sa  situation  sans  secousses,  si  l'on  fait  agir  de  courtes  fer- 
metures d'un  quart  de  seconde  (Gœrtner),  si  l'on  se  sert  d'inten- 
sités auparavant  mesurés  (Remak),  on  atténue  ces  inconvénients. 
Mais  les  diverses  épaisseurs  formées  par  la  peau  et  le  tissu  cellu- 
laire au-dessus  du  nerf  modifient  la  densité  des  effluves  électriques 
et  exigent  souvent,  sans  qu'on  puisse  formuler  mathématiquement 
ces  conditions  locales,  de  renforcer  le  courant;  une  peau  épaisse 
sert  de  cuirasse,  mais,  si  elle  est  œdématiée,  elle  devient,  à  une 
certaine  profondeur,  meilleure  conductrice,  trop  bonne  conduc- 
trice môme,  car  elle  divise  outre  mesure  les  ondes  électriques, 
avant  qu'elles  ne  rencontrent  le  nerf;  de  là  des  variétés  indivi- 
duelles et  même  régionales  chez  le  môme  sujet  (tableaux  de  Stiut- 
zing)  qui  nuisent  à  Tapplication  des  dixièmes  ou  centièmes  de 
millianipëres  au  diagnostic  des  affections  uni  ou  bilatérales. 

B.  Courant  faradique»  —  Les  mômes  sources  d'erreur  diminuent 
la  valeur  du  courant  faradique  avec  cette  différence  que,  tandis 
que  le  courant  galvanique  modifie  lui-môme  la  résistance  à  la 
conductibilité,  il  n'en  est  pas  de  môme  pour  le  courant  faradique 
qui  ne  change  pas  cette  résislance  (Stinlzing  et  Grœber).  £n 
revanche,  on  peut  mesurer  l'intensité  absolue  d'un  courant  galva- 
nique, tandis  que  celle  d'un  courant  faradique  dépend  des  obser- 
vateurs, de  leurs  appareils  (force  de  Télément,  nombre  de  tours 
des  bobines]  qui  fournissent  des  valeurs  incomparables.  Ajoutons 


RBVUK  D*ANATOMIB  BT  DB  PHYSIOLOQIB  PATHOLOGIQUBS.      313 

qa'un  seul  et  mdme  appareil  donnera  une  force  électromotrice 
variable  sutTant  les  jours  où  Ton  s*en  sert.  Cependant,  comme  il 
n'y  a  pas  à  se  préoccuper  de  la  résistance  à  la  conductibilité  du 
courant  faradique  (Mann,  Gœrtner,  Windscheîd),  pour  peu  que  la 
pile  soit  soignée  on  peut  recommander  le  faradimètre  de  Edel- 
mann,  dans  lequel  des  mécanismes  particuliers  assurent  la  cons- 
tance des  éléments,  fournissent  (en  volts)  la  force  électro motrice 
due  à  une  décharge  inductive  pour  les  différents  écarts  des  bobines. 
C'est  une  unité  qui  peut  servir  à  des  comparaisons.  Il  n*y  a  pas 
non  plus  lien,  pour  le  courant  faradique,  de  tenir  compte  de  la 
résistance  à  la  conductibilité  du  corps  humain,  puisqu'on  en 
mesure  non  Tintensilé,  mais  la  force  électromotrice.  Faute  de 
Tappareil  d'Ëdelmann,  cher  et  compliqué,  on  se  servira  d'un  appa- 
reil d*induclion  ordinaire  toujours  le  même.  Quoi  qu'il  en  soit, 
nous  ne  pouvons  encore  avec  précision  spécifier  le  degré  d'excita- 
bilité, à  raison  notamment  de  la  variation  de  situation  des  nerfs, 
le  même  nerf  pouvant  présenter,  à  ditférents  examens,  des  diffé- 
rences en  volts  considérables  pour  Texcitation  (Wertheimer  et 
SalomoDson). 

C.  Etudes  cliniques.  —  i°  Quelle  est  l'importance  diagnostique 
des  modifications  quantitatives  de  Texcitabilité  électrique  ?  Dans  les 
lésUms  cérébrales,  on  tend  à  admettre  que  les  hémorragies,  vieilles 
ou  récentes,  se  traduisent  par  une  diminution  même  considérable 
de  cette  excitabilité,  mais  cela  n'a-t-il  lieu  que  dans  les  cas  de 
lésions  en  foyers  (Wernicke)  ;  peut-elle  servir  au  diagnostic  de  la 
localisation,  ne  concerne-l-elle  que  quelques  groupes  musculaires 
du  membre  hémiplégique?  Autant  de  problèmes  non  encore  réso- 
lus. Dans  les  paralysies  périphériques  légères,  il  peut  y  avoir  aussi 
diminution  de  Texcitabilitô  électrique  purement  quantitative, 
mais  il  est  bien  plus  fréquent  d'observer  concurremment  des 
anomalies  qualitatives  légères  (Remak).  Dans  la  tétanie  il  y  a 
hyperexcitabilité  (Erb.,  i874); 

2^  L'importance  diagnostique  reste  encore  aux  modifications  qua* 
HUUives,  notamment  à  la  réaction  dégénérative  (Baierlacher,  1859)  ; 
seulement  elle  comporte  aujourd'hui  les  variétés  les  plus  polymor* 
phes  se  transformant  les  unes  dans  les  autres,'de  sorte  que,  pour 
affirmer  son  existence,  il  faut  qu'on  trouve  que,  sous  l'influence  du 
courant  galvanique  le  muscle  se  contracte  lentement  ;  c'est  cette 
paresse  de  la  contraction  qui  permet  de  conclure  à  la  dégénérescence 
des  nerfs  et  des  muscles  (Remak).  Les  treize  variétés  se  répartissant 
en  quatre  groupes,  de  Stinzing,  ne  sont  point  encore  établies  par 
des  modifications  histoiogiques  correspondantes,  ni  par  une  évolu* 
tion  de  l'affection  dans  laquelle  on  constate  telle  ou  telle  forme  de 
la  réaction  dégénérative.  Bien  plus,  la  même  forme  de  réaction 
dégénérative  se  peut  rencontrer  aussi  bien  dans  un  processus  pro- 


314      RKVUB  D*AKATOinB  BT  DB  PHT8I0L00IB  PATH0L00IQUB6. 

gressif  qae  dans  an  processus  régressif;  les  autopsies  étant  de 
plus  en  plus  rares,  c'est  fez  péri  menlat  ion  qui  devra  préciser,  dans 
Tavenir,  les  lésions  anatomiqnes  en  relation  avec  l'état  électrique. 
On  a  montré  que,  dans  la  réaction  désénérative,  rezcilabilité  gal- 
vanique indirecte  est  à  la  fois  modifiée  dans  saquantilé(dimiDaée 
ou  abolie),  à  la  fois  ralentie  dans  sa  transmission  (lenteur 
de  la  contraction  indirecte  de  Erb)  ;  et  que  Texcitabilité  faradique 
du  nerf  et  du  muscle  peut  présenter  un  ralentissement  de  la  réac- 
tion (réaction  dégénérative  faradique).  Mais  on  en  est  resté  à  la 
division  empirique  de  :  —  dégénérescence  très  grave  caractérisée 
par  une  réaction  dégénérative  complète  —  dégénérescence  très 
légère,  à  réaction  dégénérative  partielle  —  dégénérescence 
moyenne,  à  réaction  dégénérative  faradique.  On  n'a  pu  exacte- 
ment rattacher  tels  ou  tels  éléments  électropbysiologiques  à  tel  oa 
tel  diagnostic,  d'autant  que  la  lenteur  de  la  contraction  elle-même 
n'a  pas  encore  été  distinguée  de  certaines  formes  de  la  contrac- 
tion normale,  par  exemple,  en  matière  de  processus  régénératifs. 
Puis,  il  existe  des  formes  de  transition  dégénératives,  en  particu- 
lier dans  la  dystrophie  musculaire  progressive,  dans  l'hémiplégie. 
Il  faut  compléter  les  éléments  biologiques  de  la  réaction  dégéné- 
rative de  transition  par  son  étude  au  moyen  d'appareils  d'enregis- 
trement myographiques.  Dubois  et  Remak  se  sont  attachés  (188S- 
1893)  à  démontrer  qu'il  y  avait  réaction  dégénérative  complète, 
quand  le  muscle,  inexcitable  à  la  sollicitation  faradique  ordinaire, 
réagissait  encore,  mais  lentement,  à  quelques  décharges  isolées 
d'un  puissant  appareil  d'induction.  Bien  des  faits  montrent  cepen- 
dant que  si,  en  pareils  cas,  il  y  a  une  très  grande  diminution  de 
Texcitabilité  faradomusculaire,  la  réaction  électrique  du  muscle 
n'est  justement  point  complètement  perdue,  ce  qui  est  l'inverse  de 
la  démonstration  précédente.  Et  il  conviendrait  de  soumettre  à  un 
ezam.en  du  même  genre  les  formes  dites  de  réaction  dégénérative 
partielle.  La  réaction  myasténique  de  Jolly  et  Fajerztajn,  c'est  la 
réaction  d'épuisement  de  Brenner  et  Benedikt,  qui  ne  permet  pas 
de  conclusion  diagnostique  ;  au  myographe  appartient  d'en  tracer 
les  caractères  distinctifs  d'avec  l'épuisement  normal.  La  réaction 
neurotonique  de  Kemak,  ou  celle  de  Marina,  par  hyperexcitabilité 
du  neurone,  c'est  celle  de  la  tétanie,  mais  par  des  causes  diffé- 
rentes; elle  est,  en  tout  cas,  parente  de  la  réaction  dégénérative 
partielle  accompagnée  de  lenteur  indirecte  ,dc  la  contraction 
(Lœwenthal  ;  paralysie  du  radial  par  compression). 

3»  La  résistance  du  corps  humain  à  la  conductibilité  du  courant 
électrique  peut-elle  enrichir  la  symptomatologie  d'états  patholo- 
giques ?  —  Nous  avons  déjà  indiqué  les  extrêmes  variétés  indi- 
viduelles, rinsuffisance  des  méthodes  de  recherches,  l'impossibilité 
actuelle  d'en  calculer  les  causes  somatiques.  A  fortiori  chez  les 
sujets  malades.  Soit  dit  pour  tous  les  travaux  afDrmatifsou  négatifs 


RSTUB  d'aNATOMIB  BT  DB  PHYSIOLOOIB   PATHOLOGIQUES.      315 

de  Charcot,  A.  Vigoureux,  Martius,  Eulenburg,  Kahlen,  Herzog, 
Bernhard  et  Schwabacb,  Erben,  Spehl  et  Sand.  On  s*est  aussi 
occupé  de  la  résistance  faradique  (Windscheid,  Eulenburg)  qui  pré- 
sente des  valeurs  tout  autre:  (bien  plus  faibles)  et  bien  plus  cons- 
tantes que  la  résistance  du  corps  à  Tégard  du  courant  galvanique  ; 
mais  rien  n'est  fait. 

Conclusion,  L'électrodiagnostic  de  ces  dernières  années  ouvre  de 
nouveaux  horizons,  mais  n'a  encore  rien  fondé  qui  permette  le 
diagnostic  sûr  des  maladies  nerveuses.  P.  Keraval. 

XIV.  La  théorie  de  Roncoroni  sur  la  genèse  physiologique  de  la 
FOUE  SYSTÉMATISÉE  {paranoto);  par  Ë.  Jbntsch.  (CentralbL  f. 
yervenheilk.,  XX,  N.  F.,  vin,  1897.) 

Article  court,  fait  pour  appeler  Tattention  sur  ce  mémoire  publié 
dans  VAllgemeine  Zeitschr,  f.  Psychiat.,  LIV  3,  qui  sera  mieux 
analysé  d'après  le  travail  complet.  P.  K. 

XV.  Généralités  sua  l'interférence  et  l'hérédité  sexuelle  ;  par 
Uallbrvorden.  (CentralbL  f,  NervenheHk,f  XX,  N.  F.,  vni,  1897.) 

Le  principe  de  l'interférence,  principe  de  toute  transformation 
de  l'énergie,  de  la  forme,  du  développement  quelconque,  a  de 
nombreux  emplois  biologiques  et  physiques  (Stuber,  éditeur, 
Wurzbourg,  1887).  On  a  déjà  dit  que  chaque  sexe  porte  en  môme 
temps  des  marques  de  l'autre  qui  est  demeuré  latent  ou  disponible, 
la  transmission  du  sexe  se  fait  non  pas  dans  la  forme  mais  par 
croisement  des  termes,  par  transmission  de  la  partie  latente  du 
sexe  opposé.  Les  cellules  du  germe  s'interfèrent  et  ce  sont  les  con- 
ditions de  l'interférence  qui  expliquent  les  choses  de  la  pathologie, 
de  la  personnalité.  11  doit  y  avoir  interférence  des  énergies  d'après 
les  capacités  et  les  intensités.  Les  énergies  du  mâle  (avec  l'intégra- 
lité de  ses  relations  avec  le  milieu)  se  manifestent  sous  la  forme 
électromotrice,  par  un  appoint  chimique.  Celles  de  la  femelle, 

sous  la  forme  chimique,  par  un  appoint  électromoteur Chaque 

phase  de  la  division  morphologique  est  une  transformation  de 
l'énergie  par  l'interférence.  L'interférence  produit  toujours  un 
croisement  de  sexe.  C'est  elle  qui  explique  le  plissement.  Les  exci- 
tations chimiques  modifient  le  rhythme  en  faveur  de  l'un  ou 
l'autre  sexe.  On  peut  trouver  un  calcul  et  une  formule  propres  à 
expliquer  ainsi  l'organisation  neurochimique,  la  transformation  de 
la  constitution  du  système  nerveux  dans  le  temps  et  le  lieu  et  toute 
la  question  de  l'hérédité.  P.  Keraval. 

XVI.  Les  documents  bihliographiques  permettent- ils  de  diagnosti- 
quer l'existence  de  la  paralysie  générale  par  l'examen  hisiolo- 


316      RBVUË  D*ANATOMIB  BT  DB  PHTSIOLOGIB  PATHOLOGIQUKB. 
GIQUB   DBS  ALTERATIONS  DE  l'ECORCE  DU  CERVEAU;  par  W.  PoLUCK. 

(Centralbl.  f.  Nervenheilk.,  XX,  N.  F.,  viii,  1897.) 

Analyse  des  travaux  de  ces  20  dernières  années  :  1<>  sar  les  fibres 
nerveuses;  .2<»  sur  les  cellules  nerveuses;  3^  sur  les  méninges,  la 
névroglie  et  les  vaisseaux.  On  n*est  pas  encore  arrivé  à  affirmer  par 
rhistologie  la  paralysie  générale.  P.  Ker&val. 

XVII.  Coloration  des  cylindr axes  et  dr  leurs  arborescences  termi- 
nales, par  L.ÂUERBACH.  {Neurolog.  Centralb.,  XVI,  1897.) 

Cette  méthode  fournit  un  tableau  remarquable  de  la  division  des 
arborisations  .terminales  amyéliniques  de  la  substance  grise  des 
centres  nerveux  et  nous  montre  l'épais  feutrage,  par  places,  inex- 
tricable, des  fîbres  qui  chez  les  adultes  ou  les  embryons  entoa- 
rent  comme  d'une  toile  d*araignée  les  cellules  nerveuses  grandes 
ou  petites.  Mais  il  faut  observer  les  pièces  dans  rimmersion,à  cause 
de  rincroyable  délicatesse  des  fils. 

Couper  les  organes  en  morceaux  de  3  à  4  millimètres  et  les 
faire  durcir  à  Tétuve  à  38o'pendant  quatre  à  cinq  heures  dans  une 
solution  picrique  ainsi  composée  : 

Solution  picrique  filtrée  à  chaud  et  privée  après  refroidissement 
de  Tacide  précipité  :  lOU  parties;  ajouter 3  parties  d'acide sulfunqoe 
concentré,  filtrer  au  bout  de  quelques  heures  et  étendre  1  partie 
de  cette  liqueur  de  3  parties  d'eau  distilée. 

On  les  place  ensuite  dans  parties  égales  de  liqueur  de  Maller 
(bichromate  de  potasse,  2  parties,  sulfate  de  soude  1  partie,  eau  dis- 
tillée iOO  parties)  et  de  liqueur  d'Ërlitzki  (Bichromate  de  pelasse 
2,5  parties;  sulfate  de  cuivre,  0,5  partie;  eau  distillée  100  parties)  ; 
mélange  auquel  on  ajoute  5  gouttes  de  lactate  de  soude  par 
100  grammes  et  que  Ton  renouvelle  tous  les  jours.  Généralement, 
après  trois  ou  quatre  jours  pour  le  cerveau  et  la  moelle  de 
l'homme  adulte,  le  durcissement  est  convenable  et  l'on  place  les 
pièces  dans  une  solution  de  nitrate  d'argent  à  2  p.  1000  pendant 
sept  jours,  que  Ton  change  tant  qu'il  se  produit  un  précipité  é?i- 
dent  de  chromate  d'argent. 

Quand  la  corrosion  argentique  a  pris  fin,  on  place  pendant  une 
demi-heure  les  petits  morceaux  dans  Teau  oxygénée  privée  d'acide 
chJorhydrique  (de  Merck),  à  laquelle  on  ajoute  par  10  grammes 
4  à  5  gouttes  d'acide  sulfurique  pur.  Lavez  à  l'eau  distillée,  mettez 
dans  l'alcool  à  70^^.  Inclure  dans  la  celloïdine  (un  séjour  de  huit  à 
douze  heures  dans  l'alcool  absolu  et  d'autant  de  temps  dans  la 
cello'ïdine  suffit.)  On  colore  avec  : 

Hématoxyline 2  p. 

Hydrate  de  chloral  ....      16  p. 
Eau  distillée 180  p. 


RBVUB  d'aNATOHIB   ET  DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES.      317 

en  ajontaiit  la  pointe  d'un  couteau  d'acide  molybdique  très  pur 
(de  Merck);  mais  il  faut  que  ce  mélange  soit  demeuré  au  repos  pen- 
dant huit  semaines  et  d'abord  à  Tétuve,  jusqu'à  ce  que  Thématoxy- 
line  soit  totalement  dissoute  ;  elle  conserve  alors  son  activité  pen- 
dant un  temps  très  long,  pourvu  que  l'acide  molybdique  y  demeure 
toujours  en  excès.  Dans  ce  mélange  on  place  les  coupes  pendant 
trois  heures  au  plus;  généralement  une  demi-heure  suffit. —  Lavez 
à  Talcool  à  50^;  plongez  pendant  quelques  secondes  dans  Teau 
distillée. 

Différenciez  suivant  la  méthode  de  Pal,  c'est-à-dire  pendant 
quelques  secondes,  dans  une  solution  d'hypermanganate  de  potasse 
à  1/4  p.  iOO;  puis,  jusqu'à  ce  que  la  nuance  pâlisse,  dans  un  mé- 
lange de  sulfate  de  potasse  pur,  1  ;  acide  oxalique  pur  1  ;  eau  dis- 
tillée, 200.  Si  la  di^érenciation  est  insuffisante,  on  recommence 
rimmersion  double,  mais  aprioii,  les  coupes  minces  ne  doivent  pas 
rester  dans  Thypermanganate  de  K  plus  de  quatre  à  six  secondes. 

Lavez  avec  soin  à  Veau  distillée;  éclaircissez  à  l'alcool  à  90^  et  au 
pbénoxylol;  puis,  un  peu  plus  longtemps,  au  xylol  ;  enfin  inclure 
dans  le  baume  xylol. 

Il  est  prudent  de  ne  pas  examinerles  préparations  trop  longtemps 
après  leur  confection  bien  qu*il  en  existe  qui, soumises  à  cette  tech- 
nique depuis  six  mois,  montrent  encore  les  plus  fines  arborescences 
terminales  dans  une  irréprochable  fraîcheur.  P.  Kbraval. 

XYIIL  De  quelques  variétés  de  la  marcbb  et  de  la  course;  par  le 
D'P.  RicHBB.  (Nouv,  Iconograph,  de  la  Salpélrière,  n^  2,  1898.) 

Ces  études  de  physiologie  morphologique  ne  se  prêtent  guère  à 
l'analyse  succincte;  œuvres  d'anal3'se  elles-mêmes,  elles  doivent  être 
lues  et  vues  sans  raccourci.  L'auteur  laisse  de  côté  le  type  ordinaire 
de  la  marche  et  de  la  course  qu'il  a  décrit  antérieurement;  il  en 
donne  seulement  des  schémas  analytiques.  Il  détaille  les  difl'érents 
moments  du  pus,  les  oscillations,  les  compensations,  les  réactions 
qu'il  entraîne,  successivement,  dans  les  marches  banales  (à  recu- 
lons, avec  un  fardeau  sur  Tépaule,  en  poussant,  tirant  ou  portant 
une  brouette  chargée,  sur  un  plan  ascendant,  descendant,  dans  un 
escalier),  dans  les  marches  expressives  (enthousiaste,  sournoise), 
dans  la  marche  c  en  flexion  >,  la  marche  sportive  et  la  marche 
pathologique.  A  propos  de  la  marche  en  flexion,  dont  il  a  été  beau- 
coup parlé  récemment,  Tauteur  nous  apprend,  appuyé  de  Tauto- 
rité  de  M.  Marey  et  de  M.  Laveran,  qu'elle  est  en  réalité  plus  fati- 
gante que  la  marche  ordinaire  et  susceptible  même  de  produire 
des  troubles  cardiaques.  L'intérêt  médical  et  artistique  qui  s'at- 
tache à  ces  études  est  rehaussé  par  des  reproductions  d* instantanés 
de  M.  Londe. 

R.  Charon. 


318      RKVUB  D*ANATOBCIB  BT  DR  PBT8I0L06IB  PATHOLOOIQUl». 

XIX*  Recherches  sur  l'obigine  réelle  des  nerfs  crâniens;  les  neifs 
MOTEURS  OCULAIRES  ;  par  VAN  Gbhuchten.  (Joum,  de  Neurologie  et 
d'Hypnologie,  1898,  n*  6.) 

L'en Irecrotsement  partiel  des  fibres  radiculaires  du  nerf  de  la 
troisième  paire  est  un  fait  aujourd'hui  bieu  établi.  Les  seules  ques- 
tions encore  controTersées  sont  celles  de  savoir  de  quelle  partie 
du  noyau  d'origine  naissent  les  flbres  croisées  et  quels  sont  les 
muscles  oculaires  auxquels  ces  Gbres  sont  destinées. 

Pour  déterminer  exactement,  chez  le  lapin,  la  position  des  cel- 
lules qui  donnent  origine  aux  flbres  croisées,  M.  van  Gehuchten  a 
vidé  une  cavité  orbitaire  en  extirpant  le  globe  oculaire  avec  toutes 
les  fibres  qui  Tentourent.  Le  lapin  a  été  tué  dix  jours  après  l'opé- 
ration. Les  coupes  sériées  du  mésencépale,  traitées  par  la  méthode 
de  Nissl,  montrent  en  toute  évidence  que  les  cellules  d'origine  des 
fibres  croisées  occupent  la  partie  postérieure  et  inférieure  de 
chaque  noyau. 

Ces  fibres  se  rendent  en  partie  au  muscle  droit  supérieur,  au 
reieveur  de  la  paupière,  au  petit  oblique  et  au  droit  interne. 

Le  droit  inférieur  est  innervé  exclusivement  par  des  fibres 
directes  ainsi  que  les  mnscles  intrinsèques  de  fceil. 

Quant  au  nei'f  pathétique,  il  serait  constitué  avant  tout  par  des 
fibres  croisées,  mais  renfermerait  cependant  quelques  rares  fibres 
directes.  On  ignore  toutefois  si  ces  fibres  directes  se  rendent  do 
noyau  d'origine  dans  le  nerf  périphérique  sans  passer  par  la  val- 
vule de  Vieussens,  ou  bien  si  ces  fibres,  avant  d'atteindre  le  nerf 
périphérique,  passent  deux  fois  la  ligne  médiane,  dans  le  raphé 
et  dans  la  valvule. 

Le  nerf  de  la  sixième  paire  est  formé  exclusivement  de  fibres 
directes;  il  résulte,  en  outre,  des  recherches  de  van  Gehuchten, 
que  ces  fibres  naissent  de  deux  groupes  cellulaires  distincts  et 
situés  l'un  dans  la  concavité  des  fibres  radiculaires  du  nerf  facial, 
l'autre  en  dedans  de  la  branche  radiculaire  externe  du  facial,  près 
de  1  extrémité  inférieure  de  Tolive  supérieure.  G.  D. 

XX.  La  chrovatolyse  dans  les  cornes  antérieures  de  la  moellk, 

APRES    DÉSARTICULATION    OE    LA    JAMBE    ET    SES   RAPPORTS     AVEC    LKS 

localisations  MOTRiCKs;  par  les  D**^  van  Gehuchten  et  de  Buck. 
(Journal  de  Neurologie  et  dHypnologie,  1898,  n»  5.) 

Un  vieillard  de  soixante-dix  ans,  alhéromateux,  ayant  succombé 
21  jours  après  une  désarticulation  du  genou  consécutive  à  une 
gangrène  de  la  jambe  droite,  la  moelle  fut  fixée  dans  la  formalioe 
à  5  p.  i()0,  puis  dans  l'alcool  à  96^  On  débita  ensuite  la  partie 
inférieure  du  segment  lombaire  et  tout  le  segment  sacré  en  coupes 


RRVUB  b'aNATOMIB  BT  DB   PHTSIOLOGIB   PATHOLOGIQUES.       319 

de  13  micrones  d'épaisseur.  Celles-ci  furent  colorées  par  le  pro- 
cédé deNissl. 

Le  phénomène  de  la  chromatolyse  fut  constaté  dans  toutes  les 
coupes  au  niveau  d'un  grand  nombre  de  cellules  situées  à  la  partie 
postérieure  de  la  corne  antérieure  droite.  De  la  situation  et  de  la 
disposition  des  groupements  cellulaires  chromatolysés  les  auteurs 
croient  pouvoir  conclure  : 

1^  Que  les  noyaux  d'innervation  des  muscles  de  la  jambe  et  du 
pied  occupent  la  partie  postérieure  des  cornes  antérieures  de  la 
moelle  et  s'étendent  de  la  partie  supérieure  du  cinquième  segment 
lombaire,  jusque  vers  l'extrémité  inférieure  du  quatrième  segment 
sacré  ; 

2^  Il  existe  deux  grands  noyaux  d'innervation  de  ce  segment  du 
membre  inférieur  :  un  premier  noyau  très  grand  s'étend  de  Tex- 
trémité  supérieure  du  cinquième  segment  lombaire  jusqu'à  la 
partie  inférieure  du  troisième  segment  sacré;  un  second  noyau, 
également  assez  volumineux,  surtout  vers  son  milieu,  mais  sem- 
blant unique,  commence  en  arrière  du  premier  et  à  partir  du 
premier  segment  sacré  et  s'étend  jusque  vers  l'extrémité  inférieure 
du  quatrième  segment  sacré.  G.  D. 

XXI.  Etude  critique  et  expérimentale  sur  les  troubles  vaso-moteurs 

PRODUITS    PAR  LA    SUGGESTION    DANS    DES    TERRITOIRES   LIMITES   DE  LA 

peau;  par  Schrenck-Notzing.  (Zeitsehfrift  fur  hypnotismus,  t.  V, 
fasc.  4.) 

Peut-on  déterminer  par  une  influence  purement  psychique  — 
aato-suggestion,  suggestion  à  l'état  de  veille  ou  de  sommeil  — une 
vésication  d'une  région  limitée  de  l'épiderme  ?  Les  expériences 
faites  à  ce  sujet  en  Allemagne  et  à  l'étranger  ne  présentent  pas  de 
garanties  suflisantes  pour  permettre  de  conclure.  L'auteur  a  fait 
des  expériences  très  intéressantes  et  conduites  avec  une  rigueur  de 
cootrôle  admirable.  La  femme  soumise  à  l'expérience  était  gardée 
à  vue  par  plusieurs  médecins,  la  région  où  devait  apparaître  la 
vésication  était  protégée  par  un  pansement  très  compliqué,  ficelé 
et  cacheté;  la  malade  a  pu,  malgré  tout,  déterminer  ane  rougeur 
par  des  moyens  mécaniques  (frottement,  épingle  à  cheveux,  etc.). 
Od  a  eu  recours  alors  à  un  appareil  plâtré  qui  entourait  le  bras 
eo  expérience  et  aucune  modification  ne  s'est  produite  dans  la 
circulation  cutanée.  L'auteur  conclut  en  disant  que  la  possibilité 
de  produire  une  vésication  n'est  nullement  démontrée  scientifi- 
quement, que  c'est  là  une  des  exagérations  qu'on  rencontre  mal- 
heureusement trop  souvent  dans  les  études  sur  l'hypnotisme. 

LWOFP. 


"1 

1 


320    RBVUB  d'anatobcib  bt  db  phtsioloqib  patholooiqurs. 

XXII.  Sur  la  physiologie  db  l'hypnose  ;  par  A.  Dôdken.  (ZeiUekrift 
fur  hypnotismus^  t.  IV,  fasc.  2  et  3.) 

L'autear  a  traité  par  l'hypnolisme  50  malades.  II  cherche  à  dé- 
montrer que  l'hypnose  est  une  forme  particulière  de  sommeil  hyp- 
notique qu*on  ne  doit  pas  Tidentifier  avec  le  sommeil  ordinaire 
comme  le  font  certains  auteurs  (Liébeault,Fore]),  on  la  considérer 
comme  c  un  léger  sommeil  »  (Krœpelin).  Lwoff. 

XX]  II.  Relation  des  divers  centres  nerveux  entre  eux  et  avec  le  reste 
DD  CORPS  ;  par  H.  Jackson.  {British.  med.  Journal^  janvier  1898.) 

L'auleur  s'attache  particulièrement  à  dégager  les  rapports  fonc- 
tionnels des  divers  centres  du  langage,  dopt  les  localisations  et  les 
connections  fonctionnelles  sont  d'autant  plus  stables  qu'elles  sont 
moins  complexes,  ce  sur  quoi  il  s'appuie  pour  interpréter  la  valeur 
de  certaines  lésions  sans  retentissement  immédiat  apparent. 

A.  H. 

XXIV.  Hypospadias  ;  par  Grben.  (Quarterly  med.  Journal,  1898.) 

C'est  l'observation  d'un  homme  de  vingt-quatre  ans,  jusqu  alors 
pris  pour  une  femme,  par  suite  d'une  absence  presque  complète 
d'organes  génitaux  externes.  Le  sexe  vrai  fut  décelé  par  la  descente 
des  testicules,  dont  l'auteur  fit  l'ablation  sur  la  demande  du  ma- 
lade désireux  de  <  rester  femme  >.  A.  Marie. 

XXV.  Cranio-rachi-schisis;  par  W.  Glarkb.  (Quarta^ly  med.  Joumaly 

avril  1898.) 

C'est  un  cas  de  fermeture  incomplète  du  canal  rachidien  avec 
aeéphalie.  —  Une  photographie  du  monstre.  A.  M. 

XXVI.  Relations  anatomiquks  des  noyaux  centraux  des  nerfs 
cocHLÉAiREs  ET  vESTiBULAiREs  ;  par^Florencc  Sabin.  {Johns  Hopkins 
Hospital  Bulletin^  décembre  1897.) 

Description  minutieuse,  avec  schémas  à  l'appui,  d'auatooiie 
topographique  d'une  partie  du  quatrième  ventricule.  A.  M. 

XXVII.  Physiologie  et  pathologie  du  corps  thyroïde  ;  par  V.  Horsley. 

(British.  médical  Journal ^  décembre  1896.) 

L*auteur  étudie  particulièrement  la  question  au  point  de  vue 
anatomo-pathologique.  Il  rappelle  l'infiltration  péricellulaire  des 
réseaux  lobaires  et  aciniques,  la  déformation  polyangulaire  des 
cellules,  l'obstruction  du  tube  acinique  et  partant  de  sa  sécrétion. 


REYUB  d'aNATOMIB   BT  DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOOIQUBS.       321 

Les  altérations  morphologiques  spécifiques  de  répithélium  thyroï- 
dien dans  le  myxœdème,  sont  corroborées  par  les  altérations  in- 
verses que  subissent  les  organes  transplantés,  par  activité  com- 
pensatrice (expérience  d'Ëîselberg).  Myxœdème  et  crétinisme  résul- 
tent de  la  perte  dus  fonctions  thyroïdiennes. 

Le  goitre  exophtalmique  résulte  de  ces  fonctions  perverties  (voir 
dans  le  numéro  d'octobre,  même  année,  un  cas  de  goitre  exophtal- 
mique traité  par  ingestion  de  thymus,  par  Owen).         A.  Marte. 

XXVIII.  Altérations  médullaires  microscopiques  dans  le  tétanos  ; 

par  W.  HuNTER.  (B.  med.  journal,  sloùI  1897.) 

Trois  examens  post  mortem  ;  dans  deux,  hyperémie  hémorrha- 
gique  avec  dilatations  vasculaircs  et  infiltration  interstitielle  leuco- 
cjthaire.  A.  Marie. 

XXIX.  Tumeur  maligne  du  cerveau  d'origine  auriculaire  ;  par 
Th.  Barr  et  J,  NicoLL.  {British  médical  Journal,  octobre  1897.) 

Le  malade  présenta  tout  d'abord  des  symptômes  simulant  un 
abcès  temporo-sphénoîdal.  On  ouvrit  les  sinus  mastoîdes  et  le 
crâne  et  on  fit  l'ablation  partielle  de  la  tumeur.  Il  en  résulta  un 
choc  nerveux  suivi  de  suspension  de  la  respiration  sous  le  chloro- 
forme :  trachéotomie,  le  malade  mourut  deux  mois  et  demi  après 
1  opération,  des  progrès  de  la  tumeur  sarcomélanique  (examen 
histologique).  A.  Makis. 

XXX.  Localisations    corticales;   par  W.    Mills.  (Brilish  médical 

Journal,  novembre  1897.) 

Elude  d'anatomie  comparée  chez  un  C'.'rtain  nombre  de  quadru- 
pèdes vertébrés  et  d'oiseaux,  particulièrement  en  ce  qui  concerne 
le  centre  des  mouvements  des  membres  inférieurs.       A.  Marie. 

XXXI  Altérations  cellulaires  dès  la  colonne  de  Clark e  dans  lv 
MENINGITE  SPINALE  EPIDEM1QUE  ;  par  L.  Baker.  {Brîtish  médical 
Journal,  décembre  1897.) 

Ces  lésions  (4  figures)  se  rapprochent  plutôt  de  celles  d'un 
neurone  après  section  de  ses  prolongements  exiles  que  des  alté- 
rations intimes  des  cellules  soumises  à  un  agent  toxique. 

A.  Marie. 


Archives,  2*  série,  t.  YI.  21 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  MENTALE. 


ï.  Troubles    psychiques  post-opératoires;    par    M.   le  professeur 
JoFFROY.  {Presse  médicale,  19  mars  1898. 

Les  observalions  de  trois  malades  de  son  service  onl  fourni  à 
M.  le  professeur  JuÛfroy  Toccasion  d'étudier  datis  une  de  ses  leçons 
cliniques  Tétiologie  des  troubles  psychiques  post-opératoires. 
L'une  de  ces  malades,  âgée  de  soixante-sept  ans,  héréditaire,  esl 
tombée,  quinze  jours  après  Tablation  d'un  ostéo-sarcome,  alors 
que  les  suites  opératoires  semblaient  devoir  être  excellentes,  dans 
un  état  mélancolique  avec  anxiété  très  vive,  idées  de  suicide  et  de 
persécution,  craintes  d'empoisonnement  et  hallucinations  terri- 
fiantes de  la  vue  et  de  l'ouïe.  Ge«  troubles  mentaux  ont  persisté 
j^ans  modification  appréciable  jusqu'à  la  mort  de  la  malade.  Il  esl 
à  noter  que  les  facultés  intellectuelles  de  cette  femme  étaient  déjà 
altérées  depuis  fort  longtemps,  et  qu'à  plusieurs  reprises,  et  parti- 
culièrement à  l'occasion  du  développement  de  son  ostéo-sarcorae, 
elle  avait  eu  de  véritables  crises  délirantes.  La  deuxième  malade  a 
été  atteinte,  après  une  opération  pratiquée,  il  j  a  un  an  et  demi 
environ,  pour  un  cancer  du  sein  gauche,  d'un  délire  mélancolique 
qui  a  cédé  la  place  à  un  état  maniaque  avec  idées  de  grandeur  et 
erotiques,  et  hallucinations  multiples.  La  démence  est  ensuite  sur- 
venue piraduellement,  tandis  que  le  néoplasme  récidivait  au  niveau 
des  ^'anglions  axillaires  et  sus-claviculaires.  Deux  ans  avant  ces 
accidents,  cette  femme  avait  déjà  présenté  des  troubles  psychi- 
ques. Ses  antécédents  héréditaires  sont  inconnus.  La  troisième, 
fille  d'une  mère  aliénée,  a  été  opérée,  il  y  a  huit  mois,  pour  une 
grossesse  extra-utérine;  au  niveau  de  la  suture  abdominale  se  sont 
produites  deux  fistules  qui  ont  doimé  issue  à  du  pus;  mais  il  n'y  a 
pas  eu  de  fièvre.  Cinq  jours  après  l'opération,  a  apparu  un  délire 
mélancolique  avec  anxiété,  auto-accusations,  idées  de  suicide,  idées 
de  persécution  et  hallucinations  terrifiantes.  Ces  troubles  persis- 
tent encore. 

S'appuyant  sur  ces  observations,  M.  Joffroy  pense  qu'une  prédis- 
position héréditaire  ou  acquise  est  nécessaire  pour  le  développe- 
ment des  accidents  désignés  sous  le  nom  de  folie  post-opératoire. 
<  Chez  certains  prédisposés,  dit-il,  l'opération  détermine  l'éclosion 
d'une  bouffée  délirante,  le  réveil  d'un  délire  éteint  ou  l'exaspéra- 
tion d'une  psychose  actuelle,  >  L'intervention  chirurgicale,  agis- 


RBVUB  DB  PATHOLOOIB  MBNTALB.  333 

sanlsur  ce  terrain  spécial,  se  compose  de  divers  élémenls.  En  pre- 
mier lieu,  se  placent,  dans  beaucoup  de  cas,  sinon  dans  la  majo- 
rité, les  éléments  d'ordre  psychique  :  la  préoccupation  du  malade 
qui  redoute  l'opération  ou  ses  suites  (M.  Joffroy  estime  que  ce  fac- 
tearétiologique  est  souvent  prépondérant)  et  le  choc  moral  consé- 
cutif à  un  grand  traumatisme  qui  nécessite  une  opération  d'ur- 
gence. Dans  d'autres  cas,  une  intoxication,  et  surtout  l'intoxication 
alcoolique,  parait  jouer  le  rôle  prédominant.  D'autres  fois,  il 
faudra  attribuer  ce  rôle  à  l'infection  ou  à  la  puerpéralité.  L'opéra- 
tion en  elle-même  n'a  qu'une  action  bien  effacée.  La  nature  de 
l'opération,  son  siège,  n'ont  que  peu  d'importance,  exception  faite 
pour  les  ablations  du  corps  thyroïde  qui  peuvent  déterminer  le 
myxœdème  post-opératoire.  Si  l'on  a  pu  croire  que  les  troubles 
mentaux  sont  plus  fréquents  dans  les  maladies  chirurgicales  des 
orpaoes  génitaux,  c'est  moins  parce  qu'il  s^agit  d'organes  dévo- 
lus à  une  fonction  spéciale  qu'à  cause  de  la  préoccupation  plus 
grande  des  malades.  Les  anesthésiques  et  les  antiseptiques  né 
jouent  également,  dans  la  pathogénie  de  la  folie  post-opératoire, 
qu'un  rôle  peu  actif,  sauf  peut-être,  dans  une  certaine  mesure, 
chez  les  intoxiqués,  les  alcooliques,  par  exemple.  L'anémie  ou 
même  la  cachexie  symptomatiquede  l'aflection  qui  rend  nécessaire 
l'intervention,  paraissent  aussi  n'avoir  qu'une  influence  bien  secon- 
daire. 

Le  plus  souvent,  on  a  affaire  simultanément  à  plusieurs  de  ces 
éléments  pathogènes,  sans  que  Ton  puisse  arriver  à  prédire  avec 
certitude  l'éclosion  de  la  folie  post-opératoire,  en  s'appuyant  sur 
l'existence  de  ces  causes  multiples.  A  plus  forte  raison  ne  pourrait- 
on  savoir  quelles  seraient  la  nature  du  délire,  la  forme  et  la  durée 
des  accidents.  Il  est  cependant  une  catégorie  de  prédisposés  pour 
lesquels  on  risquerait  moins  de  se  tromper:  ce  sont  les  alcooliques, 
chez  qui  la  fréquence  et  la  forme  des  troubles  mentaux,  à  l'occa- 
sion d'un  traumatisme,  d'une  intervention  chirurgicale  ou  d'une 
infection,  sont  bien  connues.  A.  Fenayrou. 

11.  Psychoses    et  rêves  ;  par  le  D''  Sanctb  de  Sanctis  (de  Rome). 
{Jour,  de  Neurologie  et  d'Hypnologie,  1897,  n»"  23  et  24.) 

Les  deux  questions  envisagées  dans  ce  travail  sont  :  i^  celle  des 
relations  d'identité  ou  d'équivalence  entre  le  rêve  et  la  folie  ;  et 
2"*  celle  des  rapports  étiologiques  entre  ces  deux  processus.  En  ce 
qui  concerne  la  première  question,  l'auteur  admet  qu'en  dehors  de 
certains  états  aigus  caractérisés  par  de  la  confusion,  de  l'incohé- 
rence, des  hallucinations,  qui  sont  semblables  au  rêve  de  l'individu 
normal,  il  n'existe  entre  la  folie  et  le  rêve  qu'un  rapport  éloigné 
de  simple  analogie;  mais  d'après  lui  il  existerait  entre  ces  deux 
étals  un  rapport  d'équivalence,    c'est-à-dire  que   certains  rêves 


324  RBVUB  DE  PATHOLOGIE  MENTALE. 

constituraient  de  véritables   équivalents   de  la  crise  d'hystérie, 
d'épilepsie,  de  ialcoolisine,  etc. 

Relativement  à  la  secoude  question,  Tauteur  croit  que  les  rares 
peuvent  produire  la  folie  de  deux  façons  différentes  :  1^  en  agis- 
sant comme  traumatisme  psychique  ou  comme  cause  déprimante, 
et  dans  ce  cas  l'affection  qui  en  dérive  a  les  caractères  des  psycho- 
ses traumatiques  ou  des  maladies  mentales  produites  par  Tépui- 
sèment  ;  2^  en  pénétrant  Tessence  môme  de  l'état  de  veille,  et  en 
y  arrêtant,  suspendant  ou  troublant  le  cours  régulier  de  Tassocia- 
tion  des  idées.  Les  états  psychopatiques,  postoniriques  sont  habitael- 
lement  transitoires  et  fugaces.  Cependant  chez  les  sujets  prédis- 
posés les  rêves  peuvent  également  donner  lieu  à  des  formes  aigaês 
et  même  aussi  à  la  folie  systématisée.  La  connaissance  de  celte 
donnée  étiologique  n'est  pas  dénuée  d'intérêt  au  point  de  vue  du 
traitement  à  instituer  chez  ces  malades.  La  psychothérapie  par 
le  rêve  est  appelée  dans  ces  cas  à  rendre  de  réels  services. 

G.  Deny. 

in.  Paralysie  paroxystique  de  nature  éimleptique  ;  par  H.  Higibr. 
{Neurolog,  Centralbl.,  XVI,  i897.) 

Forme  paralytique  de  Tépilepsse  jacksonienne.  Il  s'agit  d'un 
jeune  garçon  de  six  ans,  non  syphilitique,  ni  hystérique,  ni  héré- 
ditaire, ayant  ce  genre  d'attaques  à  toute  heure  du  jour,  sans  con- 
vulsions, sans  altération  de  la  connaissance;  elles  consistent  en  un 
trouble  limité  de  l'appareil  moteur.  Cela  commence  par  de  la  pa- 
resthésie  de  la  jambe  qui  est  bientôt  atteinte  de  paralysie  motrice 
11  n'est  pas  rare  de  voir  les  symptômes  seasitifs  et  moteurs  passer 
de  la  jambe  au  tronc  et  à  Textrémité  supérieure.  Après  avoir  dé- 
taillé les  caractères  des  épilepsies,  l'auteur  conclut  à  Texisience  en 
l'espèce  d'une  épilepsie  paralytique.  Elle  est,  suivant  lui,  d'origine 
cérébrale.  En  voici  les  caractères  :  aura  au  début;  accès  courts  et 
stéréotypés  ;  les  accès  se  montrent,  au  besoin,  pendant  le  som- 
meil; les  phénomènes  sont  mono  ou  hémiplégiques  ;  ils  se  succè- 
dent et  se  développent  suivant  un  ordre  régulier;  l'enfant  a  eu 
des  convulsions  pendant  l'allaitement,  les  commémoratifs  mention- 
nent un  accès  d'épilepsie  typique;  le  bromure  agit  favorablement; 
enfin,  il  y  a  eu  énorme  fréquence  de  ces  accès  de  paralysie  tran- 
sitoire, jusqu'à  vingt  en  un  jour,  ce  qui  ne  contredit  pas,  comme 
on  sait,  à  l'épilepsie  jacksonienne. 

11  pourrait  bien  y  avoir  un  tubercule  solitaire  (bronchite,  fièvre 
légère,  habitus  anémique),  occupant  le  centre  de  la  jambe,  le 
lobule  paracentral  gauche;  sans  doute  par  moments,  il  y  a  de  l'épi- 
lepsie vraie,  mais  cela  n'infirme  pas  du  tout  l'idée  d'une  tumeur. 

M.  Higier  se  rallie  à  la  théorie  de  Lœvenfeld,  du  phénomène 
d'arrêt.  La  paralysie  survenant  ici  soit  en  plein  repos,  soit  pendant 


REVUB  DE  PATH0L06IB  MENTALE.  325 

le  mouvemeul,  soit  à  l'état  de  veille,  soit  à  l'état  de  sommeil,  il 
appert  que  ni  l'activité,  ni  le  repos  des  centres  moteurs  corticaux 
D'est  Tagent  générateur  des  phénomènes  d'arrêt.  L'association  de 
la  paralysie  à  des  paresthésies  semble  indiquer  que  l'arrêt  des 
appareils  moteurs  est  très  fréquemment  préparé  par  une  irritation 
des  éléments  corticaux  sensitifs;  sans  doute  chez  ce  malade,  les 
troubles  sensitifs  prodromiques  manquent  parfois,  mais  c'est  qu'ils 
sont  trop  faibles  et  passent  inaperçus  (Lœwenfeld).  L'accumulation 
des  paroxysmes  pendant  les  heures  vespérales  permet  de  croire  que 
l'arrêt  physiologique  eit  dû  à  l'action  des  substances  de  régression 
physiologique,  des  produits  toxiques  de  la  nutrition,  à  une  auto- 
intoxication, à  des  toxines  plutôt  provocatrices  cependant  que  dé- 
terminantes. P.  Keraval. 

lY.  Des  symptômes  prodromiques  pbincipaux  de  la  paralysie  géné- 
rale QUI  précèdent  de  longtemps  la  manifestation  de  la  maladie  ; 
par  M.  le  professeur  Tuomsen  (de  Bonn).  {Journal  de  Neurologie  et 
d'Bypnologie,  1897,  n»  %i.) 

D'après  l'auteur  de  ce  travail  les  symptômes  d'Argyll-Robertson 
et  de  Westphall  constitueraient  les  deux  signes  prodromiques  prin- 
cipaux de  la  paralysie  générale  ;  ils  pourraient  être  constatés  de 
deux  à  six  ans  avant  l'apparition  de  la  maladie.  Dans  tous  les  cas 
où  l'on  trouve  ces  symptômes  chez  un  homme,  arrivé  à  l'âge  mûr, 
ancien  syphilitique,  sans  que  l'on  constate  d'autres  signes  du  tabès, 
le  soupçon  d'une  paralysie  générale  est  justifié  et  il  se  confirmera 
le  plus  souvent  s'il  existe  en  même  temps  des  stigmates  de  neuras- 
tbéûie. 

Les  autres  signes  précoces  de  la  paralysie  générale  sont  les 
ophtalmoplégies,  en  particulier  le  ptosis,  et  les  attaques  paraly- 
tiques ou  aphasiques. 

L'importance  des  autres  symptômes  précoces  (parésies  du  larynx 
et  de  lar  vessie,  crises  d'estomac,  atrophie  des  nerfs  optiques,  mi- 
cropsie,  douleurs  rhumatismales,  changements  du  caractère,  etc.), 
est  minime  en  comparaison  de  celles  des  signes  mentionnés  ci- 
dessus.  Un  sujet  nerveux  sans  réaction  pupiliaire  ou  sans  réflexes 
rotuliens  n'est  presque  jamais  un  neurasthénique,  mais  probable- 
ment un  paralytique.  G.  D. 

V.  Les  opérations  gynécologiques  en  médecine  mentale  ;  par  le 
D'  CuYLiTs.  (Bull,  de  la  Soc,  de  médecine  mentale  de  Belgique^ 
décembre  1897.) 

Ou  sait  que  quelques  chirurgiens  n'ont  pas  hésité  à  recourir  à 
l'ablation  des  ovaires  et  de  la  matrice,  en  l'absence  de  toute 
lésion  de  ces  organes,  pour  guérir  certaines   névroses  ou  vésa- 


3^6  SOCIÉTÉS    SAVANTES. 

nies.  Celle  pratique,  aujourd'hui  abandounée,  est  combattue  à 
nouveau  dans  ce  travail  par  M.  Guyiils  qui  s*appuie  surtout  sur 
Taulorité  de  M.Jacobs  et  sur  un  récent  travail  de  MM.Angeiucciniet 
Pieraccini  lequel  se  termine  par  les  conclusions  suivantes  :  dl  faut 
absolument  proscrire  l'ablation  de  l'utérus  et  des  annexes  comme 
moyen  de  guérison  de  l'hystérie  ou  d'une  vésanie  ;  riiystérie  est 
même  une  contre-indication  d'une  opération  chirurgicale  gynéco- 
logique. 

«Ces  opérations  ne  se  justifient  que  par  la  gravité  des  affections 
des  organes  sexuels,  sans  qu*on  puisse  en  espérer  une  influence 
heureuse  sur  l'état  névropaUiique  des  malades.  —  On  n'en  peut 
tirer  parti  au  point  de  vue  nèvropathique  que  si  l'on  y  joint  la  sug- 
gestion. —  Enfin  eu  vue  de  la  suggestion  seulement  et  quand  tous 
les  autres  moyens  auront  été  essayés  pour  combattre  rhystérit:,  on 
pourra  recourir  à  la  simulation,  même  sanglante,  d'une  lapara- 
lomie.  >  G.  Dent. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


CONGRÈS  DES  MÉDECINS  ALIÉNISTES  ET  NEUROLOGISTES  *. 


NKDviisME  SESSION.  —  (Aogcrs  1898.) 

Séance  du  vendredi  5  août  (suite).  —  Puésidençe  de  M.  Motet. 

Le   rôle   de  l'appareil    cardio-vasculaire   dans    la    pathogénie  de 
certaines  phobies  neurasthéniques. 

MM.  P.  Valentin  et  P.  Hartenberg  (de  Paris)  ont  étudié  le  méca- 
nisme palhogénique  suivant  lequel  se  constituent  certaines  phobies 
de  la  neurasthénie.  Après  avoir  admis,  en  principe,  que  toute 
phobie  a  pour  élément  fondamental  un  état  d^aiixiélé,  et  que  cet  état 
d'anxiété  consiste  essentiellement  en  un  phénomène  cardio-vasca- 
laire,  ils  exposent  le  résultat  de  leurs  observations  cliniques.  Chez 
certains  malades  neurasthéniques,  ils  ont  vu  survenir  brusquement, 
sans  aucune  cause  connue,  un  de  ces  accès  lie  palpitations  cardiaques 
si  fréquents  dans  la  maladie  de  Beard.  Ces  désordres  cardio-vascu- 
laires  retentissent  dans  les  sphères sensitives de lecorce et s'accom- 

*  Voir  Archives  de  Seuroloffie,  n»  33. 


SOCIBTBS  SAVANTES.  327 

papnent,  dans  la  conscience,  d'un  sentiment  d*angoisse,  de  pour. Cet 
état  d angoisse  devient  permanent  dès  lors,  tandis  que  reviennent» 
périodiquement,  des  crises  de  palpitations  et  d'angoisse  aiguë,  qui 
ne  sont  que  la  reproduction  de  Tattaque  initiale,  par  hyperrauésie 
émotive.  L'histoire  de  trois  malades  rapportée  par  les  auteurs,  à 
titre  d'exemples,  conûrme  ces  principes  théoriques.  En  somme^ 
certaines  phobies  neurasthéniques  paraissent  avoir,  non,  comme 
on  pourrait  le  croire,  un  point  de  départ  psychique,  c*est-à-dire 
cortical,  mais  un  point  de  départ  organique,  dans  le  domaine  de 
Tappareil  cardio-vasculaire.  Un  désordre  initial  du  cœur  et  des 
vaisseaux,  survenu  sans  aucune  représentation  psychique  préalablcr 
détermine  un  état  d'anxiété,  à  la  faveur  duquel  les  phobies  pour- 
ront se  constituer. 

L'appareil  cardio-vasculaire  semble  donc  bien  jouer  un  rôle 
prépondérant  dans  la  pathogénie  de  ces  phobies. 

Traitement  dé  l'ëpilepsie  par  la  sympathectomie. 

M.  Lannois  (de  Lyon).  —  Depuis  qu'Alexander  a  préconisé 
eu  1889  ta  résection  du  ganglion  cervical  supérieur  comme  moyen 
de  traitement  de  Tépilepsie,  de  nombreux  chirurgiens  ont  recouru 
à  cette  opération  avec  des  résultats  variables,  les  uns  affirmant 
n'en  avoir  rien  obtenu,  les  autres  publiant  des  succès  encoura- 
geants. M.  Jaboulay  a  été  le  premier  à  pratiquer  cette  opération 
en  France,  et  depuis  nous  l'avons  répétée  ensemble  sur  un  certain 
nombre  de  malades  avec  des  résultats  très  variables.  Chez  uu 
jeune  homme  de  dix-sept  ans,  qui  présentait  des  crises  très  fré- 
quentes à  caractère  hystérique  et  de  grands  accès  épileptiques, 
tous  les  accidents  ont  complètement  disparu*à  la  suite  de  l'opéra- 
tion, faite  au  mois  de  mars  et  dans  laquelle  la  sympathectomie 
a  été  associée  à  Télongation  du  pneumogastrique.  C'est  le  seul  cas 
de  guérison  que  nous  ayons  enregistré.  Les  malades  améliorés,  au 
nombre  de  trois,  étaient  également  hyàtéro-épileptiques,  de  sorte 
qu'on  peut  se  demander  si  dans  les  cas  où  Topération  semble 
donner  des  résultats  favorables,  il  ne  s'agit  pas  en  réalité  d'amé- 
liorations apparentes  dues  à  Tautosuggcstion,  au  choc  trauma- 
tique,  etc.  Chez  la  plupart  de  nos  patients  l'état  est  resté  station- 
naire.  Trois  ont  été  aggravés,  soit  parce  que  les  crises  ont 
augmenté  de  fréquence,  soit  parce  qu'il  s'est  produit  un  véritable 
état  de  démence  ou  de  torpeur  intellectuelle  très  manifeste.  Enfin, 
un  de  nos  malades  a  succombé  quatre  jours  après  l'opération  ; 
peut-être,  cependant,  ne  faut-il  pas  incriminer  uniquement  l'inter- 
vention, car  le  sujet  était  en  état  de  mal  et  présentait  d'ailleurs 
une  grave  lésion  encéphalique  (atrophie  unilatérale  du  cervelet)  '. 

'  La  communication  de  M.  Lannois  a  été  faite  à  la  première  séance. 
Nous  avons  vu,  à  Bicétre,  un  malade  de  M.  Féré  chez  lequel,  nous  a-t-il 


328  SOCIETES   SAVANTES. 

Contribution  à  Vétude  des  rapports  an  te  et  post  morlcin 
de  VépHepsie  et  de  la  paralysie  générale. 

M.  PÉON.  —  II  existe  fréquemment  entre  ces  deux  maladies  des 
rapports  incontestables  qui  se  montrent  pendant  la  vie  et  à  lautop- 
sie. 

i«  Ante  mortem.  —  Les  caractères  de  ressemblance  se  manifes- 
tent dans  Tappareil  des  symptômes  soit  somatiques,  soit  psychiques. 

A.  Symptômes  physiques.  —  a)  Nous  connaissons  tous  la  simili- 
tude complète  qu'il  y  a  entre  les  attaques  épileptiformes  (si  fré- 
quentes dans  la  paralysie  générale)  et  les  accès  de  Tépilepsie  vraie. 
—  b)  Assez  souvent  on  voit  survenir  brusquement  dans  le  cours 
de  répilepsie  une  paralysie  très  irrégulière  dans  son  mode  de  pro- 
duction et  dans  sa  marcbe.  Dans  les  commencements  elle  est  pas- 
sa^'ère,  d*une  durée  de  quelques  heures  à  plusieurs  jours  seule- 
ment; née  sans  cause  appréciable  à  la  suite  d*une  attaque,  elle 
disparaît  Je  même,  enlevée  par  l'attaque  suivante  ou  dans  riuter- 
valle  de  deux  attaques,  pour  se  reproduire  aux  suivantes,  sur  les 
mômes  points.  D*abord  partielle,  limitée  à  un  membre  ou  à  un 
côlé  du  corps,  elle  se  généralise  à  la  longue,  à  force  de  se  répé- 
ter, et  prend  un  caractère  de  permanence.  Elle  s'accompagne  très 
fréquemment  d'embarras  de  la  parole.  Il  est  vrai  que  celte  para- 
lysie, d'abord  locale,  progressive  quant  à  son  étendue,  diffère  delà 
paralysie  générale  qui,  générale  d'emblée,  ne  progresse  qu'en 
intensité.  Mais  le  praticien  n'est  pas  moins  placé  dans  un  grand 
embarras  de  diagnostic  si,  voyant  le  malade,  pour  la  première  fois 
surtout  il  n'est  pas  renseigné  sur  la  marche  des  accidents  survenus 
dans  le  cours  de  l'épilepsie.  —  c)  Parfois  encore  celte  maladie  s'ac- 
compagne d'inégalité  pupillaire  et  souvent  d'embarras  de  la  parole 

B.  Symptômes  psychiques.  —  a)  Le  plus  souvent  on  constate  chei 
les  épileptiques  de  nos  asiles  un  trouble  mental;  soit  l'excitation 
maniaque,  soit  la  religiosité  excessive,  la  dépression,  le  délire 
mélancolique,  soit  parfois  encore  la  tendance  manifeste  aux  idées 
de  grandeurs,  ainsi  que  nous  en  avons  observé  un  exemple  remar- 
quable chez  une  femme  mariée  atteinte  de  vertiges  épileptiques 
extrêmement  fréquents  ;  en  voici  deux  autres  : 

Première  observ.\tion.  --  Jules  D...,  trente-deux  ans,  terrassier, 
marié,  placé  d'office,  août  1884,  à  l'asile  de  Breuly  (Charente), 
comme  atteint  de  manie  aiguë,  avec  exacerbation  tous  les  quinze 

été  affirmé,  la  sympathectomle  n'a  donné  aucun  résultat.  Il  en  a  été  de 
même  chez  l'un  des  malades,  dont  nous  avons  parlé,  lequel,  après  avoir 
subi»  sans  aucun  avantage,  la  cranieclomie,  a  été  sympathectomisé 
quelques  semaines  plus  tard  et  a  vu  revenir  ses  crises  comme  aupara- 
vant, après  une  rémission  de  trois  semaines.  (B.) 


SOCIETES    SAVANTES.  329 

jours  environ.  Dans  la  quinzaine  qui  suil  son  arrivée,  je  c'onslate 
de  la  tendance  à  Texcilation,  une  certaine  confusion  d'idées  où 
surnagent  celles  de  grandeurs.  Fin  septembre,  attaque  d'épilep- 
sie  suivie  d'accès  d'agitation.  Les  attaques  se  renouvellent  ensuite 
fréquemment  et  sont  précédées  ou  suivies  des  mêmes  accès  d'agi- 
talion  et  de  fureur  qui  rendent  cet  épileptique  redoutable  pendant 
leur  durée  qui  varie  de  trois  à  cinq  ou  six  jours.  C'est  ainsi  que 
nous  constatons  : 

1884.  octobre;  5  attaques;  novembre,  8 attaques. 

1885.  Attaques  :  janvier,  3  le  15;  mai,  3  le  22  ;  juillet,  3  le  5  ; 
octobre,  4  ;  décembre,  1 . 

1886.  Mars,  1  le  15  et  le  16  ;  avril,  1  le  20,  2  le  21  ;  juillet,  i  ; 
août,  i  le  28  et  le  29  ;  octobre,  2  le  11  et  1  le  13  ;  novembre,  2  le  15 
et  1  le  16;  1  en  décembre. 

1887  :  12  attaques;  1888  :  14  attaques;  1889  :  22  attaques; 
1890  :  25  attaques  ;  1891  :  janvier  à  septembre,  30  attaques. 

Toutes  sont  violentes,  avec  écume  à  la  bouche  et  convulsions. 
Parfois  dans  l'intervalle  surgissent  des  idées  de  grandeurs  :  le 
malade  dit,  par  exemple,  être  un  grand  personnage,  avoir  mérité 
des  décorations.  C'est  ainsi  que  le  20  septembre  1891,  ayant  vu 
son  père  au  parloir,  il  affirme  ses  prétentions  et  me  dit  le  lende- 
main, à  ma  visite  du  matin,  être  officier  de  la  Légion  d'honneur 
depuis  1882,  me  demande  de  lui  faire  confectionner  un  costume 
décommandant  ou  d'un  officier  d'un  grade  plus  élevé.  La  parole 
est  sèche,  brève,  hautaine  et  nullement  embarrassée.  Dans  ses  mo- 
ments d'excitation  et  de  prétentions  ridicules,  il  a  la  face  animée 
et  quelquefois  vultueuse  ;  tout  indique  que  chez  lui  le  sang  se  porte 
violemment  vers  la  tête. 

Deuxième  observation.  —  Pierre  B...,  cinquante-cinq  ans  à  son 
arrivée,  cultivateur,  veuf  avec  une  enfant.  Placé  d'office,  novem- 
bre 1886,  à  Tasile  de  Breuty,  comme  atteint  de  monomanie  reli- 
gieuse. Dans  les  vingt-quatre  heures  après  son  entrée,  je  remarque 
chezluides  idéesde  persécutionet  de,mysticisme,des  hallucinations 
des  sens,  jointes  à  des  troubles  musculaires,  à  un  embarras  pro- 
noncé de  la  parole,  qui  se  manifeste  surtout  par  instants,  des  mou- 
vements fibrillaires  des  muscles  de  la  face  et  du  tremblement  des 
membres.  A  la  quinzaine,  je  mentionne  dans  mon  certificat  des 
troubles  musculaires  qui  peuvent  se  rattacher  à  la  paralysie  géné- 
rale. Vers  fin  décembre  apparaissent  des  crises  d'épilepsie  prises 
pour  des  attaques  épileptiformes  : 

1887  :  9  attaques  d'épilepsie;  18S8  :  15  attaques  ;  1889  :  29  atta- 
ques; 1890  :  58  attaques;  1891  :  janvier  à  septembre,  27  attaques. 

Elles  sont  violentes,  reviennent  surtout  par  séries  et  sont  géné- 
ralement précédées  ou  suivies  d'accès  d'agitation  sans  fureur. 
Gomme  la  plupart  des  épileptiques,  Pierre  B...  affiche  une  grande 


330  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

religiosité.  De  plus,  il  a  des  idées  vagues  de  persécution  :  on  l'a 
placé  ici  par  trabison,  car  on  lui  disait  d'aller  à  Angouléme  lou- 
cher 1.600  francs  (qu'on  ne  lui  devait  pas).  Chez  lui  on  remarque 
un  air  habituel  de  satisfaction  et  certaines  tendances  aux  idées  de 
grandeurs  et  de  richesses  :  «  il  est  très  fort,  dit-il,  très  capable  de 
gagner  sa  vie  »  ;  il  lui  est  arrivé  plus  d'une  fois  d'orner  sa  bouton- 
nière du  ruban  rouge  ;  il  compte  au  moyen  de  petits  cailloux  les 
millions  de  francs  qui  lui  seront  dus  après  sa  sortie.  En  attendant, 
il  est  titubant,  la  jambe  gauche  est  plus  faible  qu3  i*aulre,  la 
langue  déviée  à  droite  (hémiplégie  incomplète);  les  membres 
supérieurs  sont  affaiblis,  la  parole  très  embarrassée  et  les  muscles 
des  lèvres  agités  de  mouvements  fibrillaires  très  prononcés.  Chez 
cet  homme  de  taille  moyenne;  de  forte  constitution,  de  tempé- 
rament sanguin-lymphatique,  la  face  est  toujours  animée,  rouge, 
parfois  vultueuse,  violacée. 

Cette  observation  nous  parait  intéressante;  elle  est  un  exemple 
frappant  des  difficultés  que  présente  le  diagnostic  différentiel  de  la 
paralysie  générale  et  de  i'épilepsie  compliquée  de  troubles  muscu- 
laires; surtout  lorsque  s'y  joignent  les  symptômes  psychiques  ordi- 
naires à  la  première  de  ces  deux  maladies.  Aussi  avons-nous  été 
longtemps  dans  l'incertitude  du  nom  qu'il  convenait  de  donner  à 
une  affection  que  nous  regardons  maintenant  comme  une  folie 
épileplique  compliquée  de  symptômes  de  périencéphalite  chro- 
nique diffuse. 

6)  Quand  Tépilepsie  est  ancienne  (principalement  dans  la  forme 
vertigineuse),  Tintelligence  et  la  mémoire  sont  affaiblies,  la  seasi- 
bilité  morale  très  émoussée,  quelquefois  même  la  démence  est 
complète. 

On  comprend  que  l'on  puisse,  un  temps,  dans  ces  cas,  confondre 
la  démence  paralytique  avec  la  démence  épileptique  qui  s'accom- 
pagne de  paralysie  généralisée  et  d'embarras  plus  ou  moins  ac- 
cusé de  la  parole. 

c)  Que  la  paralysie  générale  naisse  dans  le  cours  de  l'épilepsie 
chez  certains  sujets,  c'est  indéniable.  CalmeiM  et  Parchappe*  en 
ont  donné  des  observations.  M.  Péon  rapporte  deux  observations; 
nous  ne  relatons  que  la  seconde. 

Quatrième  observatio.^c.  —  Sommaire  :  Epileptique  aliéné;  —  sept 
ans  à  Bicéire,  transféré  à  l'asile  de  Fains  ;  —  devenu  paralysé 
général  onze  ans  après  son  atrivée.  Foyer  étendu  de  ramollissement 
de  Vhémisplière  droit, 

R...,   ouvrier  en  cuivre,  marié,  âgé  de  trente-sept  ans,  doué 

*  Calmeil.  —  Maladies  inflammatoires  du  cerveau. 

*  Parchappe.  —  Traité  de  la  folie. 


S0GIBTB8   SAVANTES.  331 

d'une  forte  constitution,  santé  robuste.  Venu  de  Bicêtre  après  y 
avoir  séjourné  sept  ans  et  désigné  comme  épileptique  incurable, 
est  entré  à  Tasile  de  Fains  en  mars  1847.  On  avait,  en  vain,  essayé 
sur  lui  différentes  médications,  entre  autres  Vinhalation  d'éther, 
qui  selon  lui,  avait  diminué  le  nombre  et  la  violence  de  ses  accès 
daas  les  premières  expériences.  A  son  arrivée,  les  facultés  intellec- 
tuelles et  affectives  ne  paraissent  pas  encore  avoir  été  altérées  par 
les  accès  d'épilepsie.  Le  15  avril,  le  D'  Renaudin  constate  une 
grande  irritabilité  de  caractère  due  aux  attaques  épileptiques. 

La  santé  est  satisfaisante  depuis  rentrée  j  usqu*au  24  novembre  i  848. 
Le  malade  fut  pris  d'accès  violents  d'épilepsie,  dont  le  nombre 
tariail  de  4,  6  à  8  par  mois. 

1852,  janvier;  il  est  dit  atteint  de  démence  maniaque.  • 

1856,  janvier;  on  remarque  qu'il  est  gâteux  en  dehors  des  accès. 
EoGn  R...,  d'après  lobservation,  serait  atteint  de  manie  intermit- 
tente à  intervalles,  consécutive  à  l'épilepsie. 

1857,  mars;  il  m'est  donné  de  Tobserver  et  de  le  voir  tomber 
dans  une  sorte  de  torpeur  intellectuelle  qui  va  en  augmentant  de 
plus  en  plus. 

Mais  jusqu'au  mois  d*avril  1858  on  ne  constate  encore  aucun 
si^ne  évident  de  paralysie  générale  ;  tandis  que  le  reste  de  Tannée 
se  passe  dans  la  torpeur  mentale  avec  quelques  signes  de  paralysie. 

1859.  Dès  le  mois  de  janvier,  R...  est  pris  de  gonflement  des 
gencives  et  de  flux  hémorrhoïdal  assez  difficile  à  faire  disparaître. 
Le  malade  ne  se  lève  plus;  Tappétit,  les  forces  diminuent  ;  il  y  a 
Qne  grande  gêne  de  la  déglutition  ;  le  marasme  arrive,  les  cou- 
gestions  cérébrales  se  déclarent  et  la  mort  survient  sur  la  On  de 
mari. 

Autopsie,  —  Crâne  mince,  pas  d'épanchement  de  sérosité  intra- 
arachnoïdien,  un  peu  d'infiltration  gélatiniforme  du  tissu  cellu- 
laire sous  arachnoîdien.  Excavation  d'une  couleur  jaune  grisâtre, 
de  trois  centimètres  de  long  sur  deux  de  large,  recouverte  par  une 
lame  épaisse  de  substance  grise.  Cette  excavation  est  située  à  la 
partie  postérieure  de  Thémisphère  cérébral  droit.  Il  y  a  peu 
d'hypéréraie  généralisée  de  la  substance  blanche  du  cerveau. 

1^  Post  mortem,  —  Outre  nos  observations  III  et  IV,  les  suivantes 
recueillies  par  nous  à  Tasile  de  Breuty*  montreront  la  ressem- 
blance plus  ou  moins  accusée  des  lésions  anatomiques  des  deux 
maladies,  dans  Tencéphale  et  ses  membranes.  Nous  laisserons  de 
côté  les  Vl«  et  IX"  observations. 

CjNouiiME  OBSERVATION.  —  SoMMAiRE  i  FoUe  épileptique ;  mort  du 

*  Au  moyen  de  notes  et  de  résumés  d'autopsies  transcrits  au  registre 
par  deux  de  mes  honorables  prédécesseurs. 


33:2  sociBTBs  savantes. 

sujel  après  douze  ans  de  présence;  substance  cérébrale  des  deuxhé- 
misp  hères  très  injectée',  membranes  viscérales  adhérentes  par  places. 

C...,  cinquante-quatre  ans,  marié,  homme  d'affaires;  entré  à 
Tasile  fin  juin  1865  ;  épilepsie,  hallucinations  de  l'ouïe,  idée 
d'empoisonnement,  excitation  maniaque,  accès  d'agitation,  mort 
en  décembre  1877,  de  pértencéphalite. 

Extrait  des  résultats  de  Vautopsie,  —  Os  du  crâne  très  compacts, 
injectés,  irréguliers  à  la  face  interne,  suture  sagittale  ossifiée, 
disparue;  trace  de  la  fronto-pàriétale  à  la  face  externe  seulemeol. 

Hémisphère  droit,  —  Très  injecté,  adhérent  par  places  aux 
membranes  à  la  partie  antérieure  de  la  circonvolution  de  la  scissure 
de  Sylvius  très  limitée.  Foyer  hémorrhagiquc  près  du  nerf  olfactif. 

Hémisphère  gauche,  —  Foyer  hémorrhagique  à  la  partie  posléro- 
interne.  Substance  cérébrale  des  deux  hémisphères  très  injectée.  La 
protubérance  annulaire,  le  cenrelet  et  le  bulbe  rachidien  sont  sains. 

Sbptièke  observation.  —  Sommaire  :  Manie  épileptique;  mort  à  la 
suite  d'accès  répétés  d épilepsie;  adhérences  des  membranes  viscé- 
rales d  la  couche  corticale  du  cerveau. 

P...,  quarante-trois  ans,  célibataire,  cultivateur,  entré  au  com- 
mencement de  Tannée  1870  ;  épileptique  depuis  Tâge  de  treize  aos. 
Intelligence  affaiblie,  caractère  irritable,  travail. 

1871,  janvier;  indocile,  paresseux;  accès  d'épilepsie  assez  fré- 
quents. 

1872,  janvier;  accès  fréquents,  hébétude  profonde  et  alors  plus 
de  travail. 

25  juillet;  malade  ordinairement  très  irritable,  très  violent. 

1874.  Démence  épileptique,  accès  de  violence  fréquents. 

1877,  janvier.  P...  s'affaiblit,  reste  habituellement  couché,  a  des 
accès  fréquents.  Il  meurt  en  juillet  de  la  môme  année. 

Autopsie,  —  Dans  l'épaisseur  des  membranes  viscérales  du  cer- 
veau et  du  cervelet  on  trouve  plusieurs  épanchements  sanguins 
anciens,  situés  aux  endroits  que  je  vais  indiquer. 

Hémisphère  cérébral  gauche.  —  A  l'extrémité  inférieure  du  lobe 
moyen,  coloration  jaunâtre  de  l'arachnoïde,  de  la  pie-mère  et  de 
la  substance  grise  dans  une  étendue  de  trois  centimètres  carrés 
(superficiels?).  Sur  le  tiers  postérieur  de  la  troisième  circonvolu- 
tion frontale,  coloration  jaunâtre  des  membranes  viscérales  d'une 
superficie  de  deux  centimètres  carrés,  ne  pénétrant  pas  dans 
l'épaisseur  des  circonvolutions. 

Hémisphère  droit.  —  Coloration  jaunfttre  des  membranes  viscé- 
rales dans  une  étendue  de  trois  centimètres  à  la  partie  moyenne 
de  la  face  externe  du  cerveau,  un  peu  plus  près  cependant  du  bord 
inter-hémisphérique  que  de  l'inférieur. 

Le  corps  calleux  adhère  aux  deux  corps  striés  sur  les  deux  tiers 


SOCIÉTÉS    SAVANTES.  333 

antérieurs  de  leur  surface  veniriculaire.  Légère  adhérence  des 
membranes  à  la  substance  corticale  ramollie  dans  les  deux  tiers 
antérieurs  de  la  face  externe  du  cerveau. 

Cervelet.  —  Arachnoïde  et  pie-mère  jaunes  (la  substance  cérébel- 
leuse ne  Test  pas),  à  la  face  inférieure  de  Thémisphère  droit,  vers 
soQ  bord  postérieur,  dans  une  étendue  de  trois  à  quatre  centi- 
mètres. Les  membranes  du  cervelet  s'enlèvent  facilement  ^ 

HomôME  OBSERVATION.  —  SOMMAIRE  !  Follc  épUepHque;  mort  à  la 
suite  d'attaques.  Adhérences  généralisées  des  membranes  viscérales 
entre  elles  et  à  la  couche  corticale  ramollie. 

C...,  célibataire,  sans  profession,  indip:ent;  placé  volontairement 
au  commencement  de  décembre  i876,  à  l'âge  de  neuf  ans.  Épilepsie 
dès  Tàge  de  trois  mois;  accès  d'abord  rares,  maintenant  deux  ou 
trois  par  semaine  ;  état  d'idiotisme  et  de  démence  à  peu  près 
complet.  Tel  est,  en  substance,  le  certificat  motivant  l'admission. 
M.  le  D'  Brunet  constate  à  la  quinzaine  :  <<  Intelligence  presque 
nulle,  crises  fréquentes,  caractère  très  irritable,  malade  malpropre, 
onze  attaques.  >  G...  meurt  asphyxié  dans  ses  attaques  d'épilepsie 
au  milieu  de  juillet  1877. 

Autopsie.  —  Les  éminences  de  la  base  du  crâne  sont  très  pro- 
noncées et  proéminent  à  l'intérieur.  Adhérences  très  intimes  entre 
la  dure-mère  et  les  parois  crâniennes  ;  sinus  remplis  de  sang 
noir; les  circonvolutions  du  cerveau  sont  aplaties  et  les  anfractuo- 
sites  peu  profondes.  Presque  partout  on  constate  des  adhérences 
entre  les  membranes  viscérales  et  la  couche  corticale  qui  est 
ramollie.  La  consistance  de  la  substance  blanche  est  normale. 
Cerveau  très  volumineux  pour  l'âge  du  sujet,  qui  n'avait  que  dix  ans 
au  plus  :  hémisphère  droit  421  grammes,  hémisphère  gauche  413, 
protubérance  annulaire  11  grammes,  bulbe  7  grammes,  cervelet 
99  grammes,  encéphale  951  grammes. 

DixjÈMK  OBSERVATION.  —  SOMMAIRE  i  EpUcpsiCj  manie  intermittente  ; 
épuisement,  mort.  Opalescences  des  membranes  le  long  de  la  fente 
inter-hémisphérique,  etc^  sans  adhérences  à  la  couche  corticale. 

F...,  quarante-six  ans,  marié,  cultivateur,  entré  en  mai  1878.  Il 
est  atteint,  à  son  arrivée,  d'épilepsie  ;  hébété,  il  répond  difficile- 
ment aux  questions  posées  et  ne  peut  donner  de  renseignements 
sur  son  état. 

Pendant  la  quinzaine,  M.  le  D'  Brunet  constate  que  ce  malade 
est  atteint  d'épilepsie,  d'affaiblissement  physique.  En  novembre, 
entérite.  F...  meurt  de  gastro-entérite  au  commencement  de 
décembre. 

'  Ualade  de  MM.  les  D'*  Binet  et  Brunet. 


334  S0CIBTB8   SAVANTES. 

Autopsie  30  heures  après  le  décès.  —  Taille  1™,55.  Les  membranes 
viscérales  du  cerveau  sont  épaissies  et  opalescentes  le  lonp  de  la 
fente  in  ter-hémisphérique,  sur  la  première  circonvolution  frontale, 
le  tiers  supérieur  de  la  circonvolution  ascendante  et  sur  la  circon- 
volution pariétale  supérieure.  Elles  s^enlèvent  facilement  de  la 
substance  corticale  du  cerveau.  Pas  d'autres  lésions  encéphaliques. 
Poids  :  hémisphère  droit  586  grammes  ;  hémisphère  gauche 
582  grammes;  protubérance  lo,  bulbe  7,  cervelet  132  grammes. 

Certificat  de  quinzaine  :  c  Est  atteint  de  démence.  Il  est  mal- 
propre, ne  sait  pas  trop  ce  qu'il  fait.  La  motilité  esl  affaiblie. 
Depuis  son  entrée  à  Tasile  il  n'a  eu  aucune  attaque  convulsive.  > 
Signé  :  D*"  Brunet.  l'^'"  avril,  démence  épileptique.  Le  10,  il  .suc- 
combe le  soir  à  une  série  d'attaques  épileptiques  qui  a  débuté  le 
matin. 

Autopsie  (36  heures  après  le  décès).  —  Les  os  du  crâne  seul 
épais  et  injectés,  les  sutures  de  la  voûte  sont  ossifiées.  Les  mem- 
branes viscérales  du  cerveau  sont  injectées  sur  ses  deux  tiers  anté- 
rieurs. Au  niveau,  les  circonvolutions  sont  tuméfiées,  aplaties.  Les 
anfractuosités  qui  les  séparent  sont  moins  profondes  que  normale- 
ment. Le  cerceau  est  évidemment  comprimé  par  la  voûte  du  cràue, 
par  suite  de  la  turgescence  de  ces  circonvolutions.  Les  membranes 
viscérales  ne  présentent  pas  d'adhérences.  Elles  ne  sont  pas  opales- 
centes. Cependant,  sur  les  deux  tiers  du  cerveau,  elles  adhèrent  uu 
peu  à  la  substance  corticale  dans  certains  points.  Celte  substauce 
corticale  est  injectée;  le  cervelet,  l'isthme  de  l'encéphale  sont 
sains.  L'encéphale  pèse  1.291  grammes,  Thémisphère  droit  567, 
le  gauche  562;  la  protubérance  annulaire  20  grammes,  le  bulbe  7, 
et  le  cervelet  135  grammes. 

Dans  certains  cas,  la  paralysie  générale  est  une  complication  de 
l'épilepsie,  et  parfois  elle  parait  en  ôti*e  le  produit  qui  inlrique 
avec  elle  ses  manifestations  symplomatiques  et  sous  le  rapport  du 
délire  (souvent  ambitieux  ou  hypochoudriaque,  etc),  et  sous  le 
rapport  des  troubles  de  la  motilité  et  dé  la  sensibilité.  Aussi  ne 
devons-nous  pas  être  surpris  de  l'embarras  extrême  où  on  se  trouve 
quelquefois  quand  il  s'agit  du  diagnostic  dittérenticl  entre  Tépi- 
lepsie  et  la  paralysie  générale. 

Bésumé  et  conclusions.  —  !<>  On  peut  constater  chez  certains 
épileptiques  tous  les  symptômes  de  la  paralysie  générale. 

a)  Symptômes  physiques.  —  Embarras  de  la  parole,  tremblemeul 
des  lèvres,  des  membres,  inégalité  pupillaire,  affaiblissement  mus- 
culaire, troubles  de  la  sensibilité,  etc.  (obs,  2,  3,  4,  11  et  12). 

b)  Toutes  les  formes  délirantes  et  la  démence  de  cette  maladie. 
C'est  ainsi  que  nous  trouvons  : 

L'excitation  maniaque  à  divers  degrés  9  fois  (obs.  1,  2,  3,4,  5,6. 


SOCIBTBS   SAVANTES.  335 

7,  9,  10);  le  délire  mélancolique  3  fois  (obs.  2,  5  et  11)  ;  les  idées 
ambitieuses  2  fois  (obs.  1  et  2)  ;  iair  de  satisfaction  (obs.  2  et  3)  ; 
les  hallucinations  de  rouïe(obs.  2  et  5);  la  démence  5  fois  (obs.  3, 
4, 7,  8  et  il). 

2^  L^autopsie  de  quelques  épileptiques  donne  plus  ou  moins  les 
lésions  macroscopiques  de  la  paralysie  générale  : 

Les  membranes  vist^érales  du-  cerveau  sont  injectées  5  fois 
(obs.  3,  4,  5,  6  et  il)  ;  épaissies  (obs.  10)  ;  opalescentes  (obs.  9,  10 
et  11);  il  y  a  adhérence  de  la  pie-mère  à  la  couche  corticale  du 
cerveau  dans  trois  cas  (obs.  6,  8  et  12)  ;  ramollissement  de  cette 
substance  corticale  (obs.  6,  8  et  12);  injection  de  la  substance 
blanche  et  de  la  substance  grise  dû  cerveau  (obs.  4,  5,  6  et  11); 
atrophie  (obs.  9);  hypertrophie  des  circonvolutions  cérébrales 
(obs.  Set  11);  épanchement  séreux  intra-arachnoîdien  et  ventricu- 
laire  (obs.  3);  anciens  foyers  hémorrhagiques  dans  les  méninges 
(obs.  4  et  7)  ;  foyers  hémorrhagiques  récents  (obs.  5). 

On  est  forcé  de  convenir  que  ces  diverses  lésions,  principalement 
les  adhérences  de  la  pie-mère  cérébrale  à  la  substance  corticale 
ramollie,  diffèrent  si  peu  de  celles  de  la  paralysie  générale  qu'il 
ny  aurait  qu'une  prédominance  d'abondance^  d'intensité  et  de 
fréquence  dans  cette  dernière. 

Après  cette  communication  Onale,  M.  le  président  Motbt  pro- 
oonce  le  discours  suivant  : 

c  Messieurs, 

«  Nous  voici  arrivés  au  terme  de  nos  travaux  :  je  n'essaierai  pas 
de  les  résumer,  mais  je  puis  dire  Timpression  générale  qui  se 
dégage  des  communications  qiii  ont  été  apportées  ici.  Elles  ont 
toutes  été  du  plus  haut  intérêt  scientifique,  soit  qu'il  s'af:isse  des 
rapports  sur  les  questions  du  programme  arrêté  à  l'avance,  soit 
qu* il  s'agisse  des  questions  traitées  sous  l'initiative  personnelle  des 
membres  du  Congrès.  Vous  avez  rendu  particulièrement  agréable 
et  facile  la  tâche  de  votre  président;  il  remercie  M.  Petrucci,  notre 
secrétaire  général,  de  son  concours  si  dévoué,  comme  il  vous 
remercie,  vous  aussi,  de  vos  cordiales  sympathies. 

<  Je  déclare  clos,  le  neuvième  Congrès  des  médecins  aliénistes 
et  neurologistes.  > 

Excursion  aux  ardoisières  de  Trélâzé. 

Répondant  à  la  gracieuse  invitation  de  la  commission  des  Ardoi- 
sières d'Angers,  et  de  son  vice-président  M.  le  D^  Guicuard,  les 
congressistes  se  sont  rendus  aux  carrières  de  Trélazé.  Le  départ 
s'est  effectué  à  3  heures  de  la  place  du  Ualliement,  sous  la  direc- 
tion très  aimable  de  M.  le  D*"  Guichard.  Le  premier  arrôt  a  eu  lieu 


336  SOCIÉTÉS   SAVANTES. 

à  la  scierie  mécanique  de  St-Léonard.  Là,  les  congressistes  ont  été 
reçus  par  MM.  Larivière,  Jamin,  Jamin-Richou,  Lorin,  Laboë,  Paul 
Hamon,  Lejdier,  les  docteurs  Lebarzic  et  Charles  Larivière,  Moi- 
sant,  qui  ont  fait  visiter  à  leurs  invités  les  différents  ateliers  de  la 
scierie  :  rabotage,  polissage,  tréfilerie,  goudronnage,  galvanisa- 
tion. Cette  visite  a  vivement  intéressé  les  congressistes  qai  out 
ensuite  été  transportés  à  la  carrière  de  TUermitage,  où  ils  ont 
assisté  aux  travaux  du  fendage  et  de  l'extraction  au  puits  à  ciel 
ouvert  de  la  Saulaie.  Les  ouvriers  ont  fait  partir  des  mines  en  leur 
présence. 

Du  puits  de  la  Saulaie,  les  congressistes  ont  été  invités  à  se 
rendre  au  domicile  de  M.  Paul  Hamon,  directeur  de  la  carrière  de 
THermitage,  où  des  rafraîchissements  avaient  été  préparés  sous 
une  tente  dressée  tout  exprès.  Le  Champagne  et  le  vin  d*ÂDJou  ont 
circulé  et  M.  le  D'  Guichard,  prenant  la  parole,  s'est  exprimé  en 
ces  termes  : 

c  Mesdames,  Monsieur  le  Président, 
c  Messieurs  les  Congressistes, 

c  Votre  vojage  en  Anjou  n'eût  pas  été  complet,  si  vous  n'étiez 
venus  visiter  une  de  nos  plus  anciennes  industries  :  les  Ardoisières 
d'Angers.  Elles  datent  de  plusieurs  siècles  ;  nous  nous  honorons 
d'être  les  descendants  de  ceux  qui  les  ont  créées  ;  notre  distingué 
président,  M.  Bordeaux-Montrieux,  qu'une  absence  tient  éloigné  de 
nous,  aurait  pu  vous  dire,  avec  orgueil,  ses  nombreux  quartiers  de 
noblesse.  Vous  êtes  à  Trélazé,  sur  la  butte  au  milieu  des  Per- 
reyeux. 

c  Avant  d'être  arrivés  au  degré  de  développement  que  vous  avez 
vu,  nos  pères  avaient  commencé  par  exploiter  sur  place;  c'était  à 
dos  d'âne,  par  des  sentiers  de  montagne,  que  Ton  montait  l'ar- 
doise fabriquée  ;  puis  avec  des  treuils,  des  manèges  à  cheval  ;  il  y  a 
cinquante  ans,  l'on  introduisit  les  machines  à  vapeur  ;  aujourd'hui 
nous  arrivons  à  l'électricité.  On  exploitait  à  ciel  ouvert,  puis  en 
galerie  de  haut  en  bas,  enfin  de  bas  en  haut.  La  lumière  électrique 
a  remplacé  l'huile  et  le  gaz. 

€  Vous  avez  suivi  la  taille  de  Tardoise  par  le  fendeur  ;  l'homme 
a  été  remplacé  avec  avantage  par  la  machine.  Vous  avez  vu  les  pro- 
duits de  la  science  mécanique;  ce  sont  nos  derniers  perfectionne- 
ments. L'Administration  sera  heureuse  si  vous  conservez  de  votre 
visite  un  bon  souvenir  :  elle  y  tient  doublement. 

<  Votre  président  nous  appartient  par  ses  origines;  par  l'éminent 
D**  Boinet,  du  Saumurois,  qui  accueillit  toujours  les  angevins  avec 
tant  de  bienveillance  ;  il  fut  l'ami  de  nos  pères  et  nous  prodigua 
ainsi  que  vous,  des  témoignages  d'aifection,  par  le  D'  Archambault 
dont  le  frère  vivait  à  Angers,  par  le  D'  Mesnet  de  Saumur.  Les 


SOCIETES   SAVANTES.  337 

neurologistes  et  aliénistes  avaient  donc  droit  à  toutes  nos  sym- 
pathies. 

c  Quant  à  ?ous,  mon  cher  Président  et  ami,  vous  avez  bien  voulu 
attribuer  aux  angevins  et  angevines,  beaucoup  de  qualités  :  per- 
mettez-moi devons  dire  que  nous  avons  admiré  les  vôtres.  Si  elles 
sont  angevines,  vous  avez  su  les  cultiver  de  la  plus  charmante  ma- 
nière sur  le  sol  parisien,  vous  avez  fait  grand  honneur  à  votre 
première  patrie. 

<  Serait-ce  le  doux  climat  de  J'Anjou  qui  nous  a  valu  Tépithète 
de  molies  Andtgavi  de  Jules  César,  notre  caractère  hospitalier 
serait-il  dû  à  notre  excellent  vin,  souvent  chanlé  par  nos  pères,  et 
qui  sert  de  trait  d^union  aux  jeunes  dans  leurs  banquets  de  Paris  ? 
Aussi  est-ce  le  moment,  eu  votre  noble  compagnie,  de  le  sortir  de 
nos  celliers. 

«  Vidons  nos  coupes,  Mesdames  et  Messieurs,  en^Thonneur  des 
congressistes  neurologistes  et  aliénistes,  en  l'honneur  du  représen- 
tant de  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur,  le  D'  Regnard,  en  l'honneur 
de  notre  distingué  et  aimalile  président,  le  D'  Motet  et  de  vous 
toutes  Mesdames,  qui  venez  apporter  au  Congrès  le  charme  et 
la  grâce.  » 

Les  paroles  de  M.  le  D'  Guichard  ont  été  très  applaudies.  Au  nom 
des  congressistes,  M.  le  D**  Motet,  dans  une  très  heureuse  improvi- 
sation, a  remercié  M.  le  D^^  Guichard  et  la  commission  des  ardoi- 
sières de  leur  accueil  aimable.  Voici  d'ailleurs  le  texte  de  ce  toast 
que  M.  Motet  a  eu  Tobligeance  de  nous  donner  : 

c  Mon  cher  Guichard,  mon  cher  ami, 

<  Je  ne  sais  plus  quoi  répondre  1  chaque  jour  nous  apporte  un 
nouveau  témoignage  des  sympathies  des  Angevins;  les  vôtres  se 
manifestent  ici  de  la  manière  la  plus  cordiale,  la  plus  généreuse. 

<  Vous  venez,  mon  cher  Guichard,  de  nous  guider  dans  vos 
ateliers,  vers  vos  carrières  ;  vous  nous  avez  montré  ce  que  la  Société 
dont  vous  êtes  l'un  des  administrateurs  les  plus  actifs,  a  fait  pour 
développer  une  industrie  plusieurs  fois  séculaire,  et  la  faire  béné- 
Qcier  des  progrès  de  |la  science  moderne.  Nous  avons  été  émer- 
veillés et  ravis.  Nous  vous  remercions,  vos  distingués  collaborateurs 
et  vous,  qui  avez  mis  tant  d'empressement  et  de  bonne  grâce  à 
satisfaire  notre  curiosité. 

«  Je  suis  très  touché,  mon  cher  ami,  du  souvenir  que  vous  avez 
bien  voulu  évoquer.  Vous  avez  rappelé,  non  sans  émotion,  que 
mon  excellent  beau-père,  le  D^  Boinet,  vous  avait  ouvert  sa  maison, 
et  qoe  vous  y  aviez  trouvé  l'accueil  qu'il  réservait  aux  fils  de  ses 
vieux  amis  de  l'Anjou.  Je  vous  remercie,  tout  particulièrement,  de 
vos  paroles  inspirées  par  le  sentiment  le  plus  délicat.  Je  suis  heu* 
AacmvKS,  2«  série,  t.  VI.^  22 


338  SOCIETES  SAVANTES. 

reux  de  /ous  dire  que  je  respecte  et  que  je  veux  continuer  la  tra- 
dition de  famille  que  vous  avez  rappelée. 

c  Je  vous  salue,  messieurs,  au  nom  de  mes  collègues  ;  nous  gai^  - 
derons  de  cette  belle  journée  que  vous  avez  su  rendre  si  intéres- 
sante pour  nous,  les  meilleurs  souvenirs.  Nous  buvons  à  la  prospé- 
rité de  votre  grande  industrie,  aux  hommes  qui  dirigent  avec  tant 
de  savoir,  tant  de  bienveillance  pour  les  ouvriers,  Texploitation 
des  carrières  de  Trélazé;  et  je  lève  mon  verre  plein  d'un  vin 
d'Anjou  délicieux  en  l'honneur  de  M'"^  Guichard,  à  laquelle  je 
vous  prie,  mon  cher  ami,  de  porter  mon  respectueux  salut  !  » 

Après  cette  réception,  empreinte  de  la  plus  parfaite  cordialité, 
les  congressistes  se  sont  divisés  en  deux  groupes.  Les  uns  ont  repris 
le  chemin  d'Angers,  les  autres,  les  plus  braves,  munis  de  la  bloase, 
du  chapeau  de  cuir,  et  de  la  lanterne  réglementaire,  sont  descendus 
au  fond  de  l'un  des  puits  de  la  carrière  de  THermitage,  qui  n'a  pas 
moins  de  180  mètres  de  profondeur,  et  dont  ils  ont  visité  les  gale- 
ries. Nous  remercions  personnellement  M.  le  D'  Guichard  qai, 
durant  la  descente  dans  l'une  des  carrières,  nous  a  fait  visiter  en 
compagnie  du  D'  Lebarzic  :  i^  le  dispensaire,  très  bien  aménagé, 
qu'il  vient  de  faire  installer  pour  le  service  médical  des  ouvriers; 
2^  les  anciennes  habitations  des  ouvriers,  les  maisons  d'habitations 
construites  naguère  par  la  Compagnie  des  ardoisières,  et  énQn  les 
nouvelles  maisons  d'habitation,  qui  constituent  un  réel  progrès 
par  rapport  aux  anciennes.  B. 


SOCIÉTÉ  DE  NEUROPATHOLOGIE  ET  DE  PSYCHIATRIE 
DE  MOSCOU. 


Séance  du  8  mai  1898. 

N.  ScHATALOPF.  —  Tfois  cos  de  soi-disant  arthrite  ankylosante  de  la 
colonne  vertébrale.  L'auteur  présente  trois  malades  dont  voici  les 
observations  succinctes  : 

I.  —  Ouvrier  d'une  usine,  âgé  de  vingt-neuf  ans.  A  la  suite  d'un 
refroidissement,  il  y  a  huit  ans,  douleurs  récidivantes  dans  la  fesse 
droite  ;  il  y  a  cinq  ans,  douleurs  des  côtés  et  au  dos.  Il  y  a  deux 
ans,  recrudescence  des  douleurs,  à  la  suite  d'un  très  grand  effort 
(soulèvement  des  poids)  ;  c'est  do  cette  époque  que  date  le  déve- 
loppement progressif  de  la  déformation  de  la  colonne  vertébrale 


60CIBTBS   SAVANTES.  339 

  rheure  actuelle^  il  existe  une  cyphose  de  forme  arrondie, 
accompagnée  d'immobilité  complète,  de  la  partie  dorsale  de  la 
colonne  yertébrale  ;  les  mouvements  de  la  région  lombaire  sont 
insignifiants;  la  mobilité  de  la  région  cervicale  est  normale.  Dou- 
leurs en  ceinture.  La  sensibilité  cutanée  est  normale.  Les  réflexes 
rotuliens  sont  exagérés. 

II.  —  Serrurier,  âgé  de  quarante-six  ans.  Il  y  a  huit  ans,  contu«> 
sion  de  la  colonne  vertébrale.  A  partir  de  cette  époque,  douleurs 
dans  le  dos  et  faiblesse  dans  les  jambes,  de  même  une  déformation 
progressivement  croissante  de  la  colonne  vertébrale.  Celle-ci  se 
révèle  actuellement  sous  forme  de  cyphose  arrondie  de  toute  la 
région  dorsale  et  de  la  partie  lombaire  supérieure  avec  immobilité 
complète  de  ces  parties.  Les  mouvements  de  la  région  cervicale 
sont  limités.  Les  mouvements  du  tronc  provoquent  des  douleurs 
aux  lombes,  aux  aines  et  à  la  face  antérieure  des  cuisses.  Tremble- 
ment des  mains,  avec  sensation  d'engourdissement  le  matin.  La 
sensibilité  cutanée  est  normale.  Les  réflexes  rotuliens  sont  exagé- 
rés. Impuissance  génitale. 

m.  —  Professeur,  âgé  de  cinquante  ans.  A  partir  de  IS'TO,  dou- 
leurs dans  les  articulations  des  pieds  et  de  la  colonne  vertébralç, 
surtout  à  propos  des  mouvements.  Depuis  neuf  ans  le  malade 
remarque  la  diflTculté  des  mouvements  du  dos  ;  depuis  cinq 
ans  celle  également  des  mouvements  du  cou.  Sensation  de  cons- 
triction  dans  les  jambes  ;  depuis  un  mois  douleurs  aiguës  dans  le 
bassin  et  dans  les  cuisses  à  propos  des  mouvements  volontaires. 

L*examen  révèle  une  cyphose  de  forma  arrondie  de  la  région 
interscapulaire  et  cervicale  de  la  colonne  vertébrale.  Au-dessous 
de  cette  région  la  colonne  vertébrale  est  raide  et  immobile.  Les 
mouvements  des  hanches  sont  limités.  Craquements  au  genou 
gauche.  Certaine  atrophie  de  la  cuisse  et  de  la  jambe  droite  avec 
diminution  de  Texcitabilité  électrique  des  muscles.  Hypoesthésie 
marquée  tactile  et  thermique  de  la  partie  externe  de  la  jambe 
droite,  en  môme  temps  qu'hyperesthésie  à  la  douleur  de  la  même 
région.  Pas  de  réflexe  plantaire.  Rien  qu'une  allusion  au  réflexe 
rolulien.  Les  réflexes  abdominal  et  crémastérien  font  également 
défaut. 

Le  symptôme  essentiel  de  l'affection  en  question  est  l'immobilité 
limitée  ou  absolue  de  la  colonne  vertébrale  en  totalité  ou  dans  une 
région  plus  ou  moins  étendue.  Concurremment  on  observe  sou- 
vent la  participation  des  autres  articulations  du  corps.  L'immobi- 
lité est  très  souvent  accompagnée  de  douleurs  dans  la  région  des 
articulations  affectées,  de  même  que  de  différentes  paresthésies,  et 
même  parfois  d'anesthésies  (Obs.III).  Des  modifications  dans  l'état 
des  réflexes  cutanés  et  tendineux  peuvent  être  observées  dans  les 
deux  sens  contraires  (affaiblissement  ou  exaltation). 


340  80CIBTBS   SAVANTES. 

Quanta  Vétiologie  de  TaffectioD,  M.  Schataloff  pense  qu'elle 
relève  probablement  de  Taffaiblissement  précoce  de  la  vitalité  de 
certaines  régions  du  squelette  conjonctif  et  osseux,  sur  un  terrain 
de  défaut  congénital  de  développement.  Le  traumatisme,  le  refroi- 
dissement, etc.,  ne  seraient,  d*après  l'auteur,  que  des  facteurs 
accidentels  capables  d'activer  le  développement  de  la  maladie. 

Discussion. —  MM.  Mocratow  et  Kojbwnikow  pensent  que  Tanky- 
lose  de  la  colonne  vertébrale  peut  reconnaître  des  causes  de  na- 
ture diverse. 

M.  KoRNiLOFF  fait  remarquer  que  Tatropbie  musculaire  dans  la 
première  observation  de  M.  Schataloff  peut  être  mise  sur  le  compte 
de  Tarthropathie. 

M.  MiNOR  cite  le  cas  d'un  de  ses  malades  chez  lequel,  à  côté  de 
l'immobilité  de  la  colonne  vertébrale,  l'examen  a  révélé  l'existence 
d'une  coxite  et  d'une  myosis  unilatérale.  La  colonne  vertébrale  a 
été  redressée  dans  la  suite, 

M.  RoTH  dit  que  l'ankylose  des  articulations  de  la  colonne  verté- 
brale peut  bien  exister  en  dehors  de  toute  arthrite. 

À.  N.  Bernstcin.  —  Impulsion  irrésistible  tendant  à  introduire 
dans  V organisme  des  objets  insolites. 

B...  présente  une  malade,  âgée  de  quarante-trois  ans,  sans  anté- 
cédents héréditaires,  qui  fut  atteinte  de  mélancolie  avec  dégoût 
des  aliments.  Une  fois  elle  avala  accidentellement  un  morceau  de 
papier  buvard,  ce  qui  lui  parut  soulager  son  état  d'angoisse.  Dès 
lors  elle  eut  souvent  recours  à  ce  procédé  extraordinaire  pour  cal- 
mer son  inquiétude  interne,  et  si  elle  ne  satisfaisait  pas  à  cette 
envie  elle  en  ressentait  une  angoisse  profonde  et  une  courbature 
générale.  Un  mois  plus  tard  le  papier  fut  remplacé  par  de  la  terre 
glaise;  encore  deux  mois,  et  ce  fut  le  tour  du  sable,  dont  elle  ava- 
lait jusqu'à  un  seau  par  jour  ! 

La  quantité  d*aiiments  ordinaires  était  réduite  au  minimum.  La 
malade  maigrit  et  présenta  des  troubles  gastro- intestinaux.  Elle 
entra  dans  la  clinique  psychiatrique,  où  l'on  procéda  au  sevrage 
rapide.  Au  cours  de  ce  traitement  on  eut  Toccasion  de  constater 
les  mômes  phénomènes  qu'on  observe  lorsqu'on  déshabitue  l'or- 
ganisme des  poisons  (Ëntwôhnungskuren),  à  savoir  :  étal  d  an- 
goisse et  d'inquiétude,  sensation  de  brûlure  à  Tépig^stre  et  à  la 
gorge  ;  sécrétion  involontaire  des  larmes,  faiblesse  générale  et 
ralentissement  du  pouls.  L'introduction  de  sable  faisait  immédia- 
tement cesser  tous  ces  phénomènes. 

A  ce  propos  l'auteur  propose  une  classification  des  actes  impul- 
sifs (Zwangshandlungen).  Il  les  divise  en  trois  catégories  : 

i^  Dans  la  première,  l'acte  impulsif  procède  d'une  idée  impulsive 
(Zwangsidee),  laquelle  tend  à  se  réaliser   dans  l'acte  voulu;  mais 


SOCIETES   SAVAMTBS.  341 

l'aceomplissement  de  cet  acte  ne  donne  pas  lieu  à  une  satisfaction 
inierae  ; 

2<»  Tendances  impulsives  (Zwangstrieb),  procédant  du  sentiment 
d'inquiétude  dans  l'attente  d'un  événement  désagréable,  et  abou- 
tissant à  des  actes  indifférents,  qui  doivent  faire  disparaître  le  danger 
et  partant  rétablissent  l'équilibre  mental  ; 

3«  Envies  irrésistibles  (Zwangssucht),  le  bien-être  primitivement 
troublé  donne  lieu  à  l'accomplissement  des  actes  voulus,  rétablis- 
sant immédiatement  Téquilibre  mental. 

C'est  à  cette  dernière  catégorie  qu'appartiennent  les  toxomanies 
et  les  envies  irrésistibles  qu'on  observe  souvent  cbez  les  mélanco- 
liques et  qui  soulagent  pour  quelque  temps  le  sentiment  d'angoisse 
interne. 

Discussion,  •—  M.  Tokarsky  ne  trouve  pas  satisfaisante  la  classifi- 
cation proposée  par  M.  Bernstein  des  actes  impulsifs  (Zwangshan- 
dlungen).  Des  remarques  ont  été  faites  par  MM.  Iakowenko,  Korsa- 
koff  ot  Kojewnikow. 

m.  —  N.  SoLowTzow.  —  Sur  les  déformations  congénitales  du  sys- 
tème nerveux. 

Une  des  causes  les  plus  fréquentes  des  déformations  congénitales 
du  système  nerveux  central  réside  dans  l'hydrocéphalie  congénitale 
interne.  Quand  l'hydrocéphalie  est  fortement  développée,  les  ven- 
tricules latéraux  sont  tellement  dilatés  qu'ils  occupent  toute  la 
cavité  crânienne  ;  le  septum  pellucidum  et  le  corps  calleux  dispa- 
raissent. L'écorce  cérébrale  sous  l'influence  de  la  forte  pression 
intérieure  s'amincit  jusqu'aux  proportions  d'une  pellicule  ;  à  la 
base  du  cerveau  il  ne  reste  que  la  couche  optique  et  le  noyau  len- 
ticulaire. Quant  au  cervelet,  celui-ci  se  conserve  grâce  à  la  pro- 
tection que  lui  offre  la  tente  cérébelleuse.  Le  corps  géniculé  et  le 
pulvimar  font  défaut  ;  les  pédoncules  des  corps  quadrijumeaux  sont 
à  peine  développés.  Les  préparations  microscopiques  d'après  la 
méthode  de  Pal  montrent  l'absence  des  faisceaux  pyramidaux  et  la 
disparition  presque  complète  des  faisceaux  de  la  couche  réticulaire 
et  de  la  couche  supplémentaire  interne.  Dans  un  cas  de  ce  ^enre 
que  M.  S...  a  eu  l'occasion  d'observer,  l'enfant  a  vécu  deux  ans. 
Quand  rhydrocéphaiie  débute  à  un  âge  encore  plus  précoce  de  la. 
vie  intra-utérine,  il  arrive  que  sous  Tintluence  de  la  distension 
extraordinaire,  la  voûte  crânienne  ne  se  développe  plus,  et  il  ne 
reste  que  la  base  seule  du  crâne,  recouverte  d'une  pellicule  laquelle 
se  continue  en  bas  et  passe  en  la  moelle  épinière.  Celle-ci  ne  con- 
tient alors  que  les  cordons  postérieurs  et  les  faisceaux  fondamen- 
taux des  cordons  antérieur  et  latéral.  Dans  le  cas  où  l'hjdrocéphalie 
atteint  le  canal  central,  on  observe  le  défaut  de  développement  des 
arcs  postérieurs  de  la  colonne  vertébrale  sur  toute  son  étendue  ou 
dans  sa  partie  supérieure  seulement.  La  moelle  épinière  se  trans- 


343  80CIBTBS   SAVA14TBS. 

forme  alors  en  une  mince  pellicule  de  1  millimètre  d'épaisseur, 
où  Ton  dislingue  des  cellules  nerveuses^  les  faisceaux  fondamen- 
taux des  cordons  antérieur  et  latéral,  et  les  racines  antérieures. 
Dans  tous  les  cas  où  Ton  constate  Tabsence  des  faisceaux  pyrami* 
daux,  les  cellules  des  cornes  antérieures,  examinées  d'après  Nissl, 
se  trouvent  dans  l'état  de  développement  embryonnaire.  Les  cel- 
lules des  ganglions  intervertébraux  ne  sont  pas  altérées. 

Secrétaires  de  séances  :  W.  Mouraview,  G.  Rossoliho. 

Séance  dti  15  mat  1898. 

I.  —  MM.  G.  Pribttkoff  et  N.  Ivakoff.  —  ContrUmtion  à  Panatomie 
pathologique  delà  gliomatose, 

II  s'agit  d'un  malade  âgé  de  quarante-trois  ans,  ayant  eu  un 
chancre  induré  il  y  a  vingt  ans.  Ëutré  à  Thôpital  Goiitzine,  en 
octobre  1895,  avec  les  symptômes  suivants  :  douleurs  fulgurantes 
aux  jambes;  troubles  de  la  sensibilité  générale  aux  jambes,  au 
tronc  et  aux  bras  ;  ataxie  très  prononcée  des  membres  inférieurs, 
ataxie  moins  prononcée  des  membres  supérieurs  ;  absence  des 
réûexes  rotuliens  ;  immobilité  des  pupilles  à  la  lumière  ;  inconti- 
nence d'urine;  constipation. 

L'affection  date  de  cinq-six  ans.  A  partir  de  janvier  1896^  cystite 
et  pyélonéphrite  avec  Gèvre.  Mort  le  14  février  1896. 

Diagnostic  clinique  :  tabès  dorsalis. 

XVautopsie  on  constate  :  urocystite gangreneuse  et pyélo-néphrite. 
Sclérose  des  cordons  postérieurs  de  la  moelle  dans  toute  son  éten- 
due. Tumeur  gliomateuse  au  niveau  de  la  région  cervicale^  Hydro- 
céphalie interne. 

L'examen  microscopique  offre  tout  d'abord  de  la  moelle  le  tableau 
habituel  du  tabès,  notamment  (dans  les  régions  lombaire  et  dorsale 
delà  moelle)  Tépaississement  de  la  pie-mère,  l'atrophie  des  racines 
postérieures,  etc.  Dans  la  région  cervicale  le  tableau  est  compliqué 
du  fait  de  la  présence  d'une  tumeur  gliomateuse. 

Celle-ci  s'étend  du  milieu  du  premier  segment  cervical  jusqu'au 
bout  du  sixième  segment  cervical. 

Les  parties  périphériques  de  la  tumeur  sont  riches  en  cellules  et 
en  vaisseaux  à  parois  épaissies  ayant  subi  la  dégénérescence 
hyaline.  Les  parties  centrales  de  la  tumeur  contiennent,  par  places, 
des  territoires  de  fibres  névrogliques,  d'aspect  homogène,  ayant 
subi  la  dégénérescence  hyaline.  Au  niveau  du  bout  inférieur  du 
premier  segment  cervical,  on  aperçoit  dans  la  tumeur  une  cavité 
centrale  qui  s'étend  jusqu'au  milieu  du  troisième  segment  où  elle 
disparaît  progressivement  pour  reparaître  de  nouveau  au  bout 
inférieur  de  ce  même  segment;  de  là,  elle  se  prolonge  jusqu'à  la 
terminaison  de  la  tumeur.  La  cavité  supérieure,  de  même  que  la 
caTîté  inférieure,  se  fond  par  place  avec  le  canal  central  de  la 


SOCIÉTÉS   SAVANTBS.  343 

moelle,  et  dans  ces  endroits,  la  paroi  antérieure  de  la  cavité  com- 
mune est  tapissée  d'épithélium  ;  là  où  le  canal  central  est  séparé  de 
la  cavité  précitée,  celui-là  apparaît  quelque  peu  dilaté  et  revêtu 
entièrement  d*épithéiium  disposé  en  plusieurs  couches  irrégulières. 
Sur  des  coupes  transversales  de  la  moelle,  la  tumeur  occupe 
presque  toute  la  commissure  grise  et  le  tiers  antérieur  des  cordons 
postérieurs. 

Dans  les  régions  dorsale  et  lombaire,  le  canal  central  est  un  peu 
dilaté,  par  places  dédoublé  et  entouré  d'amas  de  cellules  épithé- 
iiales.  Immédiatement  au-dessus  de  la  tumeur,  le  canal  central  se 
dilate  rapidement  et  bientôt  occupe  les  deux  tiers  de  la  commissure 
grise;  on  y  voit  également  des  amas  de  cellules  de  revêtement.  Au 
niveau  du  bulbe  on  trouve  plusieurs  canaux  et  fentes  revêtus 
d  epithélium  et  situés  au  milieu  d'une  hyperplasie  d'un  tissu  névro- 
glique.  De  pareils  canaux  et  fentes  se  rencontrent  sous  Tépendyme 
du  quatrième  et  du  troisième  ventricules,  des  ventricules  latéraux 
et  de  Taquéduc  de  Sylvius,  à  côté  d'une  épendymite  granuleuse. 

Les  auteurs  pensent,  vu  l'existence  d'anomalies  multiples  du  canal 
centra],  que  ce  sont  ces  anomalies  du  canal  central  qui  ont  fourni 
le  terrain  sur  lequel  s'est  développée  la  gliomatose  dans  ce  cas 
particulier.  Ayant  pu  suivre,  sur  un  grand  nombre  de  prépara- 
tions, la  formation  des  cavités  centrales  et  les  altérations  préexis^ 
tantes  du  tissu  gliomateux,  ils  admettent  que  les  cavités  sont  dues 
à  ta  fonte  préalable  du  tissu  altéré  et  dégénéré  au  centre  de  la 
tumeur.  Quant  au  tabès  dorsalis,  il  n'est  qu'une  combinaison 
fortuite  qui  complique  le  tableau  anatomo-pathologique« 

Discussion.  —  M.  Vf.  Mouratow,  en  se  basant  sur  ses  observations 
personnelles,  croit  que  la  syringomyéiie  et  l'hydrocéphalie  chro- 
nique interne  se  combinent  assez  souvent  et  ne  font  qu'un  seul 
processus  morbide. 

M.  RoTH  admet  une  certaine  relation  entre  la  syringomyéiie  et 
l'hydromyélie. 

M.  le  P*"  KoJEWNiKOw  attire  l'attention  sur  les  préparations  pré- 
sentées par  MM.  Pribytkoffet  Ivanoff,  lesquelles  sont  très  démons- 
tratives. 

II.  —  M.  G.  RossoLiMo.  —  Le  faisceau  de  Gowers^  son  trajet  et  sa 
terminaison  dans  le  cerveau. 

Dans  un  cas  de  sarcome  de  la  moelle  et  de  ses  enveloppes  au 
niveau  des  onzième  et  douzième  racines  dorsales  et  première, 
deuxième  et  troisième  sacrées,  chez  une  fillette  âgée  de  douze  ans, 
l'auteur  a  pratiqué  l'examen  des  dégénérations  secondaires  ascen- 
dantes sur  des  coupes  sériées  d'après  la  méthode  de  Busch  (v.  Neu- 
roi  Central,  n^  8). 


344  SOCIETES  SAVANTES. 

En  ce  qui  concerne  le  faisceau  de  Gowers,  les  conclusions  de 
Tauteur  sont  les  suivantes  : 

Le  faisceau  de  Gowers,  qui  dans  la  moelle  épioière  occupe  sa 
place  habituelle,  reçoit,  au  niveau  des  noyaux  des  cordons  de  Goll 
dans  le  bulbe,  de  petits  faisceaux  de  fibres  non  croisées  qui  pro- 
Tiennent  de  ces  noyaux.  Dans  le  bulbe  il  occupe,  sur  sa  périphérie 
latérale,  un  territoire  triangulaire  dont  le  sommet  est  tourné  vers 
la  ligne  médiane,  et  contenu  entre  le  bout  ventral  du  faisceau 
cérébelleux  longitudinal  (dans  la  partie  caudale),  le  corps  resti- 
forme  (dans  la  partie  proximale),  et  l'olive.  Sur  tout  ce  trajet  le 
faisceau  de  Gowers  rend  quelques  fibres  rares  au  corps  restiforme. 
Au  niveau  du  corps  trapézoïde,  il  s'éloigne  de  plus  eu  plus  delà 
périphérie  pour  se  placer  dans  la  partie  postérieure  de  la  protubé- 
rance, dans  l'angle  formé  du  côté  ventral  par  les  faisceaux  du  corps 
trapézoïde,  du  côté  latéral  par  la  racine  du  nerf  facial.  Dans  son 
parcours  à  travers  la  moitié  distale  de  la  protubérance,  il  rend  de 
temps  en  temps,  mais  rarement,  quelques  fîbres  dans  la  direction 
du  noyau  latéral  du  tegmentum,  tandis  qu'il  se  déplace  lui-même 
dans  la  même  direction,  bien  que  d'une  façon  moins  abrupte, 
c'est-à-dire  qu'il  reste  toujours  à  côté  du  bout  latéral  du  raban 
médian,  à  mesure  que  celui-ci  s'aplatit,  mais  au  niveau  du  noyau 
latéral  du  tegmentum,  il  Ûéchit  brusquement  dans  la  direction 
dorsale  et  rejoint  ici  ses  propres  ûbres  qui  s'étalent  antérieurement 
détachées  de  lui  pour  entrer  dans  la  composition  du  ruban  externe. 
Se  trouvant  le  long  de  la  moitié  antérieure  de  la  protubérance  au- 
dessus  des  brachia  conjunctiva  et  se  tenant  dans  la  direction 
dorso-proximale,  les  fibres  arciformes  dégénérées  du  faisceau  de 
Gowers  se  portent  en  masse  de  plus  en  plus  vers  le  vélum  médul- 
laire antérieur,  où  une  partie  de  celles-ci  (moins  que  la  moitié) 
subit  un  entrecroisement,  tandis  qu'une  autre  partie  se  dirige  à 
travers  le  ruban  externe  dans  la  région  du  corps  quadrijumeau,  où 
elle  se  joint  aux  fibres  entrecroisées  de  l'autre  côté.  En  s'avançant 
vers  réminence  postérieure  du  corps  quadrijumeau,  le  faisceau  rend 
un  bonne  parlie  de  ses  fibres  (environ  un  quart)  au  noyau  posté- 
rieur du  corps  quadrijumeau  (il  est  impossible  de  déterminer  si  ce 
sont  des  fibres  entrecroisées  ou  des  fibres  directes)  et  continue  son 
trajet,  occupant  toujours  le  sommet  dorsal  du  ruban  latéral.  Dans  la 
région  des  pédoncules  cérébraux,  au  niveau  des  éminences  antérieu- 
res du  corps  quadrijumeau,  il  tourne  brusquement  dans  la  direction 
ventro-latérale,  du  côté  médian.du  bras  antérieur  du  corps  quadri- 
jumeau, contourne  le  bord  latéral  de  la  substance  niger  et  rentre 
dans  le  fascicule  longitudinal  intermédiaire,  se  répand  dans  la  for- 
mation réticulaire  au-dessous  de  la  substance  de  Sœmmering,  où 
quelques-unes  de  ses  fibres  contournent  du  côté  ventral  la  base  du 
pédoncule  et  se  continuent  dans  la  même  direction  du  côté  médian. 
Les  fibres  disséminées  s'amassent  dans  la  région  du  boutante- 


SOCIETES   SAVANTES.  345 

rieur  du  genou  postérieur  de  la  capsule  interne  et  rentrent  dans 
les  segments  interne  et  moyen  du  noyau  lenticulaire,  où  elles  se 
terminent.  En  outre  l'auteur  a  poursuivi  : 

1^  Le  faisceau  cérébelleux  direct  dans  son  trajet  ordinaire  jusqu'à 
Técorce  du  verrais  ; 

^  Le  faisceau  fondamental  du  cordon  antéro-latéral,  en  haut, 
jusqu'au  niveau  du  bout  prozimal  du  noyau  de  la  douzième  paire, 
où  il  se  termine  dans  la  subtance  réticulaire  entre  le  bord  dorsal 
de  Tolive  et  la  racine  de  Thypoglosse. 

Dans  la  discusiion  de  cette  communication,  ont  pris  part 
MM.  Pribytokff,  KornitofT  etKojewnikow. 

III.  — .MM.  G.  Pribytkopp  et  S.  Malouet&ofp.  — ^  Un  cas  d'abcès 
de  la  moelle  épinière. 

M"^  X...,  âgée  de  soixante  ans,  ressentait  pendant  le  mois  de 
mars  1898  une  courbature  légère.  Le  6  avril,  apparition  rapide 
d'une  paralysie  de  la  jambe  droite,  le  7  avril,  le  matin,  paralysie 
brusque  de  la  jambe  gauche  en  même  temps  qu'une  rétention 
d'urine.  Le  8  avril  on  constate  l'absence  des  réflexes  rotuliens, 
i'anesthésie  complète  des  deux  jambes  et  du  tronc  jusqu'au  niveau 
de  deux  travers  de  doigt  au-dessous  de  l'ombilic.  Le  41,1a  malade 
rentre  à  l'hôpital  Golitzyne,  où  la  limite  supérieure  de  l'anesthésie 
est  trouvée  au  niveau  de  l'ombilic  lui-môme;  en  môme  temps, 
douleurs  au  cou  et  aux  bras.  Les  jours  suivants  la  limite  supérieure 
de  l'anesthésie  s'est  élevée  jusqu'au  niveau  de  la  troisième  côte  ;  il 
se  manifeste  une  paralysie  des  muscles  abdominaux,  dorsaux  et 
intercostaux  (difficulté  de  la  respiration  et  de  l'expectoration);  dé- 
cubitus sacré,  rétention,  d'urine  et  de  matières;  fièvre  à  type 
irrégulier,  37,5-38,1;  le  pouls  est  à  120-125;  la  conscience  est 
consenrée,  dyspnée,  cyanose.  Mort  dans  la  nuit  du  16  au  17  avril. 
Le  diagnostic  intra  vitam  fut  celui  de  myélite  aiguë  ascendante. 

A  Vautopsie,  on  trouve  à  l'intérieur  de  la  moelle  épinière,  dans 
ses  régions  centrales,  un  abcès  qui  s*étend  du  cône  médullaire 
jusqu'au  niveau  du  deuxième  segment  dorsal;  l'épaisseur  de  cet 
abcès  n'est  pas  partout  égale,  ce  qui  donne  à  la  moelle  dorsale  un 
aspect  fusiforme,  nettement  aperçu  à  la  surface  externe  (5  à  6  ren- 
flements avec  autant  d'étranglements  intermédiaires);  la  région 
lombaire  et  le  cône  médullaire  sont  au  contraire  d'un  aspect  uni- 
formément dilaté. 

L'examen  microscopique  a  démontré  que  l'abcès  est  partout 
situé  au  centre  de  la  moelle,  derrière  la  commissure  grise,  dans  la 
moitié  antérieure  des  cordons  postérieurs;  sa  forme  et  son  volume 
sont  variables  ;  les  cornas  postérieures  sont  dans  certains  endroits 
comprimées  et  écartées;  la  commissure  et  les  cornes  antérieures 
sont  fortement  comprimées  et  refoulées  en  avant  (au  niveau  d'un 
seul  segment,  la  corne  antérieure  est  môme  entièrement  détruite 


346 


SOCIBTBS   SAVANTES. 


par  un  petit  abcès  circonscrit)  ;  le  canal  central  est  partout  situé  en 
avant  de  Tabcès.  La  plus  grande  épaisseur  de  l*abcës  se  troQTe 
dans  la  région  lombaire  et  dans  celle  du  cône  médullaire  ;  les 
éléments  nerveux  sont  ici  en  partie  détruits,  en  partie  comprimés, 
mais  on  n'y  remarque  pas  trace  d*un  processus  inflammatoire. 

Dans  la  région  dorsale  de  la  moelle  il  y  a  myélite  diffuse  très 
prononcée.  La  dure-mère  est  partout  normale  ;  la  pie-mère  pré- 
sente des  phénomènes  inflammatoires  et  une  infiltration  de  pas 
(insignifiante  dans  la  région  lombaire).  On  trouve  de  petits  amas 
de  pus  dans  la  pie-mère  cérébrale,  à  la  base  du  cerveau,  dans  la 
région  du  tuber  cinereum  et  des  corps  mammiliaires.  La  substance 
cérébrale  et  cérébelleuse  est  normale.  Les  organes  internes  ne 
renferment  pas  d^abcès,  et  en  général,  on  ne  trouve  nulle  part 
ailleurs  de  trace  de  pus. 

L*examen  bactériologique  a  montré  l'absence  de  bactéries  pyo- 
gènes,  mais  on  a  trouvé  sur  des  coupes  de  la  moelle,  colorées  par 
la  tionine,  des  microcoques  en  petite  quantité,  que  le  professeur 
Nikiforoff  a  reconnus  pour  ceux  de  Tacty  no  mycose. 

Discussion.  —  M.  le  professeur  Kojewnikow  montre  l'intérêt  de 
l'observation  des  auteurs,  mais  il  ajoute  qu'il  faudrait  des  prépa- 
rations plus  démonstratives  avant  de  diagnostiquer  avec  certitude 
Tactynomycose  de  la  moelle  comme  cause  de  l'abcès  dans  ce  cas 
particulier.  Des  remarques  sont  faites  par  MM.  Rossoliho  et  Rotb. 

Secrétaires  des  séances  :  A.  Bkrnstein,  W.  Mocrawiepp, 

A.  Raïchune. 


NÉCKSSlTé   DE  l'assistance  DES  KPiLEPTIQUES 

Parlant  de  la  continence  des  prêtres,  P.-L.  Courier  rappelle  ce 
que  fit  le  curé  de  Pezay  à  une  fille  épileptique.  «  Ce  curé,  dit-il, 
a  soixante-huit  ans,  qui  ne  Tont  pas  empêché,  dernièrement 
encore,  de  prendre  dans  les  boues  une  fille  mendiante  et  tombant 
du  haut  mal.  Il  en  fit  sa  maltresse  ;  autre  affaire  étouffée  par  le 
crédit  des  oints;  car  le  père  se  plaignit,  voyant  sa  fille  grosse; 
mais  TEglise  intervint.  Celui  qui  ne  peut  à  cet  âge  s'abstenir  d'un 
objet  horrible  et  dégoûtant,  que  pensez-vous  qu'il  ait  fait  à  vingt 
ou  vingt-cinq  ans,  gouverneur  d'innocentes  et  belles  créatures?...» 
(Chefs-d'œuvre  de  P.-L.  Courier,  t.  Il,  p.  80,  édit.  PflQger.) 


BIOGRAPHIE. 


LES  NEUROLOGISTES  CONTEMPORAINS 


.1  Mir^fc^ 


Le  D'  PAUL  RICHER, 

Membre   de    rAcadémie    de  médecine*. 


Interne  en  1878  à  la  Salpêtrière,  Paul  Richer  avait  été  distingué 
par  M.  Charcot,  qui  savait  discerner  les  aptitudes  et  répartir  à  cha- 

*  C'est  par  erreur  de  riroprimerie  que  le  portrait  de  notre  ami,  le 
D'  Richer,  a  été  inséré  dans  le  numéro  d'août. 


348  BlOORAPHIE. 

can  sa  besogne.  L*étudiant  d'alors  n'était  pas  seulement  un  médecia 
instruit  et  laborieux,  il  possédait  un  talent  de  dessinateur  très  per- 
sonnel que  rame  artiste  de  Charcot  eut  vite  fait  d'apprécier  à  sa 
juste  valeur,  à  tel  point  que  Richer  est  celui  de  ses  élèves  avec 
lequel  il  a  le  plus  collaboré,  signant  avec  lui,  en  dehors  des  Démo- 
niaques^ des  Malades  et  des  Difformes  dans  Cart,  une  longue  série 
d'études  du  môme  ordre  et  du  plus  haut  intérêt. 

Lorsque  fut  créée  la  chaire  de  Clinique  des  maladies  du  système 
nerveux  en  1882,  Richer  était  tout  désigné  pour  remplir  les  fonc- 
tions de  directeur  du  laboratoire.  Renonçant  à  la  carrière  des  con- 
cours pour  se  consacrer  entièrement  aux  travaux  qui  lui  avaient 
déjà  conquisja  notoriété,  il  entreprit  une  série  de  recherches  qu'il 
réunit  dans  sa  magistrale  Anatomie  artistique  renfermant  la  des- 
cription des  formes  extérieures  du  corps  humain  au  repos  et  dans  les 
principaux  mouvements.  Cet  ouvrage  comblait  une  lacune.  Richer  s'y 
révélait  le  dessinateur,  le  graveur  impeccable  que  Ton  connaissait 
déjà,  joint  à  l'aoatomiste  qui  signait  la  Myologie  dans  noire  plas 
récent  Traité.  A  son  Atlas  était  annexé  un  canon  qui  a  rendu  les 
services  les  plus  signalés  non  seulement  aux  sculpteurs,  mais  encore 
à  tous  ceux  qui,  pour  apprécier  les  déformations  pathologiques  du 
squelette  et  des  parties  molles,  ont  besoin  de  connaître  les  propor- 
tions normales  du  corps  humain. 

Paul  Richer  connaissait  trop  bien  ces  formes  pour  ne  pas  essayer 
de  les  modeler  à  son  tour.  11  s'imposa  vite  comme  sculpteur.  Dem- 
blée  son  Premier  Artiste^  acquis  par  TÉtat,  coulé  en  bronze,  vint 
orner  les  galeries  du  Muséum.  Depuis  il  a  édité  une  série  de  bustes 
d'étude,  représentations  pathologiques  où  Texécutioii  artistique  ne 
le  cède  qu'à  la  justesse  de  l'observation  médicale. 

Il  était  à  craindre  que  ce  médecin  de  haut  rang  fût  considéré 
par  ses  pairs  comme  un  artiste  ;  Tartiste  de  grand  talent  comme 
un  médecin.  La  récente  élection  de  l'Académie  de  Médecine  a 
prouvé  heureusement  le  contraire  ;  j  aime  à  espérer  que  l'Acadé- 
mie des  Beaux-Arts  n'oubliera  pas  non  plus  celui  qu'elle  choisis* 
sait  pour  le  prix  Bordin.  Décidément,  il  était  écrit  que  la  mo- 
destie bien  connue  de  Paul  Richer  serait  soumise  à  plus  d'une 
épreuve. 

Gilles  de  la  Tourette. 


VARIA. 

XIII''  Congrès  international  de  médecine. 
Paris,  2-9  août  1900. 

Section  de  psychiatrie. 

Le  Comité  d'organisation  de  la  section  de  psychiatrie  du  Congrès 
international  de  médecine,  qui  se  tiendra  à  Paris,  du  2  au 
9  août  1900,  s'est  réuni,  le  mardi  2  août,  à  4  heures  à  Angers, 
à  rissue  de  la  séance  du  Congrès  annuel  des  médecins  aliénistes  et 
neurologistes,  sous  ia  présidence  de  M.  Magnan.  La  plupart  des 
membres  de  la  province  y  assistaient. 

M.  le  Secrétaire  général  donne  communication  de  lettres 
d'excuse  de  MM.  Mairet  et  Taguet,  puis  on  passe  au  vote  pour  Ja 
nomination  de  deux  vice-présidents  choisis  parmi  les  médecins 
aliénistes  de  province.  Sont  nommés  par  acclamation  :  MM.  Pierret, 
professeur  de  clinique  des  maladies  mentales  à  la  Faculté  de  Lyon, 
médecin  en  chef  de  l'asile  de  Bron  ;  Cullerre,  médecin-directeur 
deTasile  de  La  Roche-sur- Yon  (Vendée). 

Enfin,  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecturt^  de  l'a  liste  des 
questions  et  fait  connaître  les  noms  des  rapporteurs  qui  ont 
accepté  de  les  traiter. 

Pathologie  mentale.  —  Psychoses  de  la  puberté,  —  Rapporteur 
pour  l'Allemagne  :  M.  Th.  Ziehen,  professeur  à  TUniversité  dléna. 
Rapporteur  pour  Tltalie  :  M.  Marro,  médecin-directeur  du  mani- 
corne  de  Turin.  Rapporteur  français  :  M.  J.  Voisin,  médecin  de  la 
Salpôtrière. 

Anatomie  pathologique.  —  Anatomie  pathologique  de  l'idiotie.  — 
Rapporteurs  pour  T Angleterre  :  MM.  Shutlevirorth  et  Fletcher  Beach. 
Rapporteur  pour  la  Russie  :  M.  Mierzejewski,de  Saint-Pétersbourg. 
Rapporteur  pour  la  France  :  M.  Bonrneville,  médecin  de  Bicêtre. 

Thérapeutique.  —  Be  Valitement  {repos  au  lit)  dans  le  traitement 
des  formes  aiguës  de  la  folie  et  des  modifications  qu'il  pourrait 
entrainer  dans  ^organisation  des  établissements  consacrés  aux 
aliénés.  —  Rapporteur  pour  TAllemagne  :  M.  Clémens  Neisser, 
médecin  de  l'asile  de  Leubus.  Rapporteur  pour  la  Russie  :  M.  Kor- 
sakoff,  de  Moscou.  Rapporteur  pour  la  Belgique  :  M.  MoreU  de 
Tasile  de  Mons. 


350  VARIA. 

Mkdeclne  légale.  —  Les  perversions  sexuelles  obsédantes  et  impul- 
sives au  point  de  vue  médico-légaL  —  Rapporteur  pour  l'Autriche  : 
M.  le  professeur  deKrairt-Ëbing,de  Vienne.  Rapporteur  pourTItalie: 
M.  le  professeur  Blorselll,  de  Gênes.  Rapporteur  pour  la  France  : 
M.  Paul  Garnier,  médecin  en  chef  de  rinOrnierie  spéciale  du  Dépôt 
de  la  Préfecture  de  police. 

Plusieurs  médecins  étrangers  ont  déjà  écrit  à  M.  le  Président  et 
à  M.  le  Secrétaire  général,  approuvant  le  choix  des  questions  fait 
par  le  Comité,  et  se  sont  inscrits  pour  prendre  la  parole  :  d'autres 
se  sont  proposés  comme  rapporteurs;  mais  ceux-ci  devant  être 
limités  et  ayant  été  déflnitivement  choisis,  il  a  été  répondu  à  ces 
honorables  confrères  que  le  Comité  serait  heureux  de  les  voir 
apporter  le  résultat  de  leur  expérience  en  venant  prendre  part  aux 
discussions  que  ne  manquera  pas  de  susciter  l'exposé  des  rapports. 

Assistance  des  aliénés 

Depuis  quelques  jours  les  bergers  qui  vont  garder  leurs  trou- 
peaux dans  la  forêt  des  Palanges  (Aveyron),  forêt  de  six  mille  hec- 
tares de  surface,  avaient  été  effrayés  par  une  singulière  apparition. 
C'était  celle  d'un  être  à  face  humaine,  très  velu  et  très  sommaire- 
ment vêtu.  Aussitôt  qu'il  apercevait  quelqu'un  il  disparaissait.  Pré- 
venus du  fait,  les  gendarmes  de  Laissai,  assistés  de  plusieurs 
hommes  de  bonne  volonté,  ont  organisé  une  battue  dans  la  forêt. 
Ils  n'ont  pas  tardé  à  découvrir  le  malheureux  qui  jetait  l'épouvante 
dans  tout  le  pays  et  qui  s'est  laissé  prendre  sans  faire  la  moindre 
résistance.  On  Ta  vite  reconnu  :  c'était  un  pauvre  aliéné,  origi- 
naire des  environs,  qui  avait  disparu  de  son  domicile  le  28  juillet, 
et  personne  ne  savait  ce  qu'il  était  devenu.  Des  revers  de  fortune 
ont,  paralt-il,  altéré  complètement  la  raison  de  cet  infortuné  qui 
a  raconté  que  depuis  plus  d'un  mois  il  s'était  exclusivement  nourri 
de  fruits  sauvages.  On  va  l'interner  à  l'asile  d'aliénés,  dit  le  Petit 
Parisien  du  30  août.  C'est  ce  qu'on  aurait  dû  faire  dès  le  début  de 
la  maladie...,  ce  que  ne  consentent  pus  à  faire  les  préfets,  les  con- 
seils généraux,  les  maires,  parce  que  cela  coûte.  C'est  à  qui  ne 
veut  pas  prendre  les  charges  d'assistanee. 

—  En  se  rendant  dans  sa  propriété  de  Piiygros,  près  Chambérj, 
M.  Pierre  Hyvert  aperçut,  au  fond  d'un  ravin,  un  cadavre  qu'il 
reconnut  pour  être  celui  du  nommé  Tardy,  âgé  de  quatre-vingt- 
trois  ans,  disparu  de  son  domicile  depuis  trois  jours.  Ce  vieillard 
donnait  des  signes  d'aliénation  mentale. 

Les  aliénés  en  liberté 

c  Hier,  lisons-nous  dans  V Aurore  da  30  août,  un  individu  qui  se 
trouvait  sur  l'impériale  d'un  omnibus  de  la  ligne  Glichy-Odéon,  au 


FAITS   DIVERS.  3S1 

moment  où  la  voiture  passait  rue  de  Richelien,versquatre  heures  de 
l'aprés-midi,  se  levait  subitement.  Il  avisa  une  dame  qui  marchait 
tranquillement  sur  Je  trottoir  et  lui  lança  une  corde  au  bout  de 
laquelle  se  trouvait  un  large  nœud  coulant.  Il  réussit  à  lui  enserrer 
le  cou  et  il  tira. 

c  Gris  de  la  dame,  indignation  des  passants.  On  fit  descendre  le 
smgulier  voyageur  que  Ton  mena  au  commissariat.  Devant  le  com- 
missaire il  s'écria,  Tair  satisfait  :  «  Enfin  I  je  Tai  donc  pincé,  ce 
(  sale  crocodile  !  » 

c  Ce  malheureux  est  un  nommé  Henri  Michel,  âgé  de  trente- 
cinq  ans,  ouvrier  tailleur,  demeurant  rue  Hermel  prolongée.  Il  a 
déjà  été  enfermé  six  fois  pour  folie.  11  est  assez  étrange  qu'on  laisse 
on  fou  courir  ainsi  par  les  rues.  On  se  décidera  à  Tinterner  déflni- 
tivement  quand  il  aura  blessé  ou  lué  quelqu'un.  Il  sera  bien 
temps!  » 

Ce  fait  et  les  réflexions  qui  Taccompaguent  montrent  l'un 
des  côtés  de  la  situation  faite  aux  médecins  des  asiles.  D'or- 
dinaire, les  Journaux  politiques  clament  contre  les  bastilles 
modernes,  contre  les  séquestrations  arbitraires  ou  contre  le 
maintien  dans  les  asiles  d'individus  guéris.  Aujourd'hui,  le 
reporter  de  Y  Aurore  se  plaint  qu'on  ait  la  sortie  trop  facile 
et  demande  queTaliéné  au  crocodile  soit  interné  à  perpétuité. 
Il  s'étonne  aussi  qu'on  laisse  courir  les  fous  par  les  rues.  Cette 
demande  d'hospitaliser  en  vue  de  leur  traitement,  cela  va  de 
soi,  les  aliénés  errants  n'est  pas  pour  nous  déplaire.  Ce  qu'il 
faut  et  pour  le  bien  des  malades  et  dans  l'intérêt  de  la  société 
c'est  V  hospitalisation  aussi  rapprochée  que  possible  du  début 
de  C  aliénation.  Alors  on  évite  les  accidents  de  tous  genres  et 
on  augmente  les  chances  de  guérison.  B. 


FAITS  DIVERS. 


Alcoolisme  et  suicide.  —  Le  nommé  Louis  Piltan,  âgé  de  qua- 
rante et  un  ans,  forgeron,  employé  an  chemin  de  fer  de  l'Etat  à 
ThoaarSy  domicilié  à  Sainte- Verge,  s'est  pendu  sous  un  hangar 
attenant  à  son  domicile.  Cette  triste  détermination  est  attribuée  à 
une  crise  alcoolique,  (l^eiite  Gironde,  18  septembre.) 


382  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUB. 

Folie  et  professions  en  Allemagne.  ^-^  D'après  une  sLalistiqae 
publiée  récemment  par  un  inspecteur  des  maisons  d'aliénés  eo 
Allemagne  il  résnlte  que,  parmi  les  principales  professions,  le 
métier  des  armes  est  celui  où  les  cas  de  folie —  douce  ou  déliraote 
—  sont  le  plus  rares.  La  proportion  exacte  est  de  105  poar 
10.000  officiers  ou  soldats. 

Ce  sont  les  médecins  et  les  chirurgiens  qui  sont  le  plus  souveat 
exposés  aux  atteintes  de  la  folie^  La  proportion  dans  cette  profes- 
sion est  de  16,4  pour  10.000.  Et,  en  suivant  l'ordre  décroissant, 
nous  trouvons  les  avocats  et  les  avoués,  15.4;  les  pharmaciens  14.6; 
les  voyageurs  de  commerce,  14.1;  les  mécaniciens  de  chemins  de 
fer,  12.5;  les  chauffeurs,  12;  et  les  ecclésiastiques,  11.1,  toajoars 
sur  10.000.  Les  chiffres  donnés  ci-dessus  ont  été  obtenus  par  une 
série  d'observations  faites  dans  tous  les  établissements  d'aliénés  de 
TEmpiro  allemand,  et  ce  pendant  une  période  de  5  années.  (Petit 
Parisien,  27  septembre  1898.) 

Morphinonanie.  —  Un  docteur  allemand  vient  de  faire  la  statis- 
tique du  nombre  d'individus  qui  meurent  en  Prusse  empoisonnés 
parla  morphine.  11  en  a  compté  jusqu'à  135  cas  dans  une  année, 
soit  80  hommes  et  55  femmes.  Parmi  leshommes,  il  y  avait  20  doc- 
teurs en  médecine,  2  pharmaciens  et  2 gardes-malades,  qui  mouru- 
rent presque  tous  entre  trente  et  quarante  ans.  Chez  les  femmes, 
on  remarque  des  épouses  de  docteurs,  des  rentières,  des  sœurs  de 
charité  et  même  une  camériste  qui  mourut  peu  de  temps  après  sa 
maîtresse.  {Petit  Paiiêien,  28  septembre.) 


GoNBAULT  (G.).  —  De  la  confusion  mentale.  —  Volume  in-8*  de  117  pages. 

—  Paris,  1898.  —  Librairie  H.  Jouve. 

Mahaim  (A.).  —  Rapport  sur  l'influence  de  Valcoolsur  la  santé  publique. 

—  Hroehuie  in-8«  de  8  pages.  —  Ltège,  1897.  —  imprimerie  Faust. 

Masus  et  Mahaiu  (A.).  —  Recherches  sur  les  altérations  de  la  réline 
et  du  nerf  optique  dans  Vintoxication  filisique.  —  Brochure  in-8*  de 
11  pajîes.  avec  3  planches  hors  texte.  —  Bruxelles,  1898.  —  imprimerie 
Ifayez. 

Mahaiu.  —  I.es  prot/rès  t^alisés  en  anatomie  du  cerveau  par  la  tué- 
thode  ejpêrimettfide.'—  Brochure  in-8*  de  8  pages.  —  Bruxelles,  1898. 

—  Extrait  (iu  Journal  de  Seurolof/ie. 

Roi\  ^J.\  —  Psijcholntfie  de  riustinct  sexuel.  —  Volume  in-16  de 
96  pages  cartonné.  —  Prix  :  1  fir.  50.  —  J.-B.  Baillièreet  Bis,  éiiiieurs. 

Le  rédacteur-gérant j  Bourkevillb. 


F.treu\.  (..h.    HtRtssTT.  laip.  —  10'.' 


Vol.  VI.  Novembre  1898.  N»  35 


ARCHIVES  DE  NEUROLOGIE 


CLINIQUE  MENTALE. 


HÉPATISME  ET  PSYCHOSES; 

Par  le  D'  A.  CULLERRE, 
Directeur  médecin  de  l'Asile  d'aliénés  de  La  Roche-sur- Yon. 


Depuis  la  commuaication  de  M.  Charria  à  la  Société  de 
biologie  en  1892  et  les  mémoires  successifs  de  M.  Klippel, 
dont  le  premier  a  paru  à  la  même  époque  et  presque  à  la 
même  date,  Télude  des  rapports  du  foie  et  des  psychoses  est 
à  Tordre  du  jour.  Ayant  eu  récemment  Toccasion  d'observer 
deux  faits  cliniques  où  ce  problème  d'étiologie  et  de  patho- 
génie se  posait  dans  des  conditions  intéressantes,  nous  avons 
songé  à  en  donner  ici  la  relation.  Nous  y  joindrons  quelques 
observations  destinées  à  étudier  rinfluence'd'une  lésion  hépa- 
tique intercurrente  sur  la  marche  et  la  symptomatologie  de 
la  folie  chronique  et,  avant  de  passer  à  Texposé  des  faits,  nous 
entrerons  dans  quelques  considérations  générales  sur  Ten- 
setnble  de  la  question. 

I. 

Le  rôle  de  Tinsuflisance  hépatique  dans  Tétiologie  des 
maladies  mentales  n'a  jamais  été  entièrement  méconnu,  mais 
Tincertitude  qui  régnait  sur  les  fonctions  physiologiques  du 
foie  n'a  pas  permis,  jusqu'à  une  époque  récente,  d'en  faire 
une  étude  un  peu  précise.  On  sait  quelle  importance  les 
anciens,  un  peu  vaguement  à  la  vérité,  attribuaient  au  foie 
dans  la  mélancolie.  Ësquirol  signale  le  mauvais  état  de  cette 
glande  chez  les  suicidés.  Les  arthritiques  ont  souvent  une 

Archives,  S*  série,  t.  VL  23 


354  CLINIQUB  MBNTALB. 

prédisposition  héréditaire  aux  troubles  hépatiques  et  chez  les 
aliénés  atteints  de  cette  diathëse  on  s*accorde  à  reconnaître 
que  rhépatisme  n*est  pas  sans  intervenir,  surtout  à  Tâge 
mûr  et  à  la  ménopause,  dans  Téclosion  et  le  développe- 
ment de  certaines  psychoses  dépressives. 

Selon  M.  Klippel,  le  rôle  de  Tauto-intoxication  d'origine 
hépatique  dans  Tétiologie  des  maladies  mentales  en  géné- 
ral et  de  la  folie  des  alcooliques  en  particulier  est  de  la  plus 
grande  importance.  Une  des  propriétés  de  la  cellule  hépa- 
tique est  de  détruire  certaines  matières  toxiques  de  Técono- 
mie.  Quand  cette  cellule  est  lésée  et  quand  son  fonctionnement 
est  altéré,  les  toxines  en  question  ne  sont  plus  détruites,  elles 
s'accumulent  dans  l'organisme  et  peuvent  agir  sur  l'encé- 
phale. On  est  donc  en  droit  d'attribuer  légitimement  à  Tinsuf- 
fisance  hépatique  une  influence  réelle  dans  la  genèse  de  cer- 
taines maladies  mentales  K 

Toutefois,  dans  beaucoup  de  cas,  nous  ne  pouvons  mesurer 
la  valeur  de  cet  agent  pathogène  et  même  il  est  permis  de  se 
demander  si  le  trouble  hépatique  et  le  trouble  mental,  au 
lieu  d'être  subordonnés  Tun  à  Tautre,  ne  sont  pas  un  double 
effet  parallèle  de  la  diathèse.  c  Fréquemment,  dit  M.  Léopold 
Lévy,  à  qui  l'on  doit  une  importante  étude  sur  les  troubles 
nerveux  d'origine  hépatique,  on  voit  survenir,  sous 
l'influence  d'une  cause  infectieuse,  des  phénomènes  céré- 
braux, en  même  temps  que  Turobiline  décelée  dans  l'urine 
indique  le  fonctionnement  imparfait  du  foie.  Dans  ce  cas,  le 
délire  est-il  lié  au  trouble  hépatique  ?  C'est  là  une  question 
qui  se  pose;  mais  l'urobilinurie,  d'autre  part,  ne  pourrait-elle 
être  mise  sur  le  compte  du  délire  ?  Enfin,  hypothèse  plus 
vraisemblable,  les  troubles  cérébral  et  hépatique  ne  doivent- 
ils  pas  être  imputés  à  la  cause  générale  ?  On  peut  aller 
plus  loin  :  chez  des  hépatiques,  le  délire  survenant  dépend 
parfois  d'une  cause  banale  infectieuse  et  n'est  pas  en  rap- 
port avec  la  lésion  hépatique  *  >. 

*  Klippel.  ~  De  rinsuffifrance  hépatique  dans  les  maladies  mentales. 
De  la  folie  hépatique  (AfH:hives  gén.  de  Méd.,  août  et  septembre  i89S|. 
—  Du  délire  des  alcooliques  (Mercredi  médical,  octobre  1893  et  Congrès 
des  aliéniates  et  neurologistes,  la  Rochelle  1893).  —  De  Torigine  hépati- 
que de  certains  délires  des  alcooliques  {Ann.  méd.  psych.^  1894).  — 
Délire  et  aulo-intoxicaiion  hépatique  {Revue  de  psychiatrie,  sept.  1897). 

■  Léopold  Lévy.  —  Troubles  nerveHX  d'origine  hépatique  (Archives 
gén.  de  Méd.,  mai 


HBPATISHK   BT  PSYCHOSES.  355 

On  voit  que  la  question  n*est  pas  simple  et  renferme  bien 
des  inconnues  à  résoudre.  Nous  pensons  cependant  que  même 
dans  rhypothèse  où  les  troubles  nerveux  et  hépatiques  relè- 
vent de  la  même  cause,  un  retentissement  [secondaire  du 
désordre  hépati({ue  sur  le  système  nerveux  est  très  vraisem- 
blable. 

Les  troubles  fonctionnels  du  foie  ne  sont  pas  seuls  à  incri- 
miner et  les  grosses  lésions,  lithiase,  abcès,  cancers,  cirrhoses, 
peuvent  aussi  intervenir  dans  la  production  des  troubles 
mentaux.  Nous  citerons  plus  loin  une  observation  de  folie 
liée  à  une  affection  calculeuse  du  foie.  Hammond,  en  1880, 
constatait  que  les  abcès  du  foie  peuvent  s'accompagner  d'un 
état  plus  ou  moins  marqué  de  mélancolie  et  d'hypocondrie. 
Les  faits  présentés  par  M.  Charrin  à  la  Société  de  biologie 
concernent  des  individus  atteints  de  cancer  et  de  cirrhose  *. 

L'influence  pathogène  des  troubles  et  des  lésions  hépa- 
tiques sur  le  cerveau  une  fois  admise,  une  nouvelle  difficulté 
se  présente.  Il  importe  de  rechercher  dans  quelle  mesure 
cette  influence  agit,  si  elle  est  exclusive,  ou  tout  au  moins 
prépondérante,  ou  enfin  accessoire.  Comme  presque  toujours 
en  aliénation  mentale,  la  prédisposition  héréditaire  ou  acquise 
préexiste  et  si  sa  présence  n'infirme  pas  la  valeur  étiologique 
de  rhépatisme,  elle  peut  l'atténuer  à  un  degré  qu'il  n'est  pas 
toujours  facile  d'apprécier.  La  prédisposition  intervient  sou- 
vent d'une  façon  énergique  là  ou  elle  apparaît  le  moins,  et 
l'imminence  morbide  peut  être  telle  que  la  cause  prochaine 
incriminée  n'est  que  la  goutte  d'eau  qui  fait  déborder  le  vase. 
D'autre  part  l'intoxication  hépatique  est  trop  complexe,  sa 
nature  est  encore  trop  mal  connue  pour  qu'on  puisse,  avec 
une  certitude  absolue,  en  ndesurer  exactement  la  valeur  patho- 
génique. 

D'après  M.  Klippel,  le  rôle  étiologique  de  l'insuffisance 
hépatique  est  tantôt  exclusif,  le  foie  à  lui  seul  créant  le 
délire  :  on  se  trouve  alors  en  présence  de  la  folie  hépatique  ; 
tantôt  elle  intervient  concurremment  avec  d'autres  causes 
dans  la  pathogénie  des  troubles  mentaux,  pouvant  entretenir 
et  développer  le  délire,  ou  encore  corroborer  l'action  d'autres 
agents  toxiques  ou  toxi-infectieux.  L'agent  le  plus  actif  de  la 
détérioration  du   foie  est  l'alcool  ;    aussi    est-ce  dans   les 

*  Cbarrin.  —  Maladies  du  foie  et  Tolie  (Société  de  biologie,  30  juil- 
let 4892). 


356  CLINIQUE    MENTALK. 

délires  des  alcooliques  surtout  que  l'oa  est  appelé  à  cons- 
tater le  rôle  étiologique  de  Tinsunisanoe  he'patique. 

Ainsi  M.  Kiippel  admet  nettement  l'existence  d*une  folie 
hépatique,  M.  Gharrin,  dans  sa  communication  à  la  Société 
de  biologie,  avait  également  prononcé  le  mot.  Les  deux 
auteurs  s^accordent,  en  outre,  pour  faire  un  rapprochemeDt 
tout  indiqué  d'ailleurs,  entre  la  folie  hépatique  qu'ils  ont  en 
quelque  sorte  découverte  et  la  folie  brightique,  de  naissance 
plus  ancienne  et  dont  Tétude  clinique,  à  tous  égards  plus 
avancée,  peut  servir  de  modèle.  Si  ce  rapprochement  n'a 
d'autre  but  que  de  faciliter  l'intelligence  des  faits  nouveaux 
mis  en  lumière  et  de  les  rapprocher  de  faits  analogues  mieux 
étudiés,  il  n'y  a  qu'à  s'incliner  ;  mais  si  les  auteurs  ont  entendu 
affirmer  la  réalité  d'une  folie  hépatique,  en  s'appuyant  sur 
l'existence  d'une  folie  brightique,  ils  se  sont  laissés  aller  à 
une  pure  pétition  de  principe.  Il  n'est  pas  nécessaire,  en  effet, 
de  démontrer  que  la  folie  brightique  n'existe  pas  et  que  l'on 
confond  sous  ce  terme  commode,  mais  détestable,  les  faits 
les  plus  disparates  n'ayant  d'autre  élément  commun  que 
d'être  ou  de  sembler  être  subordonnés  partiellement  ou  en 
totalité  à  une  auto-intoxication  d'origine  rénale.  La  folie 
brightique  comprend  le  délire,  fébrile  ou  non,  si  commun 
chez  les^ieux  urémiques,  des  cas  de  confusion  mentale,  des 
pseudo-paralysies  générales,  des  mélancolies,  des  délires 
systématisés,  etc.,  qui  peuvent  ne  différer  en  rien  des  formes 
semblables  d'une  autre  origine,  ou  qui  en  diffèrent  tout  au 
plus  par  quelques  symptômes  accessoires  tels  que  les  ten- 
dances à  la  stupeur  cataleptiforme,  certaines  hallucinations 
de  la  vue  accompagnées  de  poses  extatiques  et  dues  à  des 
lésions  rétiniennes,  certaines  interprétations  délirantes  liées 
aux  troubles  cardiaques  ou  pulmonaires  concomitants,  quel- 
quefois du  ilélire  génital  et  chez  les  déments  une  verbigéra- 
tion  continue  et  monotone,  faite  de  la  répétition  incessante 
des  mêmes  mots,  ou  une  incohérence  énorme  rappelant  celle 
des  simulateurs.  Tous  ces 'signes  font  songer  au  brightisme 
et  à  ce  titre  sont  précieux  pour  le  clinicien,  mais  ils  ne  cons- 
tituent pas  une  psychose  autonome  méritant  le  nom  deïolie 
brightique. 

Il  ne  saurait  en  être  diff'éremment  de  la  folie  hépatique. 

M.  Kiippel  exprime  l'opinion  que  dans  la  plupart  des  cas 
l'influence  étiologique  de  l'hépato-toxémie  est  accessoire  et 


HÉPATISMB   BT  PSYCHOSES.  357 

alors  la  forme  psychopatique  est  quelconque.  Dans  un  petit 
nombre  de  cas,  au  contraire,  là  lésion  du  foie  parait  d'une 
importance  telle  que  sans  elle,  Taffection  mentale  n'existe- 
rail  pas  ;  ce  sont  ces  derniers  qui  constituent  la  vraie  folie 
hépatique.  Pareille  distinction  a  été  établie  à  propos  de  la 
folie  brightique,  sans  plus  de  raison  d'ailleurs.  Il  n'y  a  pas  de 
complexus  psychopathique  spécial  à  l'intoxication  urémique  ; 
il  n'y  en  a  pas  davantage  qui  relève  de  Vhépato-toxémie,  et 
la  preuve  en  est  fournie  par  M.  Klippel  lui-même.  Son  cas 
unique  de  folie  hépatique  débute  par  le  syndrome  de  la 
manie  ambitieuse  pour  se  terminer  par  ce  délire  confus, 
accompagné  ou  non  de  fièvre,  qui  s'observe  d*une  façon 
banale  dans  le  décours  des  infections  graves  et  des  auto- 
intoxications  d'origine  variable.  Un  cas  dû  à  M.  JofTroy  est 
qualifié  de  pseudo-paralysie  générale  d'origine  hépatique  *. 

Il  n'y  a  donc  là  rien  de  spécial,  encore  moins  de  spécifique. 
Et  l'on  ne  peut  pas  même  faire,  à  propos  de  ces  observations, 
la  remarque  que  nous  faisions  à  propos  de  la  folie  brightique, 
qu'il  existe  certains  symptômes  révélateurs  de  la  nature  de 
l'intoxication.  Il  en  existe  au  moins  un,  cependant,  si  nous 
ne  nous  trompons,  et  nous  aurons  occasion  de  le  signaler 
plus  loin  à  propos  de  nos  observations.  De  même  que  les 
tendances  stuporeuses  accompagnées  de  phénomènes  catalep- 
tiformes  révèlent  souvent  l'empoisonnement  urémique  chez 
un  aliéné,  de  même  la  somnolence  prolongée  rémittente  ou 
continue  nous  paraît  indiquer  l'existence  de  Tauto-intoxica- 
lion  d'origine  hépatique. 

Cela  dit,  à  quels  signes  reconnaîlra-t-on  la  folie  d'origine 
hépatique  ?  D'abord  aux  signes  révélateurs  d'un  mauvais 
fonctionnement  du  foie,  dont  l'énumération,  selon  M.  Klippel, 
est  la  suivante  :  hémaphéisme,  urobilinurie,  selles  fétides, 
subictère  conjonctival  ;  épreuve  positive  de  la  glycosurie 
expérimentale,  albuminurie  et  enfin  modifications  de  la  toxi- 
cité urinaire.  Ajoutons-y  les  signes  physiques,  d'ailleurs 
inconstants,  tirés  de  l'examen  clinique  du  foie  :  la  tuméfac- 
tion et  la  douleur.  Il  ne  suffira  pas  que  les  troubles  mentaux 
paraissent  liés  à  ces  manifestations  hépatiques;  il  faudra 
encore  qu'il  n'existe  concurremment  aucune  cause  générale 
d'origine  infectieuse,  toxique  ou  auto  toxique,  de  nature  à 
expliquer  les  désordres  psychiques. 

*  Société  méd.  des  hôpitaux,  janvier  1896. 


358  CLINIQUB  MBNTALB. 

IL 

Notre  première  observation  concerne  un  individu  qui, 
buveur  sans  être  ivrogne,  fut  atteint  de  mélancolie  avec 
crises  panophobiques  et  concurremment  d'un  trouble  hépa- 
tique qui  a  évolué  peu  à  peu  dans  le  sens  d'une  infection 
accompagnée  d'accès  fébriles  intermittents. 

I.  Observation.  —  P...,  quarante  cinq  ans,  marié,  sans  enfants, 
admis  le  18  novembre  1897,  est  un  homme  grand,  d'embonpoint 
modéré,  d'apparence  robuste  :  son  père  est  mort  il  y  a  dix-hait  ans 
d'une  attaque  d'apoplexie.  Sa  mère  vit  et  se  porte  bien.  Ses  deux 
sœurs  sont  mortes  de  tuberculose  pulmonaire  à  vingt-deux  etàvingt- 
six  ans.  Pas  d'aliénés  dans  la  famille.  Il  n'a  jamais  fait  de  maladie 
sérieuse,  n'a  subi  aucun  traumatisme  crânien  et  avait  joui  jusqu'en 
ces  derniers  temps  d'une  excellente  santé.  Domestique  peu  occupé 
d'une  vieille  dame,  il  menait  une  vie  confortable,  exempte  de 
fatigues  et  de  soucis  et  pour  occuper  ses  loisirs,  fréquentait  le 
cabaret.  On  estime  à  deux  litres  de  vin  blanc  et  à  cinq  ou  six 
petits  verres  d'eau-de-vie  sa  consommation  quotidienne. 

Depuis  deux  mois  il  se  sentait  fatigué,  avait  la  tête  lourde  et  se 
plaignait  de  ne  pouvoir  plus  rassembler  ses  idées.  Un  jour,  ayant 
donné  en  paiement  d'une  petite  acquisition  quelques  sous  étran- 
gers, il  reçut  de  la  marchande  une  observation  désobligeante  dont 
il  demeura  très  troublé.  Depuis,  il  s'imagine  que  tout  le  monde  le 
prend  pour  un  malhonnête  homme,  qu'on  le  regarde  quand  il 
passe  dans  la  rue,  qu'on  rit  de  lui  et  qu'on  tient  sur  son  compte 
des  propos  comme  celui-ci  :c  Tiens,  voilà  P...  le  voleur  qui  passe.  iA 
partir  de  ce  moment  il  appréhende  de  sortir,  a  de  l'insomnie,  se 
lève  et  se  promène  la  nuit  en  proie  à  l'anxiété.  Il  y  a  quatre  jours, 
il  conduisait  cependant  sa  voiture  au  bourg  voisin  pour  faire  quel- 
ques commissions  lorsqu'à  moitié  route,  pris  de  panique,  il  des- 
cend de  son  siège,  attache  son  cheval  à  un  arbre  et  se  met  à  fuir 
dans  la  campagne  jusqu'à  ce  qu'il  tombe  épuisé  de  fatigue.  Ramené 
chez  lui,  il  se  montre  anxieux,  manifeste  des  idées  mélancoliques, 
se  croit  perdu  de  réputation  et  refuse  complètement  de  sortir,  ce 
qui  décide  sa  famille  à  le  placer. 

22  novembre.  —  Le  malade  est  triste,  déprimé,  ne  répond  que 
par  monosyllabes  en  versant  des  larmes;  l'état  général  est  bon; 
cependant  il  y  a  de  l'anorexie ,  la  langue  est  saburrale,  les  con- 
jonctives jaunAtres.il  se  plaint  de  ne  pouvoir  manger,  d'éprouver 
une  céphalée  persistante.  Il  ne  dort  pas  ou  son  sommeil  est  cons- 
tamment troublé  par  des  cauchemars  ;  constipation. 

23.  —  Nuit  mauvaise,  mouvement  fébrile  assez  marqué  ;  les 


HBPATISMB   BT  PSTCHOSBS.  359 

urines,  rares,  sont  d*un  brun  rouge  très  foncé  et  laissent  déposer 
un  abondant  sédiment  uratique;  Je  foie  est  un  peu  congestionné, 
non  douloureux.  Pas  d'ictère.  Rien  du  côté  de  la  rate.  Le  malade 
n*a  jamais  eu  de  Oèvres  palustres  et  n'babite  pas  un  pays  maréca- 
ifeux.  Langue  chargée,  T.  M.  38<>  4  ;  T.  S.  39®  8.  Régime  lacté  ; 
traitement  approprié.  L'urine  ne  contient  ni  albumine,  ni  sucre. 

24.  —  T.  m.  3804  ;  t.  s.  37o  6.  Céphalée  persistante,  le  malade  ne 
délire  pas  et  ne  s'intéresse  à  rien.  11  est  dans  une  demi-somno- 
lence continuelle. 

25.  T.  m.  37^  4.  Les  urines  sont  redevenues  claires.  Le  soir,  la 
fièrre  reparaît,  t.  s.  39<^2. 

Du  26  au  30,  il  y  a  une  amélioration  dans  Tétat  général  ;  pas  de 
fièvre:  le  malade  recommence  à  prendre  quelques  aliments. 

3  décembre.  —  La  fièvre  reparaît.  Le  matin  la  température  était 
de  370  2;  le  soir,  elle  monte  à  39^6.  En  même  temps  la  langue  est 
redevenue  épaisse  et  sale.  Le  régime  lacté  est  de  nouveau  prescrit, 
ainsi  qu'une  médication  appropriée. 

Du  5  au  i3  décembre,  la  fièvre  cesse  de  se  montrer  ;  les  urines 
sont  claires  et  abondantes,  sans  albumine  ni  sucre;  néanmoins 
l'état  gastrique  laisse  toujours  à  désirer.  Ce  môme  soir,  la  fièvre 
reparait,  t.  s.  38o  2. 

14.  —  Le  malade  se  plaint  d'éprouver  chaque  jour  deux  frissons  : 
Tan  après  le  repas  du  matin  et  l'autre  le  soir.  A  2  heures  la  tem- 
pérature rectale  est  à  37^  6,  el  le  soir  37^  2,  seulement. 

15.  — A  2  heures  la  température  est  de2V  8,  le  malade  se  plaint 
toujours  de  fortes  céphalées;  il  est  triste,  déprimé,  dans  une  sorte 
d'hébétude,  pleurant  facilement,  mais  sans  idées  délirantes  au 
moins  eu  apparence. 

16.  —  Température  le  matin  37*,2  ;  à  1  heure  38*     ;  à  7  heures  37«,6. 

17.  -  —  37%2  ;  —         37»,6  ;  — 

18.  —  —  390     .  _         3g«  _  370^4. 

19.  —  —  39«    ;  —         SS"  —  37s6. 

Les  médicaments  administrés  ont  été  les  laxatifs,  le  salicylate  de 
soude  et  le  sulfate  de  quinine  qui,  d'ailleurs,  n'a  donné  aucun  ré- 
sulUt. 

  partir  de  ce  moment,  les  accès  fébriles  ont  à  peu  près  disparu, 
la  température  n'ayant  pas  dépassé  37o  6,  une  fois  ou  deux  et  le 
reste  du  temps  s'étant  maintenue  à  37». 

26.  —  Le  malade,  qui  a  beaucoup  maigri  mais  dont  l'élat  gas- 
trique est  meilleur,  est  remis  peu  à  peu  à  un  régime  plus  substan- 
tiel'qu'il  supporte  bien.  Il  se  plaint  toujours  de  fortes  [céphalées  ; 
l'état  mental  n'est  pas  très  bon  ;  son  sommeil  est  agité  la  nuit 
par  des  rêves  pénibles;  il  croit  assister  à  des  enterrements,  à  des 
accidents,  des  catastrophes  terribles.  Il  est  toujours  déprimé  et 
d'une  tristesse  profonde,  bien  qu'il  n'émette  aucune  idée  délirante. 


360  CLINIQUE   MENTALE. 

31.  —  Malgré  nos  objurgations,  et  tool  ce  qu'on  a  pu  lai  dire 
pour  la  détourner  de  cette  mesure  prématurée,  la  famille  retire  le 
malade. 

5  avril  1898.  —  Nous  apprenons  aujourd'hui  que  P...  s*est  pendu 
<iuinze  jours  après  sa  sortie  de  rétablissement. 

Seule  une  afTection  hépatique  nous  semble  pouvoir  être 
tncriminée  dans  le  cas  précédent  :  les  urines  hémaphéiques 
<lu  début,  la  flcvre  avec  ses  allures  tantôt  rémittentes,  tantôt 
intermittentes,  si  différentes  de  la  fièvre  paludéenne,  Timpuis- 
«ance  du  sulfate  de  quinine,  la  céphalée  persistante  si  voi- 
sine de  la  somnolence,  tout  cet  ensemble  symptômatique 
fait  songer  exclusivement  à  un  état  bilio-septique  que  nous 
ne  chercherons  pas  à  caractériser  davantage  faute  d'avoir  pu 
nous  livrer  à  Texamen  chimique  des  urines  et  d*avoir  pu  suivre 
le  malade  jusqu'au  bout.  Et  la  filiation  des  phénomènes  qui 
ont  produit  ce  résultat  nous  parait  pouvoir  être  établie  ainsi: 

1®  Changement  de  vie.  P..,  paysan  robuste,  habitué* aux 
travaux  des  champs,  devient  un  domestique  inoccupée. 

2""  Changement  de  régime.  En  même  temps  qu'il  cesse  de 
travailler,  P...  laisse  le  régime  végétarien  de  ses  congénères 
pour  vivre  d'un  régime  plus  substantiel  et  plus  animalisé. 

H"*  Excès  alcooliques.  P...  se  met,  par  suite  de  son  nouveau 
régime,  à  boire  du  vin  en  abondance  et,  par  désœuvrement, 
à  faire  des  excès  d'eau-de-vie.  Ces  excès,  quoique  modérés, 
ont  été,  en  raison  des  modifications  apportées  à  son  genre 
de  vie,  particulièrement  nuisibles  à  Téquilibre  de  ses  fonctions 
organiques. 

C'est  sous  l'influence  de  cette  triple  cause  que  le  foie  sur- 
mené a  commencé  à  donner  des  signes  d'une  défaillance  qui 
s'est  immédiatement  traduite  par  de  la  lourdeur  céphaltque 
et  de  l'obtusion  intellectuelle.  Mais  les  effets  cérébraux  de 
l'auto-intoxication  hépatique  étaient  préparés  par  l'impré- 
:gnation  alcoolique  de  la  cellule  nerveuse.  Cette  dernière 
n'avait  pas  succombé  à  l'intoxication  d'origine  externe,  mais 
«a  résistance  en  avait  été  amoindrie  ;  c'est  pourquoi  elle  ne 
put  résister  à  l'appoint  de  l'intoxication  de  cause  interne 
créée  par  l'insuffisance  hépatique.  L'état  infectieux  fébrile 
qui  s'est  manifesté  longtemps  après  le  début  du  trouble  men- 
tal, ne  semble  pas  avoir  eu  grande  influence  sur  lui,  car  pen- 
•dant  toute  la  période  fébrile,  ce  n'est  pas  le  déUre  mais 
l'obtusion  qui  a  dominé. 


HBPATISMB   BT  PSYCHOSES.  361 

L'examen  psychologique  de  ce  cas  n*est  pas  sans  soulever 
des  questions  intéressantes. 

Et  tout  d'abord  la  forme  mentale,  à  rencontre  de  ce  que 
Ton  eût  pu  attendre,  n*est  pas  nettement  caractéristique  d'un 
état  d'intoxication.  Les  symptômes  psychiques  fondamentaux 
et  le  mode  de  terminaison  appartiennent  nettement  à  la 
mélancolie  et  seuls  les  symptômes  secondaires,  tels  que  la 
crise  panophobique  transitoire  signalée  au  début  de  la 
période  d'état  et  les  rêves  terrifiants  dont  le  malade  s'est 
plaint  d'une  façon  constante,  accusent  nettement  l'origine 
du  désordre  mental. 

Ce  fait  n'est  pas  pour  surprendre.  Il  en  est  de  même  dans 
la  seule  observation  jusqu'ici  expressément  qualifiée  de  folie 
hépatique  par  son  auteur,  M.  Klippel,  et  qui  débute  par  la 
manie  ambitieuse.  Il  s' agissait  d'une  dégénérescence  granulo- 
atrophiquedu  foie.  Ce  ne  fut  qu'en  dernier  lieu,  et  seulement 
quelques  jours  avant  la  mort,  que  l'afTection  mentale  prit 
nettement  l'aspect  du  délire  confus  terminal. 

Il  en  est  donc  de  l'auto-intoxication  hépatique  comme  des 
autres,  l'empoisonnement  urémique,  par  exemple  ;  elle  peut 
se  traduire  par  un  syndrome  psychopathique  banal  et  en 
particulier,  comme  dans  notre  observation  précédente,  par 
la  mélancolie. 

La  dépression  mélancolique,  avec  ou  sans  conceptions  déli- 
rantes, nous  parait  être  le  produit  le  plus  direct  de  Thépa- 
lisme  ;  on  l'observe  dans  tous  les  cas  où  le  foie  fonctionne 
mal,  dans  les  états  bilieux,  hémorrhoïdaires,  dyspeptiques, 
transitoires  ou  constitutionnels.  La  mélancolie  a  souvent  pour, 
antécédents  l'uricémie,  la  migraine,  le  rhumatisme  vague, 
états  qui  résultent  de  troubles  nutritifs  auxquels  le  fuie  ne 
reste  pas  étranger. 

L'origine  hépatique  du  mal  chez  notre  malade  se  révèle 
néanmoins  d'une  façon  bien  significative  par  cet  état  de  cépha- 
lée ou  plutôt  d'hébétude  et  de  somnolence  qu'il  a  accusé  avec 
persistance  pendant  tout  le  cours  de  sa  maladie. 

Un  des  phénomènes  nerveux  les  plus  fréquents  parmi  ceux 
qui  résultent  d'un  état  de  soun*rance  du  foie,  est  en  effet  la 
somnolence  et  la  narcolepsie.  Elles  se  manifestent  au  début 
des  états  graves,  mais  peuvent  aussi  se  rencontrer  dans  les 
cas  sans  gravité  réelle.  On  les  observe  dans  la  lithiase 
biliaire.  M.  Léopold  Lévy  a  publié  il  y  a  deux  ans,nlan6  les 


36â  CLINIQUE  MBNTALB. 

Archives  généraies  de  médecine,  l'observation  d'une  dame  de 
trente  ans,  sujette  depuis  quelques  années  à  des  crises  de 
coliques  hépatiques,  qui  pendant  plus  d'un  mois  s  endormait 
à  chaque  instant,  ou  du  moins  tombait,  selon  son  expression, 
dans  un  état  indéfinissable  de  pesanteur  et  de  lourdeur  crâ- 
nienne :  c  On  dirait,  disait-elle,  qu'on  a  posé  un  poids  sur 
ma  tète,  ou  mieux  qu'on  l'a  serrée  entre  deux  objets  sans 
que  cela  ressemble  nullement  à  un  mal  de  tète.  »  Elle  fut 
reprise  à  plusieurs  fois  de  cette  narcolepsie  en  même  temps 
que  de  douleurs  dans  l'hypocondre  droit  '. 

Abordons  maintenant  les  symptômes  qui,  de  l'aveu  una- 
nime, relèvent  incontestablement  d'une  intoxication  ;  je  veux 
dire  la  crise  panophobique  et  les  rêves  terrifiants.  Les  altri- 
buerons-nous  à  l'intoxication  alcoolique,  à  la  toxémie  hépa- 
tique ou  à  ces  deux  causes  réunies  ? 

M.  Klippel  semble  refuser  tout  caractère  spécifique  au 
délire  alcoolique.  Il  est  rationnel,  d'après  lui,  3'admetlre 
qu'en  dehors  de  tout  alcoolisme,  le  délire,  dans  le  cas  d'auto- 
intoxication  hépatique,  puisse  revêtir  la  forme  clinique  qu'il 
a  chez  Talcoolique,  et  les  délires  des  névropathes,  si  souvent 
déterminés  par  auto-intoxication,  ne  seraient  pas  sensible- 
ment différents  de  ce  qu'on  observe  dans  l'alcoolisme. 

Nous  ne  pouvons  souscrire  à  cette  opinion  et  nous  croyons 
que  c'est  une  faute  d'aller  jusqu'à  nier  l'action  spécifique  ou 
tout  au  moins  élective  de  l'alcool  sur  l'élément  nerveux  lui- 
même.  En  allant  du  simple  au  composé  et  en  remontant 
l'échelle  des  accidents  mentaux  d'origine  alcoolique  nous 
voyons  que  l'ivresse  simple  et  l'ivresse  délirante  sont  bien 
l'effet  direct  et  incontestable  de  l'alcool.  L'homme  nerveux,  en 
santé  normale  et  habituellement  sobre,  qui  à  la  suite  de  l'ab- 
sorption d*un  apéritif  a  dans  la  nuit  des  rêves  terrifiants  et  qui 
n'en  a  que  dans  ces  conditions  absolument  étroites  et  définies, 
subit  bien  une  action  toxique  directe  de  l'alcool.  Le  dégénéré 
qui  vient  de  faire  un  accès  de  mélancolie  sous  l'influence 
d'une  cause  morale  et  qui,  convalescent,  guéri  de  son  accès, 
sortant  de  l'asile  sous  la  conduite  de  ses  parents  pour  faire 
une  de  ces  parties  champêtres  si  chères  à  quelques-uns  de 
nos  collègues,  nous  est  ramené  deux  ou  trois  heures  après  en 
proie  à  un  accès  de  manie  ambitieuse  pour  quelques  liba- 

*  Léopold  Lévy.  —  Somnolence  et  narcolepsie  hépatiques  {Arch.  gén. 
de  >nc</.,  4896). 


HÈPATISMB   BT  PSYCHOSES.  363 

tions  en  Tbonneur  des  dieux  champêtres,  subit  bien  l'action 
directe  de  l'alcool.  Et  enfin,  le  buveur  qui,  sans  autres  symp- 
tômes prémonitoires  qu'un  sommeil  troublé  par  des  rêves 
pénibles,  est  pris  de  ce  délire  hallucinatoire  et  panophobique 
d*une  durée  en  général  si  brève  et  d'une  allure  si  particulière 
que  pas  un  spécialiste  n'hésitera  à  en  faire  le  diagnostic  d'un 
simple  coup  d'oeil,  subit  bien  l'action  directe  et  cette  fois, 
j'ajouterai  —  spéciflque  —  de  lalcool. 

Dans  ces  cas  très  simples  nous  ne  voyons  pas  comment  on 
s'y  prendrait  pour  nier  l'action  spéciale  et  directe  de  l'alcool 
sur  la  cellule  nerveuse.  On  reconnaît  à  la  plupart  des 
poisons  d'origine  végétale,  les  haschisch,  la  belladone,  pour 
ne  citer  que  les  principaux,  la  propriété  de  provoquer  direc- 
tement un  délire  à  caractères  propres  :  cette  propriété  serait- 
elle  désormais  refusée  à  l'alcool,  après  lui  avoir  été  unani- 
mement reconnue  depuis  que  les  hommes  boivent  du  vin  ? 

La  clinique  nous  offre  de  temps  en  temps  cette  observation 
singulièrement  intéressante  d'un  ancien  alcoolique,  affaibli 
mentalement,  qui  soudain,  au  cours  d'une  vie  forcément 
abstinente,  est  repris  d'un  délire  panophobique  absolument 
semblable  à  celui  qu'avait  autrefois  produit  l'alcool.  Exami- 
nez le  foie,  nous  dirait  M.  Klippel,  car  :  «  le  délire  alcoolique 
se  montre  en  certains  cas  en  relation  évidente  avec  l'auto- 
intoxication  hépatique  sans  que  l'inffuence  de  l'alcool  puisse 
être  autrement  invoquée  que  par  son  action  antérieure  sur 
la  cellule  hépatique  ».  Et  pourquoi  pas  aussi  sur  la  cellule 
cérébrale  ?  N'est-il  pas  plus  naturel  d'admettre  qu'il  s*agit 
d'un  phénomène  de  rappel  et  que,  lésée  d'ores  et  déjà  par 
l'alcool,  cette  cellule  a  gardé  une  certaine  infériorité  fonction- 
nelle qui  ne  lui  permet  pas  de  résister  à  une  intoxication 
surajoutée,  qu'elle  soit  d'origine  hépatique  ou  qu'elle  vienne 
d'ailleurs  ? 

Au  surplus,  malgré  l'extrême  diversité  des  aspects  que  peut 
revêtir  l'alcoolisme  délirant,  il  se  présente  dans  la  majorité 
des  cas  sous  des  traits  assez  facilement  reconnaissables  pour 
que  le  clinicien  ne  puisse  s*y  tromper.  Outre  ses  hallucina- 
tions si  remarquables  par  leur  mobilité,  leur  nombre,  leur 
forme,  il  a,  selon  le  mot  de  Lasègue,  son  inventivité  qui  suffi- 
rait à  elle  seule  à  le  distinguer  des  confusions  mentales 
d*autre  origine.  Par  son  action  élective  sur  la  cellule  céré- 
brale, l'alcool  est  essentiellement  investi  d'un  pouvoir  excito* 


364  CLINIQUB  MENTALE. 


délirant,  nous  dirions  presque  à  l*inverse  des  auto-toxines  ' 
dont  TefTet  est  de  stupéBer  plus  souvent  que  d*exciter  le  sys-  i 
tème  nerveux.  j 

La  spécificité  du  délire  alcoolique  est  tellement  réelle  que        ] 
nous  n'hésitons  jamais  à  le  reconnaître  au  milieu  de  complexus        | 
délirants  d'autre  nature.  Ne  distinguons-nous  pas  journelle-        | 
ment  ce  qui  revient  à  l'alcoolisme  dans  une  mélancolie,  dans 
nn  délire  systématisé  ?  Qui  oserait  nier  l'action  propre  de 
l'alcool  dans  les  manifestations  délirantes  de  certains  épilep-        ' 
tiques?  Et  pour  tout  résumer  d'un  mot,  la  coïncidence  de 
plusieurs  délires  d'origine  différente  chez  un  même  malade 
n'est-elle  qu'une  notion  illusoire  qu'il  faut  abandonner  au 
lieu  de  la  tenir  pour  un  progrès  réel  dans  la  séméiologie  des 
maladies  mentales  ? 

Le  rêve  à  demi-conscient  du  buveur  avec  sa  durée  éphémère 
et  ses  allures  fantastiques  est  bien  le  produit  direct  de  ses 
excès  et  il  ne  faut  pas  craindre  de  le  dire  :  la  confusion  mentale 
du  constipé,  du  convalescent  de  fièvre  typhoïde,  de  Tinanilié, 
de  l'hépatique,  de  Turémique,  de  l'auto-intoxiqué,  en  un  mot, 
n'est  pas  celle  de  l'alcoolique,  et  c'est  précisément  quand 
nous  voyons  les  caractères  asthéniques,  stuporeux  ou  démen- 
tiels de  ces  dernières  se  montrer  chez  un  alcoolisé  que  nous 
sommes  en  droit  de  ne  plus  le  considérer  comme  un  alcoo- 
lique pur,  et  de  voir  en  lui  par  surcroît  un  auto-intoxiqué. 

Lasègue,  qui  a  fait  une  analyse  si  pénétrante  de  l'alcoolique 
délirant,  n'a  pas  méconnu  ces  différences.  Il  fait  précisément 
cette  remarque,  que  le  délire  qui  survient  après  abstinence 
chez  un  alcoolique  en  état  de  maladie  aiguë  diffère  du  véri- 
table délire  alcoolique  et  il  écrit  cette  phrase  signiGcative  : 
«  Ce  délire  calme,  moins  inventif,  se  ressent  de  l'engourdis- 
sement ou  plutôt  de  l'indifférence  intellectuelle  du  malade.  » 

Pour  en  revenir  à  notre  malade  il  nous  semble  en  défini- 
tive que  la  crise  panophobique  et  les  rêves  terrifiants  relèvent 
plutôt  de  l'intoxication  alcoolique  que  de  l'hépatisme,  quoi- 
qu'il soit  probable  que  si  le  foie  n'eût  pas  été  louché,  ces 
accidents  eussent  pu  se  faire  longtemps  attendre.  L'insuffi- 
sance hépatique  aurait  donc  hâté  plutôt  que  provoqué  l'appa- 
rition de  ces  symptômes. 

D'une  façon  générale,  d'ailleurs,  nous  pensons  que  ce  n'est 
qu'avec  une  extrême  prudence  qu'en  face  d'une  intoxication 
mixte  comme  celle   qui  résulte  d'une  part  de    l'alcool  et 


HÊPATI8MK   ET   PSYCHOSES.  365 

d'autre  pari  d*un  mauvais  fonctionnement  du  foie,  il  faudra 
se  prononcer  pour  l'actiua  prépondérante  de  Tauto-intoxica- 
tion,  tant  la  puissance  perturbatrice  de  i'alcool,  au  point  de 
vue  mental,  l'emporte,  à  notre  avis,  sur  celle  des  intoxica- 
tions d'origine  interne. 

III. 

Dans  notre  seconde  observation,  nous  avons  affaire  à  un 
cas  de  folie  aiguë  éclos  au  cours  d'une  crise  hépatique  provo* 
quée  par  la  lithiase  biliaire. 

Observation  II.  ^M"^*  R...,  quarante  ans,  religieuse,  est  admise 
le  5  juillet  1897.  Aucun  renseignement  sur  ses  antécédents  hérédi- 
taires. VAle  est  fille  de  cousins  germains  ;  son  père  et  sa  mère  sont 
morts  jeunes  d'affections  indéterminées.  C'est  une  femme  grande 
et  ferle,  un  peu  polysarcique,  d'un  caractère  mobile  et  facilement 
excitable.  Dans  son  enfance,  elle  a  eu  la  rougeole  et  une  pneu- 
monie. Elle  était  très  sujette  aux  angines  et  à  la  moindre  fièvre 
avait  du  délire.  11  y  a  douze  ans  environ  elle  commença  à  éprouver 
des  coliques  hépatiques  dont  les  accès  devinrent  de  plus  en  plus 
fréquents.  Peu  de  temps  après,  des  phénomènes  nerveux  compli- 
quèreut  son  état  :  elle  devint  sujette  à  des  crises  qualifiées  de 
catalepsie  par  Je  médecin  qui  la  soignait.  A  la  moindre  contra- 
riété elle  tombait  dans  une  de  ces  crises,  ce  qui  l'obligea  à  aban- 
donner l'enseignement.  D'après  la  description  assez  vague  qui  nous 
en  a  été  faite,  ces  crises  nous  paraissent  de  nature  hystérique  et 
constituées  par  une  période  épileptoïde  pure  et  simple  sans  phases 
coDvulsives  avec  résolution  musculaire  et  sommeil  prolongé.  Enfin, 
elle  aurait  eu  une  fois,  à  une  époque  que  Ton  ne  peut  préciser,  des 
coliques  néphrétiques. 

Cliaque  année,  la  malade  allait  fairp  une  saison  à  Vichy.  Elle  y 
était  donc  cette  année  comme  d'habitude,  suivant  un  traitement 
très  mitigé,  prenant  des  bains  et  buvant  de  loin  en  loin  quelques 
gorgées  à  l'Hôpital  et  à  la  Grande-Grille,  quand  elle  fut  prise  d'une 
crise  hépatique  qui  se  prolongea  et  qui  se  compliqua  peu  à  peu  de 
dépression  mélancolique,  d'hypocondrie  etd'anxiété.  De  violents 
orages  qui  survinrent  à  ce  moment  et  qui  Tatiectèrent  d'autant  plus 
qu'elle  a  toujours  eu  une  peur  extrême  du  tonnerre  (astrophobie), 
achevèrent  de  jeter  la  perturbation  dans  son  état  mental  et  une 
violente  crise  maniaque  éclata.  La  malade  fut,  avec  les  plus 
grandes  difficultés,  transférée  de  Vichy  à  l'asile  de  LaKoche-sur-Yo:i 
où  elle  est  admise  assez  tard  dans  la  soirée. 

7  juillet.  —  La  nuit  a  été  calme.  La  malade  est  dans  un  hébéte- 
ment profond  avec  gâtisme  complet.  Pas  d'embarras  gastrique. 


366  CLINIQUE  MBNTALB. 

langue  bonne  ;  légère  teinte  subictérique  des  conjonctives.  Le  foie 
ne  parait  pas  sensiblement  augmenté  de  volume,  mais  toute  la 
région  esb- douloureuse  au  toucher  et  la  malade  ne  se  laisse  pas 
volontiers  examiner.  Cœur  sain.  En  raison  du  gâtisme,  les  urines 
ne  peuvent  être  examinées. 

8.  —  Hébétude,  ou  plutôt  torpeur  entrecoupée  de  petites  phases 
de  relour  partiel  de  la  conscience.  Â  certains  moments,  la  torpeur  est 
profonde,  avecgrand  gâtisme:  à  d*autres,  elle  diminue;  la  malade  a 
alors  une  lueur  fugitive  de  conscience,  pendant  laquelle  l'intelli- 
gence reste  profondément  obtuse  et  troublée  ;  elle  ne  se  rappelle 
pas  d*un  instant  à  Tautre  ce  qu'elle  vient  de  faire  ou  de  demander  ; 
pose  des  interrogations  saugrenues  à  propos  de  tout  :  <  Qu*est-ce 
que  de  Teau  ?...  qu*est-ce  que  du  pain  ?...  qu'est-ce  que  manper?... 
qu*est-ce  que  dormir  ?...  etc.  »  Nuit  calme.  La  teinte  subictérique 
des  conjonctives  et  des  téguments  a  augmenté.  Eruption  des  règles. 
Peau  chaude  et  moite,  sans  fièvre.  La  malade  est  le  plus  souvent 
aiSaiée  dans  un  fauteuil,  la  face  jaunâtre,  les  pommettes  marbrées 
d'ttn  lacis  très  serré  de  vaisseaux  violacés,  l'œil  fîxe  et  vague  gar- 
dant un  mutisme  obstiné  on  prononçant  de  loia  en  loin  quelques 
monosyllabes  dénués  de  sens. 

9.  —  Mêmes  alternatives  d'abrutissement  profond  avec  gâtisme 
et  quelques  éclairs  de  lucidité  relative.  Tendances  à  la  violence  : 
tantôt  elle  se  laisse  tomber  de  tout  son  poids  sur  les  autres  malades, 
ou  leur  saisit  le  nez,  cherchant  â  le  tordre.  Continuation  du 
gâtisme  :  on  constate  que  les  selles  sont  composées  d'aliments  non 
dijL:érés,  presque  intacts. 

10.  —  Depuis  hier,  quatre  heures,  une  certaine  lucidité  a  persisté; 
la  teinte  subictérique  a  diminué  ;  aux  selles  non  digérées  a  succédé 
une  diarhée  bilieuse  modérée.  Nous  profitons  du  mieux  relatif  de 
la  malade  pour  rechercher  les  stigmates  de  Thystérie,  mais  notre 
examen  est  négatif. 

il.  —  La  journée  d'hier  a  été  passable;  pas  de  stupidité,  nuit 
calme  et  propre.  Ce  matin  légère  excitation,  la  malade  cherche  à 
frapper  :  elle  dit  que  ça  la  soulagerait  de  faire  du  mal  à  quelqu'un. 
Crises  de  forme  léthargique:  soudain  elle  se  laisse  tombe,  inerte  et 
demeure  sans  mouvement.  C  est  ainsi  que  nous  la  trouvons  à  la 
visite,  étendue  sur  le  dos,  les  yeux  fermés,  immobile,  les  membres 
souples,  indifférente  aux  excitations,  avec  un  pouls  normal  ou 
légèrement  ralenti. 

16.  —  Persistance  des  alternatives  de  dépression  et  de  lucidité 
relative.  Les  accès  sont  un  peu  plus  espacés  et  les  nuits  sont  meil- 
leures ;  le  gâtisme  a  diminué.  Hier  matin,  la  malade  était  tout  à 
fait  bien  et  se  livrait  au  travail  manuel  ;  mais  quelques  instants 
après  elle  a  été  reprise  d'une  de  ses  crises  à  forme  léthargique. 
Dans  l'après-midi,  excitation,  cris  inarticulés;  elle  cherche  à  se 
laisser  couler  au  fond  de  sa  baignoire. 


HÉPATI8MB  ET  PSYCHOSES.  367 

47.  —  Ce  malin,  elle  est  très  bien,  calme,  lucide,  s'occupe  ;  elle 
a  conscience  du  cours  du  temps,  sait  la  date  du  jour.  Hier  la  jour- 
née a  été  agitée  :  elle  se  mettait  à  quatre  pattes,  aboyait,  lirait  la 
langue,  se  disait  un  chat,  un  chien.  La  nuit  a  été  calme  et  propre. 
Urines  pAles,  floconneuses  ;  une  goutte  d'acide  leur  rend  leur  lim- 
pidité ;  elles  ne  contiennent  ni  sucre  ni  albumine.  Région  hépa- 
tique toujours  sensible.  La  malade  nous  dit  qu'elle  souffre  souvent 
dans  répaule  droite. 

24.  —  L'amélioration  mentale  continue,  mais  il  y  a  un  grand 
affaissement  physique  ;  la  malade  se  traîne  avec  peine,  incapable 
de  s'habiller  ou  de  se  déshabiller  seule.  Elle  a  complètement  oublié 
tout  ce  qui  s'est  passé  depuis  son  départ  de  Vichy.  L'œil,  au  repos, 
demeure  atone  et  perdu  dans  le  vague.  Léger  gonflement  des 
jambes,  phénomène  habituel  chez  la  malade,  et  attribué  par  elle  à 
des  varices  profondes. 

27.  —  Persistance  du  mieux  ;  le  foie  est  moins  sensible  ;  il  n'y 
a  plus  qu'un  point  douloureux  au  creux  épigastrique.  Pasd'hyper- 
mégalie.  Cœur  normal.  La  lucidité  revient  de  plus  en  plus,  ainsi 
que  Tactivité  mentale.  La  malade  se  plaint  du  régime  qu'elle  trouve 
insuffisant,  elle  manifeste  une  véritable  boulimie,  phénomène  qui 
existait  antérieurement  et  qui  nous  a  été  signalé.  Elle  a  Thabitude 
de  manger  à  toute' heure  du  jour  et  de  la  nuit. 

3i.  —  Lucidité  complète  ;  intelligence  normale.  On  constate 
néanmoins  encore  un  peu  de  fatigue  cérébrale  ;  en  écrivant,  elle 
omet  des  mots,  écrit  correctement  la  première  page,  moins  bien  la 
seconde,  et  griffonne  la  troisième.  L'apathie  physique  est  toujours 
extrêmement  prononcée. 

Sortie  guérie  le  2  août 

Dans  cette  observation  si  différente  de  la  précédente  au 
point  de  vue  clinique,  nous  retrouvons  la  coïncidence  d'un 
état  de  souiTrance  du  foie  et  d'un  trouble  mental,  ce  dernier, 
consécutif  et,  en  apparence  tout  au  moins,  subordonné  au 
premier. 

Mais  alors  que  dans  le  cas  précédent  Taffection  du  foie  était 
d'une  nature  complexe,  nous  avons  affaire  ici  à  une  auto- 
intoxication  par  torpeur  du  foie  et  résorptioa  partielle  de  la 
bile,  conséquence  de  Tobstruction  et  de  l'état  de  souffrance 
des  voies  biljitres.  Au  cours  de  ce  processus,  la  folie  éclate 
sous  l'influence  probable  d'un  choc  moral,  d'une  peur  ;  et  elle 
semble  si  bien  liée  au  trouble  hépatique  que  ce  dernier  conti- 
nue à  évoluer  après  l'explosion  des  troubles  mentaux  et  que 
nous  assij^tops  successivement,  au  cours  de  ces  derniers,  à  une 


368  CUNIQUB  MENTALB. 

phase  d'acholie,  à  Tenvahissement  de  Tictère,  et  eofia  à  uae 
phase  de  polycholie  critique. 

Mais  pour  être  évidents  les  liens  qui  unissent  les  deux  sya- 
dromes  n*en  sont  pas  plus  faciles  à  démêler  pour  cela.  S* agit-il 
d'une  action  propre  et  directe  sur  le  cerveau  de  Thépato- 
toxémie,  ou  d*une  simple  action  à  distance,  d'une  action 
réflexe,  sympathique,  en  un  mot  ? 

Cette  hypothèse,  en  somme,  pourrait  se  soutenir.  Les  folles 
sympathiques,  après  avoir  joui  d'une  grande  faveur,  sont 
tombées  dans  un  discrédit  presque  complet  qui  nous  parait 
d'ailleurs  justifié  ;  elles  ne  méritent  pas  toutefois  d'être  com- 
plètement rayées  des  cadres  de  la  pathologie  mentale.  Dans 
la  pathologie  du  foie  Tobservation  d'actions  réflexes  morbides 
n'est  pas  exceptionnelle.  Les  coliques  hépatiques,en  particu- 
lier, ont  parfois  provoqué  l'apparition  de  rhystérie,  de  1  epi- 
lepsie,  d'une  hémiplégie  droite,  de  convulsions  localisées,  de 
névralgies  intercostales,  iléo-lombaires,  etc.  Les  faits  d'inhi- 
bition nerveuse  au  cours  de  la  lithiase  biliaire  ne  sont  pas 
non  plus  absolument  rares  et  on  a  vu  la.  mort  survenir  au 
cours  d'une  colique  hépatique  sans  complication  infectieuse 
d'aucune  sorte.  On  ne  voit  pas  pourquoi  ces  mêmes  méca- 
nismes ne  pourraient  pas  déterminer  des  troubles  intellec- 
tuels. 

Nous  répugnons  cependant  à  voir  dans  le  cas  présent  un 
trouble  mental  sympathique  ou  réflexe. 

La  nature  de  ce  trouble  mental  est-elle  du  moins  de  nature 
à  nous  éclairer  et  peut-on  par  l'étude  des  symptômes  remon- 
ter sûrement  à  la  cause  qui  les  a  faitnaitre  ?  Pas  d'une  façon 
absolue.  Il  ne  nous  semble  pas  démontré,  en  effet,  que  les 
troubles  psychiques  en  question  soient  un  cas  de  folie  du 
type  confusion  mentale  pi'imilive. 

Nous  avons  blende  la  stupeur,  mais  pas  de  délire  de  rêve, 
pas  même  de  conceptions  délirantes  à  un  degré  quelconque; 
d'ailleurs,  les  phénomènes  généraux  somatiques  qui  accom- 
pagnent la  confusion  mentale  primitive  font  complètement 
défaut  :  l'état  général  est  plutôt  florissant,  il  n'y  a  pas  d'em- 
barras gastrique,  pas  de  constipation  ;  la  stupeur  n'est  pas  de 
la  stupeur,  mais  de  la  torpeur  cérébrale  ;  cette  torpeur  est 
rémittente  et  entrecoupée  de  fréquents  intervalles  pseudo- 
lucides ;  et  enfin  elle  s'accompagne  de  troubles  nerveux  qui 
ont  un  cachet  hyslériforme  assez  marqué  pour  qu'on  soit  en 


HBPATISMB  BT   PSYCH08B8.  369 

droit  de  songer  à  Tintervention  de  cette  maladie.  Les  crises  à 
forme  léthargique,  en  particulier,  nous  paraissent  pouvoir 
être  rattachées  à  rhystérie,  à  moins  qu'on  ne  veuille  y  voir 
un  effet  direct  de  Thépatotoxémie  sur  le  système  nerveux,  ce 
qui  est  encore  une  hypothèse  acceptable.  Nous  aurions  donc, 
dans  cette  hypothèse,  affaire  à  un  produit  complexe  résultant 
du  tempérament  uévropatique  manifeste  de  la  malade  et  de 
rhépatisme,  et  nous  reconnaîtrions,  sous  une  forme  modiGée 
par  le  terrain,  la  torpeur  habituelle  à  cette  auto-intoxication, 
torpeur  qui,  après  s*ètre  manifestée  pendant  de  nombreuses 
années  sous  la  forme  atténuée  de  crises  de  forme  léthargique, 
se  serait  établie  à  demeure  sous  le  masque  d'une  stupidité 
mentale  subcontinue. 

IV. 

Un  fait  digne  d'intérêt  est  que  Téclosion,  au  cours  d'une 
folie  chronique,  d'une  affection  du  foie  n'en  modifie  ordinai- 
rement ni  la  marche  ni  les  symptômes.  Tout  au  plus  le  trouble 
hépatique  intervient-il,  par  l'intermédiaire  de  la  sensibilité, 
pour  colorer  le  délire  d'une  teinte  spéciale. 

Observation  III.  —  Virginie  M...,  femme  0...,  quarante-deux  ans, 
mariée,  mère  de  plusieurs  enfanls,  est  admise  le  âO  avril  1883. 

C'est  une  grande  et  forte  campa^^narde,  d'un  tempérament  lym- 
phatique, portant  à  Tavant-bras  droit  les  traces  d'un  abcès  froid 
ancien,  mais  d'aspect  florissant  et  n'ayant  jamais  fait  de  graves 
maladies.  Son  père  a  été  aliéné,  mais  a  guéri;  cependant  il  n'a  pas 
la  tète  solide.  Un  oncle  paternel  ivrogne. 

Le  début  de  la  maladie  actuelle  remonte  à  1877  et  parait  avoir 
coïncidé  avec  une  ménopause  précoce.  A  ce  moment  son  caractère 
s'est  aigri,  elle  a  pris  en  aversion  son  entourageet  particulièrement 
son  mari  qu'elle  accuse  de  vouloir  l'empoisonner.  Pour  se  mettre 
à  Tabri  des  persécutions  dont  elle  se  croit  victime,  elle  quitte  le 
domicile  conjugal  pour  s'installer  dans  une  étabie  où  elle  s'isole 
pendant  plusieurs  années.  Elle  vit  dans  un  état  d'exaspération  con- 
tinuel, en  proie  aux  hallucinations,  invectivant  ses  gens,  les  insul- 
tant, les  accablant  de  menaces  et  de  mauvais  traitements.  Elle 
répète  souvent  que  si  elle  savait  manier  un  fusil,  ils  n'auraient  pas 
longtemps  à  vivre. 

Admise  à  l'établissement,  on  constate  chez  elle  un  délire  systé- 
matisé avec  hallucinations  de  Touïe,  dissociation  des  idées,  alter- 
natives d'apathie  et  d'excitation,  conceptions  délirantes  les  unes 
mystiques,  les  autres  relatives  à  son  mari  qu'elle  accuse  de  faire 

Abchivbs,  2«  série,  t.  VI.  24 


370  CLINIQUE   MENTALE. 

le  mal,  de  se  charger  des  péchés  des  autres,  d*avoir  voulu  em- 
poisonner tons  ceux  qui  mangeaient  chez  lui  :  elle  a,  dit-elle, 
éprouvé  fréquemment  des  malaises  qui  venaient  de  là.  Elle  parle 
constamment  seule,  cherchant  à  s'isoler.  Elle  s'occupe  un  peu, 
mais  d'une  façon  irréguliëre. 

Trois  mois  après  son  entrée,  elle  a  une  crise  de  coliques  hépati- 
ques qui  attise  son  délire  :  elle  attribue  ces  dernières  à  des  en- 
nemis qui  jettent  le  mal  sur  elle  ;  elle  proteste  de  son  innocence, 
dit  qu'elle  a  supporté  bien  d'autres  souffrances,  mais  quelle  oe 
•veut  pas  supporter  celle-ci. 

A  partir  de  ce  moment,  les  crises  hépatiques  se  repétèrent  à 
•époques  irrégulières.  D'abord  assez  éloignées,  elles  revenaient, 
dans  ces  derniers  temps,  tous  les  deux  ou  trois  mois.  Elle  duraient 
plusieurs  jours,  s'accompagnant  de  phénomènes  généraux  et 
locaux  (douleurs  abdominales,  vomissements,  embarras  gastriqae, 
fièvre  sans  ictère).  Elles  avaient  pour  effet  d'exaspérer  les  idées 
d'empoisonnement  et  de  provoquer  de  l'agitation.  Elles  finit  par 
manifester  en  permanence  des  illusions  du  goût  et  de  la  sensibilité 
générale,  se  plaignait  qu'on  lui  coupât  les  bras  et  les  jambes;  trou- 
vait des  crapauds,  des  grenouilles,  des  pierres  dans  ses  aliments  ; 
n'aurait  jamais  consenti  à  boire  dans  un  verre  ;  se  soumettait  à  des 
régimes  excentriques,  ne  consentant  pendant  des  périodes  de 
quinze  jours  et  plus  à  ne  prendre  avec  son  pain  qu'un  aliment 
unique,  sucre,  beurre,  chocolat,  confiture,  sel  et  poivre,  etc. 

Le  17  mai  1898,  elle  est  prise  de  coliques  violentes  qui  au  bout 
de  deux  jours  s'accompagnent  d'un  ictère  intense,  avec  fréquence 
et  petitesse  du  pouls.  Le  21  mai,  elle  succombait  brusquement 
dans  le  collapsus  avec  refroidissement,  sans  autres  manifestations 
psychopatiques  que  ses  idées  délirantes  habituelles.  Une  heure 
avant  de  mourir,  elle  demandait  qu'on  lui  donnât  du  paiu  et  une 
pomme  qui  ne  fussent  pas  empoisonnés. 

L'autopsie  n'a  pu  être  faite. 

Aiasi,  chez  cette  délirante  systématique,  le  seul  elTet  de  la 
lithiase  biliaire  et  de  ses  conséquences  sur  les  fonctions 
hépatiques  a  été  de  provoquer  des  idées  d'hypocondrie  et  de 
persécution  ayant  trait  aux  organes  digestifs.  L'influence  de 
l'ictère  grave  terminal  a  été  absolument  nulle  sur  l'état 
mental  ;  aucune  complication  délirante  n'est  survenue  de 
son  fait  ;  pas  de  délire  fébrile,  pas  d'hallucinations  de  la 
vue  ni  de  confusion  des  idées,  en  un  mot  aucun  des 
symptômes  psychiques  qui  sont  raccompagneinent  habituel 
des  toxi-infections  graves. 

Et  ce  fait  est  habituel.  Parmi  les  nombreuses  observations 
que  nous  pourrions  fournir  à  l'appui  de  cette  particqlarité 


HBPATISMB  BT  PSYCHOSBS.  371 

nous  en  choisirons  seulement  trois  se  rattachant  à  des  affec- 
tions hépatiques  différentes. 

Observation  IV.  —  Joseph  C...,  soixante-treize  ans,  cullivateur, 
est  admis  pour  la  seconde  fois  le  28  janvier  1874. 

11  y  a  huit  ans,  en  i866,  ii  a  subi  un  violent  traumatbme  crar 
nien.  L*avant  d^une  charrette  chargée  de  cinq  pièces  de  vin,  s'étant 
abattu  sur  sa  tète,  lui  fit  une  plaie  du  cuir  chevelu  dirigée  d*ar- 
rière  en  avant  de  la  partie  supérieure  du  pariétal  droit  à  la  partie 
inférieure  du  temporal,  et  le  laissa  pendant  trois  heures  sans  con- 
naissance. A  la  suite  de  cet  accident  se  développa  un  accès  de 
manie  avec  un  satyriasis  intense  que  rien  n'a  pu  modifier.  Placé  à 
Tasile  C...  est  sorti  au  bout  de  quelque  temps  calmé,  mais  non 
guéri. 

L'accès  actuel  n'est  donc  qu'une  recrudescence  d'un  trouble 
mental  déjà  ancien.  Le  malade  est  a^ité,  avec  désordre  des  idées 
et  des  actes,  troubles  de  la  sensibilité  générale,  idées  vagues  de 
persécution  par  la  physique,  propos  cyniques  et  graveleux.  Il  se 
figure  que  nou»  le  travaillons  la  nuit  et  s'en  plaint  avec  irritation. 
11  se  livre  à  la  masturbation  et  nous  eu  fait  part  avec  satisfaction  ; 
malpropreté  dégoûtante,  chants  et  paroles  obscènes,  agitation  per- 
pétuelle. 

1'^  janvier  1875.  —  L'agitation  se  maintient  avec  les  mêmes 
caractères;  mais  depuis  quelque  temps  C...  maigrit  d'une  façon 
évidente.  Il  présente  un  peu  d'ictère  ;  ses  selles  sont  décolorées. 

11.  —  L'ictère  augmente  sans  que  l'excitation  maniaque  se 
modifie.  11  existe  un  œdème  considérable  des  membres  inférieurs. 
Les  cuisses  sont  le^siège  d'un  purpura  bémorrhagique  très  con- 
finent, surtout  à  gauche.  Le  foie  parait  considérablement  diminué 
de  volume.  Urines  brunes,  chargées  de  pigment  biliaire.  Vomisse* 
menls,  fièvre,  soif  vive;  t.  38®  2. 

13.  —  Le  mai  fait  des  progrès  rapides  ;  l'excitation  est  tombée 
et  remplacée  par  une  somnolence  continuelle;  ictère  de  plus  en 
plus  foncé.  Pouls  petit  et  misérable  ;  diarrhée  profuse,  sueurs  ; 
t.  36<»  8,  puis  bientôt  de  36'^ 2.  — Les  vomissements  sont  incessants  ; 
la  somnolence  s'accentue  et  se  transforme  peu  à  peu  en  coma. 
Le  malade  succombe  à  cinq  heures  du  matin,  le  14  janvier. 

Autopsie.  —  Le  cadavre  devant  être  transporté  dans  la  famille, 
nous  avons  dû  nous  contenter  d'examiner  le  foie  et  la  rate. 

Le  foie,  très  atrophié,  pèse  1310  grammes;  la  capsule  est  ridée, 
ratatinée  et  très  épaissie.  La  substance  en  est  résistante  à  la  coupe, 
qui  apparaît  comme  verdâlre,  parsemée  de  points  d'un  jaune  clair. 
La  vésicule  est  très  distendue  par  une  grande  quantité  de  bile 
claire  et  fluide.  Il  y  a  deux  litres  environ  de  sérosité  colorée  dans 
le  péritoine. 
La  rate  ne  parait  pas  beaucoup  augmentée  de  volume  ;  sa  capsule 


373  CLINIQUE   MBNTALE. 

est  opaque,  épaissie,  recouverte  d'une  sorte  d'ezsudat  blanchâtre 
épais.  Elle  est  très  ramollie  et  son  parenchyme  a  l'aspect  d'une 
bouillie  rouge,  lie  de  vin. 

S*il  est  un  antécédent  qui  prédispose  au  de'lire,  c'est  bien 
le  traumatisme  du  crâne.  Or,  malgré  la  prédisposition  ainsi 
créée,  malgré  Texistence  d'une  psychose  de  forme  maniaque 
qui  semble  avoir  été  une  première  conséquence  de  ce  trauma- 
tisme, le  cerveau  se  refuse  à  faire  du  délire  toxi-infectieax 
et  seule  la  somnolence  de  la  période  terminale  est  la  preuve 
qu'il  est  cependant  influencé  par  la  lésion  hépatique  inter- 
currente. On  pourrait  soutenir  que  la  toxémie  hépatique 
n'était  peut-être  pas  étrangère  à  la  psychose  de  ce  malade, 
ou  tout  au  moins  à  la  recrudescence  des  désordres  mentaux 
qui  nécessita  la  seconde  séquestration;  mais  cette  hypothèse 
une  fois  admise,  il  resterait  à  expliquer  pourquoi  le  délire 
n'a  pas  été  en  augmentant  parallèlement  à  la  lésion  viscé- 
rale, conformément  à  ce  qui  s'est  passé  dans  les  cas  publiés 
sous  le  nom  de  folie  hépatique. 

Observation  V.  —  Elisabeth  B...,  née  en  1822,  est  admise  le 
6  septembre  1852.  Le  diagnostic  porté  à  l'entrée  était  lypémanie. 
Une  note  de  1873,  époque  où  j'ai  commencé  à  observer  la  malade, 
est  ainsi  conçue  :  c  Cette  malade  manifestait  autrefois  des  idées  de 
persécution  ;  les  conceptions  délirantes  se  sont  affaiblies  en  même 
temps  que  ses  facultés  intellectuelles.  11  existe  des  hallucinations  : 
on  la  voit  souvent  poursuivre  à  coups  de  bâton  des  personnages 
imaginaires  qu'elle  accable  d'injures  et  qui  disparaissent  à  travers 
les  murs.  Elle  s^agite  de  temps  en  temps,  s'emporte,  menace  et  en 
vient  à  la  violence.  Signalée  toujours  pour  son  mauvais  caraclère. 
On  voit,  dans  des  notes  très  anciennes  consignées  au  registre  de  la 
loi,  qu'elle  refusait  absolument  la  viande  et  ne  se  nourrissait  que 
de  pain  et  de  végétaux.  »  En  somme  il  s'agit  de  démence  secondaire 
avec  délire  de  persécution. 

Le  20  février  1875,  la  malade  est  prise  de  la  grippe  qui  à  ce 
moment  règne  épidémiquement.  On  constate  en  môme  temps  une 
vive  douleur  à  i'épigastre  et  dans  l'hypocondre  droit.  Céphalalgie, 
vomissements  répétés,  toux,  lièvre. 

Le  28,  l'état  fébrile  persiste  à  un  de^ré  modéré,  la  douleur  hépa- 
tique est  intense,  l'organe  est  sensiblement  augmenté  de  volume 
et  déborde  d'un  doigt  le  rebord  costal.  On  constate  sur  tout  le  corps 
une  faible  teinte  ictérique.  Rien  de  particulier  dans  l'état  mental, 
sauf  de  l'hébétude. 

Le  2  mars,  pendant  qu'on  l'assied  sur  un  fauteuil  pour  faire  son 


HBPATISME  BT  PSYCHOSES.  373 

lit,  elle  est  prise  d*une  violente  dyspnée  avec  asphyxie  progressive 
et  succombe  en  quelques  heures. 

  Tautopsie,  le  foie  volumineux  pèse  2470  grammes  et  est  farci 
d'abcès,  les  plus  petits  de  la  grosseur  d*une  lentille,  les  plus  gros 
d'une  noisette  ou  d'une  noix.  Le  pus,  d'un  vert  noirâtre,  est  d'une 
fétidité  extrême  ;  le  parenchyme,  dans  Tintervalle  des  foyers  puru- 
lents, est  d'une  teinte  jaunâtre  ou  chocolat  clair. 

Le  cœur  est  rempli  de  caillots  en  partie  organisés  se  prolongeant 
dans  les  gros  vaisseaux. 

Les  poumons  sont  entièrement  congestionnés. 

Les  reins  paraissent  normaux. 

Les  méninges  sont  congestionnés,  ainsi  que  le  cerveau,  mais  on 
n  y  constate  aucune  lésion  macroscopique.  Pas  d'athérome  artériel. 

L'hémisphère  droit  pèse  605  grammes,  le  gauche  590,  le  cervelet 
avec  risthme  et  le  bulbe  185  grammes. 

L'hépatite  suppurée,  dans  cette  observation,  n'a  eu  d'autre 
effet  que  de  reléguer  au  second  plan  les  symptômes  psycho- 
pathiques  préexistants  pour  les  remplacer  par  de  l'hébétude, 
circonstance  que  l'on  pourrait  presque  invoquer  en  faveur 
de  cette  proposition  paradoxale,  loi7i  d'en  être  modifiée  et 
aggravée,  la  psychose  préexistante  semble  s'effacei^  sous 
Vinfluence  dune  affeciion  hépatique  intercurrente. 

OBSKRVAnoN  VI.  —  La  veuve  D...,  née  en  1805,  admise  le 
20  novembre  1846,  est  atteinte  de  délire  systématisé  avec  idées  de 
persécution.  Elle  prétend  qu'un  certain  Levèquelui  a  jeté  un  sort, 
que  les  prêtres  la  persécutent,  qu'elle  est  ensorcelée,  possédée  du 
diable,  et  manifeste  des  projets  de  vengeance  contre  les  auteurs 
supposés  de  ses  maux.  Antécédents  alcooliques  certains. 

Mon  observation  directe  à  l'égard  de  cette  malade  ne  date  que 
de  1873.  Â  ce  moment  j'ai  constaté  le  délire  susénoncé  accompa- 
gné d'hallucinations  de  l'ouïe  et  de  la  sensibilité  générale.  C'est 
une  grande  et  forte  femme,  affectée  d'un  eczéma  des  parties  géni- 
tales qui,  par  les  souffrances  qu'il  occasionne,  entretient  les  idées 
délirantes. 

En  octobre  1874,  on  la  voit  progressivement  maigrir,  perdre  ses 
forces  et  s'aliter.  Elle  se  plaint  de  fréquents  troubles  digestifs. 
.  En  avril  1875,  ictère  généralisé  intense  ;  décoloration  des  selles, 
urines  d'un  vert  foncé.  Le  foie  est  tuméfié,  la  matité  est  considé- 
rablement augmentée  dans  le  sens  vertical.  Vomissements  alimen- 
taires; alternatives  de  diarrhée  et  de  constipation.  La  malade  mani- 
feste les  mêmes  idées  délirantes,  sans  que  la  physionomie  de  l'état 
mental  soit  en  rien  modifiée. 


H7i  CUNIOUB   MENTALE. 

28  mai.  —  Décédée  dans  ic  plus  complet  marasme,  ayant  conservé 
jusqu'à  la  fin  conscience  de  son  état  et  du  monde  extérieur. 

A  Tautopsie,  cancer  mas^f  du  foie  d*un  volume  considérable. 
Une  partie  de  Tépiploon,  ainsi  que  du  colon  transverse,  estcomprise 
dans  le  néoplasme.  La  vésicule  biliaire  contient  plusieurs  calculs  de 
volume  variable,  à  facettes  et  complètement  incolores. 

La  rate  est  petite  et  ferme,  les  reins  d'apparence  normale,  les 
poumons  sains.  Quelques  plaques  calcaires  de  Taorte,  au-dessus 
des  valvules  sigmoîdes. 

Membranes  du  cerveau  saines,  arachnoïde  transparente;  un  peu 
de  sérosité  ventriculaire.  Artères  de  la  base  légèrement  athéroma- 
teuses.  Hémisphères  amaigris  et  exsangues  pesant  le  droit  495,  le 
gauche  490  grammes,  sans  lésions  en  foyer.  Le  cervelet  avec 
risthme  elle  bulbe  pèsent  125  grammes. 

Ici  encore,  le  développement  du  cancer  hépatique  n'a  rien 
ajouté  au  délire  systématisé  préexistant.  Ces  faits,  je  le 
répète,  ne  sont  pas  exceptionnels.  Et  cependant,  le  cancer, 
la  cirrhose,  Thépatite  sont  fréquemment  le  point  de  départ 
de  troubles  délirants  chez  les  gens  jusqu'alors  réputés  sains 
d*esprit  ;  les  cas  de  folie  hépatique  de  M.  Gharrin  rentrent 
précisément  dans  cette  catégorie. 

De  ce  qu*un  individu  est  atteint  d*une  aHection  mentale  il 
n'en  résulte  pas  qu'il  soit  nécessairement  prédisposé  à  déli- 
rer dans  un  sens  différent  de  sa  psychose  sous  Tinlluence 
d'une  cause  intercurrente,  et  en  particulier  d'une  auto-in- 
toxication ou  d'une  auto-infection.  Nous  voyons  même  par- 
fois —  et  cela  n'est  pas  fait  pour  dissiper  l'obscurité  dont 
est  enveloppée  l'origine  de  la  folie  et  des  délires  —  la  psy- 
chose préexistante  disparaître  et  guérir  au  cours  d'une  mala- 
die aiguë,  la  fièvre  typhoïde  par  exemple.  Action  dérivative 
de  la  lésion  intestinale?  Sympathie  à  rebours?  Mais  dans 
cette  hypothèse,  que  devient  le  rôle  des  toxines  sur  le  cerveau? 

Le  délire  des  intoxications  et  des  infections  ne  semble 
donc  pas  relever  de  l'hérédité  psychopathique  banale,  mais 
d'une  prédisposition  spéciale,  qui  peut  être  naturelle  ou 
acquise.  Sous  l'influence  de  cette  prédisposition,  le  cerveau, 
tout  en  étant,  à  l'état  normal,  d'un  fonctionnement  bien 
équilibré,  n'en  est  pas  moins  locus  minoris  resisUnUas  vis-à- 
vis  de  ces  causes  spéciales.  Il  y  a  des  gens,  des  adolescents, 
des  femmes  le  plus  souvent,  qui,  à  la  moindre  angine,  à  la 
moindre  fièvre,  se  mettent  à  délirer.  Ces  personnes-là  peuvent 
très  bien  n'avoir  aucune  tendance  à  devenir  aliénés  plus  tard. 


HBPATI8MB   ET   PSTCHOSBS.  37  S 


Les  observations  que  nous  avons  rapportées  au  cours  de 
cette  étude  et  les  réflexions  dont  nous  les  avons  accompa- 
gnées constituent  un  ensemble  purement  clinique  qui  ne 
comporte  pas  de  conclusions  et  que  nous  nous  contenterons 
de  résumer  d'une  façon  sommaire. 

Il  y  a  lieu  d'accorder  une  importance  réelle,  au  point  de 
vue  étiologique,  aux  lésions  et  aux  troubles  fonctionnels  du. 
foie  dans  les  maladies  mentales. 

Dans  la  majorité  des  cas,  le  trouble  hépatique  vient  se- 
joindre  à  d'autres  causes  pour  en  grossir  la  puissanée  et  en 
augmenter  l'action  nocive  sur  le  cerveau. 

Son  action  directe  et  exclusive  nous  paraît  moins  évidente^ 
taat  en  raison  de  la  complexité  de  ses  fonctions  physiolo- 
giques incomplètement  élucidées  que  de  la  nature  des  faits 
décrits  sous  le  nom  de  folie  hépatique.  Ces  observations,  en 
effet,  de  l'aveu  même  des  auteurs  qui  les  ont  publiées,  se 
présentent  sous  des  formes  délirantes  variables  et  mul- 
tiples qui  semblent,  à  la  vérité,  révélatrices  d'une  auto- 
intoxication,  mais  d'une  auto-intoxication  qui  n'a  rien  de 
spécifique. 

Chez  les  alcooliques,  le  foie  progressivement  lésé  ou 
troublé  dans  ses  fonctions,  peut  intervenir  pour  hâter  Tap- 
parition  du  délire  et  de  la  folie,  mais  son  action  n'ôte  rien 
de  sa  valeur  à  la  puissance  pathogène  de  l'intoxicatioD 
alcoolique  sur  le  cerveau.  Il  est  rationnel  d'admettre  que 
dans  certains  cas,  sans  l'appoint  de  l'intoxication  hépatique, 
le  délire  alcoolique  pourrait  ne  pas  se  produire,  ou  encore 
que  lorsque  le  délire  éclate  après  une  période  d'abstinence 
alcoolique,  le  foie  étant  malade,  ce  dernier  joue  le  rôle  de 
cause  déterminante,  mais  il  ne  faut  pas  omettre  de  recon- 
naître que  si,  dans  ces  conditions,  la  cellule  cérébrale  suc- 
combe, c'est  qu'elle  était  préalablement  modifiée  par  le 
poison  d'origine  externe,  au  même  titre,  d'ailleurs,  que  la 
cellule  hépatique  elle-même. 

En  dehors  de  l'alcoolisme,  la  souffrance  et  le  mauvais 
fonctionnement  du  foie  existant  chez  un  sujet  qui  accuse 
une  forte  prédisposition  à  délirer,  peuvent  créer,  du  côté  du 
cerveau,  un  état  d'imminence  morbide.  Dans  ces  conditions, 


376  PATHOLOGIE  MBNTALB. 

r intervention  d*une  cause  quelconque,  physique  ou  morale, 
mais  surtout  morale,  sufOra  à  provoquer  Texplosion  de  la 
folie.  Le  foie  intervient  sans  doute,  dans  ce  cas,  par  le 
mécanisme  de  Tauto-intoxication,  et  la  fragilité  de  la  cellule 
nerveuse  provient  soit  d'un  trouble  de  sa  nutrition  impu- 
table à  la  défaillance  épuratrice  du  foie,  soit  à  une  intoxica- 
tion directe  produite  par  les  sécrétions  viciées  ou  résorbées 
de  cet  organe. 

Chez  les  individus  porteurs  d'une  lésion  organique  du 
foie,  le  délire  peut  survenir  :  il  rappelle  en  général  le  délire 
fébrile  par  ses  hallucinations  de  la  vue  et  ses  allures  con- 
fuses et  démentielles  ;  il  n'a  rien  de  spéciBque  et  se  confond 
avec  les  délires  consécutifs  aux  maladies  infectieuses  et  aux 
auto-intoxications. 

L'intervention  d'une  affection  organique  du  foie  dans  le 
cours  de  la  folie  chronique  n'en  modifie  pas  nécessairement 
la  marche  et  la  symptomatologie.  Elle  peut  cependant  pro- 
voquer l'éclosion  de  certaines  idées  délirantes  en  rapport 
avec  les  souffrances  locales  provenant  de  la  lésion.  Mais 
dans  les  nombreux  cas  que  nous  avons  observés,  nous 
n'avons  jamais  vu  se  superposer  au  trouble  mental  primitif 
de  nouveaux  phénomènes  psychiques  plus  en  rapport  avec 
les  conditions  étiologiques  nouvelles.  Il  semble  que  chez  les 
vieux  aliénés  le  cerveau  soit  réfractaire  aux  autô-intoxica- 
lions,  ou  tout  au  moins  ne  soit  plus  en  mesure  de  faire  les 
frais  de  nouvelles  réactions  délirantes. 


PATHOLOGIE  MENTALE. 


DU    SENS    TACTILE    ÉTUDIÉ    CHEZ    LES    MÊMES    MALADES 
AUX  TROIS  PÉRIODES  DE  LA  PARALYSIE  GÉNÉRALE  ; 

Par  le  D'  E.  MARANDON  DE  MONTTEL, 
Hédecin  en  chef  des  asiles  publics  d'aliénés  de  la  Seine. 

Ce  mémoire  est  le  premier  d'une  série  destinée  à  l'étude 
des  principaux  symptômes  physiques  et  psychiques  de  la 


LB  8BNS  TACTILS   BT  LA  PARALTSIB  OBNBRALB.  377 

paralysie  générale  à  Taide  d*une  méthode  d'investigation  dont 
I  application  systématique  a  été  trop  négligée  jusqu'ici.  Cette 
méttiode  consiste  à  dresser  un  tableau  symptomatique  de  la 
maladie  et  à  avoir  la  patience  et  la  constance  de  rechercher, 
au  même  moment  et  à  des  intervalles  assez  rapprochés,  tous 
les  signes  qu'il  contient  sur  un  nombre  assez  élevé  de  para- 
lytiques, suivis  de  cette  façon,  depuis  la  première  période  de 
la  maladie  jusqu'à  la  troisième,jusqu'à  la  mort  par  marasme. 
Ainsi  seulement,  pensons-nous,  il  est  possible  d'obtenir  des. 
données  comparables  ;  ainsi  seulement  il  est  possible  de 
connaître  révolution  de  chacun  des  troubles;  ainsi  seulement 
enfin  il  est  possible  de  rapprocher  ces  troubles  les  uns  des 
autres. 

Ce  travail,  qu'à  notre  connaissance  personne  encore  n'a  eu 
le  courage  d'entreprendre,  nous  l'avons  exécuté  pendant 
six  ans,  portant  nos  investigations  sur  cent  huit  paralysés 
généraux  que  nous  avons  examinés  souvent,  à  tous  les  points 
de  vue,  du  jour  de  leur  entrée,  à  la  phase  initiale  du  mal, 
jusqu'à  la  terminaison  fatale.  Nous  avons  eu  soin  d'éliminer 
tous  les  sujets  chez  lesquels  la  paralysie  générale  n'était  pas 
pure,  se  compliquait  d'une  névrose  ou  d'une  autre  affection 
du  système  nerveux,  afin  d'obtenir  des  données  appartenant 
exclusivement  à  la  périencéphalite  chronique  et,  pour  que 
ces  données  fussent  comparables  entre  elles,  nous  n'avons 
jamais  manqué  de  les  relever  toutes  au  même  moment,  nous 
résignant  à  mettre  une  constatation  impossible  pour  celles  que 
l'état  physique  ou  mental  des  sujets  ne  nous  permettait  pas 
de  réaliser  à  ce  moment. 

Nous  espérons  avoir  rassemblé  par  cette  méthode  longue  et 
minutieuse  une  masse  de  documents  intéressants  qui  nous 
permettront  d'étudier  à  part,  en  autant  de  chapitres  distincts, 
chacun  des  symptômes  de  la  paralysie  générale  ;  puis,  cette 
élude  analytique  terminée,  d'en  entreprendre  une  autre,  syn- 
thétique alors,  de  tous  ces  symptômes  chez  les  mêmes  sujets 
et  chez  des  sujets  différents.  Nous  commençons  aujourd'hui  la 
partie  analytique  de  notre  travail  par  l'examen  du  sens  tactile 
et  pour  mieux  mettre  en  relief  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus  par  notre  méthode  nous  allons  brièvement  rapporter 
ce  qu'en  France  et  à  l'étranger  contiennent  les  travaux  les 
plus  récents  relativement  à  l'état  du  tact  dans  la  paralysie 
générale.  Nous  serons  parfois  fort  embarrassé  dans  nos  cita- 


378  PATHOLOOIR  HBNTALB. 

lions,  car  souvent  les  auteurs  réunissent  ensemble  le  sens  tac- 
tile et  le  sens  algésique,  comme  s'ils  ne  constituaient  pas 
deux  éléments  absolument  différents,  et  il  est  difficile  dès  lors 
de  faire  la  part  qui  revient  dans  les  appréciations  des  auteurs 
àTanesthésie  et  à  Thypéresthesie,  à  l'analgésie  et  à  Thyperal- 
gésie. 

Le  seul  Traité  complet  de  la  paralysie  générale  qui  ait  été 
publié  chez  nous  dans  ces  vingt  dernières  années  est  celui  de 
M.  Auguste  Voisin.  L'auteur  examine  le  tact  aux  diverses 
périodes  de  la  maladie,  en  commençant  par  la  prodromique. 
Un  de  mes  oncles  maternels,  le  D'  Louis  de  Crozant,  alors 
qu'il  était  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  a  écrit,  en  1846, 
un  mémoire  pour  établir  qu*à  cette  phase  prodromique,  tout 
à  fait  au  début  de  la  maladie,  existait  une  anesthésie  presque 
complète  qui  disparaissait  quand  les  troubles  de  la  mobilité 
devenaient  manifestes.  Ce  travail  a  eu  un  retentissement  tel 
qu'aujourd'hui,  après  cinquante  ans  écoulés,  on  le  trouve 
cité  dans  tous  les  articles  roulant  sur  la  sensibilité  des  para- 
lytiques généraux  et  publiés  non  seulement  en  France,  mais 
encore  à  Tétranger.  Pourtant  le  fait  soutenenu  par  le  D'  de 
Crozant,  bien  que  vérifié  par  Baillarger  et  Brierre  de  Boismont 
est  assez  contesté,  peut-être  faute  d'observations  précises. 
M.  Auguste  Voisin  n'en  parait  pas  convaincu.  Si  cette  ânes* 
thésie  transitoire  existait  réellement,  alors  que  la  motililé 
n'est  pas  encore  atteinte,  il  y  aurait  là  un  élément  d'autant  plus 
précieux  pour  le  diagnostic  et  un  traitement  précoce  que  la 
paralysie  générale  est  d'ordinaire  à  début  lent  et  insidieux  et 
par  là  incurable  quand  on  la  reconnaît.  Je  ne  peux  malheu- 
reusement apporter  sur  ce  point  aucune  donnée,  car  la 
maladie  est  toujours  à  une  phase  avancée  quand  les  malades 
arrivent  dans  nos  services.  Aux  praticiens  de  la  ville  il  appar- 
tient de  rechercher  cette  anesthésie  initiale  qui  permettrait 
de  dépister  le  mal  dès  la  première  heure  et  par  une  thérapeu- 
tie  rapide  de  montrer  que  cette  affection  traitée  à  temps 
n'est  pas  peut-être  fatalement  incurable.  Pour  nous,  méde- 
cin d'asile,  nous  ne  sommes  en  mesure  de  fournir  que  des 
renseignements  sur  les  trois  périodes  de  la  maladie  confirmée. 

M.  Auguste  Voisin,  avons-nous  dit,  examine  le  tact  à  ces 
trois  périodes.  A  la  première  phase,  dit-il,  l'hyperesthésie 
peut  aussi  s'observer  tout  à  fait  au  début,  mais  le  plus  sou- 
vent elle  n  est  que  passagère  et,  selon  Mickle,  engendrerait  des 


LB   SBNS   TACTILE   ET   LA   PARALYSIE  GÉNÉRALE.  379 

conceptions  délirantes  hyponchondriaques  ;  à  la  seconde 
période,  ajoute-l-il,  d*après  quelques  auteurs,  l'anesthésie 
qui  existe  quelquefois  au  début  disparait  graduellement  à 
mesure  que  Taffection  progresse  ;  mais,  suivant  Lasègue,  il 
nen  est  rien  et  l'anesthésie  peut  aussi  bien  se  rencontrer  à  la 
deuxième  qu'à  la  première  phase  ;  de  même  Thyperesthésie 
sobserve  aussi  souvent  qu'à  celle-là.  Au  stade  terminal, 
d'après  M.  Auguste  Voisin,  Tanesthésie  est  parfois,  mais  rare- 
ment complète  et  durable.  M.  Grasset  et  M.  Cullerre  croient 
que  les  troubles  de  la  sensibilité  sont  à  peu  près  constants 
mais  n'ont  qu'une  valeur  secondaire.  Ils  acceptent  une  anes- 
Ihésie  cérébrale  précédant  les  troubles  moteurs,  et  ajoutent 
qu'on  constate  parfois  une  hyperesthésie  passagère,  due  sans 
doute,  d'après  M.  Cullerre,  à  une  congestion  de  la  moelle. 

Pour  MM.  Christian  etRitti,qui  ontécrit  l'article  :  c  Paralysie 
générale  »  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médi- 
cales^Và.  sensibilité  peut  être  lésée  dans  ses  divers  modes  et  de 
diverses  façons,  mais  ils  estiment  que  toutes  ces  altérations 
n  offrent  rien  de  caractéristique.  <c  Nous  partageons  entière- 
ment ont-ils  écrit,  la  manière  de  voir  de  Mindel  qui  ne  croit 
pas  possible  d'arriver  à  une  formule  générale  et  nous  nous 
demandons  si  les  troubles  de  la  sensibilité,  lorsqu'ils  apparais- 
sent ne  tiennent  pas  à  des  complications  accidentelles,  telles 
que,  par  exemple,  l'alcoolisme  signalé  par  Lasègue.  » 

La  sensibilité  est-elle  altérée  et  diminue-t-elle  au  fur  et  à 
mesure  des  progrès  et  de  la  marche  de  la  lésion  du  mouve- 
ment, se  demande  H.  Dagonet  dans  la  nouvelle  et  récente 
édilioa  de  son  Traité  des  maladies  mentales  ?  A  cette  ques- 
tion il  répond  que  ces  troubles  sont  difficiles  à  constater  et 
que  nous  ne  possédons  sous  ce  rapport  que  des  données  insuf- 
fisantes. Use  borne  ensuite  à  rapporter  l'opinion  de  Calmeil, 
selon  lequel  les  désordres  de  la  sensibilité  apparaîtraient  les 
derniers  et  ne  se  manifesteraient  que  lorsque  l'intelligence  et 
ies  mouvements  seraient  déjà  depuis  longtemps  lésés,  et  aussi 
celle  de  Linas  qui  trouve  digne  de  remarquer  que  dans  cette 
maladie,  laquelle  atteint  si  gravement  les  fonctions  muscu- 
laires, la  sensibilité  puisse  demeurer  intacte  presque  jus- 
qu'aux derniers  moments;  cependant  cet  auteur  reconnaît  que 
leplussouvent  vers  lafinde  la  deuxième  période  ou  au  début 
de  la  troisième  la  sensibilité  s'émousse  peu  à  peu  pour 
s'éteindre  presque  complètement.  M.  Régis  a  constaté  à  la 


380  PATHOLOOIR  MENTALE. 

période  prodromique  des  anesthésies  et  des  hyperesthèsies 
de  la  surface  cutanée,  mais  la  sensibilité  tactile  pour  lui 
s*émou8se  avec  la  maladie  confirmée  et  devieut  nulle  ou 
presque  nulle  à  la  troisième  période. 

M.  Gilbert  Ballet  et  M.  Paul  Bloch,  qui  ont  rédigé  Tarticle 
du  Traité  de  médecine  de  Charcot  et  Bouchard,  trouvent  que 
les  troubles  de  la  sensibilité  générale  sont  tout  à  fait  excep- 
tionnels dans  la  periencéphalite,  et  ils  se  demandent  même 
si,  dans  les  cas  où  ils  ont  été  notés,  ils  ne  dépendaient  pas 
plutôt  de  rintervention  et  de  l'association  de  Thystérie  et  de 
l'alcoolisme.  Ils  ne  disent  rien  du  tact  en  particulier. 

Avec  M.  Huet,  à  qui  on  doit  l'article  du  Manuel  de  médecine 
de  Debove  et  Achard,  nous  voyons  que  des  anesthésies  plus 
ou  moins  durables  ont  été  signalées  à  la  période  initiale.  A  la 
période  d'état,  dit-il,  la  sensibilité  aussi  peut  être  troublée  de 
façons  diverses  ;  tantôt  il  existe  de  l'hyperesthésie,  tantôt  de 
l'anesthésie,  mais  il  est  difficile  d'en  prendre  une  notion 
exacte  en  raisonde  TafTaiblissement  intellectuel  des  malades. 

Enfin  nous  citerons  encore,  parmi  les  auteurs  français  les 
plus  récents,  M.  Magnan  et  M.  Sérieux  qui  s'expriment  ainsi: 
c  Les  troubles  de  la  sensibilité  ne  sont  pas  rares,  mais  leur 
recherche  est  malaisée.  On  peut  observer  de  l'hyperesthésie, 
une  anesthésie  généralisée.  Chez  quelques-uns  on  constate  un 
retard  dans  la  transmission  des  sensations,  des  erreurs  dans 
leur  localisation,  i 

On  voit  combien  les  assertions  de  nos  meilleurs  aliénistes 
contemporains  sont  vagues,  incertaines  et  même  contradic- 
toires. Il  apparaît  nettement  que  jusqu'ici  on  ne  s'est  pas 
livré  à  des  recherches  systématiques  et  que  personne  ne  s'est 
imposé  la  tâche  de  rechercher  méthodiquement  les  troubles 
du  sens  tactile  chez  les  mêmes  paralysés  généraux  aux  trois 
périodes  de  la  paralysie  générale.  Si  nous  nous  adressons  aux 
auteurs  étrangers,  nous  ne  serons  pas  mieux  renseigaés. 
Voici  ce  que  nous  apprennent  Schule  et  de  Krafil  Ebing  en 
Allemagne,  Mickle  en  Angleterre. 

€  La  sensibilité,  lisons-nous  dans  le  Traité  des  maladies 
mentales  de  Schule,  est  toujours  atteinte.  Elle  est  peu  trou- 
blée au  début  ;  aussi  peut-on  à  cette  période  établir  le 
diagnostic  différentiel  avec  l'alcoolisme  chronique  mais  les 
troubles  de  la  sensibilité  augmentent  à  mesure  que  la  maladie 
se  développe.  Quelquefois  on  voit  apparaître  de  bonne  heure 


LB   SENS   TACTILS  ET  LA   PARALYSIE   GENERALE.  381 

Tanesthésie  ;  il  n'est  pas  rare  alors  qu'elle  devienne  l'origine 
d'illusions  fantastiques  qui  accompagnent  le  délire  ambitieux 
(le  corps  est  couvert  de  plumes,  le  malade  est  transformé  en 
ange).  Dans  les  périodes  avancées,  la  sensibilité  est  émous- 
sée  à  un  haut  degré.  > 

De  son  côté  de  KrafT-Ebing  résume  ainsi  ses  constatations  : 
i  A  côté  des  troubles  vaso-moteurs  et  moteurs  les  troubles  de 
la  sensibiltié  jouent  un  rôle  insignifiant.  Dans  les  stades  avan- 
cés de  la  maladie  la  sensibilité  est  diminuée  ;  cependant  un 
examen  exact  des  fonctions  est  très  difficile  à  cause  de  la 
démence  et  du  trouble  de  la  conscience  des  malades.  » 

Mickle  est  de  tous  les  auteurs  celui  qui  s'est  le  plus  appe- 
santi sur  les  troubles  du  tact  et  si  certaines  de  ses  assertions 
ne  sont  pas  confirmées  par  nos  recherches,  il  en  est  d'autres 
qui  le  sont  de  tous  points.  Pour  la  période  prodromique  il  se 
borne  à  rappeler  l'opinion  du  D"  de  Grozant  qu'il  parait 
rejeter.  A  la  première  période  il  a  observé  de  l'hyperesthésie 
soit  réelle,  soit  seulement  apparente,  due  aux  vives  préoccu- 
pations mentales  des  sujets.  A  la  seconde  période  il  a  souvent 
vu  la  sensibilité  cutanée  diminuée  ou  abolie,  mais  Thyperes- 
ihésie  serait  au  contraire  rare  comparativement  au  stade 
précédent.  A  la  dernière  période  de  la  paralysie  générale  le 
sens  du  tact  est  sujet  à  être  grandement  diminué  ou  aboli. 
Sans  doute,  dit  l'aliéniste  anglais,  la  perception  de  légères 
touches  sur  la  surface  cutanée  des  mains  et  spécialement  des 
pieds  devient  difficile  à  constater  à  cause  de  la  démence, 
mais  par  des  examens  comparatifs  et  une  étude  des  condi- 
tions dans  lesquelles  se  trouvent  les  facultés  perceptives  des 
patients,  il  peut-être  nettement  établi  que  la  sensibilité  cuta- 
née est  obscurcie  dans  beaucoup  de  cas,  particulièrement 
dans  les  périodes  extrêmes. 

D'après  M.  Mickle,  l'hyperesthésie,  qui  est  quelquefois 
observée  aux  périodes  initiales,  peut  être  l'origine  d'idées 
hypochondriaques  et  engendrer  de  l'excitation  génitale  avec 
onanisme.  Il  pense  que  cette  hyperesthésie  peut  être  locale, 
correspondant  par  exemple  à  la  distribution  de  certains  nerfs 
crâniens,  ou  être  généralisée  ou  encore  être  unilatérale. 
Ordinairement  elle  est  de  courte  durée  et  parfois  survient 
durant  les  rémissions  ;  dans  les  périodes  avancées  elle  peut 
apparaître,  après  une  attaque  épileptiforme,  dans  le  côté  où 
ont  siégé  les  convulsions  ;  elle  peut  aussi  survenir  localement 


382  PATHOLOOIB  MSNTALB. 

OU  être  disséminée  c;à  et  là,  îndcpendammeat  de  toute 
attaque  spéciale.  Mickle  dit  avoir  observé  des  cas  très  nets 
d'hypereftthésie  localisée  et  entre  autres,  celui  d'un  para- 
lytique qui  avait  la  sensibilité  de  la  plante  des  pieds  hype- 
resthésiée  et  du  reste  du  pied  normale. 

Inutile,  croyons-nous,  de  multiplier  ces  citations  ;  celles 
que  nous  avons  rapportées,  puisées  dans  les  écrits  les  plus 
récents,  suffiront  à  établir  que  tant  en  France  qu'à  Tétranger 
le  sens  tactile  n'a  jamais  été  Tobjet  d*une  étude  patiemment 
et  régulièrement  poursuivie  sur  un  grand  nombre  de 
malades  du  début  à  la  terminaison  de  la  maladie.  Les  troubles 
du  tact  semblent  avoir  été  observés  de  chic,  qu'on  nous 
permette  cette  expression,  tantôt  sur  un  paralytique  à  telle 
ou  telle  période,  tantôt  sur  un  autre  à  telle  ou  telle  autre 
phase  de  la  maladie.  Les  auteurs  que  nous  avons  cités  et 
dont  les  travaux  sont  les  derniers  publiés  ne  nous  apportent 
aucune  masse  de  faits  ;  ils  ne  nous  apprennent  pas,  avec 
chiffres  à  Tappui,  dans  quelle  proportion  le  tact  est  altéré 
dans  la  paralysie  générale  et  à  chaque  période  en  particulier; 
quelle  est  la  proportion  des  diverses  altéralMNis  en  plus  ou 
moins  selon  les  phases  de  rafTeclion  ;  dans  quelles  formes 
mentales  ce  sens  est  le  plus  modifié  et  dans  lesquelles  il  Test 
le  moins  ;  si  toujours  ou  seulement  dans  certains  cas  ces 
troubles  impriment  une  direction  particulière  au  délire  ;  quels 
rapports  existent  entre  ceux-ci,  les  désordres  moteurs  et  les 
sensations  subjectives  ressentis  par  les  paralytiques  dans  la 
peau  ;  enfin,  si  les  altérations  du  tact  varient  avec  rétiologie 
de  la  maladie,  tous  détails  intéressants  que  fournit  seule  la 
méthode  d'investigation  que  nous  avons  appliquée,  l'étude 
du  sens  tactile  poursuivie  chez  les  mêmes  malades  duraul 
tout  le  cours  de  la  maladie. 

Parmi  les  auteurs  que  nous  avons  cités  plusieurs  insistent 
sur  les  difficultés  de  la  constatation  exacte  du  tact  chez  les 
paralytiques  par  suite  de  leur  état  mental.  Dans  les  phases 
initiales,  c'est  la  violente  agitation  et  l'intensité  du  délire  qui 
empêchent  de  fixer  leur  attention  et  d'obtenir  d'eux  des 
renseignements  précis,  dans  les  phases  avancées  l'affaiblisse- 
ment intellectuel.  Or,  ici  la  part  du  malade  est  entière, 
puisque  le  phénomène  à  vérifier  est  entièrement  subjectif. 
L'expérience  m'a  pourtant  démontré  que  Mickle  a  raison 
d'avancer  qu'il  est  possible  d'arriver  néanmoins  à  des  résul- 


LB  SBNS  TAGTILB  BT  LA   PARALYSIB  GBNBRALB.  383 

tais  assez  positifs  pour  être  enregistrés  ;  elle  in*a  surtout 
démontré  que  le  succès  est  obtenu  en  prenant  les  sujets  de 
bonne  heure,  quand  ils  sont  encore  à  demi  sensés  et  en  les 
suivant  pas  à  pas,  ainsi  que  nous  avons  procédé,  car  par  là 
ils  contractent  l'habitude  de  ces  recherches  qui,  à  la  troi- 
sième période,  n'aboutiraient  pour  ainsi  dire  jamais  si  elles 
étaient  chose  nouvelle.  £t  puis  en  suivant  ainsi  les  sujets  on 
arrive  à  acquérir  une  connaissance  approfondie  de  leur 
mode  de  réagir.  Est-ce  à  dire  que  dans  ces  conditions  on 
n*éc&oue  jamais  ?  Certes  non  et  on  verra  plus  loin  dans 
quelles  proportions  assez  fortes  nos  résultats  ont  été  néga- 
tifs; néanmoins  on  en  réalise  de  positifs  en  nombre  encore 
assez  considérable  pour  autoriser  des  conclusions. 

Je  suis  d'accord  avec  M.  Dheur,  qui  fut  mon  interne,  et  qui 
dans  son  intéressante  thèse  sur  VElat  de  la  sensibilité  chez 
quelques  mélancoliques^  conseille  de  donner  la  préférence 
aux  procédés  les  plus  simples.  Le  manuel  opératoire  dont  il 
s'est  servi  est  celui  que  nous  avons  également  employé.  Le 
sujet  ayant  les  yeux  fermés  on  recherche  s'il  apprécie  nette- 
ment la  forme,  la  surface  extérieure  des  objets  dont  il  se  sert 
chaque  jour  ;  puis  on  explore  directement  la  peau  avec  un 
objet  mousse  ou  avec  les  doigts  en  allant  du  contact  léger  à 
ane  pression  énergique,  il  est  bon  de  commencer  par  des 
excitations  faibles  qu'on  augmente  ensuite  progressivement  ; 
enfln  on  emploie  le  compas  de  Weber  pour  terminer  l'exa- 
men. Inutile  d^ajouter  que  nous  avons  présidé  nous-méme  à 
toutes  ces  recherches  ;  il  est  indispensable,  en  eflet,  que  ce 
soit  le  même  expérinrentateur  qui,  à  chaque  constatation, 
apprécie  l'état  de  la  sensibilité  tactile.  Et  maintenant,  lais- 
sons parler  les  faits. 

Nos  recherches  ont  porté,  avons-nous,  dit  sur  108 
paralytiques  chez  lesquels  nous  avons  recherché  à  de  fré- 
quentes reprises  l'état  du  sens  tactile  depuis  le  jour  de  leur 
entrée  jusqu'à  leur  mort,  malades  qui  lors  de  leur  admission 
étaient  tous  à  la  première  période  de  la  paralysie  générale. 
Hais  de  ces  108  paralytiques  il  n'en  est  que  4:2  qui  aient  par^ 
couru  les  trois  phases  de  la  maladie,  les  autres  ayant 
succombé  au  nombre  de  30  à  la  deuxième  période  et  de 
32  à  la  première  ;  quant  aux  4  restant  par  suite  d'une  évolu- 
tion exceptionnellement  lente  de  leur  affection  paralytique, 
ils  sont  restés  à  la  phase  initiale. 


384  PATUOLOGIB  MRNTALR. 

Quoi  qu'il  en  soit,  nos  108  paralytiques  ont  donné  lieu 
ensemble  à  1.803  constatations  sur  lesquelles  546  n*ont 
fourni  aucun  résultat  ;  c'est  donc  dans  la  proportion  de 
30  p.  100  qu'il  nous  a  été  impossible  de  vériGer  le  tact  avec 
assez  de  certitude  pour  le  noter.  Quant  aux  résultats  des 
1.356  constatations  qui  ont  réussi,  ils  se  répartissent  ainsi 
qu*il  suit  : 

Tact  normal 1113,  soit  92  p.  100. 

Tact  anormal 143,  soit    8  p.  100. 

Ainsi  ce  serait  seulement  dans  la  faible  proportion  de 
8  p.  100  des  constatations  opérées  à  toutes  les  périodes  de  la 
paralysie  générale  cbez  les  mêmes  paralytiques  qu'on  trou- 
verait le  sens  tactile  altéré.  Ce  serait  là,  par  conséquent,  une 
altération  assez  rare  qu'on  se  serait  attendu  à  trouver  beau- 
coup plus  fréquente.  Si  nous  considérons  seulement  les 
43  cas  qui  ont  parcouru  les  trois  périodes  de  la  paralysie 
générale,  nous  voyons  qu'ils  ont  donné  lieu  à  959  constata- 
tions desquelles  406  n'ont  fourni  aucun  résultat  et  que  les 
553  restant  se  répartissent  comme  il  suit  : 

Tact  normal 483,  soit  88  p.  100. 

Tact  anormal 70,  soit  12  p.  100. 

Ainsi  de  toutes  façons  nos  constatations  établissent  que  le 
sens  tactile  est  trouvé  rarement  altéré  au  cours  de  la  paraly- 
sie générale. 

Quant  à  la  nature  des  altérations,  nos  recherches  nous  ont 
permis  de  constater  deux  détails  intéressants.  En  premier 
lieu  toutes  celles  que  nous  avons  rencontrées  furent  toujours 
des  altérations  simples  :  exagération,  affaiblissement,  aboli- 
tion et  retard  ;  jamais  chez  les  paralytiques  généraux  purs 
nous  n'avons  trouvé  aucune  espèce  de  paresthésie.  Trois  fois 
nous  en  avons  constaté,  il  est  vrai,  mais  il  nous  a  été  facile 
de  nous  assurer  que  les  3  paralytiques  qui  les  présentaient 
étaient  en  même  temps  des  ataxiques.  Donc,  les  altérations 
du  tact  dans  la  paralysie  générale  sont  toujours  et  dans  tous 
les  cas  des  altérations  simples,  en  plus  ou  eu  moins. 

Le  second  fait  intéressant  que  nous  ont  révélé  nos 
recherches  est  Tabsence  chez  les  paralytiques  généraux 
d'altérations  localisées  du  tact  ;  quand  celles-ci  existent,  elles 
sont  généralisées  à  toute  la  surface  du  corps.  Deux  fois,  ici 
aussi,  nous  avons  rencontré  des  malades  faisant  exception  à 


LB  SENS  TACTILS  ET  hk   PARALYSIE  OBNÊRALB.     385> 

cette  loi,  mais  il  s'est  trouvé  que  ces  deux  malades  étaient 
manifestement  des  hystériques. 

Voici  maintenant  comment  se  répartissent  les  diverses- 
espèces  d'altérations  par  nous  relevées  par  rapport  au 
nombre  total  de  fois  que  nos  constatations  ont  réussi  et  par 
rapport  au  seul  nombre  des  anormaux. 

Exagération 43,  soit  3,4  p.  100  —  30  p.  100. 

Aflatblissement  ....     72,  soit  5,4  p.  100  —  50  p.  100. 
Abolition 28,  soit  2,2  p.  100  —  20  p.  100. 

A  cela  il  faut  ajouter  20  constatations  de  retard  dans  la 
transmission  des  impressions  tactiles,  soit  i  p.  100  ^  cette 
altération  fut  donc  la  plus  rare  de  toutes  tandis  que  la  pluB* 
fréquente  fut  l'affaiblissement  ;  par  contre,  l'exagération  se 
présenta  plus  souvent  que  Tanesthésie  complète  d'après  pe* 
tableau. 

En  envisageant  seulement  que  les  42  cas  à  trois  périodes- 
nous  trouvons,  outre  7  retards,  soit  1,5  p.  100,  les  résultats- 
suivants  : 

Exagération 15,  soit  1,5  p.  100  ~  14  p.  100. 

AfTaibiissement  ....     34,  soit     6  p.  100  —  46  p.  100. 
Abolition 21,  soit  2,2  p.  100  —  40  p.  100. 

Ici,  au  contraire,  l'abolition  l'emporte  sur  l'exagération; 
cela  tient  à  la  rareté  de  celle-là  aux  deux  premières  périodes, 
ainsi  que  nous  l'établierons  plus  loin.  On  voit  combien  il 
importe,  pour  se  faire  une  idée  exacte  des  altérations  et  de 
leur  degré  de  fréquence,  d'opérer  sur  des  malades  qui  ont 
passé  par  toutes  les  phases  de  l'afTection  paralytique. 

Relativement  aux  20  retards  que  nous  avons  relevés  nou» 
dirons  que  dans  la  grande  majorité  de  nos  constatations, 
14,  le  tact  était  normal,  la  transmission  de  l'impres* 
sion  était  seulement  retardée  tandis  que  dans  les  six  autre» 
constatations  le  retard  était  manifestement  associé  à  de 
raffaiblissement. 

Mais  nous  nous  sommes  efforcé  aussi  d'établir  les  nuance» 
des  altérations  que  nous  trouvions.  C'est  ainsi  que  nou» 
avons  pour  les  affaiblissements  par  rapport  au  nombre  des 
constatations  réalisées  et  des  seuls  affaiblissements  entre  eux  : 

Affaiblissement  léger 7,  soit  0,4  p.  100  —  10  p.  100. 

Affaiblissement  modéré.  ...    29,  soit  2,2  p.  100  —  40  p.  100. 
Affaiblissement  marqué   ...    36,  soit  2,7  p.  100  —  50  p.  100. 

Abchivcs,  2*  série,  t.  VI.  25 


386  PATHOLOOn  mbntalk. 

Ces  chiffres  montrent  clairement  que  les  affaiblissements 
légers  sont  tout  &  fait  exceptionnels  et  que  quand  le  tact 
s'affaiblit,  c'est  soit  modérément,  soit  d'une  façon  marquée. 
Ces  résultats  sont  tout  aussi  nets  si  nous  ne  prenons  que  les 
42  paralytiques  qui  ont  parcouru  les  trois  phases  de  la  mala- 
die. 

Nous  obtenons  en  effet  : 

Affaiblissement  léger.  ...  7,  soit  0,9  p.  100  —  13  p.  100. 
Afi'aiblissement  modéré.  .  .  13,  soit  2,5  p.  100  —  43,5  p.  100. 
Affaiblissement  marqué  .  .    14,  soit  2,5  p.  100  —  43,5  p.  100. 

De  même  que  pour  les  affaiblissements,  nous  avons  relevé 
trois  nuances  pour  les  exagérations,  soit  par  rapport  au 
nombre  des  constatations  faites  et  des  seules  exagérations 
entre  elles  : 

Exagération  légère 7,  soit  0,5  p.  100  —  16.6  p.  100. 

Exagération  modérée.  ...  2i,  soit  1,7  p.  100  —  50  p.  100. 
Exagération  marquée.  .   .  .     14,  soit  1,2  p.  100  —  33,4  p.  100. 

Nous  retrouvons  pour  les  exagérations  les  mêmes  particu- 
larités que  pour  les  affaiblissements,  à  savoir  la  rareté  exces- 
sive des  exagérations  légères  et  la  fréquence  bien  plus 
grande  des  exagérations  modérées  et  des  exagérations  mar- 
quées. Cette  prédominance  des  fortes  exagérations  sur  les 
faibles  est  bien  fournie  par  les  4â  paralytiques  qui  ont  par- 
couru toutes  les  périodes  de  la  maladie.  En  effet,  nous 
n'avons  noté  chez  eux  Texagération  que  dans  15  consta- 
tations et  dans  toutes  les  15  cette  exagération  est  très 
marquée.  Ainsi,  que  le  sens  tactile  soit  altéré  en  plus  ou  en 
moins,  ce  sont  les  nuances  accentuées  qu*on  constate  le  plus 
souvent,  peut-être  parce  qu'elles  sont  plus  manifestes  et  de 
toutes  les  altérations  celles  en  moins  sont  de  beaucoup  les 
plus  fréquentes. 

Ces  données  générales  établies,  il  convient  de  pousser  plus 
avant  et  de  rechercher  quels  sont  les  troubles  du  sens  tactile 
selon  les  périodes  de  la  paralysie  générale  : 

Première  période  Deuxième  période  Troisième  période 

Normaux.  .  .     805.  soit  91  p.  100    287,  soit  83  p.  100  ±i,  soit  43  p.  100. 
Anormaux  .   .      73,  soit   9  p.  100      42,  soit  13  p.  100  28,  soit  57  p.  100. 

Les  chiffres  fournis  par  ce  tableau  sont  très  expressifs  ;  ils 
établissent  nettement  que  l'anormalité  du  tact  croît  avec  les 


LB  SBNS  TACTILS  BT  LA.  PARALTSIB  OBNBRALB.     387 

progrès  de  la  maladie.  De  rares  à  la  première  période,  une 
fois  moins  rares  à  la  seconde,  les  troubles  du  sens  tactile  se 
notent  dans  plus  de  la  moitié  des  constatations  à  la  phase 
extrême.  Nous  ajouterons  que  plus  la  maladie  progresse, 
plus  les  recherches  deviennent  difficiles,  ainsi  qu'il  était  à 
prévoir  ;  c'est  ainsi  qu'à  la  première  période  3  p.  100  seule- 
ment de  nos  constatations  furent  infructueuses:  à  la  seconde 
période,  nos  échecs  furent  cinq  fois  plus  fréquents,  soit  de 
15  p.  100  ;  enfin,  à  la  troisième  période  nous  avons  échoué 
dans  plus  de  la  moitié  des  cas,  soit  dans  57  p.  100. 

Voici  maintenant  la  nature  des  modifications  d'après  les 
périodes  : 

Première  période  Deuxième  période 

Exagération 29,  soit  40      p.  400  14,  soit  33,3  p.  100. 

Affaiblissement 44,  soit  60      p.  100  14,  soit  33,3  p.  100. 

Abolition 0,  soit   0       p.  100  14,  soit  33,3  p.  100. 

Retard 15,  soit  22,5  p.  100  5,  soit  16,6  p.  100. 

Troisième  période 

Exagération 0,  soit   0  p.  100. 

Affaiblissement 14,  soit  50  p.  100. 

Abolition 14,  soit  50  p.  100. 

Retard 0,  soit   0  p.  100. 

Ce  tableau,  qui  donne  les  proportions  par  rapport  aux 
seuls  anormaux,  fournit  plusieurs  indications  intéressantes. 
Il  montre  que  les  exagérations  et  les  retards  ayant  leur 
maximum  de  fréquence  à  la  première  période  deviennent 
de  plus  en  plus  rares  avec  les  progrès  de  la  maladie  pour 
disparaître  complètement  à  la  troisième  période  tandis  que 
l'abolition  au  contraire,  tout  à  fait  absente  à  la  première 
période,  augmente  de  fréquence  à  mesure  que  la  maladie 
progresse  pour  atteindre  son  maximum  à  la  phase  extrême. 
Ainsi,  parmi  les  anomalies  du  sens  tactile  l'exagération  et  le 
retard  d'un  côté,  l'abolition  de  l'autre  évolueraient  d'après 
nos  constatations  en  sens  inverse  aux  diverses  périodes  de  la 
paralysie  générale.  Quant  aux  affaiblissements,  leur  marche 
serait  moins  régulière;  nous  voyons,  en  efi'et,  dans  notre 
tableau  leur  maximum  de  fréquence  par  rapport  aux  autres 
anomalies  à  la  première  période  avec  leur  minimum  à  la 
seconde.  L'afi*aiblissement,  en  effet,  n'est  pas  une  lésion 
déterminée,  c'est  un  état  intermédiaire,  il  n'est  donc  pas 
étonnant  qu'il  présente  de  telles  fluctuations. 

Il  n'est  pas  inutile  de  rechercher  quelles  furent  les  nuances 


388  PATHOLOGIE   MENTALE. 

de  Texagération  et  de  rafTaiblissement  aux  diverses  périodes. 
Pour  ce  dernier  nous  avons  : 

Première  période  Oeoxième  période 

Affaiblissement  léger 0,  soit    0     p.  100  0,  soit  0  p.  100. 

Affaiblissement  moindre  ...    14,  soit  33,3  p.  100  7,  soit   5  p.  100. 

Affaiblissement  marqué  .  .   .     30,  soit  66,7  p.  100  7,  soit  50  p.  100. 

Troisième  période 
Affaiblissement  léger  ....  7,  soit  50  p.  100. 
Affaiblissement  moindre.  .  .  7,  soit  50  p.  100. 
Affaiblissement  marqué.   .   .    0,  soit    0  p.  100. 

Ce  tableau,  qui  montre  la  fréquence  relative  des  diverses 
nuances  de  rafTaiblissement  entre  elles,  confirme  ce  que 
nous  venons  de  dire  de  cette  anomalie  à  propos  du  tableau 
précédent.  L'afTaibiissement  qui  est  une  lésion  intermédiaire, 
bâtarde  peut-on  dire,  ne  présente  rien  de  fixe.  C'es^  ainsi 
que  nous  voyons  la  forme  légère  figurer  seulement  à  la 
troisième  période  dont  la  caractéristique  est  pourtant  Taboli- 
tion  du  sens  tactile  et  également  à  cette  phase  extrême  nous 
relevons  l'absence  de  la  nuance  marquée  dont  le  maximum 
de  fréquence  figure  à  la  première. 

Quant  à  rafTaiblissement  modéré,  d'après  le  tableau,  il  est 
le  moins  fréquent  à  la  première  période  et  de  fréquence  égale 
aux  deux  dernières.  Voyons  si  les  nuances  de  rexagération 
nous  fournissent  des  résultats  mieux  déterminés.  Nous  n'au- 
rons à  nous  occuper  que  de  la  première  et  de  la  seconde 
période  puisque  nous  avons  vu  plus  haut  que  cette  anomalie 
est  exclusive  des  phases  initiales  et  ne  s'est  pas  montrée  à  la 
phase  extrême  chez  aucun  de  nos  108  paralytiques  généraux. 

Première  période  Deuxième  période 

Exagération  légère 7,  soit  24  p.  100  0,  soit   0  p.  100. 

Exagération  modérée 15,  soit  52  p.  100  7,  soit  50  p.  iOO. 

Exagératiuii  marquée 7,  soit  24  p.  100  7,  soit  50  p.  100. 

Ce  tableau  n'est  pas  non  plus  très  caractéristique  ;  alors 
que  l'exagération  va  en  diminuant  de  fréquence  avec  les  pro- 
grès du  mal,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  précédemment, 
nous  voyons  ici  les  exagérations  légères  exister  en  assez 
grande  proportion  à  la  première  période  et  manquer  à  la 
seconde  tandis  qu'à  celle-ci  les  nuances  marquées  sont  deux 
fois  plus  fortes  qu'à  celle-là.  Le  seul  fait  saillant  à  retenir 
est  donc  la  diminution  progressive  du  nombre  des  exagéra- 


LB  SENS   TACTILS   ET   LA.   PARALYSIE   GÉNÉRALE.  389 

lions  à  mesure  que  la  paralysie  générale  progresse  et  leur 
absence  complète  à  la  phase  ultime. 

Y  aurait-il  un  rapport  entre  les  troubles  du  sens  tactile  et 
la  variété  mentale  expansive,  dépressive,  mixte,  démente 
ou  en  rémission  ?  Le  tableau  suivant  répond  à  cette  question. 
Nous  avons  pensé  que  Tétat  de  calme  et  d*agitation  du  sujet 
était  susceptible  peut-être  d'être  pris  en  considération  et  nous 
avons  subdivisé  en  conséquence  chacune  de  ces  quatre 
variétés  mentales  en  deux  autres  selon  Tattitude  paisible  ou 
surexcitée  des  paralytiques  aux  moments  des  recherches. 
Quoi  qu'il  en  soit,  notre  tableau  met  bien  en  évidence  six 
faits  intéressants.  En  premier  lieu  Tétat  constamment  normal 
du  tact  durant  les  périodes  de  rémission  ;  en  effet,  119  fois 
nos  paralytiques  au  moment  de  nos  constatations  étaient  dans 
cet  état  et  pas  une  fois  nous  n'avons  pu  relever  la  moindre 
altération  de  ce  sens.  Il  y  a  à  cet  égard  une  différence  com- 
plète entre  le  tact  et  les  réHexes,  car  nous  avons  vérifié  dans 
nos  recherches  sur  ceux-ci,  poursuivies  également  chez  les 
mêmes  sujets  durant  les  trois  périodes  de  la  maladie,  cette 
assertion  de  M.  Briand  que  les  altérations  persistent  souvent 
même  dans  les  rémissions  en  apparence  les  plus  complètes, 
témoignant  ainsi  que  le  malade  n'est  pas  guéri  mais  seule- 
ment amélioré.  En  second  lieu,  nous  voyons  par  notre 
tableau  que  le  sens  tactile  est,  d'une  manière  générale,  beau- 
coup plus  souvent  altéré  dans  les  périodes  d'agitation  que 
dans  les  phases  de  calme.  En  effet,  875  fois  lors  de  nos  cons- 
tatations nos  sujets  se  trouvaient  dans  ce  dernier  état  et  nous 
avons  relevé  seulement  56  altérations,  soit  la  proportion  de 
6,5  p.  100  tandis  qu'avec  les  399  constatations  coïncidant 
avec  de  l'agitation  nous  comptons  84  altérations,  soit  la  pro- 
portion de  21  p.  100.  Le  sens  tactile  a  donc  été  trouvé  trois 
fois  plus  altéré  quand  les  paralytiques  étaient  agités  que 
lorsqu'ils  étaient  calmes.  Un  troisième  fait  mis  encore  en 
évidence  par  notre  tableau  qui  étonne,  c'est  l'état  constam* 
ment  normal  du  tact  dans  les  formes  purement  dépressives 
avec  conceptions  délirantes  exclusivement  hypochondriaques. 
On  s'attendrait  ici  à  trouver  un  maximum  d'altération  du 
tact  chez  des  paralytiques  qui  prétendaient  n'avoir  plus  de 
tête,  de  ventre  ni  de  membres  ;  il  n'en  est  rien  et  comme 
56  fois  nos  constatations  ont  coïncidé  avec  cet  état,  le  chiffre 
en  est  assez  important  pour  établir  ce  fait.  Mais  il  y  a  encore 


390 


PA.THOLOOIB  MBNTALB. 


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SI, 

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RBCHBRCHBS   SUR  LB   SUIGIDB  BN   6RANDB-BRETAGNB.      391 

que  dans  la  forme  mixte,  quand  les  conceptions  délirantes 
dépressives  s'associent  à  d'autres  conceptions  délirantes 
expansives,  si  le  sujet  est  calme,  le  tact  fut  toujours  trouvé 
normal,  35  de  nos  constatations  établissent  ce  second  fait  qui 
confirme  le  précédent,  c'est  donc  91  fois  que  nous  avons  noté 
le  sens  tactile  normal  avec  du  délire  hypochondriaque.  Une 
quatrième  particularité  de  notre  tableau  est  celle  de  l'exagé- 
ration et  de  l'abolition  du  tact,  s'étant  rencontrées  seulement 
dans  les  formes  agitées,  jamais  dans  les  calmes.  Il  est  assez 
curieux  de  voir  ces  deux  altérations  diamétralement  opposées 
se  montrer  dans  les  mêmes  conditions  d'agitation.  A  priori 
on  aurait  rattaché  lexagération  aux  phases  d'excitation  et 
l'abolition  aux  phases  de  calme  ;  cette  fois  encore  les  faits 
démentent  les  vues  de  l'esprit.  Puis  notre  tableau,  en  cin- 
quième lieu,  établit  que  de  toutes  les  altérations  l'affaiblis- 
sèment  est  le  plus  éclectique  et  se  produit,  que  le  sujet  soit 
paisible  ou  agité.  EnGn,  en  sixième  et  dernier  lieu  il  fournit 
les  proportions  suivantes,  démontrant  que  c'est  dans  la 
forme  expansive  que  les  troubles  du  sens  tactile  sont  les  plus  , 
fréquents,  ensuite  dans  la  forme  mixte  agitée  ;  puis,  serrant 
celles-ci  d'assez  près,  arrive,  troisième,  la  forme  démentielle 
tandis  que  dans  les  formes  purement  dépressives  ainsi  que 
dans  les  rémissions  le  tact  est  toujours  normal.  Voici  d'ail- 
leurs ces  proportions  : 

Forme  expansive 20, 3  p.  100  d^altérations. 

Forme  mixte  agitée 14      p.  100  — 

Forme  démentielle 11,7  p.  100  — 

Forme  dépressive ^ 

Forme  mixte  calme ?       0     p.  100  — 

Rémission ; 

(A  suivre,) 


STATISTIQUE  SOCIALE. 


RECHERCHES  SUR  LE  SUICIDE  EN  GRANDE-BRETAGNE  ; 

Far  John  SIBBALD, 
Inspecteur  des  asiles  d'Ecosse. 

Depuis  environ  soixante  ans  que  Quelelet  a  publié  son 
grand  ouvrage  sur  VHomme  et  le  développement  de  ses 


392  STATISTIQUE  80CIALB. 

facultés,  l'étude  de  lactatîstique  a  pris  un  grand  développe- 
ment. Son  importance  a  fixé  l'attention  publique,  et  des 
masses  de  documents  ont  été  réunies  parles  services  publics 
•et  par  l'Etat.  Ce  sont  là  les  éléments  fondamentaux  qui  font 
la  base  documentaire  de  la  science  statistique,  ils  ont  été 
réunis,  collationnés,  comparés  et  étudiés  par  une  légion  de 
•traTailleura  distingués.  Les  déductions  tirées  des  éléments 
fnultiples  d'informations  contenues  dans  notre  Livre  bleu 
•d'une  part,  dans  les  publications  similaires  des  pays  voisins 
■d'autre  part,  ont  rendu  un  service  incalculable  à  l'avance- 
ment de  la  science  ;  tous  ceux  qui  ont  eu  à  s'occuper  de 
•questions  de  statistique  doivent  reconnaître  combien  ils  sont 
redevables  aux  gens  de  mérite  qui  leur  en  ont  fourni  les 
bases.  Toutefois,  il  est  juste  d'ajouter  que  les  tableaux  statis- 
tiques des  divers  ouvrages  sont  difGciles  à  mettre  en  paral- 
lèle pour  des  pays  ou  des  périodes  différentes.  Quelques 
tableaux  seulement  peuvent  servir  de  base  indiscutable  de 
comparaison,  parce  qu'ils  correspondent  à  des  faits  pour 
lesquels  il  n'y  a  pas  de  divergence  possible  dans  l'interpréta- 
•tion,  quelles  que  soient  les  différences  d'administration,  de 
législation,  de  condition  sociale,  ou  même  d'opinion  publique. 
Tels  sont  les  chiffres  du  recensement  des  populations  dans 
•les  différents  pays,  ou  ceux  des  moyeinnes  totales  de  décès. 
Mais  il  y  a  d'autres  points  pour  lesquels  la  valeur  et  la  sigoi- 
iication  des  nombres  sont  très  profondément  modiGées  par 
les  conditions  dans  lesquelles  ils  ont  été  établis.  Aussi  ne  les 
doit-on  accepter  qu'après  un  examen  critique  très  sérieux, 
telles  sont  les  données  statistiques  relatives  au  crime  et  àla 
folie.  Les  statistiques  du  suicide  appartiennent  aussi  à  cette 
même  classe.  Aussi  me  semble-t-il  qu'en  présence  de  telles 
statistiques,  il  importe  de  procéder  à  une  analyse  critique  de 
détails,  ainsi  qu'à  des  comparaisons  entre  chiffres  de  diffé- 
rents pays,  ou  pour  un  même  pays  entre  chiffres  d'époques 
différentes.  Ce  n'est  qu'après  cet  examen  critique  qu'il  est 
ipossible  de  déduire  des  conclusions  et  d'apprécier  la  significa- 
tion exacte  de  la  valeur  de  ces  données  ainsi  qne  la  mesure 
dans  laquelle  on  en  peut  établir  les  comparaisons.  C'est  à  ce 
^point  de  vue  que  j'ai  pensé  intéressant  de  tirer  des  déduc- 
tions des  éléments  statistiques  que  j'avais  entre  les  mains, 
documents  ofOciels  du  service  général,  centralisés  par  le  ser- 
-vice  général  d'Angleterre,  du  pays  de  Galles  et  d'Ecosse.  Je 


RBCHBRCHRS   SUR  LB   STJIGTDB  BN   6RANDB-BRBTA6NE.      393 

nie  suis  placé  au  point  de  vue  de  Texamen  de  la  progression 
si  souvent  invoquée  du  nombre  des  suicides.  Je  présenterai 
tout  d'abord  le  tableau  suivant,  qui  au  premier  aboM 
semble  réellement  démontrer  d'une  façon  péremptoire  cet 
accroissement  progressif. 

Le  tableau  suivant  donne,  calculée  d'après  les  documents 
du  service  central,  la  moyenne  des  suicides  annuels,  par  mil- 
lion d'habitants,  pour  les  trente  années  de  1865  à  1894 
inclus.  Les  moyennes  sont  calculées  de  cinq  ans  en  cinq  ans. 


Nombre  de  suicides  pour  30  années  (1865-1894). 


PÉRIODES 

MOYENNE  ANNUELLE  PAR  MILLION   d'HABITANTS  I 

Anglclcire 

et 

Payi  de  Galles. 

Rcosse. 

1865-1869 

1870-1874   

1875-1879  

1880-1884   

4885-1889   

1890-1894 

67 
67 
72 
75 
79 
86 

40 
34 
45 
50 
59 
54 

1865-1894 

74 

48 

Ce  tableau  indique,  comme  ceux  de  tant  d'autres  pays,  à 
travers  des  fluctuations  variées,  un  accroissement  de  la 
moyenne  des  suicides  durant  ces  trente  années.  Les  colonnes 
pour  l'Angleterre  et  le  pays  de  Galles  accusent  une  augmen- 
tation des  moyennes  de  67  à  86  des  périodes  de  1865  à  1869 
à  celles  de  1890  à  1894,  soit  un  accroissement  de  28  p.  lt)0. 
Pour  TEcosse,  les  colonnes  offrent  une  moyenne  de  40  à  54 
pour  les  mêmes  périodes,  soit  une  augmentation  de  35  p.  100. 

De  prime  abord,  en  Angleterre  comme  en  Ecosse,  il  semble 
comme  dans  d'autres  pays,  que  le  suicide  devienne  de  nos 
jours  bien  plus  fréquent  qu'autrefois.  Mais  il  y  a  lieu  d'exa- 
miner jusqu'à  quel  point  les  faits  justifient  les  apparences.  Il 
faut  admettre  en  principe  qu'il  est  souvent  difficile,  impos- 
sible parfois  même,  de  déterminer  exactement  si  la  mort  est 
due  ou  n'est  pas  due  au  suicide.  D'où  il  résulte  que  les  chiffres 


394  STATI8TIQUB   SOCIALB. 

des  tableaux  reposent  sur  une  base  instable  à  ce  point  de 
vue.  Le  classement  statistique  d'un  décès  attribué  ou  non  aa 
suicide,  peut  être  influencé  par  différentes  causes. 

Une  circonstance  très  importante  et  qui  peut  avoir  beau- 
coup d'influence  est  la  répugnance  naturelle  qu^éprouvent 
les  familles  et  les  amis  à  attribuer  la  mort  à  un  suicide,  répa- 
gnance  qui,  dans  beaucoup  de  cas,  pousse  même  à  écarter 
cette  hypothèse,  alors  que  sa  légitimité  n'était  pas  douteuse. 

Comme  exemple  de  ce  genre  de  cas,  où  il  est  impossible 
d'affirmer  d'une  façon  certaine  la  mort  par  suicide,  on  peut 
citer  certains  morts  par  submersion,  où  l'état  du  corps  est 
identique  dans  Thypothèse  du  suicide,  d'un  accident  ou  même 
d'un  homicide.  De  tels  exemples  sont  connus  de  tous,  et  pour 
ma  part  j'en  pourrais  signaler  plusieurs.  Je  sais  des  décès 
par  poison  ou  gorges  coupées,  enregistrés  comme  syncopes  ou 
pneumonies.  La  nature  suicide  de  ces  cas  est  restée  cachée. 

Nous  n'avons  pas  à  approfondir  et  à  rechercher  ici  les 
causes  de  ces  erreurs  qui  peuvent  être  !dues  à  des  influences 
de  famille  et  à  des  négligences  de  l'administration  qui 
recueille  les  déclarations,  ou  même  de  l'autorité  judiciaire. 
Mais  il  est  nécessaire  de  tenir  compte  qu'il  peut  y  avoir  une 
plus  grande  chance  d'erreurs  ou  de  méprises,  et  par  suite  de 
statistiques  erronées  selon  les  localités  et  les  époques.  11  n'y 
a  pas  de  doute  que  dans  beaucoup  de  pays  le  préjugé  que 
le  suicide  comporte  nécessairement  le  déshonneur  abeaucoup 
perdu  de  sa  force,  depuis  qu'on  le  considère  dans  la  majorité 
des  cas,  tout  au  moins  comme  le  résultat  d'une  aberration 
mentale,  et  il  est  assez  raisonnable  d'admettre  que  les  efforts 
faits  pour  en  ignorer  les  cas  ou  les  tenir  cachés  sont  con- 
jointement diminués.  Il  serait  trop  long  de  discuter  à  fond 
sur  ces  considérations,  mais  il  est  certain  qu'on  doit  en  tenir 
compte  lorsqu'on  examine  les  statistiques. 

Le  tableau  suivant  montre  que  les  proportions  sontconsi- 
dérablement  plus  élevées  en  Angleterre  et  dans  le  pays  de 
Galles  qu'en  Ecosse  pendant  les  trente  dernières  années. 
C'est  là  un  fait  intéressant,  mais  je  ne  puis  m'en  occuper 
aujourd'hui  puisqu'il  ne  porte  pas  directement  sur  l'augmen- 
tation des  suicides. 

J'attirerai  maintenant  l'attention  du  lecteur  sur  le  tableau 
ci-après,  qui  donne  les  procédés  de  mort  adoptés  par  les 
suicidés. 


RECHERCHES   SUR  LE  SUICIDE  EN  GRANDE-BRETAONB.      395 


Procédés  de  suicide. 


PROCiDéS  EMPLOYÉS 

TABLEAU  DES  QUANTITÉS  DE  SUICIDES 
PAR  CHAQUE  PROCÉDÉ 

Angleterre 

et 

Pays  de  Galles  (1865-1894). 

Bcosse  (1877-1894). 

Armes  à  feu 

Armes  blanches .      ... 
Poison 

6 
19 
42 
21 
34 

8 

6 
18 
H 
28 
29 

8 

Novade  

Pendaison 

Divers  méthodes  autres  . 

Total 

100 

100 

On  remarquera,  après  Texamen  de  cette  table,  que  tous 
les  suicides,  à  Texception  de  8  p.  100  dans  les  deux  régions, 
ont  été  effectués  par  Tune  des  cinq  méthodes  qui  sont  : 
1^  les  armes  à  feu  ;  2^  les  armes  blanches  ;  S°  le  poison  ;  4''  la 
noyade  ;  8**  la  pendaison. 

Examinons  maintenant  les  statistiques  de  ces  cinq  mé- 
thodes différentes. 

Les  chances  d'inscriptions  imparfaites  ou  incorrectes  sur 
les  registres,  dues  aux  doutes  sur  la  nature  d*une  mort,  à  des 
opinions  fausses  à  son  égard  ou  encore  à  la  discrétion  inten- 
tionnelle sur  les  circonstances  qui  Tout  accompagnée,  ne 
peuvent  évidemment  en  aucun  cas  être  égales  pour  tous  les 
genres  de  morts. 

Les  erreurs  se  produisent  plus  facilement  dans  les  cas 
d'empoisonnement  ou  de  noyade  ;  par  contre,  beaucoup  moins 
lorsque  la  mort  provient  de  suicide  par  pendaison,  par  les 
armes  à  feu  ou  par  les  armes  blanches. 


Suicide  par  pendaison. 

On  peut  assurer  que,  dans  les  cas  de  mort  par  pendaison, 
il  est  rare  que  la  connaissance  n'en  parvienne  pas,  et  plus 
rare  encore  que  ces  cas  soient  attribués  &  d'autres  causes 
qu'au  suicide.  Bref,  nous  avons  dans  les  statistiques  de  pen- 


396 


STATISTIQUE   SOCIALE. 


daison  des  tableaux  qui  méritent  toute  confiance.  J'ai  nolé  les 
décès  enregistrés  sous  la  rubrique  :  «  suicide  par  pendaison» 
en  Angleterre  et  en  Ecosse  pendant  les  trente  dernières 
années  (1868-1894),  et  calculé  séparément  les  moyennes 
annuelles  :  1^  pour  chacune  des  deux  périodes  de  quinze 
années  (1868-1879  et  1880-1894);  2«  pour  chacune  des  sii 
périodes  quinquennales  comprises  dans  les  mêmes  trente 
années.  Le  tableau  ci-joint  indique  les  résultats  obtenus. 

Suicides  par  pendaison  pendant  une  période  de  30  années 
(1868-1894). 


QUANTITÉS 

ANNUELLES                    1 

POUR   UX   MILLION    d'HABITAXTS         }| 

PÉRIODES 

ANNÉES 

Aaffleterre 

--^^^ 

et 

Ecosse. 

Pays  de  Galles. 

Périodes 

i 865-1879  .   . 

25 

16 

de  15  années. 

f  1880-1894  .    . 

24 

16 

1865-1869  .    . 

26 

18 

Périodes        * 

1870-1874  .   . 

25 

14 

1875-1879  .   . 

26 

17 

de  5  années. 

1  1880-1884  .   . 

26 

15 

'   1H80-1889  .    . 

25 

16 

V  1890-1894  .   . 

25 

16 

Nous  tirons  de  ce  tableau  cette  conclusion  importante  à 
regard  du  suicide  par  pendaison,  c'est-à-dire  à  Tégard  de  la 
section  des  statistiques  du  suicide  qui  présente  le  plus  de  net- 
teté :  les  proportions  pendant  les  deux  périodes  de  quinze 
années  bien  qu'elles  soient  considérablement  plus  élevées  en 
Angleterre  qu'en  Ecosse,  restent  pour  chaque  contrée  sensi- 
blement identiques  pendant  les  deux  périodes.  En  Angle- 
terre on  comptait  2S  cas  par  million  d'habitants  pour  la  pre- 
mière période  et  24  cas  pour  la  seconde;  en  Ecosse,  16  pour 
chaque  période.  Il  n'y  a  donc  pas  là  de  preuve  d'augmenta- 
tion. On  peut  voir  dans  la  seconde  partie  du  tableau  que  les 
proportions  sont  prises  pendant  des  périodes  plus  courtes; 
elles  montrent  quelques  fluctuations  de  période  à  période, 
mais  ce  fait  n'infirme  pas  la  conclusion  basée  sur  des  pro- 
portions plus  grandes  données  par  des  périodes  plus  longues. 


RBCHBRCHBS   SUR  LE   SUIGIDB   BN   GRANDB-BRBTAONB.      397 

Les  proportions  de  suicide  par  pendaison  montrent  comme 
toutes  les  proportions  de  suicide  d'ailleurs,  un  total  considé- 
rablement plus  élevé  en  Angleterre  qu'en  Ecosse,  mais 
comme  je  Tai  déjà  exposé,  ce  fait  n'intéresse  pas  directement 
la  question  de  l'augmentation  dont  nous  nous  occupons.  Il 
ressortit  à  cette  question  toutefois  d'ajouter  que  quoique  les 
statistiques  des  diverses  régions  d'Ecosse  (que  j'ai  examinées 
plus  complètement  que  celles  d'Angleterre)  accusent  des 
différences  considérables  dans  les  proportions  de  différentes 
localités.  Ces  proportions  qu'elles  soient  élevées  ou  qu'elles 
soient  faibles  semblent  rester  stationnaires  de  période  à 
période.  Je  ne  puis  indiquer  ces  proportions  que  pour  les 
années  de  1877  à  1894,  car  les  registres  écossais  n'indiquent 
pas  les  chiffres  pour  les  comtés  séparément  avant  cette 
époque. 

Je  prends  toutefois  les  deux  périodes  de  neuf  années  cha- 
cune, 1877  à  1885  et  1886  à  1894,  et  calculant  les  moyennes 
par  miUions  d'habitants  pour  le  suicide  par  pendaison,  je 
trouve  que  les  comtés  de  Forfar  et  de  Kincardine  qui  ont 
les  moyennes  les  plus  élevées,  montrent  exactement  le  même 
chiffre  (26  par  million  pour  chaque  période  de  neuf  années). 
Je  constate  également  que  le  groupe  de  sept  comtés  qui  cons- 
tituent le  district  S.-O.  de  l'Ecosse  offre  une  proportion  pour  la 
première  période  de  neuf  années  de  14  pa;*  million,  et  pour  la 
seconde  période  de  13  par  million.  Gela  nous  démontre  que 
le  suicide  par  pendaison  reste  sans  changement  appréciable, 
soit  dans  les  localités  où  les  proportions  en  sont  élevées,  soit 
dans  celles  où  elles  sont  faibles. 

Suicide  par  armes  a  feu  ou  par  armes  blanches 
(rnstruments  tranchants  ou  piquants.) 

J'étudierai  maintenant  les  chiffres  de  suicide  par  armes  à 
feu  et  par  armes  blanches,  pensant  avoir  réussi  à  démontrer 
que  non  seulement  le  suicide  par  pendaison  n'accuse  aucune 
tendance  à  augmenter,  mais  qu'il  montre  au  contraire  une 
ûxité  de  proportions  presque  surprenante.  Les  statistiques 
de  suicide  par  armes  à  feu  et  armes  blanches  peuvent  être 
examinées  ensemble.  Nous  avons  dit  qu*à  l'égard  des  morts 
par  pendaison  il  arrivait  très  rarement  qu'elles  fussent  igno- 
rées ou  méconnnes  et  alors  enregistrées  comme  «  acciden- 


398 


STATISTIQUE  SOCIALE 


telles  » .  Les  morts  par  les  armes  à  feu  sont  dans  un  cas  dif- 
férent. 

Il  est  également  rare  qu'on  les  ignore,  mais  il  est  possible 
et  môme  probable  qu'elles  ne  sont  pas  toujours  considérées 
ni  enregistrées  comme  suicide  lorsque  telle  est  leur  cause. 
Les  chiffres  véridiques  dans  ce  cas  ne  sont  donc  pas  le  nombre 
des  morts  enregistrées  comme  suicide  mais  le  nombre  total 
des  décès  par  armes  à  feu  ou  par  armes  blanches  qu'ils  soient 
attribués  ou  non  au  suicide. 

Nous  trouvons  heureusement  toutes  ces  morts  indiquées 
dans  les  rapports  administratifs,  soit  parmi  les  suicides,  soit 
parmi  les' morts  par  accident  ou  par  négligence.  On  ne  doit 
pas  manquer  de  faire  observer  ici  qu'à  l'égard  des  morts 
accidentelles  par  armes  à  feu  ou  blanches  et  aussi  par  rap- 
port aux  morts  accidentelles  par  empoisonnement  ou  par 
noyade,  aucune  d'elles  ne  figure  dans  la  classe  d'accidents, 
que  ceux  d'accidents  de  chemin  de  fer,  d'industrie  ou  de 
mines,  ces  accidents  peuvent  être  et  ont  en  effet  été  diminués 
de  fréquence  par  une  administration  plus  vigilante  et  par 
des  soins  constants  pour  assurer  la  sécurité  générale.  Si  les 
mèm^  influences  étaient  intervenues,  quelques-uns  des  argu- 
ments qui  vont  suivre  perdraient  beaucoup  de  leur  force. 
Dans  le  tableau  suivant,  je  donnerai  les  proportions  de  sui- 
cide et  d'accidents  par  armes  à  feu  et  armes  blanches  pour 
les  deux  périodes  de  quinze  années  allant  de  1865  à  1894. 

Morts  par  armes  à  feu  ou  armes  blanches  pendant 
30  années  (1865  à  1894). 


PÉRIODES 

de 
i  5  années 
chacune. 


1865-1879. 
1880-1894. 


MOYENNES   PAR  MILUOS   D  HABITANTS 
Koosse. 


Angleterre  et  pays  de  GaUes. 


Suicide. 


17 
21 


Accident. 


10 


ToUl. 


27 
28 


Suicide. 


11 
14 


Accident. 


Total. 


18 
19 


Je  traiterai  cette  question  très  rapidement.  Le  tableau 
montre  dans  la  colonne  t  total  »  les  nombres  de  morts  par 
armes  à  feu  ou  armes  blanches  sans  considérer  la  question 


RSCHIRCHBS  SUR  LB   8UICIDB   BN   ORANDB-BRETAONB.      399 

très  discutable  si  elles  sont  dues  à  des  accidents  ou  à  des  sui- 
cides. Les  chiiTres  de  ces  colonnes  peuvent  par  conséquent 
être  considérés  comme  absolument  exacts  et  ils  apportent  un 
autre  exemple  de  fixité  remarquable  pour  les  proportions 
dans  chaque  contrée  pendant  les  deux  périodes  successives. 
Les  proportions  sont  à  peu  près  les  mêmes  pour  chaque 
même  période  autant  qu'elles  peuvent  Tétre  sans  être  abso- 
lument identiques. 

Dans  les  autres  colonnes  intitulées  c  Suicide  »  et  c  Acci- 
dent »  nous  devons  compter  avec  les  chiffres  des  registres, 
chiffres  influencés  peut-être  par  des  interprétations  erronées, 
bien  que  faites  de  bonne  foi,  ou  avec  des  opinions  préconçues. 

Nous  y  trouvons  dans  les  chiffres  se  rapportant  aux  deux 
pays  que  la  proportion  des  suicides  a  augmenté  dans  la 
seconde  période  et  que  cette  augmentation  est  balancée  par 
une  diminution  correspondante  dans  la  colonne  des  acci- 
dents. Je  laisse  le  lecteur  juge  des  conclusions  qui  découlent 
de  ces  chiffres.  Cette  augmentation  des  suicides  est-elle  due 
à  l'enregistrement  de  morts  sous  la  rubrique  «  Suicides  », 
qui  dans  l'autre  période  auraient  été  considérées  comme 
accidentelles  ?  A  mon  avis  cette  hypothèse  est  la  plus  raison- 
nable. Il  nous  reste  à  étudier  les  suicides  par  poison  et  par 
noyade.  Je  les  ai  tenus  séparés  des  autres  cas,  parce  qu'il 
était  présumable  que  les  statistiques  s'y  rapportant  présen- 
teraient encore  un  caractère  plus  irrégulier  que  les  autres. 

C'est  un  fait  aussi  que  les  morts  par  immersion  sont  très 
irrégulières  comme  quantité,  si  on  les  étudie  année  par 
année,  irrégularités  dues  surtout  aux  influences  climatéri- 
ques  et  aux  eésastres  de  toutes  sortes  qu'elles  amènent  sur 
nos  côtes.  Mais  le  tableau' ci-après  montrera  que  si  les  morts 
par  empoisonnement  ou  immersion  sont  totalisées  pour  une 
certaine  longue  période  de  temps,  Tirrégularité  des  chiffres 
deviendra  plus  apparente  que  réelle. 

Il  serait  intéressant,  si  le  temps  le  permettait  d'examiner 
séparément  les  statistiques  de  poison  et  de  noyade.  Je 
me  bornerai  à  faire  remarquer  que  les  chiffres  de  cette 
table  concordent  dans  leurs  résultats  généraux  avec  les 
chiffres  des  morts  par  armes  à  feu  ou  armes  blanches.  La 
proportion  des  suicides  s'élève  à  la  fois  en  Angleterre  et  en 
Ecosse,  et  les  morts  imputables  aux  accidents  diminuent  en 
Angleterre,  l'augmentation  des  suicides  est  faible  et  plus  que 


400 


STATISTIQUE  SOCIALE. 


contre-balancée  parla  diminution  des  accidents.  L'exactitude 
de  la  balance  pour  l'Ecosse  est  remarquable,  mais  quoiqu'elle 
semble  corroborer  rbypothése  précédente,  il  parait  permis 
de  la  considérer  comme  plus  curieuse  que  concluante. 

Morts  par  poison  ou  par  noyade. 


PÉRIODES 

de 
13  années 
chacune. 

HOYBKNB   ANNUELLE  PA 

R  MIUJON 
Suicide. 

d'habitants          ] 

Angleterr 
Suicide. 

e  et  pays  de  Galles. 
Accident.       Total. 

écosM. 
Accident. 

Total    ■ 

i8ôrM870.    . 
1880-1894.   . 

21 
S4 

138 
113 

159 
137 

11 
22 

171 
159 

182 
181    1 

J'ai  examiné  très  succinctement  et  très  imparfaitement  les 
proportions  du  suicide  par  les  moyens  les  plus  usités  ;  j'ai 
laissé  de  côté  les  cas  exceptionnels  au  nombre  de  8  p.  100 
sur  la  totalité  des  suicides.  Je  pense  avoir  prouvé  que  les 
morts  par  toutes  les  méthodes  examinées  <  suicides  ou  acci- 
dents >  n'ont  pas  augmenté  et  qu'il  y  a  une  fixité  vraiment 
surprenante  dans  ces  proportions.  Il  y  a  lieu  de  croire  que 
l'augmentation  apparente  des  suicides  montrée  par  les  chif- 
fres dans  la  première  table  doit  être  attribuée  surtout  à  ce 
qu'autrefois  on  enregistrait  sous  la  rubrique  <c  accidents  » 
des  morts  qu'actuellement  on  désigne  sous  le  terme  «  sui- 
cide ».  Mais  ce  n'est  là  qu'une  hypothèse,  dira- t-on?  Si  le 
temps  me  le  permettait,  j'aurais  trouvé  quelques  raisons  pour 
prouver  le  contraire.  Mais  si  l'on  considère  mon  opinion 
comme  une  hypothèse,  il  ne  convient  pas  de  soutenir  sans 
preuves  à  l'appui  que  le  suicide  augmente  en  Angleterre  et 
en  Ecosse,  malgré  l'autorité  qu'on  pourrait  tirer  d'un  examen 
superficiel  des  statistiques. 

J'espère,  dans  les  observations  que  j'ai  osé  présenter, 
ne  pas  avoir  donné  l'occasion  de  dire  que  les  statistiques  sont 
faites  pour  prouver  quelque  chose.  Les  critiques  qui  émettent 
cette  idée  semblent  écrasants,  mais  je  ne  pense  pas  qu'ils 
puissent  être  suivis  par  ceux  qui  s'efforcent  de  démontrer 
honnêtement  et  patiemment  la  signification  et  la  réelle 
valeur  des  statistiques. 


RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NBRVBUSB.  401 

J'ai  plus  de  disposition  à  me  ranger  à  Tavis  exprimé  par 
Henry  Thomas  Buckle  qui  qualifie  la  statistique  de  c  branche 
de  la  science,  qui  bien  qu'encore  dans  son  enfance,  a  déjà 
répandu  plus  de  clarté  sur  l'étude  de  la  nature  humaine  que 
toutes  les  sciences  réunies  >.  0*"  J.  Sibbald. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE, 


LXXXVI.  TnOOBLES  GASTRIQUES  DE  NATUBE  HYSTERIQUE.  —  CLINIQUE  OU 

Professeur  de  Renzi  ;  par  le  D^*  Scom,  assistant.  (La  Nuova  Bivista 
clinico-térapeutica,  n<>  6,  1898.) 

Femme  de  cinquante  ans,  ayant  eu  5  enfants  et  on  avortement  ; 
menstruation  normale.  A  eu  pendant  huit  ans  de  violentes 
coliques  utérines,  disparues  à  la  suite  d'une  intervention  chirurgi- 
cale. Il  y  a  six  ou  sept  ans  :  typhus  abdominal,  suivi  d'embarras 
gastrique,  avec  vomissements  de  liquide  blanchâtre.  Depuis  cette 
époque  troubles  gastriques  fréquents  caractérisés  par  une  douleur 
survenant  environ  deux  heures  après  le  repas.  Cette  douleur, 
après  une  période  de  rémission,  est  devenue  plus  violente  que 
jamais.  À  Texamen  :  douleur  vive  à  l'inspiration,  sensation  de 
constriction  et  de  boule  à  la  gorge,  hémianesthésie  droite.  Région 
stomacale  normale.  Petite  tumeur  de  la  rate.  Examen  complet 
du  liquide  gastrique  ;  abondance  d'albumine,  absence  complète 
d'acide  chlorydrique  libre.  Diagnostic:  hystérisme,  avec  atonie 
gastrique  et  tumeur  spléniqne  infectieuse.  Traitement  :  bromy- 
drate  de  quinine,  cannabis  indica  et  vatériane  en  pilules  ;  solution 
diacide  chlorydrique  à  1/100;  applications  électrofaradiques  sur 
la  région  épigastrique.  Au  bout  d'un  mois,  [amélioration  progres- 
sive de  tous  les  symptômes,  disparition  des  troubles  gastriques  ; 
la  malade  reprend  ses  occupations.  -     R.  C. 

LXXXVH.  Sclérodermie  lardacée  en  coup  de  sabre  de  la  région  fron- 
tale. Crises  épileptiforiies  concomitantes;  par  L.  Spillmann.  — 
{Nouv.  Iconogr.  de  la  Salpêtrière^  n<>  3,  1898.) 

Observation  d'un  cas  de  sclérodermie  en  coup  de  sabre,  remar- 
quable par  son  siège,  sa  confîguration  spéciale  et  des  complica- 
tions nerveuses  non  encore  signalées.  Homme  de  trente-deux  ans, 
antécédents  héréditaires  inconnus,  débilité  mentale.  Marié  à  vingt- 

Archives,  2«  série,  t.  VI.  26 


402  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NBRVBUSE. 

sept  ans,  deux  enfants  bien  portants.  Aucun  soupçon,  ui  trace  de 
syphilis,  ni  d'alcoolisme.  En  mai  1897,  apparition  d'une  raie  m 
milieu  du  front;  en  même  temps  violentes  douleurs  né?ralgiqiies. 
Deux  mois  après,  apparition  d'une  nouvelle  raie  blanche,  parallèle 
à  la  première.  Eu  octobre  1897,  première  crise  épileptiforme, 
suivie  d'nne  deuxième  crise  huit  jours  après.  Céphalée  post-paroxys- 
tique intense.  —  Les  deux  lignes  sclérodermiques,  d*aspect  nacré, 
avec  dépression  osseuse  correspondante,  partent  de  la  racine  du 
nez  et  s'étendent  jusque  vers  la  suture  fronto-pariétale,  sur  une 
largeur  de  1  à  2  centimètres,  en  suivante  peu  près  exactement  le 
trajet  des  nerfs  frontal  interne  et  frontal  externe;  ni  douleur,  ni 
anesthésie.  Eu  novembre  1897,  nouvelle  crise  convulsive  avec, 
depuis  cette  époque,  affaiblissement  intellectuel  progressif.  La 
topographie  de  la  lésion  et  la  concomitance  de  manifestations 
convulsives  indiquent  assez  clairement  Torigine  nerveuse  et  don- 
nent raison  à  l'opinion  du  D**  Raymond  qui,  dans  la  genèse  de  celle 
curieuse  dystrophie,  attribue  la  prédominance  au  système  nerveux. 
L'auteur  pense  que«  dans  ce  cas  spécial,  il  y  aurait  lieu  d'admettre 
une  lésion  périostique  de  la  paroi  interne  du  crâne,  ayant  produit 
une  compression  ou  une  irritation  de  la  zone  rolandique.       R.  C. 

LXXXVQL  NoTK  SUR  la  paraltsik  du  facial  supérieur  dans  l'héiii- 
PLÉGiB  PAR  LÉSION  CÉRÉBRALE;  par  Ch.  FÉRÉ.  {Nouo.  IcoTiogr.  de 
la  Salpétrière,  n^  3,  1898.) 

L'existence  de  la  paralysie  faciale  dans  Thémiplégie  hystérique 
est  depuis  longtemps  contestée.  Ce  qui  est  assurément  très  rare 
chez  les  hémiplégiques,  c'est  la  persistance  des  signes  ordinaires 
de  la  paralysie  du  facial  supérieur,  dont  fauteur  donne  une  obser- 
vation complète.  Il  s'agit  d'une  femme  de  trente-six  ans,  ayant  eu 
des  convulsions  dans  l'enfance,  suivies  d*hémiplégie  transitoire  avec 
parésie  faciale  persistance  du  même  côté.Pas  d'autres  troubles  physi- 
ques ou  psychiques.  Depuis  deux  ans,  à  la  suite  de  chagrins,  ébloais- 
sements,  secousses  dans  le  bras,  battements  des  paupières  du  côté 
hémiplégie,  avec  sensations  de  suffocation  et  sueurs  profuses.  Per- 
sistance de  la  parésie  faciale  ;  Toeil  reste  constamment  ent*rouvert. 
Cette  observation  est  intéressante  par  le  réveil,  après  trente  ans, 
de  troubles  fonctionnels  résultant  d'une  lésion  de  Tenfance,  et 
aussi  par  la  persistance  de  la  parésie  faciale,  particulièrement  de 
Torbiculaire,  qui  passe  pour  ôtre  toujours  indemne  dans  les  hémi- 
plégies anciennes.  Traitement  bromure  à  doses  croissantes  :  amé- 
lioration progressive.  R.  G. 

LXXXIX.  Un  cas  de  maladie  de  Fribdreich  a  dAbut  tardif  :  autopsie  ; 
par  L.  BoNNUS.  (Nouv,  Iconogr.  de  la  SalpétrièrCy  d9  3, 1898.) 

L'époque  de  l'apparition  des  premiers  phénomènes  de  la  mais* 


RBVUB  DE  PATHOL06IB  NBRVBUSB.  403 

die  de  Friedreich  est  sujette  à  de  grandes  variations;  cependant 
les  cas  ayant  débuté  après  Tâge  de  vingt  ans  peuvent  être  consi- 
dérés comme  très  rares.  Celui-civ  dont  les  débuts  ne  se  sont  mani- 
festés qu'à  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  diagnostiqué  par  Gharcot  et 
vériûé  par  Tautopsie,  treize  ans  plus  tard,  est  en  outre  intéres- 
sant, par  l'existence  de  douleurs  fulgurantes  généralement  consi- 
dérées comme  propres  au  tabès,  par  Taltération  très  grande  des 
nerfs  périphériques,  regardée  comme  exceptionnelle,  et  surtout 
par  l'absence  de  toute  lésion  macroscopique  et  microscopique  du 
cervelet.  Cette  dernière  particularité  semblerait  bien  infirmer 
l'hypothèse  de  Hammond  Sénalor  qui  attribue  la  maladie  de  F..., 
à  l'atrophie  primitive  du  cervelet  et  vient  à  l'appui  de  l'opinion 
qui  place  cette  atfection  sous  la  dépendance  d'une  sclérose  systé- 
matisée combinée  de  la  moelle.  L'auteur  pense  qu'il  y  a  des  degrés 
dans  la  débilité  congénitale  des  systèmes  médullaires  atteints, 
d'où  lapparition  plus  ou  moins  tardive  des  débuts  de  Taflection. 

R.  C. 

XG.  De  l'origine  congénitale  de  certaines  syringomyélies  ; 
par  le  D^  H.  Dufour. 

En  juillet  1807,  M.  Dufour  a  inséré  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
anatomique  l'histoire  d'une  petite  fille  de  cinq  ans,  opérée  d'un 
spina  bifida  'lombo-sacré  et  ayant  succombé  peu  de  temps  après 
l'intervention  avec  des  symptômes  d'infection. 

L'extrémité  inférieure  de  la  moelle  de  cette  malade  portait  un 
renflement  conique  formant  tumeur,  tumeur  constituée  par  un 
tissu  mixte  :  fibro-myo-lipôme.  L'auteur  revient,  dans  le  présent 
travail,  sur  l'étude  macroscopique  et  microscopique  de  la  moelle. 

Il  existe,  depuis  la  région  bulbaire  jusqu'à  la  région  sacrée  infé- 
rieure, une  tumeur  périépendidymaire  formée  de  fibrilles  très  fines 
au  milieu  desquelles  on  trouve  de  nombreuses  cellules.  Gette 
tameur  prend  mal  les  réactifs  colorants,  ne  se  laisse  pas  colorer 
par  la  méthode  de  Pal  et  renferme  des  vaisseaux  sans  paroi 
propre.  Sa  situation,  ses  caractères  font  admettre  qu'il  s'agit  d'une 
formation  gliomateuse. 

Le  canal  central  dilaté  au  niveau  du  bulbe  des  régions  cervicale 
et  lombaire  envoie  des  diverticules  dans  la  substance  grise.  La 
conclusion  qui  s'impose,  c'est  qu'il  s'agissait  chez  cette  enfant 
d'une  syringomyélie  avec  gliôme. 

Sans  tirer  de  la  coïncidence  des  deux  modalités  pathologiques, 
spina-bifida  et  tumeur  congénitale  de  la  moelle,  d'une  part, 
gliôme  et  syringomyélie  de  l'autre,  la  conclusion  de  l'unité  patholo- 
gique des  deux  aftections,  il  est  permis  de  les  considérer  comme 
des  lésions  évoluant  à  la  môme  époque,  c'est-à-dire  avant  la  nais- 
sance, in  utero,  et  pouvant  être  dites  congénitales. 


404  REVUE  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

Celte  origine  utérine  doit  dominer  Tétiologie  d*un  grand  nombre 
de  syringorayélies  dont  nous  ne  soupçonnons  pas  encore  la  caose. 
Peut-être  pourrait-on,  en  autopsiant  systématiquement  la  moelle 
d'enfants  morts  d*atfeclions  quelconques,  trouver  les  traces  médul- 
laires d'une  syringomyélie  qui  ne  se  serait  pas  encore  révélée 
cliniquement.  (Hevue  neurologique,  février  1898).  E.  B. 

XCI.  Un  cas  db  chorés  électrique  ;  par  le  D*"  Bonardl 

En  raison  de  la  rareté  de  cette  affection,  l*auteur  publie  un  cas 
de  chorée  électrique  ou  maladie  de  Dubini,  avec  autopsie  et  recher- 
ches bactériologiques. 

Il  8*agit  d'une  hystérique  de  vingt  ans  dont  tout  le  corps,  de  la 
tête  aux  pieds,  était  agité  par  des  mouvements  en  apparence  dé- 
sordonnés, mais  qui,  étudiés  séparément,  présentaient  an  rythme 
bien  défini  plus  ou  moins  régulier. 

Les  oscillations  étaient  de  15  à  20  par  minute  :  mouvements  de 
latéralité  de  la  tôte,  attitude  du  baiser  aux  lèvres,  mouvements  de 
flexion  et  d'extension  des  bras  et  des  jambes.  Le  rythment  la  rapi- 
dité des  contractions  rappelaient  ceux  déterminés  par  un  couraat 
électrique  à  interruptions  rares. 

La  malade  présenta  de  la  fièvre  dès  son  entrée  à  l'hôpital,  pais 
l'état  devint  infectieux  et  la  mort  survint  dans  le  coma  :  la  tempé- 
rature monta  à  42^,5  après  la  mort. 

L*autopsie,  pratiquée  avec  soin,  ne  fournit  aucun  renseigoement 
intéressant  et  l'examen  bactériologique  du  sang,  de  la  pulpe  splé- 
nique  et  de  la  substance  cérébrale  resta  négatif.  {Hevue  neurolo- 
gique, mai  1898.)  E.  B. 

XCll.   LÉSIONS   DES  CELLULES    DE    LA    MOELLE   DANS   UN   CAS   DB   KAUDIE 

DE  Parkinson  ;  par  les  D^  Ballet  et  Faurb. 

On  ignore  encore  le  siège  et  la  nature  des  lésions  qui  déter- 
minent la  maladie  de  Parkinson.  Les  auteurs  ont  trouvé  dans  les 
cellules  des  cornes  antérieures  de  la  moelle  d'un  malade  atteint  de 
cette  affection  un  nombre  considérable  de  ruptures  des  prolonge- 
ments protoplasmiques. 

U  est  vrai  que  les  ruptures  de  prolongements  cellulaires  coosti- 
tuent  une  altération  assez  banale  qu'on  rencontre  dans  les  myé- 
lites aiguës,  les  anémies  expérimentales,  et  qui  peut  même  résulter 
de  simples  manipulations  ;  mais  elles  n'en  révèlent  pas  moins 
quand  elles  sont  nombreuses,  sur  une  moelle  d'ailleurs  durcie  et 
coupée  avec  soin,  une  fragilité  anormale  du  protoplasma  des 
cellules. 

Faut-il  considérer  la  fragilité  du  spongioplasma  que  ces  rup- 
tures impliquent  comme  un  phénomène  accidentel  et  contingent 


REVITB  DB   PATHOLOGIB    NBRVBUSB.  405 

sans  relation  directe  avec  le  syndrome  de  Parkinson  ?  La  réponse 
est  à  l'heure  actuelle  impossible.  Des  examens  ultérieurs  précise* 
ronl  sans  doute  la  signification,  la  valeur  de  la  lésion,  et  montre- 
ront si,  comme  Gowers  l'avançait  récemment,  il  ne  faut  pas  cher- 
cher dans  une  lésion  fonctionnelle  des  prolongements  protoplas- 
miques  des  cellules  nerveuses,  l'explication  de  la  raideur  et  de 
l'exagération  du  tonus  musculaire  qu'on  observe  dans  la  maladie 
de  Parkinson.  {Revue  neurologique,  février  1898.)  E.  B. 

XCIII.  Le  siGNB  DE  Gh.  Bell  dans  la  pabalysie  faciale  pÊRiPHéaiQUE  ; 
par  le  D'  P.  Bonnier. 

M.  Bernhardt  donne  avec  raison  le  nom  de  Gh.  Bell,  qui  l'a  le 
premier  signalé  en  1823,  au  phénomène  suivant  :  dans  le  cas  de 
paralysie  faciale  périphérique,  quand  le  sujet  fait  vainement  effort 
pour  fermer  la  paupière  du  côté  paralysé,  on  remarque  que  le 
globe  de  l'œil  se  tourne  en  haut  et  en  dehors. 

L'auteur  a  déjà  cité  huit  cas  dans  lesquels  ce  trouble  était  nette- 
ment associé  à  des  phénomènes  d'origine  labyrinthique  et  proposait 
la  théorie  suivante  :  quand  le  globe  n'est  pas  fîxé  par  l'acte  du 
regard  volontaire,  il  a  naturellement  tendance  à  remonter  en 
haut  et  en  dehors,  c'est  son  attitude  de  repos;  c'est  la  position  nor- 
male, physiologique  et  anatomique,  d'où  le  regard  seul  le  fait 
physiologiquement  dévier  ;  quand  (e  regard  cesse,  soit  que  la 
volonté  de  regarder  s'éteigne  avec  le  sommeil,  la  syncope,  la  fai- 
blesse même,  soit  que  le  sujet  s'efforce  d'abaisser  la  paupière,  l'œil 
reprend  sa  position  normale.  Il  la  reprend  tranquillement  sUl  n'y  a 
pas  irritation  des  centres  oculo-moteurs,  mais  son  mouvement 
peut  être  spasmodique  si  les  centres  de  l'ocuio-motricité  sont  en 
quelque  sorte  exaltés  :  or,  c'est  presque  toujours  le  cas  lorsqu'il  y 
a  irritation  labyrinthique,  et  celle-ci  accompagne  très  fréquem- 
ment la  paralysie  faciale. 

M.  Bernhardt  a  critiqué  la  théorie  de  l'auteur,  semblant  croire 
que  ce  dernier  attribuait  exclusivement  à  l'irritation  labyrinthique 
les  troubles  oculo-moteurs  observés.  Or,  M.  Bonnier,  en  parlant  de 
huit  cas  auxquels  l'application  de  sa  théorie  semblait  légitime, 
a  simplement  indiqué  que  dans  la  plupart  des  cas  l'irritation  laby- 
rinthique exagérait  ou  troublait  l'élévation  normale  du  globe  au 
moment  de  la  cessation  du  regard,  sans  laisser  aucunement  sup- 
poser que  la  lésion  auriculaire  soit  la  cause  unique  et  détermi- 
nante d'un  phénomène  qu'il  définissait  d'ailleurs  comme  normal 
dans  sa  nature.  (Revue  neurologique,  avril  1898.)  E.  B. 

XGIV.  Double  syndrome  de  Brown-Séquard  dans  le  xal  de  Pott  ; 
par  le  D''  P.  Londe. 

Si,  dans  une  paraplégie  motrice  bilatérale,  on  constate  des  trou- 


406  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NBRVBUSB. 

bles  de  la  sensibilité  également  bilatéraux,  imputables  à  la  lésion 
médullaire,  il  s'agit  certainement  d'un  double  syndrome  de  Brown- 
Séquard.  Peu  importe  d'ailleurs  la  nature  de  la  lésion  :  ce  qai 
détermine  le  symptôme,  c'est  sa  localisation.  Il  s'ensuit  que  la 
double  bémianestbésie  croisée  est  en  réalité  très  fréquente  ;  il  suf- 
fit de  la  rechercher.  L'observation  relatée  par  l'auteur  en  est  un 
exemple  au  cours  du  mal  de  Pott  ;  quoique  incomplet,  le  double 
syndrome  est  indéniable,  étant  donnée  la  disposition  du  schéma 
joint  k  l'observation.  {Revue  neurologique^  juin  1898.)        E.  B. 

XCV.  La  pâraplégib  FLACcmE  par  compression  ;  par  le  D^  Brissauo. 

La  paraplégie  de  la  myélite  transverse  est-elle  quelquefois  Ûac- 
cide  ?  la  chose  n'est  pas  douteuse.  Mais  comment  interpréter  les 
faits  où  elle  se  présente  sous  cette  dernière  forme  ? 

D'après  Adamkiévicz,  c'est  le  liquide  céphalo-rachidien  qui, 
dans  les  tumeurs  intra-rachidiennes,  serait  la  cause  des  phéno- 
mènes paralytiques  ;  l'auteur  préfère  s'en  tenir  à  l'action  coropres* 
sive  de  l'œdème. 

Quoi  qu'il  en  soit,  qu'il  s'agisse  du  liquide  céphalo-rachidien  on 
du  liquide  d'une  Infiltration  œdémateuse,  l'action  compressire  est 
toujours  exercée  par  un  liquide,  et  si  elle  suffit  pour  interrompre 
la  conductibilité  dans  les  cordons  latéraux,  elle  ne  suffit  pas  pour 
entraîner  la  dégénérescence  de  ces  cordons  ou  la  désintégration  de 
la  substance  grise  ;  voilà  pourquoi  ladite  compression  ne  produit 
qu'une  paralysie  ilaccide.  Mais  il  ue  faudrait  pas  qu'elle  se  pro- 
longeât trop  longtemps,  sous  peine  d'entraîner  la  dégénérescence 
descendante  et,  partant,  la  contracture  paraplégique. 

Dans  le  cas  où  l'agent  co m pressif,  liquide  ou  solide,  détermine  la 
dégénération  latérale  descendante  pyramidale,  la  contracture 
apparaît.  Telle  est  du  moins  la  règle  générale.  Mais  cette  règle 
n'est  admissible  qu'à  la  condition  que  les  nerfs  moteurs  ou  les 
muscles  ne  soient  pas  eux-mêmes  frappés  de  dégénérescence.  Il 
est  évident  que  là  où  il  n  y  a  plus  de  cellules  motrices,  ou  de 
racines  antérieures,  ou  de  fibres  nerveuses  capables  de  manifester 
par  le  spasme  la  dégénération  secondaire,  il  ne  peuty  avoir decon- 
tracture  ni  même  de  contraction.  A  plus  forte  raison  la  para- 
lysie est-elle  ilaccide  lorsque  la  fibre  striée  est  profondément 
altérée.  {Revue  neurologique,  juin  1898.)  E.  B. 

XCVI.  Sur  un  cas  d'abcès  du  lobe  temporal  gauche; 
par  les  D**  P.  Marie  et  Sainton. 

Il  s'agit  d*un  homme  de  quarante-sept  ans  qui,  au  commence- 
ment du  second  semestre  de  1897,  présenta  les  premiers  symptômes 
d'un  abcès  d'origine  otitique  et  mourut  en  novembre. 


RBVUB  DB  PATHOLOGIE  NBRVBUSB.  407 

Les  commémoratifs  d*une  collection  purulente  dans  la  région 
mastoïdienne  gauche,  Tanalyse  des  troubles  de  la  parole,  de  la 
mimique,  de  Tecriture,  de  Taudition  des-mois,  de  Tétat  rntellec* 
tuel,  Tabsence  de  troubles  moteurs  permirent  dès  l'arrivée  du  ma- 
lade, de  porter  le  diagnostic  d'abcès  cérébral  dans  le  lobe  temporal 
gauche. 

Une  intervention  fut  faite  sans  résultat.  A  l'autopsie  on  trouva 
dans  le  lobe  temporal  gauche  un  abcès  encapsulé,  du  volume  d*un 
petit  œuf,  autour  de  Tenveloppe  duquel  s^était  produite  une  encé- 
phalite étendue  qui  amena  la  mort  du  malade,  plutôt  que  l'abcès 
proprement  dit. 

A  propos  de  l'intervention,  Tauteur  constate  qu'un  temps  pré- 
cieux a  été  perdu  qui  a  permis  à  l'abcès  de  déterminer  une  encé- 
phalite de  voisinage  :  l'opération  chirurgicale  devait  être  demandée 
aussitôt  le  diagnostic  posé,  et  il  Tavaitété  le  jour  même  de  l'entrée 
du  malade.  De  plus,  pendant  l'opération  le  médecin  dans  la  certi- 
tude absolue  où  il  était  de  Tesistence  et  du  siège  de  la  lésion, 
aurait  dû  insister  pour  que  le  chirurgien  ouvrit  au  bistouri  le  lobe 
temporal,  les  ponctions  avec  des  trocarts  étant  en  pareil  cas  mani* 
fesfement  insuffisantes.  Cette  observation  est  un  nouvel  exemple 
de  la  nécessité  d'opérer  de  bonne  heure  et  d'ouvrir  largement  les 
abcès  du' cerveau.  (Revue  neurologique,  avril  1898.)  E.  B. 

XGVII.  Tic  ou  spasme  ds  la  face;  par  les  D'^  Fbinoel  et  Meige. 

Rien  n'est  plus  malaisé  que  de  distinguer,  de  prime  abord,  un 
tic  d'un  spasme,  tant  les  apparences  extérieures  offrent  en  elles 
d'analogie  ;  et  cependant  rien  n'est  plus  nécessaire  que  d'établir 
cette  dilt'érenciation,  car  le  pronostic  ainsi  que  le  traitement  sont, 
dans  l'une  et  dans  l'autre  affection,  diamétralement  opposés. 

Malgré  les  difficultés  du  diagnostic  entre  le  tic  et  le  spasme  de 
la  face,  la  question  n'est  cependant  pas  insoluble,  si  l'on  prend 
soin,  en  l'abordant,  de  s'appuyer  sur  les  caractères  différentiels 
établis  par  Brissaud. 

L'observation  relatée  par  les  auteurs  peut  servir  d'exemple  à  cet 
égard  : 

Un  homme  de  trente-sept  ans,  à  état  mental  bizarre,  surmené 
peut  être  intellectuellement,  est  atteint  à  Tâge  de  vingt-quatre  ans 
de  paralysie  faciale  gauche  totale. 

Huit  jours  après  débutent  des  accès  de  céphalalgie  fronto-tem- 
poral.e,  bilatérale,  accompagnés  de  nausées,  de  vomissements,  de 
troubles  de  la  vue.  Ces  accès  se  reproduisent  à  intervalles  inégaux, 
durant  quatre  années,  puis  disparaissent.  Cependant  la  paralysie 
faciale  persiste  encore,  avec  quelque  tendance  à  s'amender. 

Récemment,  nouveau  symptôme  :  tout  d'un  coup,  au  milieu  de 
la  nuit,  cet  homme  est  réveillé  par  des  contractions  spasmodiques 


408  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  NBRVBU8B. 

de  la  moitié  gauche  du  yisage.  Depuis  lors,  ce  phénomène  se 
reproduit  d'une  manière  incessante,  avec  les  mêmes  caractères  de 
brusquerie,  d'incoordination  et  d'invincibilité»  Sa  persistance  crée 
une  inGrmité  véritable;  mais  il  n'est  pas  douloureux. 

Si  l'on  étudie  de  plus  près  les  mouvements  du  visage,  on  voit  que 
sur  un  fond  de  contraction  qui  semble  permanente,  viennent  se 
dessiner  de  brèves  secousses  partielles,  portant,  tantôt  sur  un  mas- 
cle,  tantôt  sur  un  autre;  elles  n'atteignent  souvent  qu'une  moitié 
de  celui-ci,  qu'un  faisceau  de  celui-là,  pour  gagner  aussitôt  les 
fibres  d'un  troisième.  Aucune  régularité,  aucune  loi  dans  la  marche 
de  ce  processus  à  l'allure  désordonnée,  qui  semble  n'être  régi  ni  par 
le  lieu  ni  par  le  temps.  C'est  un  morcellement  de  saccades  frappant 
a  tort  et  à  travers  toute  une  moitié  de  la  musculature  du  visage. 

En  tenant  compte  de  l'état  psychique  du  malade  qui  témoigne 
d'une  réelle  déséquilibration  et  qui  doit,  de  l'avis  de Brissaud  servir 
de.  base  au  diagnostic,  ce  malade  pourrait  être  rangé  parmi  les 
liqueurs. 

Toutefois,  l'analyse  des  mouvements,  le  début  de  PaSection,  et 
enfin  le  fait  que  les  accidents,  qui  offrent  tous  les  caractères  objeo 
tifs  des  contractions  spasmodiques  franches,  ont  apparu  sur  un 
territoire  antérieurement  frappé  de  paralysie,  permettent  de  se 
ranger  au  diagnostic  du  spasme. 

Mais  il  s'agit  d'un  spasme  chez  un  malade  prédisposé  aux  tics  : 
aussi  si  ce  malade  a  la  bonne  fortune  de  guérir  de  son  spasme, 
restera-t-il  exposé  à  en  conserver  la  fâcheuse  accoutumance  et  à 
tiquer  un  jour  comme  il  est  aujourd'hui  spasmodique. 

€e  jour-là  cependant  un  changement  capital  surviendrait  dans  son 
état  :  une  sévère  discipline  imposée  à  sa  volonté  pourrait  l'amé- 
liorer, smon  le  guérir.  (Revue  neurologique,  mars  1898.)      E.  B. 

XCVIII.    A    PROPOS    DE   LA  CONTRACTURB  POST-HÉMIPLÉGIQUE; 

par  le  D'  Van  Geuuchten. 

Réponse  aux  objections  posées  dans  un  récent  travail  de 
M.  Gerest,  à  la  théorie  de  l'auteur  relative  à  l'exagération  des 
réflexes  et  à  la  contracture  chez  le  spusmodique  et  chez  l'hémiplé- 
gique. M.  Van  Gehuchten  montre,  comme  il  l'avait  déjà  fait  poar 
les  objections  de  MM.  Mya  et  Levi,  que  ces  dernières  objections 
ne  sont  pas  de  nature  à  démontrer  que  sa  théorie  est  en  désac- 
cord avec  les  faits  cliniques,  anatomiques  ou  anatomo- patholo- 
giques. (Revue  neurologique,  janvier  1898.)  E.  B. 

XGIX.     EXISTE-T-IL     UNE     ATROPHIE     MUSCULAIRE    PROGRESSIVE 

Aran-Duchenne;  par  le  D*"  P.  Marie. 
De  l'atrophie  musculaire  progressive  de  Ducbenne,  constituée 


RBVTJR  DB  PATHOLOOIB  NERVEUSE.  409 

par  la  réunion  d*un  certain  nombre  de  cas  en  un  groupe  conn- 
pact,  Charcot  commença  par  soustraire  toute  une  catéj^orie  de  cas 
appartenant  nettement  à  une  entité  morbide  spéciale  :  ia  sclérose 
latérale  amyotrophique. 

Depuis  lors,  ce  travail  de  désagrégation  n'a  pas  cessé  et  Ton 
voit  peu  à  peu  la  myopathie  progressive  primitive  être  éliminée 
de  Tatrophie  musculaire  progressive,  puis  ce  seront  les  polyné- 
vrites et  enfin  la  syringomyélie.  De  Taveu  même  de  Duchenne 
dans  une  description  de  la  syringomyélie  avant  la  lettre,  cette 
dernière  aflfection  constituait  environ  un  tiers  des  cas  de  fon 
atrophie  musculaire  progressive.  De  môme  presque  tous  les  cas 
que  Duchenne  range  dans  sa  catégorie  B  (dernière  édition, 
p.  449)  doivent  être  rattachés  à  la  myopathie  progressive  pri- 
mitive. 

A  la  suite  de  ces  éliminations  successives,  il  devient  évident  que 
Duchenne,  de  Boulogne,  a  décrit  purement  et  simplement  un 
symptôme  :  Tamyotrophie  progressive,  et  non  pas,  comme  il  le 
pensait,  et  comme  on  le  croit  trop  généralement  encore,  une 
maladie  :  Tatrophie  musculaire  progressive  de  Taduite.  Et  Fauteur 
conclut,  d'une  façon  catégorique,  que,  dans  Tétat  actuel  de  la 
science,  il  n*y  a  pas  d'atrophie  musculaire  progressive  de 
Duchenne,  de  Boulogne.  {Revue  neurologique,  décembre  1897.) 

E.  B. 

C.  Un  cas  de  paramtoclonus  multiplbi  associé  a  l'épilepsie; 
par  les  D'*  S.  Garnisr  et  Santenoise. 

11  s'agit  d'un  débile  à  hérédité  nerveuse  chargée,  chez  qui  sur- 
vinrent, à  la  suite  d'une  blessure  grave  à  la  jambe  et  d*une 
frayeur  intense  à  la  suite  de  cet  accident,  des  secousses  muscu- 
laires, et  quelques  mois  après  des  crises  d'épilepsie.  Les  secousses 
surviennent  par  accès  périodiques,  mais  sans  régularité  et  sans 
relation  apparente  avec  les  conditions  extérieures.  L'accès  d'agi- 
tation convulsive  survient  brusqiiement,  d'habitude  pendant  la 
seconde  partie  de  la  nuit,  ce  qui  réveille  le  malade.  Les  secousses 
n'acquièrent  pas  d'abord  toute  leur  intensité,  qui  va  en  augmen- 
tant, puis  en  diminuant,  jusqu'au  retour  de  la  période  de  calme. 
Les  mouvements  cloniques  sont  d'abord  limités  aux  muscles  des 
membres,  puis  ils  envahissent  ceux  du  cou  et  du  tronc,  les  masse- 
ters,  et  enfin  parfois  l'orbiculaire  des  paupières  à  l'exclusion  des 
autres  muscles  de  la  face.  Les  groupes  musculaires  qui  réagissent 
d'ordinaire  synergiquemeut  sont  habituellement  convulsés  symé- 
triquement et  à  la  fois;  il  en  résulte  des  mouvements  d'ensemble 
de  tous  ces  muscles. 

Les  mouvements  ne  sont  pas  rythmiques.  La  volonté  a  une  cer- 
taine action  inhibitrice  quand  les  secousses  sont  peu  intenses.  Le 


410  RBVUB  DE  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

malade  ne  souffre  pas  mais  éprouve  une  grande  lassitude  quand 
l'accès  est  terminé.  Au  sujet  de  Tinfluence  de  la  crise  d'épilepsie 
sur  les  secousses,  on  peut  constater  que  le  malade,  étant  en  immi- 
nence de  crise  comiliale,  celle  dernière  mensuelle,  a  des  spasmes 
plus  intenses,  et  inversement  on  retrouve^  après  une  crise,  un 
calme  absolu  d'un  jour  ou  deux. 

Les  auteurs  pensent  que  le  paramyoclonus,  dans  cette  obserra- 
tion,  est  tout  à  fait  distinct  de  Tépilepsie,  malgré  le  redoublement 
des  secousses  myocioniques,  lorsque  le  sujet  est  en  imminence  de 
crises,  et  le  calme  après  la  décharge  épileptique;  on  comprend 
sans  peine  que  Tirritation  spinale  étant  à  son  maximum  d'inlen 
site,  lors  dune  période  comitiale  paroxystique,  le  paramyoclooas 
lui-même  ne  peut  qu'y  trouver  une  cause  d*aggravatiou  sympto- 
matiquc. 

Kn  somme,  le  paramyoclonus  parait  relever  d'une  cause  person- 
nelle, acquise  :  Taccident;  et  Tépilepsie  serait  de  nature  hérédi- 
taire. {Annales  médicO'psychologiqueSf  juin  i898.)  E.  B. 

CI.  Sur  la  rapidité  du  courant  nbrveux  chez  les  épileptiocks; 
par  Cesare  Rossi.  [Biv,  sp.  di  fren.y  fasc.  2,  1897.) 

L^épilepsie  allonge  notablement  le  temps  de  réaction,  en  raison 
surtout  de  Taffaiblissement  de  tous  les  processus  centraux,  la  trans^ 
mission  périphérique  du  courant  nerveux  étant  quelquefois  accélé- 
rée par  comparaison  avec  l'état  normal.  Par  l'effet  de  la  convulsion 
épileptique,  il  y  a  un  retard  très  notable  des  réactions,  en  rapport 
tant  avec  le  ralentissement  périphérique  qu*avec  rallongement 
central.  Sous  l'action  prolongée  du  bromure  de  potassium,  le  temps 
de  réaction  subit,  par  rapport  à  l'état  intercalaire,  un  léger  allon- 
gement, en  rapport  presque  exclusif  avec  le  ralentissement  péri- 
phérique. J.  Séglas. 

Cil.  Contribution  a  l'étude  clinique  et  anatomique  de  la  méningite 
syphilitique  cérébro-spinale;  par  Gianulli  (Hto.  jp.  di  frtn.^ 
fasc.  4,  18^*7.) 

cm.  Contribution  a  l'étude  du  tremblement  essentiel  héréditaire; 
par  Amore-Bonelli.  (Biv.  «p.  di  fren,  1897.  fasc.  1.) 

Etude  d*un  cas  de  tremblement  essentiel  héréditaire,  suivi  de 
considérations  générales  sur  le  diagnostic  de  celte  variété  de 
tremblement.  J.  S. 

CIV.  Sur  un  cas  de  tauesspasmodique  familial;  parTAMBRom  et  Finzi. 
{Riv.  sp.  di  fren.y  fasc.  II,  1897.) 

Ce  cas  mettrait  en  évidence  les  points  suivants  :  le  tabès  spasmo- 


RBVUB  DB  PATHOLOaiB  MBRVBUSB.  411 

dique  est  rarement  limité  aux  symptômes  résultant  de  la  seule 
lésion  primitive  des  faisceaux  pyramidaux  ;  mais  cela  ne  suffit  pas 
pour  en  infirmer  l'existence  en  tant  que  forme  clinique  indépen- 
dante. Ce  syndrome  se  rencontre  avec  une  fréquence  relativement 
grande  dans  les  maladies  nerveuses  héréditaires  ou  familiales  et 
dans  la  très  grande  majorité  des  cas  unis  à  des  manifestations 
morbides  autres.  Les  maladies  nerveuses  héréditaires  ou  fami- 
liales se  rapprochent  plus  ou  moins  des  tableaux  cliniques  des 
maladies  nerveuses  communes,  mais  sont  beaucoup  plus  complexes. 
Elles  comprennent  des  syndromes  pathologiques  multiples  et  s'as- 
socient aux  phénomènes  somatiques  et  ps3'chiques  de  la  dégéné- 
Dérescenc6«  J.  Séglas. 

CV.  Gakgeène  dis  pieds  dans  la  paralysie  générale  ;  par  J.  Lord. 
(biitish  med.  Journal,  mai  1898.) 

C'est  un  cas  de  gangrène  spontanée,  infectieuse  et  secondaire, 
avec  élimination  du  pied  par  gangrène  humide.  Une  embolie 
double  est  supposable,  malgré  l'absence  de  traumatisme  et  de 
dyscrasie  diabétique  ou  purpurique  en  rapport  probable  avec  des 
troubles  neurotrophiques  centraux  et  périphériques  simultanés. 

A.  Marie. 

CVL  Alcoousme  aigu  mortel  chez  un  enfant  {Fatal  acute  alcoho, 
lism  in  a  child)  ;  par  Parées  Webbr  {Edinburgh  Médical  Journal, 
juin  1897.) 

Le  cas  suivant  est  plein  d'intérêt  en  raison  des  accidents  graves 
d'intoxication  provoqués  par  Tingestion  d'une  faible  quantité  d'al- 
cool et  mérite  d'être  rapporté  avec  détails. 

Il  s'agit  d'une  petite  fille  de  cinq  ans  amenée  à  l'hospice  dans 
ttn  état  comateux  profond.  On  apprend  par  les  renseignements 
que  cette  enfant,  jusque-là  bien  portante,  s'est  levée  dans  la  mati- 
née, vers  dix  heures,  pendant  que  ses  parents  dormaient  encore  et 
a  hu  du  whisky.  Elle  n'était  d'ailleurs  pas  habituée  à  boire  de  l'ai- 
cool;  mais  son  père  ayant  coutume  de  prendre  du  whisky  quand 
il  se  sentait  indisposé,  il  semble  que  l'enfant  ait  agi  par  imitation 
pour  en  apprécier  les  effets,  Quoi  qu'il  en  soit,  en  moins  d'une 
demi-heure,  elle  était  plongée  dans  un  assoupissement  auquel  ii 
était  impossible  de  l'arracher.  Le  médecin  qui  la  vit  conclut  à  un 
empoisonnement  par  l'alcool  et  fit  un  lavage  de  l'estomac. 

A  son  entrée,  on  pratique  une  injection  sous-cutauée  d'huile 
camphrée  et  on  administre  du  café  en  lavement.  Il  faut  à  chaque- 
instant  pratiquer  la  respiration  artificielle.  Vers  sept  heures  du 
soir,  des  convulsions  iéianiformes  se  manifestent  et  constituent 
bientôt  par  leur   intensité  le  symptôme  capital.  Elles  semblent 


412  RBVUB  DB  PATH0L06IB  NBRVEUSX. 

diminuer  sous  l'influence  du  chloral,  mais  reprennent  à  la  moindre 
«ause  d'eicitation. 

Le  lendemain,  rcnfaut  semble  dormir  d*un  sommeil  nalarel, 
mais  rien  ne  peut  la  réveiller.  Les  pupilles  sont  égales,  mais  ne 
réagissent  pas  à  la  lumière.  Le  réflexe  cornéen  est  aboli.  Le  jour 
suivant,  Tenfant  est  toujours  inconsciente;  .elle  présente  de  la 
dyspnée  et  de  la  cyanose.  Les  bronches  sont  le  siège  d'une  abon- 
dante sécrétion  qui  rend  la  respiration  très  pénible.  La  tempéra- 
ture s'élève  brusquement  et  la  mort  arrive  à  six  heures  du  soir, 
cinquante-six  heures  environ  après  l'ingestion  d'alcool. 

Vautopsie  fournit  des  résultats  en  toiis  points  négatifs.  L*examen 
attentif  du  cerveau  n'y  révèle  rien  de  particulier.  La  muqueuse 
des  bronches  est  injectée  et  sa  sécrétion  abondante,  mais  il  n'y  a 
pas  trace  de  pneumonie.  Rien  à  signaler  du  côté  des  autres  vis- 
cères. 

Une  enquête  s'imposait  pour  établir  les  circonstances  d'un  pareil 
empoisonnement.  Le  père  estime  à  deux  cuillerées  à  soupe  la 
quantité  d'alcool  que  Tenfant  a  pu  boire;  mais  c'est  un  point  qai 
reste  difflcile  à  établir. 

Les  viscères  n'ont  pas  été  soumis  à  une  expertise  chimique;  rien 
d'ailleurs  ne  permet  de  supposer  une  autre  cause  d'empoisonne- 
ment médicamenteux,  accidentel  ou  criminel.  L'analyse  du  liquide 
qui  restait  contenu  dans  la  bouteille  ne  permit  d'y  reconnaître 
aucun  élément  étranger;  d'ailleurs,  d'autres  personnes  en  avaient 
bu  sans  en  éprouver  le  moindre  effet  fâcheux. 

En  résumé,  une  fillette  de  cinq  ans,  en  bonne  santé,  absorbe  à 
jeun  une  petite  quantité  de  whisky  pur.  Elle  tombe  bientôt  dans  le 
•coma  et  il  devient  nécessaire  de  pratiquer  la  respiration  artifi- 
cielle pour  entretenir  la  vie.  Au  bout  de  neuf  heures  la  scène  change 
et  ce  sont  alors  de  violentes  convulsions  comme  dans  le  tétanos. 
A  cette  phase  convulsive,  fait  suite  une  troisième  période,  caracté- 
risée par  de  la  dyspnée,  de  la  cyanose  et  une  élévation  thermique. 
L'enfant  meurt  au  bout  de  cinquante-six  heures,  sans  avoir  repris 
conscience,  à  la  façon  des  malades  qui  succombent  dans  un  étal  de 
mal  épileptique. 

Ce  cas,  qui  par  sa  netteté  et  sa  simplicité  a  la  valeur  d'une  expé- 
rience, suggère  quelques  considérations  intéressantes  sur  la  patho- 
génie des  accidents  observés.  On  n'attribue  pas  au  whisky  de  pro- 
priétés convulsivantes  analogues  à  celles  que  produit  Fabsinthe  et 
qui  sont  démontrées  par  l'observation  clinique  et  l'expérimentation 
sur  les  animaux.  Mais  les  enfants  présentent  facilement  des  convul- 
sions sous  l'influence  de  causes  qui  n'en  produisent  pas  chez  Tadulte. 
Aussi  est-il  probable  que  ce  whisky,  pris  à  jeun  et  rapidement 
•absorbé,  est  allé  imprégner  et  impressionner  la  substance  corticale 
de  ce  jeune  cerveau,  donnant  lieu  à  un  état  convulsif  suivi  de  mort. 
L'interprétation  la  plus  logique  de  ce  cas  est  donc  d'admettre  que 


RBVUB  DB  MÉDBCINB  LBGALB.  413 

Talcool  a  provoqué  un  état  convulsif,  qui  comme  tout  état  convulsif 
chez  Tenfant  s'est  terminé  par  la  mort. 

C'est  donc  bien  à  une  intoxication  alcoolique  aiguë  qu'il  faut 
attribuer  les  accidents  présentés  par  cet  enfant. 

Quelle  est  la  nature  de  la  dyspnée,  observée  au  cours  de  cet  état? 
Elle  est  due  en  partie  à  Tinténsilé  des  convulsions. Un  certain  degré 
d'inhibition  paralytique  bulbaire  doit  aussi  intervenir  pour  la  pro- 
duire, en  même  temps  que  les  lésions  de  bronchite  continuent  à 
l'augmenter.  Il  faut  enfin  penser,  au  cours  d'un  état  comateux,  à 
la  pénétration  possible  d'aliments  dans  les  voies  respiratoires. 

P.  Rellat. 


REVUE  DE  MÉDECINE  LÉGALE. 


I.  De  l'iîpilepsie,  au  point  de  vue  clinique  et  médico-légal  ; 
par  le  professeur  Kovalbvsky. 

L'épilepsie  se  divise  en  épilepsie  [somatique  et  épilepsie  psy- 
chique. 

L'épilepsie  somatique  se  divise  elle-même  en  grand  et  petit 
mal  et  Tépilepsie  psychique  en  épilepsie  simple  et  épilepsie  com- 
plète. Après  avoir  passé  en  revue  et  examiné  chacun  des  symp- 
tômes du  grand  mal  épileptique,  l'auteur  conclut  que  pas  un  ne 
peut  être  pathognomonique  pour  l'épilepste.  ta  diagnose  de 
Vépilepsie  se  base  donc  non  sur  un  symptôme  parliculier  mais  sur 
la  combinaison  de  tous  les  symptômes  présents.  Le  petit  mal  épi- 
leptique, auquel  se  rattachent  les  absences,  les  vertiges,  l'automa- 
tisme épileptique,  se  dislingue  du  grand  mal  par  l'absence  de  con- 
vulsions. 

Une  interruption,  une  lacune  passagère  se  fait  dans  la  vie  cons- 
ciente de  l'individu,  pendant  laquelle  toute  la  vie  de  l'organisme, 
excepté  la  vie  végétative,  s'arrête. 

A  la  première  des  variétés  d'épilepsie  psychique  se  rapportent 
les  cas  dans  lesquels  la  fureur  épileptique  s'ajoute  aux  convulsions; 
à  la  seconde  ceux  dans  lesquels  la  fureur  épileptique  se  manifeste 
comme  symptôme  isolé  ;  dans  les  deux  cas  le  tableau  de  la  fureur 
épileptique  est  pareil.  Plus  l'accès  est  court,  plus  il  se  manifeste 
d'une  manière  violente  et  intense.  La  plupart  du  temps  il  existe 
chez  le  malade  une  amnésie  absolue  de  ce  qui  s'est  passé  ;  mais 
dans  quelques  cas,  cette  amnésie  ne  survient  qu'au  bout  d'un  cer- 
tain temps  :  c'est  Tamnésie  tardive  d'Oltolenghi. 


414  RBVUB  DB  MBDBCINB  LÉGALE. 

Une  variété  importante  de  l'épilepsie  psychique  est  constituée 
par  le  caractère  épileptigue  ;  les  individus  qui  en  souffrent  soqI 
depuis  leur  enfance  irritables,  hargneux,  opiniâtres,  eolèresi 
enclins  à  toute  espèce  d'agitation  et  d'emportements,  provoqués 
(par  la  cause  la  plus  futile.  Le  développement  de  la  démence  à  la 
suite  de  l'épilepsie  est  provoqué  non  par  l'intensité  des  accès, 
mais  par  leur  fréquence  et  leur  grand  nombre,  de  même  que  par 
rintensité  de  l'état  de  dépression  qui  suit  l'accès  épileptique. 

Aux  différents  moments  de  la  vie  des  épiieptiques,  leur  respon- 
sabilité pour  les  crimes  commis  peut  être  de  trois  genres  :  uue 
responsabilité  absolue,  une  responsabilité  relative  et  une  irres- 
ponsabilité totale. 

Une  responsabilité  absolue  s'applique  aux  intervalles  lucides, 
dans  les  cas  où  les  sphères  intellectuelles  et  mentales  de  la  vie 
des  épiieptiques  restent  non  altérées. 

La  responsabilité  conventionnelle  et  partielle  s'applique  aux  cas 
où  les  jugements  sains  de  l'esprit  non  affecté  des  épiieptiques  oat 
été  influencés  par  des  manifestations  morbides  de  la  passion  ou 
des  organes  sensoriels. 

L'irresponsabilité  totale  suit  tous  les  cas  où  les  facultés  de  l'es- 
prit et  de  l'âme  ont  été  sérieusement  atteintes  par  les  accès  épi- 
ieptiques, c'est-à-dire  les  accès  épiieptiques  mômes,  en  partie  les 
périodes  précédant  et  suivant  l'accès,  l'état  de  démence  épileptique, 
ainsi  qu'en  partie  la  période  du  passage  de  l'esprit  normal  à  la 
démence,  et  les  accès  d'épilepsie  psychique. 

Tous  ces  cas  exigent,  avant  d'être  jugés,  une  expertise  médico- 
légale. 

En  ce  qui  concerne  la  simulation  de  l'épilepsie,  l'auteur  partage 
À  ce  sujet  ravis  du  W  Orlof  :  <  Quand  on  a  &  diagnostiquer  l'épi- 
lepsie, je  ne  trouve  pas  juste  de  se  laisser  entraîner  à  chercher  un 
des  symptômes  absolus  de  l'authenticité  de  l'accès,  mais  je  con- 
seille de  jeter  un  regard  sur  l'attitude  du  malade  (les  doigts  des 
mains),  d'examiner  ses  yeux  et  son  pouls,  de  concentrer  toute 
l'attention  sur  son  visage,  et  d'observer  ce  dernier  jusqu  a  la  fin 
de  l'accès.  >  {Annales  médico-psychologiques t  juin  1898.)  £.  B. 

IL  Dfi    LA  CRIMINALITÉ  CHEZ   LES  ALIÉNÉS    DU    DÊPAETBHENT   DK   LÀVET- 

RON  ;  par  les  D"  Rahadier  et  Fenayron. 

C'est  à  défaut  d'une  expression  plus  exacte  que  les  auteurs,  dans 
leur  important  et  intéressant  travail,  ont  employé  les  mots  :  crimi- 
nalité chez  les  aliénés  ;  mais  après  avoir  spécifié  qu'ils  désignaient 
ainsi  les  actes  qui  constitueraient  des  crimes  ou  des  délits,  s'ils 
étaient  accomplis  par  des  gens  sains  d'esprit. 

Le  groupe  des  aliénés  criminels,  englobant  tous  les  aliénés  qui 
ont  accompli  des  actes  délictueux  ou  criminels,  qu'ils  aient  été  ou 


RBVUB  DB  MBDBCINB  LB6ALB.  415 

nou  Tobjet  de  poursuites  judiciaires,  compte  à  Tasile  de  Rodez 
de  nombreux  représentants. 

La  proportion  du  nombre  des  aliénés  dits  criminels  par  rapport 
à  celui  de  la  population  de  rétablissement  est  très  élevée,  plus 
considérable  probablement  que  dans  la  plupart  des  autres  asiles  : 
elle  est,  en  effet,  de  23  p.  100.  La  grande  majorité  des  crimes  et 
délits  mentionnés  ont  été  commis  par  des  malades  appartenant  à 
la  catégorie  des  dégénérés  inférieurs  :  débiles,  imbéciles,  idiots. 

L'importance  numérique  excessive  du  groupe  des  aliénés  dits 
criminels  à  Tasiie  de  Rodez  tient,  en  grande  partie,  à  ^ce  que, 
d*une  façon  générale,  ou  interne  les  aliénés  tardivement,  à  la  der- 
nière extrémité.  En  même  temps  que  les  fausses  conceptions  qu'on 
se  fait  de  la  folie  dans  le  public,  en  même  temps  que  la  crainte  du 
discrédit,  de  la  déconsidération  qui  en  résultera  pour  toute  la 
famille,  le  plus  grand  obstacle  au  placement  des  malades  à  Tasile 
dès  le  début  de  Taffection,  c'est  le  paiement  du  prix  de  pension. 

La  fréquence  exceptionnelle  des  motifs  et  mobiles  futiles,  mais 
absurdes,  chez  les  aliénés  dits  criminels.de  TAveyron,  est  en  rap- 
port (avec  la  prédominance  des  folies  dégénératives  inférieures 
dans  le  département.  Ces  malades  ne  sont,  en  quelque  sorte,  que 
des  criminels  d'occasion  ou  acccidentels  :  crimes  et  délits  ne  sont 
le  plus  souvent  que  des  incidents,  des  épisodes  survenus  au  cours 
de  l'atfection  mentale  dont  les  malades  sont  atteints. 

Les  deux  tiers  environ  appartiennent  au  sexe  masculin  ;  les 
crimes  et  délits  qu'accomplit  faiiéné  homme  sont,  en  général, 
plus  graves  que  ceux  que  commet  Talténé  femme  ;  et  le  plus 
grand  nombre  des  attentats  contre  les  personnes  commis  par  les 
malades,  out  été  consommés  à  Taide  du  fusil. 

Il  est  un  certain  nombre  de  dispositions  morales  qui  caracté- 
risent les  Avey rennais  et  qui  exercent  une  influence  manifeste  sur 
la  criminalité  en  général,  et  sur  la  criminalité  des  aliénés  en  par- 
ticulier. Tout  d'abord  sont  à  mentionner  la  rudesse  des  manières, 
la  tendance  naturelle  à  la  violence,  entretenue  et  développée  par 
certaines  coutumes,  telles  que  les  batailles  autre  villages  diffé- 
rents ;  puis  Tamour  excessif  de  la  propriété,  la  méGance  exagérée, 
facilitant  Téclosion  des  idées  de  persécution. 

Du  conflit  des  idées  de  propriété  et  de  richesse,  d'une  part,  et 
des  idées  de  persécution  d'autre  part,  résultent  soit  des  manifesta- 
tions processives,  soit  des  actes  délictueux  ou  criminels,  parfois 
les  uns  et  les  autres  successivement.  La  foi  religieuse  étant  encore 
très  ardente  dans  l'Avejron,  les  idées  mystiques  sont  très  fré- 
quentes dans  le  délire  des  malades  et  peuvent  être  le  point  de 
départ  d'actes  nuisibles. 

Enfin,  par  suite  du  manque  d'instruction,  l'Aveyronnais,  peu  au 
courant  des  conventions  sociales,  est  exposé  à  contrevenir  à  des 
lois  qu'il  ne  connaît  pas  et  dont  il  ne  conçoit  pas,  le  plus  souvent, 


416  RBYUB  DB  MBDBCINB  LÉOALB. 

la  nécessité  :  le  défaut  d'instruction  agit  encore  sur  la  criminalité 
des  aliénés  du  département,  en  contribuant  pour  une  large  parla 
entretenir  dans  l'esprit  des  populations  aveyronnaises  la  croyance 
en  une  foule  de)  superstitions,  en  particulier  la  [croyance  aux  so^ 
ciers  et  aux  esprits. 

AÛn  de  ne  pas  laisser  à  Taliéné  le  temps  de  manifester  par  des 
actes  les  tendances  nocives  qui  sommeillent  en  lui,  sa  séqueslra- 
tion  doit  suivre  d'aussi  près  que  possible  l'apparition  des  trouble 
mentaux. 

Pour  réaliser  ces  internements  précoces,  il  faut  réagir  contre 
les  préjugés  qui  éloignent  les  malades  des  asiles;  faire  connaître 
aux  autorités  les  dangers  qui  résultent  du  séjour  des  aliénés  en 
liberté  et  les  avantages  qu'il  y  a  à  les  faire  traiter  aussitôt  qu'on  le 
peut  ;  faciliter  l'internement  des  aliénés  en  simplifiant  les  formalités 
administratives  qui  précèdent  et  retardent  parfois  l'admission  des 
aliénés  indigents;  et  surtout  mettre  les  frais  d'entretien  de  tous 
les  aliénés  à  la  cbarge  de  l'Etat,  qui  solderait  les  dépenses  à  Taide 
d'un  impôt  payé  par  toutes  les  communes,  proportiounellemeul  à 
leurs  ressources,  qu'elles  aient  ou  non  des  aliénés. 

A  l'égard  des  conditions  dans  lesquelles  il  convient  d'interner 
les  aliénés  criminels,  il  faut  diviser  ces  derniers  en  deux  grandes 
catégories  :  1^  les  aliénés  criminels  d'occasion,  les  plus  nombreux, 
qui  ne  sont  ni  plus  ni  moins  dangereux  que  les  aliénés  ordinaires, 
et  à  qui  l'asile  ordinaire  suffit  ;  2^  les  aliénés  criminels  d'habitude, 
foncièrement  dangereux,  pour  qui  est  nécessaire  une  surveillance 
plus  rigoureuse  dans  un  asile  spécial,  avec  un  personnel  spécial. 

L'interprétation  des  faits  observés  dans  l'Aveyron,  contrée  essen- 
tiellen^nt  rurale,  e^t  susceptible  de  généralisation  et  peut  s'appli- 
quer dans  une  large  mesure  à  d'autres  milieux  ruraux.  (Annaks 
médico-psycholojiques,  mémoire  de  62  p.,  janvier-août  1898.) 

E.B. 

III.  blXPERTlSE  uiDICALE  DANS  LE  JUGEMENT  DU  MEURTRIER  KeLLEY  ; 

par  le  D'  Walter  Channing. 

A  propos  du  rapport  médico-légal  relatif  au  meurtrier  Kellev, 
lequel,  en  apparence  parfaitementresponsable,  fut  reconnu,  après 
un  examen  approfondi,  être  un  dégénéré  avec  instincts  criminels 
et  responsabilité  atténuée,  l'auteur  fait  les  remarques  suivantes  : 

1*^  L'examen  de  l'état  mental  d'un  criminel  devant  un  grand  nom- 
bre de  personnes,  ne  donne  que  des  résultats  douteux  et  incertains  ; 

2^  Chaque  expert  doit  pouvoir  examiner  seul  le  prisonnier; 

3»  Dans  un  cas  médico-légal,  l'époque  du  jugement  ne  doit  être 
fixée  que  lorsque  les  experts  ont  eu  toutes  les  possibilités  de  se 
faire  une  opinion  ; 

4<»  Les  experts  des  deux  parties  devraient  avoir  une  conférence 


RBVUE   DE   MBDECINB   LBOALB.  417 

avant  le  jugement,  à  reflfet  de  pouvoir  échanger  leurs  idées  et  for- 
muler une  opinion  commune  ; 

5**  En  même  temps  que  la  conférence  avant  le  jugement,  une 
conférence  pendant  le  jugement  serait  chose  recommandable  ; 

6»^  La  meilleure  façon  d'exprimer  son  opinion,  pour  l'expert,  est 
de  l'exprimer  directement  devant  le  tribunal  ; 

7^  Il  est  à  désirer  que  des  recherches  plus  approfondies  soient 
faites  sur  la  dégénérescence  et  l>tat  mental  des  dégénérés.  (Ame- 
rican journal  of  insanityy  janvier  1898.)  E.  B. 

IV.  Un  aspect  de  la  folie  simulée;  par  le  D""  Allison. 

Eu  raison  de  l'intérêt  qui  peut  en  résulter  pour  eux,  c'est  chez 
les  criminels  que  se  rencontre  le  plus  fréquemment  la  simulation 
de  la  folie. 

L'auteur  attire  l'attention  sur  ce  fait  que  si  un  individu  montre 
qu'il  a  simulé  plus  ou  moins  la  folie,  il  ne  s'ensuit  pas  forcément 
que  cet  individu  soit  sain.  Il  cite  à  ce  propos  le  cas  d'un  jeune 
homme  de  vingt-sept  ans  qu'il  eut  à  examiner.  Cet  individu  était 
envoyé  de  la  prison  à  l'asile  comme  ayant  présenté  les  symptômes 
suivants  :  insomnie,  refus  de  nourriture  par  crainte  d'être  empoi- 
sonné, turbulence  nocturne,  violences,  tentative  de  suicide  en 
essayant  de  se  couper  la  gorge.  Il  s'en  fallait,  du  reste,  de  quelques 
sennaines,  pour  qu'il  fût  arrivé  à  l'expiration  de  sa  peine. 

Peu  de  jours  après  son  arrivée  à  l'asile,  le  malade  se  calme, 
mange  et  dort  bien,  puis  confesse  au  médecin  qu'il  a  simulé  un 
trouble  mental  pour  quitter  la  prison  ;  il  raconte  en  riant  tous  les 
faux  symptôrpes  qu'il  accusait  et  montre  que  la  plaie  qu'il  s'est 
faite  à  la  gorge,  est  tout  à  fait  légère.  Tout  ce  que  racontait  ce 
malade  paraissait  fort  vraisemblable  au  premier  abord;  mais  il 
avait  simulé  d'une  façon  si  nette,  si  précise  un  trouble  mental  bien 
défini,  que  le  médecin  le  maintint  en  observation.  Bien  lui  en  prit, 
car  huit  jours  après  sa  confession,  le  malade  eut  une  période  d'agi- 
tation au  cours  de  laquelle  revinrent  les  mômes  troubles  délirants 
qu'il  avait  prétendu  simuler  ;  cet  état  ne  s'est  guère  amélioré  et, 
depuis  huit  ans  que  ce  malade  est  à  Tusile,  il  est  maintenant  tombé 
à  la  période  de  démence  terminale. 

En  présence  d'un  cas  de  simulation,  il  est  donc  prudent  depro* 
longer  l'observation  aussi  longtemps  que  possible,  de  peser  soi- 
gneusement chaque  forme  de  dérangement  spécial,  et  de  se  rap- 
peler que  la  simulation  peut  être  employée,  confessée  par  des  indi- 
vidus qui  sont  encore  de  véritables  aliénés.  {American  journal  of 
insanily,  avril  4898.)  E.  B. 

V.  Les  stigmates  épileptoïdes  chez  les  criminels  aliénés; 
par  DE  Ahcangelis.  {Riv.  sp.  di  fren.^  fasc.  2,  i897.) 

Archives,  2*  série,  t.  VI.  27 


418  REVUE    DE   MEDECINE   LÉGALE. 

VI.  AsExuALisATioN  DES  cRiMLNKLs;  par  M.  Edgor.  {Medico-lcgal 
Journal^  mars  4897.) 

C'est  Fanalyse  rapide  d'un  projet  de  loi  original  communiqué 
par  Cl.  Lightner  et  extrait  des  bills  proposés  pour  l'Ctat  deMichi- 
gan.  La  castration  y  est  demandée  pour  les  délinquants  et  aliénés 
condamnés  ou  internés  pour  la  troisième  fois.  Les  médecins 
d'asiles  et  de  prison  sontchargés  de  l'exécution  de  cette  loi  moyen- 
nant une  allocation  de  25  dollars  par...  tôte.  A.  If. 

VIL  Inversion  sexuelle  au  point  de  vue  lkgal  et  social  ;  parU.  Eues. 
[Médico-légal  Journal^  décembre  1896.j 

L'auteur  compare  les  lois  anglaise,  française  et  américaine  à 
propos  d'un  récent  procès  en  Grande-Bretagne.  Il  considère  comme 
supérieure  la  loi  française  qui  ne  poursuit  Thomosexualité  que  si 
elle  a  outragé  publiquement  la  pudeur,  si  elle  est  accompagnée  de 
violence,  ou  a  été  exercée  sur  la  personne  d'un  mineur.  Il  rappelle 
les  pédérastes  brûlés  sur  le  bûcher,  en  1750,  et  les  considérants 
extrajuridiques  déplacés,  du  récent  réquisitoire  prononcé  contre 
O.Wilde.  A.  Marie. 

Vin.  Delà  valeur  relative  des  expertises;  par  H.  Goodrich. 
[Médical  News,  avril  4898.) 

C'est  à  la  suite  d'une  étude  au  pénitentier  de  Philadelphie  que 
fauteur  a  rédigé  cette  note  tendant  à  montrer  que  les  expertises 
médico-légales  sont  parfois  confiées  en  Amérique  à  des  gens  incom- 
pétents, ce  qui  encourage  et  favorise  chez  les  criminels  la  simula- 
lion  de  la  folle.  A.  Marie. 

IX.  UxouiciDE  et  parricide  imputés  a  un  épileptique; 
parleD' CoDELUPPi.  (L'Anoma/o,  n^»  3  et  4,  1897.) 

Observation  et  résumé  d'un  rapport  d'expertise  concernant  un 
homme  de  trente-quatre  ans,  de  souche  apoplectique  et  névropa- 
thique,  soumis  à  une  éducation  religieuse  étroite,  ayant  présenté  à 
la  suite  d'un  violente  émotion  des  troubles  de  nature  épileptique 
(pertes  de  conscience  suivis  d'anémie,  impulsions  violentes).  Vio- 
lent accès  convulsif  à  la  mort  de  son  père,  mariage  à  trcnle-un 
ans.  Se  montre  bon  époux,  bon  père,  mais  d'un  caractère  pu&illa- 
nime  et  instable,  A  la  mort  de  son  premier  né,  violent  chagrin 
suivi  d'accès  convulsifs.  Peu  de  temps  après  ou  trouve  sa  femme 
sur  son  lit  le  front  troué  d'une  balle  de  revolver  et  tenant  dans  ses 
bras  son  enfant  âgé  de  deux  mois  le  cou  tranché  à  l'aide  d'un  ra- 
soir. Arrêté  sans  résistance  l'inculpé  avoue  avoir  tué  son  enfant, 
mais  seulement  aidé  sa  femme  à  échapper  à  des  embarras  fman- 


REVUE  DB   MEDECINE   LEGALE*  419 

ciers.  Traduit  en  cour  d'assises  il  tombe  en  accès  convulsifs  au  dé- 
but de  l'audience  :  D'où  expertise  niédico-légale  concluant  :  L'in- 
culpé est  un  prédisposé  héréditaire^  un  phrénasténique^  chez  qui 
^'épilepsie  s'est  déclarée  à  la  suite  d'un  traumatisme  à  la  tête  et 
d'une  violente  émotion  et  dont  la  mauvaise  organisation  psychique 
a  été  considérablement  aggravée  par  Téducation  relii^MCuse  et  la 
préparation  à  la  prêtrise.  Les  embarras  financiers  ont  peut-être 
poussé  au  crime,  mais  l'idée  criminelle  est  liée  à  une  perception  dé- 
formée de  l'état  réel  des  choses;  le  crime  est  le  résultat  d'un  équivU" 
lent  psychique  épileptique.  L'inculpé  est  irresponsable,  mais  dange- 
reux pour  la  société  et  doit  être  enfermé  à  vie  dans  un  mauicôme. 

R.  GflARON. 

X.  Rksponsabiuté  lég.vle  dans  l'ivrognerie  ;  par  T.-D.  Grothers. 

{Médico-légal  Journal,  mars  1896.) 

L'auteur  demande  avec  insistance  une  nouvelle  jurisprudence 
appliquée  à  la  responsahililé  légale  des  ivrognes.  On  considère 
toujours  l'ivrognerie  comme  une  dépravation  morale  volontaire 
permettant  de  se  livrer  sans  contrainte  aux  penchants  les  plus  bas 
et  d'accomplir  des  actes  nuisibles  à  la  société.  De  cette  conception 
découle  le  remède  :  la  punition;  et  souvent  même,  d'après  la  règle 
donnée  par  lord  Coke,  il  y  a  trois  cents  ans,  l'ivrognerie  aggrave 
le  délit  et  rend  la  sanction  plus  sévère.  L'expérience  a  cependant 
montré  que  la  punition  d'un  acte  commis  en  état  d'ivresse  n'avait 
jamais  servi  d'exemple  et  empêché  d'autres  ivrognes  de  commettre 
des  actes  semblables.  D'autre  part  l'influence  de  l'usage  de  l'alcool 
est  connue,  son  action  sur  les  centres  nerveux  produit  Tanesthésie 
des  sens,  la  paralysie  du  système  moteur;  par  lui  les  centres  supé- 
rieurs du  cerveau,  centres  de  coordination  du  siège  de  la  volonté, 
sont  lises.  L'alcoolique  est  dans  un  état  d'automatisme  cérébral.  C'est 
un  malade  ;  il  y  a  des  relations  étroites  entre  l'ivrognerie  et  la 
folie  et  une  séparation  exacte  de  ces  deux  étals  ne  peut  se  faire. 
Du  reste  les  statistiques  montrent  que  la  plupart  des  ivrognes  sont 
des  héréditaires.  Hérédité  similaire  ou  dissemblable,  mais  presque 
toujours  ils  naissent  avec  un  organisme  taré,  un  cerveau  déséquili- 
bré. L'action  de  l'alcool  dans  ces  cas  est  plus  forte. 

De  toute  façon  l'alcoolique,  héréditaire  ou  non,  ne  jouit  pas  de 
la  pleine  possession  de  soi  ni  du  contrôle  sur  ses  actions,  sa  respon- 
sabilité ne  peut  être  considéré  comme  complète.  H  convient  d'étu- 
dier chaque  cas  en  particulier  et  d'en  tirer  une  conclusion.  Il  ne 
peut  pas  y  avoir  de  règle  générale.  A.  Vigouroux. 

XI.  Discussion  sur  l'allégation  de  la  folie  chez  les  criminels. 

(British  med,  journ.,  3  sept.  1898.) 

Le  D''  Mercier  (de  Londres)  pose  les  questions  suivantes  :  Dans 


4â0  REVUS    DB   MBDBCINB    LÉGALE. 

un  procès  criminel,  les  médecins  connaissent-ils  les  conditions  qo 
peuvent  exonérer  le  criminel  du  châLiment  et  quelles  sont-elles? 

Ces  conditions  sont  mal  déterminées,  et  jamais  Topinion  géné- 
rale n*a  été  unanime  à  les  fixer  :  dans  ce  but  il  demande  l'assen- 
timent de  ses  collègues  pour  les  trois  propositions  suivantes  : 

i^  Un  aliéné  ne  doit  pas  pour  un  acte  déterminé  supporter  la 
même  punition  qu'une  personne  saine  d'esprit  ;  2®  Il  y  a  des  actes 
pour  lesquels  un  aliéné  ne  peut  être  puni  ;  telle  l'agression  d'un 
persécuté  sur  son  persécuteur  supposé,  tel  le  meurtre  de  son 
enfant  par  une  femme  atteinte  de  folie  puerpérale  ;  3®  Peu  d'aliénés 
sont  entièrement  irresponsables  :  et  certains  doivent  ot  peuvent 
être  punis  de  leurs  mauvaises  actions.  La  plupart  des  aliénistespen- 
vent  ainsi  et  punissent  en  réalité  leurs  malades  lorsqu'ils  leur  reti- 
rent certains  privilégies,  comme  de  sortir  seul,  d'assister  à  une 
récréation,  etc.;  quel  que  soit  le  root  qu'on  emploie  c'est  en  réalité 
une  punition. 

Dans  certains  cas  les  médecins  devraient  donc  déclarer  qu'on 
criminel  aliéné  est  responsable  de  quelques-uns  de  ses  actes  et  qu'il 
peut  en  être  puni,  mais  avec  moins  de  sévérité,  Cette  opinion 
serait  en  rapport  avec  celle  des  juges  et  celle  du  public. 

Les  cas  dans  lesquels  l'irresponsabilité  totale  doit  être  admise, 
font  les  suivants  :  l""  hallucinations;  2*^  confusion  d'esprit  telle 
qu'il  était  incapable  d'apprécier  les  circonstances  et  les  consé- 
quences de  son  acte  ;  Z^  extrême  futilité  des  motifs; 4**  imprudence 
extrême  dans  l'accomplissement  de  l'acte;  5^  actes  impulsifs  irré- 
sistibles. 

M.  John  SuTHBRLAND,  inspecteur  des  asiles  d'Ecosse,  répond  que 
le  critérium  de  responsabilité  établi  par  la  loi  de  1843,  suffit  pour 
résoudre  toutes  les  questions  :  «  <  L'accusé  au  moment  où  il  a 
commis  son  crime  a-t-il  eu  connaissance  de  la  nature  et  de  la  va- 
leur de  son  action,  a-t-il  pu  en  apprécier  le  côté  criminel?  Cette 
loi  n'est  pas  parfaite  assurément,  mais  cependant,  grâce  à  elle, 
l'orateur  peut  affirmer  qu'aucune  injustice  n'a  été  faite  aux  aliénés. 
Les  ivrognes  ne  doivent  pas  être  rendus  responsables  de  crimes 
qu'ils  commettent  dans  des  accès  de  folie  intermittente,  état  ma- 
ladif plutôt  que  volontaire,  et  tout  ce  qu'on  peut  faire  contre  eux 
pour  la  protection  de  la  société  c'est  de  les  renfermer. 

Le  D*"  Blanford,  médecin  d'asile  d'aliénés,  fait  remarquer  que 
les  aliénés  n'ont  que  la  notion  du  bien  et  du  mal  qu'un  aliéné  est 
susceptible  d'avoir.  Il  est  partisan  de  les  rendre  responsables  jus- 
qu'à un  certain  point,  mais  il  est  d'avis  qu'au  lieu  de  pendre  les 
ivrognes  meurtriers,  il  serait  utile  non  pas  de  les  envoyer  fumer 
leurs  pipes  à  Broadmoore,  mais  à  la  servitude  pénale  où  ils  pour- 
raient employer  utilement  leur  temps  et  rendre  des  services. 

Le  professeur  Glasster  accepte  les  propositions  de  M.  Mercier 
tout  en  doutant  qu'elles  rencontrent  l'appui  nécessaire  pour  les 


REVUE   DR   THERAPEUTIQUE.  421 

faits  passés  dans  la  pratique.  Plusieurs  médecins  répondent  ensuite 
en  émettant  des  opinions  diverses.  Dans  une  réplique  finale,  le 
D' Mercier  maintient  les  conclusions  que  nous  avons  déjà  lues. 

A.  Blanc. 

XH.  Notes  uédico-légales.  Responsabilité  modifiée; 
par  le  D'  Allison. 

Eu  Angleterre  les  sourds-muets  sont  considérés  comme  des  idiots, 
à  moins  que  leur  responsabilité  ne  puisse  être  établie  du  fait  qu'ils 
ont  été  éduqués  dans  des  écoles  spéciales,  que  leur  sens  moral  a 
été  développé  et  qu'ils  ont  connaissance  du  bien  et  du  mai. 

Les  idiots,  les  imbéciles,  les  sourds-muets,  présentent  ces  cas  de 
responsabilité  modifiée.  Ils  commettent  souvent  des  crimes  plus  ou 
moins  sérieux  et  leur  degré  de  responsabilité  doit  être  pesé  d*après 
le  degré  de  leur  développement  moral  et  intellectuel,  d'après  leur 
connaissance  du  bien  et  du  mal. 

Si  les  habitudes  criminelles  ne  sont  pas  établies  définitivement, 
le  coupable  sera  placé  dans  le  milieu  le  plus  favorable  pour  son 
développement,  milieu  variable  suivant  qu'on  aura  affaire  à  un 
imbécile,  à  un  aveugle,  à  un  sourd-muet,  etc.  S'il  s'agit  d'un 
aliéné  dangereux,  à  impulsions  homicides,  il  faudra  assurer  sa 
réclusion  permanente  en  lui  accordant  le  maximum  dé  liberté 
individuelle  compatible  avec  la  sécurité  de  la  société.  {American 
journal  of  insanity^  janvier  1898.)        ,  E.  Bun. 


REVUE   DE  THÉRAPEUTIQUE. 


XXXYII.  Le  traitemrnt  au  formométhyle;  par  G.  Rossolimo  et  W. 
MouRAWiEw.  {Ncurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

On  prend  un  petit  morceau  du  système  nerveux  de  l'homme,  ou 
d'un  animal  qu'on  vient  de  tuer,  on  le  met  dans  une  solution  de 
formaline  à  2  ou  2  et  demi  p.  100;  deux  jours  plus  tard,  on  le 
plonge  dans  une  solution  à  4  p.  100  ;  dès  le  quatrième  jour,  on  peut 
le  placer  dans  l'alcool  à  95^  On  l'y  laisse  quatre  jours.  Pratiquez 
des  coupes.  Les  préparations  convenables  et  nettes  s'obtiennent 
eu  laissant  plutôt  quelques  jours  de  plus  dans  la  formaline. Colorez 
avec  une  solution  aqueuse  de  bleu  de  méthyle  à  0,50  p.  100  ;  on  chauffe 
jusqu'à  ce  que  quelques  bulles  s'élèvent.  Après  refroidissement, 


ifi  RBVUB   DB   THBRAPBUTIQUB. 

mettez  dans  une  solution  d*aniline  à  l  p.  100  dans  ralcool  à  90«, 
laissez  trois  secondes  les  coupes  très  fines  ou  les  éléments  dissociés, 
quelques  minutes  les  coupes  plus  grandes  et  plus  épaisses.  Lavez  à 
Talcool  à  950.  Eclaircissez  à  Tessence  de  cajeput.  C'est  une  prépa- 
ration stable  qui  peut  rester  seule  porte-objet,  être  incluse  dans  le 
baume  ;  on  peut  sur  le  porte-objet  terminer  dans  une  goulle 
d'huile  de  cajeput  la  dissociation  d'un  nerf  nou  encore  termiuée. 
Mais  pour  chaque  série  de  préparations  qu'il  ne  faut  pas  faire  trop 
nombreuses,  il  faut  employer  des  réactifs  frais,  éviter  le  contact 
avec  l'alcool  d'une  coupe  déjà  éclaircie  à  l'huile  de  cajeput  et  ne 
pas  exposer  au  soleil.  Les  cylindraxes  sont  d'un  bleu  net,  la  myéline 
d'un  bleu  tendre  ;  les  noyaux  do  la  gaine  de  Schwann  d'un  bon 
bleu  ;  les  fibrilles  descellules  neuves,  bleu-clair  ;  les  noyaux  du  tissu 
conjonctif  et  des  éléments  musculaires,  ainsi  que  les  cellules  épilhé- 
liales  du  canal  central^  bleu-sombre. 

Cette  méthode  a  donné  de  bons  résultats  pour  l'étude  du  sys- 
tème nerveux  du  cobaye,  du  lapin,  du  chien,  des  nouveau-nés  et 
des  adultes,  des  racines,  des  nerfs  périphériques,  de  la  moelle,  de 
l'écorce,  dans  les  cas  normaux  où  à  la  suite  des  vivisections,  des 
intoxications,  des  apoplexies,  des  myélites,  du  tabès,  des  maladies 
infectieuses.  P.  Kkraval. 


XXXVIII.  Douze  cas  d'alcoousmk  traités  par  la  strychnine;  par 
J.  Fkdoroff.  (Vralch,  t.  XIX,  1898,  n«  7,  p.  185-188.) 

Ces  douze  malades  ont  été  traités  exclusivement  par  des  injec- 
tions de  strychnine  de  0,003  à  0,005  milligrammes  à  la  fois;  les 
injections  ont  été  faites  en  moyenne  une  dizaine  de  fois  chez 
chaque  malade  et  à  deux  ou  trois  jours  d'intervalle.  Dans  aucun 
de  ces  cas  la  guérisonne  s'estmaintenue  plus  de  quelques  semaines; 
dans  deux  cas  seulement  les  malades,  effrayés  par  une  maladie 
intercurrente  et  craignant  son  passage  à  l'état  chronique,  ont 
renoncé  définitivement  à  la  boisson. 

Le  seul  résultat  appréciable  du  traitement  par  la  strychnine  est 
l'amélioration  incontestable  des  troubles  gastro-intestinaux  et  neu- 
rasthéniques. Le  sommeil  s'améliorait  sensiblement  à  partir  du 
sixième  jour  du  début  du  traitement.  E.  Margouliès. 

XXXIX.  Le  bain  d'air  chaud  coyME  moyen  thérapkutiqok  de  quel- 
ques paroxysmes  épileptiques;  par  Clémente  Cobitto.  {Riv.sp.di 
fren.^  1897,  fasc.  1.) 

Se  fondant  sur  ses  exnéiiences  relatives  à  la  toxicité  de  la  sueur 
chez  les  épileptiques,  l'auteur  pense  que  le  bain  d'air  chaud  est  un 
excellent  moyen  pour  prévenir  et  interrompre  les  accès  épilep- 
tiques.  Ou   peut  espérer  que  ce  procédé,  qui  lui  a  réussi  dans 


HBVUE    DE   THÊRAPEUTIQUK.  423 

plusieurs  cas,  uni  au  lavage  et  à  l*antisopsie  des  voies  digeslives, 
sans  exclure  les  autres  moyens  propres  à  activer  les  sécrétions, 
pourra  devenir,  dans  bien  des  cas  d'épilepsie  générale,  une  mé- 
thode de  traitement  utile  et  tout  au  moins  un  adjuvant  sérieux  de 
la  cure  bromique.  J.  Séglas. 

XL.  Recherche  sur  l'action  de  quelques  nkrvins  sur  le  travail 
DKS  muscles  fatigués;  par  Tavernari.  (Riv.  sp.  difren.y  1897, 
fasc.  1.) 

XLI.  Sur  l'opportunité  et  l'efficacité  du  traitement  chirurgico- 

GYNÉCOLOGlgUB    DANS    LA    NÉVROSE    HYbTÉRIQUK    ET    LES    ALIENATIONS 

mentales;  par  Angklucci  et  Pieraccini.  (HiM.  sp,  di  fren,,  fasc.  II, 
1897,) 

Ce  travail  est  le  résultat  d'une  enquôte  internationale,  à  la  suite 
de  laquelle  les  auteurs  sont  arrivés  à  formuler  les  conclusions  sui- 
vantes : 

Il  faut  absolument  proscrire  l'ablation  de  Tulérus  ou  des  annexes 
normales,  comme  moyeu  curatif  de  l'hystérie  ou  de  la  folie.  L'hys- 
térie même  constitue  presque  une  contre-indication  aux  opéra- 
tions chirurgicales  à  effectuer  dans  un  but  gynécologique.  Les  opé- 
rations de  ce  genre  ne  doivent  tirer  leur  indication  d'opportunité 
que  de  la  gravité  des  maladies  des  organes  sexuels  à  enlever,  indé- 
pendamment des  considérations  relatives  à  l'espérance  d'influer 
éventuellement  sur  l'état  névropathique  dos  sujets  à  opérer. 

Dans  ces  cas,  on  peut  seulement  profiter  de  l'opération,  ren- 
due indispensable  par  les  conditions  pathologiques  des  organes 
sexuels  pour  tenter  d'exercer  une  suggestion  sur  un  élat  névro- 
pathique coexistant.  Enfin,  mais  seulement  dans  un  but  de  sugges- 
tion et  quand  on  a  inutilement  expérimenté  tous  les  moyens 
réputés  les  plus  efficaces  pour  combattre  l'hystérie,  on  peut 
recourir  à  la  simulation  d'une  laparotomie.  J.  Séglas. 

XLIL  La  GLANDE  thyroïde  chez  les  aliénés  ;  par  Ahaldi.  {Riv.  sp.  di 
fren.,  fasc.  11,  1897.) 

£n  règle  générale,  les  lésions  de  la  thyroïde  dans  un  grand 
nombre  de  cas  de  maladies  mentales  ne  peuvent  pas  être  considé- 
rées comme  secondaires  à  Tâge^  aux  conditions  des  vaisseaux,  à 
l'installation  on  à  la  marche  de  la  maladie  mentale  même.  Il 
semble  plutôt  très  vraisemblable  d'admettre  que,  dans  certains 
cas  au  moins,  ces  altérations  font  cortège,  en  tant  que  symp- 
tômes concomitants,  à  la  maladie  mentale,  ou  peut-être  même  se 
sont  installées  avant  elle,  comme  manifestation  primitive  d'une 
déchéance  individuelle.  Dès  lors,  dans  la  généralité  des  formes 


424  RBVUB  DB  THBRAPEUTIQUB. 

phrénasthéuiquesy  dans  beaucoup  de  formes  de  démence  sénile 
dans  certaines  formes  de  démence  chez  des  sujets  jeanes  ou  adultes, 
il  pourrait  y  avoir  indication  de  recourir  à  une  véritable  thérapeiK 
tique  de  snbstitutiou  au  moyen  d'un  traitement  thyroïdien  bien 
dirigé  et  prolongé. 

Enfin,  soit  que  i^altération  de  la  fonction  thyroïdienne  puisse 
être  élevée  à  Timportance  de  lésion  primitive  dans  certaÎDes 
formes  données  d'aliénation  mentale,  soit  que  dans  d'autres  elle 
puisse  être  considérée  comme  un  fait  secondaire,  aggravant  Tétat 
mental,  dans  tous  ces  cas,  si  Ton  soupçonne  une  fonction  insuffi- 
sante du  corps  thyroïde,  on  est  fondé  à  espérer  de  bons  effets  d'uo 
traitement  thyroïdien.  J.  S^glas. 

XLIII.  Des  injections  de  sérum  artificiel  chez  les  auénês  ;  par  le 
.     0''  de  Boeck.  {BulL  de  la  Soc.  de  méd.  ment,  de  Belgique,  1898, 
no  89.) 

Partisan  de  l'origine  toxique  des  psychoses  en  général,  de  la 
confusion  mentale  en  particulier,  l'auteur  propose  de  les  combattre 
par  des  injections  de  la  solution  physiologique  de  chlorure  de 
sodium  à  7,5  p.  1000.  Ce  traitement  lui  parait  également  indiqué 
contre  la  sitiophobie  des  aliénés.  A  l'appui  de  cette  manière  de 
voir,  M.  de  Boeck  rapporte  plusieurs  observations  dans  lesquelles 
remploi  des  injections  de  sérum  artiOciel  a  été  suivi  de  bons  résul* 
tats.  G.  Deny. 

XLIV.    MORPBINOMANIE.    SoN     TRAITEMENT    ET    POSSIBILITE   DB    SA   GUt- 

RisoN  ;  par  le  D»"  John  W.  Rouertson.  (The  médical  News,  27  août 
1898.) 

La  morphinomanie  se  développe  chez  des  sujets  chez  qui  la  mor- 
phine a  été  employée  dans  le  but  de  soulaf^er  des  douleurs,  ou 
bien  chez  des  sujets  à  tempérament  nerveux  ;  et  dans  ce  cas  elle 
est  une  névrose  fonctionnelle  au  môme  titre  que  la  neuraslhésie, 
la  folie,  etc.  Ses  symptômes  physiques  et  intellectuels  sont  connus: 
cachexie,  ataxie,  paralysie  des  sphincters  d*un  côté,  de  l'autre 
affaiblissement  intellectuel  et  obtusion  du  sens  moral. 

Le  traitement  est  délicat  et  difficile  :  il  importe  peu  que  la  sup- 
pression de  la  morphine  soit  brusque  ou  progressive;  le  difficile 
est  de  protéger  le  malade  contre  lui-même,  alors  que  rétabli  phy- 
siquement il  n'a  pas  encore  repris  possession  de  sa  pleine  volonté. 

A  l'asile  de  iNape,  l'auteur  a  eu  d'excellents  résultats  dans  cin- 
quante cas  à  l'aide  de  la  suppression  rapide  :  au  bout  de  six  se- 
maines à  deux  mois  la  santé  physique  et  mentale  semblait  totale- 
ment revenue.  Dans  la  pratique  privée  il  emploie  la  suppression 
progressive  et  s'est  servi  avec  grand  avanta^'e  d'injections  hypo- 


RBVUB   DE   THÉRAPEUTIQUE.  425 

dermiques  de  strychnine  et  d*extrait  de  quinquina  rouge  donné  à 
J'inférieur  ;  mais  souvent  pendant  le  troisième  mois  de  traitement^ 
alors  que  le  retour  à  la  santé  paraissait  évident,  apparaissaient  des 
troubles  nerveux  nécessitant  l'emploi  du  bromure  et  de  la  strychnine. 

Aussi  fauteur  ne  reçoit-il  des  morphinomanes  dans  son  sanatorium 
que  pour  une  durée  minime  de  six  mois  qui  peut  se  prolonger  jus- 
qu'à douze  mois.  Ce  laps  de  temps  est  nécessaire  pour  arriver  à 
une  ^uérison  réelle. 

Dans  le  cas  de  morphinomaniu  non  héréditaire,  si  la  maladie 
qui  a  provoqué  l'emploi  de  la  morphine  est  guérie,  le  pronostic 
est  favorable^  mais  la  durée  du  traitement  doit  être  au  moins  de 
six  mois.  Quand  la  maladie  est  arrivée  à  affaiblir  l'intelligence,  le 
seul  traitement  rationnel  consiste  à  protéger  le  malade  contre  son 
appétit  morbide  aussi  longtemps  qu'il  est  besoin  pour  le  rétablis- 
sement complet  de  sa  santé  intellectuelle  et  physique.         A.  V. 

XLV.  Diagnostic  et  traitement  db  la  mélancolie; 
par  le  D'  Ziehbn  (d'iéna). 

Travail  important  qui  constitue  une  véritable  monographie  de 
la  mélancolie. 

Après  quelques  considérations  sur  la  fréquence,  l'étiologie,  le 
développement  de  cette  affection,  l'auteur  en  décrit  les  symptômes 
primordiaux  (la  dépression,  l'empêchement  de  penser  et  de  se 
mouvoir)  et  accessoires  (les  divers  troubles  délirants],  puis  les 
divers  modes  de  terminaison,  ainsi  que  les  formes  variées:  mélan- 
colie dépressive  ou  hypomélancolie,  variété  apathique,  variété 
hallucinatoire,  variété  avec  conceptions  impératives,  variété  neu- 
rasthénique, variété  hystérique,  mélancolie  périodique. 

Quand  le  diagnostic  de  l'état  mélancolique  a  été  fait,  il  reste  à 
établir  le  diagnostic  différentiel,  avec  la  démence  paralytique, 
avec  la  paranoïa  chronique  simple,  avec  la  paranoïa  hallucinatoire 
aiguë,  avec  la  neurasthénie,  avec  la  démence  sénile. 

Ëo  présence  d'un  malade  atteint  de  mélancolie,  se  pose  immé- 
diatement la  question  de  savoir  si  ce  malade  devra  être  soigné 
chez  lui  ou  placé  dans  un  établissement  spécial. 

D'une  manière  générale  le  placement  dans  un  établissement 
spécial  est  indiqué  quand  le  malade  devient  réellement  anxieux, 
à  plus  forte  maison  quand  il  y  a  des  idées  de  suicide. 

Dans  les  mélancolies  graves,  nécessitant  le  placement  dans  un 
asile,  certaines  précautions  immédiates  de  sécurité  sont  cependant 
à  prendre  à  l'épard  du  malade  ainsi  qu'un  traitement  est  à 
instituer  avant  son  placement. 

Ce  traitement  préliminaire  repose  sur  les  trois  moyens  théra- 
peutiques suivants  :  séjour  au  lit,  enveloppements  mouillés,  admi- 
nistration d'opium. 


426  VAKIA. 

Appliquée  de  bonne  heure,  cette  médication  peut  avoir  ia 
meilleure  influence  contre  le  développement  et  la  durée  de  la 
psychose.  Le  médecin  ne  doit  prendre  la  responsabilité  du  traite- 
ment à  domicile  d'un  mélancolique  que  s'il  est  rompu  à  tous  les 
détails  du  traitement  général  des  psychoses,  et  si  la  forme  'de 
mélancolie  est  peu  grave. 

Le  malade  devra,  dans  ces  conditions,  rester  longtemps  au  lit. 
faire  de  petites  promenades,  se  distraire  à  des  occupations  peu 
compliquées  ;  ses  fonctions  digestives,  son  sommeil  doivent  être 
surveillés;  l'hydrothérapie  sera  appliquée  sous  forme  de  bains 
froids  pendant  le  jour  et,  le  soir,  d'une  ablution  générale  avec  une 
éponge  imbibée  d*eau  chaude.  L'opium  ne  sera  donné  qu'eu  cas 
de  légère  anxiété.  Si,  traitée  de  la  sorte,  la  maladie  parait  tourner 
à  l'état  chronique,  alors  s'impose  fcloi^uement  dans  une  famille 
étrangère,  dans  une  maison  de  santé.  {American  Journal  of  insanly 
avrin898.)  E.  Blin. 


SOCIÉTÉS  SAVANTES. 


SOCIÉTÉ  MÉDICOPSYCHOLOGIQUE. 


Séance  du  2o  juillet  1898.  —  Présidk.nce  de  M.  Meuriot. 

La  paralysie  générale.  Rapport  sur  l'ouvrage  de  Funaiolù  — 
M.  Arnaud  analyse  l'ouvrage  de  M.  Funaioli  sur  la  paralysie  géné- 
rale. C'est  une  étude  à  la  fois  clinique  et  statistique  qui  renferme 
de  nombreux  documents  dus  à  l'observation  personnelle  de  l'au- 
teur, médecin  superintendant  du  Manicome  de  Sienne.      M.  B. 


VARIA. 


L'ÉTENDUE   DE   LA  SPÉCIALITÉ  PSYCHIATRIQUE  ;  par  le  D**  ThcO  KeLLOGG. 

En  dehors  des  connaissances  de  médecine  et  de  chirurgie  géné- 
rales, connaissances  qui  ne  doivent  pas  lui  servir  seulement  à  soi- 
gner les  maladies  intercurrentes  chez  ses  malades,  mais  encore  à 
étudier  les  maladies  au  point  de  vue  de  leurs  rapports  avec  la  foiie, 


VARIA.  4:27 

Taliéniste  doit  aussi  être  expert  en  diverses  spécialités,  ophialmo- 
iopfie,  ^'ynécologie  et  surtout  neurologie. 

La  connaissance  approfondie  de  Tanatoinic  One  du  système  ner- 
veux peut  seule  lui  permettre  les  recherches  nécessaires  à  Tétude 
des  cas  qu'il  rencontre. 

La  psychiatrie  comprend  tout  ce  que  l'on  sait  de  la  science  de 
l'esprit,  eu  y  comprenant  les  études  psycholopriques  les  plus  éten- 
dues. La  sociologie,  lanthropologie  doivent  être  aussi  connues 
de  Taliéniste  sans  compter,  en  surplus  la  pratique  générale  des 
affaires,  des  connaissances  spéciales  sur  la  construction  et  l'amé- 
nagement des  hôpitaux,  des  qualités  administratives  pour  la  direc- 
tion des  inGrmiers  et  employés,  etc.  {American  Journal  of  insanily, 
janv.  1898.)  ^  E.  B. 

Certains  médecins  des  hôpitaux  —  leur  nombre  diminue 
—  considèrent  les  aliénistes  comme  des  médecins  d'un 
ordre  inférieur.  S'ils  veulent  refléchir  sur  les  considérations 
qui  précèdent,  ils  se  rendront  compte  de  leur  erreur.        B. 

Service  uédical  des  prisons  ;  par  le  D''  Hamilton  Wky. 

Le  rôle  du  médecin  de  prison  est  des  plus  complexes,  des  plus 
difficiles.  En  plus  des  connaissances  générales  de  médecine  et  de 
chirurgie,  il  doit  ôlre  un  bon  hygiéniste  et  surtout  avoir  grande 
expérience  des  maladies  nerveuses  et  mentales. 

Dans  beaucoup  de  prisons  le  médecin  est  appelé  seulement  quand 
i!  y  a  une  bronchite  à  soigner  ou  une  luxation  à  réduire  et  Ton  ne 
paraît  pas  se  douter  de  Timportance  du  médecin  dans  la  prison. 

Tout  d'abord  le  médecin  de  prison  avant  d'être  nommé,  devrait 
justifier  de  connaissances  générales  et  spéciales  acquises  dans  la 
pratique  générale  de  la  médecine,  et  dans  des  services  spéciaux 
de  maladies  nerveuses  et  d'aliénation  mentale. 

Le  médecin  de  prison,  une  fois  nommé,  devrait  consacrer  tout 
son  temps  à  la  prison  où  nombreuses  se  rencontrent  les  occupa- 
tions professionnelles  qui  le  concernent,  direction  de  Tinfirmerie, 
examens  anthropologiques,  organisation,  surveillance  de  Thygiène^ 
et  surtout  examen  des  prisonniers. 

En  effet,  tout  nouveau  venu  devrait  être,  dès  son  admission, 
examiné  au  point  de  vue  de  son  état  psychologique,  de  ses  parti- 
cularités mentales  et  tenu  en  observation  régulière  par  le  médecin  : 
il  est  probable  qu'en  agissant  de  la  sorte,  nombre  de  malheureux 
verraient  leur  peine  atténuée  ou  seraient,  en  raison  de  leurs  con- 
ditions mentales,  placés  ailleurs  que  dans  une  prison. 

Pour  faciliter  son  action,  le  médecin  devrait,  de  par  la  loi,  être 
absolument  indépendant  dans  son  ressort  professionnel,  être  à 
Tabri  de  toutes  les  entraves,  de  toutes  les  tracasseries  que  pour- 
rait lui  créer  le  directeur  de  la  prison. 


428  VARIA. 

En  raison  du  rôle  que  le  médecin  doit  remplir  dans  la  prison,  sa 
sifualion  matérielle  et  morale  devrait  être  relevée  afin  d'encoo- 
rager  les  médecins  de  valeur  à  rechercher  cette  carrière.  (American 
Journal  ofinsanity^  avril  1898.)  K.  Bun. 

QURL   DOIT  ÊTRB  LE   nOLE  DU  PATRONAGE  A  l'ÉGARD  DES  AUéNÉS  AVA9T, 
PENDANT    BT  APRÈS    LEUR    INTERNEMENT  DANS    LA   MAISON   DE  SANTÉ; 

par  le  D*"  J.  Morel.  (Bull,  de  la  Soc.  de  méd,  menl.  de  Belgique, 
1898,  no  89.) 

Ce  rapport  se  termine  par  les  conclusions  suivantes:  les  sociétés 
de  patronage  doivent  étendre  leur  action  à  Taliéné  et  à  sa  lamillc. 
Dorénavant  cette  protection  se  fera  avant,  pendant  et  après  la 
collocatiun.  L'extension  de  la  mission  des  sociétés  de  patrooai'e 
impose  des  sacrifices  nouveaux.  Il  faut  intéresser  &  l'œuvre  du 
patronage  toute  personne  charitable,  quelles  que  soient  ses  res- 
sources. 

Si  les  membres  qui  paient  un  certaine  cotisation  ont  droit  à  la 
direction  générale  des  sociétés,  on  ne  pourrait  en  exclure  d'autres, 
ayant  les  mêmes  intentions,  mais  n'occupant  pas  la  même  situation 
de  fortune;  les  deruiers  membres  seraient  considérés  comme  adhé- 
rents à  la  bonne  œuvre. 

Si  une  certaine  catégorie  de  personnes, par  leur  position  de  for- 
tune et  par  leurs  loisirs,  peuvent  se  dévouer  à  Tœuvre  d'une  ma- 
nière continue,  matériellement  et  moralement,  on  doit  également 
accepter,  sous  certaines  condition?,  le  concours  de  toute  autre  per- 
sonne qui  offrirait  ses  bons  services. 

Les  sociétés  de  patronage  ne  peuvent  répondre  complètement  à 
leur  mission  qu'à  la  condilion  d'être  éclairées  sur  les  devoirs  à 
remplir.  Un  règlement  un  peu  détaillé  rend  de  grands  services, 
mais  le  but  serait  plus  facilement  atteint  par  la  rédaction  ou  la 
publication  simultanée  de  certaines  questions  relatives  aux  connais- 
sances indispensables  pour  intervenir  utilement,  aussi  bien  dans 
les  cas  où  l'aliénation  mentale  vient  d'être  constatée,  que  là  où 
l'on  pourrait  agir  comme  moyen  préventif  pour  empêcher  l'éclo- 
sion  de  la  maladie. 

Les  sociétés  de  patronage  interviendront  auprès  des  pouvoirs 
publics  chaque  fois  qu'elles  rencontreront  une  cause  de  dégénéres- 
cence ou  de  malheur  qui,  par  leur  concours,  pourrait  être  réduite 
ou  annihilée.  G.  Desy. 

Les  aliénés  en  liberté.    - 

Un  fou  dans  une  église.  —  Les  fidèles  qui  assistaient  hier  aux 
offices  à  réglise  Saint-Germain  des  Prés  ont  eu  pendant  quelques 
instants  une  bien  vive  émotion. 

Un  individu  pauvrement  vêtu,  qui  se  trouvait  depuis  quelque? 


FAITS  DiVKRs.  4:29 

minutes  dans  Té^Mise,  s*est  dirigé  tout  à  coup  vers  une  chapelle  du 
bas  côté  de  droite,  a  grimpé  sur  Tautel  et,  s'accrochant  à  la  croix 
qui  surmonte  le  tabernacle^  a  crié  a  Vive  Tanarchie  !  » 

Le  suisse  accourut  aussitôt,  empoigna  Ténergumène  et  le  remit 
aux  mains  des  gardiens  de  la  paix,  qui  le  conduisirent  au  commis- 
sariat de  la  rue  des  Saints-Pères.  Cet  individu,  qui  se  nomme  Ber- 
nard Launay  et  est  ftgé  de  trente-huit  ans,  est  un  ancien  valet  de 
chambre  du  général  d'Andigné.  Il  n'est  pas  anarchiste,  ainsi  qu'il 
Ta  déclaré  à  M.  Girard  ;  mais  il  est  sujet  depuis  quelques  années 
à  des  accès  de  folie,  au  cours  desquels  il  commet  des  extrava- 
gances; Taccès  terminé,  il  parle  raisonnablement  et  réclame 
lui-même  son  internement.  Il  a  déjà  fait  plusieurs  séjours  dans 
des  asiles  d'aliénés,  notamment  à  Ville-Evrard  et  à  Sainte-Anne. 

Ce  malheureux  n'a  aucune  ressource  ;  il  n'avait  pas  mangé  depuis 
avant-hier  et  il  a  annoncé  son  intention  de  se  suicider  pour  en 
finir  avec  la  misérable  existence  qu'il  mène.  Après  lui  avoir  fait 
servir  un  repas,  M.  Girard  l'a  envoyé  à  Pinfirmerie  spéciale  du 
Dépôt.  (Le  Soleil^  du  30  septembre.) 

—  Un  aliéné,  se  disant  Esterhazy,  est  venu  hier,  au  bureau  de 
police  de  Saint-Mandé,  chaussée  de  FEtang,  déclarer  qu'il  avait  des 
révélations  à  faire.  Ce  pauvre  fou  a  été  envoyé  à  i'inOrmeric 
spéciale  du  Dépôt.  (UAurore,  du  30  septembre.) 


FAITS  DIVERS. 


AsiLR  d'aliénés  de  la  Seine.  —  Concours  pour  la  nomination  aux 
places  tTinteme  titulaire  en  médecine  vacantes  au  l*""  janvier  1899, 
dans  les  asiles  publics  d* aliénés  du  département  de  la  Seine  (Asile 
clinique,  Asiles  de  Vaucluse,  Ville-Evrard  et  Villejuif  et  Tlnfirmerie 
spéciale  des  aliénés  à  la  Préfecture  de  police).  —  Le  lundi  5  dé- 
cembre 1898,  à  midi  précis,  il  sera  ouvert  à  la  Préfecture  de  la 
Seine,  annexe  de  l'Hôtel-de-Ville.  rue  Lobau,  n9  2,  à  Paris,  un  con- 
cours pour  la  nomination  aux  places  d'interne  titulaire  en  méde- 
cine vacantes  dans  lesdits  établissements  au  l*""  janvier  1899.  Les 
candidats  qui  désirent  prendre  part  à  ce  concours  devront  se  faire 
inscrire  à  la  Préfecture  de  la  Seine,  service  des  aliénés,  annexe  de 
l'Hôtel  de  Ville,  2,  rue  Lobau,  tous  les  jours,  dimanches  et  fêtes 
exceptés,  de  midi  à  cinq  heures,  du  lundi  7  au  samedi  19  novem- 
bre 1898  inclusivement. 


4H0  FAITS    DIVERS. 

—  Concours  pour  la  nomination  aux  places  d^interne  titulaire  en 
pharmacie  vacantes  au  i^''  janvier  1899  dans  les  asiles  publics  d'aUéni> 
du  département  de  la  Seine  (Asile  clinique,  Asiles  de  Vauclusc,  Ville- 
Evrard  et  Villejuif).  —  Le  jeudi  \0  novembre  1898,  à  une  heore 
précise»  sera  ouvert  à  TAsile  clinique,  rue  Cabanis,  n^  1,  à  Paris, 
un  coneoors  pour  la  nomination  aux  places  d'interne  titulaire  en 
pharmacie  vacantes  aa  1^"^  janvier  1899  dans  lesdils  établissements. 
Les  candidats  qui  désirent  prendre  part  à  ce  concours  devront  se 
faire  inscrire  à  la  Préfecture  de  U  Seine,  service  des  aliénés, 
annexe  de  THôtel  de  Ville,  2,  rue  Lobav,  tous  les  jours,  dimanches 
et  fêles  exceptés,  de  midi  à  cinq  heures.  Le  registre  d'inscription 
sera  ouvert  du  jeudi  13  au  mercreds  26  octobre  1898  inclusÎTe* 
ment. 

Hospices  de  Bicêtre  er  de  la  SALPèTRŒRE.  —  Concours  putbUc 
pour  la  nomination  à  la  place  de  médecin  adjoint  du  service  dn 
aliénés  dans  les  hospices  de  Bicélre  et  de  la  Salpétrière,  —  Ce  con- 
cours sera  ouvert  le  jeudi  {•'  décembre  1898,  à  midi,  à  famphi- 
théâtre  de  l'Administration  centrale  de  TAssistance  publique, 
avenue  Victoria,  n"*  3.  MM.  les  Docteurs  qui  voudront  concourir 
seront  admis  à  se  faire  inscrire  au  secrétariat  de  TAdministration, 
de  midi  à  trois  heures.  Le  registre  d'inscription  des  candidats  sera 
ouvert  le  lundi  31  octobre,  et  sera  clos  déOnitivement  le  lundi 
14  novembre,  à  trois  heures. 

Conditions  et  programme  du  concours,  —  Les  candidats  qui  se 
présentent  aux  concours  ouverts  pour  les  places  de  médecin  adjoint 
des  quartiers  d'aliénés  dans  les  hospices  de  Bicêtre  et  de  la  Salpê- 
trière  doivent  justifier  de  la  qualité  de  français  et  être  âgés  de 
vingt-huit  ans  au  moins.  Ils  doivent  justifier  en  outre  de  cinq 
années  de  doctorat.  Pour  les  candidats  ayant  été  internes  en  mé- 
decine dans  li»s  hôpitaux  et  hospices  de  Paris  ou  dans  les  asiles 
publics  d'aliénés  de  la  Seine,  les  années  d'internat  seront  comptées 
comme  années  de  doctoral. 

Les  candidats  doivent  se  présenter  au  secrétariat  général  de 
l'Administration  pour  obtenir  leur  inscription  en  déposant  leurs 
pièces,  et  signer  au  re^Mstre  ouvert  à  cet  effet.  Les  candidats  absents 
de  Paris  ou  empêchés  pourront  demander  leur  inscription  par 
lettre  chargée.  Toute  demande  d'inscription  faite  après  l'époque 
fixée  pour  la  clôture  du  registre  ne  peut  être- accueillie. 

Le  jury  du  concours  est  formé  dès  que  la  liste  des  candidats  a 
été  close.  Chaque  candidat  peut  se  présenter  au  secrétariat  général 
de  l'Administration  pour  connaître  la  composition  du  jury.  Si  des 
concurrents  ont  à  proposer  des  récusations,  ils  forment  immédia- 
tement une  demande  motivée,  par  écrit  et  cachetée,  qu'ils  remet- 
tent au  Directeur  de  TAdministration.  Si,  cinq  jours  après  le  délai 
ci-dessus  fixé,  aucune  demande  n'a  été  déposée,  le  jury  est  défini- 


FAITS    DIVERS. 


4M 


livement  constitué,  et  il  ne  peut  plus  être  reçu  de  réclamations. 
Tout  déféré  de  parenté  ou  d'alliance  entre  un  concurrent  et  l'un 
des  membres  du  jury  ou  entre  les  membres  du  jury,  donne  lieu  à 
récusation  d'office  de  la  part  de  TAdministration. 

Le  jtiry  du  concours  pour  les  places  de  médecin  adjoint  du  ser- 
vice des  aliénés  dans  les  hospices  de  Bicêtre  et  de  la  Salpôtrlère 
se  compose  de  sept  membres,  savoir  :  trois  membres  tirés  au  sort 
parmi  les  médecins  aliénistes,  chefs  de  service  de§  hôpitaux  et 
hospices  en  exercice  ou  honoraires;  un  membre  tiré  au  sort  parmi  / 
les  médeciiiâ  chefs  de  service  des  asiles  publics  d'aliénés  du  dépar- 
tement de  la  Seine,  en  exercice  ou  honoraires,  et  le  médecin  du 
Bureau  d'admission  de  l'Asile  clinique;  et  trois  membres  tirés  au 
sort  parmi  les  médecins  chefs  de  service  des  hôpitaux,  en  exercice 
ou  honoraires. 

Les  médecins,  chefs  de  service  des  asiles  publics  d'aliénés  de  la 
Seine,  en  exercice,  et  le  médecin  du  Bureau  d'admission  de  TAsile 
clinique  ne  peuvent  être  portés  sur  la  liste  des  membres  parmi  les 
quels  doit  être  le  jury,  qu'après  cinq  années  d'exercice.  Le  tirage 
au  sort  a  lieu  dans  les  formes  usitées  pour  les  concours  des  hôpi- 
taux, en  présence  de  deux  membres  du  Conseil  de  surveillance  de 
TAdrainistration  de  l'Assistance  publique  et  de  deux  membres  de 
la  Commission  de  surveillance  des  asiles  publics  d'aliénés  de  la 
Seine. 

Les  épreuves  du  concours  pour  les  places  de  médecin  adjoint  du 
service  des  aliénés  dans  les  ho^picos  de  Bicôtre  et  de  la  Salpêltière 
sont  réglées  de  la  manière  suivante  :  1^  une  épreuve  écrite  sur 
Tanalomie  et  la  pbysiologie  du  système  nerveux,  pour  laquelle  il 
sera  accordé  trois  heures  ;  2^  une  épreuve  clinique  commune  sur 
un  malade.  — Il  sera  accordé  au  candidat  dix  minutes  pour  Tcxa- 
mea  du  malade  et  vingt  minutes  pour  développer  oralement  son 
opinion  devant  le  jury,  après  cinq  minutes  de  réflexion  ;  S*»  une 
épreuve  clinique  sur  les  maladies  mentales  :  un  seul  malade.  —  Il 
sera  accordé  vingt  minutes  pour  l'examen  du  malade  et  vingt  mi- 
nutes pour  la  dissertation,  après  cinq  minutes  de  réflexion;  4^  une 
épreuve  écrite  comprenant  une  consultation  après  l'examen  d'un 
aliéné,  et  un  rapport  sur  un  cas  d'aliénation  mentale.  Il  sera  accordé 
au  candidat  quinze  minutes  pour  l'examen  de  chacun  des  malades, 
et  une  heure  et  demie  pour  la  rédaction  du  rapport  et  de  la  consul- 
tation. La  lecture  de  cette  consultation  et  du  rapport  sera  faite  au 
début  de  la  séance  suivante;  5^  une  épreuve  clinique  sur  deux 
malades  d'un  service  d'aliénés.  —  Le  candidat  aura  quinze  minutes 
pour  l'examen  de  chacun  des  deux  malades,  et  trente  minutes  pour 
la  dissertation  orale,  après  cinq  minutes  de  réflexion. 

Le  maximum  des  points  ù  attribuer  pour  chacune  de  ces  épreuves 
est  ûxé  ainsi  qu'il  suit:  pour  la  première  épreuve  écrite,  30  points; 
pour  l'épreuve  clinique  commune,  20  points;  pour  l'épreuve  clini- 


48:2  BULLETIN   BIBLIOGRAPHIQUE. 

que  sur  les  maladies  mentales,  à  un  seul  malade,  20  points;  poar 
la  deuxième  épreuve  écrite,  30  points;  pour  Tépreuve  clinique  sur 
deux  malades,  30  points. 

La  joie  qui  tue.  —  A  l'issue  d'une  revue  des  batteries  alpines 
passée  hier,  par  le  général  Zédé,  le  brigadier  maréchal -ferrant 
Trouilloud  fut  invité  à  se  présenter  devant  le  général  qui  avait  ma- 
nifesté le  désir  de  lui  annoncer  qu'il  recevrait  bientôt  la  médaille 
militaire.  Trouilloud  se  précipita  dans  sa  chambre  pour  se  mettre 
en  tenue,  mais  il  fut  saisi  d'une  telle  émotion  qu'il  succomba  subi- 
tement. {Le  Temps  du  16  mai.) 

NÉCROLOGIE.  —  Le  D**  SisTERAY  ancien  médecin  en  chef  d'asile 
d'aliénés,  est  décédé  le  5  juillet  4898,  dans  sa  soixante  et  onzième 
année. 

Le  D'  Sisteray,  né  à  Lectoure  (Gers),  le  30  octobre  1827,  ancien 
interne  et  médecin  adjoint  des  asiles  publics  de  Moulins,  de  Mar- 
seille, de  Rodez  et  de  Dijon,  était  en  dernier  lieu  médecin  en  chef 
de  l'asile  d'aliénés  de  Bordeaux,  lor*:que  la  maladie  —  délire  de 
persécution  —  le  força  de  quitter  le  service.  On  doit  à  Sisterav 
une  thèse  de  doctorat  estimée,  intitulée  :  «  Simulation  de  répi- 
lepsie  au  point  de  %me  de  la  pratique  et  de  la  médecine  légale.  >  Il  a 
collaboré  aux  Annales  médico -psychologiques,  dans  lesquelles  il  a 
publié  entre  autres,  trois  intéressants  rapports  médico-légaux, 
dont,  deux  en  collaboration  avec  notre  excellent  collègue  M.  le 
D**  Delaporte  ;  tous  trois  sont  d'importants  documents  de  médecine 
légale  et  méritent  d'être  consultés.  (Annales  médico-psyeh.) 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Gilles  de  la  Todrette.  —  Les  myélites  syphilitiques,  —  Volume  in-18 
cartonné  de  91  pages.  —  Prix  ;  1  fr.  50.  '—  Paris,  1898.  —  Librairie 
J.-B.  Baillière  et  ûls. 

Ley.  —  Les  enfants  arriérés,  leur  traitement  éducatif.  —  Brochure 
in-8«  de  16  pages.  —  Anvers,  1898.  —  imprimerie  Buschmann. 

ZccCARBLLi  (A.).  —  Psichiatria  e  organo  psichico,  —  Brochure  in-18 
de  63  pages.  —  Prix  :  1  fr.  25.  —  Napoli,  1898.  —  Stabilimento  Gani- 
bella. 

Le  rédacteur- gérant  y  Bournevillc. 


Evreux.  Oh.    HinissBY,  imp.  —  1198. 


Vol.  VI.  Décembre  1898.  No  36 


ARCHIVES  DE  NEUROLOGIE 


PATHOLOGIE   PfERVEUSE. 


DES  POUSSÉES  D'ENCÉPHALITE  AIGUË  DANS  LE  COURS 
DE  L'ENCÉPHALITE  SUBAIGUE  ET  CHRONIQUE  ; 

Par  le  D'  Iv.  PIPERKOFF, 
Ancien  assistant  d'anatomie  pathologique  à  l'Université  de  Génère. 

(Travail  du  laboratoire  Da  D^  Déjbrine  a  la  Salpêtrière.) 

En  1894,  dans  le  service  de  M.  le  D*"  Déjerine  à  Bicêtre,  fut 
faite  l'autopsie  d*un  cas  dont  le  diagnostic  clinique  porté 
avait  été  :  paralysie  pseudo-biilôàire,  crises  subintrantes 
^épilepsie.  Cette  autopsie  ne  révéla  que  des  lésions  corti- 
cales bilatérales.  M.  le  l)^  Déjerine  nous  avait  confié  quelques 
morceaux  des  circonvolutions  lésées  pour  en  faire  Texamen 
microscopique.  Dès  le  début  de  cet  examen  nous  nous  sommes 
trouvé  en  présence  d'altérations  pathologiques  si  intéres- 
santes que  nous  avons  poussé  cet  examen  aussi  loin  que 
possible  et  en  donnons  plus  bas  le  résultat  détaillé. 

Nous  ne  présenterons  donc  dans  le  présent  travail  que 
l'anatomie  et  Thistologie  pathologiques  du  cas.  L'histoire 
clinique  de  la  maladie  en  rapport  avec  la  topographie  des 
lésions  constatées,  fera  Tobjet  d'un  autre  travail  de  la  part  de 
notre  maître. 

Qu'il  nous  soit  permis  de  lui  exprimer  ici  nos  plus  vifs 
remerciements^  pour  l'amabilité  qu'il  a  eue  de  nous  aban- 
donner l'examen  de  ce  cas  intéressant.  Qu'il  agrée  aussi  nos 
sentiments  de  reconnaissance  pour  les  conseils  bienveillants 
qu'il  n'a  cessé  de  nous  prodiguer  pendant  notre  séjour  à  son 
laboratoire. 

Archives,  2*  série,  t.  VI.  28 


434  PÂTHOLOQIB  NBRVBUSB. 

AuTOPSiK.  —  Homme  de  taille  moyenne,  très  maigre.  Rien 
d'anormal  à  l'extérieur  du  corps. 

Boite  crânienne,  la  dure- mère,  Tarachnoïde  normales.  Pas 
d^œdème  sous-arachnoïdien.  La  pie-mère  d*aspect  normal;  à  part 
quelques  faibles  adhérences,  elle  se  détache  facilement  de  la  sur- 
face du  cerveau.  Hémisphère  gauche.  Atrophie  légère  des  deux 
tiers  postérieurs  de  la  troisième  circonvolution  frontale,  des  deux 
tiers  inférieurs  des  circonvolutions  frontales  et  pariétales  ascen- 
dantes, des  opercules  frontal  et  rolandique  et  enOn  de  la  partie 
moyenne  de  la  première  circonvolution  temporale  au  voisinage  de 
la  scissure  de  Sylvius.  L'atrophie  est  surtout  prononcée  au  niveau 
de  la  région  rolandique  inférieure,  au-dessus  de  Topercule  rolan- 
dique. La  partie  qui  présente  cette  atrophie  si  marquée  est  de 
petites  dimensions  :  en  largeur  elle  atteint  les  deux  circonvolu- 
lutions  Fa  et  Pa  ;  en  hauteur  elle  mesure  à  peine  2  centimètres. 
Hémisphère  droit  :  légère  atrophie  du  pied  de  la  troisième  circon- 
voluLioii  frontale,  des  tiers  inférieur  des  circonvolutions  frontale 
et  pariétale  ascendantes,  enfin  des  opercules  frontal  et  rolandique. 
Pas  de  lésion  de  la  première  circonvolution  temporale.  L'atrophie 
ici  aus>iest  plus  prononcée  à  la  région  rolandique  inférieure.  Les 
circonvolutions  atrophiées  sont  de  couleur  jaunâtre  et  assez  dures 
au  toucher.  Le  reste  des  hémisphères  cérébraux,  la  protubérance, 
le  bulbe,  le  cervelet  sont  normalement  conformés.  Les  autres 
organes  de  l'économie  ne  présentent  rien  d*anormaL 

L'examen  macro  et  microscopique  après  durcissement  et  coupes 
sériées,  n'a  montré  l'existence  d'aucune  lésion  en  foyer  du  centre 
oval,  de  la  capsule  interne,  du  pédoncule,  de  la  protubérance  et 
du  bulbe  rachidien. 

Examen  microscopique,  —  Nous  n'avons  que  peu  de 
chose  à  dire  sur  la  technique  microscopique  que  nous  avons 
suivie;  elle  est  simple.  Les  pièces  ont  été  durcies  dans  le 
liquide  de  Mûller.  Gomme  coloration  nous  nous  sommes 
servi  de  la  méthode  de  Pal  pour  l'étude  des  ûbres  ner- 
veuses; pour  le  reste  nous  avons  employé  la  méthode  de 
Forei  ou  méthode  de  coloration  en  masse  au  picrocarmin 
sans  passage  préalable  des  pièces  dans  Talcool.  Nous  avons 
pu  nous  convaincre,  après  tant  d'autres,  qu'au  point  de  vue 
de  l'examen  histologique  complet  des  altérations  du  système 
nerveux  central  cette  dernière  méthode  est  la  meilleure  et  la 
seule  dont  nous  disposons  aujourd'hui.  Nous  savons  bien 
qu'avec  celle  méthode  on  ne  peut  pas  entreprendre  l'élude 
des  altérations  fines  du  protoplasma  des  cellules  nerveuses 


POUSSÉES   D*ENCÉPHALITB  AlOUB.  435 

(Nissl),  ni  celle  des  modiflcations  progressives  du  noyau 
cellulaire  (Flemming).  Mais  en  ce  qui  concerne  Tétude  de  la 
kariokinèse  la  vraie  difficulté  réside  non  dans  la  coloration, 
toujours  simple,  mais  dans  la  nécessité  d'un  durcissement 
rapide  et  précoce  du  tissu  à  examiner,  immédiatement  après 
la  mort,  chose  qu'il  est  presque  toujours  impossible  de  faire. 
Quant  à  la  méthode  de  coloration  de  Nissl  elle  ne  nous  est 
d'aucune  utilité  ici  :  les  altérations  du  protoplasma  (subs- 
tance filaire  et  interfltaire  de  Flemming),  qui  après  le  noyau 
constitue  l'élément  cellulaire  essentiel,  n'en  sont  nullement 
expliquées. 

Voici  maintenant  ce  qui  ressort  de  l'étude  des  nombreuses 
préparations  que  nous  avons  faites  en  vue  de  l'examen  mi- 
croscopique des  circonvolutions  reconnues  altérées  déjà 
macroscopiquement.  Nous  commençons  d'abord  par  l'examen 
de  la  région  rolandique  inférieure  des  deux  côtés. 

En  examinant  les  préparations  à  faible  grossissement,  on  cons- 
tate que  dans  chacune  des  deux  circonvolutions  (Fa  et  Pa)  intéres- 
sées par  nos  coupes,  se  trouvent  des  traînées  de  formes  irrégulières 
se  distinguant  nettement  du  tissu  environnant.  Ces  traînées  sont 
situées  dans^la  substance  grise  et  plus  souvent  entourent  ou  côtoient 
un  vaisseau  d'un  certain  calibre.  Sauf  sur  quelques  points,  très  peu 
étendus  d'ailleurs,  les  traînées  n'intéressent  pas  la  surface  des  cir- 
convolutions. La  surface  de  ces  dernières  est  régulière  et  la  pie- 
mère  nullement  altérée. 

A  un  plus  fort  grossissement,  nous  permettant  d'observer  les 
détails  de  constitution  des  foyers  sus-inentionnés  ainsi  que  ceux 
de  la  structure  de  la  substance  cérébrale  en  général,  nous  consta- 
tons que  celte  dernière  aussi  est  profondément  akérée  sur  toute 
retendue  des  préparations.  Nous  sommes  donc  obligés  d*étendre 
notre  étude  et  de  procéder  d'une  manière  méthodique  dans  Texa- 
men.  Nous  commencerons  d'abord  par  les  altérations  les  plus  pro- 
noncées de  l'écorce  cérébrale  —  les  foyers  circonscrits  —  et  conti- 
nuerons avec  les  altérations  diffuses  du  tissu  des  circonvolutions. 

Un  premier  coup  d'oeil  nous  montre  que  les  foyers  pathologi- 
ques ne  présentent  pas  partout  le  même  aspect  et  la  môme  consti- 
tution bistologique.  On  peut  facilement  distinguer  deux  formes 
principales  en  laissant  décote  ce  que  chacune  d'elles  peut  présenter 
de  particulier,  suivant  qu'on  la  prend  dans  telle  ou  telle  autre  ré- 
gion. 

Prenons  une  de  ces  formes  dont  le  dessin  fidèle  est  représenté 


436  PÂTHOLOOIK  NERVBU8B. 

par  la  figure  1  de  la  planche  I.  Nous  la  désignons  pour  plas  de  com- 
modité sous  le  titre  de  forme  A. 

L'élément  principal  dans  la  constitution  de  cette  forme  de  foyer 
est  représenté  par  les  cellules  de  neuroglie.  Ces  dernières  se  trou- 
vent réunies  en  assez  grand  nombre,  mais  leurs  corps  ne  se  tou- 
chent que  rarement  :  il  existe  toujours  un  espace  entre  elles,  sou- 
vent assez  considérable.  Ces  cellules  névrogliques  possèdent  des 
caractères  particuliers.  Elles  sont  tuméfiées,  quelques-unes  avant 
atteint  le  double  du  volume  normal.  Elles  sont  généralement  arroo- 
die%  mais  souvent  allongées,  polygonales,  triangulaires;  le  corps 
cellulaire  quelquefois  a  des  contours  très  indistincts.  Quelques- 
unes  de  ces  cellules  ne  possèdent  pas  de  prolongements,  mais  la 
plupart  en  sont  pourvues.  Ces  derniers  sont  peu  nombreux,  épais 
et  généralement  courts  ;  d'autres  fois  assez   longs,  mais  jamais 
ramilles.  Le  protoplasma  cellulaire  est  tantôt  homogène  et  dans 
ce  cas  le  noyau  est  difficilement  reconnaissable,  tantôt  il  e§t  gra- 
nuleux, le  noyau  alors  bien  visible.  Mais  dans  les  deux  cas  le  pro- 
toplasma est  fortement  coloré  par  le  carmin.  Le  plus  souvent  et 
.  dans  certaines  coupes  les  cellules  névrogliques  renferment  un  seul 
noyau,  mais  dans  d  autres  coupes  et  en  particulier  dans  des  corps 
cellulaires  à  proloplasma  granuleux   on   en   rencontre  à  deux 
noyaux,  quelquefois  plus.  Le  noyau  ou  les  noyaux  sont  toujours 
ronds  ou  ovalaires  et  occupent  le  plus  souvent  une  position  excen- 
trique. Dans  les  préparations  qui  renferment  des  cellules  à  proto- 
plasma transparent  {fiy,  1),  nous  constatons  que  les  noyaux  sont 
riches  en  chroroatine  se  présentant  sous  forme  de  granulations  ou 
de  petits  filaments. 

Vu  second  élément  important  de  ces  foyers  est  formé  par  les 
vaisseaux.  On  trouve  toujours  au  milieu  ou  à  côté  du  foyer  plu- 
sieurs troncs  vasculaires;  en  outre  ce  dernier  est  parcouru  par  des 
capillaires  qui  ne  paraissent  pas  être  en  plus  grand  nombre  ici  que 
dans  Técorce  cérébrale  normale.  Les  artères  présentent  des  raodi- 
ficalions  intéressant  surtout  leur  tunique  externe.  Cette  dernière 
est  le  siège  d'une  véritable  prolifération  cellulaire.  Les  noyaux  de 
cette  tunique,  bien  colorés  par  le  carmin,  offrent  deux  à  trois  cou- 
ches superposées.  Lps  tuniques  interne  et  moyenne  ne  paraissent 
pas  notablement  modifiées.  Les  capillaires  au  contraire  sont  atteints 
dans  leur  endothéliuin.  On  voit  dans  certains  d'eux  les  cellules 
endothéliales  tuméfiées,  arrondies  et  proéminant  fortement  vers  la 
lumière  du  vaisseau.  Quelques  cellules  même  sont  en  état  de  pro- 
lifération évidente.  Ce  sont  là  les  principaux  éléments  du  foyer 
que  nous  nous  sommes  proposé  de  décrire. 

Quant  aux  cellules  nerveuses  elles  ont  subi  des  modificatioiii 
variables  mais  qui  toutes  portent  le  caractère  régressif.  On  observe 
le  plus  souvent  la  transformation  granuleuse,  mais  aussi  fatropliie 


POUSSÉES  d'encbphalitb  AiauE.  437 

simple  et  très  rarement  la  sclérose  de  ces  cellules.  Dans  toute 
rétendue  d'un  de  ces  foyers  on  ne  trouve  que  5-6  cellules  ner- 
veuses seulement  profondément  altérées.  Toutes  les  autres  ont  dis- 
paru sans  laisser  des  traces  reconnaissables. 

La  substance  fondamentale  a  perdu  sa  transparence  habituelle. 
Elle  est  comme  formée  de  parties  distinctes,  de  blocs,  donnant 
rimpression  d'un  commencement  de  coagulation.  Les  fibrilles  indé- 
pendantes de  la  neuroglie  sont  difficiles  à  suivre  dans  cette  masse 
légèrement  opaque.  Autour  de  la  plupart  des  éléments  cellulaires 
et  des  capillaires,  on  constate  de  grands  espaces  vides,  résultat  du 
ratatlnement  pathologique  de  la  sub.^tance  fondamentale.  Nulle 
part  nous  n'avons  vu  ces  espaces  bordés  par  des  cellules  en  forme 
de  croissant  (Randzelien  de  Friedmann)  ou  contenant  des  éléments 
cellulaires  quelconques. 

Dans  la  paroi  de  certains  gros  vaisseaux  nous  avons  constaté  des 
cristaux  d'hématine  vestige  d'une  activité  circulatoire  anormale 
qui  pourtant  n*a  pas  été  jusqu'à  provoquer  des  extravasations  san- 
guines. Nous  n'avons  non  plus  pu  trouver  des  leucocytes  au  sein  de 
ces  foyers  malgré  une  recherche  minutieuse. 

Quant  aux  rapports  qui  existent  entre  les  différents  éléments 
constituant  la  forme  du  foyer  que  nous  décrivons,  voici  ce  que 
nous  trouvons.  Quelques-unes  des  cellules  névrogliques  sont  venues 
se  placer  à  côté  des  capillaires  et  ont  même  contracté  des  rapports 
iniimes  avec  eux  (pg,  3).  Rarement  on  voit  ces  cellules  se  mettre 
en  rapport  avec  les  capillaires  et  les  artérioles  par  lintermédiaire 
de  leurs  prolongements,  fait  qui  est  la  rè^le  dans  la  forme  sui- 
Tante. 

Quelques  cellules  nerveuses,  atteintes  des  premiers  stades  de  dégé- 
nérescence, présentent  le  même  phénomène  que  nous  venons  de 
signaler  pour  les  cellules  névrogliques,  c'est-à-dire  se  sont  mises 
en  rapport  avec  la  paroi  des  capillaires  {flg.  4).  Nous  ne  sommes 
pas  ici  en  présence  duue  trouvaille  fortuite  :  on  en  rencontre  plu- 
sieurs exemples  bien  caractéristiques.  Ce  n'est  pas  là  non  plus  un 
phénomène  passif,  fait  de  simple  voisinage  comme  on  pourrait  le 
croire.  Les  cellules  nerveuses  qui  présentent  ce  phénomène  ont 
une  forme  de  croissant  et  enveloppent  pour  ain&i  dire  le  capillaire; 
leur  bout  effilé  et  un  de  leurs  côtés  se  confondent  avec  la  paroi 
capillaire.  Ce  changement  de  forme  de  la  cellule  nerveuse,  s'adap- 
tant  exactement  à  la  conformation  extérieure  du  vaisseau,  a  dCk 
précéder  la  modification  régressive  de  la  cellule  et  est  par  consé- 
quent un  processus  essentiellement  actif.  Nous  tâcherons  plus  tard 
de  faire  ressortir  la  valeur  de  cette  constatation. 


La  seconde  forme  de  foyer  ou  forme  B  occupe  une  plus  large 
place  dans  aos  préparations.  Les  traînées  visibles  au  petit  grossis- 


438  PATHOLOGIE  MERVBUSB. 

sèment  s*étendent  à  certains  endroits  sans  ligne  de  démarcation 
bien  nelte  dans  le  tissu  nerveux  environnant,  soit  de  la  substance 
grise,  soit  de  la  substance  blanche.  Elles  sont  constituées  par  deux 
éléments  principaux  :  les  vaisseaux  et  les  cellules  névropliques.  A 
certains  endroits,  les  capillaires  et  les  arlérioles  sont  leliemeol  nom- 
breux qu*ils  occupent  tout  le  champ  du  microscope  et  conslitueut 
un  réseau  très  serré  dans  les  mailles  duquel  on  ne  distingue  qae 
de  nombreuses  cellules  de  neurogiie.  Les  vaisseaux  d'un  certain 
calibre  présentent  les  mêmes  modifications  pathologiques  et  pro- 
gressives que  ceux  du  fovf^r  A.  Les  gros  et  petits  capillaires  ne 
paraissent  pas  manifestement  altérés. 

Les  cellules  de  neurogiie  otfrent  au  fort  grossissement  des  carac- 
tères différents  de  ceux  que  nous  avons  décrits  pour  les  niénoes 
cellules  du  foyer  précédent.  Elles  ressemblent  ici  plus  aux  cellules 
névrogliqucs  que  Ton  observe  normalement  dans  le  système  ner- 
veux central.  Comme  morphologie,  elles  offrent  toutes  les  formes 
imaginables;  elles  sont  fusifornies,  triangulaires,  en  forme  de 
pinceau,  étoilées,  mais  ne  sont  jamais  rondes  ou  ovalaires. 
Quelques-unes  sont  très  riches  en  protoplasma,  d'autres,  et  le  plus 
grand  nombre,  ne  sont  représentées  que  par  un  noyau  siégeant  à 
Tendroit  de  l'entrecroisement  d'une  multitude  de  fibrilles.  Le  pro- 
toplasma des  cellules  qui  en  sont  richement  pourvues  est  très  for- 
tement coloré  par  le  carmin,  mais  transparent.  Le  noyau,  dans 
n'importe  laquelle  des  différentes  formes  de  ces  cellules,  est  situé 
à  leur  extrémité  la  plus  large.  Chez  beaucoup  d'elles  le  noyau  pa- 
raît extérieur,  uniquement  accolé  au  corps  cellulaire.  Il  est  tou- 
jours bien  visible,  petit,  rond,  moins  coloré  que  le  protoplasma 
cellulaire.  Le  nucléole  est  central.  Mais  la  véritable  caractéristique 
de  ces  cellules  sont  leurs  prolongements.  Ces  derniers,  à  Tioverse 
de  ce  que  nous  avons  observé  dans  les  cellules  du  foyer  forme  A, 
sont  nombreux,  très  longs,  minces  et  ramifiés.  Les  ramifications 
sont  d'autant  plus  nombreuses  et  complexes  que  lecorps  cellulaire 
est  pauvre  en  protoplasma.  Les  prolon;;enients  venant  des  diffé- 
rentes cellules  ncvrogliques  s'entrecroisent  dans  tous  les  sens  et 
constituent  ainsi,  à  certains  endroits,  un  lacis  inextricable.  Chaque 
•cellule  présente  au  moins  un,  mais  souvent  deux  ou  plusieurs  pro- 
longements qui  se  mettent  en  rapport  avec  les  vaisseaux.  Les  pro- 
longements vasculaires  abordent  le  vaisseau  soit  parallèlement, 
soit  obliquement,  mais  le  plus  .souvent  perpendiculairemenL  Dans 
ce  dernier  cas,  le  prolongement  pos?ède  nu  renflement  triangu- 
laire dont  un  des  côlés  repose  directement  sur  l'adventice  du  vais- 
seau. Quand  le  prolongement  est  parallèle  au  vaisseau,  il  se  cou- 
fond  avec  les  couches  externes  de  fadvenlice  et  il  est  le  plus  sou- 
vent impossible  de  poursuivre  plus  loin  son  trajet? 

£n  décrivant  les  deux  formes  de  foyer  précédentes,  nous  avoss 


POUSSEES  d'encéphalite  ÂIOUB.  439 

intenlionnellement  omis  de  parler  de  quelques  petits  territoires, 
bien  circonscrits,  que  ces  foyers  renferment  et  dont  l'image  histo- 
Jogique  diffère  complètement  de  celle  du  re£te  du  foyer.  Comme  la 
structure  de  ces  petits  territoires  est  à  peu  près  la  même  partout, 
nous  en  réunissons  la  description  ici  etévitons  ainsi  des  répétitions 
inutiles.  Le  dessin  de  la  flg.  5  donne  Timage  exacte  d'un  de  ces 
petits  territoires;  nous  en  avons  choisi  un  des  moins  complexes. 
Comme  étendue,  ces  petits  foyers  n*ont  jamais  leur  plus  grand 
diamètre  supérieur  à  1  millimètre.  A  première  vue,  on  se  croirait 
en  présence  d*un  loyer  de  ramollissement  nécrobiotique.  En  effet, 
nous  constatons  que  ces  petits  foyers  sont  formés  d'une  trame  de 
substance  fondamentale  à  mailles  excessivement  larges.  Les  tra- 
bécules  formant  cette  trame  sont  très  minces  et  délicates,  souvent 
à  peine  visibles.  A  gauche  du  dessin  on  remarque  même  des  places 
d'une  certaine  étendue  où  le  tissu  nerveux  manque,  complètement. 
Mais  c'est  là  toute  la  ressemblance  de  ces  foyers  avec  un  ramollisse- 
ment cérébral  nécrobiotique.  Nous  ne  trouvons  nulle  part  des  corps 
granuleux.  On  remarque  toujours  au  milieu  du  fuyer  un  ou  plu- 
sieurs petits  vaisseaux  à  paroi  fortement  proliférée.  Autour  du 
vaisseau,  comme  un  peu  partout  dans  le  foyer,  on  rencontre  de 
nombreux  leucocytes.  Là  où  la  substance  fondamentale  le  permet, 
on  voit  très  bien  le  mince  liséré  du  protoplasma  de  ces  derniers. 
Mais  la  plupart  des  leucocytes  sont  comme  fondus  dans  la  subs- 
tance des  trabécules.  Le  protoplasma  des  leucocytes  bien  conser- 
vés ne  contient  ni  granulations  pi^'mentaires,  ni  gouttelettes  grais- 
seuses ou  de  myéline.  Mais  à  part  ces  éléments,  nous  en  rencon- 
trons d'autres  moins  nombreux.  Ce  sont  de  grosses  cellules  rondes 
ou  légèrement  allongées  dont  le  volume  dépasse  de  quatre  à  six  fois 
le  volume  normal  des  leucocytes.  Le  protoplasma  de  ces  cellules 
est  tout  à  fait  transparent  ou  Onenjent^'ranuleûx,mais  ne  contient 
jamais  de  myéline  ou  d'autres  substances  étrangères.  Les  noyaux 
de  ces  cellules  sont  très  gros,  d*une  forme  ovalaire  et  bien  colorés 
par  le  carmin.  Dans  une  pareille  cellule  nous  avons  trouvé  deux 
noyaux.  Sans  aucun  doule  nous  avons  atfaire  ici  à  des  cellules 
épithélioîdes  dont  parle  Friedmann.  Quoique  moins  nombreuses 
que  les  leucocytes,  ces  cellules  par  leur  présence  donnent  une 
physionomie  particulière  aux  foyers  que  nous  décrivons.  En  troi- 
sième lieu  nous  y  trouvons  des  ligures  peu  caractéristiques  (c.  g.], 
dont  la  nature  et  la  provenance  sont  difficiles  &  déterminer.  Ce 
sont  des  corps  cellulaires  à  forme  très  irrégulière  ;  leur  proloplas- 
ma.  clair  et  transparent,  est  d'une  homogénéité  qu*on  ne  leur 
reconnaît,  par  place,  aucune  structure;  d'autrefois  ils  sont  fine- 
ment granuleux.  Jamais  ils  ne  renferment  de  noyaux.  On  trouve 
ces  petits  foyers  rarement  en  dehors  de  ceux  décrits  sous  le  titre  A 
et  B. 
Nous  les  envisageons  pour  l'instant  comme  des  foyers  de  ramol- 


440  PATHOLOGIE  NBRYBUSK. 

lissement.   Plus  tard,    nous  déiermiaeroDs  leur  vraie  nature  el 
surtout  leur  mode  de  production. 


Jusqu'à  présent  nous  n^arons  parlé  que  de  la  substance  grise.  Ed 
effet,  toutes  les  trois  formes  de  foyers  précédemment  décrits  sièjrent 
dans  la  corticalité  cérébrale.  Mais  la  substance  blancbe  n'est  pas 
indemne  d'altérations.  Ces  dernières  sont  d*autant  plus  pronoDcées 
que  les  foyers  intlammatoires  de  la  substance  grise  siègent  plus 
près  de  la  substance  blanche.  Voici  ce  que  Ton  observe  dans  celte 
dernière  quand  les  foyers  siègent  à  la  limite  des  deux  substances. 
Les  vaisseaux  présentent  pour  la  olupart  les  mêmes  altérations  que 
ceux  de  la  substance  grise.  Mais  dans  leur  entourage  on  se  trouve 
en  présence  de  petites  agglomérations  d'éléments  cellulaires  d'as- 
pect particulier.  On  ne  peut  mieux  définir  certaines  d'elles  qu'en 
les  comparant  aux  différentes  formes  que  prennent  les  leucocytes 
lors  de  leur  migration  hors  des  vaisseaux  dans  rinflamiuatioii 
héniatoirène.  D'autrefois  elles  sont  arrondies,  ovalaires,  et  ont 
l'aspect  d'une  cellule  épilhéliale  —cellules  épithélioïdes.  La  fi- 
gure 6  donne  le  dessin  de  cette  dtTuière  forme.  Le  protoplasnia  de 
ces  cellules  est  coloré  très  léirèrement  en  rose  pâle.  Leurs  contours 
sont  difficiles  à  saisir.  En  jiénéral  le  noyau  est  très  grand,  ovalaire, 
pas  ou  peu  coloré  et  renfermant  un  nucléole  et  des  filaments  de 
chromatine.  On  rencontre  assez  souvent  des  cellules  à  deux  noyaux. 
Les  prolongements  que  ces  dernières  présentent  quelquefois  sont 
épais,  à  contours  vagues  et  en  rapport  avec  les  vaisseaux  ambiants. 
A  part  les  a^tgiomérations,  ces  cellules  s'observent  à  l'état  isolé 
dans  une  larf:e  étendue  de  la  substance  blanche.  L'endotbélium 
des  capillaires  a  proliféré.  Quant  à  la  nature  de  ces  cellules,  nul 
doule  que  ce  soient  là  des  cellules  névrogliquesenvoie  de  proliféra- 
tion. Et  pour  fournir  la  preuve  de  notre  observation,  nous  n'avons 
qu'à  poursuivre  ce  qu'elles  deviennent  quand  nous  approchons  de 
la  substance  grise.  En  effet,  à  mesure  que  nous  montons  vers 
Técorce  nous  remarquons  que,  de  cellules  p41es  et  à  contours 
vagues  qu'elles  étaient,  elles  prennent  une  forme  de  plus  en  plus 
déterminée,  sont  nettement  limitées,  bien  colorées  et  commencent 
à  présenter  des  prolongements  nombreux,  fins  et  très  longs.  On 
n'observe  plus  de  cellules  à  deux  noyaux.  Â  quoi  tient  celte  diffé- 
rence dans  la  coloration  des  cellules  névrogliques  des  substances 
blanche  et  grise?  Il  nous  est  impossible  de  nous  prononcer. 

Les  fibres  nerveuses  correspondant  aux  foyers  décrits  ont  subi 
une  atrophie  très  prononcée  qui  n'est  plus  nettement  visible  quand 
on  examine  la  substance  blanche  des  circonvolutions  faiblement 
atrophiées. 

Il  nous  reste  à  étudier  maintenant  les  aitératioas  diffuses  de  la 


POUSSBBS   D*BNCBPHALIT£  AIOUB.  441 

substance  cérébrale  des  circonvolutions  atteintes.  Faisons  cet  exa- 
men d'abord  pour  la  région  rolandique  inférieure.  Les  vaisseaux 
jouent  ici  le  rô'le  important  et  nous  les  prenons  comme  point  de 
départ  de  notre  description,  en  leur  associant  la  description  de  la 
zone  immédiatement  voisine.  Après  cela  nous  passerons  rapide- 
ment en  revue  les  faibles  altérations  de  la  substance  frrise  loin  des 
gros  troncs  vasculaires.  C/est  loin  des  foyers  inflammatoires  que 
nous  observons  les  altérations  vasculaires  les  plus  prononcées.  Ces 
dernières  consistent  en  Tépaississement  considérable  de  Tadven- 
tice  des  vaisseaux.  A  certains  endroits,  elle  dépasse  en  épaisseur 
trois  ou  quatre  fois  le  diamètre  de  la  lumière  vasculaire.  Cet 
épaississement  est  constitué  par  la  prolifération  des  cellules  de  la 
paroi  vasculaire,  et  c'est  par  la  formation  de  couches  assez  régu- 
lièrement concentriques  que  cette  prQlifération  se  manifeste,  l^es 
corps  des  cellules  proliférées  se  distinguent  difficilement;  mais  en 
revanche  leurs  noyaux  sont  très  bien  colon'*s  et  visibles.  L'endo- 
Ihélium  des  ^tos  vaisseaux  ne  parait  pas  alléré.  Ces  derniers  ren- 
ferment en  général  beaucoup  de  sang,  et  leur  paroi  des  cristaux 
d'hématine.  Autour  des  vaisseaux  la  substance  fondamentale  n'est 
nullement  altérée.  Mais  le  fait  capital  que  nous  y  observons  est 
l'existence  de  cellules  nerveuses  à  modifications  pro^'ressives.  Ces 
modifications  sont  représentées  dans  nos  préparations  par  la  pro- 
lifération du  noyau  cellulaire.  Le  protoplasma  cellulaire,  vu  les 
méthodes  de  fixation  et  de  coloration  que  nous  avons  employées, 
ne  peut  pas  y  être  étudié.  Dans  cette  zone  donc  nous  trouvons  des 
cellules  nerveuses  à  noyau  riche  en  chromatine,  des  cellules  dont 
le  noyau  renferme  deux,  trois,  jusqu'à  quatre  nucléoles.  Certaines 
cellules  possèdent  un  noyau  excessivement  long;  enfin  nous  en 
trouvons  qui  renferment  deux  noyaux.  Un  grand  nombre  de  cel- 
lules nerveuses  de  cette  zone  perivasculaire  présentent  d'autres 
altérations,  mais  qui  toutes  portent  le  caractère  ré^Tcssif.  Ains 
nous  en  observons  qui  ont  contracté  des  rapports  de  voisinage 
anormaux,  se  sont  fortement  rapprochées  jusqu'à  simuler  une 
seule  cellule,  se  sont  juxtaposées  par  leur  base.  Beaucoup  d'entre 
elles  ont  perdu  leurs  prolongements  tout  en  conservant  leur  forme 
caractéristique.  Enfin  on  en  observe  qui  ont  subi  un  commence- 
ment de  dégénérescence  granuleuse  ou  scléreuse.  Ou  ne  constate 
aucune  modification,  soit  qualitative,  soit  quantitative  des  cellules 
névrogliques. 

Les  altérations  de  l'écorce  cérébrale,  à  mesure  qu'on  s'éloigne 
des  gros  troncs  vasculaires,  diminuent  rapidement  a'intensilé.  Les 
cellules  nerveuses  y  sont  nornialeioent  disposées,  et  nous  aurions 
affaire  à  un  tissu  cortical  normal,  n'était  les  quelques  cellules  ner- 
veuses en  état  de  dé^iénérescence.  Nous  faisons  remarquer,  à  pro- 
pos des  modifications  progressives  de  la  cellule  nerveuse,  qu'à  me- 
sure que  Ton  s'approche  des  foyers  inflammatoires,  ce  phénomène 


442  PATHOLOOIB  NBRVBUSB. 

d*activilé  limitée  ne  s*observe  plus.  Nous  avons  même  un  exemple 
où  la  cellule  nerveu<«e  possédant  deux  noyaux  se  trouve  déjà  en 
état  de  dégénérescence  avancée. 

Nous  n'avons  pas  grand*chose  à  dire  des  altérations  microsco 
piques  des  circonvolutions  autres  que  les  F  A  et  P  A  (à  leur  partie 
inférieure).  En  etfet,  à  part  le  léger  épaississement  de  l'adventice 
de  quelques  vaisseaux,  nous  n'y  avons  rien  trouvé  de  bien  anor- 
mal. Il  nous  a  semblé,  par  place,  rencontrer  moins  de  cellules  ner- 
veuses que  dans  les  circonvolulions  correspondantes  normales, 
mais  on  sait  combien  il  est  facile  de  se  tromper  dans  ces  évalua- 
tions délicates. 

En  nous  basant  sur  les  constatations  que  nous  venons  de 
faire,  nous  posons  le  diagnostic  histologique  suivant  :  in- 
flammation en  foyer  de  la  corticalité  cérébrale,  encéphalite. 
Chez  nous,  cette  dernière  se  manifeste  dans  tous  les  stades 
qu'une  inflammation  peut  présenter,  depuis  la  poussée  iu- 
flammatoire  aiguë  jusqu'à  la  sclérose  secondaire  bien  carac- 
térisée, en  passant  par  les  formes  intermédiaires.  C'est  pour 
ainsi  dire  un  tableau  schématique  de  l'inflammation  en 
général  et  de  celle  du  système  nerveux  central  en  particulier. 
Tout  cela  apparaîtra  clairement  quand  nous  donnerons  la 
signiflcation  des  faits  que  nous  venons  d'exposer.  Mais  pour 
tirer  tout  le  profit  désirable  de  l'analyse  de  notre  cas  d'in- 
flammation cérébrale,  nous  jugeons  utile  de  passer  rapide- 
ment en  revue  tout  ce  qui  a  trait  à  l'histoire  de  l'encéphalite 
en  général.  Nous  éviterons  aussi  par  cela  même  de  nom- 
breuses et  inutiles  répétitions. 

C'est  vers  la  fin  de  la  première  moitié  de  ce  siècle  qu'on 
parla  d'encéphalite  pour  la  première  fois.  On  connaît  les 
grandes  discussions  qui  s'élevèrent  à  celte  époque  au  sujet 
du  ramollissement  cérébral.  Rokitansky  *  l'identifiait  avec 
l'encéphalite.  Virchow,  à  la  suite  de  ses  recherches  sur  la 
thrombose  et  l'embolie,  au  contraire,  soutint  l'origine  nécro- 
biotique  du  ramollissement.  Plus  tard  et  après  de  longs 
débats  on  remit  un  peu  en  honneur  rencéphaltie  comme 
cause  du  ramollissement  ^  Mais  la  question  n'en  resta  pas 

*  Rokitansky.  Lehrbuch  der  Patholog,  Anatomie.  3  Auf.  1856.  Bd  II. 

*  Celui  qu'intéresse  cette  question  trouvera  dans  la  thèse  de  Poumeau 
Du  rôle  de  l  inflammation  dans  le  7*amollissemenl  cét^bt'al,  Paris,  1866) 


POUSSEES  d'encéphalite  AIGUE.  443 

moins  très  obscure.  On  admettait  bien  que  le  ramollissement 
d*orîgine  inflammatoire,  ou  <  ramollissement  rouge  )>,  était 
caractérisé  microscopiquement  par  l'apparition  précoce  de 
la  cellule  ronde  et  surtout  par  les  petites  extravasations  san- 
guines qui  lui  donnent  la  couleur  caractéristique.  Mais  on 
savait  d*un  autre  côté  qu'autour  du  ramollissement  nécrobio- 
tique  il  pouvait  survenir  de  l'inflammation  quelquefois  assez 
intense,  comme  cela  arrive  autour  des  abcès  ou  des  tumeurs 
dont  la  croissance  est  rapide.  Pour  la  même  raison,  on  devait 
se  méfier  des  affirmations  de  certains  auteurs  qui  admettaient 
Torigine  inflammatoire  des  kystes  el  cicatrices  pigmentés. 
Donc  à  la  fin  de  celte  période  qui  se  termine  en  1868,  on  ne 
connaissait  bien  comme  encépbalité*spontanée  que  Tabcèsdu 
cerveau. 


Hayem  *  essaie  d'établir  par  voie  expérimentale  et  anatomo- 
palhologique  une  nouvelle  forme  d'encéphalite  qu'il  dénomme 
encéphalite  hyperplastique.  Dans  les  foyers  inflammatoires 
qu'il  provoque  chez  les  animaux  en  introduisant  des  corrosifs 
dans  le  cerveau,  il  révéla  l'existence  de  grosses  cellules 
rondes  et  multinucléaires  (jusqu'à  huit  noyaux  dans  la  même 
cellule).  Il  fait  provenir  ces  cellules  de  la  prolifération  des 
cellules  de  la  névroglie  et  les  regarde  comme  cellules-mères 
des  corpuscules  purulents.  Ayant  observé  les  mêmes  formes 
cellulaires  dans  trois  cas  d'altérations  pathologiques  en  foyer 
chez  l'homme,  Hayem  conclut  à  l'identité  du  processus. 
Depuis  les  travaux  de  Cohnheim  sur  la  diapédése  on  a  aujour- 
d'hui l'impression  que  les  éléments  observés  par  Hayem 
n'étaient  autres  que  des  leucocytes  en  grande  quantité  qui, 
comme  nous  l'avons  observé  dans  un  cas  d'hémorragie  céré- 
brale, peuvent  présenter  les  mêmes  propriétés  que  les  grosses' 
cellules  rondes  et  multinucléaires  de  Hayem.  La  dénomi- 
nation c  hyperplastique  >  donnée  par  Hayem  à  l'inflamma- 
tion qu'il  décrit,  provient  de  la  propriété  qu'ont  les  cellules 
situées  à  la  périphérie  des  foyers  inflammatoires,  de  donner 
naissance  à  une  grande  quantité  de  fibres. 


et  Jtui-tout  dans  celle  de  9to\i%i  {Des  différentes  formes  de  ramollissement 
céi^bral,  Paris,  1886)  la  plus  riche  bibliographie. 

*  Hayem,  Etudes  sur  les  diverses  formes  d'encéphalite ^  1868. 


444  PATHOLOGIE  NERVBUSB. 

Une  dizaine  d'années  après,  Virchow  *  parla  de  Tencéphalite 
congénitale  et  plus  lard  encore*  d'encéphalite  interstitielle. 
En  1883  il  y  a  eu  à  la  Société  de  médecine  de  Berlin  '  une 
longue  discussion  à  ce  sujet,  sans  qu'on  ait  pu  arriver  à 
établir  la  nature  pathologique  du  processus.  Nous  sommes 
tout  aussi  peu  renseignés  sur  ce  qu'on  a  appelé  rencéphalile 
parenchymateuse  observée  après  les  maladies  infectieuses. 
Gluge*  parlait  déjà  d'altérations  vagues  de  la  cellule  ner- 
veuîjie  après  la  fièvre  typhoïde.  Aujourd'hui,  cinquante  ans 
après,  nous  ne  sommes  pas  plus  avancés.  Ces  derniers  temps 
on  a  bien  étudié  les  modifications  de  la  substance  chroma- 
lophile  des  cellules  nerveuses  dans  les  maladies  infectieuses 
et  les  intoxications.  Mais  le  phénomène  parait  être  d'impor- 
tance tout  à  fait  secondaire,  puisque  les  éléments  essentiels 
de  la  cellule  :  le  noyau  et  le  protoplasma,  ne  paraissent 
pas  sensiblement  altérés  dans  un  sens,  soit  progressif,  soil 
régressif. 

Nous  arrivons  à  l'étude  expérimentale  de  l'encéphalite.  On 
y  a  été  conduit  qar  l'observation  de  ce  qui  se  passe  dans  les 
plaies  non  suppurées  du  cerveau.  Ziegier  ^  d'abord,  et  Coën' 
plus  lard,  diumèrent  les  premiers  une  bonne  description  de 
l'encéphalite  expérimentale.  En  blessant  le  cerveau  d'animaux 
avec  des  aiguilles  épaisses  et  portées  au  rouge,  ils  obser- 
vèrent toujours  les  mêmes  lésions  cérébrales  et  la  même 
évolution  de  l'inQammation  dans  tous  les  cas.  C'est  ce  qu'ils 
appelèrent  Vencéphalite  traiimatique  (Wundencephalitis)  ou 
par  plaie  aseptique.  Voici  en  résumé  comment  ils  décrivent 
ce  procossus  inllammatoire.  Autour  de  la  piqûre  se  trouve 
une  zone  plus  ou  moins  étendue  de  tissu  nécrosé  qui,  avec  le 
temps,  se  dissout  et  est  résorbé  intégralement.  Le  second 
jour  déjà  après  la  blessure,  cette  zone  nécrosée  est  entourée 
par  une  autre  appelée  zone  Inflammatoire,  qui  sépare  le  tissu 

*  Vircliovv,  l'eber  congénitale  Encephalili»  und  MyeUlis  (Virchow'a 
Archiv.  bil.  3«,  S.  129). 

■  Vircliow,  Veber  interstielle  Encephalitis.  {Virchow's  Arvhiv.  Bd.  4i» 

S.  '*:2). 

^  Berliner  klinische  Wochensclirifl,  1883,  S.  717. 

*  Gluge,    Abhandlunfjen   zur  Physiologie  und  Pathologie.  leua,  1841. 
'  Ziegler,  Lehrbuch  der  Patholog.  Anatomie.  Bd,  il.  i887. 

*  CoiMi,  Meber  lieilung  von  Stichinniden  des  Gekirns.  Beilrxge  zur 
Patholog.  Anatomie,  etc.,  von  Zie{jler  und  Nanwerck,  II,  lena,  1887. 


POUSSEES   d'bNCBPHALITB   AIGUË.  445 

nécrosé  du  tissu  normal.  Mais  c'est  vers  le  quatrième  ou  cin- 
quième jour  après  la  blessure  que  cette  zone  est  le  siège  de 
phénomènes  inflammatoires  les  plus  intenses.  On  y  constate 
l'accumulation  d'une  grande  quantité  de  globules  blancs; 
les  cellules  névrogliques  et  les  cellules  de  la  paroi  vascu- 
laire  prolifèrent,  enfin  des  corps  granuleux  et  des  corps  pig- 
mentaires  apparaissent.  La  substance  fondamentale  éprouve 
des  ihodifications  profondes  aussi.  Les  cellules  nerveuses 
dans  cette  zone  dégénèrent.  La  zone  inflammatoire  est  en- 
tourée elle-même  par  une  dernière  zone,  qui  est  très  étendue 
quelquefois,  où  les  éléments  nerveux  ont  subi  une  dégéné- 
rescence plus  ou  moins  prononcée  —  zone  de  dégénéres- 
cence. La  prolifération  commencée  dans  la  zone  inflamma- 
toire continue  longtemps  après.  Si  la  perte  de  substance 
cérébrale  n*est  pas  très  considérable,  elle  est  remplacée  par 
la  prolifération  névroglique  (cicatrisation)  ;  dans  le  cas  con- 
traire il  en  résulte  un  kyste  ou  une  plaque  jaune  comme  dans 
les  ramollissements  hémorragique  et  ischémique. 

En  1890,  Friedmann',  dans  un  long  et  très  intéressant 
travail,  parle  le  premier  de  Tencéphalite  aiguë  spontanée 
et  non  suppurée.  Mais  tandis  qu'on  pouvait  s'attendre  à  ce 
que  les  recherches  anatomo-pathologiques  de  Friedmann 
viendraient  confirmer  ce  que  l'expérimentation  antérieure 
avait  avancé,  nous  voyons  que  cet  auteur  essaie  d'établir  une 
forme  d'encéphalite  tout  à  fait  distincte  de  ce  qu'on  avait 
décrit  jusqu'à  ce  jour.  Nous  dirons  même  que  Friedmann 
dans  son  travail  va  plus  loin  :  il  essaie  d'établir  une  forme 
d*inflammation  aiguë  pour  le  cerveau,  dans  l'ancien  sens  de 
Virchow.  Il  s'agit  d'une  inflammation  de  tissu  suraiguë,  dans 
laquelle  l'appareil  vasculaire  ne  jouerait  aucun  rôle  ou  au 
moins  un  rôle  tout  à  fait  secondaire.  Pour  étabHr  sa  forme, 
Friedmann  se  base  sur  des  expériences,  sur  les  observations 
auatomo-cliniques  de  différents  auteurs  et  enfin  sur  trois 
observations  personnelles.  11  avance  que  l'encéphalite  expé- 
rimentale ou  la  forme  subaiguë,  comme  il  la  nomme,  présen- 
terait le  même  phénomène  que  la  précédente;  que  dans  son 
évolution  l'extravasation  des  éléments  du  sang  est  insigni- 

'  Friedmann,  Zur  Histologie  und  Fonneneintheilung  der  acuten  nicht 
titrifjen  genninen  Encephalitis  [Archiv,  fUr  Psychiatrie,  i%90,\^\,  et 
Seurolog.  Ceniralblatt,  1889). 


4i6  PATUOLOOIB  NBRVEUSE. 

[ianle  en  comparaison  de  la  prolifération  du  tissu  nerveux. 
Nous  n'avons  pas  à  nous  prononcer  sur  la  valeur  des  consta- 
tations expérimentales  de  Friedmann,  ni  sur  la  portée  en 
anatomie  pathologique  générale  de  la  forme  d'inflammation 
aiguë  qu'il  admet,  cela  n'entre  pas  dans  le  cadre  de  notre 
travail.  Nous  ne  relevons  ici  que  ce  qui  a  trait  aux  observa- 
tions anatomo-cliniques  de  Friedmann  et  qui  lui  ont  servi 
pour  ériger  sa  forme  d'encéphalite. 

Sur  les  16  cas  que  cet  auteur  rapporte  dans  son  travail, 
18  sont  empruntés  à  différents  auteurs  et  3  lui  sont  personnels. 
Nous  ne  pouvons  attacher  aucune  importance  aux  13  pre- 
miers cas  de  Friedmann.  A  part  d^autres  reproches  qu'on 
pourrait  faire  à  cette  méthode  de  cueillir  des  observations 
de  difTérentes  époques  et  à  des  auteurs  antérieurs  (Elayem, 
Kiewlicz),  nous  nous  bornons  à  en  signaler  un  important  : 
dans  la  plupart  de  ces  observations  la  mort  est  survenue  à  la 
suite  de  pyémie,  fracture  du  crâne,  de  la  colonne  vertébrale, 
de  la  pneumonie,  et  les  foyers  d'encéphalite  particuliers 
(Friedmann)  n'ont  été  qu'une  trouvaille  fortuite.  Les  trois  cas 
personnels  se  répartissent  comme  suit  :  deux  cas  sans  his- 
toire clinique  dont  l'un  (observ.  XIV)  publié  déjà  par  Fried- 
mann comme  encéphalite  chronique  multiple.  Le  troisième 
cas  présentait  à  l'autopsie,  à  part  les  foyers  d'encéphalite 
particuliers,  des  fractures  multiples  des  côtes  avec  suppuration 
abondante,  bronchite  purulente,  méningite  purulente  très 
prononcée,  des  foyers  hémorragiques  cérébraux  purs;  les 
méninges  nageaient  dans  du  pus.  Ces  trois  observations  per- 
sonnelles n'ont  donc  guère  plus  de  valeur  que  les  précé- 
dentes. 

Quant  aux  foyers  d'encéphalites  mômes,  voici  comment 
Friedmann  les  décrit.  Le  principal  élément  de  leur  constitu- 
tion est  représenté  par  une  grosse  cellule  ronde,  d'aspect 
épithélial.  Ces  cellules  sont  en  générai  situées  les  unes  près 
des  autres,  ce  qui  fait  que  quelquefois  elles  prennent  une 
forme  allongée,  irrégulière  par  compression  réciproque.  La 
cellule  épithélioïde  a  des  propriétés  essentiellement  actives, 
proliférant  avec  une  grande  vivacité,  pouvant  présenter  des 
ligures  kariokynétiques  abondantes.  Elle  renferme  souvent 
un  grand  nombre  de  noyaux,  ce  qui  la  fait  ressembler  à  une 
cellule  géante.  L'arrangement  de  ces  cellules  esta  type  pavi- 


POUSSÉES  d'encéphalite  aiguë.  447 

menteux  quelquefois*.  Peu  ou  pas  de  substance  fondamea- 
tale.  Les  vaisseaux  présentent  de  la  prolifération  de  leur 
paroi.  Jamais  on  ne  voit  dans  ces  foyers  de  leucocytes  en 
grand  nombre  :  quelques  exemplaires  seulement  par-ci 
par-là,  en  voie  de  régression.  Ces  foyers  peuvent  être  uniques 
(cas  n^  3)  ou  plus  souvent  nombreux.  Ils  siègent  toujours 
dans  la  substance  blanche.  Le  cas  n^  3  siège  bien  dans  la  cor- 
ticalité,  mais  il  présente  des  caractères  un  peu  différents  de 
ceux  décrits  plus  haut. 

Gomme  évolution,  Friedmann  dit  que  ces  foyers  d'encé- 
phalite aiguë  ne  suppurent  jamais;  les  cellules  épithélioïdes 
disparaissent  toujours  par  dégénérescence,  mais  ^rès  lente- 
ment,  mettant  quelquefois  des  années  pour  cela.  La  cicatri- 
sation du  foyer,  la  sclérose,  survient  toujours,  mais  avec  la 
même  lenteur  que  la  disparition  des  cellules  épithélioïdes. 

L'établissement  d'une  nouvelle  forme  d'encéphalite  par 
Friedmann,  au  lieu  de  répondre  à  un  besoin  ré^iel,  a,  au  con- 
traire, amené  une  confusion  dans  les  esprits  Greppin  (ein 
Fall  vonHuntington'sche  Chorea  mitBerucksichtigungauf  der 
Anatom.  Befunde.  Arch.  f,  Psych.,  Bd  XXIV,  1892)  a  trouvé 
des  petits  foyers  formés  de  grosses  cellules  plus  ou  moins 
rondes,  disséminées  un  peu  partout  dans  la  substance  blanche 
du  cerveau.  Et  cette  lésion,  qui  d'après  Friedmann  serait 
l'expression  du  plus  haut  degré  d'inflammation  aiguë,  n'avait 
jamais  provoqué  d'autres  symptômes  que  ceux  caractérisant 
la  chorée  d'Huntington.  C'est  aussi  Tunique  cas  qu'on  a 
essayé  de  rattacher  au  type  d'encéphalite  de  Friedmann, 
que  nous  ayons  trouvé  rapporté  dans  la  littérature  depuis  1890. 

Mais  c'est  surtout  depuis  les  travaux  de  Wernicke'^  en  1881 
et  de  StrûmpelP  en  1890,  que  commence  l'élude  régulière  de 
l'encéphalite  aiguë  spontanée.  Le  premier  décrit  ce  qu'il 
nomme  la  polioencéphalite  hémorragique  supérieure,  carac- 
térisée anatomiquement  par  l'existence  de  petits  foyers  in- 
flammatoires avec  hémorragies  capillaires  consécutives  dans 

*  La  cellule  épithélioTde,  d'après  Friedmann,  provient  de  la  proliféra- 
tion des  cellules  de  neuro^lie,  des  cellules  de  la  paroi  vasculaire,  des 
cellules  bordant  les  espaces  périvasculaires  et  péricellulaires  et  en 
partie  des  cellules  nerveuses. 

*  Wernicke,  Lehrbuch  der  Gehirnh-hrankeilen,  Bd.  II. 
'  Strûmpell,  Archiv  fur  klinische  Med,,  1891,  XLVII. 


448  PATHOLOGIE   NBRVBTJSB. 

la  substance  grise,  recouvrant  le  quatrième  ventricule, 
Taqueduc  de  Sylvius  et  quelquefois  le  troisième  ventricule. 
Striimpell  décrit  Fencéphalite  aiguë  hémorragique  qu'il  pré- 
sente comme  une  forme  inflammatoire  différente  de  celle  de 
Wernicke,  mais  caractérisée  anatomiquement  à  peu  près  par 
les  mêmes  altérations  de  la  substance  cérébrale.  Seulement 
les  foyers  de  cette  dernière  siègent  dans  la  substance  blanche 
de  n'importe  quelle  région  de  Tencéphale.  Depuis  les  travaux 
de  ces  deux  auteurs  les  observations  se  sont  multipliées; 
chaque  année  apporte  quelques  nouveaux  cas.  Mais,  fait 
important  à  signaler,  c'est  Tétiologie,  Thistoire  clinique  de 
ces  maladies  qui  fait  l'objet  presque  constant  des  discussions 
des  auteurs.  L'analomie  pathologique  est  restée  au  même 
point  où  Tout  laissée  Wernicke  et  Slrîimpell.  En  effet,  Leich- 
tenslern  *  discute  sur  les  relations  qui  peuvent  exister  entre 
la  méningite  cérébro-spinale  et  Tinffnenza  d'un  côté  et  l'en- 
céphalite aiguë  hémorragique  de  l'autre.  Oppenheim*  s'oc- 
cupe du  pronostic  de  la  forme  de  Striimpell.  D'autres  auteurs 
comme  Murawieff'  font  de  longues  discussions  pour  savoir 
si  leurs  cas  appartiennent  au  type  Wernicke  ou  Strùmpell  de 
rencé[)halile,  et  cela  en  se  basant  sur  la  présence  ou  l'ab- 
sence de  lièvre  ou  tel  autre  symptôme  clinique,  ou  enfin  sur 
l'étiologie.  II  nous  semble  qu'une  étude  approfondie  des 
lésions  qu'on  rencontre  dans  ces  deux  prétendues  différentes 
formes  d'encéphalite  aiguë  nous  conduirait  plus  sûrement  à 
leur  identification  ou  à  leur  différentiation. 

Nous  ajoutons  ici  qu'on  a  constaté  sommairement  dans 
l'une  et  dans  l'autre  de  ces  deux  formes  d'encéphalite  des 
altérations  microscopiques  ressemblant  à  des  foyers  inflam- 
matoires circonscrits  hématogènes  :  hyperémie,  accumulation 
de  globules  blancs  dans  la  gaine  des  vaisseaux  et  dans  les 
tissus.  On  n'y  trouve  pas  de  corps  granuleux.  Les  cellules 
nerveuses,  la  neuroglie,  la  substance  fondamentale  demeurent 
intactes.  On  n'a  jamais  trouvé  non  plus  de  microbes  patho- 
gènes. Macroscopiquemeat  la  substance  blanche  était  humide. 
Mais  la  véritable  caractéristique  de  ces  formes  d'inflammation 

*  Leichtenstern,  Deutsche  med .  Wochen.,  1890,  n*  23;  1892.  n«  2. 

*  Oppei)hpim,  Die  Vrognose  der  aculen    nicht  eiirigen   Encepfialitis 
[Veut.  med.  Wochenschrift,  18y5;, 

*  Murawieff,  Neurolog,  Centralblatt,  1897,  n«  3. 


POUSSSBS  I>*BMCéPHALlTB   AI6UE.  449 

sont  les  hémorragies  capillaires  ou  autres  qui  ne  manquent 
jamais  de  les  accompagner.  Les  hémorragies  surviennent 
soit  dans  le  sein  des  foyers  inflammatoires,  soit  indépen- 
damment d'eux.  Ce  dernier  fait  nous  montre  combien  nous 
devons  être  prudents  dans  Tappréciation  des  altérations 
caractérisant  les  deux  formes  d'encéphalite  que  nous  venons 
de  passer  en  revue.  La  confusion  est  facile,  et  rien  d'étonnant 
que  des  auteurs  (Jaksch,  Prager  med.  IFoc/ien.,1895,  n°  7) 
aient  décrit  de  simples  ramollissements  hémorragiques  pour 
de  Tencéphalite  aiguë  en  foyer.  Cette  confusion  est  surtout 
possible  pour  la  forme  décrite  par  Wernicke  chez  les  alcoo- 
liques. Ces  derniers  ont  la  paroi  de  leurs  vaisseaux  très 
altérée,  fragile,  et  de  simples  hypérémies  actives  cérébrales 
peuvent  amener  des  extravasations  sanguines  capillaires.  On 
sait  d'autre  part,  comme  Ta  montré  Bollinger  *,  que  des  trau- 
matismes,  insignifiants  quelquefois,  de  la  tête  peuvent  donner 
lieu  à  des  hémorragies  capillaires  ayant  le  même  siège  que 
les  foyers  de  la  polioencéphalite  supérieure  hémorragique. 

En  résumé  nous  pouvons  dire  :  pendant  que  Friedmann 
attribue  dans  l'histogenèse  de  l'encéphalite  aiguë  spontanée 
en  foyers,  le  rôle  principal  aux  éléments  constitutifs  du  tissu 
nerveux,  les  travaux  de  ces  dernières  années  font  voir  au 
contraire  que  les  phénomènes  vasculaires  sont  seuls  à  obser- 
ver dans  ce  processus  inflammatoire. 

Passons  maintenant  à  l'analyse  de  notre  cas.  Macroscopi- 
quement,  nous  avons  affaire  à  une  microgyrie  intéressant  une 
partie  des  régions  rolandiques  et  des  lobes  frontaux  des  deux 
hémisphères  cérébraux.  Mais  c'est  tout  particulièrement  la 
région  rolandique  inférieure  immédiatement  au-dessus  de 
l'opercule  rolandique,  et  cela  surtout  à  gauche,  qui  est  le 
plus  fortement  atrophiée.  Il  n'y  a  pas  de  lésion  méningée. 
Par  l'examen  microscopique  de  la  région  rolandique  infé- 
rieure, nous  avons  révélé  l  existence  :  1°  de  petits  foyers  de 
ramollissement;  i2°  de  foyers  inflammatoires  décrits  sous  le 
titre  de  foyers  forme  A  ;  3*^  de  foyers  inflammatoires  forme  B; 
hP  d'une  zone  de  dégénérescence  autour  des  foyers  inflam- 
matoires. 

*  Bollinger.  Ueher  traumatische  Spœlapopîe.iie.  Ein  Beitrarj  zur 
Lehre  von  den  thirnerchUlleruiifj.  Intentât.  Beifrœge  zur  Wissensc/iafll, 
Medictn,  Festschrift  Rudolf  Virchow's.  Bel.  II. 

Archives,  2*  série,  t.  VL  29 


450  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

1.  Les  petits  foyers  de  ramollissement  que  l'on  observe  au 
sein  ou  à  côté  des  foyers  inflammatoires  décrits  peuvent  être 
la  conséquence  de  trois  processus  pathologiques  :  a)  d'hémor- 
ragies capillaires,  b)  d'oblitérations  vasculaires,  ou  enGn  c)  de 
processus  inflammatoires  aigus.  Contre  Thémorragie  parle 
1  absence  complète  d'hématies,  de  Thémaloïdine  soit  amorphe, 
soit  à  Tétat  de  cristaux  d'hématine  dans  les  tissus.  D'autre 
part  aucun  vestige  de  corps  pigmentaires.  La  paroi  vasculaire 
(gros  vaisseaux,  capillaires)  ne  présente  aucune  des  altéra- 
tions suivantes  :  atrophie,  dégénérescence  de  Tune  des 
tuniques,  anévrismes  miliaires. 

Contre  un  ramollissement  ischémique  nous  avons  d'une 
part  la  parfaite  intégrité  de  l'endothélium  des  petites  arté- 
rioles  et  des  capillaires  dans  le  domaine  et  tout  autour  des 
foyers  de  ramollissement.  D'autre  part,  le  siège,  le  volume  de 
ces  derniers  excluent  toute  idée  d'obstruction  vasculaire  par 
embolie.  On  ne  constate  d'ailleurs  nulle  part  dans  le  cerveau, 
ni  dans  les  autres  organes  de  l'économie,  des  embolies  et  des 
infarctus  consécutifs.  Nous  n'y  trouvons  pas  non  plus  de  corps 
granuleux.  Donc,  rien  que  par  exclusion,  nous  sommes  amenés 
à  admettre  l'origine  inflammatoire  de  ces  foyers  de  ramollis- 
sement. Mais  les' preuves  positives  ont  une  autre  importance. 
D'abord  à  côté  de  ces  foyers  on  trouve  toujours  d'autres  élé- 
ments de  l'inflammation.  Ainsi  certains  des  foyers  de  ramql- 
lissement  siègent  au  sein  même  des  foyers  inflammatoires 
subaigus  et  chroniques.  Nous  savons  d'autre  part  que,  si  cer- 
taines parties  de  ces  petits  foyers  ressemblent  à  un  foyer  de 
ramollissement  nécrobiosique,  d'autres  parties,  au  contraire, 
présentent  l'aspect  caractéristique  des  foyers  d'encéphalite 
aiguë  non  suppurée  décrits  par  Coën.  En  effet,  nous  trouvons 
ici  principalement  des    leucocytes   et   des  grosses   cellules 
rondes,  les  cellules  épithélioïdes  de  Friedmann.  Mais  à  ren- 
contre de  ce  dernier  auteur,  nous  avons  trouvé  les  leucocytes 
en  bien  plus  grande  quantité  que  les  cellules  épithélioïdes. 
Chez  nous  c'est  l'image  assez  exacte  de  l'inflammation  aiguë 
en  général.   L'extravasation  des  leucocytes,    leur   difl'usion 
dans  le  tissu  périvasculaire,  la  présence  d'hématies  dans  la 
paroi  des  vaisseaux,  la  dégénérescence  rapide  des  cellules 
nerveuses,    la   dissolution  de  la    substance  fondamentale, 
mais  surtout  la  formation  de  grosses  cellules   rondes  aux 
dépens  des  cellules  névrogliques  —  voici  les  principaux  phé- 


POUSSBBS   d'bNCÊPHALITR   AIGUS.  451 

nomènes  observés.  Donc  il  n'y  a  rien  d'étonnant  qu'à  certains 
endroits  les  foyers  d'inflammation  aiguë  de  la  corticalité 
aient  à  première  vue  l'aspect  de  petits  foyers  de  ramollisse- 
ment. Les  cellules  épithélioïdessont  la  réponse  —  phénomène 
inflammatoire  particulier  au  système  nerv^x  central  —  des 
éléments  névrogliques  à  l'agent  inflammatoire.  Pour  affirmer 
l'origine  névroglique  des  grosses  cellules  rondes,  nous  ne 
pouvons  assurément  pas  nous  baser,  comme  l'a  fait  Hayem, 
sur  la  multiplicité  des  noyaux,  ni  sur  des  propriétés  mal 
définies  du  protoplasma  cellulaire  (Friedmann),  mais  sur  la 
forme  même  du  noyau  de  ces  cellules.  Ce  dernier  est  très 
gros,  ovalaire  et  d'un  aspect  qui  ne  permet  aucune  cohfusion  : 
jamais  les  leucocytes  ne  possèdent  un  pareil  noyau.  Et  puis 
dans  la  même  préparation  et  à  côté  des  grosses  cellules 
rondes  on  trouve  des  leucocytes,  de  sorte  que  leur  différen- 
tiation  est  une  chose  très  aisée.  Nous  ne  discutons  même  pas 
la  possibilité  de  provenance  de  ces  grosses  cellules  des  cellules 
nerveuses!  Gomme  nous  l'avons  vu  dans  notre  description 
précédente,  les  cellules  nerveuses  disparaissent  au  début  de 
l'inflammation  même  subaiguë.  En  résumé,  nos  constatations 
prouvent  que  Tencéphalile  aiguë  en  foyer  et  non  suppurée 
offre  à  peu  près  la  même  image  histologique  que  l'inflam- 
mation aiguë  en  général. 

2.  Les  foyers  inflammatoires  forme  A  ne  sont  autre  chose 
que  ce  qu'on  a  décrit  sous  le  nom  d'encéphalite  subaiguë.  Oa 
y  constate  de  l'hyperémie,  de  la  dégénérescence  précoce  et 
incomplète  des  cellules  nerveuses,  coagulation  de  la  subs- 
tance fondamentale,  tuméfaction  des  éléments  de  la  neu- 
roglie,  prolifération  modérée  de  ces  éléments  comme  des 
éléments  de  la  paroi  vasculaire.  Jamais  nous  n'y  avons  révélé 
la  présence  de  leucocytes. 

C'est  ici  que  nous  devons  parler  des  rapports  cytp-vasculaires 
et  de  leur  signiflcation  en  anatomie  pathologique  spéciale. 
Nous  avons  mentionné  déjà  qu'on  trouve  dans  les  foyers  d'en- 
céphalite subaiguë  des  cellules  névrogliques  qui  ont  contracté 
des  rapports  très  intimes  avec  les  capillaires  et  les  petits 
vaisseaux.  Certaines  de  ces  cellules,  en  état  de  modifications 
progressives,  sont  en  efi'et  accolées  par  une  large  base  aux 
vaisseaux.  La  figureZ  en  donne  le  dessin  exact.  11  ne  faut  pas 
confondre  ces  rapports  directs  de  la  cellule  névroglique  et 
les  capillaires  avec  ceux  se  faisant  indirectement^  par  Tin- 


453  PATHOLOGIE  NERVBUSB. 

termédiaire  des  prolongements  des  cellales  névrogliques,  fail 
que  Ton  observe  communément  à  Tétat  normal  et  surtout 
dans  les  foyers  d'encéphalite  chronique  et  qui  est  connu 
depuis  longtemps  (Gierke,  Boll,  Axel,  Key).  Mais  comme 
pour  ce  dernier  c^,  on  a  voulu  invoquer  les  rapports  directs 
des  cellules  névrogliques  avec  les  vaisseaux  comme  un  fait 
plaidant  en  faveur  de  la  parenté  de  ces  éléments,  dune  en 
faveur  de  Torigine  et  nature  conjonctive  de  la  neuroglie. 
Sans  oser  émettre  une  opinion  catégorique  dans  un  sens  ou 
un  autre,  ce  que  nous  avons  observé  dans  notre  cas  nous 
autorise  au  moins  de  douter  de  Texactitude  de  cette  afflrma- 
tion.  Gomme  on  peut  le  voir  dans  la  figure  4,  les  cellules  ner- 
veuses aussi  peuvent  présenter  le  même  phénomène  que  les 
cellules  névrogliques,  et  cela  dans  les  mêmes  foyers  d'encé- 
phalite. On  ne  peut  pourtant  pas  suspecter  l'origine  épithé- 
liale  des  cellules  nerveuses  et  admettre  qu'elles  puissent 
avoir  quoi  que  ce  soit  de  commun  avec  les  éléments  de  la 
paroi  vasculaire  ? 

3.  Les  foyers  forme  B  représentent  le  tableau  fidèle  de 
l'encéphalite  chronique,  ou  ce  qu'on  appelle  plus  comnauné- 
ment  de  la  sclérose  cérébrale.  Mais  ici  il  s'agit  de  la  sclérose 
cérébrale  secondaire  ayant  succédé  aux  poussées  inflamma- 
toires aiguës,  mais  surtout  subaiguës.  Nous  avons  vu  dans 
la  description  que  ces  foyers  occupent  la  plus  large  place 
entre  tous,  et,  comme  la  sclérose  de  n'importe  quel  tissu 
amène  sa  rétraction,  nous  avons  là  aussi  rexplication  de  la 
diminution  du  volume  des  circonvolutions  affectées. 

4.  La  zone  inflammatoire,  formée  elle-même  des  foyers 
inflammatoires,  est  entourée  par  une  autre  zone  que  les  uns 
(Ziegler,  Goîmi)  appellent  zone  de  dégénérescence^  d'autres 
(Friedmann)  zone  d'irritation.  Chez  nous  cette  zone  s'étend 
très  loin  du  groupe  des  foyers  inflammatoires.  Les  altérations 
histologiques  qu'on  y  constate  vont  en  diminuant  d'intensité 
à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  ces  foyers,  de  sorte  que,  dans  la 
région  rolandique  moyenne  par  exemple,  on  ne  constate 
plus  rien  autre  d'anormal  qu'un  faible  épaississement  de 
l  adventice  des  vaisseaux  et  peut-être  l'atrophie  d'un  certain 
nombre  de  cellules  nerveuses.  C'est  dans  cette  zone  et  dans 
le  voisinage  immédiat  des  foyers  inflammatoires  que  nous 
avons  signalé  des  légères  modifications  progressives  dans  les 
cellules  nerveuses. 


POUSSÉES   D  ENCÉPHALITE   AIGUË.  4S3 

La  substance  blanche  répond  très  vivement  au  processus 
inilamniatoire  qui  se  passe  dans  la  corticalite'.  Les  cellules  de 
la  neuroglie  y  prolifèrent  fortement;  c'est  surtout  ici  que 
nous  rencontrons  les  cellules  typeépithélioïde,et  nous  tenons 
à  nous  expliquer  sur  leur  véritable  signification.  La  figure  5 
représente  une  petite  agglomération  de  ces  cellules  épithé- 
lioïdes  au  voisinage  des  foyers  inflammatoires  corticaux.  Il 
est  hors  de  doute  que  ce  sont  des  cellules  névrogliques  en 
voie  de  prolifération,  mais  à  Tinverse  de  ce  que  prétend 
Friedmann,  nous  considérons  leur  apparition  comme  la 
conséquence  d'une  faible  irritation  de  la  substance  blanche. 
Comme  preuve  de  ce  que  nous  avançons  vient  se  ranger  le 
fait  qu'on  trouve  ces  cellules  épilhélioïdes  même  dans  le  voi- 
sinage des  foyers  d'encéphalite  chronique,  là  où  le  processus 
prolifératif  est  à  son  minimum  d'intensité.  Nous  ne  nous 
expliquons  pas  pourtant  pourquoi  les  cellules  névrogliques 
répondent  avec  plus  de  vivacité  que  celles  de  la  couche  cor- 
ticale aux  mêmes  irritations.  La  plupart  des  fibres  nerveuses 
correspondant  aux  foyers  inflammatoires  ont  disparu.  Le 
reste  de  la  substance  blanche  paraît  normal. 

Donc  dans  notre  cas,  au  point  de  vue  morphologique,  nous 
nous  trouvons  en  présence  de  foyers  d'encéphalite  aiguë, 
subaiguë  et  chronique.  Mais  au  point  de  vue  de  l'évolution 
nous  n'avons  à  considérer  comme  processus  primitifs  que  les 
deux  premiers;  la  troisième  forme  n'est  que  l'aboutissant  des 
deux  autres,  particulièrement  de  la  dernière. 

Les  foyers  d'encéphalite  aiguë,  quoique  datant  de  plusieurs 
mois,  présentent  le  tableau  assez  exact  de  Tinflammation 
aiguë  en  général.  C'était  d'ailleurs  à  prévoir  après  les  recher- 
ches expérimentales  de  Ziegler,  mais  surtout  de  Coën  *.  Si 
dans  les  foyers  d'encéphalite  aiguë  spontanée  non  suppura- 
tive  nous  trouvons  une  certaine  difl'érence  de  ce  qu'on 
observe  ordinairement  dans  l'inflammation  aiguë  en  foyers, 
cela  tient  uniquement  au  terrain  où  le  processus  s'est  déve- 
loppé. En  efl*et,  comme  nous  l'avons  déjà  mentionné,  Fried- 
mann a  eu  le  mérite  de  signaler  dans  les  foyers  d'encéphalite 
aiguë  l'existence  de  grosses  cellules  rondes  ou  de  cellules 
épitliélioïdes  ^  Mais  cet  auteur  a  été  trop  loin  en  soutenant 

*  Loc.  cil. 

•  La  prolifération  des  cellules  névrogliques  constitue  en  elle-même  un 
processus  qui  ne  s'observe   que  dans  l'inflammation   aiguë  du  syslème 


454  PATHOLOGIE  NERVEUSE. 

que  ces  cellules  constituent  Tessence  même  de  celle  forme 
d'inflammation.  Notre  cas  démontre  que  nous  n'avons  affaire 
là  qu'à  des  éléments  d'importance  secondaire.  Les  fait? 
essentiels,  nous  le  répétons,  qu'on  constale  dans  les  foyers 
d'encéphalite  aiguë  sont  :  la  présence  de  leucocytes,  de  dégé- 
nérescence des  cellules  nerveuses  et  la  dissolution  de  la  sub- 
stance fondamentale.  En  second  lieu  seulement  nous  voyons 
l'endothélium  des  vaisseaux  et  les  cellules  névrogliques  pro- 
liférer. La  prolifération  de  ces  dernières  est  si  vive  pourtant 
qu'on  comprend  jusqu'à  un  certain  point  la  méprise  de  Fried 
mann.  Notre  cas  montre  que,  loin  des  foyers  inflammatoires, 
les  cellules  névrogliques  de  la  substance  blanche  prolifèrent 
avec  une  grande  intensité.  Ce  que  nous  avons  observé  dans 
les  foyers  d'encéphalite  subaiguë  vient  confirmer  encore  la 
susceptibilité  extrême  des  cellules  de  la  névroglie  vis-à-vis 
de  l'agent  inflammatoire  apporté  par  les  vaisseaux.  Dans  ces 
foyers,  avant  toute  exlravasation  des  globules  blancs  du 
sang,  les  cellules  névrogliques  sont  déjà  en  état  de  prolifé- 
ration assez  avancée,  phénomène  suivant  de  près  la  dégéné- 
rescence des  cellules  nerveuses.  Toutes  ces  conslalations 
prouvent  surabondamment  que  les  éléments  nerveux  — 
cellules  nerveuses  et  cellules  névrogliques  —  sont  beaucoup 
plus  sensibles  à  n'importe  quelle  irritation  que  toutes  les 
autres  cellules  de  l'économie.  C'est  pour  la  même  raison  que 
nous  avons  de  la  peine  à  comprendre  l'absence  complète 
d'altérations  des  cellules  nerveuses,  de  la  substance  fonda- 
mentale et  des  cellules  névrogliques  dans  les  cas  d'encépha- 
lite aiguë  non  suppurative  décrits  ces  derniers  temps  par 
différents  auteurs. 

D'après  Friedmann  les  cellules  épilhélioïdes  sont  destinées 
à  disparaître  toutes,  mais  le  processus  peut  durer  plusieurs 
années.  Chez  nous,  un  an  à  peu  près  après  le  début  de  l'affec- 
tion, nous  en  trouvons  encore  de  nombreux  exemplaires  dans 
nos  préparations. 

A  mesure  que  les  éléments  constitutifs  des  foyers  d'encé- 

nerveux  central  ;  dans  les  autres  organes  atteints  d'une  forte  inflamma- 
tion aigûe  (d'origine  vasculaire  ou  non)  les  éléments  liies  du  tissu 
subissent  tous  au  début  des  modifications  régressives  plus  uu  moins 
prononcées  en  rapport  avec  VinlensUé  de  Vinflammalion,  Quoique  If^^ 
névrof/liques  proliférant  si  vite  et  si  fortement  soient  destinées  à  une 
destruction  définitive,  on  ne  doit  pas  moins  considérer  le  pi-oces^is 
comme  un  signe  caractéristique  de  l'encéphalite  aiguë  spontanée. 


POUSSÉES  d'encéphalite  aiqub.  4o5 

phalite  aiguë  dégénèrent,  la  prolifération  avoisinante  rem- 
place le  tissu  disparu.  C*est  comme  cela  que  nous  nous  expli- 
quons l'existence  de  larges  zones  d'encéphalite  chronique 
autour  des  petits  foyers  d'encéphalite  aiguë. 

L'évolution  des  foyers  d*encéphalitè  subaiguë  est  différente 
de  eelle  des  foyers  précédents.  Ici  nous  n'observons  plus  la 
mort  complète  du  tissu  enflammé  :  il  n'y  a  que  les  cellules 
nerveuses  qui  dégénèrent  et  disparaissent.  L'inflammation 
chronique  s'installe  lentement,  mais  au  sein  même  des  foyers 
d'encéphalite  subaiguë,  en  empruntant  pour  cela  les  mêmes 
éléments  qui  caractérisent  cette  dernière  forme.  Jamais  la 
prolifération  des  éléments  névrogliques  n'y  va  jusqu'à  donner 
naissance  aux  vraies  cellules  épithélioïdes. 

Tout  ce  que  nous  pouvons  avancer  au  point  de  vue  étio- 
logique,  c'est  que  l'agent  inflammatoire  inconnu  a  dû  être 
apporté  dans  le  cerveau  par  le  courant  sanguin.  La  preuve 
en  est  donnée  par  l'altération  prononcée  des  vaisseaux  san-, 
guins,  même  en  dehors  de  la  région  inflammatoire  propre- 
ment dite. 

Les  symptômes  de  paralysie  pseudo-bulbaire,  observés 
pendant  la  vie,  relèvent  histologiquement  de  l'atrophie 
complète  des  cellules  nerveuses  dans  le  domaine  des  foyers 
inflammatoires  aigus,  subaigus  et  chroniques.  La  faiblesse 
des  quatre  membres  correspond  aux  altérations  de  la 
zone  de  dégénérescence.  Enfln  les  crises  épileptiformes  à 
caractère  subintrant  reconnaissent,  sans  nul  doute,  comme 
cause  les  poussées  d'encéphalite  aiguë.  Cliniquement,  les 
poussées  d'encéphalite  subaiguê  paraissent  avoir  évolué 
comme  de  la  sclérose  cérébrale. 

Après  ce  qui  vient  d'être  dit  nous  nous  croyons  autorisé  ù 
pouvoir  formuler  les  conclusions  suivantes  : 

1"^  Il  existe  anatomiquement  une  encéphalite  aiguë  en 
foyers,  spontanée,  non  suppurative  et  non  hémorragique; 

2**  Cette  forme  d'encéphalite  aiguë  spontanée  correspond  à 
l'encéphalite  aiguë  expérimentale  de  Coën; 

3^  Des  petits  foyers  de  ramollissement  peuvent  en  être  la 
conséquence; 

4**  Les  foyers  d'encéphalite  aiguë  peuvent  coïncider  dans 
le  même  cas  avec  des  foyers  d'encéphalite  subaiguë.  Ces  der- 
niers se  présentent  avec  des  caractères  anatomiques  difl'é- 
rents  des  premiers,  tout  en  étant  une  forme  atténuée. 


456  P8YCH0L00IB. 


EXPLICATION  DE   LA  PLANCHE 


Fiff.  1.  —  Foyer  d'encéphalite  subaiguë,  en,  cellules  névrogliques  en 
voie  (le  modifications  progressives;  c  g,  cellules  nerveuses  déf^énéfées 
ou  en  voie  de  dégénérescence  granuleuse,  scléreuse  ou  d'atrophie 
simple  ;  i\  capillaire  à  endothélium  proliférant.  iZeiss,  ocul.  3  obj.  £./ 

Fig,  2.  —  Foyer  d'encéphalite  subaiguë,  mais  à  moindre  grossisse- 
ment. (Zeiss.  ocul.  3  obj.  D.) 

Ficf.  3.  —  Accolement  des  cellules  névrogliques  à  la  paroi  des  capil- 
laires. Le  noyau  d'une  des  cellules  présente  un  abondant  réseau  de 
fibrilles  de  chromatine.  (Zeiss.  ocul.  Sohj.E.) 

Fifj.  4.  —  Accolement  des  cellules  nerveuses  à  la  paroi  capiliain?. 
Les  cellules  nerveuses  en  voie  de  régression,  même  grossissement. 

Fifj.  5.  —  Foyer  d'encéphalite  ai^Mie  spontanée  et  non  suppuralive. 
/,  leucocytes  ;  c  e,  cellules  épiihéloidcs  ;  c  g,  cellules  nei*veuses  com- 
plètement dégénérées  ;  r,  petit  vaisseau  à  adventrice  prolirérée  ;  f  r, 
dissolution  de  la  substance  fondamentale.  Même  grossissement. 


PSYCHOLOGIE. 


MÉCANISME  AN  ATOMIQUE   DE  L'ATTENTION; 

Par  le  D'  Joanny   ROUX, 
Ex-iateme  des  hôpitaux. 


Les  découvertes  réceales  de  l'histologie  et  de  rauatomie 
du  système  nerveux  ont  fait  entrer  la  psychologie  dans  une 
nouvelle  voie  :  on  a  essayé,  de  divers  côtés,  de  donner  une 
explication  mécanique  des  phénomènes  de  la  pensée  ^  Mais, 

^  Voir  les  travaux  de  Rabl*lluckard,  de  Lépine,  de  Duval,  de  Cajal, 
résumés,  soit  dans  la  revue  critique  (V\zo\i\:i\  {Année psychologique, \%%}i 
soit  dans  la  tht'se  de  Puj)in  (i'aris,  1890'.  Voir  aussi  plus  récemment: 
Deyber  (TA.  Paris,  18•.^^<  ;  Manouélian  {Biologie,  1898)  ;  M.  Duval  (««• 
scientifique,  1898,  p.  321);  Gerest  {Heo,  de  méU.,  1898}. 


:hives  de  Neurologie. 


en  V. 


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MÉCANISME   ANATOMIQUB   DE   l' ATTENTION.  457 

dans  ces  recherches,  on  n'a  fait  usage  que  des  découvertes  de 
Thistologie  fine  (méthode  de  Golgî)  ;  d'autre  part,  si  l'on  a 
montré  conuneyit  s'établissaient  les  contacts  entre  neurones 
[mouvements  protoplasmiques,  mouvements  amœboïdes, 
plasticité  des  éléments  nerveux,  intervention  de  la  névro- 
glie  (?),  etc.],  on  n'a  pas  recherché  sous  quelle  influence  se 
faisaient  ces  mouvements,  quel  était  leur  primum  niovens. 
Il  m'a  semblé,  en  outre,  que  pour  Tinterprétalion  des  phé- 
nomènes psychologiques  on  pouvait  aussi  utiliser  les  con- 
naissances de  plus  en  plus  précises  que  nous  avons  acquises 
sur  Yanatomie  et  la  systématisatioîi  des  centres  (méthode 
des  dégénérescences,  méthode  embryologique  de  Flechsig). 
Un  progrès  considérable  a  déjà  été  réalisé  dans  cette  voie 
par  M.  Duval,  lorsqu'il  a  invoqué  l'intervention  des  7iej^i 
nervorum. 

C'est  en  faisant  appel  à  toutes  ces  données  que  je  veux 
essayer  de  faire  l'étude  du  mécanisme  ayiatomique  de  Vatien- 
lion.  Je  prendrai  pour  cela  un  exemple  très  simple  :  la 
vision  d'un  objet,  et  j'étudierai  par  suite  de  quels  processus 
physiologiques  l'image  est  rendue  plus  nette  et  plus  précise  *. 

Dans  l'étude  de  ce  phénomène  nous  trouvons  toutes  les 
formes  de  l'attention,  depuis  l'attention  organique,  automa- 
tique, inconsciente,  jusqu'à  l'attention  consciente,  dite  volon- 
taire. La  connaissance  assez  précise  des  premières  nous 
éclairera  sur  le  mécanisme  des  formes  dites  supérieures. 

Lorsqu'une  image  vient  exciter  notre  rétine,  voici  ce  qui 
se  passe.  Dans  la  région  des  cônes  et  des  bâtonnets  (en  A,  ftg.  2S) 
il  se  fait  une  transformation  de  force  :  les  vibrations  lumi- 
neuses donnent  naissance  à  des  vibrations  moléculaires  de 
nature  spéciale  ;  ce  qu'on  appelle  l'inûux  nerveux  est  né.  Il 
chemine  à  travers  une  série  de  neurones  qui  le  conduisent  à 
Técorce  cérébrale.  Des  cônes  et  bâtonnets  (A)  il  passe  succes- 
sivement à  travers  les  cellules  à  cônes  et  ii  bâtonnets  (  H;  ;  la 
couche  plexiforme  externe  (C),  les  cellulaires  bipolaires  (Dj, 
la  couche  plexiforme  interne  (E),  les  cellules  ganglionnaires 
(F;,  les  neurones  visuels  périphériques  (G)  comprenant  le 

'  On  peut  accepter  la  définition  de  James  Sully  qui  considère  l'atten- 
tion «  comme  une  simple  activité  mentale  qui  amt'ne  à  sa  plus  grande 
intensité,  à  son  achèvement,  à  sa  déliniiion  pr^'cise  certaine  sensation 
ou  certain  fait  psychologique,  et  qui  pioduit  une  diminution  correspon- 
dante des  autres  phénomènes  présentés  simultanément  -. 


458  PSYCHOLOGIE. 

nerf  optique,  le  cWasma,  les  bandelettes;  les  cellules  inter- 
calaires (Hj  au  niveau  des  noyaux  gris  centraux;  les  radia- 
tions optiques  (I;,  enfin  TécoTce  cérébrale  (K). 


Fiff.  25.  —  Trajet  suivi  par  les  vibrations  nerveuses,  de  la  rétine  à  l'écorce, 
dans  la  vision  simple,  sans  attention.  Les  figures  suivantes  nous  mon- 
treront riniervention,  aux  points  A,  C,  Ë,  H,  K,  de  divers  processus 
ayant  pour  but  de  faciliter  le  passage  de  l'influx,  lorsqu'intervient 
ratleniion, 

A  chaque  articulation  de  neurones  (aux  points  C,  E,  H,  Ki 
les  vibrations  trouvent  à  leur  passage  une  certaine  résis- 
tance, qui  est  variable  suivant  Vètat  de  ces  articulations. 
Dans  l'attention  interviennent  un  certain  nombre  de  processus 
physiologiques,  ayant  précisément  pour  but  de  diminuer 
cette  résistance  au  passage  des  vibrations,  qui  constituent  ce 
qu'on  appelle  l'influx  nerveux.  Etudier  le  mécanisme  de  ces 
processus,  c'est  étudier  le  mécanisme  de  l'attention. 

I.  —  Attention  organiquk  inconsciente. 

En  premier  lieu,  nous  trouvons  deux  réflexes  qui  ont  pour 
but  de  limiter  la  quantité  de  lumière  arrivant  jusqu'à  la 
rétine  :  ce  sont  les  réflexes  irien  et  pigmentaire. 

1°  Béflexe  irien  à  la  lumière.  —  Lorsqu'on  approche  de 
l'œil  une  bougie  allumée,  Tiris  se  contracte  afin  de  protéger 
la  rétine  contre  une  trop  grande  intensité  lumineuse.  Voici 
ce  qui  se  passe  :  l'influx  nerveux  chemine  à  travers  les 
divers  neurones  que  nous  avons  étudiés  plus  haut.  Arrivé  au 
niveau  des  noyaux  gris  centraux  V,  {flg,  26)  il  se  réfléchit  et 
vient  faire  contracter  l'iris. 


MÊCANISMK   ANATOMIQUE   DE   l'aTTENTION.  459 

Le  circuit  de  ce  réflexe  est  aujourd'hui  assez  bien  connu  ; 
il  comprend  les  noyaux  gris  centraux  de  la  vision  (pulvinar, 
corps  genouillé  externe,  tubercules  quadrijumeaux  anté- 
rieurs), le  ganglion  de  Thabenula,  la  commissure  postérieure, 
le  noyau  irien,  la  troisième  paire,  le  ganglion  ophtalmique, 
les  nerfs  ciliaires. 

2<»  Mouvements  pigmentaires.  —  On  sait  que  Tépithélium 
pigmenté  de  la  rétine  envoie  entre  les  cônes  et  les  bâtonnets 
une  série  d'expansions  protoplasmiques  (flg,  26).  Lorsque  la 


Fig.  26.  —  Circuits  du  réfleie  irien  à  la  lumière  et  du  réflexe 
pigmentaire. 

rétine  est  exposée  à  la  lumière,  ces  expansions  sont  allongées 
au  maximum,  et  remplies  de  granulations  pigmentaires. 
Lorsque  l'œil  est  placé  dans  l'obscurité  ces  granulations  se 
retirent  dans  le  corps  de  la  cellule,  et  les  expansions  pro- 
toplasmiques paraissent  plus  courtes.  Il  y  donc  là  un  mou- 
vement alternatif  qui  a  pour  but  évidemment  de  régler  la 
quantité  de  lumière  arrivant  au  contact  des  cônes  et  des 
bâtonnets  pour  y  être  transformée  en  vibrations  nerveuses. 
Le  rôle  de  ces  dispositions  est  très  comparable  à  celui  joué 
par  l'iris. 

Ces  mouvements  ne  sont  pas  produits  directement  par  la 
lumière,  mais  indirectement  pa)'  un  mécanisme  réflexe.  En 
eflFet  :  a)  la  section  du  nerf  optique  empêche  la  descente 
du  pigment  sous  Tinfluence  de  la  lumière  ;  b)  l'éclairage 
d'un  seul  œil  fait  descendre  le  pigment  dans  les  deux  yeux 
(analogie  complète  avec  le  réflexe  consensuel  de  la  pupille). 

Le  point  de  départ  de  ce  réflexe  peut  même  être  en  dehors 
de  la  rétine  :  une  grenouille  ayant  la  télé  dans  l'obscurité, 
l'éclairage  du  reste  du  corps  fait  encore  descendre  le  pigment 
(Van  Ganderen  Stort). 


460  PSYCHOLOGIE. 

Quelles  sont  les  voies  de  ce  réflexe  ?  Nous  ne  savons  rien 
encore  à  ce  sujet.  L'analogie  avec  le  réflexe  irien  rend  très 
probable  Thypothèse  suivante  :  au  niveau  des  noyaux  gris  de 
la  couche  optique,  réflexion  de  Tinflux  nerveux  vers  le  noyau 
de  la  troisième  paire,  puis  trajet  centrifuge  par  le  tronc  de  ce 
nerf,  puis  les  filets  ciliaires  *  (V.  fig.  16). 

Le  réflexe  irien  à  la  lumière  et  le  réflexe  pigmentaire  se 
produisent  d'une  façon  absolument  automatique  et  incons- 
ciente :  leur  condition  nécessaire  et  suffisante  est  que  le 
rayon  lumineux  arrive  jusqu'à  la  rétine  et  que  le  circuit 
réflexe  soit  intact,  (le  sont  des  réflexes  complètement  adaptés  ; 
ils  se  rattachent  à  l'attention  organique. 

11.  —  Attention  consciente  involontaire. 

Nous  allons  étudier  maintenant  des  réflexes  plus  compli- 
qués, dans  lescjuels  la  conscience  intervient  :  un  rayon  lumi- 
neux n'est  plus  leur  condition  suffisante;  il  faut  que  nom 
regardions,  que  l'attention  consciente  intervienne.  Un  objet 
éveille  notre  curiosité,  attire  notre  attention  ;  nos  regards 
convergent  vers  lui,  nous  avons  conscience  d'un  effort  pour 
mieux  voir,  en  même  temps  que  les  détails  de  l'image  se  pré- 
cisent. A  quoi  cela  répond-il  au  point  de  vue  anatomique  et 
physii)logique  :  voilà  ce  que  nous  voulons  essayer  de  déter- 
miner. 

I.  Adaptation  musculaire.  —  Nous  trouvons  en  premier 
lieu  une  série  de  contractions  des  muscles  intrinsèques  et 
extrinsèques  de  l'œil  dans  le  but  de  renforcer  l'image. 

a)  Les  muscles  extrinsèques  de  l'œil  se  contractent,  de 
façon  à  faire  converger  les  axes  visuels  sur  l'objet  en  queslioo, 
afin  que  son  image  optique  vienne  se  placer  sur  la  macula, 
au  point  le  plus  sensible  de  chaque  rétine. 

b)  Le  muscle  de  Brucke  se  contracte,,  et  le  cristallin  prend 
la  courbure  nécessaire  pour  que  l'image  rétinienne  soit  au 
point. 

c)  Le  muscle  irien  se  contracte  de  façon  à  régler  Tiateasité 
lumineuse. 

'  On  pourrait  encore  supposer  que  le  trajet  vers  la  péripl>évie  se  fait 
p.ir  les  lilels  centrifuges  du  nerf  optique,  que  nous  étudierons  dans  un 
instant.  Mais  cola  est  peu  probable,  car  ces  lilets  n'ont  pas  pu  être  sui- 
vis dans  la  rétine  au  delà  de  la  couche  des  grains  internes. 


MÉCAMSME   ANATOMIQUB   DB   l' ATTENTION.  461 

Voyons  maintenant  le  mécanisme  de  ces  phénomènes. 
L'influx  nerveux  a  franchi  les  noyaux  gris  centraux,  est 
arrivé  au  niveau  du  centre  cortical.  Tant  que  l'attention 
n'entre  pas  en  jeu,  l'image  est  trop  faible  pour  être  cons- 
ciente :  nous  regardons  sans  voir.  Présente- t-elle  une  inten- 
sité inaccoutumée  ou  quelque  chose  d'insolite,  elle  devient 
consciente,  notre  atlention  est  attirée;  l'image,  augmentée 
d'intensité,  devient  claire  et  précise. 

L'influx  nerveux  a  cheminé  comme  précédemment  jusqu'à 
l'écorce  (A),  puis  s'est  réfléchi  pour  venir  mettre  en  jeu  les 
noyaux  (Bj  tenant  sous  leur  dépendance  la  contraction  de 
riris,  l'accommodation,  la  convergence.  De  Técorce  (A  )  à  ces 
noyaux  (B)  l'influx  suit  les  fibres  centrifuges  mêlées  aux 
radiations  optiques,  dans  l'épaisseur  du  lobe  occipital  (Mo- 
nakow,  Flechsig,  etc.). 

B 


Fig.  27.  —  Circuit  des  réflexes  ayant  pour  but  la  converjjence  (M.extrins.), 
raccommodatioa  (M.  accommodai.)  et  la  contraction  irienne  IKIS). 
Contrairement  aux  auteurs  classiques,  je  place  le  centre  de  réllexion 
au  niveau  de  Técorce  en  A. 

Je  m'écarte  de  la  doctrine  classique  en  admettant  que  les 
mouvements  de  l'iris  et  du  cristallin  ont  ici  une  origine  cor- 
ticale. On  les  considère  plus  généralement  comme  produits 
par  un  réflexe  analogue  au  réflexe  lumineux  irien,  et  se  pas- 
sant comme  lui  au  niveau  des  ganglions  de  la  base.  Mais  il 
est  à  remarquer  que  le  réflexe  irien  lumineux  se  produit 
quel  que  soit  Tétat  psychologique  du  sujet.  Le  réflexe  accôra- 
modateur  ne  se  produit  que  lorsque  nous  regardons,  lorsque 


46S1  P5YCH0L06IB. 

nous  prêtons  une  attention  consciente,  ce  qui  suppose  Vin 
tervenlioa  de  la  corticalité. 

Quant  au  réllexe  irien  qui  accompagne  le  réflexe  accom- 
modateur,  dans  l'attention  consciente,  il  doit  avoir  le  même 
mécanisme  puisqu'il  se  produit  dans  les  mêmes  conditions. 
(Test  bien  à  tort  qu^on  a  considéré  ce  réflexe  irien  comme 
subordonné  au  réflexe  aiccommodateur  :  ce  sont  simplement 
deux  réflexes  parallèles.  U  faut  au  contraire  séparer  nette- 
ment le  réflexe  irien  lumineax  du  réflexe  irien  de  l'attention 
consciente.  Le  premier  a  son  point  de  réflexion  dans  les 
noyaux  de  la  base,  le  second  cUns  Técorce  cérébrale.  La 
pathologie  se  charge  d'ailleurs  de  les  dissocier  :  c'est  le  signe 
d'Argyll-Robertson  *. 

IL  Ajustement  des  neurones  rétiniens,  —  Outre  les  neu- 
rones qui  servent  à  conduire  l'impression  nerveuse  et  dont 
nous  avons  donné  le  schéma  (/?<;.  23),  la  rétine  contient  encore 
des  cellules  nerveuses  dont  nous  allons  étudier  le  rôle  pro- 
bable. 

l**  Cellules  horizontales  de  la  couche  granuleuse  interne, 
(le  sont  de  petites  cellules  situées  au-dessous  de  la  couche 
plexiforme  externe  et  envoyant  leur  prolongement  dans 
celle-ci  au  niveau  du  point  où  jes  cônes  et  bâtonnets  entrent 
en  contact  avec  les  cellules  bipolaires  (/î^f.  28).  La  supposition 
la  plus  probable,  c'est  que  ces  cellules  servent  à  établir  des 
contacts  plus  intimes,  à  favoriser  le  passage  de  l'influx  ner- 
veux, à  ce  niveau. 

t'  Spongioblastes.  —  Le  corps  de  ces  cellules  est  égale- 
ment situé  dans  la  couche  granuleuse  interne  {flg.  28).  Mais 
leurs  prolongements  se  dirigent  du  côté  opposé  vers  la 
couche  plexiforme  interne,  au  niveau  du  point  où  les  cellules 
bipolaires  entrent  en  contact  avec  les  cellules  ganglionnaires. 

*  Nous  avons  développé  ces  idées  ailleurs.  Voir  D''  Joanny  Roux.  Le 
signe  d'Arpyll  Roberlson  {Province  médicale^  mai  1898).  Brissaud  {Leçons 
sur  les  77ial(ulies  nerveuses,  1895)  avant  nous  avait  déjà  placé  dans  la 
ooi'ticaiité  le  point  de  départ  de  la  contraction  irienne  accom paginant  la 
convergence.  Notre  opinion  diffère  de  la  sienne  en  ce  qu'il  le  localisait 
dans  les  circonvolutions  motrices  centrales.  Gerest  (Tti.  Lyon  1896)  ' 
admet  Topinion  de  Brissaud.  Tout  récemment  Ingebrans  (Écho  'médical 
du  Nord,  juillet  1898.  An.  in  Presse  méd.)  a  développé  à  propos  du 
signe  d*Argyll-Robertson  absolumeut  les  mêmes  idées  que  nous. 


MECANISME  ANATOMIQUB   DE  L  ATTENTION. 


463 


Ici  encore  ces  cellules  ne  peuvent  servir  qu'à  perfectionner 
les  contacts. 

Ce  rôle  des  cellules  horizontales  et  des  spongioblastes  a  été 
nettement  admis  par  M.  Duval.  De  parleur  situation  et  leurs 
dispositions,  c'est  la  seule  hypothèse  qu'on  puisse  faire. 
Duval  admet  qu'ils  remplissent  ce  rôle  par  des  mouvements 
amiboïdes;  puis,  se  demandant  sous  quelle  influence  se  pro- 
duisent ces  mouvements  amiboïdes,    il  montre  qu'on  doit 


Fiff.  28.  —  Circuit  du  réflexe  prenant  naissance  au  niveau  de  la  rétine, 
et  y  aboutissant,  dans  le  but  de  modifier  les  articulations  de  neurones 
par  l'intermédiaire  des  cellules  horizontales  et  des  spongioblastes. 

invequer  une  excitation  venue  du  cerveau  par  les  fibres 
visuelles  centrifuges  :  t  Une  excitation  née  dans  je  cerveau 
est  transmise  à  l'articulation  de  deux  neurones  sensitifs  ! 
Mais  ce  ne  peut  être  que  pour  modifier  l'état  de  cette  articu- 
lation à  un  certain  moment,  pour,  en  un  mol,  provoquer  par 
amiboïsme  de  ces  piplongements  des  contacts  plus  ou  moins 
intenses  selon  l'état  d'attention  commandé  par  le  cerveau.  » 
A  notre  tour,  nous  nous  demanderons  :  quelle  est  l'origine 
de  cette  excitation  venue  par  les  fibres  visuelles  centrifuges  ? 
L'étude  des  phénomènes  précédents  nous  permet  de  répondre 
par  analogie.  L'excitation  apportée  au  centre  visuel  par  les 
fibres  visuelles  centripètes  est  réfléchie  par  les  fibres  visuelles 
centrifuges  jusque  dans  la  rétine  où  elle  provoque  un  ajuste- 
ment des  neurones,  qui  rend  plus  facile  le  passage  de  l'influx 
nerveux  *. 

'  V.  D'  Joannv  Roux.  Réflexes  rétino-rétiniens.  {Arch,   d^Ophtalmo* 
/o.7ie,juin  1898.)' 


464  PSYCHOLOGUS. 

III.  Ajustement  des  neurones  intercalaires  des  fwyaux 
gris  centraux.  —  Les  noyaux  gris  de  la  couche  optique  sont 
des  stations  où  passe  l'impression  lumineuse.  La  transmission 
ne  se  fait  pas  directement  d'un  neurone  périphérique  à  un 
neurone  central,  mais  -par  Tintermédiaire  d'une  troisième 
cellule,  le  neurone  intercalaire  {fig.  49)  *. 

Comme  les  spongioblastes  de  la  rétine,  ce  neurone  interca- 
laire ne  peut  évidemment  servir  qu'à  établir  des  contacts  plus 
ou  moins  intimes,  probablement  par  amiboïsme. 

Mais  il  faut  que  cet  amiboïsme  soit  sollicité  d'une  /a^jon 
quelconque.  Ici  encore  nous  pouvons  invoquer  un  réQexe  ana- 
logue aux  précédents.  L'influx  nerveux  apporté  enB(//<7.  ^9i, 


^3^> :. 


FiV/.  29.  —  L'inllux  nerveux  venant  de  la  rétine  (A)  arrive  à  la  coriica- 
lité  (B),  se  réfléchit  par  les  libres  visuelles  centrifuges  jusqu'à  la  cellule 
intercalaire. 

par  les  fibres  visuelles  centripètes  est  réfléchi  par  les  fibres 
visuelles  centrifuges,  jusqu'au  neurone  intercalaire  par  fin- 
termédiaire  duquel  les  contacts  deviennent  plus  intimes, 
d'où  encore  intensité  et  netteté  plus  grande  de  l'image. 

IV.  —  Ajustement  des  neurones  corticaux.  —  L'inllui 
nerveux  ne  s'arrête  pas  au  centre  visuel,  il  est  porté  plus 
loin  par  les  voies  d'associations  intra  et  inter-hémisphériques, 
et  passe  ainsi  par  une  série  de  neurones  d'association  avant 
d'être  déflnitivement  réfléchi  vers  la  périphérie  par  les  voies 
de  projection.  Ce  trajet  complexe  constitue  la  voie  des  réflexes 
cérébraux,  qui  sont  tout  le  substratum  des  phénomènes  de  la 
pensée. 

Dans  ce  trajet  la  communication  de  neurone  à  neurone  se 
fait  au  niveau  de  la  couche  des  Obres  tangentielles,  où  les 
cylindraxes  centripètes  se  mettent  en  communication  avec  les 
panaches  protoplasmiques  des  cellules  pyramidales. 

•  Voir  Monak'ow  Arc/t.  f,  Psych.  und  Sero,  Kmnkheit€n,i,  XX VU,  189j. 


MECANISME   ANATOMIQUE  DE  L  ATTENTION. 


46^ 


Dans  celle  couche  des  fibres  tangentielles  sont  trois  espèces 
de  cellules  particulières  :  à)  des  cellules  polygonales  angu- 
leuses avec  un  seul  çylindraxe;  à)  des  cellules  fusiformes  de 
Cajal  avec  des  cylindraxes  multiples  naissant  tous  d'une  den- 
drite;  c)  des  cellules  triangulaires  différant  des  précédentes 
seulement  par  leur  forme,  leur  plus  grand  volume,  leur 
nombre  plus  grand.  (V.  flg.  30.) 


Fiff.  30.  —  Structure  schématique  de  la  couche  des  fibres  tangentielles  du 
cortex.  Les  (lèches  permettent  de  suivre  le  trajet  de  l'infliix  nerveux, 
et  montrent  comment  en  B  il  revient  sur  ses  pas  jusqu'en  A,  où  par 
riniennédiaire  des  cellules  de  cette  région,  il  perfectionne  les  contacts 
et  diminue  les  résistances. 


Ces  cellules  ont  pour  caractère  commun  d'être  tout  en- 
tièi^es  situées  avec  tous  leurs  prolongements  dans  la  couche 
des  libres  tangentielles  Elles  ne  peuvent  que  recevoir  Tinflux 
nerveux  des  fibres  centripètes  pour  le  transmettre  aux 
panaches  protoplasmiques  des  cellules  pyramidales.  Elles 
sont  donc  absolument  comparables  aux  cellules  intercalaires 
des  noyaux  gris  centraux,  ou  aux  spongioblastes  de  la  rétine. 
On  peut  donc  leur  attribuer  un  rôle  analogue  :  le  perfection- 
nement des  contacts  qui  se  fait  au  niveau  de  la  couche  des 
fibres  tangentielles  du  cerveau. 

L'influx  nerveux  parti  du  centre  visuel  arrive  en  un  point 
quelconque  de  Técorce  {fig.  30,  B).  puis  il  revient  sur  ses  pas 
jusqu'au  niveau  du  centre  visuel  (A)  où  par  Tintermédiaire 
des  cellules  de  cette  région  les  contacts  se  perfectionnent, 
l'image  devient  plus  nette  et  plus  claire. 

11  est  inutile  de  pousser  plus  loin  cette  analyse  :  l'écorce 


Archives,  S*  série,  l.  VI. 


30 


466  PSYCHOLOGIB. 

cérébrale  a  sensiblement  la  même  structure  en  tous  ses  points; 
tous  les  réflexes  cérébraux  doivent  se  produire  d'une  façoQ 
analogue,  il  nous  suffît  d'avoir  étudié  l'un  d'eux.  Dans  cette 
étude  nous  nous  sommes  avancé  pas  à  pas,  en  partant  d'un 
terrain  solide,  de  phénomènes  bien  connus,  et  nous  n'avons 
fait  intervenir  que  des  notions  anatomiques  bien  établies. 

III.  —  Attention  consciente  et  volontaire. 

L'attention  organique,  inconsciente,  nous  a  préparé  à  com- 
prendre l'attention  consciente.  Il  nous  reste  à  dire  un  mol  de 
l'attention  dite  volontaire. 

Dans  les  exemples  précédents,  l'attention  quoique  cons- 
ciente était  encore  automatique.  Sa  condition  nécessaire  et 
suffisante  est  qu'un  objet  insolite,  curieux,  intéressant,  vienne 
se  placer  dans  notre  champ  visuel.  Notre  regard  se  dirige 
tout  seul  de  ce  côté,  sans  que  nous  ayons  conscience  de  vou- 
loir regarder. 

Lorsque,  au  contraire,  je  me  lève  de  mon  bureau  pour  aller 
voir  par  la  rue,  j'ai  conscience  de  vouloir  regarder ,  de  prêter 
une  attention  ro/owfa/re.  Le  phénomène  semble  tout  différent 
des  précédents,  et  en  effet  beaucoup  de  psychologues  sépa- 
rent l'attention  volontaire  de  l'attention  automatique. 

Ce  n'est  pas  le  lieu  de  discuter  ici  cette  question,  ni  de 
prendre  la  défense  du  déterminisme.  Nous  dirons  simple- 
ment que  pour  nous  tout  n'est  qu'automatisme. 

Au  point  de  vue  psychologique^  le  mouvement  volontaire 
se  distingue  du  mouvement  involontaire  :  a)  parce  qu'il  est 
précédé  de  la  représentation  consciente,  de  l'image  du  mou- 
vement à  exécuter,  b)  parce  qu'il  s'accompagne  d'une  illusion 
qui  nous  fait  croire  à  notre  libre  arbitre.  Lorsque  je  me 
retourne  vivement  dans  la  rue  à  l'audition  de  mon  nom, 
j'exécute  un  mouvement  conscient  mais  involontaire.  Lors- 
que m'apercevant  que  je  me  trompe  de  route,  je  me  décide 
à  rebrousser  chemin,  j'ai  dans  ma  conscience  la  représen- 
tation du  mouvement  à  exécuter,  puis  l'illusion  d'agir  libre- 
ment. Cet  acte  est  qualifié  de  volontaire.  Ce  n'est  cependant 
comme  le  premier  qu'un  acte  réflexe,  mais  plus  compliqué, 
ayant  passé  par  les  centres  d'association. 

Au  point  de  vue  anatomique  il  y  a,  en  effet,  unediifé- 
rence.  Nous  avons  vu  que  l'attention  était  constituée  pour 
une  série  de    réflexes  superposés,   grâce  auxquels  l'influx 


MBCANISMB  ANATOMIQUE   DE  l' ATTENTION.  467 

nerveux  se  fraye  lui-même  sa  voie,  en  aplanissant  les 
obstacles,  el  diminuant  les  résistances. 

Dans  rexemple  d'attention  volontaire  que  nous  avons 
donné  plus  haut,  voici  comment  nous  nous  représentons  le 
mécanisme  anatomique  et  physiologique.  Reportons-nous  à 
la  figure  30.  L'influx  nerveux  vient  d'abord  au  point  B  puis 
au  point  A,  d*une  autre  partie  du  cortex,  par  exemple  du 
centre  auditif,  lorsque  c'est  un  bruit  venu  de  la  rue  qui  nous  a 
donné  l'idée  d'aller  voir  ce  qui  s'y  passe.  L'influx  arrivé  au 
point  A  prépare  ce  centre  à  recevoir  l'image  visuelle  de  la 
rue,  toujours  par  l'intermédiaire  des  cellules  de  Cajal  de  la 
couche  des  fibres  tangentielles. 

Le  mécanisme  de  l'attention  est  toujours  le  même,  Vori- 
gine  du  réflexe  seul  diffère.  Dans  le  réflexe  conscient  et 
involontaire  le  plus  souvent  les  centres  de  projection  sont 
seuls  mis  en  jeu  :  l'influx  nerveux  arrivé  par  les  fibres  cen- 
tripètes à  la  cortical ité  en  repart  aussitôt  par  les  fibres  cen- 
trifuges correspondantes  (V.  fig.^21,  28  et  29).  Dans  le  réflexe 
conscient  et  volontaire,  l'influx,  des  centres  de  projection 
passe  dans  les  centres  d'association  puis  dans  un  autre  centre 
de  projection  souvent  fort  éloigné  de  celui  où  il  a  abordé  la 
corticalité. 

En  résumé,  l'attention,  au  moins  sous  Tune  de  ses  faces  *, 
nous  apparaît  comme  constituée  par  une  série  de  processus 
physiologiques,  se  produisant  tous  sur  le  même  type.  Toute 
attention  est  le  résultat  d'un  réflexe,  qui  a  pour  effet  de  faci- 
liter le  passage  de  l'influx  nerveux,  en  diminuant  les  résis- 
tances en  certains  points  déterminés.  C'est  tantôt  l'influx 
nerveux  qui  se  fraye  lui-même  son  passage,  étapes  par 
étapes  (attention  involontaire,  consciente  ou  nonj.  C'est  tantôt 
un  influx  qui  prépare  le  passage  à  un  autre  influx,  ayant  son 
origine  ailleurs  (exemple  :  bruit  de  la  rue  attirant  notre  regard 
et  préparant  notre  centre  visuel  =  attention  dite  volontaire). 
Nous  sommes  loin  de  l'attention,  faculté  de  rame  ^ 

*  Il  reste  à  expliquer  pourquoi,  en  même  temps  que  certains  phéno- 
mènes augmentent  dUntensité,  d'autres  diminuent. 

*  Tout  ce  que  nous  avons  dit  d'une  sensation  visuelle,  pourrait  se 
répéter  d'une  sensation  olfactive  :  nos  connaissances  anatomiques  sont 
assez  précises  pour  cela.  Quant  aux  autres  sensations,  l'étude  de  leurs 
appareils  anatomiques  n'est  pas  encore  assez  avancée. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  MENTALE. 


VI.  Des  convulsions  corticales  prolongôbs  dans  la  paralysie 
GKNÉRALK  DKS  ALik'NBB  ;  par  W.  MuBATOw.  {^curolog.  CentralbL, 
XV!,  189:.) 

Deux  observations  d'accidents  de  ce  genre  chroniques  pendant 
des  semaines  et  des  mois  jusqu'à  la  mort. 

Obs.  1.  —  Kncépiialile  diffuse,  avec  dé;:énérescences  secon- 
daires marquées.  L'extension  des  dégénérescences  secondaires  el 
des  altérations  périvasculaires  permet  de  croire  à  une  iullam- 
mation  subai^'uê. 

Obs.  II. —  Phénomènes  d'excitation  corticale  continus  avec  accès 
jacksoniens.  Epilepsie  corticale  partielle  continue  (de  Kojew- 
nikow)  par  déf:énéresceuce  diffuse  de  Técorce  (Muratow).  Le  syn- 
drome en  question  nécessite,  pour  qu'il  se  produise,  deux  condi- 
tions indispensables  :  l"*  la  persistance  des  cellules  motrices  df> 
récorce  qui,  si  dégénérées,  si  malades  soient-elles,  ne  doivent 
point  être  complètement  atrophiées;  2*»  la  déj:énérescence  d'une 
quantité  de  libres  arciformes  excitant  continuelle  ment  les  cellules 
corticales. 

Conclusions,  —  !•  Les  attaques  congeslives  apoplectiformes  ou 
épiteptil'ormes  des  paralytiques  généraux  se  compliquent  parfois  de 
convulsions  corticales  prolongées  incitant  continuellement  divers 
groupes  de  muscles.  —  2^  Ces  convulsions  d'ordinaire  s'associent 
aux  attaques  apoplectiformes,  sont  unilatérales  et  typiques, 
témoignent  de  leur  origine  corticale  et  d'un  trouble  du  sens  mus- 
culaire. —  3"  Ce  sont  des  mouvements  irrésistibles,  impulsifs, 
provenant  de  l'écoree,  exactement  comme  ceux  de  plus  courte 
durée,  transitoires,  qui  accompagnent  Tépilepsie  corticale  ordi- 
naire. C'est  donc  un  phénomène  poslépileptique.  —  4«  Ces  mani- 
festations naissent  par  propagation  de  l'encéphalite  aux  circonvo- 
lutions ascendantes  au  moyen  de  la  dégénérescence  étendue  et 
très  ténue  des  libres  arciformes.  —  5*^  On  observe  aussi  des  atta- 
ques convuUives  corticales  prolongées,  en  dehors  de  la  paralysie 
générale,  comme  signes  d'une  dégénérescence  diffuse  du  territoire 
moteur  de  l'écoree.  —  6»^  Les  attaques  congestives  épileptiformes 
ordinaires  de  la  paralysie  générale  proviennent  aussi  d'une  irrita- 
tion réllexe  des  ascendantes,  moins  atteintes,  par  le   processus 


RBVUS  DB   PATHOLOOIB  HBNTAIB.  469 

encéphalilique  des  circonvolulions  frontales.  Les  influences  vaso- 
motrices  ne  peuvent  servir  que  d'agent  accessoire  non  provo- 
cateur. —  V  Les  cas  de  paralysie  j:énérale  à  attaques  convulsives 
corticales  prolongées  impliquent  un  très  mauvais  pronostic.  — 
8^  Traitement  :  bromure,  chloraL  Déconseillez  les  vésicatoircs  et 
les  sangsues.  P.  Keraval. 

VIL  Des  obsessions  musicales  ;    par   L.   Lœvenpbld.  {CentralbL  f, 
Nei*venheUk,,  XX,  N.  F.,  viii,  1897.) 

Il  s*agit  d'une  héréditaire  de  30  ans,  sujette  à  des  accès  mélan- 
coliques, sans  délire,  dont  deux  pendant  les  suites  de  couches 
(accouchements  normaux).  Etat  de  dépression  avec  an^'oisse,  idées 
de  suicide  et  quelque  anesthésie  psychique.  En  même  temps,  échos 
permanents  dans  la  tête  de  mélodies  gaies  qui  la  torturent.  Cette 
malade  dut  la  dernière  fois  être  traitée  pendant  quatre  mois  de 
suite  ;  la  mélancolie  présentait  des  variations  ;  chaque  fois  qu'elle 
régressait,  les  mélodies  se  montraient  plus  rares  ou  disparaissaient, 
chaque  fois  que  la  mélancolie  s'aggravait,  les  mélodies  revenaient 
plus  obsédantes.  Le  thème  de  la  mélodie  dépendait  de  Taudition 
accidentelle  de  n'importe  quel  morceau,  de  morceaux  antérieure- 
ment joués  par  la  patiente,  ou  de  simples  réminiscences  fortuites. 
Prédominance  générale  d'airs  gais,  faciles  à  jouer;  par  instants, 
mélodies  difficiles  à  jouer,  obligeant  la  malade  à  se  représenter  la 
manœuvre  des  doigts  correspondante,  ce  qui  Timportunait  au  plus 
haut  point,  l'irritait  très  péniblement,  la  surexcitait,  tout  en 
aggravant  sa  dépression.  Ce  sont  bien  là  des  mélodies  obsédantes, 
car  elles  sont  indépendantes  de  Tassocialion  des  idées,  s'implan- 
tent dans  Tespritet  résistent  à  tous  les  elforts  faits  pour  les  chasser, 
s'imposent  de  force  comme  un  corps  étranger. 

Nosographie.  —  Ce  genre  d'obsessions  qui  peuvent  se  produire, 
à  l'état  passager  et  peu  marqné,  chez  des  indivridus  bien  portants 
ou  un  peu  nerveux,  n'acquièrent  persistance  et  intensité  que  chez 
les  nerveux  et  les  psychopathes,  en  particulier  dans  la  neurasthénie, 
l'hystérie,  la  mélancolie,  et  surtout  chez  [ceux  qui,  par  profession 
ou  par  dilettantisme  très  vif,  s'adonnent  passionnément  à  la 
musique,  mais  aussi  chez  des  musiciens  ordinaires,  comme  dans 
l'observation  qui  précède.  Les  thèmes  sont  quelconques,  de  valeurs 
diverses,  accidentellement  entendus  ou  joués  ;  mais  les  personnes 
d'une  haute  culture  musicale  semblent  avoir  principalement  des 
obsessions  d'une  musique  triviale,  ce  qui  les  importune  et  les  atfecte 
énormémenL  L'obsession  est  surtout  auditive;  quelquefois  néan- 
moins elle  s'accompagne  de  conceptions  motrices,  d'un  besoin  de 
remuer  les  doigts  comme  pour  jouer  les  morceaux  obsédants,  de 
chanter,  siffler,  fredonner.  Une  dame,  très  musicienne,  également 
malade,  prétend  que  cet  accompagnement  de  mouvements  tech* 


470  RBVUB   DB   PATHOLOOIB   MBNTALB. 

niques  est  spécial  aux  mécaniciennes  plus  qu*auz  musiciennes  audi- 
tives el  intellectives.  L'obsession  en  question  est  parfois  si  opiniâtre 
qu'elle  dure  nuit  et  jour,  trouble  le  sommeil,  détermine  de  l'in- 
somnie, devient  ia  source  d'un  perpétuel  tourment,  bientôt  suivi  de 
palpitations,  an^'oisges,  vomituritions,  vomissements,  a^italiou, 
confusion  mentale,  dégoût  de  la  vie,  mais  d'ordinaire,  elle  ne  dure 
que  quelques  heures  à  l'état  d'intermède  épisodique.  Presque 
toujours  ce  jErenre  d'obsessions  alterne  ou  coexiste  avec  d'autres 
obsessions  ou  des  phobies,  tlnfin  l'obsession  musicale  est  gaie  chez 
le  mélancolique  par  contraste,  et  rappelle  les  obsessions  sacrilèges 
des  gens  pieux,  le  désir  de  tuer  des  êtres  chéris.  Elle  porte  aussi 
sur  des  motifs  de  valeur  musicale  inférieure  chez  les  grands  musi- 
ciens, tout  à  fait  à  l'inverse  des  tendances  de  ces  derniers. 

Pathoyénie,  —  On  peut  admettre  une  hyperémie  fonctionnelle 
surexcitant  certains  éléments  de  rhémisphère  cortical,  dans  le 
cas  où  l'obsession,  roulant  sur  des  morceaux  étudiés,  est  le  fruit 
d'un  surmenage  musical.  Sinon,  on  peut  croire  que  la  cérébras- 
thénie  forte  produit  directement  des  obsessions  musicales,  la  céré- 
brasthépie  faible  augmentant  la  prédisposition  organisée  par  une 
occupation  musicale.  La  cérébrasthénie  peut  d'ailleurs  être  exa- 
gérée par  un  surmena^'e  intellectuel  quelconque  non  musical; 
dans  ce  cas,  elle  rappelle  des  obsessions  musicales  sur  des  thèmes 
tout  À  fait  inditférents.  P.  Keraval. 

VIII.  Contribution  a  la  statistique  et  a  l'étiologik  dbl.\  paralysie 

GÉNÉRALE  PROGRKîiSIVK  DES  AUÉNÉS  ;  par  B.  GreIDENBEUG.  (NcUTOlog. 

CentralbL,  XVI,  1897.) 

A  Tasile  des  aliénés  de  Symphéropol  (Crimée),  de  1885-1895,  il 
est  entré  2.914  malades,  dont  2.010  hommes  et  904  femmes;  eo 
tout  369  paralytiques  généraux  hommes  et  65  paralytiques  géné- 
rales. 

Si  nous  nous  bornons  aux  malades  entrés  pour  la  première  fois ^ 
nous  voyons  ce  qui  suit  : 

Hommes.    Femmes.     Total. 

Malades  entrés 1.627  706  2.333 

Paralytiques  ;çénér  ....  239  61  300 
Proportion  centésimale  de 

la  paralysie  générale  .   .  14,68  8,68  12,85 

Conclusions.  —  Le  nombre  des  malades  paralytiques  croit  cons- 
tamment et  toujours  progressivement,  surtout  chez  les  femmes; 
2®  dans  le  gouvernement  de  la  Taurie,  il  y  a  pour  IG  hommes 
paralytiques  généraux,  5  femmes  paralytiques  générales,  ou  tout 
au  moins  la  proportion  n'est  pas  inférieure  à  10/4;  3^  l'â^e 
auquel  la  maladie  les  atteint  augmente,  au  moins  l'âge  initial. 


REVUE  DE  PATHOLOGIE  MENTALE.  471 

A  cet  égard,  l'auteur  a  observé  la  paralysie  générale  à  Tâge  de 
vingt  et  un  ans  (âge  minimum)  et  à  soixante-six  ans  (Age  maxi- 
mum), mais  seulement  deux  fois  chez  Thomme.  Les  autres  âges 
se  répartissent  comme  suit  : 

Aires  Nombre  de  ^^^^^^  p^„„^.  Proportion  des 

^  malades.                                                                      âges. 

30  ans,   .   .  28  21                   7                   9,3  p.  100. 

30  à  40.  .  .  130  101                 29  43        — 

40  à  50.  .   .  97  82                 15  32        — 

Plus  de  60.  13  12                  1                  4.3     — 

4**  C'est  encore  une  maladie  urbaine,  mais  elle  commence  à 
envabirdeplus  en  plus  le  village;  5»  en  ville,  la  paralysie  générale 
commence  graduellement  à  se  démocratiser  ;  elle  croît  de  jour  en 
jour  dans  les  classes  moyennes  et  inférieures,  surtout  chez  la 
femme;  C^  ses  causes  fondamentales  sont  :  la  syphilis,  Talcoolisme, 
rhérédilé  ;  7®  dans  la  plupart  des  cas,  les  commémoratifs  révèlent 
la  syphilis,  mais  ce  n*est  pas  du  tout  la  seule  cause,  car,  dans  un 
nombre  assez  considérable  de  cas,  la  syphilis  est  accompagnée 
d*autres  causes.  Chez  beaucoup  de  paralytiques,  il  n'y  avait  pas  eu 
syphilis,  et  la  principale  cause  devait  ôlre  attribuée  à  l'alcoolisme, 
surtout  chez  ta  femme;  8°  l'action  de  la  syphilis,  de  même  que 
celle  de  l'alcool  et  de  l'hérédité  est  assez  forte;  dans  ce  cas,  les 
facteurs  agissent  de  concert  ;  9^  l'étiologie  de  la  paralysie  géné- 
rale, ramenée  aux  différentes  combinaisons  de  ses  causes  les  plus 
importantes,  doit  être  eu  rapport  avec  les  propriétés  individuelles 
des  personnes  malades,  notamment  avec  les  particularités  natio- 
nales et  ethniques.  Aussi,  faut-il  ôlre  prudent  quand  on  veut  tirer 
des  déductions  de  l'étude  comparée  des  statistiques  rassemblées 
par  les  divers  auteurs.  P.  Keraval. 

IX.  Conceptions  modernes  de  l'étiologie  de  la  folie;  par  Baty- 
TuKB,  ADRESSE  AU  CoNGRÉs  BRITANNIQUE  d'Ëdimbourg.  (B/'itis/i  med, 
Journ,) 

Deux  fois  depuis  dix  ans,  un  rapport  sur  cette  question  a  été 
demandé  par  la  Briiish  médical  Association.  Cela  est  flatteur  pour 
les  aliénistes,  car  cela  prouve  que  leur  science  fait  de  plus  en  plus 
corps  avec  la  médecine  générale.  Nous  nous  élevons,  du  reste,  contre 
l'appellation  de  médecine  psychologique  ou  mentale  avec  autant 
de  force  que  nos  ancêtres  s'élevaient  contre  les  possessions  démo- 
niales. 

Nulla  mens  insana,  sed  in  corpore  insano.  Telle  est  la  base  sur 
laquelle  repose  notre  conception  de  la  folie.  Au  débul,  les  symp- 
tdme:5  intellectuels,  grâce  à  leur  prédominance,  avaient  servi  au 
classement  des  formes  de  la  folie,  de  la  démence,  de  la  manie,  de 


47  i  RBVUB  DB   PATHOLOOIB  MBNTALB. 

la  mélancolie;  mais  leur  véritable  étiologie  élail  inconnue.  Celle 
classification,  suffisante  pour  le  public,  pour  les  hommes  de  loi,  ne 
Test  plus  pour  le  médecin  qui  veut  conuallre  fons  et  origo  mali,  le 
subslralum  anatomo-palhologique. 

La  méthode  psychologique,  dans  les  mainS  de  Pinel  et  de  son 
école  a  donné  de  bons  résultats  :  la  description  de  la  paralysie 
générale  des  aliénés,  par  exemple;  mais,  pour  le  reste,  elle  pousse 
à  s'altacher  à  des  détails  minutieux  sans  importance.  Ainsi,  la  folie 
morale  a  été  décrite  avec  ses  subdivisions  :  pyromanie,  kleplo- 
manie,  et  pour  les  cas  où  les  lésions  du  sens  moral  étaient  plus 
évidentes  que  celles  des  facultés  intellectuelles;  mais  Tobservation 
clinique  montre  que  ce  n'est  qu*une  question  de  de^Té;  que,  dans 
tout  cas  de  folie  le  sens  moral  est  touché,  et  que  dans  les  cas  de 
folie  morale  les  facultés  intellectuelles  ne  sont  pas  non  plus  intactes 
puisque  le  malade  n'est  pas  capable  de  juger  l'immoralité  de  son 
action  ni  d'en  prévoir  les  conséquences. 

Cette  conceplion  psychologique  de  la  folie  fut  la  cause  de  bien 
des  confusions  et  des  erreurs. 

Ce  nVst  que  depuis  trente-cinq  ans  que  Tétude  des  maladies 
appelées  psychiques  entra  dans  une  voie  positive  et  scientiQque  et 
par  là  même  se  ratlacha  à  la  médecine  générale.  Les  progrès  en 
anatomie  et  physiologie  cérébrale  furent  rapides,  trop  peut-être 
pour  que  ces  notions  nouvelles  soient  bien  assimilées.  Il  est  dé- 
montré aujourd'hui  que  Tàctivité  mentale  est  le  résultat  d'ane 
connexion  d'éléments  cellulaires  et  le  corollaire  pathologique  de 
cette  opinion  est  qu'une  interruption  dans  ces  connexions  produit 
un  trouble  mental.  iNous  connaissons  la  marche  des  excitations 
nerveuses  de  la  périphérie  au  centre;  nous  savons  qu'une  série  de 
fibres  partant  de  la  peau,  des  muqueuses  et  des  muscles  sont 
réunies,  passent  dans  la  moelle  épinière,  traversentle  corpsoptique 
et  se  divisent  en  trois  systèmes  pour  se  rendre  à  l'écorse  grise. 
L'un  d'eux  va  directement  à  la  circonvolution  de  Holaiido  sans 
avoir  subi  aucune  connexion  et  là  ils  entrent  en  communication 
avec  les  f)rolougements  proLoplasmiques  des  cellules  pyramidales. 
Le  transfert  de  Texcitation  se  fait  par  contact,  car  il  n'y  a  aucune 
communication  anatomique  entre  ces  fibres  et  les  prolongements 
proloplasmiques,  ceux-ci  soit  en  communication  avec  les  prolon^'e- 
ments  des  autres  cellules  en  formant  ce  que  Torski  appelle  des 
€  synapses  ».  L'excitation  descend  du  corps  de  la  cellule  à  la  péri- 
phérie du  corps  par  rintermédiaire  du  cylindraxe.  Le  neurone 
devient  le  centre  vital;  c'est  le  récepteur,  le  conservatear,  le  trans- 
formateur de  l'énergie,  qu'il  distribue  par  ses  prolongements  pro- 
loplasmiques à  d'autres  cellules  ou  à  des  centres  cellulaires.  Mais 
chose  importante,  toute  excitation  vient  du  dehors,  la  conceplioo 
de  ridée,  batterie  (productrice  d'énergie),  doit  être  écartée.  Sur  ces 
bases  la  science  doit  progresser  et  les  recherches  aoatomo-paliio* 


REVUB  DB  PATHOLOOIB  MENTALB.         .  473 

log^iqnes  des  centres  nerveux  sont  de  plus  en  plus  intéressantes  et 
se  poursuivent  dans  tous  les  laboratoires  de  la  Grande-Bretagne  et 
de  TEurope  entière. 

Autrefois  la  théorie  de  l'influence  du  moral  sur  le  physique  occu- 
pait la  première  place  et  donnait  naissance  à  de  nombreuses 
erreurs.  Par  exemple,  l'affaiblissement  général  du  système,  les 
complications  survenant  dans  les  appareils  génitaux  ou  intestinaux 
qui  sont  des  symptômes  très  marqués  et  très  importants  dans 
heaocoup  de  folies,  étaient  pris  pour  le  résultat  d'une  action  men- 
tale anormale,  ou  comme  ta  déterminant  :  aujourd'hui  que  nous 
savons  que  le  cerveau  exerce  des  fonctions  trophiques  sur  tous  les 
organes  du  corp«,  il  nous  faut  admettre  que  de  tels  affaiblisse- 
ments sont  produits  par  Taction  imparfaite  du  cerveau,  qu'ils  pro- 
viennent de  la  diminution  de  son  pouvoir  de  nutrition  et  par  con- 
séquent doivent  être  traités  dans  ce  sens.  Nous  rappellerons  les 
résultats  bien  connus  de  l'ablation  expérimentale  des  hémisphères 
cérébraux,  ils  sont  bien  d'accord  avec  les  effets  observés  chez  des 
malades  atteints  de  maladie  de  ces  mêmes  régions. 

Une  autre  preuve  du  changement  d'opinion  se  trouve  dans  Tac- 
eeptation  en  psychiatrie  du  principe  d'après  lesquels  tous  les  symp- 
tômes mentaux  résultent  de  lésions  morbides  analogues  à  celles 
qui  se  trouvent  dans  les  systèmes  autres  que  le  système  nerveux. 
En  l'absence  temporaire,  j'aime  à  le  croire,  d'une  nosologie  des 
folies  basée  sur  fanatomie  pathologique,  le  psychiatre  étudie 
révolution  de  chaque  cas  de  la  même  façon  que  le  médecin  d'hô- 
pital suit  les  maladies  ordinaires. 

Le  psychiatre  ne  se  contente  plus  de  la  classification  rudimen- 
laire  des  folies,  il  laisse  de  côté  les  six  Désordres  deVesprit,  publiés 
en  1871,  mais  il  classe  et  qualifie  chaque  symptôme  d'un  terme 
étioiogique  qui  rappelle  l'influence  morbide  qui  a  été  sa  cause 
déterminante. 

De  cette  façon  le  psychiatre  reste  en  contact  intime  avec  la 
médecine  générale  et  il  peut  affirmer,  en  s'en  rapportant  aux 
paroles  du  clairvoyant  Griesinger,  que  les  maladies  du  système 
nerveux  forment  un  tout  inséparable  dont  les  affections  désignées 
sous  le  nom  de  maladies  mentales  ne  forment  seulement  qu'une 
bien  minime  proportion. 

Traitement  des  aliénés.  —  Dans  cette  partie,  le  psychiatre  a 
déterminé  un  courant  public  d'opinion  très  remarquable.  Dans  la 
plupart  des  établissements  fondés  récemment  pour  les  aliénés, 
nous  trouvons  des  hôpitaux  séparés,  destinés  au  traitement  des  cas 
récents  et  des  cas  aigus. 

Cette  détermination  indique  sûrement  le  passage  de  la  théorie  à  la 
pratique.  Au  lieu  de  mélanger  les  sujets  atteints  d'accidents  récents 
au  résidu  des  chroniques,  on  les  place  dans  des  installations  sépa- 
rées où  on  les  soumet  à  uu  traitement  systématique  conforme  aux 


4l4  RBVUB  DB   PATHOLOOIB  MBNTALB. 

habitudes  des  hôpitaux.  L'extré:7ie  délicatesse  de  la  texture  du  cer- 
veau exige  un  Iraitement  médical  prompt  et  assidu  destiné  à  pré- 
venir la  désagrégation  et  la  destruction  des  tissus.  Le  psychiatre 
est  enfln  parvenu  à  convaincre  de  cette  idée  les  autorités  adminis- 
tratives, les  amener  peu  à  peu  à  placera  la  disposition  des  malades 
des  hôpitaux  répondant  à  ces  indications.  Ceci  montre,  à  mon 
avis,  combien  est  répandu  actuellemenl  le  changement  d'opiuioa 
sur  la  folie.  Malgré  de  telles  dispositions  la  t4che  des  aliénistesest 
lourde,  car  on  ne  s'applique  pas  assez  à  leur  confier  le  traitenieal 
des  cas  au  début  de  la  folie. 

Les  statistiques  démontrent  la  progression  des  chroniques  dans 
la  classe  pauvre,  pro;;re'^sion  qu'on  ne  constate  point  dans  la  classe 
riche.  Je  crois  que  ce  fait  est  dû  à  ce  que  la  classe  riche  peut  sou- 
mettre ses  malades  à  un  traitement  hV^tématique  précoce,  tandis 
que  les  pauvres  sont  obligés  d*attendre  la  confirmation  de  la  folie 
avant  de  pouvoir  la  traiter.  Nous  savons  tous  que  si  Tou  exclut  la 
paralysie  générale  et  la  folie  cpiteplique  80  p.  100  au  moins  des 
autres  cas  «ont  améliorables  par  le  traitement;  mais  cela  est  coû- 
teux, car  cela  comprend  Tentrelien  de  surveillants,  une  assistance 
médicale  constante  et  aussi  la  possibilité  de  changement  de  rési- 
dence. Tout  cela  le  pauvre  ne  le  peut  faire.  Les  hôpitaux  ordinaires 
ne  reçoivent  pas  les  personnes  suspectées  de  folie,  sous  prétexte  que 
les  asiles  sont  créés  pour  cela. 

D'autre  part,  les  asiles  ne  reçoivent  les  malades  qu^autant  que 
les  symptômes  sont  assez  nets  pour  justifier  un  certificat  médical 
et,  en  Angleterre  particulièrement,  où  les  formalités  pour  le  trans- 
lerement  des  aliénés  aux  asiles  est  si  absurdement  compliqué,  il 
arrive  que  des  personnes  sont  empêchées  d'être  soumises  à  un  trai- 
tement jusqu'au  jour  où  les  possibilités  de  guérisou  sont  sérieuse- 
ment diminuées  ou  que  le  cas  devient  désespéré.  Comment  remé- 
dier à  cet  élat  de  choses?  C'est  à  une  commission  mixte  de 
médecins, de  légistes  et  d'administrateurs  qu'il  revient  de  résoudre 
la  question.  Vu  progrès  peut  être  apporté  par  l'obligation  imposée 
par  le  conseil  général  de  la  médecine  aux  étudiants  de  lavenir, 
d'étudier  les  affections  mentales  pendant  les  cinq  années  que 
durent  leurs  études.  Si  les  professeurs  enseignaient  la  psychiatrie 
en  se  basant  sur  les  principes  généraux  qui  régissent  l'enseigne- 
ment de  la  médecine,  le  praticien  ordinaire  traiterait  bientôt 
la  folie  comme  il  soigne  chaque  jour  les  autres  maladies  et  nous 
pouvons  alors  prévoir  sans  crainte  de  nous  tromper,  comme  consé- 
quence d'un  traitement  rationnel  et  précoce,  une  grande  diminu- 
tion dans  la  population  des  asiles.  J'ai  simplement  abordé  le  sujet, 
je  ne  puis  ajouter  que  ceci  :  pour  moi  inopem  me  copia  fecil;  mais 
si  j'ai  (té  capable  de  montrer,  bien  que  très  faiblement,  que  les 
membres  de  la  psychiatrie  sont  avec  vous  en  toutes  choses  pratiques 
et  théoriques,  le  but  de  cette  étude  sera  atteinL  A.  Blanc. 


REVUE  DB   PATHOLOGIE  MENTALE.  475 

X.    Du  RÉFLEXE  PATELLAIRE  KTUDlé  CHEZ  LES  MÉUE3   MALADES  AUX  TROIS 

PÉRIODES    DE   L.V   PARALYSIE   génkrale;  par   le  D**  Marandon    DB 

MONTYEL. 

Les  conclusions  de  l'auteur  sont  les  suivantes  :  . 

I.  Dans  la  paralysie  générale,  le  réilexe  palellaire  est  bien  plus 
souvent  anormal  que  normal. 

S.  L'altération  de  beaucoup  la  plus  fréquente  est  Texagération, 
et  les  exagérations  modérées  remportent  en  fréquence  sur  les 
exa^'éralions  marquées. 

3.  Le  réilexe  palellaire  est  plus  souvent  altéré  \  la  première  qu'à 
la  seconde  et  k  la  seconde  qu'à  la  troisième  période. 

4.  C'est  dans  la  forme  dépressive  de  la  paralysie  générale  que  le 
réilexe  palellaire  est  le  plus  souvent  exagéré. 

5.  L'exagération  du  réflexe  palellaire  est,  au  point  de  vue  de  la 
fréquence,  en  raison  inverse  des  troubles  de  la  parole. 

6.  Cette  exagération  n'est  pas  due  à  la  suppression  de  l'influence 
cérébrale,  puisqu'elle  a  son  minimum  de  fréquence  à  la  dernière 
période  où  cette  suppression  est  au  contraire  à  son  maximum. 

7.  La  période  des  altérations  du  réûexe  palellaire  n'a  aucune 
valeur  au  point  de  vue  du  pronostic. 

8.  Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  la  conservation  du  réflexe 
palellaire  est  toujours  en  rapport  avec  un  minimum  de  signes 
physiques,  puisque  cette  conservation  est  plus  fréquente  à  la  troi- 
sième période  qu'aux  deux  autres. 

9.  Il  n'est  pas  rare  que,  dans  les  rémissions,  les  altérations  du 
palellaire  persistent  alors  même  que  les  signes  physiques  se  sont 
considérablement  amendés  au  point  môme  de  pouvoir  passer  ina- 
perçus. II  y  a  là  un  élément  important  à  rechercher  qui  établit  que 
la  guérison  n'est  qu'apparenle. 

10.  Chez  les  buveurs,  comparés  aux  syphilitiquee,  le  réflexe 
palellaire  serait  plus  souvent  altéré,  soit  en  plus,  soit  en  moins. 

II.  il  n'est  pas  possible  d'établir  un  rapport  quelconque  entre 
les  altérations  du  réilexe  palellaire  et  les  troubles  de  la  sensibilité 
à  la  douleur  et  du  tact.  [Annales médicO'psycfwlogiques,  avril  1898.) 

E.  Blin. 

XI.   Epidémie   ob   polie  religieuse   au    Brésil; 
par  le  D»"  Nina-Rodrigues. 

L^auleur  relate  lout  au  long  l'épopée  instructive  et  anachronique 
de  cet  aliéné,  Antonio  Maciel,  qui  après  avoir  présenté  dans  son 
existence  les  parlicularités  d'un  simple  persécuté,  entre  dans  la 
période  mégalomaniaque  du  délire  chronique  en  se  baplisanl 
Antonio  Conselheiro,  le  Ministre,  l'Envoyé  de  Dieu,  le  propaga- 
teur de  la  foi,  prêchant  contre  le  luxe,  faisant  brûler  sur  les- 


476  REVUB  DE  PAÏHOLOGIE  MENTALE. 

roules  tous  les  objets  qui  ne  sauraient  convenir  à  une  vie  ascé- 
tique, prêchant  contre  les  francs-maçons,  puis,  à  l'avènement  de  la 
République  Brésilienne,  contre  Ja  République,  et,  lorsque  le  pou- 
voir, poussé  à  bout,  se  voit  dans  l'obligation  de  rendre  effective 
l'obéissance  à  la  loi,  peut  avec  quelques  centaines  de  paysans  gros- 
siers, culbuter  trois  expéditions  successives,  Tune  de  iOO  hommes, 
l'autre  de  500,  la  dernière  de  1.500,  expéditions  composées  de  sol- 
dats ré^'uliers,  expérimentés  et  bien  armés.  Il  a  fallu,  du  reite, 
pour  permettre  à  la  démence  d'un  homme  d'arriver  k  ce  résultat, 
la  psyciiulutrie  spéciale  de  l'époque  et  du  milieu  où  a  travaillé  la 
folie  d'Antonio  Conselheiro,  trouvant  du  combustible  pour  alimen- 
ter l'incendie  d'une  véritable  épidémie  de  folie.  {Annaks  médico- 
psychologvjues,  in'in  1898.)  E.  B. 

XII.  Considérations  cliniotes  sur  la  parexté  des  névroses  et  des 
PSYCHOSES  ;  par  le  D'  Sereigny. 

Les  deux  observations  relatées  par  Tauteur  ont  trait  à  deux 
malades,  X...  et  V...,  dont  l'histoire  clinique,  différente  par  le  détail, 
présente  cependant  des  analogies  frappantes. 

Chacune  d'elles  possède,  de  par  ses  antécédents  héréditaires  ou 
collatéraux,  une  prédisposition  indéniable. 

L'une  est  une  hystérique  avérée,  l'autre  une  hystérique  fruste. 
L'une  et  l'autre  sont  des  intoxiquées,  la  première  en  raison 
dune  tuberculose  au  début  et  d'une  constipation  opiniâtre;  la 
seconde  en  raison  d'une  dilatation  d'estomac. 

Toutes  les  deux  ont  un  état  mental  de  nature  convulsive;  seul  le 
degré  diffère.  M'^«  X...  a  passé  successivement  et  progressivemeut 
de  l'hystérie  à  la  mélancolie,  pour  revenir  ensuite  à  de  l'excitation 
maniaque  à  type  convulsif.  M^'''  Y...,  au  contraire,  n'a  pas  de 
délire  actif  d'une  certaine  durée.  Ou  ne  peut  lui  reprocher  que  cer- 
taines diva^'ations  délirantes  très  temporaires  rappelant  répilepsie. 

Ces  deux  observations  montrent  que  la  ligne  de  démarcation 
assignée  aux  psycho.<es  n'est  que  pure  convention.  Les  vésanies 
touchent,  en  effet,  de  très  près  à  toutes  les  affections  organiques, 
de  plus  près  encore  à  ces  états  que  l'on  rangeait  c  dans  le  vieux 
cadre  des  névroses  ».  Il  est  souvent  bien  difficile  de  dire  si  un 
malade  a  franchi  ou  non  ce  que  l'on  est  convenu  d'appeler  les 
«  frontières  de  la  folie  ». 

Enire  la  neurasthénie  et  la  mélancolie,  par  exemple,  il  n'y  a 
qu'une  différence  de  degrés  et  la  question  se  pose  toujours  delà 
même  façon,  savoir  où  débute  la  neurasthénie,  même  légère, 
savoir  où  elle  s'arrête,  quand,  devenant  grave,  elle  va  faire  place  à 
de  la  mélancolie.  Examinons  avec  soin  de  vrais  neurasthéniques: 
tous  sont  mélancoliques,  à  des  degrés  divers,  il  est  vrai,  mais  tous 
le  sont.  (Annales  médico-psychologiques, i^imier  1898.)  E.  B- 


RBVUB  DE   PATUOLOOIB  UBMTÂLB  477 

XIII.  Pathogénie  et  pronostic  du  delirium  trkmbns  ;  par  le  D*"  Vil- 
LERS.  (BulL  de  la  Soc.  de  méd.  ment,  de  Belgique,  1898,  n»  89.) 

Cette  étude  porte  sur  100  cas  d€  delirium  treraens  observés  à 
l'hôpital  Saint-Jean  pendant  une  période  de  trois  années.  Tous  ces 
malades  étaient  des  alcooliques  chroniques  consommant  au  moins 
un  quart  de  litre  de  liqueurs  fortes  par  jour.  C'est  entre  trente-cinq 
et  cinquante  ans  que  le  delirium  tremens  éclalerait  le  plus  souvent 
à  Bruxelles.  En  ce  qui  concerne  les  causes  déterminantes  ou  occa- 
sionnelles de  l'accès  on  a  constaté  que  sur  les  100  cas  observés,  17 
présentaient  des  complications  dont  deux  d'ordre  traumaliquc. 

Tous  les  cas  exempts  de  complications  ont  évolué  sans  fièvre  ; 
16  fois  on  a  trouvé  de  Taibumine  dans  les  urines.  Le  sommeil  cri- 
tique est  survenu  du  deuxième  au  sixième  jour  après  l'entrée  des 
malades.  Le  nombre  des  décès  par  delirium  tremens  est  très  peu 
élevé  à  Bruxelles,  il  serait  seulement  de  1,5  p.  100,  c'est-à-dire 
presque  dix  fuis  moindre  qu'en  Allemagne. 

Cette  différence  serait  due,  d'après  l'auteur,  à  ce  que  les  Alle- 
mands, avant  de  se  livrera  l'abus  des  boissons  alcooliques,  ont  par 
devers  eux  un  long  passé  d'excès  énormes  de  bière.        G.  Deny. 

XIV.  Des  hallucinations  dites  psycuioues;  par  M.  X.  Francotte. 

{Bull,  de  la  Soc.  méd.  ment,  de  Belgique^  juin  1898.) 

Ou  sait  que  d'après  M.  Séglas  l'hall ucinalion  psychique  est  une 
véritable  hallucination  intéressant  ia  fonction  du  langage  dans  ses 
éléments  psycho-moteurs.  Cette  théorie  est  combattue  par  M.  Fran- 
cotte qui  considère  ces  hallucinations  comme  de  simples  interpré- 
tions délirantes  dépourvues  de  tout  élément  hallucinatoire  propre- 
ment dit. 

c  Les  hallucinations  psychiques,  dit-il,  consistent  en  des  pensées 
dont  le  malade  méconnaît  l'origine  personnelle  :  il  croit  n'en  être  pas 
l'auteur,  il  les  extériorise  et  les  attribue  à  une  influence  extérieure. 

u  Ces  pensées  comme  les  peubécs  de  l'homme  normal,  se  formu- 
lent au  moyen  des  images  psycho-motrices,  ou  bien  au  moyen  des 
images  auditives,  ou  bien  des  images  visuelles,  ou  des  images  gra- 
p>hiques.  »  G.  D. 

XV.  De  l'influence  suggestive  des  hallucinations  de  l'ouïe  ; 
par  \V.DEBECHTEUEW.(Ct'nira/6/.  AiYerve«/wi/^.,XX,  N.  F.,  vni,  1897.) 

Un  homme  fort  intelligent,  même  pendant  son  affection  men- 
tale sur  tout  ce  qui  n'a  pas  de  rapport  avec  son  délire,  affirme  ce- 
pendant qu'un  être  invisible  ayant  une  voix  d'homme  et  comman- 
dant à  sou  organisme  s'est  établi  dans  son  oreille  gauche  ou  près 
de  celle-ci.  Le  délire  reste  limité  à  cette  allégation  :  hallucinations 


478  RBVUE  DR  PATHOLOOIB  MBNTALB. 

uoilalérales  de  l'ouïe.  Il  soutient  celte  absurdité  en  répondant  à 
toutes  les  objections  que  c'est  un  cas  unique  dans  les  annales  mé- 
dicales, méritant  d'être  élucidé  dans  i^interèt  d'autrui;  semblable 
à  Galilée,  il  dit  :  «  et  pourUmt  cela  est  ».  H.  de  Bechterew  compare 
cetle  idée  délirante  à  Tidée  suggérée  pendant  Tliypnotisme,  qui 
pénètre  la  conscience  en  dehors  du  Moi.  Tout  ce  que  la  voii 
ordonne  est  inoculé  au  patient,  qui  le  subit  sans  pouvoir  le  recti- 
fier. Dans  ce  cas  particulier,  la  voix  annihilait  toute  pensée  person- 
nelle, provoquait  une  obnubilation  de  la  vue  qui  rappelle  i'iialluci- 
nation  négative  de  Thypnotisme,  produisait  une  niodifîcatiou  de 
la  tension  musculaire  rendant  la  marche  difficile,  du  tremblement 
des  mains  en  écrivant,  un  engourdissement  des  doigts.  Ces  troubles 
physiques  étaient  du  reste  annoncés  par  la  voix  qui,  en  somme, 
les  su^gtrait  exactemetit  comme  on  suggère  et  provoque  les  mille 
phénomènes  que  Ton  sait  aux  patients  endormis  par  l'hypnotisme. 

•   P.  Keraval. 

XVI.  De  la  PHOVOCATION  ARTIFICÏFXLE  des  hallucinations  SENSOr.lELLES 
CIIKZ   LKS     ALCOOLIQUES  ATTEINTS    DIS    MODALITES    HALLUCINATOIRES  DU 

délire;  pur  W.  d«  Blchterew.  \Centralhl.f,  Nei'cenheil,  .\X,N.F., 
IX,  18U7.I 

Des  hallucinations  de  l'ouïe  sont  provoquées  en  fixant  ralteiition 
du  malade  sur  le  son  uniforme  du  marteau  de  l'appareil  d'induc- 
tion ;  en  lui  faisant  fixer  un  objet  brillant  tenu  près  du  globe  oe 
l'œil,  on  détermine  des  hallucinations  de  la  vue.  Ces  expériences 
réussissent  facilement  et  invariablement,  non  seulemeut  pendant 
la  période  même  du  délire  alcoolique,  mais  encore  un  long  temps 
après  qu'ont  disparu  les  hallucinations  pathologique^,  voire  quel- 
ques mois  plus  tard  :  la  vibration  du  marteau  en  question  }>rovoqiie 
le  retour  d'une  voix  tenant  tels  ou  tels  propos  ;  la  lixaliou  de 
l'objet  brillant  fait  apparaître  des  objets  et  des  physionomies  quel- 
conques. A  fortiori,  quand  le  délire  a  laissé  après  lui  quelques 
liailucinaLions  f»erfiétuelles.  (Exemple  emprunté  à  l'article  Auditm 
de  l't  pensée,  in  Ohoz renié  psychùUrii,  1896,  ii*>  10.)  —  Ces  halluci- 
nations art ificit' lies,  sont,  coninie  l'a  montré  Liepmann,  l'inverse 
des  hallucinations  alcooiiques  ;  elles  n'ont  r.en  de  menaçant,  sont 
peu  disagréabies.  Il  laut  surtout  les  imputer  à  la  tension  de  iat- 
teulion,  et  a  l'hyperirrilabilité  des  centres  psychiques.  Toutes  spé- 
ciales qu'elles  soient  au  délire  hallucinatoire  d'origine  alcoolique, 
elles  peuvent  également  se  produire  dans  d'autres  formes  de  trou 
blés  mentaux.  P.  Keraval. 

XVII.  Ei'iLEcsiE  sknile;  par  P.-J.  Kowalkwskï.  (CeniralbL  fût 
ya-ventieilli,  XX,  .N.  F.,  viii,  1897.) 

Examen  méthodique  de  la   question  de  l'épilepsie  en  généra!. 


REVUB  DB  PATHOLOGIE  MBNTALB.  479 

Deux  observations  d'épilepsie  survenue  après  soixante  ans.  Conclu- 
sions :  i^  Tous  les  cas  d^épilepsie  peuvent  être  divisés  en  deux 
groupes  principaux  :  ]*épilepsie  idiopathique,  essentielle  ou  médul- 
laire ;  répilepsie  symptomatique  ou  corticale.  La  première,  c'est 
Tépilepsie  vraie;  la  seconde  représente  un  état  épiieptiforme  ou 
épileptoïde;  2^  les  causes  de  Tépiiepsie  idiopathique  sont, les  unes, 
radicales  ou  génératrices;  les  autres,  accessoires  ou  provocatrices; 
3"^  parmi  les  causes  radicales,  la  première  place  appartient  à  la 
prédisposition  pathologique;  4^  Tintoxication  et  Tauto-intoxication 
appartiennent,  en  tant  que  causes,  à  la  seconde  série,  et  servent, 
dans  rimmense  majorité  des  cas,  de  facteurs  provocateurs  de  la 
maladie  produite  par  la  prédisposition  pathologique;  il  y  a  peu  de 
cas  où  elles  aient  la  valeur  d'a^'ents  générateurs,  de  causes  elfec- 
tuant  une  modification  du  système  nerveux  adéquate  à  la  prédis- 
position pathologique  ;  5^  aux  causes  accessoires  les  plus  impor- 
tantes appartiennent  1  âge  :  l'enfance,  la  jeunesse,  la  vieillesse  ; 
6^  répilepsie  sénile  survient  après  soixante  ans.  Âssezsouventellea 
le  caractère  d'une  épilepsie  idiopathique;  Tépilepsie  symptomatique 
est  également  possible  à  cet  âge  et  laisse  surtout  supposer  des 
lésions  en  foyers;  1^  l'épilepsie  sénile  peut  aussi  bien  survenir 
chez  des  gens  à  prédisposition  congénitale  que  chez  ceux  à  fonds 
pathologique  acquis  ;  8^  on  peut  tenir  pour  ses  éléments  étioto- 
giques  :  l'hérédité,  rartériosclérose,  l'alcoolisme,  la  syphilis,  des 
lésions  organiques  diffuses  du  cerveau  et  de  ses  enveloppes,  des 
secousses  morales,  etc.  ;  9*"  l'épilepsie  sénile  peut  affecter  la  forme 
de  grand  mal  ou  de  petit  mal,  parfois  surviennent  deséquivalents  de 
diverses  espèces  et  des  accès  de  manie;  10"  la  maladie  est  assez  sou- 
vent accompagnée  d'atfaiblissement  de  Tattention,  de  la  mémoire, 
de  l'aperception  et  d'autres  fonctions  psychiques*  quoique  ces  acci- 
dents ne  soient  pas  aussi  marqués  que  dans  l'enfance  et  la  jeu- 
nesse; il®  la  maladie  se  complique  fréquemment  d'insomnie,  de 
sensation  vertigineuse,  d'accès  d'angoisse  précordiale  (Mendel)  et 
d'autres  troubles  du  côté  du  système  nerveux;  12"  la  marche  et  le 
mode  d'apparition  de  la  maladie  ne  se  distinguent  en  rien  de 
répilepsie  idiopathique  habituelle.  Evidemment  elle  est  inllucncèc 
par  le  traitement  médicamenteux  et  diététique  correspondant, 
mais,  à  cet  égard,  il  faut  encore  des  observations  plus  étendues. 

P.  Keraval. 

XVIII.     PORKNCÊPHALIE    BILATERALE    DE    NATURE    DIFFÉRENTE  ; 

par  E.  Beyer.  [Ncuroloy.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Il  s'agit  d'un  idiot  soigné  pendant  quelques  années  à  la  clinique 
psychiatrique  de  Strasbourg  et  mort  de  pneumonie  à  l'àfre  de  dix- 
neuf  ans.  Il  était  atteint  d'une  diminution  quantitative  de  Tintelli- 
gence.  11  avait  peu  de  mots  à  sa  disposition  et  ne  pouvait  en  pro- 


480  RBVUB  DE  PATUOLOOIB  M2NTALB. 

noncer  que  les  voyelles,  mais  partieipait  à  la  vie  commune,  était 
demeuré  propre  et  sociable,  riait  volontiers,  ne  pleurait  jamais; 
il  était  paralysé  des  deux  jambes  ainsi  que  du  bras  et  de  la  main 
du  côté  droit,  avec  contracture  ;  jamais  d'accès  d'épilepsie.  Dessins.  A 
gauche,  on  trouve  un  trou  qui  occupe  exactement  l'endroit  du  cer- 
veau où  se  produisent  les  foyers  de  ramoUiâsemeut  par  embolie  ou 
thrombose  de  lasylvienne,  dans  le  territoire  du  rameau  artériel  qui 
suit  la  branche  ascendante  de  la  scissure,  de  Sylvius.  Seule,  la  partie 
inférieure  des  ascendantes  est  détruite;  la  lacune  pénètre  toute 
l'épaisseur  de  la  paroi  de  Thémisphère  jusqu'au  ventricule.  Ce  trou 
a  donc  probablement  été  consécutif  à  la  résorption  d'un  foyer  de 
ram(iili?sement  par  embolie  ou  par  thrombose.  Le  microscope 
montre,  en  etfet,  sur  ses  confins,  une  grande  abondance  de  névro- 
glie  pré^enlant  la  disposition  caractéristique  fascicuiaire  ;  il  y  a, 
non  pas  agéiiésie,  mais  dé^'énérescence  secondaire  du  faisceau  py- 
ramidal.  A  droite,  le  pourtour  de  la  scissure  de  Sylvius  est  normal; 
la  plus  grande  partie  des  ascendantes  manque,  et  principalement 
leur  partie  supérieure  jusqu'à  Taréte  du  manteau,  mais  c'est  tout 
superficiel,  la  substance  blanche  est  resiée  intacte.  Il  existe  en 
mômu  temps  un  endroit  aminci  dans  le  pariétal.  Il  est  probable 
qu'il  y  a  eu  hémorragie  méningée  (Gowers),  qui  entraîna  la  des- 
truction du  tissu  nerveux  et  l'amincissement  de  l'os.  On  cou:$tate 
un  èpaississement  et  une  vascularisation  des  méninges  molles  dans 
ie  billon  et  une  prolifération  de  la  névro^'lie  à  la  limite  de  la 
lacune.  Ces  deux  trous  empiètent  :  à  gauche  sur  un  morceau  du 
lobe  frontal  et  des  autres  frontales;  à  droite,  sur  le  lobe  pariétal. 
Celui  de  gauche  s'étend  en  profondeur;  il  y  a  un  plissement  radié 
de  toutes  les  circonvolutions  voisines,  mais  elles  ne  sont  allérées 
que  dans  son  voisinage  immédiat;  le  reste  de  l'hémisphère  est 
intact,  notamment  le  lobe  occipital.  Celui  de  droite  s'étend  eu 
surface  et  eu  largeur;  en  haut, jusqu'au  sillon  longitudinal;  cubas, 
il  a  laissé  une  partie  de  l'asceiLdaute. 

L'auteur  tend  à  croire  qu'un  traumatisme  a,  à  Page  de  trois 
moi^,  produit  directenieut  une  hémorragie  dans  l'hémisplière 
droit  et  le  crâne,  (d'où  la  lacune},  et  indirectement  un  foyer  (par 
embolie  et  thrombose)  dans  rhenii^phère  gauche.  Cette  simulta- 
néité est  indiquée  par  le  retard  uniforme  que  présentent  les  deux 
hémisphères  dans  leur  accroissement.  P.  Kebaval. 

XI.V.  Les  signes  de  dégôéri^scknce  (EXTÉaiEuas)  dans  la  paualit^if: 

I»ROGRb:s^IVE     AVEC    QUELgUltS    POINTS     RELATIFS     A     CETTE    MAL-\DIE  ; 

par  p.  Nœcke.  (Xeuroloy.  CentralbL,  XVJ,  1897.) 

Examen  détaillé  de  cent  paralytiques  généraux  et  de  quatre-vingts 
individus  normaux  (du  personnel  des  infirmiers).  L'auteur  en  fait 
un  résumé  provisoire.  11  dit  qu'il  a  trouvé  plus  de  stigmates  de 


REVUE  DB  PATHOLOGIB  MBNTALB/  481 

dégénérescence  chez  les  paralytiques,  qu'ils  présentaient  les  degrés 
plus  accusés  d'un  seul  et  raôme  stigmate,  qu'ils  avaient  les  signes 
de  dégénérescence  les  plus  graves,  et  que  les  signes  de  dégénéres- 
cence étaient  chez  eux  aussi  plus  disséminés.  Par  conséquent,  il 
est  probable  que  le  cerveau  de  la  plupart  des  paralytiques  est 
invalide,  soit  dès  la  naissance,  soit  plus  tard.  Le  paralytique  est  uû 
être  presque  prédestiné  à  la  paralysie  générale,,  dont  le  cerveau, 
invalide  dès  la  naissance  ou  plus  tard,  subit  de  la  syphilis  acquise 
un  affaiblissement  tel  qu'à  un  moment  donné,  une  cause  occasion- 
nelle quelconque,  toujours  existante  et  souvent  combinée  à  d'autres, 
produit  la  maladie.  Les  émotions  morales  semblent  être  les  causes 
occasionnelles  les  plus  importantes.  La  syphiliSj  en  tout  cas,  n'est 
jamais  la  seule  cause  de  paralysie  générale,  elle  n'est  qu'une  cause 
préparatoire  et  d'ordinaire  rien  que  là  ou  le  cerveau  a  subi  l'inva- 
lidité préalable  :  il  est  très  rare  qu'elle  engendre  la  paralysie 
générale  directement.  Toujours  d'autres  causes  occasionnelles 
semblent  nécessaires  ;  ce  sont  les  causes  qui  la  développent.  Natu- 
rellement plus  le  terrain  a  été  préparé,  plus  minime  a  besoin 
d'être  la  dernière  cause,  de  sorte  qu'il  y  a  des  cas  où  l'addition  à 
TiDvalidité  cérébrale  de  la  syphilis  suffit  pour  engendrer  la  para- 
lysie générale.  P.  Keraval. 

XK.  Lésions  anatohiques  de  la  dbuence  paralytique  ;  par  Boeder er 
etO.  JuuusBERGSR  (Ncurolog,  Centralbl,,  XVI,  1897.) 

Trois  observations.  La  première  observation  témoigne  d'une 
exagération  du  processus  dégénératif  et  prolifératif  au  niveau  delà 
pariétale  ascendante,  par  rapport  à  la  lésion  corticale  d'ailleurs 
généralisée.  Dans  les  deux  autres  observations,  il  y  a  bien  des  dif- 
férences locales^  mais  elles  ne  sont  pas  si  marquées.  Cette  poussée 
des  lésions  paralytiques  en  certains  territoires  de  l'écorce  a  été  sou- 
lignée par  Lissauer. 

Dans  les  trois  cas,  il  y  avait  dégénérescence  des  faisceaux  pyra- 
midaux depuis  les  ascendantes  jusque  dans  la  moelle.  Les  troubles 
variés  de  la  sensibilité  constatés  pendant  la  vie  sur  les  membres 
affectés  dans  leur  motilité  rendent  probable  l'opinion  de  Wer- 
nicke  que  toute  région  corticale  représente  un  territoire  central  de 
projection  pour  l'ensemble  de  la  sensibilité  et  de  la  motilité  de  la 
partie  correspondante  du  corps.  La  simultanéité  des  troubles  de  la 
sensibilité  et  de  la  motilité  observée  chez  ces  malades  permettrait 
donc  ici  de  rapporter  les  troubles  sensibles  à  la  lésion  corticale  des 
centres  moteurs. 

Il  est  impossible  de  décider  si  la  prolifération  du  tissu  interstitiel 
constitue  le  premier  processus  de  la  paralysie  générale,  ou  si  c'est 
l'atrophie  des  éléments  nerveux  constitutifs.  Mais  on  iie  peut  guère 
séparer  les  deux  processus  l'un  de  l'autre.  Qu'il  y  ait,  comme  le  dit 

Archives,  2«  série,  t.  VL  31 


482  RBVUB  DE  PATHOLOOIB  HBNTALB. 

W.  Roux,  uoe  espèce  de  lutte  des  deux  partis  en  préieace  qui  fait 
que  Tun  soit  prédominant  Tautre  moins  actif  suivant  tel  ou  tel 
autre  cas,  c*est  possible,  mais  les  deux  lésions  sont  indissolublement 
unies.  P.  Keraval. 

XXI.  Analyse  d*unb  observation  dk  mélancolie  avec  verbigératiox; 
par  Bresler.  {Neurolog,  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Ne  sont  pas  de  la  verbigération  les  répétitions  de  mots  par  dis- 
position d'esprit  pathologique,  par  association  d'idées  morbides, 
par  hallucinations  sensoriel  les,  par  nécessité  psychologique  (mé- 
lancolie, manie,  folie  systématisée) —  ni  celles  qui  surviennent  chez 
les  imbéciles  et  les  déments  par  lacunes  de  conceptions  verbales 
et  défaut  de  provisions  de  mots.  La  verbigération,  c'est  un  mouve- 
ment mécanique  des  mêmes  muscles  produisant  les  mômes  sons, 
produit  par  une  excitation  centrale  de  voisinage  due  à  une  lésioQ 
du  centre  verbal,  c'est  donc  un  symptôme  de  lésion  en  foyer  du 
centre  de  la  parole. 

Voici  une  femme  de  quarante-six  ans,  atteinte,  à  trois  ans  d'in- 
tervalle, d'une  mélancolie  anxieuse  avec  'verbigération,  mais  sous 
des  aspects  bien  différents.  La  première  fois  il  y  eut  excitation 
maniaque  intermittente  et  catalepsie,  ce  qui  ne  se  présenta  pas 
la  seconde.  La  première  fois  la  maladie  dura  considérablement 
plus  longtemps  et  fut  bien  plus  violente.  — Les  12,  15,  16  et 
28  mai  1896,  la  malade  n'exprime  que  quelques  mots  en  rapport 
avec  la  question  qu'on  lui  adresse,  sous  la  forme  de  verbigération. 
Pendant  l'angoisse  elle  répète  des  mots  ou  des  phonèmes  cohé- 
rents par  allittération.  On  constate  aussi  parfois  du  bégaiement,  un 
défaut  d'images  verbales  ;  un  manque  de  suite  dans  les  idées,  sem- 
blables aux  mômes  accidents  qui  atteignent  beaucoup  de  gens 
après  une  terreur  vive  ou  une  surprise  pénible,  le  débit  de  la  parole 
subsistant  et  demeurant  actif.  Une  trop  vive  excitation  centrale 
gône  alors  non  l'association  des  idées,  au  début  suf6sante,  mais  la 
direction,  le  courant  de  celles-ci,  l'association  des  phonèmes  con- 
sécutive, qui  aboutit  à  l'allittération,  ne  suffit  plus  à  assurer  le 
recrutement  des  mots  correspondant  aux  idées,  la  parole  reste  bien 
ordonnée  mais  elle  est  inintelligible,  si  bien  qu'à  la  fin  des  uéolo- 
gismes  incompréhensibles  accompagnent  l'émotion.  A  cet  état  cor- 
respond vraisemblablement  une  congestion  intérieure  dont  témoi- 
gnent la  congestion  de  la  face,  sans  mots,  mais  non  sans  paroles, 
et  le  tremblement  des  lèvres^  P.  Keraval. 

XXII.  Nouvelles  observations  sur  l'éreuthophobie  anxieuse;  pr 
W.  oE  Bechterew.  {Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Observation  L  —  Jeune  homme  de  vingt-six  ans,  d'assez  bonne 


RBVUB   DE   PATHOLOGIE    MENTALE.  4iJ3 

coDSlitulion,  d'une  nutrition  modérée.  Mère  nerveuse.  De  dix  à 
vingt  ans  onanisme.  C'est  depuis  cette  époque  qu'il  lui  semble  que 
toute  personne  qui  le  fixe  devine  qu'il  se  masturbe  ;  il  en  es^ 
confus  et  rougit.  Cette  émotion  n*a  lieu  que  devant  le  monde  ^ 
même  dans  l'obscurité;  dès  qu'il  la  sent  venir,  pour  cacher  sa  rou- 
geur,  il  sort  et  rentre  quand  cela  est  passé.  Quelquefois,  seul,  il  se 
sent  rougir  à  l'évocation  de  ce  qui  a  lieu  quand  il  est  en  société.  It 
a  donc  Tappréhension  anxieuse  de  cette  émotivité,  qui  suffit  pour 
la  provoquer.  Quantité  d'autres  sensations  neurasthéniques.  Sous 
rinfluence  du  bromure  et  de  la  codéine,  ce  malade  s'est  amélioré  ; 
il  a  refusé  la  suggestion  hypnotique. 

Observation  II.  —  C'est  une  consultation  par  lettre  d*un  homme 
de  trente-quatre  ans  de  New- York,  qui  explique  qu'il  rougit  en 
société  dès  qu'il  attire  l'attention  de  beaucoup  de  personnes  ;  il 
redoute  donc  les  gens  qu'il  ne  connaît  pas  et  le  monde  de  peur  de 
rougir.  Cette  appréhension  est  particulièrement  marquée  lorsque 
le  temps  est  sombre  et  mauvais.  Quelques  verres  de  vin  et  de 
cognac  dissipent  l'angoisse  et  la  rougeur.  P.  Kerayal. 

XXIII.  Contribution  a  la  casuistique  de  la  perversion  sexuelle; 

par  P.  RosENBACH.  (Neurolog.  CentraWL,  XVI,  1897.) 

Jeune  homme  de  dix-neuf  ans.  Tare  héréditaire,  consanguinité 
des  générateurs,  conditions  défavorables  de  la  conception.  Débilité 
intellectuelle  :  émoussement  du  sens  moral  ;  accidents  neuras- 
théniques. Homosexualité  ;  rapprochements  non  pédérastiques; 
dégoût  du  corps  de  la  femme.  L'odeur  de  l'urine  étrangère,  même 
en  décomposition  ou  chaude,  dont  il  se  parfume  et  qu'il  déguste 
dans  sa  bouche,  excite  chez  lui  l'orgasme  vénérien  ;  il  prend  de 
l'urine  d'homme  ou  faute  de  mieux,  de  l'urine  de  femme  (maso- 
chisme larvé).  L'excitation  sexuelle  naît  aussi  de  la  vue  ou  de  l'idée 
d'un  wagon  qui  déraille.  Il  s'en  allait  placer  des  pierres  sur  les  rails 
pour  produire  ce  stimulus  ;  au  moment  où  le  wagon  était  soulevé 
par  Tobstacle,  il  ressentait  l'excitation  sexuelle  et  entrait  en  érec- 
tion, soit  qu'il  vit  la  chose,  soit  qu'il  fût  dans  le  wagon  soulevé.  Le 
même  phénomène  a  lieu  en  présence  de  l'urine  féminine,  des 
linges  sales  de  femmes,  mais  le  corps  de  la  femme  provoque  de  la 
répulsion  chez  lui,  de  même  que  l'idée  d'un  commerce  charnel 
avec  elle,  parce  que  cela  serait  normal.  P.  Keraval. 

XXIV.  État  o'obnubilation  avec  amnésie^  suite  de  commotion  céré- 
brale  LÊGBRB,   PRODUIT  PAR   UN  COUP  VIOLENT    PORTE  SUR   LA  VACE  ; 

par  p.  Nœcke.  (Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Frappé  à  la  figure,  la  main  à  plat,  par  un  aliéné,  d'un  coup  trèi 
violent,  M.  Nœcke  tomba  et  perdit  connaissance  momentanément. 


484  RBVUB  DB  PATHOLOOIB  MBNTALB. 

Aucune  blessure,  aucune  trace  de  blessure,  mais  ébranlement  de 
deux  incisives  déjà  peu  solides.  Donc,  commotion  cérébrale  indi- 
recte, caractérisée  par  une  première  inconscience  de  courte  durée. 
Pendant  les  dix  à  quinze  minutes  suivantes,  en  regagnant  son 
appartement,  M  Nœcke  exécuta  machinalement  des  actes  assez 
compliqués  et  il  resta  obnubilé,  sans  conserver  la  mémoire  de 
ce  qui  s'était  passé.  Pendant  toute  la  journée,  il  fut  en  proie  à  une 
torpeur  cérébrale  légère  qui  gêna  le  jeu  de  la  mémoire  et  lui 
rendit  difficiles  des  travaux  qui  n'étaient  pas  dans  le  courant  ordi- 
naire de  sa  vie  ;  tête  lourde,  sensation  de  pression  sur  le  front, 
mais  pas  davantage.  Ce  jour.-là  et  le  lendemain,  impossible,  en 
dépit  de  l'attention  et  de  la  réflexion,  de  reprendre  le  fil  de  ses 
pensées  décousues.  Cette  note  a  été  rédigée  par  lui  sur-le-champ. 
Etude  critique  et  bibliographique  corrélative.  P.  Kbraval. 

XXV.  Ors  relahons  qui  BxrsTSNT  entre  le  tic  oiNéRAL  et  les  obses- 
sions ;  par  G.  Flatau.  (Centralbl.  f.  Nervenkeilk,  XX,  N.  F.,  viii, 
1897.) 

Trois  observations.  Dans  les  observations  I  et  III,  la  mère  des 
malades  était  atteinte  d'obsession  tandis  que  les  malades  étaient 
impulsifs.  Dans  l'observation  II,  les  ascendants  (sœurdelamèreet 
son  fils)  étaient  afi'ectés  de  tic  généralisé,  le  malade  était  obsédé. 
Donc  ces  deux  espèces  de  troubles  se  suppléent.  S.  Freud,  de  son 
cÂté,dans  sa  traduction  de  la  policlinique  de  Charcot,  raconte  avoir 
vu  un  malade  de  vingt-trois  ans  qui  entre  huit  et  quinze  ans  avait 
eu  des  tics  ;  dès  l'âge  de  douze  ans  apparaissaient  des  obsessions 
remplaçant  peu  à  peu  les  tics  disparus  depuis.  P.  Kebaval. 

XXVI.  Observations  cuniques  et  anatomiques  sur  les  démences  post- 
apoplectiques  ;  par  MiNGAZziNi.  {Riv.  sp.  difren.^  fasc.  3, 1897.) 

XX VII.   Sur  le  RÉTRÉassEucNT  pupillaire  chez  les  AuéiiÉs; 
par  Stefani  et  Morpurgo.  (Atv.  sp.  di  fren»,  fasc.  2,  1897.) 

Le  degré  plus  ou  moins  notable  du  rétrécissement  pupillaire  est 
essentiellement  en  rapport  avec  l'intensité  et  le  développement 
plus  ou  moins  récent  du  trouble  psychique.  J.  S. 

XXVI II.  La  démence  paralytique  chez  les  imbéciles  ;  par  Copellehi. 

(Rtv.  sp.  di  fren.f  fasc.  3, 1897.) 

XXIX.  Examen  des  caractères  anormaux  somatiques  et  fonctionnels 

DANS  les  cas  DE  DÉGÉNÉRESCENCE  PHYSIQUE  ET  d'aRRÈT  DE  DÉVELOPPE- 
MENT MENTAL  AVEC  béridité  pellagreuse  ;  par  Morpurgo.  (Riv.  sp. 
difren,,  fasc.  3,  1897.) 


RBVUB   D*ANAT0M1B  ET  DE  PHYSIOLOOIS  PATHOLOGIQUES.      485 

XXX.  Un  cas  de  vagaboroage  mystique  ;  par  Donati.  {Riv,  sp.  di 
fren.  1897,  fasc.  1.) 

Observation  d'un  individu  qui  dans  les  premiers  temps  de  Tère 
chrétienne  et  au  moyen  âge  eût  été  considéré  comme  un  saint  et 
qui  aujourd'hui  encore,  dans  certains  miJieux,  eût  passé  pour  tel 
tandis  que  dans  d'autres  il  eût  été  regardé  comme  un  agitateur 
public.  En  réalité,  Texamen  psychique  et  anthropologique  lui 
assigne  sa  place  dans  la  grande  classe  des  dégénérés^  parmi  ces 
vagabonds  de  sens  moral  faible,  chez  lesquels  un  mysticisme  exa- 
géré donne  une  forme  spéciale  au  délire  ambulatoire  dont  ils  sont 
possédés.  J.  SioLÀs. 


REVUE   D'ANATOMIK  ET  DE  PHYSIOLOGIE 
PATHOLOGIQUES. 


XXX H.  Contribution  a  l'étude  des  localisations  des  noyaux  moteurs 
DANS  LA  moelle  épinibre  ;  par  le  D^  Marinesco. 

Continuant  ses  intéressantes  recherches  sur  Tapplication  à 
l'étude  des  origines  nerveuses^  de  la  réaction  qui  se  produit  dans  la 
cellule  nerveuse,  après  la  section  de  son  cylindraxe,  l'auteur  tire 
de  son  présent  travail  les  conclusions  suivantes  :  i^'  la  solution  de 
continuité  d'un  nerf  spinal  pratiqué  dans  certaines  conditions 
suffit  à  elle-même  pour  produire  la  chromatolyse  qui  caractérise  les 
sections  nerveuses  ;  2^^  cette  réaction  ainsi  prodiiite  peut  servir  à 
déterminer  la  topographie  des  noyaux  des  nerfs  médullaires; 
3^  habituellement,  chaque  nerf  tire  ses  origines  d'un  noyau  prin- 
cipal et  des  noyaux  accessoires  ;  le  noyau  principal  constitue  une 
masse  bien  circonscrite,  excepté  pour  le  médian  et  le  cubital  qui 
ont  un  noyau  principal  commun  ;  4°  chaque  nerf  spinal  tire  ses 
origines  de  plusieurs  segments  médullaires  deux,  trois  et  môme 
davantage.  (Revue  neurologique,  juillet  1898.)  E.  B. 

XX XIII.  Recherches  sur  l'action  simultanée  des  toxines  diphtârique 
et  streptococcique  sur  le  système  nerveux  DES  cobayes  ;  par  le 

D*"  MOURAVIEPF. 

Les  propriétés  pathogènes  des  toxines  diphtériques  et  strepto- 
cocciques,  soushien  des  rapports,  sont  d'une  action  opposée  sur  le 


486    REVUE  d'anatomie  et  de  physiologie  pathologiques. 

système  nerveux  des  cobayes.  En  effet  :  1®  c'est  avant  tout  les 
cellules  des  cornes  antérieures  de  la  moelle  qu'attaque,  et  d'uue 
manière  très  sensible,  la  toxine  diphtérique,  tandis  que  les  strep- 
tocoques se  montrent,  à  l'égard  de  ces  mêmes  cellules  beaucoup  plus 
indifférents  et  ne  produisent  que  des  modifications  peu  caracté- 
ristiques ;  2<>  la  toxine  diphtérique  ne  modifie  la  substance  blanche 
de  la  moelle  que  dans  des  cas  exceptionnels,  alors  que  la  toxine 
streptococcique  la  modifie  invariablement  ;  3®  à  la  suite  de  Tinjec- 
tion  de  la  toxine  diphtérique,  il  se  développe  avec  le  temps  une 
névrite  dans  les  nerfs  périphériques; le  streptocoque,  au  contraire, 
n'amène  aucune  dégénérescence  dans  les  nerfs  périphériques, 
mais  provoque  des  modifications  dans  le  prolongement  central  des 
cellules  des  ganglions  intervertébraux  ;  4"^  la  toxine  diphtérique 
aL'it  sur  les  fibres  nerveuses  principalement,  paraît-il,  par  l'inter- 
médiaire des  modifications  qu'elle  amène  dans  les  cellules,  tandis 
que  le  streptocoque  les  attaque  directement  en  y  provoquant  des 
lésions  toutes  particulières. 

Après  avoir  étudié  l'action  isolée  de  ces  deux  agents  pathogènes, 
l'auteur,  dans  le  présent  mémoire,  complète  ses  recherches  par 
l'étude  minutieuse  de  leur  effet  en  commun. 

D'une  manière  générale,  on  peut  dire  que  l'effet  pathogène  de 
l'action  combinée  des  toxines  diphtérique  et  streptoccique  sur  le 
système  nerveux  des  cobayes  égale  les  sommes  des  effets  isolés  de 
ces  deux  facteurs. 

En  ce  qui  regarde  la  technique  microscopique,  l'auteur  estime 
que  dans  les  cas  concernant  des  maladies  infectieuses  la  méthode 
formol-méthylène,  qu'il  emploie  et  dont  il  donne  le  résumé,  peut 
rendre  des  services  qu'on  attendrait  vainement  d'autres  procédés. 
{Revue  neurologique^  juillet  1898.)  E.  Blin. 

XXXIV.    Sua    LES    DIFFORMITÉS   CONGÉNITALES    DU    CERVEAU   DANS  LECRS 
RAPPORTS  AVEC  l'ÉTAT  DES   CKLLULES  NERVEUSES   DE    LA  MOELLE  ;  par 

N.  Solovtzoff.  (iVoMv.  Iconogr,  de  la  Salpélrière,  n°  4898.) 

Trois  cas  d'anencéphalie  ou  plutôt  de  microcéphalie  par  hydren- 
céphalie  interne,  présentant  entre  eux  une  grande  ressemblance. 
Macroscopiquemenl,  le  tronc  cérébral  seul  est  conservé  avec  une 
moelle  allongée,  un  pont  de  varole,  des  tubercules  quadrijumeaux, 
des  couches  optiques  défigurées  ;  absence  presque  absolue  des  hémis- 
phères cérébraux,  inlé^'rité  du  cervelet,  absence  absolue  des  fais- 
ceaux pyramidaux  dans  la  moelle,  avec  atrophie  des  cornes  anté- 
rieures. Microscopiquemeul,  les  cellules  motrices  des  cornes 
antérieures  de  la  moelle  sont  défigurées,  d'aspect  embryonnaire, 
privées  de  chromatine  et  présentent  de  grandes  vacuoles.  L'étude 
de  ces  cas  pathologiques  comparée  avec  celle  de  systèmes  nerveux 
humains  et  normaux  faites  à  divers  âges  de  la  vie  embryonnaire, 


RBVUB  D*ANATOMIB  ET  DB  PHTSIOLOGIB   PATHOLOOIQUBS.      487 

conduit  l*auteur  aux  conclusions  suivantes  :  i^  Le  développement 
de  Ja  cellule  nerveuse  de  la  moelle  épiniëre  est  très  étroitement 
lié  avec  celui  du  prolongement  cylindraxile  de  la  cellule  pyrami- 
dale de  récorce  cérébrale.  Tant  qu*iln*y  a  pas  eu  de  contact  entre 
la  cellule  motrice  de  la  moelle  et  le  prolongement  cylindraxile  de 
la  cellule  pyramidale  de  Técorce  cérébrale,  la  cellule  motrice  de 
la  moelle  ne  possède  que  très  peu  de  grains  de  chromaline  et  le 
protoplasme  consiste  principalement  en  une  substance  acbroma- 
tique  ayant  Taspect  d*un  réseau  (spongioplasme).  —  2^  Les  diffor- 
mités du  cerveau  sont  accompagnées  d*une  absence  des  hémis- 
phères ;  telle  est  la  cause  de  l'arrêt  du  développement  des  cellules 
motrices  de  la  moelle  épinière.  Ces  dernières  restent  dans  un  état 
de  développement  embryonnaire.  R.  C. 

XXXV.  Sur  LES  effets  de  l'extirpation  des  capsules  surrénales  chez 
LE  CHiEi^.  Recherches  expérimentales;  par  le  D'  Luigi  Soddu. 
{Lo  Sperimentale,  n®  2,  1898.) 

Malgré  les  nombreuses  recherches  entreprises  depuis  quelques 
années  sur  la  fonction  des  capsules  surrénales,  particulièrement 
dans  ses  rapports  avec  Téliologie  de  la  maladie  (VAddUony  la  ques- 
tion est  loin  d'être  résolue.  L'auteur  fait  un  exposé  complet  de 
toutes  ces  recherches,  depuis  les  mémorables  expériences  de  Brown- 
Sequard,  établissant  que  le  système  capsulaire  est  indispensable  à 
la  vie  et  que  la  décapsulation  complète  entraîne  rapidement  la 
mort,  jusqu'à  celles  récentes  de  Lo  Ré  affirmant  que  des  chiens 
ont  survécu  à  la  décapsulation  complète.  Il  met  en  présence  les 
opinions  contradictoires  qui  expliquent  les  troubles  mortels  consé- 
cutifs à  l'extirpation  double  (traumatisme  opératoire,  accumulation 
de  pigment  dans  les  capillaires  cérébraux,  lésion  du  sympathique, 
auto-intoxication).  Deux  théories  s'en  dégagent  :  théorie  nerveuse 
et  théorie  de  l'intoxication  qui,  malgré  leur  valeur  expérimentale, 
laissent  d'ailleurs  le  problème  irrésolu  et  particulièrement  em- 
brouillé, puisque  les  expérimentateurs  n'ont  pas  encore  pu  se 
mettre  d'accord  sur  ce  point  primordial  :  l'appareil  surrénal  cons- 
titue*t-il  un  organe  nécessaire  à  la  vie  ?  L'auteur  a  voulu  reprendre 
la  question  à  sa  base  et  toutes  ses  expériences  ont  été  établies  eu 
vue  d'éclaircir  ces  deux  problèmes  fondamentaux  :  !<"  étant  donné 
une  espèce  animale  déterminée,  les  capsules  surrénales  sont-elles, 
pour  cette  espèce,  des  organes  absolument  indispensables  à  l'exis- 
tence, et,  dans  l'affirmation,  la  fonction  de  ces  organes  (quelle 
qu'elle  soit)  dépend-t-elle  de  l'intégrité  des  organes  ou  seulement 
de  la  conservation  d'une  portion  de  ces  organes  ;  fi9  étant  donné 
que  Tablatiou  totale  ou  partielle  de  l'appareil  capsulaire  entraîne 
la  mort  pour  une  espèce  animale  déterminée,  quelle  est  la  cause 
déterminante  de  cette  mort  ?  La  mort  est*elle  le  fait  de  la  suppres- 


488      RBVUB   D*ANATOMIB  BT   DB   PHTSIOLOOIB  PATHOLOGIQUES. 

sien  de  la  fonction  capsulaire  ou  de  la  lésion  opératoire  inévitable 
du  sympathique  ?  Pour  répondre  à  la  première  partie  du  premier 
problème,  Tauteur  a  pratiqué  une  série  d'expériences  portant  sur 
16  chiens  (série  A,  ablation  bilatérale  complète  et  en  deux  temps 
des  capsules  surrénales).  La  survie  des  animaux  à  la  deuxième  opé- 
ration a  varié  de  trois  heures  à  vingt-six  heures  (moyenne,  hait 
heures).  Ces  résultats  permetteut  d'affirmer  que  chez  le  chien  l'ap- 
pareil surrénal  est  indispensable  au  maintien  de  la  vie.  —Neuf chiens 
ayant  subi  Tablatlon  de  la  totalité  d'une  capsule  et  d'une  portion 
de  l'autre  capsule,  variant  de  un  tiers  à  (leux  tiers,  ont  toussurf)écu 
après  une  indisposition  de  quelques  jours,  d*où  l'auteur  se  croit 
autorisé  à  conclure  qu'une  portion  même  très  peu  considérable  d'une 
seule  capsule  surrénale  suffit  au  maintien  de  la  vie  (série  B,  décap- 
sulation  partielle.  Réponse  à  la  deuxième  partie  du  premier  pro- 
blème). —  Dans  une  troisième  série  d'expériences  (série  G,<  Maneg- 
gio  >),  l'auteur  a  fait  subir  à  huit  chiens  une  opération  qu'il  désigne 
sous  le  nom  de  <  mane^gio  »  et  qui  consiste  à  isoler  successivement 
les  capsules  surrénales,  à  l'aide  du  manuel  opératoire  suivi  pour 
l'abialion  bilatérale,  et  à  ne  respecter  qu'un  très  mince  pédicule 
contenant  quelques  vaisseaux  ;  cette  ingénieuse  manœuvre  (maneg- 
gio)  ayant  pour  résultat  de  produire  des  désordres  au  moins  égaux 
à  ceux  de  l'ablation  totale.  Aucun  des  chiens  soumis  à  cette  expé- 
rience o'a  succombé  et  tous  ont  repris  leur  embonpoint  après 
quelques  jours  d'abattement,  ce  qui  semble  bien  démontrer  que 
la  mort  des  animaux  décapsulés  nest  pas  due  aux  lésions  nerveuses 
périphériques,  mais  bien  à  la  suppression  de  Vappareil  capsulaire. 
(Réponse  au  deuxième  problème.)  —  Les  résultats  d'une  quatrième 
série  d'expériences  (série  D,  transfusion  réciproque  et  substitution 
sanguine  à  l'aide  de  solutions  physiologiques),  dans  laquelle 
huit  chiens  décapsulés  soumis  aussitôt  après  l'opération  à  la  Iranf- 
fusion  sanguine  réciproque,  ou  à  la  substitution  sanguine  par  le 
sérum  artificiel,  ont  présenté  une  survie  moyenne  de  treize  et  dii- 
huit  heures  (au  lieu  de  huit  heures  seulement  dans  la  décapsula- 
tion  totale  pure  et  simple),  permettent  de  conclure  que  la  suppres- 
sion du  travail  bio-chimique  capsulaire  entraine  une  altération  qua- 
litative du  sang, 

Paut-il,  pour  ce  qui  regarde  l'étiologie  de  la  maladie  d'Addisorif 
proclamer,  sur  la  foi  des  résultats  qui  précèdent,  la  ruine  de  la 
théorie  nerveuse  et  le  triomphe  de  la  théorie  de  r auto- intoxication  f 
L'auteur  ne  le  pense  pas,  et  pour  lui  Tantagonisme,  généralement 
admis  entre  ces  deux  théories,  n'£st  qu'apparent.  L'influence  du 
traumatisme  opératoire  sur  le  sympathique  semble  réellement 
nulle,  d'après  les  expériences  citées  plus  haut  ;  il  ne  reste  donc 
plus  à  considérer  que  deux  hypothèses  :  A,  celle  qui  attribue  à  la 
capsule  une. arlion  dépurative  sur  le  sang;  B,  celle  qui  regarde 
celle  action  comme  stimulante  du  système  sympathique.  Mais  ces 


RBVUB   D'aNATOMIE   ET   DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES.      489 

deux  actions  peuvent  coexister  et  coexistent  très  probablement,  de 
sorte.que  la  question  —  en  dernière  analyse  —  se  ramène  à  voir 
lequel  des  deux  faits  est  primitif  :  Taltération  du  système  sympa- 
thique ou  l'intoxication  du  sang.  Il  serait  donc  plus  exact  et  plus 
logique  d'établir  la  distinction  entre  une  théorie  capsulaire  et  une 
théorie  nerveuse;  la  première  plaçant  à  la  base  de  rétiologie  de  la 
maladie  la  lésion  capsulaire,  cause  immédiate  de  Tauto-intoxica- 
tion  ;  la  deuxième  supposant,  avant  toute  intervention  capsulaire 
un  trouble  primitif  du  système  sympathique  de  cause  inconnue. 
Mais  si  ces  deux  théories  peuvent  être  soutenues  dans  le  domaine 
clinique,  l'expérimentation  ne  permet  d'admettre  que  la  théorie 
capsulaire.  Si  Ton  peut  considérer  comme  certain  que,  chez  les 
chiens  décapsulés,  les  symptômes  morbides  et  la  mort  sont  dus  à 
la  suppression  de  la  fonction  capsulaire  et  que  cette  suppression 
entraîne  Taccumulation  rapide  de  substances  toxiques  dans  le  sang; 
il  reste  à  déterminer  la  nature  de  ces  substances,  leur  provenance, 
leur  action  directe  sur  les  divers  organes  et  le  mécanisme  intime 
de  l'action  protectrice  de  Tappareil  capsulaire,  toutes  questions 
dont  rétude,  par  des  méthodes  variées  et  sur  des  espèces  animales 
différentes,  doit  être  du  plus  haut  intérêt.  L'auteur  termine  son 
substantiel  mémoire  par  l'annonce  de  nouvelles  recherches  sur  les 
animaux  herbivores.  R.  Gharon. 

XXXVI.    ReCHBRCHSS  sur   l'hISTOLOGIB   fine  des  cellules   du   SYSTEME 

SYMPATHIQUE  ;  par  le  B'  G.  Marinesco. 

Le  type  principal  de  cellule  nerveuse  qui  domine  dans  les  gan- 
glions sympathiques  de  l'homme  est  celui  qui  est  représenté  par 
des  cellules  à  noyau  excentrique,  avec  partie  centrale  de  la  cellule 
privée  des  éléments  chromatophiles,  lesquels  se  déposent  surtout 
à  la  périphérie  de  la  cellule.  Le  spongioplasma  offre  un  réseau  à 
mailles  plus  ou  moins  denses  dans  lesquelles  il  existe  une  substance 
fondamentale  d'un  pouvoir  tinctorial  variable.  (Revue  neurolo- 
gique, avril  1898.)  E.  B. 

XXX VU.  Contribution  a  l'étude  dbs  dégénérescences  propagées  et 

EN  particulier  DES  ALTÉRATIONS   DES   CORDONS  POSTERIEURS  CONSECU- 
TIVES AUX  LÉSIONS  EN  FOYER  DE  l'encéphalk  ;  par  le  D''  Dorante. 

Dans  les  quatre  observations  rapportées  par  Fauteur,  il  s'agit 
d'altérations  systématisées  des  voies  sensitives  bulbo-protubéran- 
lielles  et  des  cordons  postérieurs  coïncidant  avec  des  lésions  en 
foyer  siégeant  soit  dans  Técorce,  soit  dans  les  noyaux  gris  centraux. 
Ces  lésions  vont  en  décroissant  à  mesure  qu'on  s'éloigne  de  leur 
point  de  départ  encéphalique:  l'intégrité  des  racines  et  de  la  subs- 
tance grise,  riutégrité  du  faisceau  de  Burdach  particulièrement 


490     RBVUB  d'anatomib  et  db  physiologie  pathologiques. 

dans  sa  partie  externe  n'autorisent  guère  à  interpréter  la  lésion  des 
cordons  postérieurs  comme  secondaire,  boit  à  une  affection  des 
ganglions  spinaux  ou  des  racines  postérieures,  soit  à  de  la  poJyo- 
myélite.  La  nature  enfîn  de  ces  altérations  apporte  une  nouvelle 
preuve  en  faveur  de  leur  origine  cérébrale,  car  il  s'agit  uniquement 
d'une  altération  ou  d'une  disparition  plus  ou  moins  complète  de  la 
myéline  avec  conservation  des  cylindraxes. 

De  par  ces  caractères  histologiques,  cette  lésion  des  cordons  pos- 
térieurs s'éloigne  des  dégénérescences  secondaires  wallériennes  et 
se  rapproche  au  contraire  de  ce  que  Ton  a  décrit  sous  le  terme 
assez  impropre  du  reste,  de  dégénérescence  rétrograde,  car  il  s'agit 
bien  plutôt  d'une  «  atrophie  >  par  désagrégation  moléculaire  assez 
différente  de  la  dégénérescence  wallérienne. 

Celte  atrophie  rétrograde  propagée  des  voies  cérébro-spinales 
scnsitives  est  moins  exceptionnelle  que  Ton  serait  tenté  de  le  croire 
puisque  l'auteur  en  a  relevé  vingt-trois  exemples  épars  sous  diffé- 
rents titres  dans  la  littérature  et  diversement  interprétés  parleur» 
auteurs.  Cette  propagation  peut  s'étendre  plus  ou  moins  loin,  s'ar- 
rêter dans  la  région  cervicale  ou  descendre  jusque  dans  la  région 
lombaire,  intéresser  tous  les  cordons  postérieurs  ou  se  limiter  à 
tout  ou  partie  des  cordons  de  Burdach  ou  de  GoU  ;  enfîn,  généra- 
lement bilatérale,  elle  pourrait  être  croisée  par  rapport  à  la  lésion 
cérébrale.  Ces  variations  dépendent  du  siège  et  de  l'étendue  du 
foyer  primitif  :  pour  ce  qui  est  de  l'écorce,  plus  le  foyer  siège  en 
arrière,  plus  les  cordons  postérieurs  sont  fortement  atteints.  Ce 
sont  surtout  les  lésions  du  lobe  occipital  puis  celles  du  lobe  pariétal 
inférieur  qui  déterminent  la  sclérose  la  plus  intense  des  faisceaux 
de  Burdach  et  de  Coll. 

L'étude  des  lésions  du  nerf,  leur  apparition  relativement  tardive 
permettent  de  regarder  l'atrophie  rétrograde  comme  une  lésion 
non  pas  d'origine  cellulaire,  mais  au  contraire  cellulipète. 

La  propagation  de  l'atrophie  rétrograde  d'un  neurone  à  un  autre 
neurone  explique  certains  phénomènes  complexes:  dans  le  domaine 
moteur,  au  moins  une  partie  des  faits  publiés  sous  le  titre  de  sclé- 
rose latérale  amyolrophique,  semblent  relever  d'une  lésion  ascen- 
dante du  faisceau  pyramidal  cpnsécutive  à  une  affection  des  cellules 
des  cornes  antérieures;  quant  au  tabès  spasmodique,  lorsque  l'al- 
tération du  faisceau  pyramidal  ne  dépasse  pas  le  bulbe  et  que  rien 
ne  permet  de  l'attribuer  à  une  affection  cérébrale,  il  reproduit  ce 
que  l'on  a  observé  dans  la  dégénérescence  ascendante  des  voies 
motrices  et  peut-être  y  peut-on  voir  une  dégénérescence  rétrograde 
de  ce  faisceau  consécutiveà  une  altération  légère  ou  passagère  des 
cellules  des  cornes  antérieures. 

Dans  le  domaine  sensilif,  on  vient  de  voir  qu'une  dégénérescence 
systématisée  des  cordons  postérieurs  peut  se  montrer  consécutive- 
ment à  une  affection  localisée  do  l'encéphale  ou  du  bulbe,  et  ces 


RBVUB   D*ANATOMIB   ET  DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES.      491 

données  peuvent  servir  de  point  de  départ  pour  de  nouvelles  recher- 
ches relatives  à  la  grande  classe  encore  obscure  desalTections  tabè- 
tiformes  {Revue  neurologique,  juin  1898.)  E.  B. 

XXXVIII.  Recherches  sub  le  trajet  intramédullaire  des  racines 
POSTÉRIEURES  ;  par  Brian  et  Bonne. 

Les  conclusions  des  auteurs  sont  les  suivantes  : 

1.  La  section  des  racines  postérieures  est  suivie  dans  la  moelle 
d'une  double  dégénération.  i«  Une  dégéné ration  portant  :  a)  sur 
les  fibres  mômes  des  racines  et  qui  d*abord  disséminée  dans  tout 
le  cordon  postérieur  du  môme  côté  se  cantonne  progressivement 
dans  la  partie  postéro-in terne  de  ce  cordon  jusqu'au  noyau  de  GoU 
à  partir  duquel  elle  cesse;  6)  sur  les  collatérales  issues  de  ces 
fibres,  collatérales  qui  d'abord  assez  volumineuses  pour  laisser  dans 
la  substance  grise  des  traces  directes  ou  indirectes  de  leur  dégéné- 
ration, ne  peuvent  plus  être  suivies  à  partir  de  trois  espaces  environ 
au-dessus  de  la  racine  sectionnée.  2^  Une  dégénération  aberrante 
et  qui  peut  occuper  tout  le  champ  de  la  substance  blanche.  Elle  se 
distingue  de  la  première  en  ce  qu'elle  est  plus  tardive,  moins  régu- 
lière, beaucoup  moins  étendue  en  hauteur.  Il  y  a  donc  intérêt  à 
les  différencier  sous  les  termes  de  principale  et  aberrante. 

2.  La  dégénération  aberrante  porte  sur  des  fibres  endogènes  ou 
commissurales  :  toutes  les  fibres  directes  des  racines  postérieures 
sont  parquées  dans  le  cordon  postérieur  et  la  zone  de  Lissauer  du 
môme  côté. 

3.  il  n'y  a  pas  de  voie  directe  allant  des  ganglions  spinaux 
(racines  postérieures)  au  cervelet. 

4.  Il  n'existe  pas  de  fibres  passant  directement  des  racines  pos- 
térieures aux  antérieures.  La  dégénération  partielle  de  celles-ci 
après  section  des  premières  doit  être  considérée  comme  étant  de 
môme  nature  que  celle  des  fibres  commissurales,  c'est-à-dire  ter- 
tiaire .  (Revtte  neurologique,  mai  1898.)  E.  B. 

XXXIX.  De  l'importance  fonctionnelle  du  corps  cellulaire  du 
NEURONE  ;  par  C.  Pugnat. 

Gajal,  dans  son  livre  sur  le  système  nerveux  de  Thomme  et  des 
vertébrés,  s'est  expliqué  très  catégoriquement  sur  le  rôle  du  corps 
cellulaire  :  «  En  considérant  attentivement  la  signification  physio- 
logique du  corps  cellulaire,  dit-il,  on  arrive  à  la  conviction  que 
celui-ci  ne  représente  autre  chose  que  le  point  de  convergence  des 
expansions  protoplasmiques  à  l'origine  du  cylindraxe.  > 

Cajal  ajoute  que  le  corps  cellulaire  c  n'est,  en  dernière  analyse, 
qu'un  segment  de  conducteur  ».  Or,  le  corps  cellulaire  n'est  pas 
seulement  <  un  segment  do  conducteur  >,  il  est  aussi  le  véritable 
centre  génétique,  trophique  et  fonctionnel  du  neurone. 


492      RBVUB   d'aNATOMIB   et   DB   PHYSIOLOOIB   PATH0L06IQUBS. 

Centre  génétique,  le  corps  cellulaire  Test  indisculablemeDt; 
n'est-ce  pas  lui  qui,  dans  Tontogénèse  comme  dans  la  phylogénèse 
apparaît  le  premier?  n'est-ce  pas  de  lui  que  proviennent  ensuite 
ces  prolongements  qui,  dans  la  nouvelle  théorie,  ne  constitueraient 
que  la  seule  partie  importante  du  neurone? 

L'histogenèse  nous  enseigne  que  le  corps  cellulaire  ne  résulte  pas 
de  la  fusion  des  prolongements  protoplasmiques,  puisquMl  apparaît 
antérieurement  à  eux  ;  de  môme,  physiologiquement  parlant,  le 
corps  cellulaire  a  une  tout  autre  importance  que  celle  qu'on  veut 
bien  lui  accorder. 

Et  d*abord  le  corps  cellulaire  grâce  au  noyau  qu*il  contient 
exerce  une  action  trophique  sur  tous  les  prolongements  qui  partent 
de  lui. 

De  plus  le  corps  cellulaire  du  neurone  des  ganglions  spinaux  est 
volumineux  parce  qu'il  remplit  une  fonction  active,  parce  que  les 
ondes  nerveuses  le  traversent,  s'y  modifient  peut-être,  et  Pexistcnce 
d'une  grande  quantité  de  substance  chromatique  est  une  consé- 
quence môme  de  cette  fonction. 

Mais  il  a  encore  d'autres  fonctions  à  remplir  :  il  ne  conduit  pas 
seulement  les  ondes  nerveuses  mais  encore  il  les  transforme;  les 
modalités  de  sa  structure  sont  à  la  base  de  la  multiplicité  des  réac- 
tions que  présentent  les  différentes  espèces  de  cellules  nerveuses. 

L'excitation  d'un  neurone  des  centres  corticaux  est  toujours 
suivie  d'une  réaction  spécifique  :  comment  donc  expliquer  les  mo- 
dalités des  diverses  sensations,  si  Ton  admet  que  le  corps  cellulaire 
n'est  qu'un  simple  conducteur? 

Le  neurone,  unité  cellulaire  nerveuse,  possède  des  conducteurs, 
les  prolongements  cylindraxiles  et  protoplasmiques^  mais  il  pos- 
sède aussi  un  centre  génétique,  trophique  et  fonctionnel,  et  ce 
centre  n'est  autre  que  le  corps  cellulaire  (Revue  neurologique^ 
mars  1898.)  E.  B. 

XL.  L'origine  du  facjal  supérieur;  par  le  D**  Marin esco. 

Sur  des  coupes  sériées  pratiquées  sur  toute  l'étendue  du  nojaa 
facial,  l'auteur  a  constaté  qu'au  point  de  vue  de  leur  structure  le 
noyau  externe  et  le  noyau  médian  se  ressemblent,  c'est-à-dire 
qu'ils  sont  composés  de  cellules  multipolaires  grandes,  analogues 
à  celles  des  autres  noyaux  moteurs  et  que,  par  contre,  le  noyau 
interne  est  composé  de   petites  cellules  polymorphes. 

Le  noyau  facial,  tout  au  moins  dans  sa  partie  moyenne,  est 
donc  un  noyau  complexe,  contenant  plusieurs  types  cellulaires. 

Après  la  section  chez  le  chien  du  nerf  facial  supérieur,  on 
constate  une  réaction  très  manifeste  dans  l'extrémité  inférieure 
du  nuyau  du  facial,  réaction  diminuant  à  mesure  qu'on  se  rap- 
proche de    rcxlrémité  supérieure.  On  pourrait  conclure  de  celte 


REVUE   d'aNATOMIB   ET   DE    PHYSIOLOGIE    PATHOLOGIQUES.      493 

expérience  que  Torigine  du  facial  supérieur,  tout  au  moins  chez 
le  chien,  se  trouve  dans  Je  noyau  commun  du  facial.  De  plus,  le 
noyau  du  moteur  oculaire  externe  reste  intact  :  donc  il  n*a  rien  à 
faire  avec  cette  branche. 

Lorsqu*on  coupe  le  facial  inférieur^  les  phénomènes  de  réaction 
se  passent  dans  le  groupe  externe  du  noyau  facial. 

Les  dififérents  noyaux  secondaires  qui  constituent  le  noyau 
commun  du  facial  sont  donc  affectés  à  l'innervation  des  différents 
territoires  musculaires  de  la  face. 

L'auteur,  dans  un  prochain  travail,  étudiera  les  fonctions  du 
noyau  à  cellules  polymorphes  du  facial.  {Revue  neurologique^  jan- 
vier 1898.)  E.  B. 

XLL  Contribution  clinique  et  anatomiquk  a  l'étude  du  cysticerque 
DU  CERVEAU  HUMAIN;  par  GioNNi.(Rîv.  sp.diY»*en.,fasc.IlI,  1897.) 

XLU.  Recherches  sur  les  lésions  des  fibres  nerveuses  spinales  dans 
les  psycuo-nbvroses  AiGUiss  et  contribution  anatomique  a  l'étude  de 
LA  paralysie  spinale  spasmodiqub ',  par  DoNAGGio.  (Aiv.  sp^  (lifren., 
fasc.  IV,  J  897.) 

XLIII.  Sua  UN  CAS  DE  sarcome  de  la  fosse  ci^anienne  postérieure  droite 
avec  hydrocéphalie  et  écoulement  du  liquide  céphalo-rachidien 
par  le  nez  ;  par  Campo.  [Riv.  «p.  di  fren.y  fasc.  IV,  1897.) 

XLIV.  Tétanie  par  allaitement  chez  une  chienne  partiellement  para- 
tovroîdectomisée;  par  Vassale.  [Riv,  sp,  dt/'ren.,fasc.  4,  1897.) 

XLV.  Recherches  sur  la  physiologie  de  LÉCRrruRE  ;  par  Osia. 
{Riv.  sp.  di  fren.,  fasc.  III,  1897.) 

XLVl.  De  QUELQUES  ASSOCIATIONS  verbales.  Notes  de  psychologie  indi 
viduelle;  par  Guicciardi  et  Ferrari.  {Riv.  sp.  di  fren.,  fasc.  III, 
1897.) 

XLVII.  Sur  l'étiologib  des  dégénérations  systématiques  de  la  moelle 
épinière;  par  Cbni.  (Rî?>.  sp.  di  fren.^  fasc.  111, 1897.) 

XLVIII.  Les  réflexes  vasculaires  dans  lks  membres  et  dans  le  cer- 
veau DE  l'homme;  par  Patrizi.  {Riv.  sp.  di  fren.,  1897,  fasc.  I.) 

L'auteur  résume  dans  les  conclusions  suivantes  les  résultats  de 
ses  expériences,  entreprises  sur  des  enfants  de  treize  ans  environ. 
Les  réÛexes  vasculaires  chez  l'homme  suivent  les  lois  fondamen- 
tales de  localisation  et  d'irradiation,  reconnues  aux  rétlexes  de  la 
vie  de  relation.  Le  réilexe  vasculaire  localisé  s'accomplit  en  un 


494      RKVUB   d'aNATOMIE   BT  DB    PHYS1OLO0IB  PATHOLOOIQUBS. 

temps  moindre  que  le  réflexe  vascalaire  irradié.  Le  cerreau  ueree 
une  influence  évidente  sur  Tactivité  réflexe  de  la  moelle  épinière, 
même  en  ce  qui  regarde  les  mouvements  réflexes  des  vaisseaux 
sanguins.  Le  temps  de  réflectivité  vasculaire  dans  la  veille,  pour 
des  excitations  sensitives,  est,  pour  Je  bras,  d'environ  trois 
secondes;  pour  la  jambe  d'environ  cinq  secondes.  Le  réflexe  vascu- 
laire du  cerveau  par  stimulus  sensoriel  demande  un  temps  égal  à 
celui  du  réflexe  brachial  pour  la  même  excitation.  Le  sommeil 
produit  dans  le  temps  de  réflectivité  vasculaire  un  grand  retard 
qui  va  en  diminuant  du  cerveau  au  bras  et  est  inappréciable  dans 
les  vaisseaux  du  membre  inférieur.  Les  mouvements  du  sang  dans 
le  cerveau  pendant  le  sommeil,  consécutifs  aux  excitations,  sont 
sans  doute  des  réflexes  actives  et  autonomes.  Le  réflexe  vasculaire 
dans  les  membres  par  stimulus  sensoriels  et  psychiques  s'accom- 
plit en  un  temps  (quatre  secondes  pour  le  bras)  plus  long  que  le 
réflexe  par  excitation  sensitive.  Pour  chaque  sens  excité  il  y  a  uu 
temps  de  réaction  vasculaire.  Certaines  excitations  sensorielles 
sont  moins  capables  que  d'autres  de  provoquer  des  réactions  vaso- 
motrices.  J.  SÉGLAS. 

XLIX.   La  toxicité   de  la   surur  des  épilbptiques;    par  Glemenle 
Caiutto.  {Riv.  sp,  di  fren.y  1897,  fasc.  L) 

La  sueur  des  épileptiques  dans  la  période  prodromique  des 
accès,  injectée  dans  la  circulation,  a,  chez  le  lapin,  une  action 
toxique  manifeste  et  des  propriétés  convulsivantes  marquées.  Les 
propriétés  toxiques  et  convulsivantes  augmentent  à  mesure  que 
I  accès  est  plus  proche  et  durent  dans  la  période  qui  suit  immédia- 
tement le  paroxysme,  en  rapport  avec  la  durée  de  Tétat  post- 
épileptique.  Les  accès  survenus  chez  le  malade  le  jour  précédant 
Texpérience,  n'exercent  pas  d'influence  sur  la  toxicité  de  la  sueur. 
Dans  les  périodes  éloignées  des  accès,  l'action  de  la  sueur  des 
épileptiques  ne  diffère  pas  de  celle  de  la  sueur  de  sujets  sains. 

J.  SÉGLAS. 

L.  Le  calculateur  mental  Zaneboni,  contribution  a  la  psycho- 
logie DRs  mémoires  partielles;  parGuicciARDi  et  Ferrari. (fiiv.  $p. 
di  fren.,  1897,  fasc.  I.) 

LL  La  signification  pathogénique  des  substances  toxiques  dans 
l'urine  des  aliénés;  par  Pellbgrini.  (Riv,  sp.  di  fren,,  fasc.  I, 
1897.) 

Les  urines  des  aliénés  renferment  en  général  un  excès  d'endossil- 
sulfale  de  potasse,  et  sont  plus  toxiques  que  celles  des  individus 
sains.  Dans  une  même  forme  de  maladie  mentale,  le   coefficient 


REVUE   DANATOMIB    ET   DE   PHYSIOLOGIE    PATHOLOGIQUES. 

urotoxique  est  d'autant  plus  élevé  que  les  urines  contiennent  une 
plus  grande  quantité  de  cette  substance,  dont  Taugroentation  dé- 
pend surtout  des  mauvaises  conditions  dans  lesquelles  se  trouve 
chez  les  aliénés  Tappareil  gastro-intestinal.  J.  Séglas. 

LU.  Le  temps  de  réaction  simple  étudié  dans  ses  rapports  avec  la 

COURBE  PLBTHISMOGRAPHIQUE  CÉRÉBBÂLB  ;    par   PATRIZI.  (RÎV.  Sp.    di 

fren,^  fasc.  II,  4897.) 

L*oscillalion  de  l'activité  spécifique  des  cellules  cérébrales  et 
celle  de  la  circulation  du  cerveau  suivent  chacune  une  marche 
propre.  La  fermeté  de  Taltention  se  manifeste  par  une  plus  grande 
rapidité  des  temps  de  réaction,  et  par  une  plus  grande  régularité 
de  la  courbe  psychométrique,  en  même  temps  que  par  des  inéga- 
lités moindres  dans  la  courbe  pléthismographique  du  cerveau. 

J.  Séglas. 

LUI.  Recherches  bactériologiques  sur  le  déure  aigu;  par  Geni. 
(Riv.  sp,  di  fren,,  fasc.  IV,  1897.) 

Dans  la  forme  de  délire  aigu,  qui  correspond  cliniquement  à 
celle  que  Blanchi  et  Piccinino  appellent  délire  aigu  bacillaire,  on 
ne  rencontre  pas  toujours  dans  le  sang  le  bacille  spécifique  qu'ils 
ont  décrit.  Dans  quelques  cas,  en  revanche,  Texamen  bactériolo- 
gique du  sang  ne  fait  que  révéler  la  présence  d'autres  germes  pa- 
thogènes et  spécialement  de  pyogènes  communs.  Gela  peut  faire 
croire  que  si  Ton  doit  admettre  réellement  un  délire  aigu  infec- 
tieux, l'étiologie  n'en  est  pas  unique,  ou,  ce  qui  peut-être  est  plus 
probable^  que  ces  divers  micro-organismes  pathogènes  rencontrés 
dans  le  délire  aigu,  ne  représentent  qu'une  infection  secondaire,  à 
l'occasion  d'origine  intestinale,  et  qu'ils  ne  peuvent  avoir  de 
valeur  éliologique  pour  la  forme  morbide  en  question.     J.  Séglas. 

LIV.  Recherchés  sur  l'origine  réelle  des  nerfs  crâniens  :  le 
NERF  facial;  par  van  Gehuchten.  [Joum.  de  Neurologie,  4898, 
n»«  14  et  15.) 

D'une  série  de  recherches  expérimentales  pratiquées  chez  le 
lapin,  l'autour  conclut  que  toutes  les  fibres  constitutives  du  nerf 
facial  sont  des  fibres  directes  et  que  toutes  ses  fibres  proviennent 
exclusivement  de  la  masse  grise  située  entre  l'olive  supérieure  et  le 
noyau  d'origine  de  la  partie  motrice  du  pneumogastrique. 

Gette  masse  grise  peut  être  décomposée  en  territoires  plus 
petits  dont  chacun  est  en  rapport  avec  des  groupes  musculaires  net- 
tement déterminés  : 

1^  Le  groupe  interne  du  noyau  du  facial  sérail  formé  de  deux 
parties  :  une  partie  externe  en  rapport  avec  les  muscles  auricu- 


496      RBVUB  D'ANATOMIB  BT  DB   PHTSIOLOOIB   PATU0L00IQUB5. 

laires  et  une  partie  inlerne  dont  les  cellules  sont  en  connexion 
avec  les  muscles  que  le  facial  innerve  pendant  son  trajet  dans  le 
canal  de  Fallope  ; 

2"  Le  groupe  postérieur  est  formé  par  les  cellules  d'origine  des 
fibres  du  facial  supérieur; 

3^  Le  groupe  médian  et  le  groupe  externe  représentent  le  novau 
d^origine  des  fibres  du  facial  innervant  tous  les  autres  muscles. 

Toute  la  partie  ventrale  du  noyau  du  facial  représente  donc 
Torigine  du  facial  inférieur,  tandis  que  la  partie  dorsale  seule  de 
ce  noyau  est  l'origine  du  facial  supérieur. 

Ces  dernières  conclusions  ne  s'appliquent  cependant  qu'au  noyau 
d'origine  du  nerf  facial  cbez  le  lapin  ;  elles  ne  doivent  pas  être 
admises  sans  contrôle  pour  le  facial  de  l'homme. 

Il  résulte  enfin  d'une  autre  série  d'expériences  de  M.  van  Gehuchten 
que  les  fibres  sensitives  qui  entrent  dans  la  constitution  du  facial 
ont  leurs  cellules  d'origine  dans  le  ganglion  génicule.  Ces  fibres 
sensitives  appartiennent  donc  au  nerf  intermédiaire  de  Wrisberg, 
qui  devient  ainsi  réellement  la  racine  sensitive  du  nerf  de  la  sep- 
tième paire.  G.  D. 

LV.  Etat   des  béflezes  kt  anatomjr   pathologique  de  la  moille 

LOHBO-SACRÉE    DANS    LES    CAS    DE    PARAPLEGIE    FLASQUE    DUS    A    UNE 

lésion  de  la  moelle  cervico-dorsale  ;   par  M.  van  Gehuchten. 
{Journal  de  Neurologie,  1898,  n®  12.) 

Il  résulte  des  recherches  expérimentales  de  Fauteur  qu'à  la  suite 
d'une  section  complète  de  la  moelle  cervico-dorsale  chez  le  chien, 
la  substance  grise  de  la  moelle  lomho-sacrée  ne  reste  pas  intacte, 
mais  que  toutes  les  cellules  des  cordons  dont  le  cylindraxe  a  été 
sectionné,  sont  envahies  par  la  chromatolyse.  Cette  lésion  de  la 
substance  grise  de  la  moelle  lombo-sacrée  n'est  cependant  pas 
suffisante  pour  expliquer  fabolition  complète  des  réflexes  des 
membres  inférieurs,  puisque  les  cellules  des  ganglions  spinaux  et 
les  cellules  radiculaires  de  la  corne  antérieure  ont  toujours  été 
trouvées  intactes.  L'auteur  admet  que  si  les  mouvements  réflexes 
sont  abolis,  malgré  l'intégrité  des  neurones  sensibles  et  des  neu- 
rones moteurs  périphériques,  c'est  parce  que  le  tonus  normal  des 
cellules  motrices  de  la  moelle  lombo-sacrée  se  trouve  considérable- 
ment affaibli  par  suite  de  la  suspension  d'action  qu'exercent  sur 
elles  les  fibres  provenant  du  cervelet,  du  mésencéphale  et  du  cer- 
veau terminal,  et  cela  quel  que  soit  l'état  de  la  sensibilité.     G.  D. 

LVI.  De  l'influence  des  réactifs  sur  l'excitabiuté  électrique  d'un 
NERF  ISOLÉ;  par  A.  Waller.  {Brain,  part.  LXXVI.) 

Cette  influence  diffère  un  peu  selon  que  l'agent  chimique  agit 
sur  l'extrémité  coupée  seulement,  ou  sur  la  continuité  non  lésée 


RBVUB   d'aNATOMIG   ET   DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES.      497 

du  nerf.  Le  dispositif  de  l'auteur  est  fort  infiénieux  et  les  condi- 
tions expérimentales  constantes.  Pour  chaque  cas  le  nerf  hai;.'ne 
une  nninute  dans  une  solution  au  dixième  de  la  substance  es.^ayée. 
Les  corps  étudiés  dans  celte  nouvelle  série  de  recherches  sont  des 
bromures  (aloïdes),  des  alcaloïdes  et  d'autres  hypnotiques  choisis 
au  hasard,  et  enfin  des  combinaisons  destinées  à  l'étude  des  faits 
d'antagonisme.  Malgré  tout  il  est  difficile  de  fixer  la  part  respec- 
tive de  dépression  ou  d'excilation  de  rélément  basique  ou  de  Télé- 
ment  acide  dans  l'influence  d'un  sel  aloïde.  Par  exemple:  Sr  est 
éminemment  stimulant  alors  que  sa  combinaison  Sr  Br^  est  dépres- 
sive. Les  chlorures  de  Sr  et  de  K  sont  antagonistes  entre  eux  au 
lieu  que  les  bromures  des  mômes  bases  ne  le  sont  pas.  Donc  un 
sel,  soit  âB,  afrit  selon  sa  capacité  de  composé  (ÂB)  et  non  selon 
une  capacité  individuelle  A,  pas  plus  que  selon  une  capacité  indi- 
viduelUe  B.  Il  n'agit  pas  non  plus  selon  la  somme  de  deux  capa- 
cités A  +  B;  mais  l'action  de  B  est  modifiée  par  A  et  réciproque- 
ment, et  selon  qu'un  des  éléments  l'emporte,  son  influence  peut 
prédominer.  En  envoyant  deux  sels  Tun  après  l'autre  ou  ensemble 
au  point  de  vue  des  antagonismes,  on  arrive  à  voir  un  antago- 
nisme faux,  équivalent  à  un  simple  lavage  du  nerf  d'essai  pro- 
duit par  la  substance  arrivant  la  seconde  ;  un  antagonisme  suc- 
cessif survenant  un  certain  temps  après  l'application  du  second 
réactif  ou  même  de  Tensemble  des  deux  ;  et  enfin  un  antagonisme 
immédiat  ou  simultané. 

Pour  les  alcaloïdes  la  solution  est  à  i  p.  100,  l'immersion  dure 
une  minute.  Certaines  de  ces  substances  n'ont  permis  aucune 
conclusion  ferme,  d'autres  au  contraire  en  plus  grand  nombre  ont 
donné  des  résultats  importants.  Quelques-unes,  comme  l'aconiline 
et  Taconine,  d'une  parenté  chimique  et  originelle  étroites,  ont 
donné  sur  le  nerf  isolé  des  résultats  tout  à  fait  différents.  D'autres, 
d'une  constitution  chimique  indéterminée,  comme  la  curarine  ont 
sur  le  nerf  isolé  une  action  physiologique  d'une  précision  et  d'une 
constance  rigoureuses.  D'autres  encore,  comme  la  digitaline,  qui 
revêtent  en  chimie  des  aspects  très  divers  ont  selon  ces  formes  une 
action  spéciale  et  distincte.  Beaucoup  d'alcaloïdes  :  curarine, 
strychnine,  vératrine,  atropine,  hyoscine,  convallamarine,  digita- 
line, gelsémine,  morphine,  cocaïne,  physiostigmine,  etc.,  sont 
étudiées  ainsi  selon  l'unité  de  temps  et  de  concentration,  puis 
reprises  et  comparées  dans  leurs  effets  en  variant  la  durée  d'im- 
mersion et  la  force  de  la  solution.  L'auteur  se  propose  ultérieure- 
ment de  chercher  la  corrélation  des  phénomènes  positifs  et  négatifs 
ainsi  trouvés  avec  la  polarisation  et  la  dépofarisa*tioh  du  nerL  11 
voudrait  les  rattacher  à  la  doctrine  générale  d'assimilation  et  de 
désassimilation  de  la  matière  vivante  qu'il  a  abordée  dans'l'étlide' 
des  phénomènes  rétiniens.  (Wo'ic  Arch/iieuroLy  1890.)      "  ' 

•    F:  BoissiER. 

Archives,  2®  série,  t.  VL  32 


498    REVUB  d'anatomib  et  de  phtsiologib  pathologiques. 

LVII.     Du    TROCSSEAU    SPECIAL    MEDIAN    DES    CORDONS    LATÉRAUX  I 

parW.  DE  Bechterkw.  {Neurolcg,  CentralbL,  XVI,  i897.) 

La  partie  des  cordons  Jatérauz  blancs  cootiguê  à  la  subsUnce 
grise,  ou  couche  limitaole  de  Flechsig,u#s  conlient  pas  de  Gbres  des 
racines  postérieures,  mais,  dans  son  segment  postérieur  existe  le 
trousseau  médian  du  cordon  latéral  décrit  par  moi  en  1894  et  en 
1896.  Ainsi  s'exprime  M.  de  Bechterew.  Les  fibres  de  ce  troasseaa 
86  développent  plus  tard  que  celles  du  trousseau  fondamental,  mais 
plus  tôt  que  celles  des  trousseaux  voisins.  Figures  de  pièces  empruo- 
tées  à  un  fœtus  humain  de  sept  mois,  à  un  fœtus  de  cinq  à  six 
mois.  €  Les  fibres  de  ce  trousseau  médian  sont,  disais-Je  (i*auteur 
continue),  très  probablement  en  rapport  avec  les  cellules  des  seg- 
ments postérieurs  de  la  substance  grise  et  constituées  de  fibres 
courtes.  Or,  Tobservation  récente  de  A.  Bruce  {Bévue  neurologique, 
1896,  n<>  23],  relative  à  une  sclérose  latérale  amyotrophique,  indi- 
que, entre  autres  dégénérescences,  celle  de  la  partie  antérieure  de 
la  couche  limitante  et  Tintégrité  de  sa  partie  postérieure  en  con- 
nexion avec  les  cellules  des  cornes  postérieures.  Cette  partie  posté- 
rieure que  M.  Bruce  décrit  comme  étant  un  trousseau  spécial  est 
précisément  mon  troasseau  médian  des  cordons  latéraux.  >    P.  K. 

LYIII.   Une  nouvelle  méthode  de  coloration   du  sTSTiMB  nerveux 
CENTRAL  ;  par  J.  Allerhand.  (Neurol.  CentralbL ^  XVI,  1897.) 

Coloration  double  au  tanin  et  au  perchlorure  de  fer  ;  différen- 
ciation d'après  la  méthode  de  Pal.  On  voit  les  fibres  myéliniques 
d'un  bleu-noir  intense  se  détachant  sur  un  fond  incolore  ;  on  voit 
très  bien  les  libres  les  plus  fines  de  la  substance  grise  de  la  moelle, 
des  lobes  cérébelleux,  de  Técorce.  Cette  méthode  est  compatible 
avec  n'importe  quel  mode  de  fixation  antérieure,  avec  le  durcisse- 
ment à  Talcool  ou  à  l'acide  chromique  ;  mais  les  coupes  à  Talcool 
sont  moins  uniformément  colorées  et  semblent  plutôt  de  couleur 
bleu-clair,  les  fibres  les  plus  fines  y  sont  cependant  nettes. 

Prenez  des  coupes  aussi  minces  que  possible.  Placez-les  dans  une 
solution  officinale  de  perchlorure  de  fer  à  50  p.  100  pendant  quinze 
à  vingt  minutes.  Chauifez  un  peu,  surtout  pour  les  préparations 
durcies  à  Talcool.  Mettez  ensuite  dans  une  solution  de  tauiu  à 
20  p.  iOO  obtenue  de  la  façon  suivante.  Le  tanin,  dans  la  propor- 
tion de  20  p.  100  est  dissous  à  chaud  dansTeaudi^tillée  ;  la  cornue 
est  placée  au  soleil  dans  un  endroit  à  température  variable  ;  la  solu- 
tion moisit  et  devient  rouge-brun  sombre.  Le  tanin,  jaune  s'est 
dédoublé  en  acide  gallique  et  en  acides  élalique,  mélanique,  etc., 
deux  à  trois  semaines  plus  tard,  Tacide  tannique  a  subi  la  décom- 
position voulue.  On  filtre  et  on  s'en  sert;  il  faut  s'opposer  mainte- 
nant à  toute  nouvelle  moisissure  par  l'ébullition. 


RBVUB  D*ANÂTOMIB  BT  DB   PHTSIOLOGIB   PATHOLOGIQUES.       499 

Les  coupes  placées  dans  la  solution  de  tanin  en  question 
sont  chauffées  au  bain-marie  pendant  une  à  deux  heures.  Presque 
tout  de  suite,  la  substance  blanche  de  la  moelle  tranche  sur  la 
substance  grise  plus  claire  ;  la  couche  blanche  du  cerveau  devient 
noire,  la  couche  grise,  plus  claire.  Déjà  souvent,  dans  les  quelques 
minutes  suivantes,  la  différenciation  est  suffisante,  mais  générale^ 
ment  il  faut  une  heure  ou  deux.  Si  deux  heures  n'ont  pas  donné 
les  résultats  voulus  (c'est  surtout  quand  on  a  affaire  à  des  prépara- 
tions durcies  à  Talcool),  recommencez  les  opérations  après  lavage 
à  l'eau  ;  replacez  de  la  solution  ferrugineuse  (coloration  d'ensemble 
noire)  ;  après  quelques  secondes,  lavez  à  Teau'  fraîche,  remettez 
dans  le  tanin  chaud  pendant  dix  à  quinze  minutes^  et  lavez  à 
Teau  fraîche.  On  peut  se  servir  plusieurs  fois  des  solutions. 

Pour  décolurer  et  différencier,  on  emploiera  la  méthode  de  Pal 
modifiée.  Mélange  à  parties  égales  de  la  solution  de  permanganate 
de  potasse  à  0,50  p.  100  et  d'acide  oxalique*  avec  sulfate  do  soude 
à  i  p.  100.  On  décolorera  ainsi  à  son  gré  jusqu'à  ce  qu'à  l'œil  nu 
la  substance  blanche  soit  bleu-noir  et  la  substance  grise  plus  ou 
moins  incolore.  Au  microscope,  les  cellules  nerveuses  apparaissent 
avec  tous  leurs  proiongemenls  ;  le  protoplasma  en  est  jaune,  le 
nucléole  noir  intense,  la  substance  intermédiaire  incolore.  Dans  les 
préparations  cérébelleuses  durcies  à  l'alcool,  les  cellules  de  Purkinjc 
montrent  un  protoplasma  gris  jaune  ou  gris  foncé,  et  un  nucléole 
d'un  jaune  foncé. 

Après  la  décoloration,  on  lave  avec  soin  dans  l'eau  ;  on  augmente 
la^beauté,  la  netteté,  la  stabilité  de  la  teinture  en  plongeant  pendant 
quelques  minutes  ou  davantage  dans  une  solution  d'acide  acétique 
à  0^50  p.  100.  Puis  on  met  dans  l'alcool  ;  on  éclasrcit  au  xyloi. 

P.  KBRA.VAL. 
LIX.  EplPaÉNOMÈIVES  ANÀTOMIQUES  CONSÉCUTIFS  A  L'EXTmPATION  éXENDUE 

DES  CENTRES  coRTicoMOTEURs  DU  CHAT  ;  par  E.  Reduçr.  {NeuroloQ , 
CentralbL,  XVI,  1897.) 

Extirpation  étendue  de  la  région  motrice  chez  quatre  chats  ; 
extirpation  bilatérale  chez  un  cinquième.  Troubles  habituels  typi- 
ques. Entre  la  deuxième  et  la  cinquième  semaine  consécutives,  on 
tue  les  animaux.  Durcissement  des  pièces  dans  la  liqueur  de 
Muller  et  la  solution  du  formaliue  à  2  p.  100  ;  coloration  Murchi. 
L'étude  auatomique  et  histoiogique  montre  que  chaque  fois  on  a 
détruit  non  seulement  la  partie  corticale  motrice,  mais  la  plus 
grande  partie  du  lobe  frontal.  Maigre  cela,  intégrité  des  ganglions 
de  la  base.  En  certains  endroits  des  destructions  d'artères  ont  pro- 
duit des  foyers  de  ramollissement. 

Les  dégénérescences  des  systèmes  de  fibres  contenus  dans  le^ 
pyramides  du  bulbe  et  d'autres  sont  conformes  aux  résultats  dea 


500    REVUE  d'anatomie  et  de  .  physiologie  pathologiques. 

expériences  des  expérimentateurs  connus.  (Voy.  (îpures  et  dévelop- 
pements dans  le  texte.) 

M.  Rediich  s*occupe  plus  spécialement  des  voies  iVunion  dt  la 
partie  cérébrale  extirpée  a\)eç  les  ganglions  soiis-eorticaux. 

Les  dégénérescences  constatées  dans  la  couche  optique  et  ses 
organes  antéro-inférieurs  (coucbe  grillée)  prouvent  qu'en  outre 
des  fibres  qui  de  la  couclie  optique  vont  à  l'écorce  (Monakow)  il  r 
en  a  qui  prennent  naissance  dans  Técorce  et  se  terminent  dans  la 
couche  optique  (Kolliker). 

Quelques  animaux  présentent  aussi  une  dégénérescence  légère 
de  la  capsule  externe  (Scbukowski).  La  partie  latérale  de  la  sub- 
stance noire  témoigne  aussi  de  dégénérescences  des  trousseaux 
disséminas  qui  imperceptiblement  passent  de  l'aire  du  faisceau 
pyramidal  dans  la  zone  de  celle-ci. 

Dégénérfscence  des  fîbres  de  la  région  du  faisceau  pyramidal, 
qu  i  vont  aux  noyaux  prolubéranticls,  de  ces  fibres  qui  s'épanouissant 
dans  les  noyaux  en  question  où,  de  concert  avec  les  cellules  de 
ceux-ci,  elles  forment  un  nouveau  neurone,  destiné  à  Thémisphère 
cérébelleux  du  côté  opposé. 

Les  fibres  du  ruban  de  Reil  sont  également  dégénérées  ;  ce  sont 
des  fibres  appartenant  aux  voies  descendantes:  leurmanièred'ètre, 
leur  situation  dans  le  pédoncule  vertébral  et  la  protubérance  indi- 
quent qu'il  s'agit  d'un  système  très  semblable  aux  trousseaux  dis- 
séminés du  ruban  de  Reil  de  Bechlhew  ou  au  trousseau  protubé- 
rantiel  de  Schlesinger.  Fibres  centrifuges  en  partie  expliquées  par 
les  dégénérescences  du  ruban  de  Reil  depuis  longtemps  connues, 
mais  ayant  un  trajet  différent  de  celui  des  autres  organes  du  ruban 
de  Heil.  On  trouve  aussi  une  dégénérescence  descendante  du  trous- 
seau qui  va  du  ruban  de  Reil  au  pied  du  pédoncule. 

Dégénérescences  des  systèmes  d'associations  et  des  systèmes  commis- 
suraux  du  cerveau,  —  Elles  forment  un  arc  à  convexité  postérieure 
(forceps  aulcrieur)  parce  que  l'endroit  d'extirpation  r.orlicale  était 
situé  en  avant  de  l'extrémité  antérieure  du  corps  calleux.  Les  coupes 
transverses  et  perpendiculaires  pratiquées  à  partir  du  pôle  posté- 
rieur du  cerveau,  d'arrière  en  avant,  montrent  que  les  pi*emières 
fibres  dégénérées  du  corps  calleux  occupent  la  partie  moyenne  de 
ce  dernier.  Puis,  elles  deviennent  de  plus  en  plus  nombreuses,  des 
deux  côtés,  en  plein  rayonnement  forcipilal  des  hémisphères;  fina- 
lement voit  des  trousseaux  ininterrompus  relier  riiéniisphère  opéré 
à  l'hémisphère  sain,  où  ils  s'irradient  en  avant.  Les  circonvolutions 
auxquelles  ils  se  distribuent  correspondent  aux  parties  opérées  du 
côté  opposé.  Ce  qui  prouve  justement  que  le  corps  calleux  est  bien 
un  système  commissural,  —  La  circonvolution  du  corps  calleux  est 
surtout  dégénéré  au  niveau  des  segments  antérieurs  de  Thérais- 
phère  ;  en  avant  c'est  une  ceinture  dégénérative  intense,  étroite  et 
longue,  transverso-frontale  {ippliquée  immédiatement  sur  le  corps 


REVUB   d'aNATOMIB   ET   DB   PHYSI0L06IB   PATHOLOGIQUBS.      501 

caileax  ;  plus  en  arrière,  la  dégénérescence  forme  un  dessin  ver- 
tical à  angle  droit  dans  la  substanee  blanche  de  la  circonvolution 
en  question  ;  tout  à  fait  on  arrière,  la  dégénérescence  se  perd  gra- 
duellement en  diminuant  progressivement  d'intensité  et  d'étendue 
ce  qui  prouve  que  la  circonvolution  du  corps  calleux  se  compose 
de  Gbres  de  diverses  longueurs.  P.  Keravàl. 

LX.  Contributions  a  l* étude  des  affections  des  segments  les  plus 
INFÉRIEURS  de  LA  MOELLE;  par  E.  Brbgman.  (Neuvolog,  CentralbL, 
XVI,  1897.) 

Après  avoir  résumé  l'état  de  la  question  clinique  dans  ses  rap- 
ports avec  les.  localisations  anatomique?,  Tauteur  communique  une 
observation  dans  laquelle,  à  la  suite  d'une  chute  de  4  à  5  mètres  de 
haut  sur  le  siège,  on  constatait  un  complexus  symptomatique  en 
rapport  avec  une  lésion  du  cône  médullaire  (intégrité  du  plexus 
sacré).  La  partie  inférieure  de  la  moelle  sacrée  est  atteinte  parce 
qu'il  existe  une  paralysie  motrice  et  sensitive  de  la  région  vésico 
rectale  et  que  le  territoire  du  plexus  sacré  est  indemne.  La  subs- 
tance blanche  est  bien  plus  probablement  atteinte  que  les  racines, 
car  Schuilze  a  démontré  que  les  fragments  osseux  rétrécissent  sur 
tout  le  canal  vertébral  sur  la  ligne  médiane  et  épargnent  les  régions 
latérales  ;  dans  l'observation  en  question,  en  outre,  il  y  avait  une 
dissociation  de  la  sensibilité  dans  les  parties  anesthésiées  comme 
si  l'on  avait  affaire  à  une  syringomyélie,  —  ce  qui  prouve  l'atteinte 
de  la  substance  grise,  et  suppose  vraisemblablement  une  hémato- 
myélie.  Toutefois  à  droite  une  zone  d'anesthésie  correspondrait  aux 
première  et  deuxième  racines  lombaires  ;  en  effet  le  traumatisme 
aurait  particulièrement  porté  à  droite  et  la  paralysie  de  la  jambe 
droite  a  duré  bien  plus  longtemps  que  celle  de  la  jambe  gauche 
rétrocédée  au  bout  de  quelques  jours;  les  racines  postérieures 
auraient  le  plus  souffert,  caria  paralysie  motrice  a  presque  complè- 
tement disparu;  cette  lésion  des  racines  postérieures  est  du  reste 
compatible  avec  la  paralysie  dissociée  de  la  sensibilité,  et  i'anes- 
thésie  droite  a,  quoique  lentement,  diminifé  d'étendue  et  de  degré 
progressivement.  P.  Keraval. 

LXÏ.  Des  altérations  des  cellules  nerveuses  pendant  l'inanition; 
par  K.  ScHAPFEH.  (iVeiiro/o^.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Etude  par  le  procédé  de  Nissl  au  bleu  de  mélhyle  (1894  et  1895)^ 
de  la  cellule  des  cornes  antérieures  à  type  somatostichochrome, 
chez  le  lapin  inanitié  totalement  (privation  d'aliments  solides  et 
liquides)  ou  privé  d'aliments  solides  seulement. 

1°  Inanition  avec  conservation  des  liquides.  —  Les  dessins  de  la 
substance  chromatique  subsistent,  mais  les  mottes  chromatiques 


SOS      REVUE  b'aNATOMIE   ST  de   PHYSIOLOOU  PATHOLOeiQUES. 

sont  difisociées  eu  granulations  excessivement  fines,  ténues  (lentilk 
apocbromatique  homogène).  Quelques  cellules  sont  faiblement 
teintées  comme  si  les  granulations  chromatiques  s'étaient  peu  ou 
pas  colorées.  Intégrité  des  bords  et  des  noyaux  de  la  celhiie  très 
rarement  vacuolisée. 

2®  Inanition  totale.  —  A.  Chromatolyse.  Le  protoplasma,  k  partir 
de  la  partie  périnucléaire  du  corps  de  la  cellule,  est  parsemée  de  très 
fmes  granulations  qui  se  prennent  en  globes  desquels  se  délacheut 
de  grosses  granulations  d'une  coloration  intense  qui,  Unalemenl  se 
dissolvent  en  pâlissant.  —  B.  Vacuolisalion,  Les  vacuoles  se  mon- 
trent dans  la  partie  périphérique  du  protoplasma  ;  entourées  de 
substance  chromatique  vive,  elles  débutent  par  un  tache  pâle  cir- 
conscrite :  cette  tache  doit  être  du  liquide,  car  les  mottes  chroma- 
tiques qui  l'entourent  lui  sont  intimement  adhérentes  et  sont  apla- 
ties (Juliusbur|:er  et  Schaffer.  Neurolog,  Centralbl.  1895.)  La  situa- 
tion des  vacuoles  à  la  périphérie  change  Taspect  des  bords  des 
cellules  qui  sont  zigzagues,  érodés.  La  résorption  des  granulations 
malades  forme  la  vacuole,  les  mottes  chromatiques  iutervacuo- 
laires  et  les  cloisons  in tervacuol aires  persistant.  -~  G.  Altération 
du  noyau.  Le  noyau,  qui  normalement  reste  clairet  non  colorable, 
se  colore  d'abord  vivement,  puis  d'une  teinte  foncée  et  finalement 
présente  la  même  coloration  que  le  nucléole.  On  a  sous  lesyeoxtes 
dessins  de  Sarbov  à  la  suite  de  la  ligature  de  l'aorte.  (Neurolog. 
Centralbl.  1895.) 

Tout  cela  prouve  qu'il  y  a  trouble  de  nutrition  de  la  cellule,  et 
que  la  substance  chromatique  est  intimement  en  rapport  avec  la 
nutrition  du  protoplasma.  P.  KefiAVAL. 

LXIL  Poids  on  cerveau  et  cubage  intérieur  du  crâne; 
par  Zanke.  (]Ve2<ro/o(/.  Centralbl.,  XVI,  1897.), 

L'idée  de  comparer  une  grandeur  en  poids  aune  grandeur vola- 
métrique  et  de  fis^urer  sur  un  tableau  en  colonnes  et  pavillon?  noirs 
et  gris  sur  fond  blanc,  les  divers  volumes  des  cerveaux  de  paralyti- 
ques, d'épileptiques,  et  autres  aliénés  parait  légitime  à  Tautear 
parce  que  la  densité  du  cerveau  oscille  assez  généralement  autour 
de  1  030  et  que  la  substance  de  cet  organe  se  gonÛe  assez  bien  dans 
Teau  pour  que  le  déplacement  de  ce  liquide  en  fournisse  le  cube. 

Mais  la  masse  cérébrale  d'un  individu  est-elle  pendant  la  vie  une 
grandeur  constante,  non  modifiée  par  les  liquides  ambiants,  la  force 
du  courant  sanguin;  n'est-elle  pas  modifiée  par  la  pénétration  de 
la  matière  cérébrale  par  l'eau  et  par  sa  faculté  d'élimination  de 
la  même  eau  ?  Le  cerveau  n'est-il  qu'une  éponge  capable  de  rece- 
voir et  de  rendre  l'eau?  Ou  jouit-il  de  cette  propriété  dans  le  cas 
seulement  de  lésions  cérébrales  notamment  de  lésions  paralyti- 
ques ?  Questions  qui  infirmeraient  les  calculs  de  l'auteur. 


REVIIB  d'aNATOMIB   ET  DE   PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUES.      503 

Les  expériences  instituées  pour  déterminer  Yimbibition  cérébrale 
du  lapin  dans  Teau  courante  ou  non' semblent  montrer  que  la  subs- 
tance de  son  cerveau  s'emplit  très  notablement  d'eau.  Cette  apti- 
tude n'est  pas  influencée  par  une  tempérasure  restant  dans  les 
limites  de  la  chaleur  animale,  elle  Test  beaucoup  parla  teneur  en 
seisdeTeau.  Cette  imbibition  diffère  notablement  de  Taspiration 
de  réponse,  on  a  beau,  en  effet,  soumettre  à  la  pression  la  plus 
forte  le  cerveau  frais  ou  imbibé,  il  ne  rend  pas  son  eau.  La  quo- 
tité d'eau  adhérente  à  la  surface  est  insignïGante  (elle  est  de  1  gr.) 
pour  le  cerveau  humain.  Comparativement,  chezThomrae,  on  peut 
trouver  qu'un  cerveau  de  1.200  grammes  après  vingt-quatre  heures 
d'imbibition  dans  Teau  distillée  pèserait  3.000  grammes  mais  que, 
en  tenant  compte  de  son  accroissement  pondéral  de  par  IMmbibi- 
tion  dans  un  liquide  chloruro-sodique,  on  n'arriverait  pas  ù.  enre- 
gistrer les  différences  constatées  entre  les  cerveaux  des  paraly- 
tiques et  ceux  des  autres  malades.  Voyez  les  formules.  D  autres 
expériences  sont  nécessaires.  P.  Keraval. 

LXIILDe  l'aspect  des  CKLLULES  motrices  de  la  COENK  AWTÉRIEURE  DE  LA 
MOELLE    A    LA    SUITE   DU  REPOS   ET  DE  l'iNANITION  ;  par  L.  JaCOBSOIIN, 

(Neurolog,  Centralbl,  XVI,  1897.) 

C'est  Vhivernage  dont  il  est  question  ici.  Le  hérisson  (Erinacœus 
europœus),  maintenu  sans  nourriture  pendant  quatre  à  six 
semaines  dans  uu  lieu  froid,  n'a  présenté  aucune  altération,  pas 
plus  que  des  animaux  semblables,  pas  plus  que  le  lapin  totalement 
inauitié  pendant  sept  à  dix  jours  et  ayant  diminué  d'un  tiers  ou  de 
moitié  de  son  poids  (température  du  corps:  35®  et  32'^).  Préparations 
à  Talcool,  examinées  par  la  dernière  méthode  de  Nissl,  avec  l'ob- 
jectif pantachromatique  de  2  millim.  de  E.  Seitz  à  immersion 
dans  rhuile.  P.  Keraval. 

LXIV.  Des  voies  conductrices  dks  réflexes  dans  la  moelle  et  du  li£U 

DE  transmission    REFLEXE  ;  par  J.    RoSENTHAL    et     M.    .^fENDELSâOHN. 

{Neurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Voici  ce  que  l'étude  des  rapports  entre  le  temps  employé  pour 
la  transformation  des  excitations  en  réflexes  et  la  force  de  l'excita- 
tion initiale  ont  démontré  aux  auteurs,  de  concert  avec  les  faits 
de  Kaner,  Weiss,  Kahler  et  Pick,  Bastian,  Schwarz,  Tooth,  Thorn- 
buru,  Bowiby,  Babinsky,  Bruns,  Gerhardt,  Hilzig,  EgjL^er,  Hoche, 
Habel,  van  Gehuchten. 

Les  prolongements  des  cylindraxes  de  tous  les  neurones  sensitifs 
qui  pénètrent  dans  la  moelle  entrent  en  contact  avec  les  prolonge- 
ments protoplasmiques,  des  neurones  centraux  qui,  à  leur  tour, 
ont   des   relations  avec    les  neurones    périphériques   des   nerfs 


504      REVUI^   D'aNATOMIB   BT   DB   PHYSI0L061B    PATHOLOGIQUES. 

moteurs.  Les  fibres  radiculaires  postérieures  après  leur  entrée  dans 
la  moelle  se  divisent  en  une  collatérale  ascendante  et  une  collaté- 
rale transverse  (la  collatérale  réflexe}  dont  les  ariiorescences  termi- 
nales forment  les  connexions  précédemment  mentionnées.  C'est 
pourquoi  à  toute  hauteur  de  la  moelle  peut  avoir  lieu,  par  la  plus 
courte  voie,  une  transmission  de  l'excitation  d'un  tractus  sensitif  à 
un  tractus  moteur:  c'est  un  réflexe.  Mais  les  rameaux  ascendants 
de  ces  fibres  radiculaires  forment  les  longues  voies  qui  ^'agnent  la 
substance  grise  du  bulbe  par  le  cordon  postérieur  jusqu'au  noyau 
de  Gull.  De  là  de  nouveaux  neurones  établissant  de  nouvelles 
communications  avec  l'écorce  cérébrale  du  côté  opposé,  où  ils  se 
relient  aux  neurones  des  cellules  motrices  pyramidales.  Bt  ce^l 
précisément  à  cet  endroit  de  la  moelle  qu'ont  lieu  les  rêlUxes 
noitnavx.  Sans  doute  il  peut  y  avoir  transmission  aux  hauteurs 
intermédiaires  de  la  moelle  ou  dans  le  cervelet.  Mais  les  courtes 
voies  forment  à  la  transmission  rfe.v  excitations  une  plus  grande 
résistance  que  les  longues  puisque  toujours  les  faibles  excitations  ne 
produisent  de  réflexes  que  par  ces  dernières.  Pourquoi  cela?  Peut- 
être  est-ce  parce  que.  dans  les  courtes  voies  sont  enclavées  de 
nombreuses  ramifications  (arborescences  terminales)  qui,  n'étant 
qu'en  connexion  lâche  avec  les  amorces  des  neurones  moteurs, 
opposent  au  passage  de  Texcitation  une  grande  résistance.  Les 
lonjU'ues  voies  sont  celles  qui  sont  char^rées  de  conduire  Texcitation 
sensible  au  cerveau  pour  qu'une  sensation  ait  lieu.  C'est  par  là 
qu'est  prévu  le  trajet  direct  des  neurones  sensitifs,  et  c'est  dans  le 
bulbe,  ou  dans  son  voisinage,  que  ceux-ci  aboutissent.  C'est  là 
qu'est  prévu  le  passage  aux  cellules  motrices,  facilité  par  des  con- 
nexions spéciales,  de  sorte  que  c'est  là  que  les  réflexes  ont  lieu  le 
plus  aisément.  P.  Keraval. 

LXV.  Dks   Variations  dans  le  trajet  du  faisckau  pyramidal  ; 
par  A.  Hoche.  {Neurolog.  CcnlralbL,  XVI,  1897.) 

Observation  de  dégénérescence  descendante  d'un  faisceau  pyra- 
midal à  la  suite  d'une  tumeur  cérébrale  (gliosarcome)  du  volume 
d'une  petite  pomme,  occupant  le  milieu  des  ascendantes  et  ayant 
entraîné  la  mort  en  quelques  mois.  Méthode  de  Marchi.  Dégénéres- 
cence exclusive  du  territoire  de  la  pyramide  gauche,  dans  le  pédon- 
cule cérébral,  la  protubérance,  le  Imlbe  :  entrecroisement  au 
niveau  ordinaire,  mais  une  partie  des  fibres  s'infléchit  dans  le 
cordon  antérieur  du  côté  opposé  et  s'y  place  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  corne  antérieure  droite.  Ce  faisceau  du  cordon 
antérieur  croisé  s'en  va  tout  le  long  de  la  moelle  cervicale  en  se 
raréfiant  peu  à  peu  jusqu'à  la  hauteur  de  la  première  racine 
dorsale  il  semble  que  ses  libres  se  terminent  dans  la  corne  anté- 
rieure  voisine.  11   existe   encore   une  faible    dégénérescence  du 


REVUE   d'aNATOMIB   BT   DB   PHYSIOLOGIB   PATHOLOOIQUBS.      505 

faisceau  du  cordon  latéral  dans  la  pyramide  du  même  côté  que 
la  lésion  cérébrale. 

Donc,  un  héinisphèm  cérébral  est  en  communication  ai^ec  les  deux 
cordons  latéraux  et  avec  les  deux  cordons  antéiieurs.  L'intégrité  de 
la  pyramide  droite  dans  la  protubérance  et  le  bulbe,  et  le  canton- 
nement de  la  dégénérescence  à  Taire  de  la  pyramide  gauche  dans 
les  régions  élevées,  indiquent  que  les  faisceaux  antérieurs  croisés 
n'ont  pas  d'autre  origine.  La  dégénérescence  du  cordon  latéral 
dépasse  le  territoire  ordinaire  du  faisceau  latéral  de  la  pyramide, 
qui  normalement  demeure  en  deçà  de  la  zone  limitée  par  une 
ligne  tirée  de  dehors  en  avant  au  droit  des  cornes  latérales;  or, 
au  niveau  de  l'entrecroisement,  quelques  fibres  la  dépassent  en 
avant,  au  niveau  de  ta  deuxième  paire  cervicale:  c'est  une  véritable 
invasion  qui,  dans  le  domaine  du  faisceau  de  Gowres,  gagne  la 
pie-mère;  dans  toute  la  moell«  cervicale  c^est  une  invasion  irrégu- 
lière mi-partie  dans  le  faisceau  de  Gowres,  mi-partie  dans  la  couche 
limitante;  la  dégénérescence  dépasse  encore  les  limites  antérieures 
dans  la  moelle  dorsale  et  dans  la  moelle  lombaire.       P.  Kbraval. 

LXV  bis.  Examen  db  différentes  modifications  des  cellules  géantes 
DU  LOBULE  PARACENTRAL  ;  par  le  D*"  Adolf  Meyer. 

L'auteur  a  choisi  pour  son  étude  les  cellules  géantes  du  lobule 
paracenlral,  parce  qu'il  lui  a  paru  préférable  d'étudier  les  modifi- 
cations d*un  même  type  de  cellules  dans  des  formes  variées  d'af- 
fection*, et  que,  d'autre  part,  ces  cellules  ;:éante3  sont  le  plus  aptes 
à  montrer  les  modifications  pathologiques  sans  être  tro^)  sensibles 
aux  altérations  pobt-mortem. 

Dans  un  cas  de  démence  sénile  avec  artériosclérose,  au  milieu 
de  cellules  d'aspect  normal  s'en  trouvent  qui  ressemblent  à  un 
véritable  sac  de  pigment  :  à  la  base  d'un  reste  du  prolongement 
du  sommet,  se  trouve  comprimé  un  noyau  atrophié.  Ces  cellules 
sont  fréquemment  réunies  sous  forme  d'amas,  ce  qui  permet  de 
supposer  un  trouble  local  de  nutrition. 

Dans  un  cas  de  mélancolie  sénile,  la  plupart  des  cellules  ont  des 
granulations  plus  petites  qu'à  l'état  normal.  Une  partie  du  proto- 
plasma présente  un  aspect  vitreux  homogène,  comme  si  les 
détails  de  la  structure  avaient  été  lavés  ;  le  noyau  est  fréquemment 
tordu,  comprimé  contre  la  paroi.  Ln  outre,  le  long  de  la  paroi  se 
rencontre  parfois  une  accumulation  de  pigment  jaune.  Sur  d'au- 
tres cellules,  les  minces  corpuscules  de  Sissl  sont  disposés  sous 
forme  de  tourbillons  ayant  le  noyau  pour  centre.  Quelques  cellules 
présentent  une  combinaison  de  la  dégénération  vitreuse  et  de  la 
disposition  des  corpuscules  de  Nissl  en  tourbillons. 

Dans  un  cas  de  mort  huit  jours  après  une  hémorrhagic  ménin- 
gée, les  cellules  présentent  une  sorte  de  dissolution  des  corpus- 


506    REVUE  d'ànatomie  et  de  physiologie  pathologiques. 

cilles  de  Nissl  sous  forme  de  poussière.  Chez  an  syphilitique  secon* 
daire  raort  après  plusieurs  jours  de  délire  avec  convulsions,  les 
cellules  montrent  une  disparition  complète  des  corpuscules  de 
Nissl  en  même  temps  que  les  noyaux  paraissent  élargis. 

Dans  un  dernier  cas,  où  le  malade,  après  un  gros  rhume,  eut 
des  spasmes  musculaires,  des  crises  de  pleurs  et  de  rires  et  enfin 
une  période  d'agitation  maniaque  qui  détermina  la  mort  un  mois 
seulement  après  le  début  du  rhume,  les  corps  cellulaires  gonflés 
ne  présentent  plus  de  granulations  de  Nissl,  et  ont  subi  ia  trans- 
formation vitreuse  en  même  temps  que  le  noyau  est  repoussé  vers 
le  cylindre-axe  :  le  malade  était  atteint  d'un  commencement  de 
broncho-pneumoiiie  avec  infection  streplococcique .  De  belles 
planches  hors  texte  illustrent  cet  intéressant  mémoire.  (American 
Jowmul  of  insanily,  octobre  1807.)  E.  B. 

LXVI.  Des  fibrks  spinales  ckntrifugks    originaires   de    la.  colxhe 

OPTQIE  ET  DES  TUBERCULES  (JLADRIJDMEAUX  *,  par  W.    dc   BeCHTEREW 

(yeurolog,  CcntralbL,  XVl,  1897.) 

La  couche  optique  et  la  paire  antérieure  des  tubercules  quadri- 
jumeaux  sont  des  organes  complexes  servant  aux  phénomènes 
réllexes  qui  peuvent  être  mis  en  action  par  les  nerfs  crâniens  et 
aussi  par  les  nerfs  de  ia  peau.  La  démonstration  pour  les  tubercules 
quadrijunieaux  est  ancienne.  La  couche  optique  sert  aux  réflexes 
psychiques  qui  expriment  les  émotions  et  commandent  aux  fonc- 
tions végétatives  du  cœur,  des  vaisceaux,  de  Testomac,  de  Tintestin, 
de  la  vesàie,  des  organes  sexuels. 

Voyons  leurs  corrélations  avec  la  moelle. 

Fibrts  centripètes,  —  Les  libres  du  ruban  de  Reil,  issus  des 
noyaux  des  cordons  postérieurs  vont  à  ces  deux  organes.  Aux  tuber- 
cules quadrijunieaux  va  cette  partie  du  ruban  de  Reil  qui  provient 
des  noyaux  du  faisceau  cunéiforme.  Une  partie  des  fibres  du  ruban 
de  Reil  va  à  la  partie  postérieure  de  la  couche  optique,  où  elles 
s'éparpillent  entre  les  cellules  placées  un  peu  en  dedans  du  corps 
genouillé  interne.  Les  excitations  des  racines  postérieures  arrivent 
donc  bien  à  la  couche  optique  et  aux  tubercules  quadrijumeaux. 

Fibres  centrifwjes,  —  Il  existe  un  système  de  fibres  qui  du  tuber- 
cule quadrijumeau  antérieur  en  ffagne  la  couche  profonde  et  con- 
tribua à  Tentrecroisement  foutainiforme  de  Meynert.  Une  portion 
notable  de  ces  libres  (ile  à  l'intérieur  du  faisceau  longitudinal  posté- 
rieur chez  r  boni  me  taudis  que,  chez  le  chat,  en  avant  de  ce  dernier 
faisceau,  elles  courent  des  deux  côtés  de  la  ligne  médiane  pour 
atteindre  les  cordons  antérieurs  (Held).  Boyce  en  a  observé  la 
dégénérescence  descendante.  En  réalité  les  fibres  émanées  des  cjliu- 
draxes  des  cellules  qui  se  trouvent  dans  la  profondeur  du  tubercule, 
quadrijumeau  antérieur  gagnent  en  rayonnant  en  dedans  la  région 


RSVTJE   d'aNATOMIB   ET  DE  PHTSIOLOOIS  PATHOLOGIQUES.      507 

de  la  substance  grise/ de  Taqueduc  de  Sylvius  et,  Tembrassant  de 
dehors  en  dedans,  projettent  dans  la  substance  grise  de  nombreux 
rayons  collatéraux  ;  après  avoir  tourné  autour  du  bord  externe  de  la 
substance  grise,  après  avoir  contourné  le  noyau  principal  deToculo- 
moteur  commun  de  dehors  en  dedans,  elles  forment,  entre  les 
noyaux  rouges,  Tenlre-croisement  fonlaniforme  de  Meynerl.  Puis 
les  fîbres  descendent  dans  les  segments  internes  de  la  formation 
rétiforme,  en  avant  du  faisceau  longitudinal  postérieur,  et  passent 
avec  les  fibres  de  ce  dernier  dans  la  portion  interne  du  faisceau  ra- 
diculaire  des  cordons  antérieurs.  Chez  Thomme  ce  système  de 
fibres  forme  partie  constituante  du  faisceau  longitudinal  postérieur 
et  atteint  ainsi  les  cordons  antérieurs.  U  envoie  dans  son  parcours 
des  ramifications  au  noyau  rouge  des  deux  côtés,  et  au  noyau  du 
pathétique  et  de  Toculo-moteur  externe  du  coté  opposé.  Et  de  la 
couche  optique  à  la  moelle  f  Quand  on  enlève  un  hémisphère  céré- 
bral, ou  quand  on  sectionne  le  cerveau  moyen  chez  le  chat,  au 
niveau  de  i'oculo-moteur  commun,  c'est-à-dire  immédiatement  en 
arrière  de  la  couche  optique,  on  produit  la  dépéuérescence  des 
fibres  du  faisceau  pyramidal,  du  faisceau  longitudinal  postérieur 
et  du  système  de  fibres  de  Tentrc-croisement  fontaniforme,  et 
en  outre,  la  dégénérescence  des  fibres  qui  forment  Tentre-croi- 
sement  antérieur  de  Télage  supérieur  des  pédoncules  céré- 
braux de  Forel  :  les  fibres  dégénérées  descendaient  donc  dans  la 
région  de  la  calotte,  en  arrière  du  ruban  de  Reil,  et  de  là  passaient 
dans  la  moelle  où  elles  se  plaçaient  en  avant  des  faisceaux  pyra- 
midaux ;  elles  pouvaient  être  suivies  jusqu'à  la  moelle  lombaire.  Tel 
est  le  système  de  Boyce  qui  relève  bien  de  la  couche  optique,  car  la 
destruction  isolée  de  la  couche  optique  (de  Bechterew  et  Souko- 
witsch)  entraîne  la  dégénérescence  descendante  du  même  système. 

P.  Keraval. 

LXVI  bis.    Perturbations  myotoniques  dans  lathétose; 
par  0.  Kaiser,  {yeurolog.  CentralbL,  XVI,  1897.) 

La  myotonie  ou  maladie  de  Thomsen  (phénomène  d'arrêt  du 
mouvement  avec  tension  musculaire  normale  ou  un  peu  augmen- 
tée) peut  accompa^'ner  des  troubles  cérébraux.  Il  est  des  cas  où 
elle  est  combinée  à  des  troubles  convulsifs  tels  que  fathétose  ou 
la  paramyotonie.  Voici  un  exemple  d'athétose  avec  myotonie 
chez  un  jeune  homme  de  dix  neuf  ans.  Vraisemblablement  les 
troubles  myotoniques  n'ont  ici  de  commun  avec  la  myotonie  vraie 
familiale  que  l'aspect  extérieur  et  non  la  cause  anatomo  patholo- 
gique. Cette  association  d'alhétose  et  de  myotonie  est  peut-être  due 
à  un  état  d'excitation  tout  particulier  du  neurone  corticomoteur 
(Freud,  Anton),  ainsi  que  semble  l'indiquer  l'hypertrophie  si 
curieuse  de  la  moitié  droite  du  corps  chez  ce  malade.      P.  Keraval. 


508    RBvuB  d'anatomie  et  de  physiologie  pathologiques. 

LWU.  Contribution  a  l'étude  des  dégknéresckncks  secondaibesde  lk 
moelle;  par  B.  Worotynski.  (Neurolog,  CentralbL,  XVI,  1897.) 

Ce  sont  les  conclusions  d'un  Iravail  publié  en  russe,  qui  repose 
sur  i8  expérieuces  pratiquées  par  Tauleur  chez  le  chien  :  section 
totale  ou  hémiiatcrale  de  la  moelle  à  diverses  hauteurs.  Les  chiens 
étaient  demeurés  en  vie  de  un  à  cent  vingt-sept  jours. 

i^  Les  dégénérescences  secondaires  de  chacun  des  systèmes  de 
la  moelle  ne  se  développent  pas  simultanément  ;  les  libres  des  cor- 
dons postérieurs  et  du  faisceau  de  Lœwenthal  dégénèrentles pre- 
mières ;   puis  ce  sont  les  faisceaux  directs  cérébelleux  et  antéro- 
latéraux  des  cordons  latéraux;  enfin  ce  sont  les  faisceaux  latéraux 
des  pyramides;  2^  Le  processus  de  déjjrénérescence  une  fois  com- 
mencé se  développe   très  promptemeiit,  on  peut  même  dire  d'uu 
seul,  trait  dans  toute  Tclendue  du  faisceau;  3°  Dans  les  faisceaux  de 
Goll  et  de  Lœwenthal  la  dégénérescence  atteint   son    maximum 
pendant  le  cours  de  la  deuxième  semaine  qui  suit  la  section  de  la 
moelle   (méthode    de   Marchi)  ;    elle    atteint   dans   les    faisceaux 
directs   cérébelleux   et   antéro-laléraux  des  cordons  latéraux  son 
maximum  dans  le  cours  de  la  troisième  semaine;  elle   est  à  sa 
période  d'acmé  à  la  lin  de  la  quatrième  semaine  dans  les  faisceaux 
latéraux  des  pyramides;  4"  Par  la  méthode  de  Weigerl  les  dégé- 
nérescences secondaires  sont  a  peine  visibles  trois  semaines  après 
la  section  de  la  moelle;  5^  L'ordre  dans  lequel  déjîénère  chacun 
des  systèmes  correspond  à  peu  près  à  celui  dans  lequel  chacun 
d'eux  en  se  développant  acquiert  sa  myéline  ;  6*^  La  loi  de  Kahler 
sur  la  disposition  des  fibres  radiculaires  dans  les  cordons  posté- 
rieurs est  certaine;  7*^  De  bas  en  haut  jusqu  à  la  moelle  cervicale 
les  faisceaux    de   (àoll    reçoivent   leurs   fibres  des    racines  posté- 
rieures. Au  niveau  de  la  moelle  cervicale  les  fibres  radiculaires  posté- 
rieures passent  non  plus  dans  les  faisceaux  de  Goil  mais  dans  les 
faisceanx  de  Burdach  ;  8»^  Le  système  descendant  des  cordons  pos- 
térieurs se  compose  de  préférence  de  fibres  myélogènes.  Les  trous- 
seaux de  fibres  descendantes  des  cordons  postérieurs,  décrits  par 
les  auteurs  sous  ditlérents  noms,  appartiennent  à  un  seul  et  même, 
système,  qui  change  de  situation  et  de  forme  aux  diverses  hauteurs 
de  la  moelle  ;  9^  La  section  hémilatérale  de  la  moelle  entraîne  une 
déf^énérescence  bilatérale  des  faisceaux  de  Goll,  de   Burdach.  de 
Flechsig,  de  Gowers  et  do  Lœwenthal.  L'eiitre-croisement  des  fais- 
ceaux de  Goll  et  de  Burdach,  et  en  partie  celui  des  faisceaux  de 
Flechsig,  a  lieu  dans  la  commissure   postérieure  ;   les   fibres  de 
Govers  et  de  Lœventhal  s'entre-croisentde  préférence  dans  la  com- 
missure antérieurs  ;  10°  Les  faisceaux  antéro-latéraux  (de  Gowers) 
atteigueni,   à  la  circonférence   antérieure    de  la  moelle    chez  le 
chien,  le   sillon  antérieur,  et  pénètrent  en  partie  profondément 


RBYUE   d'aNATOM'iE    ET    DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES.      S09 

dans  les  cordons  antérieurs;  il*^  Les  faisceaux  de  Gowers  et  de 
FIcchsig  doivent  être  anatomiquemenl  tenus  pour  un  seul  et  môme 
système.  Une  partie  des  deux  faisceaux  se  termine  à  n'en  pas 
douter  dans  le  cervelet,  dans  le  territoire  de  Tolive  cérébelleuse,  et 
du  noyau  du  toit.  Dans  le  vermis  cérébelleux  supérieur  se  trouve 
probablement  le  passage  d'une  partie  de  ces  fibres  à  l'autre  côté  ; 
12*'  La  dégénérescence  descendante  des  faisceaux  de  Gowers  et  de 
Flechsi?  parait  douteuse,  c'est  plutôt  aux  libres  des  faisceaux  de 
Lœwenthal  que  doit  être  attribuée  la  dégénérescence  dans  le  ter- 
ritoire de  ces  faisceaux  ;  13^  L'existence  d'un  système  descendant 
séparé  dans  les  cordons  antéro-latéraux,  chez  l'homme,  peut  être 
considérée  comme  démontré ,  14°  La  dégénérescence  descendante 
des  racines  antérieures  intraspinales  sur  une  large  étendue,  à  par- 
tir du  lieu  de  la  section,  serait  plutôt  expliquée  par  le  passage  dans 
ces  racines  de  fibres  des  faisceaux  de  Lœwenlhal  ;  15°  La  dégénéres- 
cence ascendante  des  racines  antérieures  intra-spinales  est  produite 
par  le  passage  en  ces  dernières  de  fibres  des  faisceaux  directs 
cérébelleux  et  antéro-lateraux  des  cordons  latéraux  ;  16*^  La  dégé- 
nérescence traumatique,  au  sens  de  Schiefferdecker,  ne  peut  s'ob- 
server que  sur  une  étendue  de  un  demi  à  un  centimètre  à  partir 
du  lieu  de  la  section  de  haut  en  bas;  17^  Dans  les  faisceaux  anté- 
rieurs des  pyramides  du  cerveau  humain  il  y  a  des  fibres  qui  dégé- 
nèrent en  montant  et  peuvent  être  séparées  en  un  système  propre. 
(Marie).  P.  Keraval. 

LXVIIL   De    l'ataxie   centripète  chez  l'homme  et  chez  le   singe  ; 
par  H.  E.  Hering.  (Neurolog,  CentralbL,  XVI,  1897.) 

L'ataxie  du  tabétique  tient-elle  exclusivement  au  simple  trouble 
fonctionnel  des  nerfs  centripètes?  Mes  expériences  sur  la  i:re- 
nouille,  le  chien,  le  singe  m'ont  démontré  que  lai  section  des  racines 
postéHeures  laisse  après  elle  de  l'ataxie.  Toute  diiférente  que  soit 
la  forme  de  cette  dernière  suivant  la  variété  de  locomotion  des 
individus,  selon  qu'il  s'agit  d'une  extrémité  antérieure  ou  posté- 
rieure, suivant  le  nombre  des  racines  postérieures  sectionnées,  elle 
doit  son  origine  à  la  même  cause.  Puisqu'il  s'agit  d'une  paralysie 
centripète,  c'est-à-dire  par  suspension  de  la  fonction  des  nerfs 
centripètes,  il  est  légitime  de  dire  que  l'ataxie  consécutive  à  cette 
paralysie  est  une  ataxie  centripète. 

Qu'est-ce  qu'une  ataxie  ?  Elle  se  compose  de  mouvements  dont 
Texcursion  dépasse  les  limites  normales,  dont  les  lignes  directrices 
dévient,  qui  présentent  aussi  une  accélération  anormale.  Pour  bien 
définir  l'ataxie  centripète,  il  faut  en  étudier  préalablement  les 
attributs.  Ces  expériences  se  proposent  donc  de  sonder  les  causes 
et  particularités  du  mouvement  ataxique,  chez  le  singe.  L'auteur 
insiste  surtout  sur  la  diminution  de  volume  du  bras  droit  paralysé 


510      BJIVUB   d'aNATOMIB  et   DB  PHYSI0L06IB  PATH0L00IQUB3. 

due  à  ri  m  mobilité  di^  membre  pendant  les  mouvements  associés, 
et  à  la  jeunesse  de  Tanimal  (sorte  d'arrêt  du  développement),  et 
sur  les  etrels  de  l'excitation  électrique  de  Técorce  du  cçrveau  sur 
les  extrémités  atteintes  de  paralysie  centripète.  11  a  vu  Texcitation 
de  Técorce  produire  la  détente  des  muscles  auparavant  contractés, 
déterminer  un  mouvement  sur  un  membre  pendant;  mais  ce  mem- 
bre retombe  bien  plus  vite  après  la  suspension  de  Fexcitant  que  le 
membre  non  paralysé  et  il  subit  alors  des  oscillations  pendulaires 
que  le  membre  normal  ne  subit  pas  en  s' abaissant. 

Mais  dans  ces  expériences  ajoute  M.  Héring,  la  narcose  chlorofor- 
mique  ou  autre  joue  un  ^Tand  rôle.  L'oscillation  pendulaire  de 
l'extrémité  paralysée  indique  que  les  contractions  musculaires  sont 
bien  plus  fugitives  que  celles  de  l'autre  extrémité,  par  suite,  qu'il  y 
a  une  bien  plus  grande  excitabilité  dans  la  première  que  dans  la 
seconde.  La  section  des  racines  postérieures  correspondant  à  Tex- 
trémité  paralysée  se  traduit  par  une  mobilité  passive  frappante  de 
celle-ci.  Si  l'on  excitait  l'écorce  sans  la  narcose  ou  par  une  légère 
naroose,  il  y  aurait  peut-être  à  noter  d'autres  particularités.  Les 
expériences  doivent  donc  être  multipliées  et  continuées. 

P.  Keraval. 

LXIX.  De  la  valeur  des  centres  d'association  de  Flbchsig  app uqdés 
A  l'étude  du  d enveloppement  de  l'intelligence,  de  la  parole,  DB 

LA  psychologie  DB  LA  PAROLE  ET  DE  LA  THEORIE  DE   l'aPHASIE;   par 

W.  Otuszewski.  {Neurolotj.  Centralbl.,  XVII,  1898.) 

Flechsi^  distingue,  comme  chacun  sait,  ^ixafre  centres  sensoriels  : 
1^  la  région  tactile,  aboutissant  des  fibres  émanées  des  racines 
postérieures,  qui  comprend  le  pourtour  du  sillon  de  Rolando,  le 
pied  des  circonvolutions  frontales,  une  partie  du  lobule  para- 
central,  et  de  la  circonvolution  du  corps  calleux;  29  la  région 
olfactive,  située  à  la  base  du  cerveau,  et  comprenant  Textrémité 
antérieure  de  la  circonvolution  de  l'hippocampe,  une  partie  du 
lobe  frontal,  et  de  la  circonvolution  de  Thippocampe  ;  3*  la  région 
visuelle  :  c'est  la  zone  du  sillon  de  l'ergot  de  Morand,  une  partie 
du  coin,  du  lobule  lingual  et  du  pôle  ^)Ostérieur  du  lobe  occipital  ; 
4°  la  région  auditive  :  c'est  la  première  temporale  et  ses  deux 
racines  dans  la  profondeur  de  la  scissure  de  Sylvius.  Ces  centres 
sensorielssont,enréalité,sensitivo-moteurs;  les  conducteurs  sensitifs 
qui  y  aboutissent  y  trouvent  des  nerfs  moteurs,  de  sorte  que  le 
réflexe  psychique  s  y  opère.  Par  contre,  les  trois  centres  d*a8Soci€Uion 
sont  des  champs  corticaux,  placés  entre  les  régions^  précédentes, 
ne  sont  point  en  relation  avec  l'assemblage  des  fibres  de  projec- 
tions ou  conducteurs  sensitivo-moteurs.  Tels  :  le  centre  d'associa- 
tion postérieur,  sis  entre  la  région  tactile,  la  région  auditive,  la 
région  visuelle,  et,  en  partie,  entre  la  région  visuelle,  la  régioa 


RBVUB  d'aNATOMIE  BT   DB   PHTSIOLOOIE  PATHOLOGIQUES.      511 

audllive  elle  gyras  hippocampi;  le  centre  d'associatioD  antérieur 
ou  frontal^  à  la  pointe  du  lobe  frontal, et. de  préférence, à  sa  base  ; 
le  centre  insulaire,  le  plus  petit,  au  milieu,  occupant  Tinsula  de 
Reii.  La  lésion  d'un  centre  d'association  aura  donc  une  grande 
importance,  parce  que  le  centre  en  question  renferme  l'assemblage 
des  diverses  excitations  des  régions  sensorielles  et  leurs  images 
corn mémoratives  ;  cette  coordination  est  le  fait  de  l'activilé  d'un 
grand  nombre  de  cellules  qui  ont  pour  fonction  unique  d'associer. 
Voilà  qui  distingue  la  théorie  du  mécanisme  d'association  de 
Flecbsig  de  celle  de  Meynert  ou  de  Wernicke,  qui  prétendent  que 
les  divers  centres  sensoriels  sont  unis  directement  entre  eux  par 
des  fibres  d'association.  Il  y  a,  en  réalité,  un  mécanisme  particu- 
lier aux  centres  sensoriels,  et  eu  particulier  aux  centres  d'asso- 
ciation. 

Développement  de  Vesprit  humain, —  La  vie  psychique  du  nouveau- 
né  procède  des  perceptions  brutes  de  sensations  élémentaires  ini- 
médiatement  eu  rapport  avec  les  impressions  sensibles  ainsi  que  de 
certains  mouvements  innés  (réflexes,  impulsions,  instincts).  Ce 
n'est  qu'à  l'âge  de  quatre  mois  qu'il  y  a  individualisation  des 
impressions  sensibles,  formation  de  sentiments  tels  que  la  joie,  la 
crainte,  la  volonfè,  constitués  par  l'association  d'idées  et  de  souve- 
nirs. L'enfant  prend  alors  conscience  des  sens  et  des  choses,  et 
réfléchit  le  monde  extérieur.  Mais  il  n'arrive  à  se  séparer  du  monde 
extérieur,  qu'entre  deux  et  trois  ans  ;  il  prend  conscience  du  Moi, 
et  se  reconnaît  comme  sujet  (personnalité). 

Développement  de  la  parole.  — La  mémoire  des  sons  s'amasse  pro- 
bablement d'assez  bonne  heure  dans  le  centre  sensoriel  de  Wer- 
nicke, mais  à  huit  mois  seulement,  les  mots  s'unissent  avec  les 
conceptions  dans  le  centre  d'association  postérieure  ;  cette  union 
est  indispensable  pour  que  se  fornie  la  conception  du  mot.  Â  cette 
époque  Tenfant  comprend  la  parole.  Vers  onze  mois,  grâce  au 
développement  de  la  faculté  d'imitation,  il  unit  les  sous-entendus 
aux  sensations  correspondantes  qui  dépendent  des  mouvements 
effectués  par  les  appareils  d'articulation  pour  exprimer  les  sons; 
l'émission  de  ces  sons  laisse  des  traces  dans  le  centre  sensorio- 
moteur  de  l'écorce  (région  de  Broca)  et  y  forme  la  mémoire  motrice 
d\irticulation.  A  mesure  que  cette  mémoire  mécanique  augmente, 
à  mesure  que  s'accroît  la  mémoire  sensorio-auditive,  l'enfant  com- 
mence à  répéter  les  mots.  Cette  répétition,  en  rapport  avec  de 
nombreuses  associations  de  la  région  frontale  sensorielle  et  mo- 
trice, laisse  des  traces  dans  le  centre  d'association  moyen,  pré- 
parant ainsi  la  période  bien  plus  tardive  (vers  la  fin  de  la.  deuxième 
année)  du  développement  de  la  parole  autonome,  La  mémoire  sen- 
sible sensorielle  et  motrice  ayant  enregistré  une  provision  de  traces 
de  mots,  due  à  de  nombreuses  associations  de  séries  de  sons  et  de 
bruits  (mots)  avec  les  mouvements  correspondants  d'articulation, 


513      REVUE    d'aNATOMIE   BT   DE   PHYSIOLOGIE    PATHOLOGIQUES. 

il  s'agit  de  porter  jusqu*au  seuil  de  ia  connaissance  les  images 
sen?orio-molrices  déjà  unies  pour  avoir  la  mémoire  des  mots.  Celle 
faculté  prend  ensuile  un  caractère  automatique  subordonné  aux 
centres  des  conceptions  et  des  notions.  Le  même  mécanisme  a  lieu, 
mutalis  mutandiSy  pour  la  lecture  et  l'écriture.  Ici  l'association  aux 
images  phonétiques  des  images  commémoratives  visuelles  ou  mo- 
trices nécessaires  pour  écrire,  ainsi  que  la  faculté  de  se  rappeler 
les  images,  a  lieu  dans  le  même  centre,  au  début  consciemment, 
puis  automatiquement.  La  parole  personnelle,  même  à  ses  débuts, 
au  même  titre  que  la  répétition,  ou  parole  inintel!i<:ente  appa- 
rente des  premiers  temps  du  développement  de  l'enfant,  est  donc 
non  un  réflexe  (Kussmaul,  Wernicke,  Lichtheim),  mais  un  proces- 
sus psychique,  qui  tient  à  l'élaboration  des  mémoires  sensorielles 
et  à  l'associalion  consciente  des  images  phonétiques  sensorio- 
motrices  dans  le  centre  d'association  moyen. 

Les  aphasies.  —  Bien  que  la  région  motrice  de  Broca  contienne 
Tensemble  de  la  mémoire  des  mots  (mémoire  sensorielle),  il  est  très 
probable  que  les  altérations  de  cette  région  ne  produisent  que  la 
perte  des  mouvements  d'articulation  sans  toucher  à  la  parole  inté- 
rieure, et  que,  suivant  la  place  des  altérations,  en  cet  endroit,  le 
malade  perd  la  parole  autonome  tout  en  continuant  à  comprendre 
l'écriture  et  à  écrire  (aphasie  motrice  sous-corticale),  tout  en  conti- 
nuant à  comprendre  Técrilnre,  à  lire  à  haute  voix,  et  à  répéter 
(aphasie  motrice  transcorticale)  ;  tandis  qu'il  y  a  aphasie  motnce 
totale  avec  agraphie  et  alexie  par  lésion  du  centre  d'association 
moyen  ou  insula  de  Reil,  par  anéantissement  des  traces  accumu- 
lées des  images  d'association  sensorio-motrices,  et  des  souvenirs 
automatiques  des  mots  (Déjerine,  Pascal,  Sabourin). 

Mécanisme  psychologique  de  la  parole.  —  La  parole  dépend  d'un 
rouage  psychique  qui,  pour  cette  raison,  appartient  à  i'écorce.  Les 
mémoires  sensorielles  ne  sont  pas  du  tout  des  centres  spéciaux 
présidant  à  la  parole  ;  les  centres  qui  les  emmagasinent  reçoivent 
en  même  temps  d'autres  excitations  que  celles  qui  servent  à  la 
parole-  Pour  la  parole,  comme  pour  l'entendement  en  général, 
il  faut  :  la  mémoire,  l'aptitude  ù  l'association  des  idées  et  des 
images.  Toute  opération  élémentaire  de  l'activité  psychique  met 
en  jeu,  en  sus  des  centres  sensoriels,  des  centres  d'association  éle- 
vés. 11  en  est  de  même  pour  la  parole,  qu'elle  soit  active  (articula- 
tion, écriture),  ou  passive  (intelligence  de  la  parole  ou  de  récri- 
ture). Mais  la  parole  est  plus  compliquée  ;  il  faut  que  les  mémoires 
sensorielles  des  mots  se  mettent  préalablement  en  relation  avec  le 
centre  d'association  moyen  pour  former  la  parole  automatique.  Ce 
qui  n'empêche  que  diverses  régions  sensorielles  de  I'écorce  se 
réunissent  dans  le  centre  d'association  postérieur.  Aussi  l'acte 
psychique  de  la  paruie  comprend-il  :  1*^  un  mécanisme  inférieur 
jusqu'à  un  certain  point  automatique  dans  Vinsula  de  Beil  (centre 


RBVUB   d'aNATOMIB  BT    DE  PHYSIOLOOIB  PATHOLOGIQUBS.      513 

d'association  moyen)  ;  2^  un  mécanisme  supérieur  spécial  à  la 
no  lion  du  mot,  dans  le  centre  d'association  postérieur,  comprenant 
toute  la  région  du  lobule  pariétal  inférieur  de  Charcot  (gyrus 
supramarginal),  et  du  pli  courbe  (gyrus  angulaire),  qui  sert  à 
unir  nos  conceptions  avec  les  mois  capables  d'en  traduire  le  sens. 
L'aphasie  comporte  donc  :  A,  soit  un  trouble  de  la  mémoire 
sensible  (motrice,  sensorielle,  et  visuelle  des  lettres)  :  aphasie  sen- 
sible ;  fl,  soit  un  trouble  de  la  mémoire  d'association  des  centres 
d'association  moyen  ou  postérieur  :  apliasie  d* association.  Dans 
chaque  genre  le  trouble  peut  être  organique  ou  fonctionnel. 

A.   APHASIE  SENSIBLE. 

l*^  Organique,  —  a)  Aphasie  motrice  isolée,  par  lésion  de  la  troi- 
sième frontale.  C'est  l'aphasie  motrice  subcoriicale  dans  laquelle  le 
malade,  incapable  de  parler  spontanément,  conserve  la  parole  in- 
térieure, c'est-à-dire  comprend  l'écriture  et  peut  écrire.  —  b)  Apha- 
sie sensorielle  ou  surdilé  verbale  ;  le  centre  d'association  moyen 
agit  sans  contrôle  sur  la  mémoire  sensitive  des  mots  entendus,  des 
sons  des  mots  ;  le  malade  ne  comprend  pas  les  mots,  la  parole;  il 
est  paraphasique,  il  est  aussi  alexique,  parce  qu'il  n'a  plus  dans 
l'esprit  les  images  des  sons  d'articulation  ;  il  est  agraphique, 
excepté  quand  il  s'agit  de  certaines  personnes  très  exercées  à  l'écri- 
ture, mais  le  malade  ne  comprend  pas  ce  qu'il  écrit.  —  c)  Alexie 
isolée,  cécité  verbale  de  perception;  le  malade  voit  les  lettres,  mais 
sans  les  reconnaître  et  les  nommer,  il  ne  comprend  pas  non  plus 
récriture. 

20  Fonctionnelle  ou  amnésique,  —  a)  Motrice  (transcorticale)  par 
affaiblissement  fonctionnel  de  la  mémoire  motrice.  —  b)  Sensorielle, 
exemples  :  les  aphasies  de  Grashey  ;  les  cas  où  l'affaiblissement  de 
la  mémoire  sensible  de  l'ouïe  rend  difficile  l'intelligence  des  mots 
et  des  propositions  exprimées;  les  cas  de  Goldscheider. —  c)  Alexie, 
inipossibililé  de  lire  les  mots,  mais  possibilité  de  lire  les  lettres  ;  le 
malade  ne  peut  lire  à  haute  voix  bien  qu'il  comprenne  ce  qu'il  lit, 
ou  bien  il  peut  lire,  mais  non  écrire  à  cause  de  l'impossibilité  dans 
laquelle  il  est  de  conserver  assez  longtemps  dans  la  mémoire 
rimage  du  mot  pour  pouvoir  le  transcrire  ;  la  dyslexie  fait  aussi 
partie  de  ce  genre,  c'est  l'alexie  intermittente  caractérisée  par  ceci 
que  le  malade,  tout  d'abord  lit  bien,  puis,  au  bout  d'un  instant, 
ne  peut  lire  davantage. 

B,  Aphasie  d'association. 

a.  Du  centre  moyen.  —  1°  Organique.  —  Aphasie  motrice  avec 
alexie  et  au  besoin  avec  agraphie.  Perte  des  images  d'association 
sensorio-motrice  ;  le  malade  ne  peut  plus  se  représenter  les.  mots 
dans  Tesprit;  il  ne  possède  plus  la  parole  intérieure,  en  dehors  de 
la  mémoire  sensible  sensorielle,  pour  comprendre  les  paroles  ; 
2»  Fonctionnelle.  —  Aphasie  motrice  sans  alexie  ni  agraphie. 

ARCHIVES,  2*  série,  t.  VL  33 


S14      REVUE   D'aNATOMIB   ET  DE   PHYSIOLOGIE   PATHOLOGIQUES 

6.  Du  centre  postérieur,  —  1«  Organique.  —  a)  Aphasie  (Tasso- 
dation  sensorielle  par  lésion  du  lobule  pariétal  inférieur  (supra- 
mar^iiiai);  les  mois  bien  que  répétés  et  écrits  automatiquenieut 
(au  moyen  du  centre  moven  d*associalion)  ne  sont  plus  compris:  le 
malade  est  paraphasique.  —  b)  Alexie  d'association  ou  cécité  ver- 
bale d'association;  exemples:  alexie  transcorticale  de  Wernickte, 
par  lésion  du  pli 'courbe  (t*yrus  angulaire)  ;  les  mots  ne  sont  plus 
liés  aux  conceptions  correspondantes;  le  malade  lit  cependant 
lettres   et  mots  (au  moyen  du  centre  d'association    moyen).  - 

c)  Aphasie  optique,  le  malade  voit  et  reconnaît  les  objets,  mais  ne 
peut  les  nommer,  nVii  peut  trouver  le  nom,  que  quand  une  autre 
région  sensible  de  1  écorce  est  excitée,  telle  que  la  zone  laclilp, 
olfactive,  ou  auditive;  Toutil  de  la  parole  étant  intact,  il  doit  y 
avoir  trouble  partiel  des  associations  entre  le  centre  des  mots  et  le 
centre  des  conceptions  d'une  part  et  ses  composants  visuels.— 

d)  Cécité  l'sychique;  le  malade  a  perdu  la  plus  grande  partie  de  ses 
conceptions  mnémoniques  antérieures,  et  aussi  la  faculté  d*en  con- 
server de  nouvelles  dans  sa  mémoire;  il  voit  les  objets,  mais  ne 
les  reconnaît  pas,  ne  peut  les  nommer,  s'oriente  mal  dans  l'espace 
car  il  ne  peut  plus  comparer  les  impressions  des  sens  avec  les 
images  commémoratives.  Quand  la  cécité  psychique  est  légère,  le 
malade  conserve  une  partie  des  images  commémoratives,  a  ia 
notion  des  objets,  mais  est  incapable  d'identifier  de  nouvelles  im- 
pressions avec  celles  qui  existent  déjà  dans  la  mémoire.  Cette 
cécité  psvchique  dénote  un  trouble  des  associations  qui  vonl  de 
tons  les  sens  au  centre  conceptuel,  où  les  composant5  visuels  jouent 
le  principal  rôle  dans  la  formation  de  nos  conceptions  et  notions. 
Lésion  de  la  surface  externe  du  lobe  occipital  et  du  lobe  pariétaL 

2^  Fonctionnelle.  —  Cas  dans  lesquels  le  malade  n'est  pas  en 
état  de  donner  à  l'objet  qu'il  se  représente  dans  l'esprit  le  nom 
qui  lui  convient. 

C.  Cas  mixtes  —  Une  petite  lésion  organique  peut  déterminer 
des  phénomènes  fonctionnels  qui  masquent,  jusqu'à  un  certain 
point  seulement,  l'image  pure  de  l'aphasie  organique. 

Tout  n'est  encore  pas  dit  sur  la  parole  et  l'aphasie.  Ce  qui  pré- 
cède n'est  qu'un  progrès  par  raf>port  au  schéma  de  Wernicke  el 
Lichtheim.  Ainsi  pense  M.  Oluszewiki.  P.  Keraval. 

LXX.   LÉSIONS    FINES    DES    CELLULES  NERVEUSES   DANS  LES    POLIOMYÉUTKS 

chroniques;  par  G.  Marinesco.    {Centralbl,  f.  Nertenheilk.,  XXI. 
N.  F.,  IX,  1898.) 

Mémoire  écrit  en  français,  avec  figures.  P.  Keraval. 


BIBLIOGRAPHIE. 


II.  Les  étals  neurasthéniques;  par  Je  D""  Gilles  de  la  Tourette,  in-12 

cari.  (Actualités  médicales.)  J.-B.  Baillère  et  F.,  Paris,  1898. 

La  neurasthénie  n'est  pas  une  maladie,  mais  le  nom  donné  à  une 
réunion  d'états  qu'il  faut  savoir  différencier,  et  qui  a  donné  lieu  à 
une  foule  de  théories  tombées  une  à  une  dans  l'oubli  dont  elles 
étaient  diurnes.  La  neurasthénie  vraie  que  Tauteur  décrit  avec  une 
précision  parfaite  est  un  état  acquis,  frappant  un  sujet  valide  et 
guérit  facilement.  La  neurasthénie  constitutionnelle  ou  héréditaire 
se  développe  sur  un  terrain  prédisposé  par  l'hérédité  et  peut  se 
passer  de  cause  occasionnelle  pour  apparaître  :  elle  comporte  un 
état  mental  beaucoup  plus  accusé  que  la  neurasthénie  vraie  ;  elle 
est  inliniment  plus  rebelle,  paroxystique  et  en  tout  cas  sujette  à 
rechutes.  L'état  neurasthénique  accompagne  souvent  d'autres  affec- 
tions nerveuses  par  simple  adjonction  comme  dans  le  tabès,  par 
association  comme  dans  certains  cas  d'hystérie.  Le  diagnostic 
souvent  très  difficile  avec  la  paralysie  générale  au  début  se  fait  par 
les  sijïnes  physiques  objectifs  ou  avec  le  temps  par  l'apparition 
d^autres  signes.  L'hystéro-neurasthénie  traumatique  mérite  une 
place  à  part  dans  la  nosologie.  Ces  différenciations  sont  indispen- 
sables pour  le  pronostic  et  le  traitement.  On  usera  de  peu  de  mé- 
dicaments :  bromure  à  petites  doses,  très  peu  d'hypnotiques,  ré- 
gime diététique  sévère;  manger  peu  à  la  fois  et  souvent,  des  choses 
substantielles  facilement  digestibles  et  assimilables.  Au  premier 
rang  hydrothérapie  rationnelle,  douches  pour  la  dépression,  bains 
tièdes  prolongés  pour  léréthisme,  traitement  moral,  change- 
ment de  pays  et  de  milieu  temporairement.  Ce  petit  ouvrage  est 
une  excellente  mise  au  point  de  la  question  des  états  neurasthé- 
niques, tous  les  points  de  vue  y  sont  abordés,  de  l'historique  au 
traitement.  C'est,  en  outre,  un  résumé  pratique  fortement  rehaussé 
de  cas  cliniques  qui  en  précisent  encore  la  valeur  pour  le  praticien 
et  l'élève.  F.  Boissieb. 

III.  Questions  de  neurologie  et  de  psychologie  médicale.  Journal 
publié  sous  la  direction  de  M.  le  professeur  Sikorsky.  (Kiew, 
t.  II,  1897.) 

Les  Questions  de  neurologie,  etc.,  entrent  dans  leur  troisième 
année  d'existence  ;  la  façon  dont  leur  rédacteur  en  chef  les  a  conçues 
mérite  d'arrêter  notre  attention.  Les  nombreux  journaux  consa- 


516  BIBLIOGRAPHIE. 

crés  à  la  neurologie  et  à  la  psychiatrie  se  bornent  habituellement 
à  traiter  et  analyser  les  faits  et  les  questions  concernant  ces  deux 
branches  de  la  science  médicale  étroitement  comprises.  M.  Sikorsky 
pense  que  le  rôle  de  la  psychiatrie  et  de  la  neurologie  est  beaucoup 
plus  important  et  beaucoup  plus  large  ;  les  découvertes,  les  pro- 
grè.s  réalisés  dans  leur  domaine  ont  permis  d'introduire  des  notions 
plus  exactes  dans  les  sciences  connexes  :  l'anthropologie,  la  psycho- 
pathologie légale  et  sociale^  Thygiène;  à  leur  tour,  la  neurologie  et 
la  psychiatrie  se  sont  servi  des  données  acquise»  par  les  méthodes 
expérimentales  dans  la  philosophie  et  la  psychologie.  Le  rédacteur 
en  chef  a  conçu  le  projet  séduisant  de  réunir  dans  cette  publica- 
tion toutes  les  branches  de  la  science  si  étroitement  liées  les  unes 
aux  autres,  et,  pour  commencer,  c'est  lui-même  qui  a  accompli  la 
plus  grande  partie  de  la  besogne  en  écrivant  des  articles  origi- 
naux sur  différentes  questions  et  eu  faisant  des  quantités  d*ana- 
lyses.  L'énuméralion  des  articles  originaux  publiés  en  i897  et  celle 
des  titres  des  groupes  sous  lesquels  sont  réunies  les  nombreuses 
analyses  nous  montrent  la  grande  variété  et  l'importance  des  ques- 
tions auxquelles  les  pages  du  journal  ont  donné  l'hospitalité. 

Nous  relevons  parmi  les  articles  originaux  : 

Actes  élémentaires  de  l'attention  et  de  lacognition»,  t  contribu- 
tion à  la  psychopathologie  des  imposteurs  >#,  k  la  Statistique  des 
affections  du  système  nerveux  dans  l'armée  russe  »,  «  Traitement 
de  rhémiplégie  par  Pélectricité  >,  c  Contribution  à  l'étude  de 
la  maladie  de  Thomsen  *,  «  Contribution  à  l'étude  des  réfiexes 
tendineux  »,  c  Matériaux  pour  la  psychologie  de  la  profession 
médicale  »,  c  la  Peur  et  l'Éducation  »,  etc. 

Analyses,  groupes  :  1**  philosophie  ;  2^  anthropologie  ;  3^  psy- 
chologie :  pure,  des  peuples;  comparée  ;  biographie  des  grands 
hommes  ;  4^  neurologie  ;  5<>  psychiatrie  ;  6^  psychopathologic  so- 
ciale et  légale  ;  7®  hygiène  nerveuse  et  psychique. 

Enfin  un  groupe  très  original  :  «  Progrès  dans  le  domaine  des 
arts  »  —  étude  des  œuvres  d'art  au  point  de  vue  de  l'expression 
des  sentiments;  les  analyses  sont  accompagnées  de  belles  phototy- 
pies,  comme  d'ailleurs  certains  articles  originaux.  Ainsi  celui  du 
rédacteur  sur  €  les  actes  élémentaires  de  l'attention,  etc.  »,  est 
accompagné  de  dix  photographies  qui  ne  laissent  rien  à  désirer  au 
point  de  vue  de  l'exécution.  Nous  souhaitons  à  cette  belle  pubiica- 
cation  le  succès  qu'elle  mérite  et  nous  espérons  que  sou  exemple 
trouvera  bientôt  de  nombreux  imitateurs.  D*"  Mahcouliès. 

IV.  Archives  d'anthropologie  criminelle  y  de  criminologie  et  de 
psychologie  normale  et  pathologique,  publiées  par  MM.  Lacassag.ne 
et  Tarde.  (Années  1897, 1898  *.) 

*  Voir  les  numéros  de  février  et  de  mars  des  Archives. 


BIBLIOGRAPHIE.  817 

Le  Suicide  en  Chine,  par  le  D"*  Matignon.  —  Dans  cette  étude  sur 
le  suicide  en  Chine,  M.  Matignon  apporte  comme  dans  ses  autres 
études,  généralement  bien  documentées,  des  observations  person- 
nelles intéressantes.  II  s'y  abandonne  aussi  à  ses  habitudes  de 
dénigrement  à  l'égard  des  Chinois.  On  y  lit  des  appréciations 
comme  celles-ci  :  «  Egoîsme  et  fatalisme  :  ces  deux  mots  résument  à 
peu  près  ce  qui  sert  de  morale  aux  Chinois.  —  La  haute  estime 
en  laquelle  la  fidélité  conjugale  est  tenue  nous  permet  de  supposer 
qu'elle  est  chose  rare  chez  la  femme  chinoise  (?).  —  La  veuve  est, 
dans  la  famille,  à  la  n>erci  de  sa  belle-mère  et  de  ses  beaux-frères. 
La  première  pourra,  tout  à  son  aise,  la  tyranniser  ;  les  seconds 
abuseront  d'elle,  ou  essayeront  de  la  vendre  pour  la  prosti- 
tution (!}. —  On  peut  dire  avec  raison,  car  tous  les  jours  mon 
expérience  de  l'hôpital  me  confirme  dans  cette  opinion,  que  le 
Chinois  est  un  être  absolument  indigne  de  sympathie {!).  > 

Nous  savons  bien  tous  que  les  Chinois  forment  le  peuple  le  plus 
nombreux  qui  existe  et  ait  jamais  existé;  que  leur  organisation 
est  la  plus  ancienne  et  la  plus  résistante  que  nous  connaissions, 
et  que  leurs  mœurs  sont  les  plus  douces  et  les  plus  policées  dont 
une  grande  mase  d'hommes  puisse  aujourd'hui  donner  le  spec- 
tacle. Les  jugements  méprisants  de  M.  Matignon  déroutent  donc 
et  sont  bien  capables  d'altérer  la  confiance  que  peuvent  mériter 
ses  observations.  Nous  admettons  bien  volontiers  avec  lui  que  le 
suicide  est  bien  plus  répandu  en  Chine  que  chez  nous  et  que  dans 
toutes  les  classes  on  y  a  recours  pour  des  motifs  qui  seraient  jugés 
bien  insuffisants  en  Europe.  Il  y  a  à  ce  phénomène  des  raisons 
connues.  La  première  est  que  les  Chinois  n'ont  pas  pour  la  mort 
cette  terreur  alfolante,  presque  systématiquement  développée  chez 
nous.  Libre  à  M.  Matignon  de  voir  dans  cette  disposition  de  leur 
caractère  une  infériorité.  Mais  on  peut  la  juger  d'un  point  de  vue 
tout  opposé.  Ensuite,  et  peut-être  un  peu  pour  cela,  les  Chinois 
avouent,  honorent  môme,  et  cela  ouvertement,  bien  plus,  officielle- 
ment, les  suicides  qui  s'inspirent  de  motifs  honorables.  Vaudrait-il 
mieux  qu'ils  montrassent  les  contradictions  hypocrites  que  nous 
professons  à  l'égard  de  tels  cas?  Je  l'ignore.  Enfin,  chez  eux,  il 
n'est  pas  permis,  comme  chez  nous,  de  pousser  impunément 
quelqu'un  au  désespoir.  Et  je  ne  vois  pas  bien  encore  en  cela  qu'il 
y  ait  lieu  d'éprouver  une  fierté  particulière  à  ne  pas  leur  ressem- 
bler. Leur  point  de  vue  a,  il  est  vrai,  pour  conséquence  pratique 
de  déterminer  de  pauvres  gens  à  se  venger  de  leurs  ennemis,  en 
allant  se  suicider  chez  eux  ou  à  leur  porte.  Et  l'on  voit  souvent  des 
plaideurs  ou  des  malheureux  obtenir  réparation,  rien  qu'en 
menaçant  de  se  suicider.  En  d'autres  cas  la  mort  volontaire  d'un 
homme  entraine  fatalement  celle  de  plusieurs  autres.  Et  M.  Mati- 
gnon nous  raconte  à  ce  propos  l'histoire  d'une  demi-mondaine  do 
Pékin  qui  a  son  côté  comique.  Elle  avait  deux  amants.  L'un  cie 


518  BIBLIOGRAPHIE. 

ceux-ci  se  donna  la  mort  sans  tapage,  par  simple  jalousie.  Mais 
l'autre  put  craindre  qu*on  lui  demandât  compte  de  révénement. 
Il  se  tua  aussi.  Et  enfin  la  dame  elle-même,  cause  première  de  ces 
deux  malheurs,  en  redoutant  les  suites  pour  elle-même,  abandonna 
la  vie  à  son  tour. 

Toutes  les  causes  passionnelles  de  désespoir  que  nous  connaissons 
sont  aussi  connues  des  Chinois,qui  par  là  au  moins,  si  j*osc  en 
averlir  les  lecteurs  du  D''  Matignon,  sont  des  hommes  comme 
nous.  Les  motifs  de  saicide  qui  nous  paraîtraient  futiles,  et  qui 
suffisent  néanmoins  ù  les  déterminer,  sont  en  première  ligne  les 
mauvais  traitements  à  l'égard  des  enfants,  surtout  des  fillettes 
confiées  aux  parents  de  leurs  futurs  époux,  et  à  l'égard  des  jeunes 
femmes  molestées  par  leurs  belles-mères.  Parmi  leurs  motifs 
déicrminants  dun  caractère  élevé  il  faut  citer  la  perte  d'un 
fiancé,  d'un  époux,  d'un  père,  un  souci  exagéré  de  Thouneur, 
rattachement  a  un  maître.  De  faits  semblables  M.  Matignon  conclut 
textuellement:  c  L'antithèse,  l'incohérence  sont  une  des  caracté- 
ristiques de  l'esprit  chinois.  «  Jadmire,  que  délestant  à  ce  point  cet 
immense  peuple  de  Chine,  il  en  ait  fait  l'objet  de  ses  éludes  de 
prédilection.  En  ce  qui  concerne  les  moyens  d'exécution,  il  faut 
noter  que  les  Chinois  ne  connaissent  pas  l'intoxication  par  l'oxyde 
de  carbone,  journellement  employée  à  Paris.  Mais  ils  ont  recours 
fréquemment  à  l'opium,  dont  on  ne  se  sert  pas  chez  nous. 

La  jeunesse  ci^iminelle.  Lettre  à  M.  Buisson  par  M.  Tarde.  —  Dans 
celle  remarquable  lettre,  M.  Tarde  note  en  particulier  la  progres- 
sion des  suicides  et  de  la  criminalité  même  chez  les  enfants.  De 
1836  à  1880,  la  progession  générale  du  suicide  pour  tous  les  âges 
réunis  a  été  de  2.'o'74  à  G. 259,  c'eàt-à-dire  de  243  p.  100,  pendant 
que  celle  des  mineurs  était  d'environ  200  p.  100.  Mais  de  1881  à 
1804,  alors  que  le  nombre  total  des  suicides  s'élevait  de  6.741  à 
9. 703,  augmentant  de  153  p.  100  en  quatorze  ans,  celui  des 
suicides  des  mineurs  s'accroissait  de  176  p.  100(1),  devançant  la 
marche  si  accélérée  et  si  etlrayante  des  adultes.  Ce  phénomène  ne 
nous  est  pas  particulier,  sans  parler  de  la  Chine  de  M.  Matignon. 
Dans  l'empire  allemand,  de  1888  à  1893,  le  nombre  des  condamnés 
de  tout  âge  s'est  élevé  de  21  p.  100  et  celui  des  enfants  ou  adoles- 
cents de  douze  à  dix-huit  ans  a  augmenté  de  32  p.  100.  Uuand  on 
a  voulu  rendre  notre  régime,  notre  école  publique  responsable  de 
cette  crise  de  moralité,  on  s'est  donc  bien  trompé,  et  c'est  plaisir  de 
lire  à  ce  sujet  la  nette  déclaration  d'un  homme  aussi  pondéré  que 
M.  Tarde.  L'école  nous  sert  au  contraire  aujourd'hui  pour  com- 
battre les  progrès  de  l'alcoolisme,  qui  furent  si  rapides,  et  raclion 
dissolvante  de  la  basse  presse  dont  c  la  pornographie  et  la  diffama- 
tioti,  sont  devenues  les  deux  mamelles».  En  face  de  cette  crise 
aCiudU  de  la  moraliléj  provoquée  sans   doute  par  des  trausforuja- 


BIBLIOGRAPHIE.  519 

tloii^,  des  changements  un  peu  troublants,  M.  Tarde  nes^abandonne 
donc  pas  au  découragement,  c  Dans  le  culte  et  l'amour  de  notre 
civilisation  européenne  à  propager,  à  déployer,  à  épurer,  à  établir 
pacifiquement,  il  y  a,  conclut-il,  quelque  chose  de  plus  réellement 
attractif  et  fascinateur  que  dans  l'idéal  socialiste,  qui  aura  servi, 
je  Tespèré,  à  lui  préparer  les  voies.  » 

Du  tatouage  chez  les  criminels,  par  Ch.  Perrier.  —  Ce  mémoire 
est  une  partie  détachée  d'une  élude  relative  à  859  condamnés 
détenus  dans  la  maison  centrale  de  Nîmes.  On  sait  que  la  pratique 
du  tatouage  en  pays  civilisé  a  été  signalée  comme  un  caractère 
atavistique  et  presque  un  symptôme  de  criminalité.  M.  Perrier 
observe  justement:  cLa  vérité,  c'est  que,  pour  conclure  de  la 
précocité,  de  la  fréquence  et  de  la  variété  des  tatouages  chez  les 
condamnés  à  un  caractère  criminel,  il  faudrait  pouvoir  établir, 
non  seulement  dans  quelle  proportion  on  se  fait  tatouer  dans  les 
divers  milieux  auxquels  appartiennent  les  condamnés,  mais  encore 
quelle  est  la  proportion  de  ceux  qui,s'étant  fait  tatouer  en  bas  âge, 
sont  devenus  criminels.  Resterait  alors  à  savoir  si  ces  mêmes 
individus,  devenus  criminels,  seraient  porteurs  d'emblèmes  quel- 
conques, ayant  été  élevés  dans  un  milieu  distingué  et  honnête.  » 
56,64  p.  100  des  sujets  de  M.  Perrier  sont  aux  regrets  d'être 
tatoués,  c  Pour  quelques-uns,  les  tatouages  sont  des  révélations 
compromettantes  qu'ils  essaient  de  faire  disparaître  par  toutes 
sortes  de  moyens.  Pour  les  autres,  ils  impriment  un  cachet 
spécial  qui  différencie  du  commun  et  dégrade.  »  Les  regrets 
exprimés  par  ces  tatoués  ne  sont  peut-être  pas  très  sincères.  Ils 
sont  subordonnés  sans  doute  à  la  nature  des  objets  représentés. 
Les  emblèmes  erotiques  toutefois,  par  exemple,  sont  véritablement 
rares,  plus  rares  qu'on  ne  le  croirait.  M.  Perrier  en  a  relevé  33 
seulement  sur  2.314.  Un  quart  de  tous  ces  tatouages  a  été  exécuté 
dans  la  prison  même,  au  su  de  M.  Perrier.  Et  il  relève  ces  propos 
des  tatoués:  c  Un  de  plus,  un  de  moins,  qu'importe,  nous  sommes 
marqués;»  et  tendant  le  bras  au  tatoueur:  a  Tiens,  vieux,  pique- 
moi  un  autre  dessin  sur  la  peau,  cela  ne  compromet  pas  davan- 
tage et  fait  passer  le  temps.  •  Le  désœuvrement  de  la  prison  est 
donc  une  des  causes  de  la  fréquence  des  pratiques  du  tatouage 
chez  les  criminels.  Et  le  désœuvrement  de  la  caserne  parait  avoir 
an  effet  tout  semblable.  La  proportion  élevée  des  gens  tatoués 
parmi  lei  criminels  n'a  donc  peut-être  pas  la  signification  spéciale 
et  exclusive  qu'on  est  d'abord  tenté  de  lui  attribuer.  Le  fait  n'en 
reste  d'ailleurs  pas  moins  établi  que  cette  proportion  est  élerée. 
Sur  les  859  condamnés  de  M.  Perrier,  346,  soit  plus  de  40  p.  100, 
étaient  tatoués. 

Le  double  suicide  d'amour,  par  Louis  Proal.  —  Les  causes  des 
doubles  suicides  d'amour  sont  aussi  diverses  que  les  circonstances 


520  BIBLI06RAPHIB. 

dans  Issquelles  les  amants  ont  vécu  el  se  sont  aimés.  La  plupart  se 
ramènent  cependant  au  désir  passionné  d'être  unis  même  dans  la 
mort,  à  la  souffrance  de  vivre  séparés.  M.  Proal  met  en  relief  les 
cas  où  c'est  la  femme  passionnée  et  inquiète  des  suites  de  son 
déshonneur,  qui  pousse  Tbomme  à  la  tuer  et  à  se  tuer  avec  elle. 
L'histoire  de  Chambige,  celle  du  D*"  Bancal  qui,  à  trois  reprises 
différentes  et  espacées,  lacéra  le  corps  de  sa  maltresse  à  coups  de 
scalpel,  sur  les  instances  mêmes  de  celle-ci,  sont  toutes  deux 
mémorables  en  leur  penre.  Mais  qui  peut  dire  si  la  femme  a  été 
poussée  par  la  folie  erotique  ou  par  l'effroi  d'une  existence  vouée  à 
l'abandon  et  au  mépris?  M.  Proal  affirme,  d'après  les  documents 
judiciaires  qu'il  a  consultés,  c  que  les  amants  préparent,  en 
général,  leur  double  suicide  avec  une  insouciance,  une  gaieté 
surprenantes  ».  Cette  gaieté,  à  mon  avis,  n'a  pas  toujours  le  même 
motif,  et  elle  peut  avoir  sa  source  dans  des  sentiments  différents. 
Mais  je  n'ai  pas  à  l'analyser  ici. 

La  rc$ponsnhiliU\  par  M.  Haraon.  —  M.  Hamon  a  résumé  sous  ce 
titre  trois  des  leçons  qu'il  a  faites  à  l'Institut  des  hautes  études  de 
l'Université  nouvelle  de  Bruxelles.  Son  but  est  de  démontrer  que 
«  Tuniversel  déterminisme  étant  la  vérité  scientifique,  il  en  résulte 
que  la  responsabilité  morale  n'existe  pas,  qu'elle  ne  peut  se 
concevoir.  L  irresponsabilité  générale,  telle  est  la  vérité  scienti- 
fique, »  dit-il.  Et  il  conclut:  «  Nous  n'avons  nul  besoin  du  concept 
de  responsabilité  basée  sur  un  libre  arbitre,  une  liberté  de  l'intelli- 
gence qui  n'existent  pas,  sur  une  normalité,  une  identité  indivi- 
duelle dont  il  est  impossible  de  fixer  les  critères.  11  suffit  qu'il  y 
ait  dissonance  de  certains  actes  pour  que  la  conséquence  en  soit  la 
répression,  la  prévention...  Nous  estimons  donc  qu'il  faut  remplacer 
le  terme  de  respon^^al^ilité  sociale  par  celui  de  la  réactivité  sociale, 
car  le  concef)t  entendu  sous  le  premier  terme  ne  correspond  pas 
à  l'idée  commune,  classique  de  la  responsabilité.  La  réaclivité 
sociale  a  pour  produit  nécessaire,  au  lieu  des  peines  et  châtiments, 
un  traitement  préventif,  une  hygiène  et  une  prophylaxie  sociales 
s'adressant plus  haut  que  Tindividu  agent,  aux  causes  mêmes  des 
actes  dissonants.  » 

Il  est  peut-être  ici  nécessaire  de  rappeler  le  mot  de  Berthelot 
que  cite  M.  Tarde  dans  la  lettre  ci-dessus:  <  La  nature  organique 
opère  à  la  façon  de  l'industrie  humaine,  en  harmonisant  des  effets 
inconciliables  en  géométrie  absolue.  >  J'oserai  presque  dire  que  le 
principe  nécessaire  des  sociétés  humaines  est  d'harmoniser  des 
eifcts  inconciliables  en  logique  absolue.  Les  déductions  de 
M.  Hamon  sont  de  logique  vigoureuse,  je  le  veux  bien,  mais  sont- 
elles  la  «vérité  scientifique»,  comme  il  le  dil?  Si  la  science 
n'explique  pas  le  sentiment  de  la  responsabilité,  elle  doit  du  moins 
reconnaître  son  existence.  Chacun,  de  nous  et  M.  Uamoc  tout  ie 


BIBLIOGRAPHIE.  S21 

premier  sans  doute,  se  conduit  vis-à-vis  de  ses  semblables,  comme  si 
ceux-ci  étaient  responsables  de  leurs  paroles  et  de  leurs  actes.  Et 
il  ne  peut  en  être  autrement,  le  sentiment  de  la  responsabilité 
étant  un  élément  de  la  conscience.  Si  d'ailleurs  dans  une  société, 
celui-ci  s^aifaiblissait  seulement,  car  il  est  impossible  qu'il  dispa- 
raisse, la  dépression  morale  qui  s'ensuivrait  finirait  par  entraîner 
la  perte  de  la  société  elle-même  où  un  tel  phénomène  se  serait 
produit. 

Contribution  à  Vétude  de  C intoxication  par  Voxyde  de  carbone, 
par  MM.  Kachholz  et  Sieradzki.  —  Une  femme  accusée  (l'avoir 
empoisonné  son  mari  et  son  père,  racontent  les  Annales  d'hygiène 
et  de  médecine  légale  pour  1894,  fut  condamnée  aux  travaux  forcés 
à  perpétuité.  Au  bout  de  sept  ans,  une  nouvelle  enquête  prouva 
que  les  victimes  avaient  succombé  à  une  intoxication  par  Toxyde 
de  carbone  et  que  la  condamnée  était  innocente.  Une  méthode 
sûre  et  rapide,  pour  reconnaître  la  présence  de  l'oxyde  de  carbone 
dans  le  sang,  est  donc  indispensable  au  médecin  expert.  Celle  de 
MM.  Kunkel  et  Schulz  consiste  en  ceci.  On  prend  une  solution 
de  sang  au  huitième,  on  l'additionne  de  dix  centimètres  cubes 
d'une  solution  d'acide  tannique  au  3/100  et  on  secoue  forte- 
ment. Si  le  sang^  examiné  contient  de  l'oxyde  de  carbone,  le 
précipité  a  une  belle  couleur  rouge  ;  s'il  est  normal,  son  précipité 
est  gris.  MM.  Kachholz  et  Sieradzki  ont  modifié  cette  méthode  de 
manière  à  n'avoir  pas  besoin  de  mettre  en  comparaison  du  sang 
normal  avec  le  sang  î-uspect  d'être  vicié.  Ils  soumettent  à  l'épreuve 
simultanément  deux  parties  de  ce  dernier.  Et  sur  lune  de  ces 
parties,  ils  opèrent  de  manière  à  mettre  en  liberté  l'oxyde  de 
carbone  qu'elle  peut  contenir.  S'il  y  a  ensuite  une  différence  de 
coloration  entre  les  deux  précipités,  si  celui  de  la  partie  non 
soumise  au  procédé  destiné  à  le  dél)arrasàer  de  l'oxyde  de  carbone 
est  rougeâtre,  la  présence  de  ce  gaz  dans  le  sang  expérimenté  est 
certaine. 

Des  conditions  psychologiques  du  dépeçage  crirnincly  par  N'ina- 
Rodrigues,  professeur  de  médecine  lé^'ale  à  la  Faculté  de  Bahia 
(Brésil).  —  M.  Nina-Rodrigues  croit  avec  M.  Maraiidon  de  Monlyel, 
€  qu'il  y  a  eu  précipitation  de  la  part  des  partisans  de  l'école 
anthropologique  à  condamner  au  mépris  l'atavisme  en  tant  que 
facteur  important  de  la  criminalité  ». 

Pour  lui  des  liens  ataviques  relient  le  dépeçage  criminel  moderne 
aux  formes  du  dépeçage  sauvage  ou  barbare.  Assurément  les 
exemples  qu'il  relate  sont  bien  faits  pour  nous  en  convaincre.  Les 
cas  de  dépeçage  criminel  au  Brésil  sont  presque  constamment, 
sinon  toujours,  attribuables  à  des  métis  et  ils  revêtent  parfois  un 
caractère  de  férocité,  d'horreur,  inconnu  chez  nous.  Le  dépeçage 


li'ii  BIBLIOORAPHIB. 

réduit,  comme  moyen  de  faire  disparaître  la  victime,  peut  s'imposer 
logiquement  à  Tassassin.  Et  lorsqu'il  a  ce  but  de  défense,  lorsqu'il 
est  utile  au  criminel,  il  ne  nie  semble  pas  être  eu  lui-même  une 
preuve  spécialement  décisive  du  rôle  de  l'atavisme  dans  le  crime. 
Or  c'est  bien  sous  cette  forme,  avec  ce  but  d'utilité  évidente  pour 
le  criminel,  qu*il  se  rencontre  chez  nous.  Il  se  présente  aussi  de 
même  au  Brésil.  Dans  le  cas  du  juge  Pontes  Visguero,  vieillard 
qui,  en  1875,  coupa  des  parties  du  corps  de  sa  maltresse  qu'il  avait 
tuée  par  jalousie,  pour  le  faire  rentrer  dans  une  caisse,  y  a-t-il 
même  vraiment  dépeçape? 

L'influence  utavistiquese  révèle,  me  «emble-t-il,  lorsque  le  dépe- 
ça^'e  n'a  pas  d'objet,  lorsqu'il  constitue  non  pas  un  mojen  plutôt 
pénible  d'échapper  aux  conséquences  du  crime,  mais  une  satisfac- 
tion pour  le  criminel.  C'est  avec  ce  caractère  qu'il  se  présente  dans 
les  cas  de  crimes  commis  par  des  métis.  En  IS92,  sur  une  place  de 
Itio-de-Janeii'o,  on  découvrait  dans  uu  panier  un  sac  contenant  un 
tronc  de  femme.  Peu  après  on  pocha  un  autre  sac  dans  lequel  se 
trouvaient  les  membres  et  la  tête  qui  se  rapportaient  à  ce  tronc. 
Et  voici  alors  ce  qu'on  apprit.  Un  nègre,  ïimothée,  aidé  par  deux 
inélis,  avait  tué  sa  maîtresse,  une  mulâtresse.  Les  membres  et  la 
tête  furent  jetés  à  la  mer,  et  le  tronc  confié  à  l'un  des  métis,  Sol 
Porto.  Celui-ci  ex-marchand  ambulant  de  viande  de  cochon,  pensa 
que  même  sans  enlever  à  ces  dépouilles  la  forme  humaine,  on  pou- 
vait arriver  à  les  vendre  pour  de  la  viande  de  porc.  Et  dans  ce  but 
il  promena  pendant  deux  jours  son  panier  dans  la  ville.  Le  pre- 
mier, il  en  offrit  le  contenu  à  un  pâtissier  qui  refusa.  A  la  nuit  il 
obtint  la  permission  de  déposer  ce  panier  dans  une  boucherie.  Le 
lendemain  matin,  il  se  rendit  dans  un  restaurant,  discuta  du  prix 
de  ï^a  marchandise  et  conclut  marché.  Puis  il  alla  chercher  son 
panier.  Mais  après  qu'il  l'eut  apporté,  le  restaurateur,  découvrant 
les  restes  humains,  fut  suffoqué  et  le  jeta  à  la  porte. 

Eu  1803  est  mort  au  pénitencier  de  Porlo-Alègre,  l'ancien  bou- 
cher José  Ranios  qui  s'était  livré  au  commerce  de  chair  humaine. 
La  police,  à  la  recherche  de  deux  personnes  disparues  qu'on  avait 
vues  entrer  dans  sa  bouti(]ue,  les  y  trouva  à  moitié  dépecées,  ainsi 
que  plusieurs  tonneaux  d'os  humains.  On  apprit  que  depuis  long- 
ternps  il  attirait  des  personnes  chez  lui,  surtout  des  enfants,  et  que, 
les  faisant  asseoir  au-dessus  d'une  trappe,  il  les  assommait  en  les 
précipitant  dans  une  cave  et  fabriquait  avec  leur  chair  des  sau- 
cissL's  et  saucissons  estimés.  De  tels  forfaits,  si  authentiques  qu'ils 
soie^il,  ont  un  cachet  d'invraisemblance  qui  déroute  l'ima^inatioa. 
Los  monstres  capables  de  les  commettre  ne  sont  pas  des  criminels  au 
sens  ordinaire  ;  ce  ne  sont  pas  non  plus  des  fous,  puisqu'ils  ont  opéré 
avec  méthode  dans  un  but  de  profit.  11  y  a  donc  en  eux  quelque 
chose  de  la  bête  sauvage  que  furent  certains  de  leurs  ancêtres. 

V auto-crémation  des  pnHrcs  bouddhistes  en  Chine,  par  J.-J.  Mali- 


BIBLIOGRAPHIE.  523 

gnon,  attaché  à  la  légation  de  Chine.  —  Il  aiTive  en  Chine,  mais 
assez  rarement  d'ailleurs,  que  par  ferveur  religieuse  et  sous  le  sti- 
mulant des  adulations  des  fidèles,  des  bonzes  montent  sur  le 
liûcher  qu'ils  allument  eux-mêmes.  Les  monastères  qui  possèdent 
parmi  leurs  membres  des  sujets  capables  de  se  livrer  ainsi  aux 
flammes,  en  retirent  de  gros  bénéfices.  M.  Matignon  a  copié  Taf- 
fiche  suivante  qui  date  de  1888  :  «  L'abbé  c  Vivre-toujours  »,  du 
monastère  de  la  monta^^ne  des  Esprits,  informe  les  fidèles  qu'In- 
telligence Lucide,  diplômé  du  monastère  des  Grands-Nuages, 
s'étant  consacré  à  la  contemplation  de  Bouddha  et  étant  arivé  à  la 
perfection,  a  été  gracieusement  poussé  par  Bouddha  à  réaliser  la 
c  transformation  assise  ».  11  a,  en  conséquence,  fixé  au  28  janvier, 
à  onze  heures  du  matin,  la  cérémonie  au  monastère  de  la  mon- 
tagne des  Esprits  :  il  s'assiéra  sur  le  bûcher,  et  prendra  au  milieu 
des  flammes,  con^'é  pour  toujours  de  son  enveloppe  terrestre.  Que 
les  fidèles  des  deux  sexes  qui  désirent  y  assister,  viennent  —  sur- 
tout sans  oublier  les  offrandes  —  de  bonne  heure  réciter  pieuse- 
ment les  prières  à  Bouddha  et  à  la  reine  du  Ciel,  prières  qui  les 
rendront  très  méritants  et  leur  permettront  d'atteindre,  en  même 
temps,  aux  régions  du  suprême  bonheur.  > 

Evolution  de  la  peine,  par  Makarewicz,  professeur  à  l'Université 
de  Gracovie.  —  Ce  travail  étendu  est  d'un  érudit  auquel  les  docu- 
ments sociologiques  recueillis  par  les  ethnographes  sont  familiers. 
Ses  conclusions  paraissent  être  celles-ci  :  c  La  réaction  sociale  pro- 
prement dite  peut  prendre  trois  formes  :  1^  celle  de  vengeance  pu- 
blique, sociale  et  instinctive;  2°  celle  d'autorité  paternelle  dont 
dérivent  plus  tard  la  juridiction  de  la  famille  et  celle  de  la  tribu,  et 
qui  est  toujours  concentrée  entre  les  mains  d'un  seul  individu  ; 
3"*  celle  de  juridiction  sacerdotale,  qui  s'étend  à  tous  les  actes  qui 
outragent  la  divinité.  Ces  trois  facteurs  peuvent  exister  simultané- 
ment, mais  ils  peuvent  aussi  se  montrer  séparémenL  Dans  les 
sociétés  d'animaux,  ainsi  que  dans  les  sociétés  primitives  formées 
par  les  hommes,  nous  trouvons  le  droit  de  juger  au  pouvoir  d'un 
chef  unique,  qui  est  en  même  temps  la  plus  puissante  des  indivi- 
dualités de  la  communauté,  et  quelquefois  nous  voyons  aussi  la 
vengeance  sociale.  A  un  degré  plus  élevé  de  culture,  nous  voyons 
que  les  deux  facteurs  se  font  concurrence  de  plus  en  plus.  Cepen- 
dant on  ne  peut  contester  que  celui  de  ces  trois  qui  apparaît  le  der- 
nier ne  soit  la  juridiction  sacrée  qui  s'appuie  sur  la  religion  et  sur 
l'existence  des  dieux,  ni  que  l'autorité  judiciaire  du  père  de  famille' 
ne  soit  en  relation  avec  la  délégation  d'employés  spéciaux,  les 
juges,  fait  qui  constitue  la  véritable  base  de  l'état  actuel  des  choses 
dans  les  états  civilisés.  > 

M.  Makarewicz  ne  voit  donc  pas  un  ordre  de  succession,  de  déri- 
vation régulière,  entre  les  trois  formes  de  réaction  sociale.  Et  il 
assigne  comme  base  à  l'administration  de  la  justice,  au  principe 


524  BIBLIOORAPHOE. 

des  peines,  l'autorité  primitive  du  père  de  famille.  L'évolution  de 
la  peine  se  ramènerait  ainsi  simplement  au  transfert  du  droit  da 
père  de  famille  à  la  tribu  représentée  par  son  chef,  puis  à  l'Etat. 

Est-ce  que  tous  les  faitsexposés  ou  connus  s'expliquent  ainsi ,  cadrent 
dans  cette  théorie  d'apparence  d'ailleurs  si  rationnelle?  Je  ne  le 
crois  pas,  je  dois  le  déclarer.  M.  Makarewicz  soutient  que  la  peine  n'a 
pas  son  origine  dans  la  vengeance  personnelle.  Le  démontre-t-il? 
Il  me  semble  au  contraire  que  toutes  les  observations  qu'il  fait  va- 
loir en  faveur  de  sa  thèse,  dans  le  chapitre  consacré  à  cette  ques- 
tion, ne  s'accordent  précisément  pas  avec  elle.  Ainsi  il  nous  rap- 
pelle lui-môme  que  c  chez  les  Grecs  du  temps  d'Homère,  le  meurtre 
est  laissé  à  la  vengeance  des  parents  et  ne  constitue  ni  un  délit  ni 
même  une  action  immorale  ».  Il  en  fut  de  même,  à  notre  connaif- 
sance,  dans  beaucoup  de  sociétés,  sinon  dans  toutes,  à  une  certaine 
phase  de  leur  organisation. 

M.  Makarewicz  cite  les  indigènes  du  Brésil,  où  <  celui  qui  a  tué 
n'a  pas  d'autre  désa^rrément  que  d'être  exposé  à  une  vengeance 
dont  l'exécution  dépend  exclusivement  de  la  volonté  de  la  famille 
intéressée  ».  Je  lui  citerai  le  cas  des  Ossèthes,  où  la  vengeance  du 
sang  est  le  principe  de  toute  répression.  Un  acte  quelconque  qui 
ne  provoque  la  vengeance  de  personne,  est  en  lui-même  indifférent. 

Il  n'est  pas  même  immoral,  tout  comme  chez  les  Grecs  au  temps 
d'Homère.  D'où  s'ensuit  cette  conséquence  extrêmement  grave 
qu'une  famille  privée  d'une  descendance  mâle,  de  vengeurs  y  sera 
exposée  aux  pires  injures  et  peut-être  condamnée  à  périr. 

De  cette  phase,  nous  passons  clairement  à  celle  où  la  tribu  vient 
au  secours  du  vengeur,  .soit  en  sanctionnant  sou  droit,  soit  aussi 
même  en  lui  en  assurant  l'exercice. 

En  Perse,  le  meurtrier  est  livré  aux  parents  du  mort,  si  ceux-ci 
ne  veulent  pas  consentir  à  accepter  un  dédommagement  pécuniaire. 
Le  Coran  môme  dit  que  l'autorité  qui  a  saisi  un  meurtrier  doit  le 
remettre  au  vengeur  du  sang,  pour  l'exécution  du  jugement.  Il  en 
était  ainsi  chez  Jes  Hébreux  et  chez  maints  peuples,  en  Thurinse, 
dans  la  Frise,  etc.  Pour  rendre  plus  efûcace  et  irrévocable  l'exé- 
cution opérée  par  le  vengeur,  chez  divers  peuples,  tous  les  habi- 
tants du  village  devaient  prendre  part  effectivement  ou  symboli- 
quement k  celte  exécution. 

Par  la  suite  et  d'ailleurs  dans  des  sociétés  rudimentaires,  la  tribu 
ou  plutôt  le  chef,  s'est  fait  le  vengeur  d'actes  ne  portant  atteinte  à 
personne  en  particulier,  mais  pouvant  nuire  à  tout  le  monde,  ou 
aux  intérêts  de  sa  domination  confondus  avec  ceux  de  la  tribu. 
Mais  jusque-là  môme,  jusqu'à  la  naissance  de  l'état,  c'est  bien  le 
droit  de  vengeance  qui  apparaît  comme  la  source  de  la  peine.  J'au- 
rais donc  pour  mon  compte  exposé  Vévolution  de  la  peine,  autre- 
ment que  ne  le  fait  M.  Makarewicz.  Son  mémoire  n'en  est  pas 
moins  très  instructif.  Z.\borowski. 


VARIA. 


L'Alcoolisme. 

Sous  ce  litre  :  V Ennemi  de  la  Belgique,  la  Revue  médi- 
cale de  Louvain  (p.  525)  publie  les  renseignements  suivants: 

<  Voici  les  chiffres  de  la  consommation  et  de  la  dépense 
annuelles  pour  falcool  en  Belgique. 

€  Consommation  de  boissons  fortes  :  75  millions  de  litres.  — 
Dépense  pour  cette  consommation  :  150  millions  de  francs.  — 
Dépense  pour  les  boissons  alcooliques  en  générai  :  environ 
500  millions  de  francs. 

<  Donc,  chaque  jour  qm  se  lève,  environ  1.370.000  francs,  dont 
plus  de  410.958  francs  pour  le  genièvre  seul,  sont  dépensés  en 
boissons  alcooliques.  Donc,  cliaque  année,  il  se  perd  environ  un 
demi-milliard  pour  l'amélioration  morale  et  matérielle  de  la 
population,  pour  l'épargne,  pour  le  commerce  et  les  industries 
étrangères  à  la  vente  des  boissons;  c^est  un  deini-millim^d  dépensé 
pour  peupler  les  prisons —  74  alcoolisés  sur  lOO  condamnés  — 
pour  peupler  nos  dépôts  de  mendicité  —  79  ivrognes  sur  100 
internés  —  pour  donner  80  suicides  causés  par  Tivresse  et  45  cas 
de  folie,  suite  de  l'alcool,  sur  100.  Est-ce  tout?  Non. 

u  Cette  somme  énorme  est  dépensée  encore  pour  dégénérer  la 
race;  les  alcoolisés  ne  donnent  à  la  patrie  que  des  enfants  chétifs, 
misérables,  souffreteux  dès  leur  naissance.  (Voir  p.  527.)  A.  leur 
tour,  ceux-ci,  s'ils  vivent,  donneront  le  jour  à  des  enfants  scro- 
fuleux,  épilepliques,  vicieux.  Voilà,  en  deux  mots,  la  situation  que 
les  198.000  cabarets  et  la  consommation  actuelle  de  75  millions  de 
litres  d'alcool  ont  créée  à  la  Belgique. 

€  Mais  ce  detni-milliard  ne  représente  que  la  dépense  faite  pour 
boire.  11  convient  d'ajouter  la  valeur  des  heures  de  travail  per- 
dues; des. matières  premières  gaspillées;  de  la  dépréciation  d'un 
travail  mal  fait;  des  affaires  négligées,  et  décent  autres  causes  de 
pertes  d'argent.  Alors,  nous  arrivons  à  un  chiffre  autrement  for- 
midable. £n  effet,  un  homme  qui,  pour  s'enivrer,  dépense  par 
exemple  1  à  2  francs,  eu  perd  ordinairement  5  à  6,  souvent 
davantage,  h  cause  de  ce  qu'il  perd  avant,  pendant  et  après  son 
ivresse.  » 


o26  VARIA. 

Dans  le  Calvados,  on  sait  que,  grâce  à  la  facilité  avec 
laquelle  on  fabrique  Teau-de-vie  de  cidre,  Talcoolisme  ne 
cesse  pas  d'exercer  ses  funestes  effets.  Et  cela  va  en  aug- 
mentant d'année  en  année.  C'est  ainsi  que,  dans  le  canton  de 
Dives,  il  y  a  cinq  ou  six  ans,  dans  les  fermes,  on  ne  prenait 
du  café  (alcoolisé)  que  le  jeudi  et  le  dimanche.  Depuis,  c'est 
presque  tous  les  jours  qu'il  faut  le  café.  «  Et,  nous  dit-on, 
ils  ne  prennent  pas  le  café  sans  l'eau-de-vie  du  Calvados... 
On  n'épargne  pas  l'eau-de-vie  depuis  qu'on  peut  faire 
bouillir  son  cidre.  »  Les  mêmes  pratiques  envahissent  un 
grand  nombre  de  communes  du  département  de  l'Eure. 
L'habitude  de  prendre  le  café  quotidiennement  se  répand  de 
plus  en  plus.  Mais  c'est  surtout  pour  boire  Teau-de-vie  de 
cidre  que  les  ouvriers  des  champs  réclament  le  café. 

L'influence  de  l'alcoolisme  sur  la  production  des  crimes 
est  indubitable.  Tantôt  c'est  l'ivrogne  qui  commet  le  crime, 
soit  sous  l'action  de  l'ivresse,  soit  sous  celle  des  troubles 
intellectuels  et  moraux  de  l'alcoolisme  chronique;  tantôt  ce 
sont  les  violences  «  habitudinaires  »  qu'il  exerce  sur  les 
siens  qui  pousse  l'un  d'eux  à  se  débarrasser  de  l'ivrogne.  Tel 
est  le  cas  de  Blériot,  condamné  par  les  assises  de  l'Eure 
(o  nov.)  à  sept  ans  de  réclusion  pour  avoir  assassiné  l'amant 
de  sa  mère,  battue  par  lui,  alors  qu'il  renouvelait  ses  vio- 
lences étant  ivre. 

La  lutte  contre  l'alcoolisme  est  menée  énergiquement  par 
beaucoup  d'hommes  dévoués.  Nous  avons  publié  le  travail  de 
l'un  des  plus  actifs,  notre  ami  le  D""  Legrain.  (Archives  de 
Neurologie,  1898,  t.  V,  p.  241,  296.)  La  propagande  dans  les 
écoles,  les  conférences  publiques  porteront  assurément  des 
fruits.  Mais  l'administration,  par  la  police,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  si  souvent  sans  succès,  peut  y  contribuer  d'une 
façon  très  efficace  :  appliquer  régulièrement  la  loi  sur 
l'ivresse;  surveiller  soigneusement  les  cabarets;  sévir  sans 
pitié  sur  les  cabare tiers  qui  se  rendent  coupables  d'infrac- 
tions à  la  loi  ;  s'assurer  de  leur  façon  d'agir  envers  les  ivro- 
gnes auxquels  certains,  en  rendant  la  monnaie,  écoulent  des 
pièces...  qui  sont  retirées  de  la  circulation  ou  se  trompent 
sur  la  monnaie  à  rendre  ;  appliquer  avec  la  plus  grande 
sévérité  les  lois  et  règlements  sur  les  falsifications  des  bois- 
sons; ne  tenir  aucun  compte  des  interventions  malsaines  en 
faveur  des  délinquants.  Il  est  du  devoir  des  représentants  du 


VARIA.  527 

peuple  à  tous  les  degrés  de  prendre  sérieusement  ses  intérêts 
et  de  ne  pas  s'incliner,  par  intérêt  électoral,  devant  les 
intérêts  de  ses  empoisonneurs.  B. 

Action  de  l'alcpolisue  sur  la  production  des  maladies  nerveuses. 

1.773  enfants  idiots,  épileptiques,  imbéciles  ou  hystériques 
sont  entrés  dans  notre  service  de  Bicêtre  depuis  le  l*^' jan- 
vier 1879  jusqu'à  la  date  du  l*""  janvier  1898. 

Les  pères  de      677  enTants  faisaient  des  excès  de  boisssoiii". 
Les  mères  de       59  —  —  — 

Les  pères  et  mères  de       21  —  —  — 

Dans      242  cas  nous  n'avons  pas  de  renseignemenls 
sur  l'alcoolismo  des  ascendants. 
Les  pères  et  mères  de      775  enfants  étaient  sobres. 

1.773 

En  outre,  la  conception  durant  Vivresse  du  père  a  été 
rélevée  chez  154  malades  et  la  conception  probable  chez 
43  malades.  Nous  n'avons  pas  de  renseignements  précis  sur 
la  conception  chez  1.143  enfants  et  aucun  renseignement  sur 
la  conception  chez  435. 

Cette  statistique,  que  nous  complétons  chaque  fois  que 
l'occasion  s'en  présente  en  réinlerrogeant  les  familles,  montre 
d'une  façon  indubitable  Tinfluence  néfaste,  désastreuse  de 
l'ivrognerie  sur  la  descendance.  Bourneville. 

Voyageur  en  liquides  :  Dipsomanie. 

La  8®  chambre  correclionnelle  a  vu  s^asseoir,  hier,  sur  ses  bancs 
un  prévenu  original  :  un  ancien  huissier  de  province  déjà  condamné 
quarante-deux  fois  par  tous  les  tribunaux  de  France  et  de  Navarre, 
et  toujours  pour  le  môme  délit  :  outrages  aux  agents  et  ivresse. 
Détail  particulier  :  cet  homme  avait  passé  sa  vie  à  réclamer  des 
juges,  devant  lesquels  il  comparaissait  au  moins  une  fois  par  an, 
un  examen  médical,  qui,  invariablement,  lui  était  refusé. 

«  Je  suis  malade,  s'écriait-il  à  chaque  fois.  Une  force  irrésis- 
tible me  pousse  à  boire,  et  quand  j'ai  bu,  je  ne  sais  plus  ce  que  je 
fais.  J'insulte  les  agents,  mais  je  les  tuerais  aussi  bien  !  » 

Enfin,  pour  celte  quarante-troisième  fois,  le  tribunal  de  la  Seine 
a  accédé  à  sa  demande.  L'ancien  huissier  a  obtenu  du  juge  d'ins- 
truction, M.  Flory,  le  médecin  qu'il  réclamait  depuis  quinze  ans, 
et,  comme  il  fallait  sV  attendre,  ce  médecin  a  conclu  à  son  entière 
irresponsabilité.  L'honorable  docteur  Legras  s'est  exprimé  ainsi  : 


528  VARIA. 

c  Quand  cet  homme  a  bu,  il  se  Irouve  dans  ua  état  morbide  tel 
qu'il  est  complètement  irresponsable.  » 

C'est  donc  avec  ce  certificat  de  très  bon  augure  que  notre  an- 
cien huissier  se  présentait  hier  devant  la  8*-  chambre.  M.  le  prési- 
dent Arbehîl  l'a  interrogé  avec  une  très  grande  bienveillance, 
l'invitant  à  s'expliquer  lui-même,  ce  qu'il  s'est  empressé  de  faire 
avec  volubilité  :  c  Monsieur  le  président,  je  suis  un  brave  homme, 
j'ai  femme  et  enfants.  Je  ne  demande  qu'à  travailler  et  je  travaille; 
mais,  malheureusement,  je  n'ai  pas  de  chance  !  J'ai  le  seul  métier 
du  monde  que  je  ne  devrais  pas  avoir,  moi  qui  ne  peux  supporter 
la  boisson  :  Je  suis  voya^ireur  en  liquides  !  (Sic.)  Vous  savez  que, 
dans  ce  métier,  le  premier  bonjour  est  :  «  Voulez-vous  prendre 
quelque  c  chose  ?  » 

M.  le  président  Arbelet  de  répondre  alors  avec  beaucoup  de 
bonhomie  :  «  Mais,  m^me  comme  voyageur  en  liquides,  je  vais 
vous  indiquer  le  moyen  d'être  sobre.  Prenez  une  spécialité  :  soyez 
voyajzeur  en  eaux  minérales  !  • 

Et  l'auditoire  de  rire,  de  même  que  les  juges  et  que  le  prévenu 
lui-même.  Tout  est  bien  qui  fmit  bien  :  le  tribunal,  après  plaidoi- 
rie de  M"  Cdmby,  a  acquitté  l'ancien  huissier  comme  irresponsable. 
Cet  homme  est  un  malade,  c'est  certain.  Il  est  seulement  à  regret- 
ter quavant  de  s'en  appercevoir  la  justice  correctionnelle  se  soit 
trompée  à  son  égard  quarante-deux  fois.  C'est  le  record  de  Terreur 
judiciaire  !  (Le  Soleil,  du  23  octobre.)  La  réflexion  du  journal  est 
très  juste.  Nous  avons  relaté  sommairement  un  cas  analogue  moins 
le  nombre  des  arrestations.  Le  malade  qui  n'a  que  vingt  ans, 
est,  quand  il  a  bu,  comme  le  voyageur  en  liquides  :  il  ne  sait  plus 
ce  qu'il  fait,  insulte  les  agents  et  les  tuerait.  (Voir  Compte  rendu 
de  Bicélrc  pour  189G,  p.  225.) 

Considérations  médicales  et  économiques  sur  l'emploi  industriel 
DKs  aliénés;  par  le  D""  Aider  Blumkr. 

Bien  qu'on  ,ait  depuis  longtemps  préconisé  le  travail  comme 
un  moyen  de  rendre  les  aliénés  chroniques  des  membres  pacitiques 
et  utiles  de  la  société,  il  reste  encore  beaucoup  à  faire  pour  rendre 
au  travail  la  place  importante  qui  lui  revient  dans  la  pratique  thé- 
rapeutique. La  couche  motrice  des  bras  et  des  jambes  renferme  un 
nombre  énorme  de  cellules  destinées  à  assurer  la  coordination 
délicate  des  muscles  dans  rinfiaie  variété  des  mouvements  ;  ces 
cellules  motrices  et  sensitives  s'accroissent  et  se  développent 
comme  toutes  les  parties  du  corps  par  la  nutrition  et  l'activité 
fonctionnelle  et  l'exercice,  donné  d'une  façon  appropriée  est  néces- 
saire à  leur  santé. 

Aussi,  en  mainte  circonstance,  l'exercice,  le  travail  rendront-ils 
beaucoup  plus  de  services  que  le  nombre  infini  des  drogues,  chaque 


FAITS   DIVERS.  5^9 

jour  nouvelles,  que  tous  les  narcotiques  qui,  à  la  longue,  font  plus 
de  mal  que  de  bien. 

Les  malades,  heureux  d'échapper  à  l'ennui  de  la  vie  monotone 
de  rhôpilal,  acceptent  avec  plaisir  le  travail  :  quant  à  la  crainte  du 
danger  qu*il  peut  y  avoir  à  laisser  des  instruments  entre  leurs 
mains,  elle  ne  résiste  pas  plus  à  la  réalité  des  faits  que  n'y  résistent 
les  arguments  opposés  au  non  restreint. 

L'utilisation  d'un  grand  nombre  de  malades  aux  divers  travaux 
de  Fasile  peut  amener  à  une  production  plus  grande  que  la  consom- 
mation de  Tasile  ne  le  comporte  :  dans  ce  cas,  la  quantité  de  pro- 
duits supplémentaires  devrait  ôtre  donnée  aux  institutions  simi- 
laires, asiles  ou  hôpitaux.  (American  Journal  of  insanity^  oct.  i897.) 

E.  B. 


FAITS  DIVERS. 


Asiles  d'aliénés.  —  Nominations  et  mutations  :  M.  le  D*"  Doders 
est  nommé  médecin  adjoint  à  l'asile  de  la  Charité  (iNièvre)  en  rem- 
placement de  M.  Roux,  placé  sur  sa  demande  dans  le  cadre  de  dis- 
ponibilité (15  septembre);  M.  le  D'*  Santenoise,  médecin  adjoint  à 
l'asile  de  Saint-Ylie  est  élevé  à  la  première  classe  (30  septembre)  ; 
M.  le  D**  Rauadier,  directeur-médecin  de  l'asile  de  Rodez  est  élevé 
à  la  première  classe  (10  oct.)  ;  —  M.  le  D*"  Baruk,  médecin  adjoint 
de  l'asile  de  Lesvellec,  est  élevé  à  la  1''^  classe  (8  ocL)  ;  —  M.  le 
D'  Papillon  est  nommé  médecin  adjoint  à  l'asile  de  Montdevergues 
(15  oct.);  —  M.  Lesvrier,  conseiller  de  préfecture,  est  nommé 
directeur  de  l'asile  de  Saiul-Méens  (26  oct.)  ;  —  M.  le  D''  Bessière, 
directeur  médecin  de  l'asile  de  Saint-Alban,  est  nommé  directeur 
médecin  de  Tasile  d'Evreux  (24  oct.)  ;  —  M.  le  D''  Nicolan,  direc- 
teur médecin  de  l'asile  d'Auch,  est  nommé  médecin  en  chef  de 
Tasile  de  Cadillac  (0  nov.)  ;  —  M.  le  D*'  Dupain,  médecin  adjoint 
de  l'asile  d'Atençon,  est  nommé  médecin  en  chef  à  Tasile  de  Saint- 
Méens  (9  nov.)  ;  —  M.  le  D'  Coulon  est  nommé  médecin  adjoint 
à  l'asile  d'Alençon  (18  nov.)  ;  —  M.  le  D*"  Mahon  est  nommé  méde- 
cin adjoint  de  l'asile  Sainte-Gemmes  (18  nov.). 

Concours  de  médecin  suppléant  de  Bicêtre.  —  Ce  concours 
ouvrira  le  l^**  décembre.  Les  candidats  sont  MM.  Noir,  Boissier, 

Archives,  2«  série,  t.  VL  34 


530  AVIS  A  NOS  ABONNÉS. 

Loode,  ElUinger,  Michel  Dansac,  Roubinowitch.  Le  jury  est  com- 
posé comme  il  suil  :  MM.  Ballel,  Besnier,  de  Bearmann,  Boarne- 
Tille,  Deny,  Féré  et  Taguet. 

Un  nouveau  journal  de  Neurologie.  —  Parmi  les  journaux  médi- 
caux nouveau-nés  qui  sont  toujours  de  plus  en  plus  nombreux, 
nous  avons  la  satisfaction  d'en  trouver  un  qui  sort  de  la  banalité 
courante  et  pourra  rendre  de  grands  services  à  ses  lecteurs  :  c'est 
V Intermédiaire  des  Neurologistes  et  des  Aliénistes,  organe  interoa- 
tional  trilingue  de  neurologie,  psychiatrie  et  psychophysiologie. 
En  créant  cet  organe  écrit  en  français,  en  allemand  et  en  anglais, 
son  savant  et  distingué  directeur,  M.  le  D' P.  SOLLIER,  a  voulu  moins 
créer  un  journal  ou  une  revue  spéciale  traitant  des  maladies  ner- 
veuses et  mentales  qu'offrir  dans  ses  colonnes  aux  neurologistes 
et  aliénistes  de  divers  pays  l'occasion  d'entrer  en  relations  scienti- 
fiques et  de  s'éclairer  mutuellement  sur  les  points  qui  les  intéressent. 
Tous  les  lecteurs  de  V Intermédiaire  pourront  bénéficier  des  questions 
et  des  réponses  qu'il  publiera,  et  nous  ne  doutons  pas  du  succès 
de  la  nouvelle  publication  à  laquelle  les  Archives  de  Neurologie 
souhaitent  prospérité  et  longue  vie. 


AVIS  A  NOS  ABONNÉS.—  Véchéance  du  \^  JANVIER 
étant  la  plus  importante  de  l'année,  nous  prions  instam- 
ment nos  souscripteurs  dont  Vabonnement  cesse  à  celte 
date,  de  nous  envoyer  le  plus  tôt  possible  le  montant 
de  leur  renouvellement.  Ils  pourront  nou^  adresser  ce 
montant  par  Vintei^iédiaire  du  bureau  de  poste  de  leur 
localité,  qui  leur  remettra  un  reçu  de  la  somme  versée. 
Nous  prenons  à  notre  charge  les  frais  de  S  p.  100  prélevés 
par  la  poste,  et  nos  abonnés  n'ont  rien  à  payer  en  sus  du 
prix  de  leur  renouvellements 

Nous  leur  rappelons  que,  à  moins  d'avis  contraire,  la 
quittance  de  réabonnement  leur  sera  présentée,  aug- 
mentée des  trais  de  recon^rement,  à  partir  du 
15  Janvier.  Nous  les  engageons  donc  à  nous  envoyer  DE 
SUITE  leur  renouvellement  par  un  mandat-poste. 

Afin  d'éviter  toute  erreur,  nous  prions  également  nos 
abonnés  de  joindre  à  leur  lettre  de  réabonnement  et  à  toutes 
leurs  réclamatiofis  la  bande  de  leur  journal. 

Nous  rappelons  à  nos  lecteurs  que  Vabonnement  collectif 
des  Archives  de  Neurologie  et  du  Progrès  Médical 
est  réduit  à  30  francs  pour  la  France  et  [Étranger. 

Le  rédactewT' gérant f  Bourhzvillk. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE 


Fig,  1.  —  Foyer  d'encéphalite  subaiguë,  cn^  cellules  névrogliques  en 
voie  de  modifications  progressives;  c  g,  cellules  nerveuses  dégénérées 
ou  en  voie  de  dégénérescence  granuleuse,  scléreuse  ou  d'atrophie 
simple;  v,  capillaire  à  endothél'mm  proliférant.  (Zeiss,  ocul.  3  obj.  £.} 

Fig,  2.  —  Foyer  d'encéphalite  subaiguë,  mais  à  moindre  grossisse- 
ment. (Zeiss.  ocul.  3  obj.  D.) 

Fig,  3.  —  Âccolement  des  cellules  névrogliques  à  la  paroi  des  capil- 
laires. Le  noyau  d'une  des  cellules  présente  un  abondant  réseau  de 
fibrilles  de  chromatine.  (Zeiss.  ocul.  3obj.E.) 

Fig.  4.  —  Âccolement  des  cellules  nerveuses  à  la  paroi  capillaire. 
Les  cellules  nerveuses  en  voie  de  régression,  même  grossissement. 

Fig»  5.  —  Foyer  d*encéphalite  aiguë  spontanée  et  non  suppurative. 
/,  leucocytes  ;  c  e,  cellules  épithéloldes  ;  c  g,  cellules  nerveuses  com- 
plètement dégénérées  ;  v,  petit  vaisseau  à  adventrice  proliférée  ;  f  r, 
dissolution  de  la  substance  fondamentale.  Même  grossissement. 


TAFiLE  DKS  MATIÈRES 


ABCÈS  temporo- sphénoïdal,  par 
Bronner,  144.  —  cérébral,  par 
Hossen,  296;  par  Marsh,  30*i.  — 
du  lobe  temporal  gauche,  par 
1*.  Marie  et  Sainton,  406. 

AcHOuÊGALiK.  Sur  en  cas  d' — ,  par 
Finzi,  51.  —,  par  Eslerre,  209. 

Adolescent  assassin,  73. 

Alcool.  Drames  de  1'—,  271.  Action 
de  r—  sur  la  production  des  ma- 
ladies mentales,  par  Boiirneville, 
527. 

Alcooliques.  Douche  Troide  dans  les 
convulsions  — ,  par  Hobertsoh,  62. 

Alcoolisme  et  ses  conséquences,  156. 
L  —  en  Vendée,  par  Terrien,  251. 
1/—,  .J25.  —  aigu  mortel  chez  un 
enfant,  par  Weber,  411.  L  —  traité 
par  la  strvchnine,  par  FederofT, 
422. 

Aliénation.  Tuberculose  et  —  men- 
tale, par  A.  Paris,  285.  Traitement 
chirurg^ical  j^ynécoloj^ique  dans  la 
névrose  hystérique  et  1* — ,  par 
Angelucci  et  Pieraccini,  423. 

Aliénés  en  liberté,  78,  157,  269,  350, 
428.  Traitement  des  —  à  la  consul- 
tation externe  des  hôpitaux,  143. 
Alimentation  artificielle  des  — , 
par  Liston,  144.  Ai^si^tance  des  — . 
350.  Injections  de  sérum  artificiel 
chez  les  — ,  par  de  Bœck.  424. 
Patronage  des  —,  par  Morel,  428. 
Considérations  médicales  et  éco- 
nomiques sur  remploi  industriel 
des  —,  par  Blumer,  528. 

Amyotrophie  du  membre  supérieur 
droit,  par  J.-B.  Charcot,  46.  —  de 
la  main  droite,  par  van  Gehuch- 
len,  293. 

Anesthésiques.  Action  des  —  sur  le 
nerf  isolé,  par  Waller,  137. 

Anthropologie  criminelle.  Archives 
d'— ,  par  Lacassagrne  et  Tarde,  516. 

Aphasie.  De  T— ,  par  Bastian,  Bram- 
well  et  Lister,  291. 

Apopuysalgie  pottique,  par  Chipault, 
127. 


Arthrites.  Rôle  des  —  dans  la  pa 
thologie  du  système  nerveux,  par 
Goulon.  239. 

Asbxl'alisatiok  des  criminels,  par 
EdjiTor,  418. 

Asiles  publics  d*aliénés,  nomina- 
tions, 79.  Organisation  des  —, 
par  Brunet,  259.  —  d*aliénés  :  faits 
divers,  271.  —  de  la  Seine.  429. 

Assistance  familiale  directe  des 
aliénés,  par  Terrien,  252. 

Associations  verbales,  par  Guiccardi 
et  Ferrari,  493.  Valeur  des  centres 
d*—  de  Flechsig,  par  Otuzewski, 
510. 

Ataxie.  Traitement  de  V—  par  la 
rééducation,  par  Faure.  58.  Trai- 
tement de  1'—  par  l'élongation 
vraie  de  la  moelle,  par  Gilles  de 
la  Tourette  et  Chipault,  60,  144. 

—  centripète  chez  Ihomme  et  chez 
le  singe,  par  Hering,  509. 

Athétose  avec  autopsie,  par  Sander, 
118. 

Atrophie.  Existe-t-il  une  —  muscu- 
laire progressive  d'Aran-Du- 
chenne,  par  P.  Marie,  408. 

Attention.  Mécanisme  de  T— ,  par 
J.  Roux,  463. 

Autocrémation  àes  prêtres  bou- 
dhistes  eu  Chine,  par  Matignon, 
522. 

AuTOHVPNOTisME,  par  Warren,  295. 

Basophobie  chez  un  hémiplégique, 
par  Mirallié,  250.  —  chez  les  ataxi- 
ques,  par  Pari.sot,  255. 

Bibliographie,  74, 515. 

Biographie  :  P.  Uicher,  par  Gilles  de 
la  Tourette,  347. 

Bleu  de  uéthylène.  Elimination  du 

—  chez  les  épileptiques,  par  J.  Voi- 
sin et  Mauté,  189. 

Bromures.  Les  —  dans  Tépilepsic, 

par  Landbnheimer,  139. 
Bulbe.  Gliome  du  — ,  par  Collins, 

304. 


TABLE   DBS   MATIERES. 


533 


Calculateur  mental  de  Zaneboni, 
par  Guiccardi  el  Ferrari,  494. 

Capsules  surrknales.  Extirpation 
des  —  chez  le  chien,  par  Sodou, 
487. 

Cellules  nerveuses.  Lésions  des  — 
dans  les  intoxications,  par  Na- 
g:eotte  et  Ettlinger,  30t.  Altéra- 
tions des  —  pendant  l'inanition, 
par  Schaffer,  501. 

Centres  nerveux.  Les  —  corticaux 
des  viscères,  par  SoUier,  350.  Re- 
lations dns  —  et  dn  corj)S,  par 
Jackson,  320.  Extirpation  des  — 
corticomoleurs  du  chat,  par  Red- 
lich,  499. 

Cerveau.  Poids  du  —  et  cubage  du 
crâne,  par  Zanke,  502. 

CuoRÉE  saltatoire  chronique,  par  Sol- 
lier,  251.  —  électrique,  par  Bo- 
nardi,  404. 

CocHLÉAiRES.  Relations  des  noyaux 
centraux,  —  et  vestibulaircs,  par 
Sabin,  320. 

Coloration  des  dégénérations  du 
système  nerveux  par  l'acide  os- 
m'ique,  par  Bousch,  70.  —  du  sys- 
tème nerveux  central,  par  Aller- 
hand. 498. 

CoNGRits  des  aliénistes  et  neurolo- 
gistes  français,  65,  t48,  201,  326. 

—  de  médecine,  150.  —  interna- 
tional de  médecine  de  1900.  349. 

Contractures  hystéro  -  traumatique 
des  muscles  du  tronc,  par  P.  Ri- 
cher  et  Souques,  i27.  —  poslhé- 
niiplégique,  par  van  Gehuchten, 
408. 

Contusion.  Sur  un  cas  de  —  du  cer- 
veau, par  Lamarchia,  45. 

Cordons  LATERAUX. Trousseau  médian 
des  —  do  la  moelle,  par  de  Bech- 
terew,  498. 

Cornes  antkrieures.  Chromatolyse 
dans  les  —  après  la  désarticulation 
de  la  jambe,  par  van  Gehuchten 
et  de  Bûck.  318.  Aspect  des  cellules 
des  —  après  le  repos,  par  Jacob- 
sohn,  503. 

Corps  calleux.  Tumeurs  du  —,  par 
Devic  et  Pavlot,  50;  par  Séglas  et 
Londe,  224. 

Courants.  Valeur  thérapeutique  des 

—  à  haute   fréquence,   par  Ber- 
gonié,  56. 

Crank.  Cubage  intérieur  du  —,  par 

Zanke,  138. 
Cranio-racuischisis,  par  Clarke,  320. 


CRHTiNisys  sporadique;  discussion  à 

la  Brilisch  médical  Sociefy,  65. 
Criuinalitê  des  aliénés  dans  TAvey- 

ron,  par  Ramadier  et  Fenavrou, 

414. 
Cylindraxes.  Coloration  des  —,  par 

Auerbach,  317. 
Cysticehque  du  cerveau  humain,  par 

Gioimi.  493. 

DÉFORMATION  congénitale  du  système 
nerveux,  par  Solowtzow,  341. 

Dêgi^.nérations  systématisées  de  la 
moelle,  par  Ceni,  493. 

DÉGÉNéRK  inverti  sexuel  mort  para- 
lytique général,  par  Jotîroj,  223. 

Dégénérescences.  Etude  des  —  pro- 
pagées consécutives  aux  lésions  en 
foyer  de  l'encéphale,  par  Durante, 
489. 

Délire.  Guérison  du  —  chronique 
systématisé  non  lié  à  la  dégéné- 
rescence, par  Paris,  100.  —  d'auto- 
accusation  systématique,  par  Sé- 
glas, 225.  —  transitoire  au  point 
de  vue  médico-légal,  par  Vallon, 
229.  —  de  revendication,  par  Cul- 
lerre,  249.  Recherches  bactériolo- 
giques sur  le  —  aigu,  par  Ceni, 
493. 

Deliriuii  treubns.  Traitement  du  —, 
par  Crothers  et  Collins,  143.  Pa- 
thogénie du  —,  par  Villers,  477. 

Démence.  Sur  la  —  primitive  de  la 
puberté,  par  Widerœ,  39.  Lésions 
anatomiques  de  la  —  paralytique, 
par  Bœdecker  et  Juliusberger,481. 

DÉPEÇAGE.  Conditions  psychologi- 
ques du  —  criminel,  par  Rodri- 
gues,  52 i. 

Diabète.  Sclérose  diffuse  de  la 
moelle  avec  polynévrite  dans  le—, 
par  Bonardi,  44.  Hémianopsie  bi- 
temporale  et  —  insipide,  par 
Spanbock  et  Steinhaiis,  130.  — 
sucré  grave  avec  réaction  élec- 
trique lente  el  prolongée,  par 
Kausch,  131. 

Diphtériques.  Action  des  toxines  — 
et  streptococciques  sur  le  sys- 
tème nerveux  des  cobayes,  par 
Mourawieff,  485. 

DiPsoMANiE.  Voyageurs  en  liquides  : 
—,  527. 

Doigts.  Hypertrophie  congénitale 
des  —,  par  Cestan,  309. 

DuN.  Colonie  familiale  de  —,  par 
A.  Marie  et  Vigouroux,  246. 


834 


TABLK  DBS  MATIKRBS. 


BcoRCE  CKRÉBRALE.Stnicture  de  r~, 
par  Bewan  Lewis,  303. 

EcRiTDRE.  Physiologie  de  1'—,  par 
Obici,  493. 

Electrodiagnostic,  parMasson,  312. 

Electrothérapie.  Revue  d'électro- 
physioloffie  et  d*— ,  parL.-U.  Ré- 
gnier, 106. 

Encf'phalite  aiguë  primitive  hémor- 
ragique, par  Brie,  55.  Poussées 
d'  —  aiguë  dans  le  cours  de 
r  —  subaiguë  et  chronique,  par 
Pepirkoff,  433. 

Epilepsie  symptumatique  des  néo- 
plasies  corticales ,  par  Lemos, 
46.  Contributions  au  traitement  de 
r  —,  par  Flechsig,  59.  —  jack- 
sonnienne  et  opérations,  par  Mori- 
son,  144.  Des  résultats  éloignés 
du  traitement  chirurgical  der— , 
par  Boumeville,253. --sénile,par 
Lewis  Allen,  296.  —  d'origine  al- 
coolique, par  Stem,  297.  Trai- 
tement de  r  —  par  la  sjmpalhec- 
tomie,  pap  Lannois,  327.  —  et  pa- 
ralysie générale,    par   Péan,  328. 

—  au  point  de  vue  clinique  et  mé- 
dico-légal, par  Kovalewsky,  413. 

—  sénile,  par   Kovalewsky,  478. 
Epileptiques.  Accès  convulsifs  —  et 

exagération  de  la  putréfaction  in- 
testinale, par  Angerio,  114,  Dia- 
gnostic des  crises  hystériques  et 

—  par  Bonjour,  120.  Nécessité  de 
l'hospitalisation  des  —,  156,  346. 
Elimination  du  bleu  de  méthy- 
lène chez  les  —  par  J.  Voisin  et 
Mauté,  189.  Etat  des  cellules  ner- 
veuses chez  les  —  morts  en  état 
de  mal,  parRispal  et  Anglade,  259. 
Rapidité  du  courant  nerveux  chez 
les  —,  par  Rossi,  410.  Uxoricide 
et  parricide  imputés  à  un  — ,  par 
Cadaluppi,  418.  Bain  d*air  chaud 
dans  le  traitement  des  —,  par 
Cobitto,  422.  Toxicité  de  la  sueur 
des  — ,par  Cobitto,  494. 

Epileptoïdes.  Stigmates  —  chez  les 

criminels  aliénés,  par  de  Arcan- 

gelis,  417. 
Ereuthophobie,  par  de  Bochterew, 

129,  300,  482. 
Expertises     médîco  •  légales,    par 

Chassing,  416.  Valeur  relative  des 

—,  par  Goodrich,  418. 

Facial.  Origine  du  —  supérieur, 
par  Marinesco ,  492.  Recherches 


sur  l'origine  réelle  du  nerf  —, 
par  van  fiehuchten,  495. 

Faisceau  de  Gowebs,  son  trajet,  par 
Rossolino,  343. 

Folie.  Théorie  de  Roncorini  sur  la 

—  systématisée,  par  Jentscb,315. 

—  simulée,  par  Allison,  417.  Dis- 
cussion de  rallégation  de  la  — 
chez  les  criminels,  419.  Concep- 
tion moderne  sur  rétiologie  de  la 
— ,  par  Baty-Tuke,471.  Epidémie 
de  —  religieuse  au  Brésil,  par 
Rodriguea,  475. 

FoRUOHéTHYLB.  Traitement  au  —, 
pai  Rossolino  et  Mourawiew,  4SI. 

GitiANTisMB.  Deux  cas  de  —  ef 
d*acromégalie ,  par  Brissaud  et 
U.  Meige,  123. 

Gliomatose.  Anatomie  pathologique 
de  la  —,  par  Pribvlkoff  et  ivanoff, 
342. 

Goitre  exophtalmique.  Maladie  de 
Basedow,  par  Potain,  4g.  Patho- 
génie du  — ,  discussion,  parMur- 
ray,  123.  Pronostic  dans  le  —, 
par  Wiliaroson,  125.  Traitement 
du  —  par  la  section  du  sympa- 
thique cervical,  par  Jaboulay, 
145. 

Hallucinations  dites  psychiques, 
par  Francotte,  477.  Influence  sue- 
cestive  des  —  de  l'ouïe,  par  de 
Bechterew,  477.  Provocation  arti- 
ficielle des  —  sensasorielles,  par 
de  Bechterew,  478. 

Hemianopsib  bî temporale  et  diabète 
insipide,  par  Spanbock  et  Stein- 
haus,  130. 

Uemi atrophie  progressive,  myo^clé- 
rose,  sclérodermie,  etc.,  par  Peli- 
zœus,  131.  —  faciale,  par  Yooge, 
299. 

Heuichorée  posthémiplégique  et 
ramollissement  du  pont  de  Va- 
rôle,  par  Rubino,  135. 

HÉuiCRAMiE  ophtalmique,  par  Knauer 
128. 

HémpLÉGiE  progressive  par  arlérile 
et  ramollissement  blanc,  par  Bris- 
saud et  de  Hassary,  243.  Eut  du 
facial  inférieur  et  du  moteur  ocu- 
laire commun  dans  V  — ,  par  Mi- 
rallié,  244.  Asymétrie  craoîo- 
faciale  dans  1*  —  spasmodique 
infantile,  par  Féré,  303.  Paralysie 
du  facial  supérieur  dans  T— ,par 
Féré,  402. 


TABLB   DBS   MATIERES. 


535 


liÂuiPLéGiQUES.  Contribution  au  trai- 
tement des  —,  par  Erben,  59.  Pa- 
thogénie et  prophylaxie  de  l'atro- 
phie musculaire  et  des  douleurs 
des—,  pareilles  de  la  Tourette, 
121. 

llÊPATisME  et  psychoses,  par  Gul- 
lerre,  353. 

HérïIdité  et  névrose,  parSaYoye,298. 

Hospices.  Concours  des  médecins- 
adjoints  pour  les  —  de  Bicôtre  et 
de  la  Salpétrière,  430. 

HuMÊRALB.  Troubles  paralytiques 
consécutifs  à  la  ligature  de  T  —, 
parMally,  245. 

Hydrocéphalie.  Sarcome  de  la  fosse 
crânienne  postérieure  avec — ,  par 
Campo,  493. 

Hypnose.  Physiologie  de  1'  — ,  par 
IK^dken,  329.. 

Htpnotico-suggbstive.  Thérapie  — , 
par  Rauschbur^,  61 ,  par  Delins,  61 . 

Hypnotique.  Poiclinique  —  de  Fo- 
rci, par  Bauer,  62.  Auto-observa- 
tion de  rétat  —,  par  Wetters- 
trand.  294. 

Bypnotisue.  Somnambulisme  hys- 
térique et  — ,  par  Lœvenfeld,  295, 

Hystérie  infantile,  parTaylor,  295. 

Hystériql'es.  Diagnostic  différentiel 
des  crues  —,  par  Bonjour,  120. 
Phénomènes  pulmonaires  d'ori- 
gine —,  par  Leoni,  122. 

Hystero-épilepsie  simulant  l'épi- 
lepsie  vraie,  par  Thomson,  299. 

Idées   de  négation.  Notes    sur  les 

—,  par  Trénel,  23. 
Imbécillité,  Formes  de  1*   — ,  par 

Thomson,  300. 
Impulsion  tendant  à  introduire  des 

objets  insolites  dans  l'organisme, 

par  Bernslein,  3i0. 
Infantile.    Myxodémateux  et  —  de 

Lorain,  par  Mei$^e  et  Allard,  292. 
Interférence   et  hérédité  sexuelle, 

par  Hollernorden,  315. 
Ivresse  pathologique,  par  Répond, 

120 
Ivrognerie.     Responsabilité     dans 

r— ,  par  Crothers,  419. 

Jeunesse  criminelle,  par  Tarde,  518. 

Lichen  ruher  Etiologie  du  — ,  par 

Lindetrem,  291. 
LiÉBAULT  et  son  école,  par  Renter- 

ghen,  155. 
Lè»RE  anesthésique  avec  autopsie, 

par  Samguine,  72. 


Localisations  des  cordons  moteurs 
de  la  moelle,  par  Gad  et  Flatau, 
309.  —  corticales,  par  Mills,  321. 

Main  succulente.  La  —,  par  Mari- 
nesco,  125. 

Mal  de  Pott.  Double  syndrome  de 
Brown-Sequard  dans  le  —,  par 
Londe,  405. 

Maladie  d*Addissox,  par  Bramwell, 
298. 

Maladie  de  Basedow,  traitée  par  la 
thyroïdectomie  partielle,  par  Sou- 
pault,  61. 

Maladie  de  Charcot,  par  de  fiûck 
et  de  .Moor,  294. 

MALADiE  DE  Friedreïch.  Un  CHS  de  —, 
par  Berdez,  121 .  —  4  début  tardif, 
par  Bonnus,  402. 

Maladie  de  Little.  Un  cas  de  — , 
par  Poix,  259. 

Maladie  de  Parkinson.  Lésions  des 
cellules  de  la  moelle  dans  un  cas 
de  —,  par  Ballet  et  Faure,  404. 

Maladie  de  Thomsen.  La  — ,  et  son 
traitement,  par  de  Bechterew,  56. 

Marche.  Variétés  de  la  —,  et  de  la 
course,  par  P.  Richer,  317. 

Mélancolie.  Diagnostic  et  traite- 
ment de  la  —,  par  Ziehen,  425,  — 
avec  verbigération,  par  Bresler, 
482. 

Mklanoderuie  chez  les  épileptiques, 
par  Lannois,  226. 

MÉNiNr.isME  et  catalepsie,  par  Dupré 
et  Kabé,  54. 

MÉNINGITE.  Altération  des  cellules  de 
la  colonne  de  Clarke  dans  la  — 
spinale  épidermique,  par  Baker, 
321.  —  syphilitique  cérébro-spi- 
nale, par  Gianulli,  410. 

Méningocêle.  Deux  cas  de  —  opé- 
rés avec  succès,  parSpanton,  144. 

Moelle.  Abcès  de  la  —,  par  Pribyl- 
kofl  et  Mololietkoir,  345.  Contri- 
bution à  l'étude  des  segments  les 
plus  inférieurs  de  la—,  par  Berj;- 
man,  501.  Voies  conductrices  ré- 
flexes de  la  —,  par  Mendelssohn, 
503.  Déjjenérescences  secondaires 
de  la  —,  par  Worotynsk,  508. 

Morphinomanie  et  son  traitement, 
par  Robertson,  424. 

Myélite  transverse  et  paralvsie  flac- 
cide,  par  Brissaud,  226.  Épidémie 
de  —  et  de  polynévrites  infec- 
tieuses, par  Petrucci,  245.  —  loca- 
lisées, par  Bramwell,  291,  295. 

Myxoedématecx.  Nain  —  traité  par 


336 

rinjection  thyroïdienne,  par  Jan- 
nin,  60. 
MvxoeDfeKiE  thyroïdien  et  — .  para- 
thyroidien,  par  Brissaud.  43.  — 
spontané  de  l'adulte,  par  Debove. 
288. 

NÉCROi.or.iE.  A.  Voisin,  146.  Guille- 

min,  147. 
Nkrf.  Excitabilité  électrique  d'un  — 

isolé,  par  Waller,  496. 
Nerfs   .moteurs  oculaires.    Orig^ine 

réelle  des  —,  par  van  Gehuchien, 

318. 
Neiiiasthknie.    Ilémorrhagies   dans 

la  —,  par  Aunei,  49. 
Neurasthkmques.     £tat8    — ,     par 

Gilles  de  la  Tourette,  515. 
Neurologie.  Questions  de  —  et  de 

psychologie  médicale,  par  Sikors- 

Neu'kolociques.  Communications  —, 

par  Feinberjî,  134. 
Neurone.  Importance  fonctionnelle 

du   corps  ceilnlaire   du   —,   par 

Pugnat,  491 . 
Nkvhalgib.  Traitement  électrique  de 

la  —  du  trijumeau,  par  Bergonié, 

137.  —  du  trijumeau  et  tnsmus 

associé  à  la  chute  des  dents,  par 

Lewill,  *298. 
Nkvrite.  Insuffisance  hépatique  et 

—  périphérique,  par  Goujet,  oO. 

—  périphérique  dorip:ine  puerpé- 
rale, par  Reynolds,  299. 

Nkvhopathies  organiques  masquées 
par  l'hystérie,  par  Determans,  133. 

Nkvhdses.  Etioloi^ie  des  — ,  par  Ba- 
lemann,  296.  Hérédité  et  —,  par 
Savoye,  298.  Parenté  des  —  et  des 
psychoses,  par  Serrigny,  476. 

Noyaux  moteurs.  Localisation  des  — 
de  la  moelle  épinière,  par  Mari- 
nesco,  485. 

Obnuhilation.  Etat  d'  —  avec  am- 
nésie à  la  suite  d'un  coup,  par 
Nœcke,  483. 

Obsession.  Elude  clinique  sur  T  — 
par  Marie  A.  et  Vigouroux,  2i6. 

Oculomoteur  commun.  Paralysie  de 
r—  par  Kliatschkin,  117.  ' 

Ot^DKMB  monoplégique,  par  Meige, 
245. 

Oi'KHATioNS  gynécologiques  en  mé- 
decine mentale,  par  Cuylits,  325. 

Ophtalmoplkgie  nucléaire,  par  Mar- 
fau,  42.  —  migraineuse,  par 
U'Astros,  53. 


TABLB   DBS   MATIERES. 


Oxyde  de  carbone.  Intoxication  par 
r  —,  par  Kockholtz  et  Sieradiki, 
521. 

PACHYMt-NiNGiTB  cervicalc  hypertro- 
phiqueet  pseudo-tabès  alcoolique, 
par  Luppi,  392. 

Paralysie  spinale  spasmodîque,  par 
Donaçgio,  493.  —  périphérique 
d'origine  traumaiique,  par  MaÛy, 
256.  —  du  voile  du  palais  et  du 
nerf  facial,  par  Desnoyer,  289.  — 
transitoire  et  récunente  dans  le 
ramollissement  cérébral  aigu,  par 
Mackensie,  295.  —  du  deltoïde  de 
cause  articulaire,  par  Mally,  297. 
—  paroxystique  de  nature  épilep- 
tique,  par  Higier,  324.  —  faciale 
périphérique  et  signe  de  Cb.  Bell, 
par  Bonner,  405.  —bulbaires  spas- 
modico-atrophiques,  par  llocbe, 
117. 

Paralysie  gi-^ni-!rale  progressive.  Sur 
un  cas  de  — juvénile  avec  les  sons 
tabétiformes  des  cordons  posté- 
rieurs, par  Joflroy  et  Babaud,  1 . 
Traitement  de  la' —  des  aliénés, 

f)ar  Gooding,  60.  Discussion  sur 
a  —,  par  Ballet,  Arnaud,  Tou- 
louse, Charpentier,  Christian,  Val- 
lon, Briand,  66.  —,  par  Mairet,  1\. 
Lésions  spinales  de  la  — .  par 
Pollack,  315.  Symptômes  prodro- 
mioues  de  la  —,  par  Thomsen. 
325.  Epilepsie  et  —,  par  Péan,  32S. 
Sens  tactile  dans  la  —,  par  Maran- 
don  de  Montyel,  376.  Gaugrènn 
des  pieds  dans  la  ~,  par  Lord. 
411.  La  —,  par  Funaioli,  426.  Con- 
vulsions corticales  dans  la  —,  par 
Muratow,  468.  —  Statistique  «le 
la  —,  par  Greidenberg,  470.  — 
Béflexes  palellaires  aux  diverses 
époques  de  la  — ,  par  Marando» 
de  Montyel,  475.  Signes  de  déj^énc- 
rescence  dans  la  —,  par  Nœcke. 
480. 

Paramyoclonus  MULTIPLEX  après  un 
accident,  parSchfitte,  56.  —  asso- 
cié à  l'épilepsie,  par  S.  Garnier  e 
Santenoise,  409. 

Paranoïaque  processive,  parLadame, 
±22. 

Parapi.kgie  llaccide  parcompression. 
par  Brissaud,  406.  Etat  des  réflexes 
dans  les  cas  de  —  flasque,  par  van 
Gehuchten,  496. 

Parasitisme  des  centres  nerveux  par 
mycose,  par  Boux  et  Paviot,  290 


TABLE   DBS   MATIERES. 


537 


Parésies  pseudo-spasmodiques,  par 
Onuf,  127.  ^    _,    , 

Paresthfîsie  des  nerfs  cutanés  de  la 
cuisse,  par  Benda,  )18. 

Patronage  familial  en  Russie,  par 
Sbarsky,  268. 

Peine.  Evolution  delà—,  parMaka- 
rewicz,  523. 

Phénomènes  des  orteils,  par  van 
Gehuclilen,  293. 

Phobies.  Rôle  de  l'appareil  cardio- 
vasculaire  dans  les  —  neurasthé- 
niques, par  Yalenlin  et  Harten- 
berj?,  326. 

Phosphates  et  glycérophosphales  en 
injections  sous-cutanées,  par 
Crocq,  141. 

PoLiENCÉPHALiTE  hémorrhaçique  Su- 
périeure aiguë,  par    Mourawieff, 

115. 

Poliomyélite  antérieure  chronique 
avec  lésions  des  racines  posté- 
rieures et  les  cordons  de  Burdach, 
par  Schuster,  310.  Lésions  fixes 
des  cellules  dans  les— chroniques, 
par  Mariuesco,  514. 

Polynévrite  paludéenne,  par  Re- 
ffnauli,  51. 

Pont  de  Varole,  Ramollissement  du 
—  et  hémichorée  post-héunplé- 
ciciue,  par  Rubino,  i35 


PoRENcÉPHALiB  bilatérale,  par  Beyer, 

4'Î9. 
Pression  cérébrale.   Ce  qu  on  ap- 
pelle —,  par  Adanikiewicz,    307. 
Prisons.  Service  médical  des  —,  par 
Wey,  417. 

Procès  de  Bechtold,  par  Schrenck 
Noizinjî,  61. 

Psychiatrique.  Etendue  de  la  spé- 
cialité —,  par  Kelloff,  426. 

Psychiques.  Troubles  —  postopéra- 
toires, par  Reyi'eau,  209;  par 
Terrien,  254;  par  A.  Marie  et  Vi- 
gouroux,  257,  par Joffroy,  322. 

Psychoses  et  rèves,  par  de  Sanctis, 
323.  Hépalisme  et  — ,  par  Cullerre, 
353.  ^      ^^ 

PsYCHO-NÉVROSEs.  Lésions  des  fibres 
nerveuses  spinales  dans  les  — 
aiguës,  par  Donaggio,  493. 

PuPiLLAiRE.  Rétrécissement  —  chez 
les  aliénés,  par  Stefani  et  Mor- 
purgo,  484. 

Pyramidal.  Virialions  du  trajet  ilu 
faisceau  —,  par  Hoche,  504. 

Racines  postérieures.  Trajet  intra- 


médullaire  des  —,  par  Brian  et 

Bonne,  491. 
Réaction.  Le  temps  de  —  simple, 

par  Patrizi,  495. 
RÉFLEXE  vasculaire  dans  les  mem- 
bres et  le  cerveau  de   l'homme, 

par  Patrizi,  493. 
Respiration  de  Cheywe  Stockes,  par 

Terrien,  251. 
Responsabilité  modifiée,  par  AUison, 

421.—,  par  Hamon,  520. 
Rétiniennes.  Lésions  —  en  rapport 

avec   les  lésions  cérébrales,   par 

Villiamson,  302. 
RiCHER  Paul.  — Biographie  par  Gilles 

de  la  Tourette,  347. 

Saint-Gemme.  Visite  à  Tasile  de  —, 

246. 
SciATiQUK.  Traitement  de  la  —  par 
compression  du  nerf,  par  Arul- 
lanni,  142. 
Sclérodermie  lardacée,   par    Spill- 

mann,  401. 
Sclérose  latérale  amyotrophique  a 
début  bulbaire,  par  Bonardi,  45. 
—  en  plaque  cérébrale  consécutive 
à  l'inlluenza,  par  Sogorni,  123. 
Sens      stéiéognosiique     et     centre 

d'association,  par  Gasne,  47. 
Sexuels.  Pathologie  des  rapports  —, 
par  Féré,  50.  inversion   —,   par 
Elles,     418.    Perversion  —,  par 
Rosenbach,  483. 
Société  de  neuropathologie    et  de 
psychiatrie  de  Moscou,  par  Ros- 
solimo,     Bernstein,     Mo  irawielT, 
Raichline  et  Orlovski,  68,  338.  — 
médico-psychologique,par  Briand, 
66,   426.    —    de   patronage  des 
aliénés;  statuts,  152. 
Spasme.  Tic  ou  —  de  la  face,  par 

Feindel  et  Meige,  407. 
Spinales.  —  Fibres  —  centrifuges 
originaires  de  la  couche  optique 
et  des  tubercules  quadrijumeaux, 
par  de  Bechterew,  506. 
SuGGESTiBiLiTÉ  et  hvsiérie,  parForel, 

294. 
Suicide.  Recherches  sur  le  —  en 
Grande-Bretagne,  par  Sibbald, 
391.  Le  —  en  Chine,  par  Matignon 
517.  Double  —  d*amour,  par 
Proal,  519. 
Sympathique.  Extirpation  double  du 
—  cervical  pour  un  cas  funeste  de 
maladie  de  Basedow,  par  Cerkez 
et  Juvara,  57.  Histologie  des  cel- 


538 


TABLS   DBS   AUTBURS   BT   DES   COLLA BORATBURS. 


Iules  du  système — ,  par  Marines- 

co,  489. 
Syndrome  de  Webbti  avec  héraiopie, 

par  JolTroy,  47. 
Syphilis  précoce  du  système  nerveux 

par  Jusclilschenko,  li9. 
Syrikgouyf^lie     avec     phénomènes 

acromégaliques.  par  Luntz,  71.  — 

et  sarcoinatose  de  la  moelle,  par 

Orlowski,  i61  —,  par  Orriola,  273. 

Origine  congénitale   de  certaines 

—,  par  Durour,  403. 
Syrisgoïiyéli^obs.  —  Syndrome  — 

avec   hemiatrophie    faciale,    par 

Queyrat  et  Chrétien,  42. 

Tabès.  Pathogénie  et  traitement  du 
— ,  par  de  Benzi,  136.  Réflexe 
palellaire  dans  le  —,  par  Achard 
et  L.  Levi,  292.  —,  par  Ficher, 
296.  —  spasmodique  familial 
par  Tambroni  et  Finzi,  410. 

TAT0LA(iE  chez  les  criminels,  par 
Ch.  l'errier,  519. 

TÉTANIE  chez  une  chienne  parathv- 
rotdectomisée,  par  Vassale,  49^. 

TÉTANOS.  Altérations  médullaires 
microscopiques  dans  le  —,  par 
Uunter,  321. 

Thyroïde.  Glandes  —  et  parathy- 
roîdes,  par  Gley,  43.  Traitement 
chirurgical  des  tumeurs  — ,  par 
Paul,  144.  Physiologie  et  patholo- 
gie du  corps  —,  par  Horsley,  320. 
Glandes  —  chez  les  aliénés,  par 
Amaldi,  423. 

Tic  du  colporteur,  par  Grasset,  52. 

—  de  rhorloger,  par  Cohn   115. 

—  douloureux  et  opératoires,  par 


Eward^  298.  —  ou  spasme  de  la 
face,  par  Feindel  et  Meige,  407. 
Relation  entre  le  —  général  et  les 
obsessions,  par  Flatau,  484. 

Torticolis.  Traitement  du  —  men- 
tal, par  Feindel,  63. 

Tourbillon.  Dédoublement  du  —  des 
cheveux,  |)ar  Féré,  303. 

Toxines.  Action  des —  diphtériques 
streptococciques  sur  le  système 
nerveux,  par  Mouratow.  69. 

Treubleiicnt  essentiel  héréditaire, 
par  Bonnclli,  410. 

Trouble  moteur.  Sur  un  —  qui  ac- 
compagne la  douleur  lombaire,  par 
Minor,  68. 

TuBERCuLOsiet aliénation,  par  Paris, 
144. 

Tumeurs.  Diagnostic  d'une  —  céré- 
brale sans  localisation  possible, 
par  Brissaud  et  de  Blassary,  .306. 
—  maligne  du  cerveau  d  origine 
auriculaire,  par  Barr  et  Nicoli,  321. 

Typhoïde.  —  Fièvre  —  chez  les  alié- 
nés, par  Uyvert,  103. 

Urine.  Substances  toxiques  de  1'  — 
des  aliénés,  par  Pellegrini,  494. 

Vagabondage  mystique,  par  Donati, 

485. 
Vasomotkurs.  Troubles  —  produits 

Sar  la  suggestion,  par  Schrenck- 
otzing,  319. 
Vertébrale.  Arthrite  ankylosante  de 
la  colonne  —,  par  Schataloff,  338. 
Vibratoire.   Thérapeutiqu»5  —,  par 

Peterson,  143. 
Voyageurs.  Précoces  —,  272. 


TABLE  DES  AUTEURS  ET  DES  COLLABORATEURS 


Achard,  292. 
Adamkiewick,  307. 
Aimet,  49. 
Allard,  292. 
Allerhand,498. 
Allison,  417,  421. 
Amaldi,  423. 
Angelucci,  423. 
Angerio,  114. 


Anglade,  81,  258. 
Arcangelis  (de),  417. 
Arnaud,  66. 
Arullani,  142. 
Astros  {d'),  53. 
Auerbach,  317. 


Backer,  322. 


Baleman,  296. 
Ballet,  66,  233,  404. 
Barr,  321. 
Bastian,  291. 
Bauer,  62. 
Bechterew  (de),  56, 129, 

300,477,478,482,498, 

506. 
Benda,  118. 


I 


TABLE  BS8  AUTEURS   ET   DBS  COLLABORATEURS. 


539 


Benzi  (de),  136. 
Berdez,  121. 
Bergonié,  56,  137. 
Bernstein,  71,  338,  340. 
Beyer,  479. 
Bewan  Lewis,  303. 
Blumet,  528. 
Bonardi,  44,  45,  404. 
Boeck  (de),  424.      , 
Bœdecker,  481. 
Bonjour,  120. 
Bonne,  491. 
Bonnelli,  410. 
Bonnier,  405. 
Bonn  us,  402. 
Bourneville,    245,  253, 

527. 
Bousch,  70. 
Bramwell,  291,  298. 
Bresler,  482. 
Brian,  491. 
Briand,  66,  68. 
.  Brie,  55. 
Brissaud,  43,  123,  226, 

243,  306,  406. 
Bronner,  144. 
Brunet,  259. 
Bruse,  299. 
Buck  (de),  294,  318. 

CaiTipo.  493. 
Cerkev,  .î7. 
Gestaiï,  309. 
Channing,  416. 

CharcotrJ.)»^^- 
Charpentier,  67,  233. 
Ghipault,  60,  127. 
Chrétien,  42. 
Christian,  68. 
Clarke,  320. 
Cobitto,  4221,494. 
Codeluppi,  418. 
Gohn,  115. 
Collins,  143,  304. 
Cou  Ion,  239. 
Crocq,  141. 
Crolhers,  143,  419. 
Cullerre,  249,  251,  353. 
Cuylits,  325. 

Debove,  288. 
Delius,  61. 
Desnoyer,  289. 
Determann,  133. 
Devic,  50. 
Dôdken,  320. 
Donaggio,  493. 
Dufour,  403. 
Dupré,  54. 


Durante,  489. 

Edgor,  418. 
Elles,  418. 
Erben,  59. 
Esterre,  299. 
Ettlinger,  301. 
Eward,  298. 

Faure,  58,  404. 
FedorolT,  422. 
Feinberg,  134. 
Feindel,  63,  407. 
Fenayrou,  414. 
Féré  (Ch.),  50,  303, 402. 
Ferrari,  493,  494. 
Ficher,  296. 
Finzi,  51.  410. 
Flatau,  309. 
Flechsig,  59. 
Forel,  294. 
Francoite,  477. 
Funuiolli,  426. 

Gad,  309. 
Garnier  (P.),  220. 
Garnier  (S.),  409. 
Gasne,  47,  144. 
Gehuchten    (van),  293, 

318.  408  495,  496. 
GianuUi,  410. 
Guiccardi,  493,  494. 
Gilles    de  la  Tourette, 

60,  121,  144,  347. 
Gionni,  493. 
Gley,  43. 
Gooding,  60. 
Goodrich,  418. 
Goujet,  50. 
Granjur,  220. 
Grasset,  52. 
Green,  320. 
Greidenberg,  470. 

Hamon,  520. 
Hallervorden,  315. 
Hartenberg,  326. 
Higier,  324. 
Hoche,  117,  ÔOi. 
Uorsley,  320. 
Huntier,  321. 
Hyvert,  103. 

Ivanow,  342. 

Jaboulay,  145. 
Jackson,  320. 
Jacobsohn,  503. 
Jannin,  60. 


Jentsch,  315. 

Joffroy,  1,  47,  220,  223, 

332. 
Juliusberger.  481. 
Juschtsche>iko,  129. 
Juvara,  57. 

Kellog,  426. 
Keraval,  233. 
Klausch,  131. 
Kliatschkin,  117. 
Knauer,  (28. 
Kockholtz,  521. 
Kovalewski,  413,  478. 

Lacassagne,  516. 
Ladame,  221,  222. 
Lamarchia,  45. 
Landenheimer,  139. 
Lannois,  226,  327. 
Lemos,  46. 

Leoni,  122. 
Levi  (L.).  292. 
Lewill,  298. 
Lewis  Allen,  296. 
Lindetrem,  291. 
Lister,  291. 
Liston,  144. 
Loevenfeld,  295. 
Londe,  224,  405. 
Lord,  4M. 
Luntz,  71. 
Luppi,  292. 

Mackensie,  295. 
Mairet,  74. 
Makarewicz,  523, 
Mally,  245,  256. 
Mallv,  297. 
Manii,  312. 
Marandon  de  Montyel, 

376,  475. 
Marfan,  42. 
Marie  (A.),  246,  257. 
Marie    (l'.t,    406,    408, 

485. 
Marinesco,    1251,    489, 

514. 
Marsh,  302. 

Massary  (de),  243,  306. 
Matignon,  517,  522. 
Mautié,  189. 
Meige,    123,    245,  292, 

407. 
Mills.  321. 
Minor,68. 
Mirallié,  244,  250. 
Mololietkoif.  345. 


540 


TABLE   DBS   AUTBURS   ET   DBS   COLLABORATEURS. 


MonproQt.  220. 
Moor  (de),  294. 
Morel,  438. 
3Iorison,  14i. 
Morparc^o.  484. 
Motet,  20-i,  2:U,  237. 
Ilouratow,  G9t,  468. 
Moiirawielf,    115,    338, 

4il ,  485. 
Murray,  123. 

Napeotte,  301. 
Nicoll,  321. 
Nœcke,  480,  483. 

Obici,  493. 
Onuf,  127. 
Orlovski,  73,  161. 
Otuzew'ski,  510. 

Pâlis,  100,  285. 
Pari  sot,  2.*»5. 
Palrizi.  493,  495. 
Pavu.l.  50,  290. 
Pelizftfus.  131. 
Pellej^rini.  494. 
PPOH,  328. 
Pprrier  Ch.  ,  519. 
Peierson,  143. 
Peirucci.  234,  245. 
Picqué,  219. 
Pieraccini.  423. 
Pi  erre  t,  227. 
Pjperkun,433. 
Poix,  258. 
Poliak,  3i:i. 
Potaiii,  48. 
Pribylkofl,  342,  345. 
Proal,  519. 
Pugnat,  491. 

Queyrat,  42. 

Rabaud,  1. 


Rabé,  51. 
Raïcbline,  338. 
Ramader,  414. 
Runschbur^r.  61. 
Rayneau, 209. 
Hedlich,  499. 
Régis,  219. 
Régjiard,  234. 
RegnauU,  51. 
Régnier,  106. 
Rensi  (de).  401. 
Renterffhen,  156. 
Repond,  120. 
Revnolds,  299. 
Richer  (P.\    127,   317, 

347. 
Rispal,  258. 
Robertson,  62.  424. 
Rodriguès,  475.  521. 
Rosenbacii,  48b. 
Rosscn,  296. 
Rcssi,  410. 
Ros.solimo,   69,  71,  73, 

343,  421. 
Roux  <  J.),  290,  463. 
Rubinô,  135. 

Sabin,  320. 
Sainton,  406. 
Samguine,  72. 
Sanctis  (de).  323. 
Sander,  118. 
Santenoise,  409. 
Savove,  298. 
Sbarsky.  268. 
SchafTer,  501. 
Schatalofl,  338. 
Schrenk,61,  319. 
Scluister.  310. 
Schûlle,  56. 
Scoiti,  401. 
Séglas.  224,  225. 
Serrignv,  476. 
Sibbald',  391. 


Sieradski,  521. 
Sikorski,  515. 
Sodoii,  487. 
Sogorni,  123. 
Sollier,  250,  251. 
Solowtzow,  341. 
Soupault,  64. 
Souques,  127. 
S  pan  bock,  130. 
Spanton,  144. 
Sptliinann,  401. 
Stefani,  484. 
Slern,  297. 

Tambroni,  410. 
Tarde,  516,  518. 
Taylor,  295. 

Terrien,  251.  252,  254. 
Thomsen,  325. 
Thomson,  299,  300. 
Toulouse,  66. 
Trenul,  23. 

Urriola,  273. 

Valentin,  326. 
Vailon,  68,  229,  234. 
Vassale,  493. 
Viffouroux.  246,  257. 
Villers,  477. 
Vorolyiisk,  508. 

Waller,  137.  496. 
Warren,  295. 
Weber,  411. 
Wetterstrand,  294. 
Wev,  427. 
Widerœ,  39. 
VVdliamson,  125.  302. 

Yonge,  299. 

Zanke,  138,  502. 
Ziehen,  425. 


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